𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ³⁸ : « Agréable réveil. »

À l'extérieur des murs régnait un lourd froid norvégien. Le vent frais soufflait faiblement aujourd'hui. Il décollait la petite couche de neige qui avait recouvert le sol durant la nuit et faisait virevolter dans tous les sens les flocons. Le soleil était au plus haut, combattant le brouillard glacial pour faire venir de sa lumière. Les montagnes enneigées rendaient le tableau paradisiaque. Les rayons solaires vinrent finalement traverser les rideaux blancs de sa chambre, illuminant ainsi la pièce d'une douce chaleur matinale. Malgré l'hiver qui faisait rage dehors, la fenêtre était ouverte. Une légère brise apporta une touche de fraîcheur à la salle, avant que la vitre ne soit à nouveau refermée. Désormais, le réveil affichait neuf heures piles du matin. Les cloches de l'église démarrèrent à temps leur musique, réveillant ceux qui refusaient se lever. C'était une bonne matinée, typique d'un dimanche ensoleillé. L'annonciatrice d'une excellente journée ou d'une semaine riche en surprises et émotions. Le monde paraissait paisible, endormi et innocent aux malheurs. Si seulement, il pouvait l'être.

À l'inverse de Marisa Carson ou encore de la famille Gunnarsen, certains n'avaient pas la chance de vivre d'aussi agréables réveils. Les Ioans en faisaient partis. Ils avaient, depuis le temps, perdu l'habitude de quitter les bras de Morphée d'une manière aussi tranquille. Généralement, de vilains cauchemars peuplaient leurs nuits, les réveillant en sueur ou les effrayant au point de les hanter et de leur refuser un semblant de paix. Mais dans le cas d'Anastasia Flor, cela avait longtemps été la peur qui l'avait maintenue éveillée jusqu'à ce que son corps cède enfin au sommeil. La jeune fille avait très souvent terminé ses soirées enfermée dans la cave de sa demeure, à trembler d'horreur à l'idée que sa bourelle puisse revenir pour terminer le travail déjà commencé. Et c'était dans ce même lieu qu'elle succombait à ses peines et se laissait aller dans l'étreinte réconfortante de la Déesse grecque. Les lendemains, elle était toujours recroquevillée dans le coin le plus sombre et le plus proche d'une source de chaleur, se demandant encore ce qu'elle avait bien pu faire pour mérité un tel traitement jusqu'à comprendre que rien n'était de sa faute. Puis, étrangement, sa génitrice avait commencé à s'absenter de plus en plus souvent. Se déplaçait hors du pays pour de longues semaines, voire des mois, prétextant devoir s'occuper des entreprises internationales. Mario Thompson était donc entré sur scène, lui offrant ainsi plus de répit. Les projets de Katherine Olsen étaient devenus plus concrets, elle gagnait en popularité, détruisait l'image de son défunt époux pour la remplacer par la sienne et le Lieutenant tant convoité tombait peu à peu dans ses filets. Tous cela l'avait suffisamment gardée éloignée de sa progéniture qui, profitant de son absence, manigançait contre elle et tentait de rétablir la vérité. Et finalement, en pensant mettre des bâtons dans les roues de sa fille et l'empêcher de continuer sur sa lancée, la sorcière avait placé les jumeaux sur sa route. Son plan était simple : la laisser s'attacher à eux pour ainsi obtenir un bon moyen de pression et la garder sous contrôle. Marcus et Martinus n'auraient dû être qu'un minable fardeau pour la portugaise, un poids en plus sur ses épaules. Mais non, il a fallut qu'ils deviennent une seconde famille et que le cadet vienne compléter la partie manquante de son cœur. Une chose en entraînant une autre et voilà que désormais, l'adolescente avait trouvé une maison où s'abriter les jours de tempête et une épaule sur laquelle se réconforter.

Sa situation, Jace l'avait longtemps souhaitée. Il avait mille et une fois rêvé de retrouver un semblant de tranquillité, de retrouver sa vie d'avant pour ne serait-ce que quelques minutes et surtout de serrer à nouveau dans ses bras son père, sa petite fleur et la femme qui hantait toujours son esprit. Mais il savait aussi que ce serait mettre en danger des personnes chères à son cœur et il s'y refusait. S'opposait au bonheur pour ne rien risquer de perdre. Après tout, l'existence de sa descenante était déjà gâchée par la folie meurtrière de son ancienne épouse, ce n'était pas nécessaire d'y mêler celle de son paternel ni celle de sa journaliste adorée, bien qu'ils soient tous deux menacés depuis le début. Trop de cadavres avaient déjà été semé et le nombre de victimes à venir s'élevait chaque instant un peu plus. Et voilà qu'un beau jour, l'opportunité tant attendue de revoir sa bien-aimée se présentait à sa porte. Aussi horrible soit la raison qui l'avait poussé à se glisser illégalement dans son appartement, il n'avait pas hésité avant de saisir l'occasion. C'était dangereux, le trentenaire le savait pertinemment, mais il avait besoin de quitter son enfer pour quelques heures, avant d'y replonger. Car c'était cela que lui et sa fille vivaient depuis l'accident : un enfer brûlant et agonisant où leurs cris de douleur n'atteignaient que leurs oreilles. Dix années de terreur et d'horreur durant lesquelles ils avaient commis les pires actes possibles pour survivre, avaient continuer de se battre pour obtenir justice, avaient oublié la sensation du poignard planté dans leur dos. Rien n'était encore fini, il leur restait une dernière mission à accomplir et le paradis leur ouvrirait ses portes. Mais pour l'instant, profiter de ce qui leur était offert était certainement la meilleure chose à faire.

Finalement, après de longue heures de sommeil rattrapées - bien qu'il lui faudra probablement dix autres années pour vraiment compenser les bouts manquants, l'homme couché sur le lit finit par se réveiller. La nuit avait été courte et très sportive, mais s'avérait être un vrai baume pour son cœur meutri. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait revivre et se permettait une pause bien méritée. Sa décision était simple : mettre de côté ses problèmes quotidiens et se concentrer uniquement sur le présent, sans penser aux événements à venir. Peut-être aurait-il dû tout envisager. Une erreur non pardonnable qui pourrait avoir des conséquences désastreuses était si vite arrivée. Pas une seule seconde, le beau brun n'avait et ne regrettait de s'être laissé aller aussi facilement à ce moment de pur bonheur. D'avoir rendu les armes pour la soirée. Pas avec elle, pas pour elle, non. Enchevêtré dans des draps immaculés et couché sur le ventre malgré sa blessure, un soupir de bien-être et de soulagement s'échappa d'entre ses lèvres. Le père de famille avait, comme toujours depuis leur rencontre, aimé les instants passés en compagnie de sa belle et leurs retrouvailles mouvementées mais remplies d'amour en faisaient également parties. Heureusement, hier soir, rien n'était venu gêner leur tranquillité, prouvant bien que les agents à ses trousses avaient perdu sa trace à la frontière séparant Trofors de Mosjøen. Ceci lui donnait donc une légère longueur d'avance, avant que son ex ne se rende compte que ses toutous sont portés disparus et qu'elle ne fasse le rapport entre sa pire ennemie et la ville où il s'était réfugié. Lorsque cela viendrait à arriver, Mario et Jack le préviendraient et il ne disposerait que de peu de temps pour fuir très loin et trouver une seconde cachette pour ne pas risquer la vie de Marisa. Elle lui était bien trop précieuse, hors de question de la perdre.

À la pensée de sa chérie, Jace sourit amoureusement. Les yeux toujours clos et l'esprit éveillé, il bougea son bras gauche dans l'espoir de la serrer contre son torse. Sa douce chaleur lui manquait affreusement et sentir son corps nu contre le sien était sa manière à lui de se prouver que rien de tout cela n'était une simple hallucination. Seulement, après avoir tâtonner à plusieurs reprises la place froide à ses côtés, il constata avec horreur que sa blondinette n'était pas là. Brusquement, faisant fi des horribles picotements que lui lançait sa blessure, il se redressa en vitesse. Désormais bien réveillé et surtout gagné par un sentiment intense d'inquiétude, le portugais aux origines roumaines fouilla minutieusement la pièce du regard, espérant la trouver face aux baies vitrées, sur le balcon ou à son bureau, plongée dans le travail. Mais elle n'était pas dans la chambre et l'appartement lui paraissait bien trop silencieux pour un dimanche matin. La connaissant, il y aurait très certainement de la musique à fort niveau et beaucoup de bruit, mais aujourd'hui semblait échapper à la règle. Soucieux, il quitta le confort du lit et se vêtit rapidement d'un bas, ainsi que de son pantalon noir. Puis, attentif à son environnement, le brun fila en direction du couloir à la recherche de son amante. Son esprit détraqué se jouait de lui, en lui faisant voir des scénarios plus alarmants les uns que les autres. Quelqu'un était-il entré pour s'en prendre à eux ? Kath aurait-elle compris avant l'heure et serait venue ? Où se cachait la belle et séduisante journaliste qu'il avait un jour l'intention de demander en mariage ?

Enfin, après avoir fouillé une bonne partie de l'appartement sans grand succès, il finit par pénétrer dans la cuisine ouverte sur le spacieux salon. Ce fut là qu'il la vit. Assise sur l'îlot central en marbre blanc, la tant recherchée rédactrice de Norv'Agency observait avec attention le reportage qui passait à la télévision. Ses longues et fines jambes dénudées se balançaient dans le vide. Un bol de céréales en mains, elle dégustait son petit déjeuner sans se soucier de ce qui l'entourait et surtout de la peur qui coulait encore dans les veines de son homme. Ce dernier, soulagé de l'avoir retrouvée, ne put s'empêcher de sourire à la vue de sa tenue. En effet, elle portait un long t-shirt immaculé qu'il reconnut comme étant sien et se rappela avoir laissé ici plusieurs années en arrière. Ce simple vêtement voulait-il signifier que même après sa fausse mort, elle ne l'avait pas oublié ? Ou cessé d'aimer ? Pourtant, Jace savait pertinemment que Marisa avait rencontré d'autres membres de la gente masculine. Il l'avait suivie à chaque instant pour s'assurer de sa sécurité, comme il le faisait constamment pour sa fille. Elle s'était même mise en couple avec un imbécile de banquier qui s'était permis de la tromper peu de temps après, en prétextant qu'elle n'était pas assez décoincée pour une femme de son genre. Le brun n'avait pas eu besoin de plus d'explications pour lui en coller une, avant de délivrer anonymement à sa chérie une enveloppe remplie de preuves sur l'adultère de son compagnon. Peu de temps après, elle était à nouveau libre pour leur plus grand plaisir. Jaloux, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'elle avait bien pu trouver à cet abruti pour se mettre avec lui. Et une question tournait chaque jour en boucle dans son esprit : était-elle, pendant ces quelques mois de relation, tombée amoureuse de lui ? Ce genre de liaison, qu'elle soit dès le départ basée sur l'amour ou non, rapproche. Mais aux vues des réactions positives et de la soudaine joie qui l'habitait, la norvégienne n'était donc pas si attachée que cela à son ancien partenaire. Sinon pourquoi être aussi heureuse ?

C'est avec d'innombrables interrogations en tête que l'ancien militaire se rapprocha de son amour de jeunesse. Cette dernière, ne s'attendant pas à le voir apparaître de cette manière et ne l'ayant surtout pas entendu arriver, sursauta brusquement. Son bol rempli de lait faillit bien lui échapper des mains, mais grâce aux réflexes du milliardaire, le pire fut évité. Le petit air effrayé et la teinte rougeâtre que prirent les joues de Marisa suffirent pour lui arracher un rictus moqueur qui illumina instantanément son visage marqué par les années.

— Jace ! s'exclama Carson. Mon Dieu, tu m'as fait une de ces peurs.

— Excuse-moi, poupée. Je n'avais pas l'intention de t'effrayer. J'étais simplement... Inquiet. Tu n'étais nulle part et j'ai bien cru que quelque chose d'horrible t'étais arrivé pendant mon sommeil.

Remarquant la lueur de panique qui brillait dans son regard, la trentenaire déposa de côté son déjeuner et l'attira délicatement à elle. Ses mains se faufilèrent entre ses mèches de cheveux, pendant que les siennes se frayaient un chemin sur sa taille. Front contre front, elle observa la longue cicatrice qui ornait le côté droit de son doux visage. Partant de son sourcil jusqu'au coin de sa bouche, la blessure de l'accident n'était plus autant visible qu'elle avait dû l'être par le passé, mais restait tout de même perceptible. Un détail de son physique que le père d'Ana avait eu beaucoup de mal à accepter, avant de finalement s'y faire. Les yeux rivés dans ceux de l'autre, la blondinette lui demanda :

— Mon cœur, je suis avec toi, que voudrais-tu qu'il m'arrive ?

— Tu n'as pas idée de quoi est capable Katherine, dit-il dans un souffle, en se redressant.

— Oh si, crois-moi, je sais de quoi cette femme est capable. Je l'ai compris dès ta mort. Mais je n'ai pas peur d'elle.

— Tu devrais, pourtant. Elle est très dangereuse et obtient ce qu'elle veut par la force.

— Et là, elle veut ma mort, c'est ça ?

— Je ne la laisserait pas t'approcher, siffla le portugais, emprisonnant son menton entre ses doigts. Kath ne te fera rien, car je serais là pour veiller sur toi comme je l'ai toujours fait.

— Je te l'ai dit : je n'ai pas peur d'elle, insista encore la journaliste.

Sentant que la conversation était sur le point de prendre un tout autre tournant, Jace préféra y mettre fin au plus vite. Sauvagement, il vint l'embrasser pour la faire taire. Sa bien-aimée répondit à son baiser avec autant de passion que lui, se laissant dominer par sa bouche impitoyable. À bout de souffle, les deux amants se séparèrent, souriant amoureusement à l'autre. Tête baissée, son regard s'attarda sur le pansement qui dissimulait une terrible blessure, la raison de sa venue. Ses doigts tremblants caressèrent le contour du bandage, sans jamais atteindre le milieu pour ne pas risquer de le blesser à nouveau. Désormais curieuse sur les évènements de la soirée, Marisa se mordit fermement la lèvre, peu certaine qu'il réponde à ses questions. Mais troublée, elle prit son courage à deux mains et lui demanda, d'une voix attristée :

— Jay ? Que s'est-il passé hier ? Je veux dire, avant ton arrivée dans mon appartement.

— Tiens-tu réellement à discuter de cela, maintenant ? demanda-t-il. Ne préfères-tu pas que l'on profite de la présence de l'autre, avant que je ne te conte mon histoire ?

— Plus vite se sera fait, plus vite on pourra passer à autre chose, non ?

— Tu as raison, querida.

Jace n'eut d'autres choix que de se lancer. Il commença par lui expliquer la véritable raison de sa fuite acharnée, enchaînant directement sur le sujet le plus douloureux de son existence : la soirée du 26 juillet 2008. Puis, le trentenaire lui décrit vaguement l'enfer de ces dix dernières années, sans jamais entrer dans les détails pour éviter de la choquer et finit par lui parler de son agression d'hier soir, toujours attentif aux réactions de sa chérie. Cette dernière tentait au mieux de retenir ses larmes devant tant d'horreurs, souhaitant rester forte pour lui. Mais comment ne pas craquer dans une telle situation ? C'était tout bonnement impossible pour la rédactrice qui sanglota silencieusement, écoutant l'histoire dans son ensemble. Le monologue se termina finalement par un simple « voilà, tu sais tout à présent ». Une phrase qui donna à Carson un pincement au cœur, car non, elle ne savait pas tout et préférait peut-être ne pas le savoir, car si un bref résumé de sa vie la mettait dans cet état, comment réagirait-elle à la partie longue ?

— Dis-moi à quoi tu penses, mon ange, ordonna faiblement le paternel de Flora, observant la triste moue qu'abordait son amante. Tu sais que tu peux tout me dire. Rien n'a changé depuis, je suis toujours ton confident.

— Je pensais seulement à... commença la jeune femme, la voix tremblante et de nouvelles larmes dévalant ses joues. À la fois où je suis entrée comme une furie dans ton bureau pour obtenir cette maudite interview, à notre relation, au fait que l'homme que j'ai toujours aimé et que j'aime encore aujourd'hui en a épousé une autre pour fonder une magnifique famille, qu'il a mis en scène sa propre mort, qu'il... C'est l'image que je voulais garder de toi. Celle d'un amant qui avait trouvé son âme sœur et que j'ai perdu parce que je n'ai pas eu le courage de lui avouer mes sentiments... Un amant mort pour le bien de sa fille, même si ça, personne ne le savait.

— Marisa, ce mariage était une pure erreur. La pire que j'ai pu commettre jusqu'à présent. Je me suis laissé aveugler par Katherine, par son passé... Je voulais juste l'aider, mais j'ai finis manipuler comme un autre de ses nombreux pantins. Encore aujourd'hui, je regrette ce choix. Mais je n'éprouve aucun remord à avoir eu cette merveilleuse fille qu'est devenue Anastasia. J'aurais simplement aimé qu'elle t'ait eu pour mère, tu aurais été parfaite pour ce rôle.

Le fugitif sourit, déposant son front contre celui de sa compagne.

— Si seulement j'avais réussi à déjouer ses plans, ce jour-là... Nous serions devenu une vraie famille et Ana aurait grandi dans un foyer uni et non dans une horreur pareille.

— Rien n'est encore terminé, Jay, le rassura la blonde. Tu es encore dans les temps pour offrir une adolescence et un passage dans l'âge adulte heureux à ta fille. Il suffit de battre cette conna -

— Ne termine pas cette phase, querida, ricana-t-il, son doigt contre ses lèvres. Il n'est pas nécessaire d'en arriver là.

Les deux tourtereaux restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, profitant silencieusement de la présence de l'autre. Mais soudainement, un détail crucial frappa la norvégienne de plein fouet et aussitôt, elle s'écria :

— Tu m'as suivie ?!

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Un chapitre plutôt calme, mais la suite promet d'être mouvementée.

Des avis sur l'histoire ?
Des théories sur la suite ?

𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

❤️

Claudia M.T.C

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