𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ⁴⁰ : « Sa plus grosse erreur. »

Bonjour !

Avant de vous laisser reprendre la lecture de cette histoire, je tenais à m'excuser pour mon absence. Pendant cette année où je ne publiais plus, j'ai eu beaucoup de problèmes à gérer qui m'ont tout simplement rendue incapable d'écrire. Je n'arrivais à rien et ai fini par laisser mes projets, dont celui-ci, de côté. 

Désormais, je reprends petit à petit et espère pouvoir retrouver le même rythme qu'avant.

J'ai prévu de publier un chapitre tout les vendredis (comme avant) pour me laisser le temps de bien écrire et ainsi publier dans les délais. Il est possible que je publie avant pour rattraper le retard et pouvoir terminer cette histoire. 

Un tome deux est toujours prévu.

J'espère que vous puissiez comprendre et encore désolée pour l'attente de cette suite.

Je souhaite de bonnes vacances à ceux et celles qui le sont, sinon bonne semaine à vous.

✧°•:**:•°✧

Martinus avait la sensation qu'une éternité venait de s'écouler depuis son admission à l'hôpital. Étendu de tout son long sur un lit dont le confort laissait à désirer et entouré d'une famille particulièrement inquiète dont les parents ne cessaient de remettre sur table la raison de leur venue, le jeune homme patientait avec hâte l'arrivée de son médecin. Il guettait sans arrêt la porte de la chambre dans l'espoir d'y voir apparaître ce dernier à travers la vitrine. Le docteur leur avait promis de revenir le plus vite possible avec les résultats des radiographies effectuées plus tôt et un bilan sur son état, mais il n'était décidément pas pressé de revenir pour en informer son patient. L'adolescent se sentait égoïste de penser ainsi, il y avait très certainement des cas plus importants et surtout plus graves que le sien auquel le corps médical devait faire attention, mais il ne pouvait s'empêcher de leur en vouloir pour l'attente. Depuis que l'on avait installé dans cette chambre et prié de patienter, il avait l'impression d'étouffer entre ces murs blancs. C'était un sentiment de claustrophobie qui l'envahissait depuis une bonne heure. Il avait à plusieurs reprises frôlé la crise d'angoisse, mais heureusement, son frère aîné était là pour le calmer. Recevoir des réponses sur la gravité de sa blessure pour ensuite s'en aller était son unique souhait. Cet endroit lui rappelait bien trop la fois où sa petite amie s'était retrouvée internée après avoir reçu une balle en plein ventre et le blondinet refusait de plonger dans ces souvenirs.

Il était simplement préoccupé. C'était une situation angoissante pour lui, car le football n'était pas seulement un sport à ses yeux mais une thérapie. Sa célébrité, sa scolarité ou encore les drames survenus quelques années plus tôt et dont les traces restaient ineffaçables pouvaient très vite devenir source d'inquiétude pour son jeune esprit et ne sachant comment gérer cette accumulation de stress, ses émotions négatives prenaient très vite le dessus. Une façon de se protéger, disait sa psychologue. Alors pour ne pas risquer de déverser davantage sa colère sur son entourage et éviter ainsi ces épisodes émotionnels trop intenses, le chanteur avait préféré chercher une manière de remédier au problème. Ce fut donc sous les conseils avisés de sa thérapeute et son acharnement à trouver la technique ultime que Tinus était arrivé à la conclusion que défouler ses ressentis en tapant du pied dans un ballon était la seule activité qui rendait son rapport à ses émotions supportable et sa vie plus simple. Dans ces moments-là, le norvégien ne pensait plus à ce qui le perturbait, seulement au jeu. Il avait la sensation de revivre, de respirer à nouveau, de se libérer d'un poids. Il retrouvait la sérénité qu'il avait tant recherché.

Alors savoir que ce coup violent et mal placé, suivi de cette chute brutale pouvaient lui arracher ces instants de calme tant convoités le plongeait dans une panique monstre. Titi ne voulait pas se retrouver sur le banc de touche ou dans les gradins à observer son jumeau et ses camarades s'amuser pendant que lui, isolé dans son coin, se morfondrait sur son sort. Tout cela à cause d'une maudite blessure. Rien que d'envisager cette possibilité son cœur se serrait de tristesse. Lui retirer ces séances thérapeutiques reviendrait à le priver d'oxygène. Pire encore, cela équivaudrait à l'empêcher de revoir la seule et unique personne qui ait réussi, à l'inverse d'une autre, à faire naître en lui des sentiments jusqu'à là méconnus : Anastasia.

Sa petite amie avait une vie pour le moins étrange et affreusement mouvementée. Entre une famille complément barge dont les membres décédés revenaient mystérieusement d'entre les morts et dont les autres paraissaient pris d'une folie meurtrière et dangereuse, avec en plus de cela un nombre incalculable de secrets à garder sous scellé, des relations douteuses qui laissaient à désirer, ainsi que des talents cachés quelque peu inquiétants qu'il découvrait chaque jour un peu plus, elle n'avait pas une seule seconde de répit, encore moins de liberté. Quelque chose se produisait constamment, peu importe le moment et elle avait sans cesse l'esprit tourmenté. S'ajoutait à cette liste déjà bien longue un passé qui semblait sortir tout droit d'un film d'horreur. Des expériences difficiles qui avaient laissées, autant sur son âme que sur son corps, de vilaines cicatrices impossibles à refermer. Ses manies et son caractère donnaient à Martinus une idée des épreuves endurées, mais même lui ne pouvait imaginer la vérité qui se cachait derrière son apparence de fille de bonne famille.

Parfois, et même très souvent, le fils d'Erik et d'Anne s'interrogeait. Il se posait d'innombrables questions sur l'histoire d'Ana et davantage sur les événements anormaux qui secouaient les Ioans sans jamais osé réclamer des réponses par peur de la faire fuir. Elle était de nature réservée, ne parlant que très peu de sa vie personnelle. C'était compréhensible, après tout elle avait grandi sous le feu des projecteurs au vu de la célébrité de ses parents et notamment celle de son père. Mais la belle brune l'était davantage quand le sujet de conversation tournait autour de sa famille et de son enfance. Bien qu'elle lui ait révélé quelques épisodes traumatisants comme l'accident où elle avait failli perdre la vie, l'agression sexuelle subie par son camarade de classe ou encore la survie de son paternel, le plus gros de l'histoire ne paraissait même pas faire parti des options de discussions à avoir. Et le blondinet ne souhaitait pas forcer les choses, il avait peur de la perdre car il s'était montré trop curieux. Il avait cette constante impression de marcher sur des œufs en sa compagnie : si par mégarde il insistait, la coquille pourrait se briser et forcer vérité à en sortir, ce qui n'arrangerait en rien la communication au sein de leur couple et pourrait la pousser à s'éloigner, hors, s'il persistait à pas délicats et muré dans le silence, rien n'en ressortirait et il resterait dans l'ignorance jusqu'à la fin. Tinus se sentait perdu, ne sachant quoi faire pour remédier à cela. Il souhaitait tant l'aider, l'épauler même dans la plus infime des tâches, la comprendre et faire parti de son univers de secrets bien gardés. Il voulait juste être là, avec elle.

Je voudrais tellement comprendre, bébé. Te comprendre.

Des réponses, voilà ce que le norvégien souhaitait obtenir. Mais ce n'était pas un luxe qu'il pouvait s'offrir, pas quand cela pourrait mener à leur perte.

Je n'ai pas peur de ta vérité, Ana.

La porte s'ouvrit soudainement et l'homme tant attendu par le jumeau cadet pénétra finalement dans la pièce. Ce dernier se redressa sur le lit, soulagé de le voir arriver après autant de temps d'attente et murmura pour lui-même un « enfin » qui ne passa pas indiscret aux oreilles de l'aînée de la fratrie. Celui-ci se retint tant bien que mal de ricaner, sa main devant sa bouche pour cacher son sourire en coin, sous le regard noir de son frère.

— Alors, commença le médecin, en jetant un coup d'œil dans son dossier, les résultats de vos radiographies ne démontrent rien de grave. Il n'y a donc rien à signaler qui nécessite des mesures extrêmes.

Le père de famille, très attentif au monologue du docteur, hocha de la tête, les lèvres pincées. La mère soupira de soulagement de savoir son fils en bon état malgré la blessure à sa cheville. Emma sourit, contente de savoir que la chute de son grand frère n'était pas aussi grave que ce qu'elle en avait eu l'air sur le terrain. Marcus, quant à lui, avait reprit son sérieux et comprenant mieux que personne les ressentis du chanteur, serra son épaule affectueusement, en signe de réconfort.

— Sa cheville a simplement subi un choc. Martinus, vous devriez vous en remettre dans les jours à venir. 

Le concerné attendait la suite des explications avec anxiété. Il savait déjà ce que le médecin allait lui ordonner, il lui suffisait de le regarder dans les yeux pour le deviner. Et même si une part de lui le savait depuis le départ, il aurait préféré de ne pas l'entendre de vive voix. Ses mains, posées sur le bord du lit, se resserrèrent, comprimant le matelas si fort que ses jointures en devinrent blanches. Il n'aimait pas cette sensation d'impuissance.

— Je vous conseille un temps de repos pour ne pas forcer sur la blessure, continua le docteur. Je vais vous prescrire de quoi calmer la douleur et réduire le gonflement.

Le membre du corps médical perpétua la conversation avec les parents, Titi n'écoutant plus ce qui était dit. Le jeune homme souffla bruyamment, sa main rabattant les quelques mèches blondes tombées devant ses yeux sur son crâne et se laissa tomber en arrière sans aucune délicatesse, ce qui lui valu un regard désapprobateur de la part de sa génitrice auquel il ne prêta pas attention, trop occupé à se plaindre intérieurement. Bien sûr, il était heureux de savoir que ce n'était ni une entorse et encore moins une fracture, mais il restait tout de même peiné à l'idée d'attendre que cela guérisse pour reprendre le sport. Il priait silencieusement pour que cela ne prenne pas plus d'une semaine ou il pourrait dire adieu au match à venir.

Ce qui est le plus probable, pensa-t-il.

Désormais seul dans la chambre et avec ses propres pensées, l'adolescent soupira, fatigué de cette journée. Il se frotta les yeux, refoulant l'envie de laisser libre court à sa tristesse et à sa colère ici et se leva tant bien que mal du lit. Le blondinet tenta de poser complètement son pied au sol, mais se ravisa bien vite, la douleur étant encore trop présente et la blessure bien trop fraîche pour tenter quoi que ce soit. Lentement, il s'avança en boitant vers la chaise où ses affaires avaient été déposées et récupéra sa veste en jeans qu'il s'empressa d'enfiler, bien trop pressé de quitter cet endroit. Il s'empara de son téléphone et l'alluma. La déception le gagna lorsqu'il constata que sa petite amie n'avait même pas daigné répondre à ses messages ou même à lui en envoyer un.

Où est-ce que tu peux bien être, Ana ?

— Monsieur Gunnarsen ? l'appela une voix féminine depuis l'entrée de la pièce. Une jeune femme demande à vous voir, puis-je la faire monter ?

Martinus lâcha l'écran des yeux, fixant désormais la nouvelle venue. Ses sourcils se froncèrent. Quelqu'un qui ne semblait pas avoir donné de nom à l'accueil souhaitait le voir, mais qui pouvait bien être cette personne ?

— Oui, bien sûr, répondit-il après réflexion, adressant au passage un sourire poli à l'infirmière. 

À nouveau seul, Titi se mit à réfléchir. Trois femmes étaient susceptibles de venir le voir : Ariel, Loren et sa tigresse. Il était certain que la première aurait attendu en bas avec Marcus et sa famille ou l'aurait tout simplement rejoint à la maison pour prendre de ses nouvelles. De plus, à cette heure-ci et d'après les dires de son jumeau, elle devait très certainement être encore au travail. La deuxième, quant à elle, ne devait même pas être au courant de sa blessure au match de football. Joey aurait très bien pu l'informer, mais pour cela il aurait dû être présent, ce qui n'était pas le cas. Et le norvégien savait pertinemment que son frère n'avait communiqué avec aucun de ses camarades et il voyait mal les autres répandre la nouvelle. La dernière option était sa petite amie. Cette dernière était partie de manière précipitée juste après son admission aux urgences et paraissait très déterminée à terminer quelque chose. Aurait-elle fini de régler ses affaires plus tôt que prévu et serait venue le voir ? C'était très probable. Du moins, il l'espérait de tout cœur, malgré la pointe de colère qu'il ressentait à son égard d'avoir fui si vite et sans plus d'informations. Mais un détail qui titillait le garçon était le manque d'identité. Chacune d'entre elles auraient donné leur nom à l'accueil pour être certaine de pouvoir le voir et surtout pour ne pas le déranger. Même Anastasia l'aurait fait pour s'assurer qu'il soit conscient de sa venue et ainsi le mettre à l'aise. Hors, l'infirmière n'avait pas donné plus d'informations outre que son sexe. S'agissait-il d'une surprise ? D'une fan ayant reconnu Mac sur le parking et souhaitant le rencontrer ? Ou encore une mauvaise blague ? Il n'en avait pas la moindre idée, des dizaines d'hypothèses défilaient dans son esprit.

Trop ancré dans ses pensées à imaginer des situations improbables et à tenter de devenir de qui il pouvait bien s'agir, Tinus ne remarqua pas tout de suite la présence féminine dans la pièce. Ce fut lorsque la porte d'entrée claqua qu'il prêta à nouveau attention à ses alentours. Son regard chocolat croisa celui de l'intrue et aussitôt son humeur changea. Cette figure lui était bien trop familière à son goût, quelqu'un qu'il aurait préféré ne jamais revoir de sa vie. Un démon de son passé qu'il avait essayé, en vain, d'effacer de son esprit. Une personne avec laquelle il n'avait plus aucun lien mais qui revenait bien trop souvent l'importuner. Lisa Mantler était la cause de ses plus grandes peines et très certainement la plus grosse erreur de son existence.

— Tu es tenace, siffla-t-il avec colère. C'est bien la seule qualité que j'arrive à trouver chez toi.

— Ne te méprends pas, mon chou, ricana malicieusement l'allemande, j'en ai pleins d'autres. Et puis, ça n'avait pas l'air de te déranger plus que cela il y a deux ans.

Le chanteur serra les poings, se retenant de se jeter sur elle pour la secouer et lui faire entendre raison. Lui qui pensait s'être débarrassé d'elle une bonne fois pour toute se retrouvait à nouveau à devoir lui faire face. Sa détermination à vouloir le reconquérir était autant admirable que malsaine. Elle ne laissait jamais tomber et persistait sans relâche, quitte à tout détruire sur son passage sans aucun scrupule. Des appels, des messages, des lettres et même des e-mails, elle ne s'arrêtait pas. Cette envie obsessionnelle de le ravoir pour elle toute seule effrayait le jeune homme. Chaque jour un peu plus depuis son retour en Norvège, elle anéantissait ses chances d'oublier cette affaire, rendait sa famille tendue et risquait de mettre en péril son couple. Malgré la confiance que Ana portait sur lui et sa résistance face à Lisa, il n'était pas certain qu'elle résiste bien longuement. Qui voudrait vivre dans une telle relation ? Sûrement pas sa tigresse qui avait déjà de quoi gérer pour les prochains siècles à venir. Il se refusait à la perdre à cause de son ex. Pas elle.

— Figure-toi que tu es l'un de mes plus grands regrets.

En répondant ainsi, le cadet des Gunnarsen espérait la blesser. C'était horrible d'agir de cette façon, il le savait très bien, mais il ne pouvait s'empêcher de souhaiter qu'elle souffre à son tour. Qu'elle ressente ne serait-ce qu'une part de la souffrance dans laquelle elle l'avait plongé auparavant.

— Je suppose que tu es là pour parler, reprit-il. Ça tombe très bien parce que j'ai aussi des choses à te dire. Rien d'agréable à entendre, crois-moi.

C'était le moment de mettre fin, de couper tous les liens fragiles pouvant encore les relier. Il devait libérer son cœur, pour son bien, mais aussi pour que ce dernier puisse appartenir entièrement à la portugaise.

— Je vais te laisser l'occasion de commencer, histoire que je puisse profiter des excuses que tu vas sortir d'ici peu. J'ai une soudaine envie de rire.

— Ne sois pas comme ça, Titi, râla la jeune jumelle de Lena.

— Ne t'avise plus de m'appeler comme, siffla le concerné entre ses dents, sa mâchoire se contractant de rage.

— Oh, mais pourquoi donc, chéri ? s'étonna-t-elle faussement. C'est un surnom spécialement réservée à ta petite amie peut-être ? Mais d'ailleurs, où est-ce qu'elle est ?

— C'est un surnom réservé aux personnes qui me sont proches et spoiler, tu n'en fais pas parti.

Mais la belle blonde ne prêta pas attention à son commentaire, trop occupée à lister une série de prénoms commençant par la première lettre de l'alphabet pour tenter de se rappeler de celui de la compagne actuelle de son ancien partenaire. Elle faisait semblant de ne pas le connaître, ses yeux brillaient de malice et elle peinait à masquer son sourire en coin. En réalité, elle savait des tas de détails - tous publiques depuis bien longtemps - sur la vie de la descendante des Ioans. Après tout, elle se devait d'être informée.

— Andrea ? Toujours pas. Anaïs ? Non plus. Peut-être que c'était Hannah ? Ou encore... Je sais, je sais ! Ana ! C'est ça !

— Viens en aux faits, Lisa ! s'emporta l'adolescent, perdant désormais patience. Tu reviens après deux ans sans nouvelles, ce qui était au passage une véritable bénédiction, tu essayes de rentrer dans ma vie, tu me harceles encore et encore et maintenant, tu veux jouer aux devinettes sur le prénom de ma copine seulement parce que tu la détestes ? Après autant de temps, la seule chose que tu trouves à faire c'est ça ? Je croyait sincèrement que tu valais mieux que ça, que tu allais au moins t'excuser pour tes mensonges. Mais non ! Tu ne t'arrête jamais ! À chaque fois, tu ramènes tout à elle, comme si elle avait quelque chose à voir dans cette histoire.

— Elle a tout à voir dans cette histoire !

— C'est faux ! Et tu le sais très bien !

L'allemande n'ajouta plus rien, affectée par la véracité de ses mots.

— Tu te laisses seulement emporter par la jalousie, continua-t-il, baissant légèrement d'un ton. Tu sais pertinemment que le vrai problème ce n'est pas Anastasia. Mais bien que j'aie pu t'oublier, que j'aie tourné la page avec quelqu'un d'autre après toutes tes manigances pour me garder auprès de toi. Elles n'ont pas fonctionnées parce que la vérité a éclaté, parce que tu et toi uniquement avait menti sur cette grossesse. Ça n'a jamais et ne sera jamais la faute de ma petite amie. Alors fais-moi une faveur et laisse la en dehors de tout ça. Et par pitié, oublie la.

Lisa détourna le regard, honteuse d'avoir fait une telle scène. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, tentant d'empêcher les larmes de couler sur ses joues. Il avait raison, tellement raison dans ce qu'il disait. Et elle s'en voulait tellement de le faire souffrir encore, après tout ce temps, tout ça parce qu'à l'inverse de lui elle n'arrivait pas à passer à autre chose et restait sans cesse bloquée sur le passé. Mais elle savait bien que la raison pour laquelle elle peinait à l'oublier n'était pas l'amour qu'elle portait à son égard, mais une vérité qui n'avait jamais éclaté. Un détail qu'elle n'avait eu le courage et la chance de lui dévoiler. Quelque chose qui le briserait davantage et qui ferait tout basculer à nouveau. Des faits qu'elle se devait de lui raconter, espérant que cette fois-ci, elle puisse le laisser partir pour de bon. Il méritait bien ça après tout le mal causé.

— Martinus, je...

Je lui dois bien ça, pensa-t-elle. Il doit savoir.

— Je n'étais pas censée le faire.

Les sourcils froncés, curieux mais toujours sur ses gardes, le norvégien l'interrogea, priant intérieurement pour que cette fois-ci ils puissent discuter sans problèmes :

— Qu'est-ce que tu n'étais pas censée faire, Lisa ?

— Revenir, répondit-elle. Ça n'avait pas été prévu, ça n'avait jamais fait parti de nos plans. Mes parents avaient été clairs à ce sujet et si par malheur je devais me retrouver ici, je ne devais sous aucun prétexte t'approcher. C'étaient les règles.

— Alors pourquoi être revenue ?

—  Une agence de musique nous a proposé, à Lena et à moi, de participer à une sorte de concours en rapport avec les médias. Notre manager a trouvé que c'était une bonne idée d'y participer, histoire de gagner en visibilité. Nos parents ont refusé au départ, ils ne voulaient pas avoir à revivre la même chose qu'il y a deux ans, mais on a fini par les convaincre, alors ils ont accepté. C'est pour ça que j'ai remis les pieds ici.

— Si tu es venue pour ce concours, pourquoi chercher à renouer contact ? demanda Tinus. Tu aurais très bien pu y participer et repartir sans que l'on se croise.

Un rire sans joie s'échappa d'entre les lèvres rosées de l'adolescente, les yeux rivés sur ses mains tremblantes.

— Je crois qu'une part de moi espérait une nouvelle chance. Que l'on puisse reprendre là on s'était arrêté et qu'on... Que l'on oublie le passé et recommence à zéro.

— Tu pensais sérieusement qu'après ta petite mise en scène et tes mensonges, on avait encore une chance ? répliqua-t-il aussitôt, stupéfait par cette idée. Lisa, tu m'as mentis ! Tu m'as fait croire que tu étais enceinte de mon enfant !

— Je sais, je sais ! s'écria-t-elle, pleurant à chaudes larmes. Et je suis tellement désolée, Martinus. Je regrette tellement de t'avoir fait souffrir.

Le silence s'installa dans la chambre, brisé par les pleurs de la jeune femme. Lui-même n'était pas en meilleur état, il ne le montrait juste pas, préférant rester calme et éviter une situation pareille à celles vécues par le passé : des disputes, des cris et des larmes.

— Je voulais réparer les choses, reprit-elle. Réparer mes erreurs.

— C'était avant qu'il aurait fallu le faire, Lisa. Quand on était encore ensemble, quand on avait encore une chance d'être heureux. Mais tu as préféré mentir et inventer un mensonge qui a fini par te rattraper.

— Je-

— Pourquoi ? la coupa-t-il, pressé de l'entendre avouer la vérité. Pourquoi avoir manigancé tout ça alors qu'il te suffisait d'être sincère avec moi pour que je te laisse une autre chance ?

— Je ne voulais pas te perdre, répondit la blonde si bas qu'elle ne fut pas certaine d'avoir été entendue.

— Justement ! Si tu avais été honnête avec moi, on aurait pu trouver une solution. J'aurais... Je t'aimais, Lisa, énormément. J'aurais fermé les yeux sur les mauvais moments pour essayer de bâtir une relation plus solide avec toi, pour que l'on retente le coup. Tu n'avais qu'une seule chose à faire : être sincère et m'avouer droit dans les yeux que tu tenais à moi, que tu refusais de me perdre, que tu ne laisserais pas ta jalousie maladive nous détruire. On aurait fait ça à deux, ensemble. Mais non... Tu as préféré cette fin plutôt qu'une autre et je ne comprends toujours pas pourquoi, sachant que ça nous a fait plus de mal que de bien.

Une larme roula sur sa joue. Désormais lui aussi pleurait.

— Alors pourquoi, Lisa ?

Seul les bruits de l'hôpital lui répondirent. Elle ne daignait bouger, par peur de laisser s'échapper les mots posés sur le bord de sa langue.

— Pourquoi ? insista le chanteur, impatient face à son mutisme. Je suis persuadé qu'il y a une raison à ce mensonge, à toute cette histoire. J'ai toujours senti que tu me cachais plus qu'une simple grossesse, alors avoue le.

Toujours rien.

— Lisa, parle. Tu es venue pour ça, alors s'il te plaît, ne me fais pas attendre plus. Je la veux cette vérité.

La concernée ne pipa un seul mot, faisant perdre complètement patience à l'adolescent déjà désespéré.

— POURQUOI ? RÉPONDS-MOI, BON SANG !

— PARCE QUE C'ÉTAIT PLUS FACILE DE DISSIMULER LA VÉRITÉ SOUS UNE COUCHE DE MENSONGES QUE DE T'AVOUER QUE L'ENFANT N'ÉTAIT PAS LE TIEN ! hurla-t-elle à son tour, anéantie.

La sœur cadette de Lena souffla, rejetant la tête en arrière, luttant contre les sanglots qui secouaient son corps. Puis, elle fit fasse à son ancien amour de jeunesse et décida de tout mettre sur table, quitte à le meurtrir un peu plus.

— J'étais vraiment enceinte à ce moment-là, Martinus, avoua l'allemande.

Ce dernier secoua la tête, n'y croyant pas. C'était impossible, elle devait être en train de lui mentir.

— Je ne tomberais pas dans le panneau une fois de plus, Lisa. Tu ne me manipuleras plus.

— Je ne te mens pas, Tinus. Je ne gagnerais rien à le faire, tu ne risques plus de m'appartenir.

Tout était donc vrai ? Depuis tout ce temps, la vérité se cachait sous son nez et il n'avait rien vu. Comment avait-il pu ne pas le remarquer ?

— C'est impossible, ta mère l'aurait su. C'est elle qui a tout découvert ce jour-là : la grossesse, les documents. Je refuse d'y croire !

Sa voix se brisa, secouée par la tristesse.

— Ce n'était pas ma mère qui m'accompagnait, mais bien ma tante, expliqua la fille adoptive des Mantler. Elle était la seule à connaître l'histoire dans les moindres détails et s'était proposée de m'aider à tout régler. C'était elle que tes parents ont eu au téléphone après ma sortie de l'hôpital. Elle a inventé ce mensonge là pour que personne... Pour que tu ne sache pas que je...

— Pour que je ne sache pas quoi ? appréhenda Titi, les larmes dévalant ses joues. Qu'est-ce que tu as fais, Lisa ?

La concernée pleura de plus belle, ses épaules secouées par de violents sanglots.

— Le seul mensonge de cette grossesse c'était toi.

« Le seul mensonge de cette grossesse c'était toi ». Ses mots tournèrent en boucle dans son esprit. Il savait ce que cela voulait dire, ce que cela représentait. Il n'imaginait pas une telle chose possible. De toutes les choses qu'elle l'avait fait enduré, celle-ci était très certainement la pire. Son cœur se brisa une fois de plus. Même après autant d'années, elle réussissait encore à le toucher.

— Ton nom était le seul détail que j'avais modifié sur le rapport médical, tout le reste était vrai.

Sauf moi.

Deux années de souffrance, de peine, de désolation et de tristesse, pour découvrir qu'au final que tout ceux en quoi il croyait n'était qu'une minable illusion. Sa famille avait failli en payer le prix cher, il avait failli tout perdre par sa faute. Et au fond, rien n'était réel.

— Je n'étais pas le père, souffla le norvégien. L'enfant n'était pas...

— Non, Martinus, tu n'étais pas le père de mon enfant.

Sa gorge se noua et sa respiration se coupa violemment. Il eu la sensation d'être poignardé en plein cœur, encore.

— Tu m'avais trompé ?

Lisa garda le silence face à sa question, trop honteuse pour le regarder droit dans les yeux et lui avouer que oui, elle l'avait fait. Seulement, son manque de réponse répondit de lui-même.

— Tu as couché avec un autre et tu m'as fait croire que c'était moi le père, tout ça pour me garder auprès de toi ?

Martinus n'y croyait pas. Comment pouvait-on commettre un tel acte ? Mentir à ce point ?

—  Est-ce que tu te rends compte de à quel point tu es tarée, Lisa ? lui demanda-t-il, en riant nerveusement. De la connerie que tu as fait ? De ce que tu aurais pu causer ?

— Martinus, je-

— Non, la coupa-t-il, en essuyant ses joues noyées par le chagrin, la colère prenant légèrement le pas sur la tristesse. Je ne veux rien entendre de plus comme explication, j'ai eu mon lot pour la journée et je ne pense pas qu'il y ait plus à ajouter. Je souhaite juste savoir une dernière chose.

— Si c'est ce à quoi je pense, crois-moi tu préférais ne pas le savoir, l'avertit-elle.

— De qui était l'enfant, Lisa ?

La blonde secoua la tête, les yeux clos, refusant de céder à sa requête. Pitié, n'insiste pas, le supplia-t-elle mentalement.

— Lisa, réponds-moi.

Toujours sans réponse, le jeune homme laissa libre court à sa rage et lui hurla dessus, pressé d'obtenir la vérité :

— DE QUI ?! QUI ÉTAIT LE MAUDIT PÈRE DU GAMIN ?!

L'adolescente ravala ses larmes et en toute honnête, lui répondit « ton cousin, celui que tu m'as présenté à ton anniversaire ».

Le compagnon d'Anastasia se laisse glisser contre le mur, à bout de force. Il ramena ses genoux contre son torse, malgré la douleur lacérante dans sa cheville. Ses mains se refugièrent dans sa tignasse blonde, serrant aussi fort que possible. Son corps fut secoué par une multitudes de sanglots et son passé défila sous ses yeux baignés de larmes.  Les rires, leur amour, les crises et les réconciliations, les mensonges et les mystères, tout lui revint en mémoire et il revécu chaque moment avec une souffrance encore plus grande que celle de la première fois.

Culpabilisant de tous ses agissements, l'étrangère s'approcha lentement comme si elle faisait face à un animal meurtri et sans défense. Elle s'accroupit en face de lui, tira sur ses avant-bras pour le faire lâcher ses mèches et releva son visage vers le sien, ses doigts caressant ses joues pour effacer les larmes.

— Il ne signifiait rien pour moi. Je n'ai jamais eu l'intention de coucher avec lui, c'était une pure erreur, justifia-t-elle son acte atroce. Tu étais le seul que j'aimais.

— Ça ne vous a pas empêcher de vous sauter dessus, murmura le chanteur, la voix brisée par ses pleurs.

Elle ne trouva plus rien à redire. La faute était sur eux deux, car ils savaient bien ce qu'ils faisaient ce soir-là. L'alcool n'avait pas fait parti de l'équation, seuls leurs désirs et leur consentement avaient été présents.

— Tu sais ce qui a été une pure erreur, Lisa ? se reprit-il, en repoussant ses mains de son visage. T'aimer. Ça a été la plus grosse erreur de ma vie. Un jeu perdu d'avance dans lequel je me suis laissé emprisonner. Tu n'as pas idée à quel point je regrette de t'avoir laissé entrer dans mon cœur.

Ayant terminer avec la conversation, l'étudiant se releva, évitant de la frôler. Il se dirigea tant bien que mal vers la porte de la chambre, boitant et ne prêtant plus attention à son ex. Mais il s'arrêta un instant, la main sur la poignée et se tourna vers elle.

— Je ne veux plus jamais te revoir. Et ne t'avise surtout pas de t'approcher de ma famille, de moi et encore moins d'Anastasia, la prévint-il.

— Elle ne mérite pas, Tinus, pleura l'allemande. Elle te fera souffrir aussi, tu peux me croire.

— Toi non plus, tu ne me méritais pas.

✧°•:**:•°✧

𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

Je trouve ce chapitre un peu bâclé, surtout la fin, mais de toutes les versions que j'ai écrites, c'était la meilleure.

Cette histoire est seulement publiée sur Wattpad, si vous voyez cela sur une autre platforme, merci de le signaler.

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❤️

Claudia M.T.C.

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