𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓
— U L T I M E S O U H A I T —
井の中の蛙、大海を知らず
MES PAUPIERES SE PLISSENT malgré le fait qu’elles soient déjà fermées. De longues secondes s’écoulent avant que je ne daigne les ouvrir. Mais je les clos de nouveau à cause de la vive lueur d’un néon m’aveuglant.
Passant une main sur mon visage, je tente de frictionner mes traits afin de me réveiller. Au bout d’un certain temps, je parviens à reprendre suffisamment mes esprits et réaliser que je suis en train de me réveiller.
Un bâillement franchit mes lèvres et je me redresse afin de m’étirer et observer les lieux m’entourant.
Mes sourcils se froncent en reconnaissant la salle de repos de la bibliothèque. Sous mes fesses s’étale le canapé de cuir brun bouffé par les mites et au fond, un plan de travail anthracite se voit parcouru d’une cafetière, un évier, une bouilloire. Un réfrigérateur le borde tandis que quelques placards le surplombent.
Mes sourcils se froncent. Pourquoi suis-je en train de dormir ici ? Je devrais être au travail.
Soudain, mes yeux s’écarquillent et je réalise. Marineford. Ace. La guerre. Ma tentative pour le sauver. Mon bras tendu en sa direction. Nos regards se croisant. La douleur me déchirant en deux. Le sang envahissant ma bouche.
— Ace ! je m’exclame en me retournant vers la porte.
Mais aussitôt, une pierre tombe dans mon estomac et mes yeux s’écarquillent. Là, devant la porte, une silhouette se tient.
Et ce n’est pas du tout le noiraud.
Au-dessus d’un foulard noir dissimulant la moitié d’un visage, deux yeux me fixent dont un, strié d’une cicatrice brisant aussi son sourcil. Je ne vois rien de ses cheveux, dissimulés sous une large capuche sombre se prolongeant en une cape. Celle-ci traine derrière un corps habillé de tissus de la même couleur et centré par un corset.
Dépassant de ses omoplates, deux sabres se croisent.
Les bras croisés sur sa poitrine, elle me fixe. Je ne peux rien deviner de ce qu’elle pense. Ses traits sont relativement inexpressifs et en parti caché. Je ne peux donc que me contenter de tenter de deviner. En vain. A part un certain malaise s’emparant de moi, rien ne me vient.
— Qui êtes-vous ? je demande simplement.
Elle ne répond pas tout de suite, marquant un silence relativement long avant de murmurer dans le silence tendu :
— Tu es brave. Peu de gens aurait osé lancer ce sort sans être sûr d’y survivre.
Mes sourcils se haussent et je pose immédiatement la main sous mon teeshirt, m’attendant à trouver un large pansement ou une chaire grossièrement recousue à la place de mon ventre. Mais ma peau est étonnamment lisse sous ma paume.
Cependant elle ne me laisse pas le temps d’en être étonnée :
— Le Silence guérit toutes les blessures. C’est d’ailleurs pour ça qu’en faisant Voyager Ace, tu étais censé le soigner.
— Je sais très bien mais Olympe m’a dit que le Silence ne pouvait pas supporter tant de douleur et qu’il évacuerait la souffrance en m’infligeant la plaie.
Elle acquiesce.
— C’est pour ça que quand tu as matérialisé Ace dans tes bras puis vous deux, ici, ton ventre s’est ouvert en deux et tes organes sont tombés hors de ton corps.
Je me souviens de cette affreuse douleur, en effet. Mais aussi et surtout qu’elle ne s’est apaisée que lorsqu’il m’a tenue dans ses bras.
Mes yeux s’écarquillent soudain. Si mon corps est tout à fait intact et qu’Ace n’est pas à mes côtés, alors cela signifie que…
— Comment va Ace ? Que s’est-il passé ? Est-ce que le processus a pu s’inverser ? Et…
— Du calme, me coupe-t-elle d’une voix ferme.
Elle n’a même pas haussé le ton mais il se dégage d’elle une telle puissance, une aura si dense que je ne songe même pas à protester et obtempère. Elle se détache enfin du mur, avançant jusqu’à la table devant le canapé. Celle-ci est faite en bois et ses pieds sont ouvragés.
Je fronce les sourcils en remarquant quelques pinces de métal, compresses et bouteilles jonchant la nappe transparente.
— Si tu étais morte, il t’aurait suivi. Aucun de vous deux n’aurait pu survivre à ce qu’il s’est produit.
— Quoi ? Mais j’ai tout encaissé et…
— Et tu t’es trompée, la dernière fois, me coupe-t-elle.
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi elle parle. Elle me regarde enfin.
— Il y a douze membres au sein du Cercle Impérial et chacun a un pouvoir. Olympe est omnisciente, Edward est un soigneur, Bosuard a une force surhumaine. Cela correspond au pouvoir de nos douze dieux. Toi, par exemple, tu as hérité des pouvoirs du dieu de l’amour.
Je ne réponds même pas, abasourdie. Vient-elle de dire que je suis un membre du Cercle Impériale ? Une pierre tombe dans mon estomac. Sa phrase m’a fait l’effet d’une claque. Je ne songe même pas à parler.
Elle poursuit, ignorant mon trouble.
— Olympe t’a demandé de créer un lien commun à ceux que nous faisons tous. Un de ceux que j’ai créé, moi, pour vous sauver, toi et Ace.
Mon cœur rate un battement. Cela veut-il dire qu’Ace est vivant ? Qu’une personne tierce soit intervenue, comme l’avait supposé Olympe ?
— Toi, tu t’es servie de tes pouvoirs et a créé un lien encore plus fort mais qui n’aurait eu aucune utilité dans cette situation.
— Comment ça ?
— Le lien des âme-sœur, pouvoir lié au dieu de l’amour. Cela te permet de comprendre l’autre et de l’aider à se soigner mais, entre million d’excellentes choses pour vous deux, cela signifie aussi que vous ne pouvez pas vivre l’un sans l’autre.
Mes sourcils se froncent. Elle comprend que je ne saisi pas forcément ce qu’elle dit.
— Si tu étais morte, il serait décédé juste après toi.
— Quoi !? je ne peux m’empêcher de m’exclamer.
— Ace et toi êtes liés à vie, maintenant. Et à mort, aussi. Il s’agit d’un lien extrêmement puissant et unique. Si tu avais pu recevoir des enseignements dignes de ce nom et non te contenter du discours de l’abrutie qui nous sert de devin, elle aurait sans doute pu t’expliquer ce que tu t’apprêtais à faire.
Je ne réponds pas, encore prise de court. En une poignée de secondes, une parfaite inconnue m’a révélé que j’étais membre du Cercle Impérial, qu’elle m’avait sauvé ainsi qu’Ace et que celui-ci était mon âme-sœur à cause d’une mauvaise exécution de ma part.
Heureusement que je suis assise sinon je serais tombée.
— J… Je… Pourquoi nous avoir sauvés ? Et où est-il ?
Malgré le foulard dissimulant la moitié de son visage, je devine aisément le sourire tordant ses lèvres. Ses yeux ne se plissent qu’à peine, comme si celui-ci était en coin.
— Car bien qu’étant du genre solitaire, Ace a sauvé mon peuple par le passé et jamais je ne l’oublierai. Lui sauver la vie était la moindre des choses à faire. Et il est dans la pièce d’à côté.
Mes sourcils se froncent. Ace… a sauvé notre peuple ? Il ne m’en a pourtant jamais parlé.
— Mais qui êtes-vous ? je murmure.
Le corps de la femme scintille d’une lueur blanchâtre tandis qu’elle cligne lentement des yeux. Puis, juste avant de disparaitre dans un éclat violent, elle murmure :
— La Vipère.
Les yeux écarquillés, je fixe le vide où elle était encore, un instant auparavant. La Vipère ? Celle qu’Olympe a décrit comme la plus puissante des Voyageuses ? Une âme solitaire que nul ne pouvait retrouver ?
Cette femme vient-elle réellement de me sauver, me balancer au visage l’air de rien quelques cruciales informations et s’évaporer ?
De longues minutes me sont nécessaires avant que je ne bouge à nouveau, me remettant de la rapidité avec laquelle tout s’est déroulé. Cependant, quelque chose m’aide à revenir à moi très vite.
La Vipère a affirmé qu’Ace se trouvait dans la pièce d’à côté.
Brutalement, je quitte le canapé. Tout d’abord, je me dirige vers la porte. Mais je me ravise au moment de toucher la poignée et rebrousse chemin afin de me tourner vers le plan de travail. Je ne sais pourquoi je ne peux m’empêcher de passer de l’eau sur mon visage, ordonner légèrement mes vêtements et pincer ma peau afin d’atténuer ses possibles gonflements.
Puis, buvant de l’eau en espérant améliorer mon haleine matinale, je me dirige à nouveau vers la sortie.
Le couloir est silencieux. Etant arrivée ce matin à la bibliothèque avec deux heures d’avance, je ne suis pas vraiment surprise de constater que ni mes collègues, ni des visiteurs sont encore là. Tant mieux, cela me permettra de m’occuper d’Ace.
En toute hâte, je rejoins la deuxième salle de repos que je sais être plus large mais où je n’ai pas l’habitude de me rendre. Mon manager s’y détend et seul lui peut accéder à cet endroit. Cependant je suis ravie que la Vipère ait fait le choix d’installer le noiraud ici.
Ouvrant la porte de bois sans toquer, je rentre à pas de loup dans la salle. S’il dort, je m’en voudrais de le réveiller.
Aussitôt, mes yeux se posent sur les hautes fenêtres partant du sol et se finissant en demi-lune donnant sur le jardin et illuminant la pièce. Devant celles-ci, un large canapé convertible est déplié. Celui-ci est vide mais une couverture roulée en boule trahit la présence récente d’un endormi.
Devant lui, une table basse de verre est traversée d’un verre ayant visiblement été utilisé.
J’ignore la télévision écran plat dans le fond de la pièce et me tourne vers la partie de gauche où se trouve normalement l’accès à une salle de bain privée. Si Ace ne dort pas, il a peut-être — enfin — décidé de prendre une douche.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
Me coupant dans mon geste, la voix grave du garçon résonne mais je suis surprise par son ton cassant et agressif. Fronçant les sourcils, je lui lance un regard et le vois en train d’enfiler un teeshirt noir que la Vipère a dû lui apporter.
Ici, il n’est pas courant de se balader torse nu.
Mes sourcils se froncent. Il ne me regarde même pas. Après la douleur que j’ai lu dans son regard lorsque je me suis infligé sa blessure, à Marineford, je me serais attendue à ce qu’il déborde de joie et me prenne dans ses bras. Sûrement pas à ce qu’il m’ignore et me parle méchamment.
— Je…, j’hésite, décontenancée, je voulais être sûre que tu allais bien.
— Et bien tu es sûre, maintenant. Tu peux partir.
Sa réponse cinglante me fait l’effet d’une claque.
— Je peux savoir ce qu’il te prend ?
Il ne répond pas tout de suite, passant une main dans ses cheveux sans pour autant me regarder. Mon estomac remue dans mon ventre. Son comportement ne me dit rien qui vaille. Je déglutis péniblement.
Enfin, il pose les yeux sur moi. Mais la colère dans ses iris est telle que je regrette presque d’avoir souhaité qu’il établisse un contact visuel.
— Il me prend que je t’avais demandé de me laisser mourir.
Mes sourcils se froncent et un rire sans joie me prend.
— C’est une blague, c’est ça ? je demande. Tu veux me faire l’une de tes farces douteuses où tu me fais la gueule pour de f…
— UNE BLAGUE !? hurle-t-il en m’arrachant un sursaut. Manquer de te tuer en me sauvant, me forcer à vivre dans un monde qui n’est pas le mien, m’arracher à ma famille qui ne pourra plus me voir, TU APPELLES CA UNE BLAGUE ?
Hébétée, je n’ose même pas répondre. De tous les scénarios de retrouvailles suivant le moment où je lui ai tout de même sauvé la vie, jamais je n’avais envisagé celui où il me hurlait dessus après avoir d’abord refusé de me regarder.
Mais la parole me revient bien vite, cependant.
— Je t’ai quand même sauvé la vie et tu avais laissé entendre que je pourrais intervenir si j’y survivais ! Jamais tu ne m’as parlé du fait que tu ne voulais pas vivre loin d’eux et q…
— Tu ne m’as pas sauvé la vie, c’est elle ! crache-t-il en pointant le vide du doigt. Et c’est aussi elle qui m’a expliqué ce que t’avais oublié de me dire, à savoir que mon père est mort et que je ne pourrais jamais retourner sur Grand Line, que je suis coincé dans un monde que je ne connais pas et ne comprends pas !
Il brise la distance entre nous de quelques pas et, se penchant vers moi, me fusille du regard. Son nez frôle le mien et nos fronts se touchent presque. Ses pupilles dilatées et les tremblements de son corps trahissent sa rage infinie. La chaleur de son corps épaissit l’air qui devient de moins en moins respirable.
Mon estomac se noue.
— Tu m’as trompé en mentant sur le prix à payer. Je ne veux plus jamais rien avoir à faire avec toi.
Puis, là-dessus, il me double et claque la porte.
井の中の蛙、大海を知らず
2186 mots
hehe on atteint un point
important de l'histoire là
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