𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ²⁹ : « Demain, un grand jour. »
« — Tu connais mon frère ?
— Oui, c'est... Le fiancé de ma mère. »
Ces paroles ne cessaient de tourner en boucle dans l'esprit du jeune garçon. Ce dernier ne comprenait pas comment une telle chose était possible et surtout comment cela était arrivé. Lui qui connaissait chaque élément de la vie de son grand frère, même le plus insignifiant, se retrouvait perdu face à une pareille nouvelle. Mario n'avait jamais eu de secrets pour lui, il ne lui cachait rien. Les éventuelles informations que le Lieutenant pourrait garder pour lui étaient généralement liées à son travail dans la police - dans ce cas-là, il n'avait pas le choix de mentir, ou bien des détails croustillants de ses relations amoureuses qu'il refusait de partager avec son cadet. Mais ça aussi était rare, malgré le jeune âge de Joey. Alors pour quelle maudite raison son aîné pouvait bien avoir pour vouloir épouser la mère de son amie ? Et pourquoi Anastasia Flor était-elle au courant de cela et pas lui ? Tout cette histoire était plus qu'étrange et suspecte. Rien n'allait, encore moins la date fixée pour le mariage. En effet, Katherine Olsen, la mystérieuse future fiancée du trentenaire qui s'avérait être l'ex-femme de Jace Ribeiro Ioans, pressée d'obtenir sa cérémonie et de passer devant l'autel pour la deuxième fois, avait opté pour fêter cela ce samedi 30 novembre. Les deux tourtereaux termineraient donc le mois en beauté et en plein milieu de leur lune de miel. Seulement, le dernier de la fratrie Thompson n'était pas prêt de baisser les bras aussi facilement et continuerait d'insister jusqu'à obtenir les réponses à ses questions silencieuses, quitte à briser un amour naissant.
Pendant que son grand frère se collait à la tâche, en ramassant les vêtements qui traînaient au sol dans l'appartement qu'ils partageaient ensemble, l'adolescent le pourchassait dans chaque recoin. Il en profitait pour lui hurler dessus, indigné par son manque de réaction et se demandant ce qui avait bien pu lui passer par l'esprit quand il avait pris cette décision avec la génitrice d'Ana.
— Tu veux vraiment te marier avec cette femme ? Alors que tu la connais à peine ?! Sérieusement, Mario, je me demande si tu ne serais pas tombé sur la tête quand maman a accouché de toi !
Exaspéré, le policier s'arrêta net, soupirant bruyamment. Il n'en pouvait plus des cris de son cadet qui tentait par tous les moyens, depuis l'annonce du mariage par la fille de son meilleur ami, de le faire céder. Il faut se l'avouer, encore un peu et Joey arriverait à ses fins. Malheureusement pour le jeune garçon, Mario ne pouvait mettre un terme à cette fausse relation amoureuse qu'il entretenait avec Katherine Olsen. Malgré le sacrifice énorme que le trentenaire faisait et sa vie qu'il mettait sur pause pour poursuivre la mission, aider Jace et protéger sa famille de cette sorcière aux ongles manucurées était une priorité. Et si pour cela, le Lieutenant devait épouser cette femme et lier son futur au sien, alors il le ferait sans hésiter. De toute manière, ce n'était qu'une question de temps avant que la demande de divorce ne soit déposée auprès du tribunal. Ça passerait pour une séparation compliquée aux yeux de la population mondiale, une dispute avait éclaté et les mots avaient dépassé leurs pensées. Mais pour en arriver là, il faudrait ne se laisser distraire par personne, ni son frère et encore moins par la belle médecin légiste qui travaillait au même endroit que lui et qui le faisait tomber amoureux chaque jour un peu plus.
— Jo, ne te mêle pas de mes affaires, s'il te plaît !
— Comment après quelques mois de relation -
— Années, le corrigea le policier. Ça fait quelques années déjà que l'on est ensemble.
Malheureusement, pensa-t-il mentalement, en se souvenant des nombreux instants passés avec l'ex-femme de celui qui était comme un membre de sa famille. Au début, quand le plan s'était mis en marche, ce n'était que pour le sexe et rien d'autre. Pas de sentiments, juste pour la nuit. C'était la règle que la norvégienne, peu de temps après avoir perdu son époux, et lui avaient fixé. Puis au fur et à mesure, pour la femme d'affaires c'était devenu bien plus que du simple plaisir. Peut-être était-elle tombée amoureuse à un moment donné, personne n'en savait et n'en saurait probablement rien. Mais une chose était sûre, malgré ses tromperies répétées et la rare douceur dont elle pouvait faire preuve, lui en aimait toujours une autre et savoir sa douce entourée de collègues masculins juste sous son nez sans rien pouvoir faire devenait de plus en plus difficile à gérer.
— Peu importe, répliqua aussitôt le garçon, avant de reposer sa question. Comment après autant peu de temps de relation, on peut déjà prévoir un mariage ?
— Ce sont des choses d'adultes et ça arrive, répondit vaguement le fiancé de Kath. Tu ne peux le comprendre à ce jeune âge.
— Ah si ! Je le comprends parfaitement bien ! N'essaye pas de changer de discours !
— Joey, s'il te plaît, arrête, souffla l'adulte.
Pendant une seconde, le brun crut apercevoir ses yeux se voiler de tristesse, mais quand il ancra son regard dans celui de son frère, ils étaient neutres.
— Tu ne la connais pas suffisamment pour te lancer dans ce gros projet ! C'est censé être pour toute la vie, Mario ! Est-ce que tu te sens vraiment prêt à vivre enchaîner à cette femme dont on l'accuse d'avoir orchestré le meurtre de son propre mari ?
— Tu as osé faire des recherches sur ma future épouse ? s'étonna le Lieutenant, en se retournant brusquement vers lui.
— Internet est plutôt utile et j'ai appris des meilleurs, déclara le cadet de la fratrie, en faisant référence à son défunt père et à son aîné qui lui avaient tout appris.
— Ce n'est qu'une accusation, ça ne veut rien dire.
— Et tu te sens prêt à devenir le beau-père d'une adolescente de seize ans ? Je ne dis pas qu'Anastasia est insupportable, mais elle a son caractère et je peux t'assurer que, d'après les dires de Martinus, c'est explosif. De plus, ses nationalités ne l'aident pas beaucoup.
Face à cet argument, Mario ne savait quoi ajouter de plus pour défendre sa position. Comment expliquer à une gamine orpheline de père et dont la mère est une véritable diablesse que cette union est pour la bonne cause ?
— Eh, merde !
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Marisa Carson n'en pouvait plus. Entendre cette maudite sonnette sonner sans cesse était un véritable supplice auquel il fallait mettre définitivement un terme et le plus rapidement possible. Ses oreilles étaient presque sur le point de saigner si le ou la visiteur/euse ne s'arrêtait pas de déclarer sa présence sur le palier de sa porte d'entrée. Sa tête semblait sur le point d'exploser et une terrible migraine l'assaillait déjà. La jeune femme avait eu une mauvaise semaine chargée en rendez-vous importants, interviews à réaliser et articles à rédiger pour son site internet et comptait donc sur ce vendredi soir pour rattraper les dix heures de sommeil qui lui manquaient. Malheureusement, le destin n'était pas de son côté sur ce coup là, ni celui des relations amoureuses longue date d'ailleurs. C'est donc encore habillée de son t-shirt blanc - dernier vestige de son passé torride avec Jace - beaucoup trop grand pour elle, les cheveux totalement décoiffés et les paupières fatiguées à deux doigts de se fermer de fatigue que le belle blonde se leva de son lit pour se hâter d'ouvrir.
— J'arrive !
Seulement, son cri n'eut aucun effet positif, car la personne de l'autre côté continuait de sonner. Remontée à bloc et jurant mentalement, la journaliste tourna brusquement la poignée, espérant surprendre celui ou celle qui l'attendait. Mais elle n'était pas prête à se retrouver face à ce spectacle des plus surprenants.
— Non, mais ça va pas la tête de... !
À la fois surprise et sur ses gardes, Marisa observa la jeune fille qui se tenait devant ses yeux droite comme un « i » et toujours dotée de cette ressemblance particulière hérité par son père, avant de se tourner vers le petit garçon qui rigolait malicieusement. Le fils de ses voisins avait le doigt posé sur la sonnette, pendant que sa visiteuse souriait dans son coin et que les parents lui hurlaient de laisser la trentenaire tranquille. Finalement, le gamin déguerpit à toute vitesse quand la rédactrice de Norv'Angency lui lança un regard noir, laissant cette dernière seule à seule avec Anastasia Flor Ribeiro Ioans Olsen qui la stressait encore plus que d'habitude, maintenant qu'elle savait pour Jace et elle.
— Qu-que faites-vous ici ? bafouilla la journaliste. En-enfin, j-je veux dire...
— Commençons par nous tutoyer, voulez-vous, proposa l'adolescente, les mains dans les poches de sa veste.
— Pourquoi pas, sourit-elle. Ça sera beaucoup plus facile pour discuter. Oh, que suis-je mal élevée ! Je t'en prie, entre !
La portugaise ne se fit pas prier et pénétra silencieusement dans l'appartement de l'ancienne amante de son paternel. C'était à la fois luxueux, accueillant, mais cruellement silencieux. Le sentiment de solitude qui flottait dans l'air n'émanait plus seulement de la propriétaire des lieux, mais était imprégné partout autour des deux femmes. Un détail qui mit la puce à l'oreille de l'étudiante qui comprit que la mort de Jace n'avait pas uniquement brisée sa famille, mais également les gens qu'il avait fréquenté par le passé. Surtout cette mystérieuse personne à qui il avait soufflé un « je t'aime » au téléphone, avant de tenter de disparaître des radars de Katherine, dix ans auparavant.
— Je sais que je ne suis pas censée être ici, commença Ana, que l'on ne se connait pas, mais... Je me suis dit que... Enfaite, pour être totalement honnête avec toi, je n'ai plus vraiment quelqu'un vers qui me tourner pour parler de lui sans recevoir de la pitié en retour ou pour que l'on me raconte des détails de sa vie. Tu étais certainement la personne la plus proche de lui, dans le passé, alors j'ai pensé que...
— Ma belle, souffla Marisa, émue par son petit discours. Jace était extrêmement important pour moi, même si notre relation portait à confusion et partait dans tous les sens. Cet homme, je l'ai aimé et l'aime toujours autant qu'au premier jour. Même si c'est douloureux de parler de lui après ce qui est arrivé, si ça permet de t'aider, alors mes portes seront toujours ouvertes pour toi, Anastasia.
— Merci, Marisa, murmura la brune, les larmes lui montant presque aux yeux, avant de se reprendre soudainement. Mais ce n'est pas la seule raison qui m'a poussée à venir sonner à ta porte. Enfin, c'était pas vraiment moi qui appuyait sur le bouton, comme tu as pu le constater.
Le sourire qui naissait sur les lèvres de la demi-roumaine ne présageait rien de bon pour Carson, elle-même le sentait.
— Katherine organise un enterrement de vie de jeune fille pour fêter son futur mariage de demain et comme je suis, malheureusement, sa fille, je me dois d'être forcément présente. Et étant donné que je ne connais personne, j'ai pensé à toi. C'est une manière de me venger d'elle et aussi de passer un moment avec la femme qui à partager la vie de mon père pendant quelques temps.
— D'accord, je comprends parfaitement, mais... Dis-moi, je ne suis pas invitée, c'est cela ?
Soufflant bruyamment et roulant des yeux, Flora répondit :
— Toutes les concurrentes passées de ma génitrice restent des menaces potentielles. Ne fais pas attention à ça et de toute manière, c'est moi qui t'invite, pas elle.
— Si je ne risque pas de t'attirer des problèmes à cause de ce détail, je suis partante pour rendre furieuse Mademoiselle Olsen.
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La fête battait son plein à l'intérieur de la boîte de nuit réservée pour l'occasion et la musique se faisait entendre jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Malgré son jeune âge et étant donné qu'elle était accompagnée d'une adulte, Anastasia n'eut aucun mal à entrer, après avoir été fouillée minutieusement comme si elle risquerait de ramener une arme pour tuer Kath. Ce qui en soit, n'était pas une mauvaise idée. De plus, elle était la fille de la fiancée, cela lui laissait donc plus de libertés à cette soirée.
— Est-ce que l'on doit aller lui souhaiter félicitations ou ce n'est pas nécessaire ? demanda Marisa à l'oreille de sa nouvelle amie pour que cette dernière l'entende nettement. Parce que je n'ai pas vraiment envie de lui parler et surtout pas de la voir.
— Non, ne t'en fais pas, répondit la brunette, en criant par dessus la musique. Moi-même, je ne comptais pas le faire, donc pas la peine de se déplacer pour si peu.
— Allons-nous asseoir du coup, sourit joyeusement la journaliste. Enfin, si elle n'a pas engagé des stripteaseurs, car dans ce cas-là, tu dois impérativement partir.
— J'ai peut-être seulement seize ans, mais je suis loin d'être innocente à ce point.
— C'est vrai qu'avec un petit ami comme Martinus Gunnarsen... laissa sous-entendre la blonde, avec un clin d'œil malicieux.
— Comment... Comment es-tu au courant pour cela, Marisa ? Et puis, d'où tu sors cette rumeur de relation entre lui et moi ? rougit furieusement la demi-roumaine, le cœur battant à toute allure.
— J'ai mes sources, ma belle.
Les deux jeunes femmes traversèrent la piste de danse, glissant entre les corps recouverts de sueur et cherchant un endroit un peu plus tranquille pour s'installer confortablement. Quand Ana repéra le canapé parfait, loin des regards curieux et vide de monde, elle le signala à Carson qui la suivait de près. Mais soudainement, une deuxième blonde retint son attention dans la foule. La fine silhouette élancée de cette invitée lui disait quelque chose et aussitôt, la pseudo-copine de Tinus la reconnut sans difficulté. Sa cousine bien aimée avait décidé de lui pourrir la vie éternellement.
— Attends-moi deux minutes, s'il te plaît, demanda-t-elle à la rédactrice de Norv'Angency.
La portugaise s'avança vers sa génitrice et l'attrapa sauvagement par le bras pour la faire quitter son groupe de fausses amies en plastiques.
— Je peux savoir ce que Loren fait ici ? siffla rageusement l'étudiante, les bras croisés contra sa poitrine, ne laissant pas le temps à sa mère de comprendre ce qu'il se passait.
— C'est ta cousine, ma chérie ! s'exclama la femme d'affaires, l'alcool lui montant à la tête. D'ailleurs, comment as-tu pu oublier de me prévenir que Jackson était de retour ici ? C'est inacceptable, Anastasia ! Je ne t'ai pas élevée ainsi, ma fille !
— C'est vrai, tu ne m'as pas élevée, rétorqua la jeune femme, en disparaissant du champ de vision de la norvégienne.
Un verre à la main, Marisa fronça les sourcils face à la mine renfrognée de l'unique fille de son défunt amant. Inquiète, la trentenaire l'interrogea silencieusement du regard.
— Oh, rien, ne t'en fais pas pour cela, répondit vaguement la brunette.
— Comme tu veux, ma belle, soupira la journaliste. Tu es sûre que c'est une bonne idée d'être là ?
— Franchement, maintenant que j'ai aperçu ma bien aimée cousine, je n'en suis plus si certaine qu'au début.
— Enfin bref... Parlons d'autre chose ! Le mariage est demain, n'est-ce pas ?
— Oui.
— Rapide comme date.
— C'est du Katherine tout craché ! Elle est comme ça : soit tout à l'avance, soit au dernier moment.
Demain, un grand jour et probablement beaucoup d'embrouilles, pensa mentalement Anastasia.
✧°•:**:•°✧
Un chapitre sans Martinus et un peu nul, je trouve, mais bon...
𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
❤️
Claudia M.T.C
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