𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ²⁰ : « Retour en Enfer. »
Juste pour vous prévenir qu'il s'agit d'un chapitre un peu sombre. Donc si vous n'êtes pas très à l'aise avec le thème de la torture, n'hésite pas à passer et me le dire, histoire que je vous fasse un résumé de cette partie. Je n'ai pas décrit les choses avec précision, mais peut-être que certaines ou certains d'entre vous restent toujours sensible à ce sujet.
Sur ce, bonne lecture !
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Un gémissement plaintif quitta ses lèvres. Une violente douleur au crâne la fit grincer des dents et un filet de sang coula sur sa tempe gauche, se glissant sur sa peau frissonnante. Ses yeux eurent beaucoup de peine à s'ouvrir et surtout à s'adapter à l'obscurité de l'environnement. Tout lui paraissait noir et sombre, dénudé de vie et de lumière. Lorsqu'elle tenta de bouger ses bras, Anastasia Flor comprit que malheureusement, ces derniers étaient attachés. Ses fins poignets se rejoignaient juste au dessus de sa tête, liés par une grosse chaîne métallique descendue du plafond en béton. Ses chevilles n'étaient pas loin de subir le même sort, à l'exception que chacune était enchaînée au sol de son côté. La portugaise se retrouvait sur la pointe des pieds, peignant à se tenir en équilibre sur place malgré l'habitude de vivre ce genre d'expérience traumatisante. Le froid glacial de la pièce lui griffait le corps, la faisant frémir. Ses jambes nues et ses membres dénudés par son pyjama composé d'un simple t-shirt trop grand et d'un short était exposés et seraient probablement les zones d'acharnement de Katherine. Si elle portait encore ses vêtements d'hier soir et ne présentait aucune blessure visible, cela ne pouvait vouloir dire qu'une seule et unique chose : sa génitrice n'avait pas profité de son sommeil forcé pour la torturer. À cette pensée, la brunette ne saurait dire s'il s'agissait d'une bonne nouvelle ou d'une mauvaise. D'une part, être endormie lui aurait permis de ne rien sentir. D'une autre, Olsen aurait pu faire tout ce qu'elle désirait de sa progéniture sans que cette dernière ne le sache. Peut-être que tout ressentir était mieux et plus sécuritaire.
Encore sonnée par la violence de ce coup porté, comme une douce prière qui la ferais sortir de ce malheur, Ana laissa échapper d'une voix rauque le prénom de son ami. Elle aurait aimé qu'il soit là pour l'aider à tenir tête à sa mère, car une chose était de répliquer son désaccord, une autre était de supporter la torture infligée. Et résister était souvent sa pire décision. S'il avait été à ses côtés, Martinus n'aurait jamais permis que cette horreur se produise, la brunette en était persuadée. Il l'aurait empêchée de refaire son retour en Enfer. Malheureusement, le blondinet ignorait cette partie là de la vie de sa chérie et c'était peut-être mieux ainsi, car au moins, il était protégé et ne subirait jamais le même sort.
Soudainement, dans un fracas ahurissant, la porte de la pièce s'ouvrit à la volée. Sur le pas, une silhouette féminine se démarqua fortement, projetant une ombre démoniaque sur le sol. Grâce aux faibles rayons de la lune qui traversaient la petite fenêtre décorée de barreaux métalliques et la lumière du couloir, la jeune fille put voir le visage diabolique de sa génitrice. Cette dernière souriait méchamment, probablement heureuse se revoir sa progéniture attachée et tremblante d'appréhension rien que pour sa personne. La femme d'affaires tituba en avant, essayant d'avancer avec sa grâce naturelle, mais le taux d'alcoolémie présent dans son sang ne l'aidait pas à rester en équilibre sur ses talons. La bouteille qu'elle portait en main faillit glisser à plusieurs reprises et s'éclater par terre en milliers de petits morceaux de verre, mais par chance, Kath la rattrapait et en profitait pour avaler une gorgée conséquente.
— La peste est enfin réveillée ! s'exclama l'ancienne mannequin, les bras levés vers le ciel comme si elle priait un quelconque Dieu. Qu'est-ce-que tu peux être feignante quand tu t'y mets ! Ça fait... Ça fait deux heures que j'attends. Deux heures !
Anastasia ne dit rien et se contenta d'écouter les paroles de Katherine. Pour l'instant, la sorcière semblait plutôt calme dans son genre et ses mots ne blessaient pas encore, mais l'étudiante savait qu'il suffirait de patienter pour que tout empire définitivement. Un retour en arrière était impossible et certainement trop tard, de même qu'une tentative d'échappement.
— J'en connais un qui est exactement pareil... Enfin, connaissais. Parce qu'il est mort maintenant ! cria-t-elle prise d'un brusque fou rire qui s'arrêta violemment. Il est mort. Mort. Je l'ai tué.
Son expression était redevenue dure, son visage ne démontrait plus aucune émotion et ses yeux étaient deux gouffres sans fond. Le monstre était de sortie et plus rien, absolument plus rien ne l'arrêterait et l'empêcherait de faire du mal à sa victime. Les paroles douces, les mots réconfortants, les suplications et tout ce qui pourrait faire revenir une personne censée sur le droit chemin n'avaient plus aucun effet sur l'adulte. Une fois dans le viseur du côté maléfique de la norvégienne, impossible d'échapper à ses griffes acérées. Soit on devenait sa proie et mourait dans la seconde, soit on était traqué jusqu'à rendre notre dernier souffle. C'était les seules deux conditions et difficile d'en choisir une quand, dans les cas présent, on finit tout de même par quitter ce monde.
— Je l'ai tué, répéta la brune. Je l'ai tué et c'est ta faute !
Elle devenait hystérique, Flor le sentait et appréhendait fortement la suite, malgré son habitude.
— Il était différent depuis... Depuis... Depuis ta naissance. Il n'avait d'yeux que pour cette petite chose insignifiante qui ne faisait qu'hurler à longueur de journée ! Il m'a laissé tombée pour toi, parce que tu étais toute sa vie et maintenant, maintenant que j'ai pris la sienne, je vais prendre la tienne. Je vais en finir une bonne fois pour toute avec toi, créature du Diable.
La bouteille d'alcool s'éclata contre le mur à sa droite et Olsen se pencha pour récupérer un long morceau de verre bien aiguisé dont la pointe brillait sous la lumière des étoiles. Ana retint son souffle, tentant de ne pas trembler de peur et de douleur. Elle sentait déjà le bout pointu strié sa peau déjà marquée par d'anciennes blessures, toutes faites de la main de cette meurtrière.
— On va jouer à un jeu, toi et moi, déclara Katherine d'une voix enfantine, en tournant autour de sa victime préférée. Les règles sont les suivantes : à chaque fois que je te blesse, tu dois hurler de douleur.
Pour appuyer - littéralement - ses dires, la patronne de R.IHouse enfonça très délicatement la pointe de son arme dans le dos de la demoiselle qui se mordit la lèvre inférieure pour éviter de gémir de douleur. Cette retenue et cette persévérance dont Flor faisait preuve, mit la trentenaire dans une rage sombre et le verre se déplaça avec une lenteur insoutenable sur l'ouverture d'où s'écoulait un long filet de sang.
— J'ai dit que tu devais hurler, ma belle. Je risquerais de me mettre encore plus en colère si tu te retiens.
— Va te faire foutre, Katherine, hurla l'adolescente, retenant difficilement les bruits plaintifs qui ne souhaitaient que s'échapper d'entre ses dents serrées.
— Ce n'est pas très respectueux envers celle qui t'as mise au monde. Respecte un peu mes règles, veux-tu.
Le morceau de verre quitta finalement la blessure et se déplaça sur le reste de son corps. Face à sa fille, Kath déposa son objet de torture sur la joue rouge et en sueur de cette dernière. Lentement, la femme d'affaires fit glisser la pointe pour y laisser une faible tracée de sang rouge qu'elle vint lécher peu de temps après.
— Hum, gémit-elle de plaisir. Un vrai délice.
Olsen reprit son mauvais travail, striant encore et encore la peau de la portugaise qui n'en pouvait déjà plus. S'ajoutait à son agression récente, la séance de torture qu'elle vivait. Ana n'était pas sûre de tenir bien longtemps, mais veillait à rester éveillée rien que pour narguer sa sorcière de génitrice.
— Ça ne me suffit plus !
La norvégienne balança son arme à l'autre bout de la pièce et abattit violemment son poing dans les côtes de la demoiselle. Les bagues luxueuses ornées de diamants payées avec un argent sale et volé aux pauvres ajoutaient une dose de douleur en plus, laissant des traces violettes. Le femme d'affaires ne se retint pas et évacua toute la rage qu'elle avait contre celle qu'elle avait mise au monde, seize ans plutôt. Les coups et claques s'enchaînaient, de plus en plus violents au fur et à mesure. Sur le visage, le ventre, les jambes, le dos, les bras, les parties les plus sensibles chez le corps féminin... Tout y passait, pas un seul centimètre de peau n'était laissé au hasard.
Pour rendre la chose moins douloureuse, autant pour son esprit que pour son physique, Anastasia se mit à ressasser de bons souvenirs, pendant que l'autre s'acharnait sur sa personne. L'adolescente se souvint du doux sourire de son père et du rire de ce dernier, du regard aimant et rempli de douceur que Jace lui lançait quand il l'a regardait, des bras musclés de Tinus qui la tiraient contre son torse pour l'aider à se remettre de son cauchemar, des caresses que son ami déposait sur elle, de ses baisers qui la rendaient toute chose et l'empêchaient de réfléchir convenablement, de sa présence à ses côtés dans les pires moments... Tous ces moments de bonheur et de délicatesse lui permirent d'oublier l'horreur de sa nuit, elle ne ressentait plus rien à part son cœur brisé battre pour le jumeau cadet. Serait-ce possible que cette amitié se soit transformée en un sentiment plus fort ? Après aussi peu de temps passé ensemble ? Pourtant, la demi-roumaine avait tout mis en œuvre pour ne jamais tomber amoureuse. Mais faut-il croire que ce jeune homme était décidément bien différent des autres de son âge.
Après un violent coup porté sur son épaule, la chaîne du plafond céda et l'étudiante s'effondra au sol brusquement. Ses genoux s'ouvrirent et brûlèrent contre le béton gelé de la salle sans nom, mais elle n'y prêta pas plus attention. Ses chevilles toujours attachées lui permirent peu de mouvement, mais suffisamment pour qu'elle se relève avec difficulté. « Ne jamais laisser tomber, toujours se relever pour mieux défier son ennemi », lui répétait souvent le fils de sa psychologue et également son ami de longue date, Raphael Waston qui lui avait appris à se battre quand son paternel ne pouvait plus le faire. Ses yeux dénudés de larmes se rivèrent aux pupilles dilatées de Katherine qui sourit malicieusement, avant d'attraper d'une seule poigne la chevelure de sa fille pour la rapprocher de sa bouche puante d'alcool.
— Petite peste, ce que tu peux être idiote de me défier de la sorte, ricana l'ancienne mannequin devenue un monstre entre-temps. Jamais, tu m'entends bien, jamais tu ne pourras être plus forte, plus intelligente que moi. J'ai une longueur d'avance sur toi et tu ne te doutes pas encore de tout ce que je suis capable de faire.
— Depuis le moment où tu as tué mon père et celui où tu as commencé à me battre, j'ai su de quoi tu étais capable, Katherine, siffla rageusement Flora. Tu n'as plus rien à m'apprendre, encore moins sur ta petite personne égocentrique.
La brune lâcha sauvagement l'étudiante sur le sol. Cette dernière se rattrapa à nouveau sur ses mains et s'empressa de redresser son visage angélique blessé vers celui fermé de sa mère.
Soudainement, la sonnerie de la porte retentit dans toute la maison, prenant de court Olsen qui quitta la pièce, après un regard d'avertissement envers la jeune fille. Quand la norvégienne disparut dans l'encadrement de la porte, Ana se dépêcha, mettant toutes ses forces entre restantes dans la libération de ses pieds. Une fois libre de ses mouvements, l'adolescente se releva, s'appuyant fortement contre le mur pour ne pas tomber. Depuis le couloir du sous-sol, elle entendit sa mère crier de joie de revoir Mario Thompson et une phrase la poussa à accélérer la cadence jusqu'au garage. « Je vais récupérer quelque chose dans ma voiture et je reviens vite, mon chéri ». Enfermer la portugaise dans sa salle de torture était son objectif, mais cette fois-ci, elle serait surprise de découvrir la disparition de sa progéniture.
Affaiblie par tant de temps passé à recevoir les foudres de la vielle sorcière déguisée en femme impitoyable, Flor ouvrit faiblement la porte du garage et se glissa au sol pour ramper à l'extérieur. Deux hommes qu'elle identifia comme José et Taylor l'aidèrent à se redresser, observant les marques qui dévoraient horriblement son corps. Ils l'interrogèrent furieusement, curieux de connaître les raisons de son était actuel. Son garde du corps et père adoptif commença à se douter de quelque chose et ordonna à un autre membre de l'équipe d'aller chercher Katherine Olsen dans la maison. Un petit « non » s'échappa des lèvres sèches de l'étudiante et elle repoussa aussi fortement que possible son personnel, puis se mit à marcher, avant de s'élancer au pas de course. La brunette gagna en vitesse, ignorant les tiraillements de ses muscles et de ses blessures, courant les rues froides de Trofors. Peu lui importait que l'on l'aperçoive dans cet état, ce qu'elle voulait tout de suite c'était les bras de Martinus autour d'elle pour la retenir de sombrer dans la tristesse.
Arrivée devant la maison des Gunnarsen, Anastasia se planta face à la voiture de la petite famille, arrêtant le véhicule. Anne et Erik l'observèrent, les yeux grands ouverts. Le premier à quitter l'habitacle fut celui qu'elle venait voir. Il s'empressa de la rattraper avant qu'elle ne s'effondre violemment au sol et lui caressa les cheveux, hurlant à ses parents d'appeler une ambulance.
— Non, souffla faiblement la demoiselle. Pas... Pas d'hôpital. Je... Je veux juste... T-tes... Toi.
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Que croyez-vous qu'il va se passer pour la suite ?
𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
Claudia M.T.C
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