𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ²⁴ : « Changement d'école. »

Exaspérée, elle laissa échapper un soupir de lassitude d'entre ses lèvres rosées. La jeune fille retira, avec élégance et agacement mêlé, ses luxueuses lunettes de soleil de son nez, puis ancra fermement son regard bleu-vert dans celui de la femme. D'une voix irritée, elle demanda :

— J'aimerais changer de lycée, ce n'est pas bien compliqué à comprendre, si ?

— Mais Mademoiselle Ioans...

— Pitié ! râla cette dernière. Mon inscription est faite depuis des lustres et signée par la main de mon père, que vous faut-il de plus pour que j'intègre cette école ? Il n'y a qu'à vous que cela pose problème. Dois-je en déduire que vous ne m'aimez pas, Madame ?

Anastasia cligna plusieurs fois des cils, comme pour tenter d'amadouer la secrétaire de l'établissement public qui, depuis son arrivée au secrétariat, ne cessait de la questionner et de refuser son dossier sans même écouter ce que lui disait la portugaise.

— J'entends bien ce que vous me dites, Mademoiselle. Mais le problème est que, aussi triste cela puisse être, la signature de votre défunt père n'a plus aucune valeur aux yeux de la loi.

Oui, s'il était véritablement mort, pensa mentalement l'étrangère, en tiquant discrètement et se retenant de balancer sa pensée. Avec un faux sourire sur les lèvres, l'adolescente écouta attentivement les paroles de la dame pour mieux contrer ses dires par la suite et obtenir ce qu'elle voulait.

— De plus, vous êtes toujours sous certificat médical pour cause grave. Nous ne pouvons pas vous accepter si votre médecin traitant ne déclare pas que vous êtes de nouveau apte à poursuivre vos études. Et j'oubliais, le programme scolaire que vous avez suivi dans votre ancienne école n'est pas le même qu'ici, vous risqueriez d'être beaucoup plus en avance que nos élèves. Nous ne pouvons préparer des cours spécialisés pour vous, à moins que vous ne veniez d'un autre pays et n'ayez jamais appris notre langue. Hors, ce n'est pas le cas, donc je me vois dans l'obligation de refuser à nouveau votre dossier scolaire, Mademoiselle.

— C'est vraiment ces trois petits détails insignifiants qui vous posent problème, Madame la secrétaire ? questionna-t-elle, en roulant des yeux sans s'en cacher, les sourcils froncés par l'énervement. Sérieusement, vous vous plaignez pour ça ? J'aurais tout entendu dans ma vie, décidément.

Perdue, la femme cligna des yeux et se contenta de simplement hocher la tête. Lâchant un soupir, Flora inspira bruyamment, puis sourit faussement. Elle s'appuya ensuite sur le comptoir en marbre gris, les avant-bras pressés contre la pierre propre et se pencha légèrement en avant. Professionnellement, la brunette s'expliqua, les mains liées entre elles :

— Laissez-moi vous éclairer sur ces trois points, Madame. Premièrement, mon certificat médical... Eh bien, on s'en contre fout complètement. Deuxièmement, mon médecin est au courant de ma situation de A à Z et de Z à A, de même pour ma psychologue qui sait très bien que c'est extrêmement dangereux pour mon mental que je reste 24h sur 24h enfermée dans ma maison. Troisièmement, si j'ai un quelconque problème, je n'aurais qu'à louper quelques cours et rentrer chez moi pour me reposer et me soigner. Ça me donne d'ailleurs une excellente raison pour éviter certaines matières, vous ne croyez pas ? Quatrièmement et dernièrement, que je sois avancée ou non sur votre programme scolaire ne veut pas dire que je sais tout et que j'y comprends quelque chose. Parce que voyez-vous, de la géographie j'en fais depuis que je suis gosse et je suis toujours aussi nulle que la première fois que l'on m'a donné une définition de géo et graphie. Les mathématiques, ça peut encore passer moyennement. Bien, j'espère que tout est clair pour vous maintenant.

— Très bien, vous avez raison sur ces détails, avoua la réceptionniste, en soufflant. Mais comment vais-je accepter votre dossier dans notre école si nous n'avons pas une signature d'un représentant légal qui s'occupe de vous ? Parce que je veux bien laisser passer ces points s'ils sont réglés de votre côté, mais votre mère se doit de nous donner son accord pour que vous fréquentiez notre établissement. Ce n'est pas aussi simple que cela en a l'air, Mademoiselle Ioans.

— Eh bien pour cela, contactez ma mère, dit-elle comme une évidence. Je suis sûre qu'elle se fera un plaisir de vous transmettre les informations nécessaires à mon éducation. Si, un jour, elle répond bien sûr. À moins qu'elle ne passe l'appel à sa secrétaire qui vous marquera un rendez-vous qui ne viendra probablement que l'année prochaine. Tout dépend de son humeur du moment. Je vous conseille d'essayer le lundi, c'est un des jours miraculeux où elle a le sourire.

Tout en parlant, la demoiselle faisait bouger ses lunettes dans sa main droite et face aux yeux écarquillés de la réceptionniste, elle grimaça.

— Je sais, c'est aussi étrange pour moi que pour vous. Ne cherchez pas à comprendre comment fonctionne Katherine Olsen, c'est... Un mystère pour tout le monde, Madame la secrétaire.

Plaçant l'objet qui protégeait ses yeux du soleil sur le haut de son crâne comme simple serre-tête, l'adolescente reprit la parole.

— Sur ce, si tout est en ordre, je m'en vais de ce pas prendre part à mes cours de la journée.

Marchant vers la sortie de la pièce, une information importante à transmettre lui revint en tête et elle se tapa le front de la paume de sa main.

— Oh et je suis dans la classe de Martinus Gunnarsen.

Quand la secrétaire s'apprêtait à répliquer, malgré sa disparition derrière la vitre incrustée au mur, Ana revint sur ses pas et sourit joyeusement.

— C'est non négociable. Bye !

Puis la milliardaire quitta le secrétariat, laissant une femme sous incompréhension totale derrière elle. Finalement, celle qui occupait le poste à la réception lâcha un « ces gosses de riches, tous les mêmes », avec un geste de la main lasse, puis se replongea dans ses documents, tentant d'oublier cet épisode des plus étranges. De son côté, Anastasia arpentait les couloirs spacieux de son nouveau lycée, ses talons claquant contre le carrelage blanc et sa présence attirant un tas de regards curieux pleins d'interrogations sans réponses, jaloux de la part de certaines filles et séducteurs de garçons aux airs désespérés. Elle se sentait enfin libre de son ancienne prison aux allures de cage dorée dont les murs étaient tapissés d'invisibles billets d'argent. Peut-être que son impression d'être à sa place parmi ces personnes d'une autre classe sociale qu'elle était fausse, mais son père lui avait appris à aimer tout le monde, à ne différencier aucun individu de l'autre. Avant d'être riche à millions et homme d'affaires réputé, Jace avait été un simple citoyen étranger vivant sur le sol norvégien. Sa fortune, il l'avait bâtie avec du sang et de la sueur, avant que sa sorcière d'épouse ne le vole quelques années plus tard. Et même si, depuis sa tendre enfance, l'adolescente roulait sur de l'or, elle ne s'était jamais sentie à sa place dans ce monde trop bling bling. Tout le contraire de sa génitrice qui tentait de lui inculquer son racisme pour les plus démunis et pour ceux qui viennent d'ailleurs. Mais la brunette avait toujours gardé la voix de son paternel en tête, celle où il lui apprenait à adorer son prochain peu importe sa nationalité, sa religion, ses moyens financiers et tout ce que la société pensait définir un humain.

Quand son regard - que Jack disait si observateur - capta Martinus dans le décor, la portugaise l'observa en retrait. Il était accompagné d'un charmant garçon au visage d'ange qui détenait une forte ressemblance avec une connaissance à elle. Les deux adolescents ouvrirent leur casier respectif et en sortirent des livres de, à première vue, science, tout en discutant de football. Décidée à faire la surprise à son colocataire, la brunette s'avança vers le petit groupe, profitant de leur inattention pour s'approcher à pas de loup. Arrivée derrière le blond, elle déposa ses mains sur les yeux de ce dernier, sous les yeux amusés de l'ami qui l'avait aussitôt reconnue comme étant la descendante des Ioans et la pseudo-copine de son camarade. Privé de vue, la cadet râla, certain qu'il s'agissait d'un autre coup tordu de la part de la cousine de son amante. Il se dégagea brusquement de sa prise, jurant dans sa barbe, avant de se retourner pour engueuler son agresseuse.

— Loren, je t'ai déjà dit de...

Face à celle qui faisait battre son cœur d'une danse endiablée, il s'arrêta, comme paralysé par la surprise de la voir en ces lieux. Un tas de questions flottait dans son esprit et de ses lèvres une seule s'en échappa :

— Anastasia ? Mais qu'est-ce que...

— Je suis déçue que tu ne m'aies pas reconnu, mini-Gunnarsen, dit-elle faussement triste.

Le sourire qu'elle tentait de réprimer finit par prendre place sur sa bouche, face à celui qui grandissait sur le visage illuminé de son ami. Ce dernier, oubliant la présence de son camarade de classe, s'approcha d'une démarche féline de sa proie et aggripa fermement, avec possessivité, ses hanches pour la tirer contre son torse musclé. La jeune femme entoura son cou de ses bras, ses doigts plongeant dans la chevelure blonde de son chéri.

— Je vais finir par te retirer ces maudits talons, ils te rendent plus grande que moi, tigresa.

— Je ne te laisserais pas faire, blondinet, répliqua tendrement la demi-roumaine. J'aime bien être à ce niveau, je me sens plus grande, comme si je dominais le monde. Et je me sens supérieure à toi, petit être.

— Petit être ? répéta-t-il, amusé par ce nouveau surnom. Dois-je te rappeller, ma belle, qu'en temps normal, je suis plus grand que toi ?

— De seulement deux centimètres. Ce n'est rien ça.

— J'ai encore des années devant moi pour grandir et te dépasser de plusieurs têtes, grogna le norvégien, en fusillant du regard Ana quand elle souffla un « j'aimerais bien voir ça ». Mais en attendant, je suis à la bonne taille pour faire ceci.

Pour accompagner ses paroles, il vint déposer un baiser aussi léger qu'une plume sur la peau sensible de son cou. Elle retint un gémissement de franchir ses lèvres pour ne pas attirer davantage d'attention déjà bien pesante sur eux. Flor pouffa contre les cheveux de Tinus, avant que le garçon ne se redresse pour l'observer sourire amoureusement. Sans crier garde, il abattit ses lèvres sur les siennes, toujours avec cette sauvagerie propre à lui seul, mêlée d'une pointe de douceur et de sentiment inavouables. Au grand plaisir du chanteur, sa belle répondit à son attaque avec autant de ferveur que lui, ses mains entourant à présent ses joues et les caressant du bout de ses pouces. À bout de souffle, les deux adolescents finirent par ses séparer et il l'attira encore plus à lui - si une telle chose était encore possible. Front contre front, ils ignorèrent la surprise et les murmures des autres, se concentrant sur leur respirations saccadées. Ils s'observèrent dans le blanc des yeux, sans se douter de la gêne qui coulait dans les veines de l'élever appuyé contre les casiers, celui qui accompagnait le blond.

— Ça c'était un vrai baiser, blondinet, souffla Anastasia, les joues rouges.

— Devient mienne et je t'en donnerais d'autres plus intenses encore.

— Hum, quelle proposition alléchante vous me faites là, Monsieur Gunnarsen.

— Tout pour vous satisfaire, Mademoiselle Ioans.

Elle déposa un bisou sur la joue de son pseudo-copain, puis s'éloigna de quelques pas, observant le jeune brun qui lui disait vaguement quelque chose.

— Nous sommes observés, pouffa-t-elle face au grognement animal qui faisait vibrer la poitrine de Martinus.

— On s'en fout des autres, Ana.

— Ton ami est gêné, murmura la brunette pour lui rappeler la présence de ce dernier.

Se souvenant de son collègue, le fils d'Anne et Erik se retourna vers lui, entourant les hanches de sa chérie d'un bras puissant.

— Joey, laisse-moi te présenter Anastasia Ribeiro Ioans. Ana, voici Joey Thompson.

— Salut ! sourit joyeusement l'étudiant, en tendant sa main à la fille de seize ans qui la serra dans la sienne.

— Enchanté, Joey. Un lien avec Mario Thompson, par hasard ?

— Oh, oui, c'est mon grand frère.

— C'est donc de là que me viens cette impression de te connaître, comprit-elle.

— Tu connais mon frère ? se surprit le brun.

— Oui, c'est... Le fiancé de ma mère.

Le cadet du policier fronça ses sourcils, avec un air perdu affiché sur son visage. N'était pas au courant pour cette affaire ? se demanda la fille de Jace et Katherine. Elle se promit de faire des recherches.

— Bon ! s'exclama Titi. Tu dois encore rencontrer le reste du groupe qui se compose de Marcus, Joey, Ariel, Raphael et Loren. Certains tu les connais déjà, mais les autres, il faut que tu fasses connaissance avec.

— Commençons déjà par aller en classe et après tu me présenteras tes amis, ok ? ricana-t-elle.

— En classe ? Tu restes ? s'étonna l'adolescent.

— Oui, j'ai changé d'école et je suis même dans ta classe.

— Sérieusement ?

— Eh bien, je n'ai pas vraiment laissé le choix à la secrétaire, grimaça la belle étrangère.

Un sourire en coin prit place sur les lèvres de son amant et il déclara aussitôt :

— C'est parti !

Dans la salle de science, là où leur deuxième cours de la journée allait débuter, un jeune homme attira aussitôt l'attention d'Anastasia qui se précipita dans ses bras. Le fils de sa psychologue la rattrapa au vol et déposa un baiser dans ses cheveux, sous le regard noir et jaloux de Gunnarsen qui prit place à sa table habituelle aux côtés de Joey. La brunette s'installa à sur une chaise vide, puis enchaîna une discussion avec Raphael qu'elle n'avait pas revu depuis plusieurs semaines. Il n'était pas seulement son ami, son confident ou même la progéniture de celle qui s'occupait d'écouter ses récits. Non, il était aussi son entraîneur, celui qui avait prit la relève à la mort de Jace. Le norvégien l'entraînait dur à la boxe, un sport qu'ils partageaient en commun et depuis, l'élève surpassait presque le maître, au grand malheur de ce dernier.

— Ne sois pas jaloux, Tinus, murmura le frère de Mario. Je suis certain qu'il y a une bonne explication à leur proximité.

— Ouais, siffla le chanteur, les poings serrés, il y en a une et j'aimerais bien l'entendre.

✧°•:**:•°✧

Bonjour, bonjour !
Comment allez-vous ?

Des suppositions pour la suite ?

J'ai une des nouvelles idées - très étranges, j'en conçois - pour d'autres histoires sur Marcus et Martinus, en mélangeant les univers de The Originals, Vampire Diaries et Teen Wolf. J'ignore encore si ça donnera quelque chose, mais on verra avec le temps.

𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

❤️

Claudia M.T.C

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top