𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ¹⁴ : « On dirait un vrai petit couple ! »
La tête collée à son épaule, Anastasia dormait paisiblement. Les dix heures et demie de trajet en voiture avaient épuisé la jeune demoiselle encore faible de sa blessure. Son réveil matinal avait été programmé à 5h00 du matin et Martinus avait dû batailler fortement pour la faire sortir du lit sans utiliser la force. Elle paraissait ancrée dans le matelas et refusait de se lever sans avoir fait ses heures de sommeil habituelles. Une vraie tête de mule. Mais finalement, le norvégien était parvenu à la faire quitter son antre grâce à ses techniques de persuasion, en lui promettant d'arrêter de l'appeler « tigresa ». Bien évidemment, il ne tiendrait pas parole. La voir rager pour simple raison qu'il ait utilisé un surnom pour décrire son caractère sauvage était beaucoup trop plaisant à regarder et surtout très amusant quand la brunette se lançait dans de grand discours pour essayer de faire passer sa gêne. Et puis, il ne lui avait pas promis de stopper son petit jeu, il avait juste dit qu'il y mettrait fin, donc le blondinet ne brisait aucune promesse.
À l'aéroport, la famille Gunnarsen, accompagnée de leur invitée d'honneur, avaient dû attendre soixante bonnes minutes avant de pouvoir embarqué dans l'avion direction le Danemark, là où les jumeaux avaient leur tout prochain concert. C'était un pays que Flora n'avait pas eu l'occasion de visiter. Pourtant elle en avait vu des merveilles dans le monde, mais cet endroit là était sur la liste et aujourd'hui, grâce aux garçons, elle allait enfin poser un pied sur un autre sol Scandinave. Mais encore fallait-il attendre une heure de plus avant de frôler la terre ferme. Un temps que Marcus, Emma et Ana utilisèrent pour dormir et récupérer des forces, car un long voyage comme celui-ci épuisait beaucoup. De son côté, le cadet en avait profité pour faire quelques recherches sur la famille de sa demoiselle, utilisant Internet pour se renseigner. Malheureusement pour lui, rien de bien concret n'éclaira sa lanterne sur le mystère portant un prénom typiquement russe. Un père décédé dans un accident de voiture, une mère qui a pris les rênes du business de son époux et une fille unique née il y seize années en arrière qui a été victime de la mort de son paternel, en la touchant de près elle aussi. Une histoire à faire froid dans le dos.
Une voix féminine résonna soudainement dans l'avion, prévenant les passages de leur atterrissage sur la piste. Sur le rang de gauche, Marcus se réveilla paresseusement et s'occupa de la petite dernière, à moitié couchée sur son grand frère. Anne et Erik, installés sur les sièges à l'avant, se tournèrent vers leurs enfants pour leur demander silencieusement d'attacher leur ceinture de sécurité. Le blondinet se tourna vers sa douce endormie sur son épaule et caressa lentement sa main, lui soufflant à l'oreille :
— Bébé, il faut se réveiller maintenant. On va arriver à destination.
Anastasia remua légèrement, frottant ses yeux ensommeillés et observa son ami avec un timide sourire sur les lèvres qu'il s'empressa de lui rendre. Attaché, Tinus se pencha pour récupérer l'autre moitié de la ceinture, frôlant le bassin de la portugaise. Cette dernière frémit à son contact, fixant ses moindres faits et gestes. Le jeune homme boucla sa sécurité, tirant dessus pour s'assurer qu'elle soit bien fermée, puis ancra ses yeux chocolats dans l'océan bleu-vert de sa colocataire.
— Voilà, tu ne peux plus t'échapper, sourit-il sensuellement.
— J'ai plus d'un tour dans mon sac, mini-Gunnarsen, dit-elle, en roulant des yeux devant lui. Je t'assure que si je dois t'échapper, je réussirais à le faire et aucune chance pour toi de me retrouver.
Martinus approcha son visage du sien, mêlant leur souffle entre eux. Leur cœurs se mirent à effectuer une danse endiablée qu'ils, à mesure que le temps avançait, finissaient par connaître sur le bout des doigts.
— Où que tu ailles, ma jolie, je finirais toujours par te retrouver, souffla le chanteur. C'est une promesse que je te fais.
— Une promesse ? répéta la demi-roumaine. Comme celle du « je ne t'appellerais plus par ton surnom, si tu sors de ce lit, Ana » ?
Sa tentative d'imitation fit rire le jumeau.
— Tu es une piètre actrice, mon cœur.
— Au moins, moi, je l'assume. Pas comme certaines personnes. Après je ne te vise surtout pas, jamais je n'oserais voyons.
— Je l'espère bien, car sache une chose, mon ange, je suis le meilleur acteur qui puisse exister, se vanta l'adolescent.
— Bien évidemment, acquiesça la jeune femme, faussement sérieuse.
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Main dans la main, les deux avancèrent aux côtés des autres passagers de l'avion en direction de leurs valises. Chacun récupéra la sienne et Martinus aida Flor à s'emparer de ses affaires au risque qu'elle ne réouvre sa blessure. Même si la cicatrisation avançait, elle était toujours en risque de faire sauter les points de suture au moindre mouvement brusque.
— Tu sais, c'est très galant de ta part, blondinet, mais je peux me débrouiller toute seule, sourit timidement la brunette.
— Je suis un gentleman de nature, tigresa, pouffa le chanteur. Je me dois de prendre soin de ce qui m'est précieux.
Malgré ses rougissements, Ana déclara d'une voix amusée :
— Un gentleman de nature ? Totalement, oui.
— Ne te moques pas de moi, Ioans, répliqua Tinus, en la fusillant faussement du regard. Je risquerais de me mettre en colère.
— J'en suis effrayée, Monsieur Gunnarsen, ricana-t-elle joyeusement.
— Plus sérieusement, si je fais ça c'est pour t'éviter de passer une nuit avec des douleurs insupportables au ventre. Je sais que tu détestes prendre des tas de médicaments, alors t'empêcher de te blesser est ma priorité numéro une.
— Ta priorité numéro une du moment, c'est ton concert avec ton frère. Rappelle-toi que des centaines de filles seront là pour vous, ce soir, dit la fille de Jace d'une manière très théâtrale. Elles vont baver devant toi et ta voix virile.
— Je ne sais pas si tu me fais une crise de jalousie dissimulée sous une couche d'humour ou si tu te fous simplement de moi.
— Je crois... souffla-t-elle, en s'arrêtant en chemin et s'approchant de lui pour toucher la fermeture Éclair de sa veste. Que je pencherais plus pour la deuxième option.
Sur ce, Anastasia délaissa son ami en plein milieu du chemin et rejoignit les adultes à l'extérieur. L'air frais vint frapper son visage angélique, faisant rougir sa peau. Ou alors était-ce le fait de sentir le regard intense du cadet sur sa personne. L'étudiante ne saurait le dire.
Toujours planté devant les portes coulissantes automatiques, le jeune homme patienta l'arrivée de son frère très en retrait et termina le chemin jusqu'à la voiture avec lui. Marcus, une lueur de malice et d'amusement, se pencha faiblement vers son jumeau dans l'optique de lui faire parvenir le fond de sa pensée.
— Quand tu prends cet air là, c'est pour dire une connerie.
— On dirait un vrai petit couple, rigola le norvégien, sans faire attention à la remarque de Martinus. Alors, connerie cette fois-ci ?
— Je dois avouer que tu n'as pas tort, pour une fois, s'amusa-t-il.
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L'hôtel était à couper le souffle. Habituée au luxe, la descendance des Ioans en restait toute de même éblouie par la beauté des lieux. Elle était dans son élément, un monde de richesse et bling bling excessif. L'architecte du bâtiment lui rappelait sa demeure au Portugal, celle où son grand-père vivait actuellement avec plusieurs membres de sa famille. C'était une maison dessinée par lui-même et construite par ses propres mains avec l'aide une équipe de spécialistes en la matière. Un endroit que la demoiselle appréciait énormément de part la tranquillité du village, mais aussi par l'histoire qui émanait des murs de la bâtisse. À cette simple pensée, son cœur se serra douloureusement. Voilà plus de deux années qu'elle n'avait pas mis les pieds dans son pays natal et les paysages ensoleillés lui manquait indéniablement. Peut-être aurait-elle la chance d'y retourner ? Et d'emmener avec elle ses nouveaux amis.
— Ana, tout va bien ? demanda Erik, voyant le regard nostalgique de la belle étrangère.
— Oui, je repensais juste à ma maison au Portugal, répondit-t-elle. Cet hôtel me fait penser à elle, c'est tout.
— Je comprends, la réconforta le père. N'y pense plus, je suis certain que tu auras de nombreuses occasions pour y retourner. Mais en attendant, profite de ta semaine au Danemark avec les garçons.
— Vous avez raison, Erik. Je ne dois pas me laisser aller et profiter de votre compagnie très agréable.
— C'est cela, ma petite, pouffa l'homme, en caressant affectueusement les cheveux bruns de son invitée. Et puis, ce n'est pas tout les jours que l'on passe des vacances avec les Gunnarsen.
Les deux rigolèrent et pénétrèrent dans l'ascenseur où les autres les attendaient. Pour la première fois, depuis la mort de son père et son éloignement du Portugal, Flor se sentait enfin à la maison, entourée d'une famille aimante qui, malgré sa méfiance et sa génitrice, était là pour elle. C'était un sentiment qui emplissait son cœur à nouveau, comme s'il renaissait de ces cendres, comme un Phénix après la mort. Jusqu'à maintenant, une seule personne avait réussi à lui donner cette sensation de plénitude et il s'agissait de Tinus. Mais Marcus, Emma, Anne et Erik y arrivaient aussi. Tous cela lui donnait l'impression d'être enfin dans son foyer, après tant de malheurs. Seulement, son bonheur avait toujours été de courte durée et cette simple réalité lui faisait peur, car les perdre, perdre le garçon avec lequel elle avait passé des nuit entières à discuter de tout et de rien, lui était insoutenable.
— Ariel, une amie à moi, nous rejoindra dans la chambre, déclara Marcus.
— Tu déconnes, j'espère ? répliqua Martinus. « Amie » ? Premièrement, elle est aussi mon amie et deuxièmement... Seulement « amie » ? Tu es sûr ? Parce que l'autre jour à l'école, vous m'aviez l'air très très proche, au point de -
— Ferme-la, tu veux, rugit l'aîné de la fratrie, en lui coupant la parole.
— C'est aussi mon amie, déclara la voix adorable de la petite Emma.
Devant le regard interrogateur d'Anastasia, mini-Gunnarsen se proposa pour éclairer sa lanterne sur le sujet de conversation. Entrelaçant leurs doigts ensembles, le chanteur lui expliqua que la prénommée Ariel était une camarade de classe qu'ils connaissaient depuis la maternelle, soit une amie très importante à leur yeux et que, sous la proposition de Anne et l'invitation de Marcus, elle avait accepté de venir les rejoindre au Danemark. Ils seraient donc quatre dans la chambre à coucher et cela risquerait de causer beaucoup de dégâts.
— Elle était impatiente de te rencontrer, lui souffla le grand frère.
— Vous avez parlé de moi à vos amis ? demanda discrètement Flora, en profitant que le blondinet soit plus loin.
— Pas vraiment, non. À vrai dire, Loren a annoncé à notre bande qu'elle avait une cousine mystérieuse qui portait ton nom et Tinus s'était manifesté pour leur dire que l'on te connait personnellement. Tu es une star dans le coin, tu le sais j'espère.
Il lui fit un petit clin d'œil complice, un sourire en coin sur les lèvres. La jeune fille foula des yeux, malgré son air amusé.
— Pourquoi Martinus leur a dit qui j'étais ? C'est vrai quoi, on ne se connait pas depuis longtemps, ça fait à peine un mois.
— Aussi rapide que ça a pu l'être, tu comptes beaucoup pour nous, Ana, déclara sérieusement Marcus. Surtout pour lui. Il est différent avec toi, parce que tu n'es pas comme les autres.
— En quoi je suis si différente, Marcus ? s'intéressa la brunette, curieuse d'obtenir une réponse.
— Je lui laisserais le loisir de te le dire.
Puis l'adolescent partit rejoindre ses parents en pleine discussion. La fille unique de Jace et Katherine observa longuement l'autre jumeau du regard, cherchant une réponse à sa question. Mais rien ne lui venait à l'esprit. Après tout, elle restait une gamine banale, sans grand intérêt avec un passé étrange et une mère totalement dégénérée. À part ces quelques détails, rien ne lui semblait être une bonne raison pour la rendre différente aux yeux du blondinet. Ce dernier aussi la relookait et lui fit signe de la tête d'approcher, ce qu'elle s'empressa de faire, traînant sa valise à roulettes derrière elle.
Seule avec son ami dans la chambre qu'ils partageraient tous les quatre, la portugaise se laissa retomber sur le lit. Ses mains frottèrent son visage fatigué et s'échouèrent dans ses longues mèches brunes éparpillées partout sur les draps. Le voyage avait été long et l'heure tardive ne l'aidait pas à rester réveillée. Ses yeux se réouvrirent finalement et un sursaut secoua son corps quand elle vit Martinus perchée au dessus de son corps, les bras de part et d'autre de sa tête, un sourire terriblement sensuel aux lèvres.
— Tinus, je peux savoir ce que tu fais ?
— Je te regarde, répondit-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence. Tu es très belle.
— Ah oui ? Même fatiguée ?
— Toujours, mon ange.
— Enlève moi ça, blondinet, ordonna la brunette, les yeux plissés.
— Quoi, mon pull ? Tu veux déjà que je me déshabille, bébé ? sourit le norvégien, en s'approchant encore plus.
— Q-quoi ?! s'étrangla l'adolescente, rouge de gêne. Non ! Pas ça, imbécile ! Je parle de ce sourire d'idiot que aborde toujours en ma présence !
— Sourire idiot, dis-tu ? Tu le trouvais moins idiot quand je t'embrassais le cou.
— D'ailleurs, il faudrait que l'on aborde ce sujet tous les deux, dit-elle sérieusement, en posant une main sur son torse pour le dissuader d'avancer plus. Je pense que...
— Tu pense que ? souffla le jeune homme, en effleurant ses lèvres des siennes. Continue, je t'en prie.
— Que l'on devrait... tenta la demi-roumaine d'aligner quelques mots. On devrait y aller... Doucement.
— En douceur. Si tel est ton souhait, ma belle.
Sur le point de s'embrasser, malgré leurs dires récents, la porte de la chambre s'ouvrit soudainement et une tornade brune pénétra à l'intérieur, hurlant joyeusement le prénom du chanteur. Ce dernier se redressa aussi vite que possible, remettant de l'ordre dans ses cheveux.
— Oops, s'arrêta l'arrivante, en observant la scène et sentant la gêne présente dans l'air. Je crois que j'ai interrompu le moment du baiser.
✧°•:**:•°✧
Je le trouve pas top top, mais bon...
𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
❤️
Claudia M.T.C
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