𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ¹⁵ : « Chante pour moi, bébé. »

Quittant la chaleur de la douche, Anastasia s'enroula dans un linge duveteux. Une légère couche de buée s'échappait de la cabine et la jeune fille essuya le miroir avec sa main dans l'optique d'observer son visage. Le reflet lui renvoyait l'image d'une adolescente brisée, mais qui s'efforçait de sourire à la vie. Quelques égratignures de son agression orchestrée par celle qui l'avait portée pendant neuf mois étaient encore visibles. Sur sa pommette gauche, une petite entaille rouge décorait sa peau claire et douce. Sa lèvre supérieure portait encore la marque d'un coup porté au visage par cet ancien militaire reconverti qui avait fini par glisser malencontreusement du balcon. Son arcade sourcilière gauche guérissait encore de son ouverture. Le pire n'était pas cette partie là de son corps, mais les cicatrices qui venaient s'ajouter aux autres, déjà anciennes. La plus grave portait des points de suture et rougissait. Un énorme bleu trônait sur le côté droit de ses côtes et de son ventre. Quelques coupures qu'elle avait gagné lorsqu'elle avait traversé la baie vitrée cicatrisaient rapidement, mais laisseraient probablement des traces. Mais le plus difficile à regarder était les stigmates visibles de son ancienne mutilation. Pendant une longue période de sa vie, Flora avait vécu dans l'anorexie et ce genre d'échappatoire. Elle pensait qu'en faisant passer la douleur intérieure par celle extérieur, tout irait pour le mieux et que se serait plus facile à supporter. C'était une erreur de sa part, rien ne s'était arrangé. Quitter ce cercle vicieux était certainement la plus dure épreuve - en dehors de la perte de son père - que la portugaise avant dû vivre. Pourtant, à force de persévérance, elle y était arrivée, rendant sa psychologue fière d'elle. Et puis, de toutes manières, chaque fois qu'elle tentait de mettre fin à sa misérable existence, quelque chose la retenait. Ou plutôt quelqu'un. Un évènement étrange se produisait et la sauvait de la mort de la chute de sa fenêtre, de la lame de rasoir qui striait profondément ses poignets, de sa noyade volontaire ou de sa manie à se laisser affamer. À force d'être secourue par ce mystérieux ange gardien, l'étudiante avait finit pas rendre les armes et changer d'objectifs. Sa priorité numéro une, à présent, était de vivre, de se consacrer à son amitié grandissante avec les jumeaux et de trouver la vérité.

Occupée à s'observer dans les moindres détails, Ana se résolut à laisser tomber son inspection et appliqua simplement de la pommade sur les blessures. Puis, la fille de seize ans enfila ses sous-vêtements noirs en dentelle lorsque son corps fut totalement sec. Remettant de l'ordre dans son soutien-gorge, la belle étrangère sursauta en entendant la sonnerie de son portable laissé par oublie dans la salle de bain. Curieuse, la brune s'en empara, attentive au nom de l'interlocuteur. Quand elle avait prit la décision de suivre les Gunnarsen au Danemark, elle avait veillé à ce qu'une équipe la suive. Premièrement pour assurer la sécurité de la petite famille, mais aussi pour la sienne. Le reste des agents étaient resté au pays pour poursuivre les recherches sur le Lieutenant Thompson et sur l'explosion qui avait envoyé sa génitrice à l'hôpital.

« — Allô ? décrocha-t-elle le téléphone.

— Bonjour, Mademoiselle Ioans, la salua poliment la voix masculine. Je suis Ryan, un membre de l'équipe de Taylor. J'étais en charge du visionnage des caméras de surveillance de la R.IHouse.

— Oui, c'est vrai, souffla Anastasia, en se frappant délicatement le front. J'avais complétement oublié, désolée.

— Pas de soucis, Mademoiselle. L'opération a prit un peu plus de temps, car les agents de votre mère voulaient à tout prix les obtenir avant nous, mais avec la persuasion, j'ai réussi à les avoir.

— C'est génial. Qu'avez-vous trouvé, Ryan ? s'enquit-t-elle, intéressée par cet appel téléphonique.

— Comme vous le savez, on a repéré une ombre dans le parking, expliqua le garde du corps à son service. Ombre qui ne devait pas être là, étant donné que les lieux étaient vides à cette heure-ci. À part votre mère et les gardes habituels, personne ne devait y être. J'ai suivi la trajectoire de cet homme et j'ai découvert qu'il n'était pas entré par effraction, car aucune trace n'a été retrouvée sur la porte du garage.

— Elle n'a donc pas été forcée ? Mais alors comment est-il entré ?

— C'est là que je voulais en venir, Mademoiselle. L'intrus paraissait connaître les étages sur le bout des doigts, car il longeait les murs pour éviter les caméras. Hors, ces dernières sont totalement incrustées dans le plafond, il est impossible de les voir. Cet homme n'aurait jamais pu savoir qu'il en avait.

— Certes, mais n'importe qui pourrait déduire qu'un bâtiment comme celui-ci porterait des caméras, Ryan, dit-elle, cherchant à comprendre.

— Je le sais bien, Mademoiselle, reprit l'agent. Mais comment expliqueriez-vous qu'il sache où se cacher pour les éviter ? C'est tout simplement et bonnement impossible à déduire. »

La situation était plus qu'étrange. Ryan avait raison : comment le poseur de la bombe pouvait-il savoir que les caméras se trouvaient cachées dans les murs de la société ? Une déduction était possible, mais pas jusqu'à là.

« — L'ascenseur privé a été utilisé, mais à ce moment-là, l'électricité du bâtiment venait de subir une coupure de courant et tout était éteint. Ce qui me laisse penser que l'intrus connaissait très bien les lieux pour savoir où se déplacer. Et je doute qu'avec les plans du bâtiment, quelqu'un s'y repère aussi facilement. Moi-même, la première fois j'ai eu du mal. »

L'interlocuteur lâcha un petit rire qui fit sourire la demoiselle. Cette dernière déclara, amusée :

« — Vous n'êtes pas le seul, Ryan.

— Tant mieux, dans ce cas. Je me sens moins bête. Mais bon... Ce qui a attiré mon attention, c'est que le criminel n'est pas monté jusqu'au dernier étage, mais c'est arrêté sur l'avant dernier. Et après, il est sorti sur le balcon et est monté par là, jusqu'en haut. C'est très bizarre comme manière de procéder.

— Monté par le balcon ? Mais c'est insensé ! s'exclama Flor. Pourquoi diable ferait-il une chose pareille ?

— Je l'ignore, Mademoiselle. Mais c'est à ce moment que j'ai réussi à trouver une image de son profil. Il a dû oublier de se renseigner sur les nouveaux dispositifs de visionnage que vous avez fait installer. Je vous transmet la vidéo et les photos que j'ai pu obtenir. Malheureusement, il faisait noir, c'était très peu visible et ses vêtements cachaient son visage, il m'est donc impossible d'effectuer une reconnaissance faciale. »

Une légère vibration signala à la fille de Jace que les découvertes étaient arrivées. Elle observa les images, gardant la vidéo pour après son appel, tentant d'identifier cette personne masquée. Mais rien ne lui venait. La silhouette lui disait vaguement quelque chose, mais à part son défunt père, elle ne saurait dire qui. Katherine avait tellement d'ennemis qu'il lui serait impossible d'en connaître le nombre exact.

« — C'est déjà un bon début, Ryan. Je vous en remercie.

— Pas de quoi, Mademoiselle.

— Si jamais vous trouvez autre chose, signalez le moi aussi vite que possible, s'il vous plaît, ordonna-t-elle, toujours aussi troublée par les preuves et les évènements.

— Oui, Mademoiselle, répondit simplement le garde.

— Est-ce-que vous pourriez demander à José de passer jeter un coup d'oeil au cimetière, s'il vous plaît. Il saura quoi faire là-bas.

— Je le ferais, autre chose ?

— Pas pour l'instant, merci. Au revoir.

— Au revoir, Mademoiselle Ioans. »

Perdue dans ses pensées, Anastasia se rappela soudainement d'une chose importante et s'empressa d'envoyer un message à Ryan, espérant qu'il le verrait le plus vite possible.

« Ces vidéos ne doivent pas tomber dans les mains de ma mère. Essayez de trouver celles d'avant l'explosion et modifiez les informations pour les envoyer sur une mauvaise piste. »

— Espérons qu'elle et son équipe ne se douteront de rien, murmura la brunette, dans un souffle.

Aussitôt, la réponse fut immédiate.

« Bien, Mademoiselle, je ferais mon possible. J'ai omis un détail : deux heures avant l'explosion, un homme est sorti du bureau de votre mère. D'après mes recherches, il s'agirait d'un certain Carl Holland. José a insisté pour chercher un lien entre votre mère et cet homme. Mais nous préférions attendre votre accord, avant de nous lancer dans nos recherches. »

« Carl Holland ». Ce nom de famille lui rappelait une connaissance.

« Faites donc. Merci. »

— Jack ! s'exclama-t-elle, trouvant enfin la réponse à sa question silencieuse.

Il portait exactement le même. Auraient-ils un lien de parenté ? Serait-ce possible que son camarade de classe ait quelque chose à voir avec ce massacre ? Ana se promit d'en apprendre plus par elle-même. Mais en attendant, elle devait impérativement se préparer et rejoindre les autres au restaurant pour le petit déjeuner.

— Tu es certaine que ça va, Anastasia ? s'inquiéta Martinus, face au mutisme de son amie. Depuis ce matin, tu m'as l'air ailleurs.

— Un problème à régler, mais rien qui ne doive susciter ton inquiétude, le rassura-t-elle.

Face au regard septique de son ami qui ne semblait pas la croire, la jeune femme s'empara doucement, peu sûre de son geste, de sa main pour entrelacer leurs doigts ensemble. Dans un élan de courage, elle osa se pencher vers lui, veillant à ne pas frôler son torse à son bras et déposa son menton sur son épaule. Son souffle s'abattit sur la joue du jeune homme qui recherchait à dissimuler son sourire. Son comportement timide était la chose la plus adorable qu'il n'est vu chez une fille de son âge. La brunette était si confiante en temps normal que la voir douter de ses actes était absolument craquant.

— Je t'assure que tout va bien, Tinus. Tu n'as pas à te préoccuper de ce qu'il se passe.

— Je m'inquiéterais toujours pour toi, tigresa, souffla-t-il, en resserrant sa prise sur sa main. Tu m'es très précieuse, Anastasia.

La portugaise lui sourit sincèrement, les joues rouges. Pour la première fois de sa vie, Flor décida d'ouvrir un bout de son cœur et dévoila :

— Ça peut paraître étrange, on ne se connait que depuis... Et bah, même pas un mois. Et je ne suis pas du genre à dire cela, mais... Toi aussi tu comptes pour moi, Martinus. Enfaite, tu es un des seuls garçons avec qui j'ai autant de facilité. J'en ai connu plusieurs, mais j'avais toujours... Enfin, ils avaient des comportements plutôt excessif. Pas toi.

— Je n'ai pas d'arrière pensée envers toi, Ana. Si je suis aussi proche de toi, c'est parce que j'ai envie de te connaître et d'être quelqu'un pour toi. Mais parfois, j'ai l'impression que plus je me rapproche de toi, plus tu t'éloignes.

— Je suis un peu compliquée comme femme, sourit-elle faiblement, luttant contres des larmes sorties de nul part.

— Juste un chouïa, pouffa Martinus, avant de déposer ses lèvres sur son front dans un geste possessif et plus qu'amical.

— Bon, les amoureux, les interrompit soudainement Erik. Navré du dérangement, mais nous devons y aller, maintenant. Les garçons vous devez répéter avant le concert de ce soir.

— Super ! s'exclama joyeusement Marcus, en se levant de sa chaise, engloutissant encore son croissant.

— Génial, soupira Ana, frustrée que l'on ait brisé la petite bulle dans laquelle elle et son ami étaient réfugiés.

Anastasia s'était toujours demandée la sensation que cela faisait d'être sur scène, face à un public aimant. Elle se souvenait bien de la joie qui se lisait clairement sur le visage de son père quand il revenait d'un concert. Son sourire était si éclatant qu'il finissait toujours par provoquer le sien, celui d'une petite fille de seulement quelques années. Bien que le fait d'avoir un paternel connu soit une épreuve à chaque instant, elle ne regrettait absolument pas d'avoir vécu cette vie là. Le savoir à des kilomètres de la maison, entouré d'admirateurs et heureux, était un véritable plaisir. L'enfant que la brunette avait un jour été réussissait à passer des nuits entières réveillée, rien que pour assister aux spectacles depuis la télévision. C'était une passion pour elle d'écouter Jace chanter et ambiancer les plus grands stades du monde. Mais son plus beau souvenir restait celui où, le jour de ses vingt-six ans, Flor avait quitté les bras de sa grand-mère pour filer vers ceux de son géniteur. C'était un moment inoubliable que jamais la demoiselle n'oubliera.

— J'aurais besoin que quelqu'un chante quelque chose au micro, pour que je puisse ajuster le son, déclara l'un des membres du personnel. Les garçons ?

— Ils se préparent, répondit Anne.

L'homme lança un regard à la salle et s'arrêta un moment sur la jeune femme qui patientait la venue des jumeaux, en compagnie d'Ariel. Il la pointa du doigt, reconnaissant l'adolescente attaquée chez elle passée aux informations et ordonna gravement :

— Toi, viens ici !

Ana s'apprêtait à répliquer quelque chose, mais deux bras musclés entourèrent soudainement sa taille. Elle reconnut le parfum de Martinus et ne put s'empêcher de rougir, en voyant toutes ces paires d'yeux tournées vers eux. Le souffle du blondinet frappa son oreille et un long frisson lui parcourut le corps.

— Chante pour moi, bébé, demanda le norvégien. Tu as une voix magnifique, épate-les, tigresa.

— C'est si gentiment demandé, sourit-elle faussement. Comment refuser, hein ?

Prenant son courage à deux mains, la portugaise se dirigea vers la scène où l'attendait l'homme, avec un micro qu'il lui tendit. Un léger stress lui comprima le ventre, mais elle n'y fit guère plus attention que cela et commença à chanter à capella.

— “ Ooh, ooh

Heart lyin' in my hands
I never wanted this
Ooh
This tear will never mend
How did it come to this?
Ooh
Ooh, ooh

Please don't slip away
'Cause my heart can't take it
Don't let this be the end
Don't let this be the end
Please don't slip away
'Cause I'll just keep breakin'
Don't let this be the end
Don't let this be the end

Dark waters cavin' in
You were the light I knew
Ooh
Don't know how to pretend
'Cause I'm not bulletproof

Please don't slip away
'Cause my heart can't take it
Don't let this be the end
Don't let this be the end
Please don't slip away
'Cause I'll just keep breakin'
Don't let this be the end
Don't let this be the end

Ooh
Don't let this be the end
Ooh, don't let this be the end

Please don't slip away
'Cause my heart can't take it
Don't let this be the end
Don't let this be the end
Please don't slip away
'Cause I'll just keep breakin'
Don't let this be the end
Don't let this be the end

Ooh
Don't let this be the end.

✧°•:**:•°✧

Hello !

Pour ceux qui se demandent quand un nouveau chapitre sur King Marcus ou Tony Stark : Iron Man sortira, la réponse est : je ne sais pas. J'ai une sorte de bloquage pour la suite de ces deux histoires et il me faudra certainement un petit temps, avant que je ne les continue. De plus j'aimerais de consacrer sur ce livre, car j'ai énormément d'idées pour la suite ( vous êtes pas prêts haha ). En ce qui concerne le tome 2 de Save Me, j'ignore quand il sortira. J'avais écrit cette histoire il y a un bon bout de temps, c'est difficile de reprendre là où je me suis arrêtée en sachant que mon style d'écriture est loin d'être le même qu'avant.

𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

En espérant ne pas vous avoir déçu, je vous souhaite un excellent weekend et pleins de bisous.

❤️

Claudia M.T.C

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