𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ¹⁶ : « Jalousie omniprésente. »
Ses yeux s'ouvrirent brusquement. Un autre cauchemar venait de hanter son sommeil à nouveau. Cela devenait une mauvaise habitude à force et les souvenirs qui se multipliaient n'étaient jamais bon pour son moral.
- Anastasia, souffla une voix masculine.
- Martinus, répondit-t-elle en retour.
Leur regards se connectèrent automatiquement. Le jeune homme glissa ses doigts sur le front de son amie pour retirer la mèche de cheveux qui lui barrait le visage. Il en profita pour caresser lentement sa pommette, brûlant sa peau au passage. La brunette ferma les yeux sous la douceur du geste et finit par attraper la main du chanteur dans la sienne. Elle embrassa ses phalanges, avant de reposer la paume chaude contre sa joue, en la gardant toujours prisonnière de la sienne.
- Tu as à nouveau fais un cauchemar, chuchota Tinus, essayant de ne pas réveiller son frère jumeau et Ariel qui dormaient à poings fermés.
- Je sais, oui, sourit Flora faiblement.
- Raconte le moi, s'il te plaît. Parle-moi, Anastasia.
- Je... Je ne sais pas si c'est une bonne idée, Tinus.
Ce dernier attrapa la taille de sa colocataire et la tira à lui, dans un geste protecteur. Le norvégien la serra fermement contre son torse, observant sa douce poser ses mains contre ses biceps et les faire glisser jusqu'à ses épaules.
- Pourquoi, tigresa ? insista-t-il, curieux d'en connaître plus sur le passé tragique de la demi-roumaine. Je ne risque rien, tu sais.
- Si, justement, répondit-t-elle. Mais j'ai... J'ai peur que mon passé, si je te le dévoilais, changerait ta manière de me voir.
- Jamais, tu m'entends ! grogna le cadet des jumeaux Gunnarsen, en glissant son index sous le menton de l'adolescente. Tu resteras toujours cette jeune femme magnifique que j'ai rencontré. Rien ne pourrais changer ma manière de te voir. Tu n'as pas idée à quel point tu es belle, Anastasia. Une pure merveille.
Cette dernière rougit furieusement, baissant le regard, peu sûre de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Serait-ce une bonne idée ? Katherine risquerait-elle de s'en prendre à lui ? Ou pire, et s'il la voyait comme une pauvre victime qui ne méritait rien d'autre que ce qu'il lui arrivait ? Elle avait subi tellement de moqueries de la part des autres que s'il s'y mettait aussi, alors qu'elle lui avait donné sa confiance, Ana était peu sûre de le supporter encore. Soufflant un bon coup, Flor se décida finalement à ouvrir son cœur à ce garçon qui devenait beaucoup trop important au fil du temps.
- Je... Je me suis souvenue de... Enfin, un jour, après les cours, je devais faire un travail d'équipe avec un gars de ma classe. Je le connaissais pas énormément, mais les seules fois où l'on avait discuté ensemble, il m'avait parût gentil et surtout inoffensif.
La brunette déglutit péniblement, fermant les paupières pour chasser les larmes qui s'y formaient au coin et reprendre son souffle. Malheureusement, une petite goutte d'eau s'échappa d'entre ses cils et glissa le long de sa joue. Elle tenta de la faire disparaitre, en l'essuyant avec sa main, mais Tinus fut plus rapide.
- Arrête-toi si c'est trop douloureux, souffla-t-il, comprenant déjà à moitié ce qui allait suivre. Je ne te force à rien, Anastasia.
- Je sais, mais je crois que... Que j'en ai besoin, enfaite, dit-elle dans un sanglot étouffé. Je disais donc, il est venu chez moi pour que l'on travaille ensemble. J'étais très timide à cette époque là et j'étais surtout gênée de savoir qu'un garçon allait empiéter sur le seul espace où je me sentais en sécurité. Je n'aurais jamais dû lui ouvrir la porte, jamais et aujourd'hui, je le regrette tellement.
- Rien n'est de ta faute, petit cœur.
- On a fait nos devoirs. Jusqu'à là, tout était ok. Mais... Ça a vite dégénéré. Je ne sais pas pourquoi ni comment il a senti que j'étais déjà une personne brisée, mais ça a dû lui donner envie de plus de ma part. J'ignore si j'ai laissé sous-entendre que je voulais faire quoi que ce soit avec lui... Pourtant, dans mes souvenirs, rien, strictement, rien ne le laissait sous-entendre. Alex, c'était son prénom, a posé sa main sur ma cuisse. J'étais pétrifiée à ce moment-là et je crois que je n'avais plus de force pour hurler, après tout ce que j'avais vécu. Il a... Il a dit des choses qui m'ont fait peur et j-je n'arrivais plus à bouger. Le gars a commencé à me déshabiller et même si j'ai repris connaissance de moi-même, en essayant de me défendre, d'appeler à l'aide, il était beaucoup plus fort que moi. Il m'a frappé au visage, ce qui m'a fait... J'étais sonnée, je ne savais plus vraiment ce qu'il se passait. Ensuite...
Anastasia finit par éclater en pleurs, cachant sa bouche de sa main pour étouffer ses sanglots. Martinus la serra plus fortement contre lui, en colère contre ce camarade de classe qu'il ne risquerait pas de croiser. Qu'est-ce-qu'il avait envie de retrouver cette ordure pour le tuer d'avoir osé lever sa main sur sa princesse. Ce genre de monstre devait être emprisonné, peu importe l'âge.
- Il-il m'a bloqué contre le sol et en a profité pour retirer son pantalon, reprit la portugaise faiblement. Il me touchait, c'était horrible. J'ai toujours l'impression d'avoir ses mains sur moi, c'est... À chaque fois que je ferme les yeux, il est là, au-dessus de moi, à me tenir les poignets d'une seule main. Alex a commencé avec ses doigts et... En-ensuite, il... Il... S-si Jeanne n'était pas arrivé, il aurait fini son travail. Ça me brûlait, tu n'as pas idée à quel point ça fait mal. Autant physiquement que mentalement.
- Tigresa, soupira le blondinet, ému par ce récit bouleversant.
Des histoires dans le genre, on en entendait malheureusement parler tous les jours, mais savoir que cette jeune adolescente en avait été victime, lui faisait mal, alors qu'elle n'était même pas de sa famille. Son cœur se brisait un peu plus face aux sanglots qui secouaient sa belle. Ses bras la gardèrent contre son torse, comme si ce simple geste allait la maintenir en sécurité et l'éloigner de ces démons qui la griffaient de leurs ongles acérés. Le chanteur porta ses lèvres sur le haut de sa tête, embrassant ses cheveux et respirant leur doux parfum de rose. Sa place était décidément là, collée à lui et aucun des deux ne rêvait d'être ailleurs.
- Merci de m'avoir raconté ça, chucota le cadet. Je ne sais pas ce que tu ressens, mais j'ai mal pour toi, Anastasia.
- Il y a encore tellement de chose que tu ne sais pas sur moi, Tinus, inspira la brune. Te parler de ça, parler à quelqu'un d'autre qu'à ma psychologue... Étrangement, ça m'a fait du bien. J'ai l'impression qu'un poids a quitté ma poitrine.
- On appele cela « se confier », ma douce. Et je suis heureux que tu l'ai fait avec moi.
Ana se dégageait légèrement de son étreinte pour planter son regard dans l'océan de chocolat qu'était celui de son ami.
- Promets-moi que ça restera entre nous, Titi.
- Promis, répondit le jeune homme, en prenant son visage dans ses mains. Mais seulement si tu ne m'appelles plus comme cela.
Elle rigola faiblement, la voix rendue rauque par tant de pleurs.
- Je n'aurais jamais dû te dire que ta cousine m'appelle comme ça, je le regrette maintenant.
- Dommage, sourit l'étudiante. Moi, j'aime bien ce surnom.
Martinus roula des yeux, exaspéré. Depuis qu'il lui avait raconté toute l'histoire avec Loren, il subissait les moqueries de sa colocataire. Cette dernière s'amusait à le surnommer de la sorte pour se foutre de lui et le pire, c'était qu'il trouvait cela adorable de sa part. Il adorait ça, car il savait qu'il était au centre de ses pensées et que son attention totale était seulement concentrée sur lui.
- Je ferais mieux de sortir un peu, dehors, pour me changer les idées, déclara Anastasia, en retirant la couverture. Je ne voudrais pas réveiller les amoureux.
- Si tu sors, je viens avec toi, souffla le blondinet, avant de couper la parole à son amie. Et c'est non-négligeable.
Les deux adolescents s'habillèrent convenablement et rapidement, puis finirent par quitter la chambre qu'ils partageaient avec leurs amis. Dans le couloir, main dans la main, ils marchèrent en silence, suivant le long tapis gris qui décorait le sol de l'hôtel. Le silence qui régnait entre eux ne les dérangeait pas plus que cela et n'était en aucun cas gênant. Au contraire, c'était apaisant et Flora en avait besoin pour calmer sa peine, ainsi que pour reprendre totalement ses esprits.
Dehors, un léger vent frais s'abattit sur eux, mais cela ne les gêna pas. Après tout, ils vivaient dans un pays tout autant froid, ce n'était probablement pas l'air du Danemark qui risquerait de les perturber. Marchant dans la terrasse, aux côtés de la piscine, Ana monta sur un petit muret, veillant à ne pas tomber par terre. Tinus s'assura que sa belle ne perde pas l'équilibre, en la soutenant par un bras dans son dos. Quelques mètres plus loin, la brunette glissa et fut rattrapée à temps par le cadet. Proche l'un de l'autre, ils se fixèrent, yeux dans les yeux. Des lèvres du blondinet s'échappa un « je rêve de t'embrasser » qui fit sourire la demi-roumaine. Cette dernière laissa le garçon planté en plein chemin et se remit en marche seule.
Alors qu'elle continuait son chemin nocturne silencieux, le jumeau de Marcus accouru soudainement vers elle et l'arrêta. Face au regard intense que lui lançait le norvégien, la fille de Jace et Katherine l'interrogea silencieusement, attendant une réponse qui ne vint jamais. Le chanteur s'approcha alors d'elle qui recula d'un pas et ainsi de suite, jusqu'à presque rencontrer le mur de l'immeuble. Il ne la quittait pas des yeux, ce qui faisait naître d'innombrables questions dans l'esprit de l'étudiante.
- Martins ? Qu'est-ce-qu'il y a ? demanda-t-elle finalement.
Mais il garda le silence pendant plusieurs secondes. C'était une situation drôlement étrange qui créait un malaise pesant.
- Tinus ?
Toujours rien, ce qui faisait perdre patience à la jeune femme.
- Est-ce que tu voudrais bien daigner me dire ce qu'il se passe, mini-Gunnarsen ? Je perds patience là !
- Je... commença ce dernier, les yeux fermés. Oh et puis, merde !
Sauvagement, il fondit sur les lèvres rosées de son amie qui écarquilla les yeux de surprise. Elle se retrouva plaquée contre le mur, emprisonnée à nouveau dans les bras de son colocataire. Ils s'embrassaient furieusement, ne se retenant pas pour mordre l'autre. Ce n'était pas un baiser dénudé de sentiments, mais ils n'étaient pas complétement présents.
Occupés à s'embrasser avec sauvagerie, les deux amants ne virent pas une des danseuses des jumeaux arriver et se figer d'effroi face à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Jalouse de savoir cette fille en compagnie de celui qu'elle aimait depuis ses débuts avec les garçons, la nouvelle arrivante se racla la gorge, histoire d'attirer l'attention du cadet sur sa personne. En entendant ce bruit, les deux jeunes s'interrompirent, haletants. Ils observèrent d'un mauvais œil l'élément perturbateur et finirent par se séparer du corps de l'autre. Martinus siffla rageusement des injures à l'encontre de sa connaissance, tandis qu'Anastasia souriait en coin, fière de savoir qu'elle avait obtenu quelque chose qu'une autre rêvait d'avoir.
- La jalousie te sied mal, ma grande, souffla-t-elle dans un murmure.
✧°•:**:•°✧
Bonjour, bonjour !
Est-ce-que vos écoles ont fermées ?
𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
❤️
Claudia M.T.C
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