𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ³⁴ : « Paroles blessantes et mère biologique. »
Elle était enfin libre de faire ce que bon lui semblait. Après une matinée entière d'école et seulement trois heures l'après-midi, Anastasia Flor était finalement libérée de cette torture que sont les études. Ses cours étant définitivement terminés pour le reste de la journée et plus rien ne la retenant dans ces lieux qui empestent les hormones à plein nez, la jeune femme pouvait tranquillement rentrer chez elle. Là-bas, son planning préparé à l'avance pour ce temps libre se mettrait automatiquement en marche. Elle devait, premièrement, vérifier que sa génitrice ne soit pas dans les parages ou qu'un des agents de cette dernière ne rôdent pas dans la maison pour la surveiller. Ensuite, la portugaise pourrait sans difficulté, après avoir crocheté la serrure de la porte de la chambre de Katherine Olsen, fouiller dans ses affaires à la recherche d'indices suspects. Puis, si cette méthode ne portait pas ses fruits, il faudrait qu'elle recherche dans les bases de données les récentes activités de la norvégienne, histoire de dénicher de bonnes informations utiles pour sa mission première : faire tomber la sorcière. Mais pour arriver à ses fins, tout devait se passer exactement comme prévu. Malheureusement pour l'adolescente, le destin était rarement de son côté et écoutait très peu ses prières.
- ANA !
Cet appel l'arrêta aussitôt dans sa marche. La surprise de l'entendre prit possession de son être, vite remplacée par un sentiment de méfiance à son égard. Que pouvait-elle bien lui vouloir pour prendre le risque d'être vue en sa compagnie ? Elle qui avait presque honte devant ses amis de dire que la fille de Jace Ribeiro Ioans était sa cousine, mais qui n'hésitait pas à le crier sur tous les toits pour être un peu plus populaire, voulait la voir et lui parler. Mais de quoi ? Tout avait été dit l'autre jour au mariage et plus rien n'avait d'importance maintenant. Alors quelle conversation encore tordue sur Martinus la blonde avait à lui partager ?
- ATTENDS-MOI, S'IL TE PLAÎT !
Étant d'humeur aimable aujourd'hui, Anastasia souffla bruyamment, n'en pouvant déjà plus alors que la discussion n'avait même pas commencé. La belle milliardaire fit l'effort de plaquer un faux sourire sur ses lèvres, ses bras se croisant contre sa poitrine, un sourcil légèrement relevé d'interrogation et les yeux plissés de scepticisme. Elle pourrait presque donner l'illusion d'être heureuse de parler avec la descendante de son oncle Jackson, mais la vérité était toute autre. Certes, elle ne la détestait pas totalement et ne la connaissait que depuis peu, mais ce n'était pas pour autant qu'elle l'appréciait plus que cela. Au contraire, tant que l'aînée sera aveuglée par le charme monstrueux de sa génitrice, rien n'obligera la portugaise à l'aimer.
- Ça ne sera pas long, Ana.
Devant tant de silence, l'arrivante la supplia du regard, un simple « s'il te plaît » s'échappant de ses lèvres maquillées d'un gloss brillant.
- Dépêche-toi, Loren, s'agaça Flora, ne pouvant s'empêcher de rouler des yeux. J'ai des choses importantes de prévu et pas que cela à faire.
- O-oui, bien sûr, bafouilla la blondinette, les joues rouges de honte et presque intimidée par l'aura qui se dégageait de la progéniture de sa tante. Je... Je voulais simplement m'excuser pour ce que j'ai pu dire ou laisser sous-entendre l'autre jour. Ce n'était pas correct de ma part de te traîter de la sorte alors que tu avais pris le courage de te confier sur cette horrible épreuve. Je n'ai compris que trop tard, malheureusement, que Katherine est une démone venue des enfer pour semer le chaos sur Terre.
- C'est une manière plus poétique de voir les choses, en effet.
- Alors voilà... reprit l'amie de longue date des jumeaux. Je suis sincèrement désolée, Ana.
Se méfiant fortement de ses excuses si soudaines, cette dernière se contenta d'hocher de la tête en signe d'acceptation. Lui en vouloir ne servirait à rien à part causer plusieurs tensions au sein de la famille et du groupe, ce qui était en soi totalement inutile. Elle avait déjà assez de problèmes à gérer, alors rajouter sa cousine sur la longue liste n'était pas chose nécessaire. Se repassant le discours de son aînée en boucle à la recherche d'une faille ou d'un indice qui prouverait que tout ceci n'était qu'une vilaine mascarade, la demi-roumaine comprit finalement quel était le véritable soucis. Après sa confession d'il y a quatre jours sur les violences faites à son encontre de la part de sa mère, quelque chose s'était probablement passé pour rendre Loren aussi mal. Et la cause devait très certainement porter un prénom commençant par un « Kath » et finissant par « erine ». C'était la seule explication plausible, elle n'en voyait pas d'autres. À présent curieuse et légèrement inquiète par les actions de celle qui l'avait mise au monde, Ana fit signe à sa camarade de classe de la suivre vers la voiture où l'attendaient déjà José et Taylor, ses deux fidèles gardes du corps.
- Ce n'est pas la peine de faire semblant avec moi, Lo. J'ai parfaitement compris que ça n'allait pas et que cette journée ne s'était pas bien terminée pour toi.
Honteusement, la concernée baissa la tête, se mordant fermement l'intérieur de sa joue gauche pour ne pas se laisser aller à ses émotions.
- Explique-moi ce que ma génitrice a encore fait.
Pour ne pas changer des bonnes vieilles habitudes, pensa-t-elle mentalement, se retenant fortement pour ne pas le dire à voix haute même si ce n'était pas l'envie qui lui en manquait.
- J'ignore si c'était légitime de sa part de me rendre la monnaie de ma pièce, commença la fille de dix-sept années. Mais... Ses paroles m'ont énormément touchées et après réflexion, ce n'était pas juste de me les dire avec tant de colère, sachant que je n'ai pas fait grand chose.
- Que veux-tu dire par « rendre la monnaie de ma pièce » ? demanda curieusement la milliardaire, les sourcils froncés. J'espère pour toi que tu n'es pas allée l'accuser de violences familiales ni lui répéter ce que je t'ai dit, car si c'est le cas, tu peux sérieusement commencer à rédiger ton testament. Il ne te reste probablement plus beaucoup de temps à vivre. Je t'ai prévenue des conséquences, Loren, il ne faudra pas t'étonner d'avoir une mort lente et douloureuse de la part de ta tante chérie.
Déglutissant difficilement face aux paroles crues et remplies de vérités effrayantes de la membre de sa famille, la belle-fille de Léa Gray se hâta rapidement de s'expliquer.
- Non, non, bien sûr que non ! Je n'ai et n'aurais pas été capable de faire une telle chose après tes mises en garde. Je peux peut-être avoir l'air idiote, mais je ne le suis pas totalement, tu sais ?
- Ah oui ? fit la brune faussement surprise. J'étais pourtant sûre du contraire jusqu'à maintenant.
- Ana ! la sermonna sa cousine, indignée par une telle réponse.
Un rire joyeux leur échappa à toutes les deux, effaçant ainsi la tension électrique qui régnait constamment entre elles. Que c'était bon de trouver une personne faisant de la même famille que la leur et qui n'était pas aussi tordue que les autres ! Cela leur faisait énormément plaisir, même si elles ne l'avoueraient pas à l'autre par crainte que ce ne soit pas réciproque et pour ne pas passer pour des imbéciles.
- Je t'assure que je n'ai rien fait d'aussi stupide, reprit la blonde. Pour te faire un résumé rapide de ce qu'il s'est passé, je suis simplement allée lui demander pour quelle raison elle me portait autant d'intérêt et qu'est-ce-que ma présence à ses côtés allait lui apporter. Seulement, je crois qu'interrompre son petit moment romantique avec Mario l'a mise plus en colère que je ne le pensais.
- Et elle a donc déchargé sa haine sur toi pour te faire payer cet outrage, termina l'étrangère à sa place, accompagnant le tout d'un soupir las. Elle peut parfois être profondément sentimentale avec les petits instants insignifiants comme celui-ci. C'est du Katherine tout craché.
- Sur ce point, je ne peux que te donner raison, même si je ne l'ai pas côtoyée avant mon retour en Norvège.
- Crois-moi, tu n'as rien raté d'extraordinaire.
Les deux jeune femmes s'arrêtèrent finalement devant le véhicule sombre, le silence ayant reprit son trône pour régner sur leur deux têtes. Flor profita de leur solitude et de la tranquillité dont faisait preuve le parking du lycée pour lui poser une question plus sensible, se doutant quelque peu de la réponse à venir.
- Quelles ont été ses paroles ?
Soupirant tristement, la plus vieille du petit groupe prit son courage à deux mains, ravalant la boule qui grandissait dans sa gorge et l'empêchait presque de parler, puis se lança dans son monologue :
- Kath m'a bien fait comprendre que je ne lui servait strictement à rien ou du moins, plus maintenant, que je n'avais pas plus d'importance à ses yeux que toi tu en avais pour elle, que je n'avais pas de vraie valeur... Des choses blessantes auxquelles je n'ai pas fait plus attention que cela. Elle a ajouté qu'il était temps pour sa petite personne minable de se débarrasser définitivement de moi. Je doute que ta génitrice veuille réellement m'éliminer pour si peu, mais ayant remarqué à quel point elle peut être folle, je reste sur mes gardes.
- On pense toujours que telle ou telle personne n'est pas à la hauteur pour commettre un acte pareil, s'exprima la portugaise. Mais en vérité, il faut toujours savoir se méfier de l'eau qui dort. C'est la pire ennemie que tu auras à affronter dans toute ta vie.
- Je ne peux que te donner raison sur ce point là, acquiesça doucement Loren. Tu es probablement la mieux placée pour dire cela.
- Bien que je ne sois malheureusement pas la seule enfant battue par les mains de ma propre mère dans ce monde, je suis bien l'unique gamine à être tombée dans les griffes acérées de Katherine Olsen. Alors oui, je suis la mieux placée pour te mettre en garde contre elle. Mais ce n'est pas de mon histoire que l'on parle, mais de l'autre jour. Qu'a-t-elle dit de plus ? Je sens bien que ces mots ne sont pas la véritable source de ton malheur.
- En effet, confirma la nouvelle victime de la sorcière, le regard cette fois-ci non posé sur Anastasia, mais flottant dans le vide. Elle... Elle a dit également que si ma mère biologique était partie, c'était tout simplement parce qu'elle ne voulait pas d'une gosse comme moi dans les pattes. C'est très certainement ce qui m'a le plus touché dans tout son discours pour me rabaisser à un niveau inférieur au sien.
Une pointe de tristesse fendit le cœur de pierre dont la glace autour fondait petit à petit de la descendante des Ioans. Celle qui l'avait mise au monde savait et aimait particulièrement jouer avec les points sensibles de ses proies pour mieux les blesser et les briser encore plus. La norvégienne ne voulait qu'avoir une certaine domination sur sa victime. Cela lui permettait de se prouver qu'elle était un tant soit peu supérieure à lui ou elle, alors que ce n'était que la peur et l'instinct de survie qui faisait que tous la suppliaient de leur laisser la vie sauve ou qu'ils acceptaient sous la contrainte de l'aider pour s'épargner un minimum de souffrance. L'ancienne épouse de Jace l'ignorait peut-être, mais sa progéniture savait très bien que ce n'était que la folie qui la faisait se sentir en infériorité et rien d'autre. Cette fois-ci, ce fut la fille de Gray qui en avait fait les frais de son sadisme meurtrier. Flora y était déjà passée à nombreuses reprises, son paternel aussi et bien d'autres souffre-douleurs qui agrandissaient la liste et dont l'identité restait secrète. Mais qui sera le ou la prochain/e ? Qui va être martyrisé à nouveau avant que la vieille sorcière ne soit amenée au bûcher ? Sûrement un bon nombre, mais comment savoir qui en particulier pour tenter de le/la sauver ?
- Elle savait que te faire mal, ferait souffrir les gens qui t'entourent aussi, déclara d'une voix douce l'étudiante. Ce n'est pas réellement toi qu'elle visait.
- J'en ai eu l'impression, pourtant.
- Pour faire tomber les autres dominos, il faut sacrifier le premier de la chaîne. C'est lui qui les conduira tous à leur perte et qui fera tout s'effondrer. Katherine fonctionne exactement de la même manière. Elle cherche le pilier de toute cette histoire et s'il s'écroule, alors tout coulera à sa suite.
Ne sachant plus vraiment quoi ajouter de plus à cette explication, la blondinette se contenta de garder le silence, les mains dans les poches de sa veste. Elle qui pensait que sa cousine l'enverrait balader après l'épisode de l'autre jour et lui demanderait de ne plus jamais l'approcher était surprise de voir à quel point leur vie tournaient sur un même point commun : le manque d'une présence maternelle. Léa avait été sa mère et sa confidente depuis sa rencontre avec Jackson, mais Ana, qui avait-elle pour figure d'autorité ? Kath n'était et ne serait franchement pas la meilleure pour endosser ce rôle, elle ne méritait même pas d'avoir des enfants. Mais il devait bien y avoir quelqu'un pour s'occuper d'une jeune femme brisée par les évènements passés et dont l'unique but était de déterrer la vérité sur sa génitrice.
Perdue dans ses pensées, Lo sursauta quand son amie la ramena à la réalité, en l'appelant plusieurs fois par son prénom et bégaya un rapide :
- Q-quoi ?
- Je disais, ricana la brunette, que j'étais navrée que ton modèle ait agi de cette manière avec toi. Ce n'était en rien mérité et surtout pas après avoir interrompu leur moment romanesque.
- Ne t'en fais pas pour cela, la rassura l'aînée. Je me suis faite à la disparition de ma mère biologique et je le vis bien. J'ai une famille en or et de amis sur qui compter, que rêver de mieux, hein ? C'est toujours un peu douloureux de me demander si c'était moi la cause de son départ ou juste le fait qu'elle ne voulait pas d'enfants, mais j'essaie de ne pas y penser et de me focaliser uniquement sur ce qui importe.
- C'est une bonne résolution, je le conçois. Mais ce n'est pas l'envie de la connaître qui te manque, n'est-ce pas ?
Face au mutisme de la concernée, l'adolescente comprit immédiatement où cette conversation allait les mener et lui demanda :
- Mon pardon n'était pas la seule chose que tu voulais obtenir de ma part, je me trompe ?
- Non, tu as juste, Ana, confirma sa cousine. Je suis venue, certes, pour m'excuser de ce que je t'ai dit. Tout était sincère, je te le jure. Seulement... Les paroles de ta génitrice m'ont beaucoup faites réfléchir et j'en suis arrivée à une décision importante. Mais pour cela, j'aurais impérativement besoin de ton aide, car tu es de ma famille, mais tu es aussi experte dans le domaine de fouiller le passé des gens. Jack me l'a dit.
- Celui-là, aussi, pesta la portugaise, les dents serrées. Je peux toujours essayer de t'apporter les réponses à tes questions, mais je ne te promets rien, ma belle.
- C'est déjà un bon début, merci.
- Mais dis-moi, qui cherchons-nous à mettre à nu ?
- Ma mère biologique.
✧°•:**:•°✧
Hello !
Ça fait un moment que je n'ai pas posté et je m'en excuse, mais me voici de retour. Ce chapitre n'est pas le plus génial du livre, mais est tout de même important pour la suite. Vous allez comprendre.
Avez-vous des idées de ce qu'il se trame ?
𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
❤️
Claudia M.T.C
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