𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ¹⁷ : « Relation étrange et acte de décès. »

De retour au pays, après un weekend loin de la Norvège, leur vies avaient repris leur cours. Les jumeaux étaient retournés à l'école, tandis qu'Anastasia était encore sous certificat médical. Celui-ci l'empêchait d'aller au lycée pendant que sa blessure par balle n'était pas guérie, ce qui lui laissait au minimum trois mois de congé. Un temps précieux pour ses études que la jeune fille devait désormais suivre par correspondance. Mais elle n'allait pas s'en plaindre, car elle pouvait rester à la maison - qui était déjà nouvellement rénovée - et poursuivre ses recherches mises de côtés depuis plus de deux jours. Et c'est ce que la portugaise fit, une fois rentrée de l'hôpital où elle était passée vérifier que sa génitrice respirait - malheureusement - toujours, suite à l'atterrissage de l'avion. Si par malheur Katherine Olsen mourrait, elle pourrait dire adieu à la vérité, car une chose était sûre, sa mère enterrerait tous ses secrets avec dans sa tombe.

Visionnant pour la troisième fois la vidéo que Ryan lui avait fait parvenir samedi, Flor soupira bruyamment. L'image était terriblement floue et tout était sombre. Les rayons de la lune illuminaient peu les traits du visage de cet intrus qui avait tenté d'assassiner Kath. Elle désespérait de trouver l'identité de cette ombre masculine qui avait réussi à pénétrer dans un bâtiment hautement sécurisé sans avoir à commettre ne serait-ce qu'une simple effraction. Avait-il les clés et les codes d'accès confidentiels ? Était-il un employé ? Un ancien qui rêvait de venger son défunt patron ? Un ennemis de l'ex mannequin ? Ou le père de Jack Holland ? Aussitôt, une petite lampe s'alluma dans son esprit et la demoiselle se rua sur son ordinateur portable pour repasser les enregistrements de la caméra de surveillance postée dans le parking. Sur l'écran, elle put y lire l'heure, la date et l'étage, ainsi que secteur exact où cet homme quittait les lieux dans sa bagnole de luxe. Peu après, la silhouette masculine apparut, dissimulée contre le mur en béton. Affichant une nouvelle page sur son deuxième portable, la brunette cliqua sur le dossier portant le nom de « caméras - sortie de R.IHouse ». Elle vit passer la voiture et son conducteur à l'intérieur, pendant que le poseur de bombe continuait sa montée jusqu'à l'avant-dernier niveau du bâtiment. Ce n'était pas Carl, elle en était sûre à 100%. Il n'aurait pas pu être à deux endroits différents, à la même heure. C'était tout bonnement impossible. Mais d'ailleurs qui était-il réellement pour sa génitrice ?

Habituée à pirater les bases de données de la police de Trofors et habile dans le domaine, Ana n'eut aucun mal à se renseigner sur le père de son nouveau camarade de classe. Accusé de battre sa propre femme, sa fille et son fils, Holland était un véritable crétin qui dirigeait une maison de musique pleine de succès. Fallait l'avouer, il avait du talent pour repérer les musiciens prometteurs, mais ça restait, aux yeux de l'adolescente, un abrutis de première qui devait probablement coucher avec Katherine. Décidément, ce n'était pas son costume de luxe qui allait lui donner un air plus intelligent. Ne connaissait-il donc pas les risques de traîner avec Olsen ? Savait-il à quel point cette femme était monstrueuse ? Ça ne lui faisait rien de briser un mariage déjà écroulé ? Un plan naquit dans son esprit et avec un sourire en coin légèrement machiavélique, la portugaise s'empara de son téléphone. Elle composa le numéro de téléphone de Jack et patienta que ce dernier ne daigne répondre à son appel. Après trois sonneries, l'adulte de dix-neuf ans finit par décrocher.

« — Salut, beauté, dit-il d'une voix charmeuse. Je te manque tellement que tu ne peux plus te passer de moi ?

— Ne prends pas tes rêves pour de la réalité, Holland, rétorqua l'étrangère. Non, si je t'appelle, c'est parce que je... »

Était-ce mal de faire ce qu'elle s'apprêtait à faire ? Anastasia n'en savait rien, mais l'envie de faire éclater la vérité était plus forte que tout le reste. Elle devait savoir.

« — Comme tu sais, je suis les cours par correspondance depuis mon... Accident, reprit-elle, après un instant de silence. Et j'ai quelques exercices de maths que je ne comprends pas. Donc, je me suis dite que -

— Que je pourrais t'aider à les comprendre ? la coupa le nouveau. »

D'un côté, elle ne lui mentait pas vraiment. Ses devoirs dans la matière lui posaient problème. Seulement, le pire n'était pas cela. C'était ce qui risquerait de suivre.

« — Ouais. Est-ce que ça te dérangerait de me filer un coup de main ? Je comprendrais que tu sois occupé ou que je tombe mal, mais...

Honey, ricana Jack. Je suis toujours prêt à aider une délicieuse jeune fille dans le besoin et vu que tu es... Divinement délicieuse et très attirante, je suis d'accord de te filer ce coup de main que tu espères tant.

— Je vais prendre cela comme un compliment et non une phrase sortie typiquement de la bouche d'un pervers qui enferme ses victimes au sous-sol.

— Oups, j'ai été démasqué. »

Un rire s'échappa des lèvres de la jeune femme, ses doigts jouant avec son style à bile bleu.

« — Tes copains ne peuvent pas t'aider ? demanda soudainement le garçon.

— Mes copains ? s'enquit-t-elle, intéressée de savoir comment il avait pu obtenir cette information.

— Oui, euh... Tes amis, tu sais. »

Tu caches quelque chose, Holland, pensa la demi-roumaine.

« — Ils sont malheureusement déjà pris par leurs études et ils ne sont pas dans mon école, alors je me tourne vers toi, Jack.

— Et je suis flatté de l'apprendre, ma belle.

— Quand pouvons-nous nous voir ? demanda-t-elle. Demain, ça t'irait ? Je passerai chez toi, tu n'as qu'à m'envoyer l'adresse.

— Chez moi ? rigola nerveusement le brun. Hum, on peut le faire chez toi ? Je préférais que tu... Enfin que l'on...

— Le truc c'est que ma maison est en rénovation, vois-tu, alors cela risque de poser problème et je n'ai pas vraiment le droit d'inviter des gens chez mes hôtes.

— Ouais, alors... Euh... Demain, 19 heures, je passe te prendre.

— Je t'enverrai l'adresse par message. Merci, camarade de classe.

— Seulement camarade ? Ma jolie, on est bien plus que de simples - »

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, Anastasia Flor raccrocha au nez de son " ami ". Elle réfléchit longuement à ce qu'elle s'apprêtait à faire le jour suivant, mais se dit qu'au fond, rien n'était mal. Après tout, elle allait étudier avec un voisin de table drôlement séduisant, plus âgé que sa personne et en profiter pour s'entrevoir avec le connard de père de ce dernier. Ce n'était pas méchant, non ?

Occupée à lire l'acte de décès de son défunt paternel, Flora ne fit pas attention aux coups contre sa porte. Plongée dans la lecture des dossiers de Jace Ribeiro Ioans pour tenter de découvrir qui pourrait en vouloir à sa famille, l'étudiante sursauta quand un souffle chaud s'abattit brusquement sur sa joue. Réagissant comme un ressort, elle recula brusquement sa chaise, ce qui fit tomber l'intrus et se précipita vers lui pour le bloquer au sol. Un faible gémissement lui parvint aux oreilles et le visage de son assaillant lui apparut.

— Martinus ? appela-t-elle, incrédule et inquiète.

— Wouah, c'est la première fois qu'une fille réagit de cette manière quand je l'approche, pouffa faiblement la garçon, en observant sa douce lui relâcher les poignets qu'elle tenait au-dessus de sa tête.

— Merde, Tinus. Je suis désolée. Je savais pas que c'était toi, je pensais que... Ils... bafouilla la brune précipitamment. Depuis, l'autre soir, je... J'ai peur qu'ils reviennent alors... Pardon.

— Hé, tigresa. Ce n'est pas grave, la rassura-t-il, en se redressant et passant sa main dans la nuque de son amante. Je dois probablement juste avoir un ou deux os brisé, mais rien d'alarmant.

— Juste un ou deux ?

Un sourire malicieux prit place sur les lèvres de Flor qui rapprocha son visage de celui de son ancien colocataire.

— Ouais, un ou deux, répondit le chanteur, en brisant l'espace qui séparait leur deux bouches.

Le baiser s'enflamma aussitôt et Martinus se laissa retomber lentement en arrière. À présent couché sur le sol, Anastasia au-dessus de lui, il caressa les cuisses de son amie. Ses mains se frayèrent un chemin sous le long top que l'adolescente portait et atterrirent sur les fesses de cette dernière. Il toucha ses hanches, pendant qu'elle s'acharnait sauvagement sur ses lèvres, en lui mordant sa lippe de ses dents. Les doigts de la belle brunette tiraient sur les mèches blondes du norvégien qui grognait à chaque geste de sa part. Finalement à bout de souffle, ils finirent par se séparer, gardant un contact physique entre leur deux corps. La tension dans la pièce s'était brusquement intensifiée.

— Ana, haleta le cadet. Il faudrait que l'on reparle de ce qu'il s'est passé hier soir.

— Oh, tu parles du moment où tu m'as sauvagement embrasée, parce que tu n'arrivais plus à contrôler tes pulsions, ironisa la fille, arrachant un sourire à son complice. Ouais, faudra que l'on en parle, mais pas ce aujourd'hui.

— Tu es si occupée que cela pour ne pas pouvoir m'accorder une seule minute ?

— Je viens de t'accorder un baiser diaboliquement enflammé, je pense que tu peux te contenter de cela pour la journée, non ?

— Et si tu m'en donnais un autre ? demanda sensuellement Martinus. Un ne suffit plus vraiment, tigresa.

— Ah non ? Dommage, car vois-tu, j'ai beaucoup de travail qui m'att -

Elle fut coupée dans son élan, par la bouche du blondinet. Ses lèvres étaient en feu, mais un délicieux frison de plaisir parcourut son échine. C'était affreusement bon comme sensation et la portugaise donnerait tout pour ne plus quitter les bras de son ami.

— Il faudrait que tu rentres chez toi, mini-Gunnarsen, souffla-t-elle, en mordant la lèvre inférieure de ce dernier. Tes parents risqueraient de s'inquiéter.

— Aucun risque, ils savent que je suis ici.

Après deux autres baiser dans le genre de ceux-ci, les deux jeunes se levèrent enfin. Les bras autour de la taille de sa chérie, le jeune homme l'embrassa tendrement, cette fois-ci, l'observant sourire contre sa bouche. Dieu, qu'elle est belle, pensa-t-il intérieurement. Il écarta une mèche de ses longs cheveux bruns de son front et déposa un bisou sur celui-ci.

— Je passais simplement te dire salut.

— Et tu as l'habitude de dire « salut » de cette manière à chaque fille que tu croises ? ricana Anastasia.

— Uniquement à celles que je préfère le plus, répondit Tinus.

Entourant la nuque du garçon, la demoiselle se colla encore plus à son torse et déclara, en gardant son sourire éclatant :

— Mais je dois avouer que c'était un « salut » plutôt intéressant.

— Je tâcherais donc de recommencer à chaque fois que je te verrais.

— Faudrait pas que cela devienne une habitude, blondinet.

— Si ça reste aussi délicieux que cette fois-ci, je rêve que ça en devienne une alors, chuchota-t-il sérieusement.

Un dernier baiser et le chanteur se détacha de sa belle, puis se dirigea vers la porte du bureau qu'elle occupait. Il marmonna un « j'ai l'impression que l'histoire se répète » et partit, en souriant adorablement.

À nouveau seule, elle se sentit affreusement abandonnée et vide de l'intérieur, mais un détail la frappa brusquement en pleine face. La phrase que son ancien colocataire venait de murmurer fit naître une idée farfelue dans sa tête. Répétant sans cesse ces quelques mots, la demi-norvégienne observa son ordinateur, laissant toutes sortes de scénarios fleurir dans son esprit. Avec empressement, elle reprit sa place sur sa chaise et fit claquer ses doigts contre le clavier du portable. Une page s'ouvrit et un registre de l'hôpital du village apparût sous ses yeux. Les sourcils froncés et un sentiment de peur naissant au creux de son ventre, remplaçant la chaleur qu'avait dépose la venue soudaine de Titi, la future jeune femme relit les quelques informations annotées par les anciens médecins en charge de son père.

— L'histoire se répète... L'histoire se répète... Elle se répète... Mort dans un accident de voiture. Corps non-retrouvé. Enterré au cimetière de Trofors. Ça se répète...

Les images de l'événement lui revinrent en mémoire. Tout, dans les moindres détails, défila devant ses yeux : le camion qui fonça dans le véhicule que Jace conduisait, les tonneaux, le verre brisé qui lui entaillait la chair, le sang, l'odeur de la mort, sa ceinture de sécurité autour de sa petite taille, les gémissements de douleur de son père, les siens, ses cris, les appels à l'aide, l'ambulance, la disparition mystérieuse d'un corps, la présence inexpliquée d'une femme à talons sur les lieux... Mais elle ne retint qu'un seul élément et c'était sa survie.

— L'histoire se répète souffla-t-elle à nouveau. 

Prenant rageusement son cahier en main, Ana écrivit quelques mots qui lui firent froid dans le dos.

« Survivante d'un accident,
Disparition mystérieuse,
Mort non-certaine, car introuvable...

L'histoire se répète. »

Comprenant ce que tout cela voulait signifier, la portugaise releva la tête, les larmes lui montant aux yeux et une seule parole s'échappa d'entre ses lèvres rosées :

— Papa.

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𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

Claudia M.T.C

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