𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ¹³ : « Explosion criminelle. »
Face au miroir mural, Katherine Olsen se tortilla pour refermer la fermeture Éclair de sa robe. Elle réajusta le vêtement noir qui moulait son corps à la perfection et lissa les plis, tentant de paraître présentable pour son prochain dîner d'affaires. La femme aux cheveux bruns récupéra ses escarpins aussi sombre que son habit à la semelle rouge et les enfila. Puis, de son sac à main de luxe, la trentenaire en sortit un petit cylindre doré qu'elle déboucha. Ses doigts firent tourner le bas de l'autre tube pour en faire sortir le contenu. Elle appliqua le rouge à lèvres rouge électrique sur ses lèvres déjà légèrement teintées par cette couleur. Lorsque le résultat lui parut impeccable, la norvégienne s'empara d'un mouchoir qu'elle utilisa pour essuyer les contours de sa bouche tachés par la sauvagerie de son amant qui avait éparpillé son maquillage sur son visage. Cet imbécile venait de gâcher son make-up qui lui avait prit tant de temps à réaliser ce matin ! C'est en pestant intérieurement contre ce dernier que l'ancienne mannequin se retourna et lui ordonna d'une voix cinglante :
— Dépêche-toi de partir ! J'ai du travail à terminer et j'ai besoin de tranquillité pour le faire.
— Je fais au plus vite, Kath, ralla l'homme, en refermant sa braguette et nouant correctement sa cravate autour de son cou.
— Carl, il ne faut pas que les gens te voyent sortir de mon bureau, alors bouge-toi ! siffla-t-elle comme du venin. Les employés sont probablement déjà tous partis, mais ils en restent toujours quelqu'uns, alors fais attention.
— Je sais, je sais. Ce n'est pas comme si je n'étais jamais venu ici et que je n'ai pas l'habitude de disparaître, ragea-t-il contre la brune.
L'amant se hâta de remettre en place sa tenue et ses cheveux. Puis, avec un air malicieusement dans le regard, il s'approcha de Katherine. Ses mains se posèrent sur les épaules de cette dernière et il déposa un baiser sur le creux de son cou, ce qui fit râler la trentenaire.
— Ta femme ne sera pas contente que tu rentres à cette heure-ci, aussi tard le soir, ricana-t-elle, en se dégageant de sa prise.
— Sophia n'a strictement rien à dire sur le sujet, je fais ce que je veux, pesta l'homme.
Olsen fit le tour de son bureau en verre et observa son ami de longue date, Carl Holland, avant de demander avec une arrière pensée :
— Et tes enfants ? Qu'on-t-il a dire sur ton infidélité envers Sophia ?
— Strictement rien ! Il s'agit de ma vie privée ! s'emporta le père de famille.
— Comment s'appellent-ils déjà ? s'intéressa faussement la femme d'affaires. Clara et... Ah, j'en oublie même le prénom de ton aîné.
— Jack.
— C'est celà oui ! Jack, un jeune homme d'une grande beauté.
À présent assise sur sa chaise à haut prix, l'ex de Jace Ribeiro Ioans eut un sourire malicieux et Carl en comprit aussitôt ses intentions envers son fils. L'amant secret déclara aussi froidement que possible, espérant lui faire passer l'envie de goûter à la jeunesse :
— Kath, Jack est bien trop jeune pour toi. Bon sang, pourquoi voudrais-tu un gamin pour amant ?! Alors que tu m'as moi ?
— Voyons, Carl. Ne sois pas jaloux de ton fils, ça n'en vaut pas la peine. Et comme tu le dis : je t'ai toi. Mais, je te le rappelle, nous ne sommes rien l'un pour l'autre à part des amis de longue date et des associés. Donc, rien ne m'empêche de... Goûter au fruit défendu. Ton fils est majeur depuis longtemps, crois-tu réellement que son âge va m'arrêter ?
— Katherine ! s'exclama Carl, dégouté par les propos de sa maîtresse. Comment peux-tu... C'est absurde !
L'ancienne mannequin roula des yeux, exaspérée par le comportement de son collègue de travail. Il n'avait rien à lui dire, elle faisait ce qu'elle voulait et s'amusait avec qui elle le désirait. Rien ne la retenait, alors pour quelle maudite raison allait-elle écouter son discours ? Désireuse de terminer les dossiers d'urgence avant son dîner d'affaires, la norvégienne s'empressa de faire dégager cet énergumène de son bureau. À présent seule, la brune se mit au boulot, se plongeant totalement dans les papiers importants que lui avait donné sa secrétaire. Mais son esprit divaguea vers sa fille, Anastasia. La copie conforme de son défunt mari. L'enfant qui avait miraculeusement survécu à l'attaque qu'elle avait ordonné d'orchestrer. Cette simple pensée lui fit contracter sa mâchoire de colère. La garce avait réussi à trouver un moyen de blesser gravement deux de ses meilleurs agents de sécurité, mais s'était faite tirée dessus. Malheureusement, sa survie avait attiré les regards extérieurs sur la famille Ioans. Maintenant, les journalistes se hâtaient de demander une interview avec chaque membre et qui dit employés du journal dit forcément Marisa Carson. Et Katherine avait horreur de cette blondinette qui autrefois avait partagé le lit de Jace, même si actuellement elle ne représentait plus une menace pour son mariage.
Lorsque Olsen termina de boucler la paperasse importante, elle se prépara à quitter la R.IHouse, ne souhaitant pas arriver à son rendez-vous en retard. Seulement, quand ses doigts s'accrochèrent à la poignée de la porte, cette dernière ne s'ouvrit pas, bloquée par quelque chose. Un courant d'air fit voleter ses cheveux bruns soigneusement bouclés, ce qui était inhabituel étant donné qu'elle gardait constamment la baie vitrée fermée. Une présence se fit soudainement sentir, des bruits de pas derrière sa personne l'alertèrent et un sentiment de peur lui tordit les entrailles. Qui pouvait bien s'être introduit dans son lieu de travail ? À part Jace et les agents de sécurité de la famille, personne ne connaissait les moyens de franchir les portes et les codes d'accès. Alors qui ? En se retournant, Kath aperçut une silhouette sombre et à forte carrure dans l'encadrement du balcon. Ce qui devait être, à première vue, un homme lui rappelait vaguement quelqu'un. Un être qu'elle avait banni de son passé et que la brune aurait préféré ne jamais affronter en face à face.
— Jace.
Ce dernier garda le silence, dissimulé sous sa capuche noire.
— Félicitations, tu as échappé à la surveillance de mes gardes et tu t'es faufilé dans mon beau, continua la norvégienne. Si tu crois pouvoir me tuer, tu te trompes fortement -
— Rassure-toi, Kath, la coupa le mystérieux arrivant. Je ne suis pas là pour en finir avec toi. Au contraire, je suis seulement là pour te prévenir des conséquences que tes tentatives de meurtre sur ma famille pourraient engendrer.
— Est-ce-que tu vas me menacer ? ricana la trentenaire. Parce que je n'ai absolument pas peur de toi !
— Tu as toujours été une mauvaise menteuse, Olsen, sourit Jace de manière carnassière, en s'avançant d'un pas ce qui poussa la femme d'affaires à reculer contre la porte. Tu trembles comme une feuille. Tu es effrayée de ne pas savoir ce qu'il va se passer.
Puis tout se passa très vite. Sans qu'elle ne sache comment, la mère d'Anastasia se retrouva soulevée du sol, une main tenant fermement son cou. Le père de son enfant avait retiré sa capuche pour la regarder droit dans les yeux et le regard magnifique qu'elle avait connu par le passé était remplacé par une lueur meurtrière.
— Ta mère a fait de toi un monstre, souffla-t-il, mâchoire contractée. Et je refuse que tu en fasses de même avec ma fille. Tes actes ne feront pas d'elle une femme sans pitié, je refuse que ce soit le cas. Si tu tiens un tant soit peu à ta misérable vie, celle qui tu m'a volé il y a dix ans, alors je te conseille très clairement d'arrêter tes petites manigances. Elles ne causeront que ta perte.
— Non ! s'écria Katherine. Je suis une femme juste, celle que ma mère rêvait de voir, la fille qu'elle souhaitait avoir. Anastasia n'est qu'une maudite erreur et j'aurais préféré ne jamais l'avoir faite. Tu ne me connais pas, Jace ! Je suis plus puissante que tu ne le crois, je serais celle qui te tueras et j'achèverais ta minable famille, un par un !
La prise sur son cou se fit plus forte. Et un souffle sur son oreille la fit frémir de peur, la voix rauque de son ancien amour de jeunesse lui chuchota :
— Mes paroles ne vaudront rien, mais sache que j'ai d'innombrables moyens de t'empêcher de nuir à la vie de ma fille. Tu as déjà gâché la mienne, en essayant de me tuer ce jour-là. Tu m'as obligé à quitter mon enfant pour la protéger de ta folie meurtrière. Et je te tuerais bien avant que tu ne tentes de l'éliminer. Tu as voulu mon trône, tu l'as eu. Mais dis-moi, Kath, qu'est-ce-que que ça fait d'être assise dessus sans un Roi à côtés, sans personne pour te rattraper à ta chute ?
L'ancienne mannequin retint son souffle à ces mots. Des blessures du passé semblaient reprendre place dans son esprit et elle lutta pour les faire disparaître.
— Une dernière chose, dit Jace, en desserrant sa main pour la laisser reprendre une bouée d'air. Tu as exactement trente secondes pour quitter ce bureau avant que... Boum !
Aussitôt, l'homme disparut par le balcon, laissant derrière lui une femme sous le choc et une bombe activée. Reprenant ses esprits, Katherine ouvrit la porte à la volée et courut dans le couloir de l'entreprise, espérant rejoindre l'entrée avant la fin du minuteur. Mais malheureusement, à peine eut-elle le temps de poser un pied sur les marches des escaliers, de l'autre côté de l'étage, qu'un bruit sourd se fit entendre. L'explosion alerta tous les alentours, les vitres se brisèrent envoyant des milliers de petits morceaux de verre sur la route. Une secousse se fit sentir brusquement, mais le bâtiment ne s'effondra pas pour le grand bonheur de l'amante de Carl Holland. Cette dernière, prise par surprise, fut envoyée contre le mur et chuta au sol, un niveau plus bas que son lieu de travail. Sa tête se cogna durement contre le carrelage propre et elle perdit conscience, sous une nuée de poussière et une odeur de mort.
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Absolument tout l'étage avait brûlé après l'explosion de la bombe. Anastasia Flor observa le bureau autrefois appartenant à son paternel et déglutit face à l'odeur de cramé qui flottait dans l'air. Et dire que sa génitrice aurait pu y passer, devenant ainsi un véritable tas de cendre, mais que miraculeusement le poseur de l'engin criminel l'avait laissée partir pour qu'elle sauve sa vie. La jeune adolescente savait parfaitement que Katherine Olsen avait un nombre incalculable d'ennemis et aucun n'aurait laissé filer l'opportunité de la tuer de ses propres mains. Alors pourquoi cette personne l'avait autorisée à quitter la pièce ? Que cherchait-elle à obtenir de la sorcière ?
— Mademoiselle Ioans, l'appela Taylor, au pas de la porte, un dossier en main. Je vous apporte les informations que vous m'avez demandé.
La portugaise récupéra les papiers que son garde du corps personnel lui tendait et s'empressa de feuilleter le document. Trois photos s'y trouvaient. Une démontrant l'état actuel de Olsen couchée dans son lit d'hôpital. La deuxième était tirée de la caméra de surveillance du parking souterrain et on pouvait y voir une ombre mystérieuse danser sur le béton du sol, mais impossible de percevoir le propriétaire. Et la dernière était celle de l'objet criminel que la police avait prit avec elle.
— La bombe est un modèle rare, on n'est vend pas sur le marché, expliqua l'homme en costume. Les militaires l'utilisent pour les entraînements et lors des combats. J'en ai plusieurs vues pour être certain de mes dires, Mademoiselle Ioans.
— À vrai dire, je crois en avoir déjà vue une sur une photo de famille, souffla la demi-roumaine. Mon père était militaire avant de devenir homme d'affaires et il en avait une accrochée à la ceinture de son costume.
Elle lut ensuite les rapports faits pas plusieurs agents et policiers, peu intéressée par leur avis sur les évènements. Une question lui trottait dans la tête et c'est avec sérieux qu'elle la posa à Taylor.
— Qu'est-ce-que que vous fassiez dans le coin, au moment de l'explosion ?
— Avec mon équipe, nous avons suivi le Lieutenant Thompson, commença le garde. Il se trouve que le policier passait dans le coin quand l'explosion a eut lieu. Il a fait demi-tour et on a perdu sa trace, mais il n'était pas loin de la R.IHouse, Mademoiselle Ioans.
— Mario était là ? souffla Ana plus pour elle-même que pour son agent de sécurité.
Serait-ce lui le poseur de la bombe ? Pour quelle raison aurait-il fait du mal à sa propre fiancée ? Cette histoire n'avait aucun sens, quelque chose clochait et Flora le sentait fortement.
— Où est-il à présent ?
— À l'hôpital avec votre mère, Mademoiselle.
— Allons les rejoindre, ordonna la milliardaire. J'ai quelques questions à poser à ce Lieutenant et Martinus m'attend dans la voiture.
Anastasia était plus que déterminée à comprendre et sa promesse de ne pas faire de recherche sur Mario venait de tomber à l'eau. Malgré le fait qu'elle haïssait sa mère plus que tout, si ce criminel s'en été pris à elle s'était probablement pour une bonne raison. Que serait-il capable de faire à présent ? Allait-il s'en prendre à un autre membre de sa famille ? Et surtout, comment connaissait-il les codes d'accès à cet étage ? À part Kath, les gardes, Jace et elle-même, personne n'en savait strictement rien. Pas même Jackson, pourtant frère cadet de son père. Soudainement, l'image de ces yeux identiques à ceux de son papa lui revinrent à l'esprit. Cet homme ne pouvait pas lui être anodin, elle en était persuadée. Mais qui était-il ? Flor était motivée à découvrir la vérité, coûte que coûte.
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𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
Claudia M.T.C
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