𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ²¹ : « Appel à l'aide. »
— Dépose la sur le lit, Martinus, ordonna Anne.
Le jeune homme ne se fit pas prier et coucha son amie sur son matelas, ne se formalisant pas du sang qui tachait déjà ses draps. Il veilla à ne pas effectuer de geste trop brusque qui puisse la blesser encore plus ou même aggraver son état actuel déjà dégradé. Le blondinet s'assit à ses côtés et laissa ses doigts glisser le long de ses pommettes devenues violettes sous les coups reçus. Malencontreusement, il toucha la légère coupure sur sa joue droite, salissant ses doigts de l'hémoglobine de sa douce et lui arrachant un gémissement plaintif. Tinus s'excusa et glissa ses mains dans les cheveux humides de la brunette qui, elle, de son côté, s'accrochait fermement aux bras du jumeau cadet comme on s'agrippe à une bouée de sauvetage. Dire que lui et sa famille ne comprenaient pas ce qu'il se passait était un euphémisme. Mais pour le chanteur, l'inquiétude gagnait en intensité sur l'incompréhension et il se promit d'en apprendre plus plus tard. Pour l'heure, il devait impérativement empêcher ses parents d'appeler l'ambulance et soigner sa chérie.
Après avoir donné l'ordre à son fils de coucher l'adolescente sur le lit, la mère se précipita au chevet de la demoiselle à moitié dans les vapes et lui caressa affectueusement les cheveux. Elle était sous le choc d'avoir trouvé la descendance de son défunt ami dans un tel état. Et en plus, la fille de seize ans s'était jetée devant la voiture, ce qui aurait pu rendre la situation encore plus grave si Erik n'avait pas freiné à temps. Heureusement, son mari avait toujours l'œil ouvert en conduisant.
— Elle est complètement gelée, souffla la blonde. Prend une couverture, Tinus.
Courir en court pyjama et le corps humide de sueur dans un pays tel que la Norvège était une très mauvaise idée. Si Anastasia ne tombait pas malade, ce serait un miracle et si ses plaies ne s'infectaient pas, ça en serait un autre.
— Ça va aller, tigresa, murmura le norvégien à l'oreille de son ancienne colocataire, en enroulant un plaid autour d'elle. Je te le promets.
— Ne fais pas de promesse que tu ne pourras tenir, Martinus, souffla-t-elle faiblement, en relevant légèrement le regard vers lui.
Le jeune homme ne répondit rien, se contentant de lui caresser les cheveux.
— Il faut que l'on appelle l'ambulance ! déclara soudainement Anne, en se relevant du lit.
Elle quitta la chambre de son enfant, sous les supplications des deux adolescents et se rendit au salon, là où son époux tentait de calmer les pleurs de la petite Emma, traumatisée par l'état de l'amoureuse de son grand frère. L'autorité féminine de la maison se précipita sur le téléphone fixe, prête à faire appel aux autorités pour sauver cette jeune fille d'une telle violence quotidienne. Avant même de pouvoir atteindre l'objet tant désiré, Marcus lui bloqua la route, dans l'optique de l'empêcher de mêler plus de personnes à cette histoire malheureuse. Si son amie les suppliait de ne pas l'amener à l'hôpital c'était certainement pour une bonne raison, alors sa mère allait devoir respecter ce choix comme eux l'avaient fait. Anne vociféra d'innombrables paroles et menaces à son aîné qui tentait de la raisonner, sous les tentatives d'Erik pour calmer le jeu. Devant ce boucan pas possible, Martinus descendit l'escalier presque en sautillant, souhaitant retenir celle qui l'avait mis au monde de faire une erreur. Lui-même ne comprenait pas la situation, mais si Ana l'implorait de rester avec elle et ne laisser personne s'approcher, ce n'était probablement pas pour jouer aux cartes la seconde d'après.
— Maman, commença le jumeau cadet. Je sais que tu as raison de vouloir appeler les secours pour l'aider, mais... Elle refuse que les autorités se mêlent de sa vie et si Anastasia demande cela, ce n'est pas pour rien. Je la connais, maman. Si elle reste campée sur sa décision de se débrouiller toute seule, c'est que la situation l'oblige. Elle est venue vers nous, parce qu'elle nous fait confiance, alors ne gâchons pas ce que l'on a déjà gagner de sa part.
— Mon cœur, elle est gravement blessée ! s'emporta Gerd-Anne, au bord des larmes devant cette tragédie. Elle est a deux doigts de se vider de son sang sur ton lit et tu veux écouter ce qu'elle te dit ? Dans cette maison, personne n'est en mesure de l'aider à se rétablir et tu veux encore que l'on fasse les choses à sa manière ? On risque beaucoup si cette affaire s'apprend ! Martinus, réfléchis deux minutes !
— Je vais m'occuper d'elle, maman, siffla ce dernier, légèrement touché que sa mère le pense incapable de prendre soin de sa pseudo-copine. Je le fais depuis qu'elle s'est prise une balle en plein ventre et c'était certainement plus grave que les bleus qu'elle porte maintenant.
— Maman, tenta Mac. Tinus a raison. Si on -
— Non, Marcus, le coupa-t-elle sévèrement. Je refuse de voir cette enfant mourrir sous mon toit, parce que nous avons décidé de l'écouter elle, plutôt que notre raison.
— Ana ne va pas mourir, reprit Tinus calmement, en prenant la femme dans ses bras. Je ne laisserais jamais une telle chose se produire. Jamais, tu m'entends ? Je vais m'occuper d'elle et si pendant la nuit, elle se sent mal et que son état empire, alors on suivra tes ordres. Mais écoutons la, d'accord ? Faisons ce qu'elle demande et peut-être que... Peut-être qu'elle acceptera de nous parler, de nous raconter l'exacte histoire dans les moindres détails.
Devant le mutisme de sa mère, le blondinet la supplia de l'écouter à nouveau, une lueur d'espoir dans le regard.
— J'espère que te faire confiance sur ça ne nous portera pas préjudice, souffla Anne, en s'éclipsant vers la cuisine.
Aussitôt la réponse à sa question donnée, il se précipita à l'étage pour rejoindre sa princesse. Seulement, en arrivant dans l'encadrement de la porte, il ne la vit pas. Elle n'était plus couchée sur son lit, se tortillant de douleur et retenant difficilement ses larmes de tristesse mêlées à de la souffrance. Flora venait à l'instant de disparaître et le norvégien faisait tous les efforts du monde pour ne pas commencer à paniquer. Il l'appela, prononçant son magnifique prénom plusieurs fois et observant le couloir silencieux de sa maison. Finalement, l'eau de la douche qui claquait contre la carrelage du sol résonna et Martinus se dépêcha de rejoindre la salle de bain, espérant de tout cœur que ce soit réellement elle, car sinon, la situation était encore plus grave que prévue. Les petites gouttelettes de sang tombées à terre et les traces de doigts ensanglantés dessinés sur la porte blanche suffirent à le rassurer un minimum. Sans aucune gêne, le jeune homme poussa le battant légèrement ouvert et s'avança dans la pièce réchauffée par la vapeur chaude qui s'échappait de la cabine en verre. C'est à ce moment qu'il la vit, assise au sol, recroquevillée sur elle-même, les bras entourant ses genoux blessés et le corps secoué de sanglots sans fin. Un pincement se fit ressentir dans la poitrine de l'adolescent qui retira ses chaussures et son pull, avant de se glisser à ses côtés.
Plongée dans sa douleur et sa tristesse, Anastasia releva lentement son visage baigné de larmes vers celui de son ami. Ce dernier semblait ressentir toute sa peine et cette simple constatation, le fait de ressentir autant de choses en sa présence et de savoir que le bonheur qu'il lui offrait ne durerait pas longtemps, lui fit encore plus de mal que la séance de torture qu'elle venait de passer. La nuit avait été tellement longue et difficile, beaucoup de sang avait coulé sur ce béton glacial et énormément de traces striaient sa douce peau. Mais le pire était probablement de se retrouver là, aussi minable que maintenant, dans cette tenue déchirée qui ne ressemblait plus du tout à un pyjama, et face à celui qui, d'un unique baiser, lui faisait voir les étoiles. Tinus ne méritait pas d'assister à cette horreur et surtout pas à la crise de panique qui commençait déjà à la plonger dans les ténèbres sombres remplies de démons aux griffes acérées.
— Tigresa, souffla le blondinet, voyant la panique gagner sa belle. Regarde-moi.
Ses mots ne semblaient pas faire effet, car l'adolescente ne s'arrêtait pas de trembler violemment. Ses ongles se mirent à griffer ses avant-bras, y laissant des marques rougeâtres qui disparaîtraient rapidement. Sa respiration s'accélérait toujours un peu plus et même s'il ne l'entendait pas, Martinus était sûr et certain que son cœur battait à une vitesse hallucinante. S'il ne faisait pas quelque chose pour la calmer tout de suite, sa crise risquerait d'empirer et avec son état dégradé autant physiquement que moralement, ce n'était pas une excellente nouvelle. Aussitôt, le chanteur se redressa sur ses genoux, le plus proche possible de son amie et emprisonna ses joues rouges et humides entre ses paumes de mains. Il tenta de croiser son regard, mais cela lui était impossible quand elle mettait tout en œuvre pour le fuir.
— Bébé, murmura-t-il. Je suis là, tu m'entends ? Ne panique pas, ça ne sert à rien, mon cœur.
L'eau continuait de ruisseller sur leur deux corps, mais aucun n'y prêtait attention. L'unique chose qui importait maintenant était de guérir les blessures de Flor, autant qu'il fallait soigner son cœur brisé. Et c'était une mission que Tinus était motivé à relever. Il ferait tout pour remplacer cette expression douloureuse par un sourire. Celui dont elle seule avait le secret et qui le faisait craquer à chaque fois pour n'importe quoi.
— Anastasia, implora-t-il. Je t'en prie, regarde-moi dans les yeux.
Son front rencontra le sien et leurs yeux finirent par se connecter.
— Je ne te ferais aucun mal, mon amour. Tu m'es beaucoup trop précieuse pour que je ne fasse quoi que ce soit qui puisse te blesser ou pour que je ne laisse quelqu'un d'autre le faire encore.
Ce lien qui les unissait, ils le ressentaient à nouveau et cela suffit pour que leur cœurs se mettent, à l'unisson, à danser cette danse endiablée qui ravivait des sensations exquises. C'était comme une drogue à laquelle on devient accro, mais aussi le remède qui guérissait tous les maux. Pourtant ils étaient si différents l'un de l'autre, comme la lune et le soleil, mais se complétaient tellement bien.
Il faut à la Terre de l'ombre et de la lumière.
Il faut à Martinus sa part d'obscurité.
Et il faut à Anastasia sa part de luminosité.
Leurs lèvres se rejoignirent pour leur plus grand plaisir. Le baiser était doux, tendre et rempli d'amours inavouables, tout ce dont rêvait la portugaise à l'instant précis. Ne désirant pas quitter sa douce, le blondinet fit passer les jambes de cette dernière autour de ses hanches et d'un seul bras, avec souplesse, se releva sur ses deux pieds, la tenant toujours contre son torse nu.
— Ne me laisse pas tomber, sanglota la brunette. Reste avec moi.
— Jusqu'à la mort, mon cœur, répondit Tinus, insufflant à cette promesse autant de douceur que possible. Je serais là, même quand tu ne voudras plus de moi, Ana. Toujours.
— Toujours ? répéta-t-elle avec espoir.
— Toujours.
Les deux adolescents s'embrassèrent à nouveau, scellant définitivement cette promesse éternelle. Pour le jeune homme c'était comme lui avouer qu'en sa présence, il ressentait un sentiment fort, comme lui dire « je t'aime et je te veux ». Pour la demi-roumaine, c'était comme tourner la page noire de son histoire et reprendre une vie normale même si rien n'était ordinaire. C'était une étape importante qu'ils dépassaient ensemble, aujourd'hui, après l'enfer de la nuit dernière et sous un jet d'eau chaude qui ne cessait de couler encore et encore.
— Laisse-moi m'occuper de toi, maintenant, souffla le jumeau cadet, en reposant sa belle au sol. Je vais devoir te retirer tes vêtements pour nettoyer les plaies, d'accord ? Promis, je ne te ferais rien. Tu me connais, tu sais qui je suis, Ana.
Bien que effrayée à l'idée qu'il voie son corps meurtri, elle hocha la tête, essoufflée par l'intensité de ses baisers et l'observa attraper l'ourlet de son t-shirt.
— Lève les bras au-dessus de ta tête, mon amour.
Elle s'exécuta silencieusement, tremblante et apeurée par le regard nouveau qu'il risquerait de porter sur sa personne. Le vêtement quitta finalement son torse et retomba au sol, mouillé. Un léger bisou fut déposer sur son front et des doigts s'aventurèrent sur ses hanches. Le bas de son ancien pyjama finit aux côtés du haut, seul son sous-vêtements gris en dentelle resta. Honteuse et le visage cachée par se cheveux humides, l'étudiante releva ses yeux vers ceux de son pseudo-copain, guettant sa réaction. Étonnamment, ce dernier ne semblait pas dégoûter, mais pris d'une violente colère contre sa bourrelle qui s'avérait secrètement être Katherine Olsen.
— Je ne veux pas que tu aies honte de toi, Ana, dit le norvégien, en prenant le menton de la brune dans ses doigts. Tu es magnifique et ces traces sur ton corps m'importent peu, d'accord ? C'est toi qui me plaît et je hais d'une telle violence le monstre qui a osé te faire cela.
— Embrasse-moi, le supplia-t-elle, retenant ses peurs à nouveau.
Martinus ne se fit pas prier et lui donna toute l'attention dont elle nécessitait. Dans les bras l'un de l'autre, ils se réconfortèrent mutuellement, unissant leur cœurs pour traverser cette dure épreuve ensemble. Plus rien ne pourrait les séparer, c'était ce qu'ils pensaient. Mais ils ne savaient rien de ce que le destin et surtout, Kath leur réservait. Encore fallait-il que le passé reste enterré, seulement nos désirs ne sont pas tous exaucés.
Pour le meilleur et pour le pire.
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𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
Claudia M.T.C
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