𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ²³ : « Les jumelles. »

Réveillée depuis plus de deux heures, Anastasia Flor prenait tranquillement son petit déjeuner. La jeune femme était assise sur l'îlot central de la cuisine ouverte sur le salon et profitait du calme de la maison pour manger. Un bol plein de céréales et de lait dans les mains et ses longues jambes interminables se balançant dans le vide, elle s'intéressait au dessin-animé qui passait à la télévision ce matin. Seule, à l'exception de l'autre énergumène qui dormait encore à poings fermés à l'étage, la demoiselle engloutit une énième cuillère de son repas matinal, très concentrée sur l'écran lumineux. C'était une matinée étrangement sereine et sans prise de tête dont la portugaise voulait profiter un maximum. Pour le moment tout allait pour le mieux, un grand miracle. Katherine Olsen avait l'air, d'après les nouvelles des magazines people, occupée à préparer son mariage qui n'était plus dans si longtemps que cela, aux côtés de son chéri, Mario Thompson. Son père était toujours aussi disparu qu'il y a dix ans en arrière et impossible à trouver. Ses déductions sur sa cachette s'étaient toutes avérées fausses, d'après les rapports de ses agents de sécurité qu'elle avait envoyé sur place. Il était bien futé et c'était totalement compréhensible, car quand on fuit une sorcière comme celle-ci qui a volé toute notre fortune pour la transformer en argent sale, il faut bien être intelligent.

Toujours aussi plongée dans le programme télévisé pour enfants - qui au fond n'a pas vraiment d'âge pour être visionné, Anastasia sursauta quand la sonnerie de la porte se fit entendre. La brunette fronça les sourcils, se demandant qui pouvait bien venir sonner à la porte des Gunnarsen à onze heures du matin. Les parents étant de sortie, Emma chez sa cousine, Marcus avec sa copine Ariel et Martinus dormant profondément, qui aurait l'idée de passer dire bonjour à la famille ? L'idée que Kath ait pu envoyer quelqu'un finir le travail ou qu'elle-même se soit déplacée pour le faire lui effleura l'esprit, mais quand des voix féminines lui parvinrent, la demi-roumaine su que le danger n'était pas imminent et qu'elle pouvait ouvrir sans problème. Jetant un rapide coup d'œil au large t-shirt masculin qui lui servait de pyjama et au boxer Calvin Klein qu'elle avait piqué dans le tiroir de son pseudo-copain, Flora sauta du plan de travail, délaissant son délicieux déjeuner pour aller répondre aux impatientes visiteuses qui ne cessaient de taper contre le battant. L'étudiante se retrouva face à deux jeunes filles blondes dont la ressemblance était aussi frappante que celle entre Mac et Tinus. Aussitôt, leur identité la frappa. Il s'agissaient de personnalités publiques qui faisaient de courtes vidéos où elles dansaient sur une musique bien précise. Même si genre de contenu ne l'intéressait pas vraiment, l'adolescente s'informait, comme probablement tous et toutes les autres fans des jumeaux, sur leur entourage. Et ces créatures en faisaient atrocement parties.

— Bonjour, salua Ana. Que puis-je pour vous ?

Avec son air neutre et sa voix totalement contrôlée, personne ne pourrait se douter de la légère jalousie qui bouillonnait dans ses veines. Savoir que ces étrangères et surtout une d'entre elles en particulier avaient côtoyés de très très près son chéri la rendait folle de rage. Mais comme d'habitude, elle ne devait et ne laissait rien paraître pour ne pas donner l'impression d'être atteinte par quoi que ce soit.

— Salut ! s'exclama joyeusement une des sœurs, avec un large sourire sur les lèvres. Je suis Lena et voici Li -

— Lisa, la coupa brusquement l'autre. Lisa Mantler.

— Hum hum, je vois, fit-elle semblant de s'intéresser. Mais ça ne me dit toujours pas ce que vous faites là.

— Oh, euh, oui, effectivement ! rigola la plus grande. Nous cherchons Marcus et Martinus, on est des amies à eux.

— Pour être plus précise, je cherche Martinus, déclara celle aux airs hautains, en insistant sur le premier pronom du singulier.

— Il dort, répliqua aussitôt l'adolescente, sans la lâcher du regard.

— Ah oui ? Et comment tu sais ça ?

— J'ai dormi avec lui.

La blonde aux allures de garce se décomposa. Sa mâchoire se contracta et des éclairs prirent la place de ses yeux bruns. Comme pour se donner contenance, elle redressa les épaules, droite comme un « i » pour affronter le sourire en coin et l'air fier mêlé d'une point de malice de la jeune femme à la porte. L'originaire d'Allemagne l'observa de haut - bien que beaucoup plus petite, les bras croisés contre sa poitrine. Elle haïssait déjà cette étrangère sans même la connaître, car partager le lit de son ami était une bonne raison pour la détester. Et c'était un sentiment qu'Anastasia partageait également.

— Eh, mais... Je te reconnais, souffla la prénommée Lena, en pointant un doigt dans sa direction. Tu es la fille de Jace Ribeiro Ioans aka l'homme le plus beau et sexy du monde ! Je t'ai vu aux infos, c'était vraiment tragique cet accident dans ta maison.

— Oui, Jace est mon père, acquiesça la descendance de ce dernier.

— Wouah.

La plusi veille des jumelles continua de s'émerveiller devant Ioans, pendant que sa jeune sœur la tuait mentalement autant de fois que possible.

— J'ai toujours adoré ta famille, continua Lena.

— Je suppose que c'est l'effet que l'on fait à tout le monde, sourit-elle faussement, ravalant le « si tu savais comme ma famille est tordue » qui ne demandait qu'à sortir.

— Sûrement, ouais !

— Bon ! s'énerva Lisa. Trêve de plaisanterie, je veux voir Martinus !

— Moi aussi, ma belle. J'ai une de ces envies de me jeter sur lui pour l'embrasser sauvagement, gémit Flor, rien que pour se délecter de voir sa future concourante se décomposer. Est-ce que tu étais au courant qu'il sait se servir de sa langue comme un Dieu ? Oh mon Dieu, c'était juste... Divin ! Hier soir, il m'a -

— C'est bon, on a compris ! rugit furieusement l'allemande. Pas besoin de détails.

La plus grande des deux filles retint difficilement un rire, sous le regard meurtrier de sa jumelle en colère.

— Lisa et Lena le demande, mais pour qu'elle raison exactement ?

— Ce n'est pas « Lisa et Lena qui le demande », chérie. C'est sa petite amie qui le demande.

— Sa petite amie ? pouffa la portugaise, bouillonnant de l'intérieur. Tu devrais lui apprendre la fidélité à celui-là, vu tous ce qu'il a fait avec moi...

Aussitôt, la cadette s'avança vers Ana, l'air menaçant. Un véritable combat de regard fut lancer entre les deux adolescentes. C'en était presque sanglant.

— Ne t'approche plus de mon mec !

— C'est une menace, Lisa ? demanda la brunette, en insistant fortement sur le prénom de la jeune adoptée. Parce que si par hasard c'est le cas, tu ferais mieux de redescendre d'un ton avec moi. Je suis loin d'être lu genre à rigoler avec ceux qui se croient supérieurs à moi et depuis que j'ai ouvert cette satanée porte, tu en fais partie. Suis l'exemple de ta grande sœur et évite de me mettre en colère, il serait préférable pour toi, ma belle. Oh et j'oubliais ! Ici, il n'y a qu'une seule garce et c'est moi, alors n'essaie pas de rivaliser, tu n'as aucune chance. Je vais vous chercher le paresseux, les filles.

Sur ces dernières paroles, l'étudiante d'un lycée privé de Norvège claqua la porte et s'appuya contre pour souffler un bon coup. Son cœur avait raté plusieurs battements quand la célébrité de la plateforme anciennement appelée Musical.ly avait proclamée être la copine de Martinus. Hors, même si c'était seulement elle qui partageait le lit de ce dernier, rien n'empêchait le garçon d'être en couple. Mais durant une relation amoureuse, on n'embrasse pas une autre et surtout, on ne la déshabille pas sous la douche, même en temps de crise ! Pourtant, la demi-roumaine et norvégienne ne pouvait s'empêcher de paniquer pour la suite des événements. Elle avait été le centre de l'attention du blondinet et malgré son mutisme au sujet de leur amitié ambiguë, elle aimait ça, le fait de se sentir aimée et désirée. C'était un sentiment qu'elle voulait préserver encore un temps, avant de prendre l'importante décision si oui ou non, former un couple avec le chanteur serait une bonne chose. Alors savoir qu'une autre qui avait, d'après son analyse visuelle, partagé la vie de Tinus était de retour, ne lui plaisait vraiment, mais vraiment pas. Flora allait devoir user de toutes ses meilleures cartes pour le garder rien que pour sa personne, même si c'était égoïste. Il était devenu sien depuis le jour où il avait déposé ses yeux chocolats sur elle, tout comme elle était devenue sienne au même moment.

Prenant son courage à deux mains, Anastasia se décolla du battant en bois blanc et se rendit à l'étage, la colère, la peur et la jalousie coulant dans ses veines. Ces trois émotions réunies donneraient probablement un résultat explosif. Expérience dont l'énergumène paresseux qui refusait de se réveiller allait en payer le prix. Faisant autant de bruit que possible et ne retenant pas ses pieds de claquer violemment contre le parquet grinçant, la belle brune pénétra dans la chambre. Elle observa l'homme couché sur le lit deux places, une jambe sous la couverture, le ventre collé au matelas et se plaça devant son armoire. Un jeans noir troué, un t-shirt blanc et un sweat sombre en main, la milliardaire lança le tout aussi fort que possible sur l'adolescent qui se réveilla en sursaut. Ce dernier se redressa, se frottant les yeux et ne comprenant pas la raison de ce réveil si brusque. Il se retourna et regarda son amie droit dans yeux, à la recherche d'une réponse qui justifierait ce vacarme monstre.

— Je peux savoir ce qui te prends, bébé ?

Les bras croisés sur sa poitrine couverte par un vêtement du jumeau cadet, la fille de Jace et Katherine fit abstraction de la chaleur qui naquit dans son bas-ventre quand le surnom atteignit ses oreilles. Elle fusillait son pseudo-copain qui avait l'air d'être déjà en couple et déclara d'une voix froide :

— Il y a une version féminine de ton frère et toi qui t'attend en bas.

— Une version féminine de Marcus et moi ? sourit-il, encore ensommeillé. Vraiment, Ana ?

— Tu préfères que je précise que ta petite amie t'attend en bas ? C'est plus clair pour toi, maintenant ?

Le ton semblait monter en flèche, pour le plus grand malheur de la portugaise qui avait beaucoup de mal à se contenir. Elle se sentait stupide d'avoir pu croire en quelque chose d'aussi unique, mais refusait d'accepter les paroles de Lisa Mantler sans avoir entendu la version réelle des faits que Titi avait l'obligation de lui fournir.

— Attends là, je ne suis pas sûr de te suivre... Ma petite amie, dis-tu, m'attend en bas ?

— Bravo, je vois que mon conseil sur le nettoyage des oreilles est bien passé, miracle.

— La seule que je considère comme ma femme est devant moi, alors pourquoi une autre m'attendrait en bas ? dit-il, avec un sourire en coin sur les lèvres et un bras replié derrière sa tête.

Elle déglutit, ne s'attendant pas à ce genre de déclaration de sa part et reprit, plus calmement cette fois-ci :

— L'ingérable Lisa et la douce Lena sont en bas, Martinus. Et elles t'attendent, alors ne les fait pas patienter.

Anastasia rejoignit l'entrée de la chambre où elle avait dormi plus d'une fois, avant d'être rattrapée par son chéri sous ses suplications. Il se plaça face à la douce, espérant plus que tout croiser son regard magnifique et hypnotisant. Puis expliqua :

— Babe, ces filles sont des amies, rien de plus, ok ? C'est vrai qu'avec... Avec Lisa, il s'est passé quelques trucs, mais depuis le temps c'est plus que terminé. Je te jure, Ana. Il n'y a que toi maintenant.

— Tinus, je m'en fiche de ton passé avec elle. Tu avais une vie, avant de me rencontrer et je ne pourrais jamais te le reprocher. Et puis, on est même pas en couple toi et moi.

— Et depuis que tu as débarqué, ma vie est mille fois plus belle, souffla le norvégien, en caressant délicatement la joue de sa colocataire. Pour le deuxième point, on peut toujours y remédier. Hum ?

Son visage s'approcha de celui de la brunette qui recula, vite coincée contre le mur et le torse du fils d'Anne et Erik. Elle plaqua son doigt sur les lèvres de ce dernier, l'empêchant ainsi d'atteindre son objectif principal.

— Tu te débarrasses de tes amies de longue date et ensuite, on pourrait peut-être négocier sur la suite de la journée.

— J'aime énormément votre idée, Mademoiselle Ioans, sourit-il, frottant son nez contre le sien, pendant qu'elle enroulait ses bras autour de sa nuque.

— C'est bien pour cela que je vous la propose, Monsieur Gunnarsen.

Presque sur le point de s'embrasser passionnément, un élément perturbateur vint déranger les tourtereaux. Une silhouette féminine se démarqua devant eux, le visage rouge de colère. Derrière, une autre fille apparut, un air désolé sur son joli minois angélique.

— Ta copine est là, Martinus, murmura malicieusement Anastasia à son oreille, avant d'en mordre le lobe, profitant du spectacle que lui donnait sa nouvelle ennemie presque verte de jalousie.

La guerre commençait et Flor était une adversaire de taille à qui mieux ne vallait jamais se frotter. Et Lisa venait de faire sortir la garce de son trou. Pour le meilleur et le pire, maintenant.

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Que croyez-vous qu'il va se passer pour la suite, avec l'arrivée des jumelles ?

𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

❤️

Claudia M.T.C

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