𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏
















— U  L  T  I  M  E    S  O  U  H  A  I  T —






















             LE SOLEIL COMMENCE à se coucher tandis que nous marchons cote à cote le long d’une plage. Nos pieds s’enfoncent dans le sable chaud et le silence est reposant. Après tant d’évènements déroulés, tout cela m’apaise.

             Sans volonté, mon corps s’est matérialisé sur Grand Line, dans un bar où se trouvait Ace. Après nous être disputés sur la lettre que m’a fait parvenir son père, il est parti et des hommes ont tenté de me tuer. Intervenant, il m’a sauvée la vie avant de faire de moi son otage le lendemain. Puis, me trainant à l’aube sur un port, il s’est ravisé pour m’emmener au bain public après lesquels nous avons rencontré une Voyageuse m’ayant confié le prix pour lui sauver la vie. Après une dispute, il m’a fait promettre dans une taverne de le laisser mourir puis a fracassé le crâne du gérant sur le comptoir avant de s’enfuir en me portant.

             Un soupir me prend. Si toutes les journées sont aussi rythmées que celle-ci, je risque de décéder avant lui.

— On dort où, cette nuit ? je demande en regardant le ciel s’assombrir peu à peu.

             Nous avons implicitement décidé de ne plus mentionner son décès ou Barbe Noire. Le temps viendra où croiser le second le mènera au premier. Et il le sait. Alors, pour l’heure, nous préférons nous concentrer sur d’autres choses.

             Je ne peux rien changer à ce qui est écrit dans One Piece. Il affrontera Barbe Noire et ira à Marineford de toute façon, qu’importe combien j’essaye de l’en dissuader.

— Je sais pas, je comptais me reposer à la belle étoile.

— Dehors ? je répète, plutôt inquiète en croisant les bras sur ma poitrine. 

             Un rire moqueur le prend.

— Oui, dehors. Un problème, la flipette ? lance-t-il.

             Ma mâchoire se contracte et le fusille du regard.

— La quoi ? je crache en serrant les poings.

— La flipette ! rétorque-t-il hilare.

             Me distançant de plusieurs pas, il se tourne vers moi et marche à reculons afin de me laisser le soin de le voir, hilare, se moquant ouvertement de moi. Je serre les dents en le voyant faire, agacée.

— J’ai pas peur ! je gronde.

— Ah oui ? rétorque-t-il avant d’abattre ses bras sur son torse et frotter sa peau, m’imitant. « Dehors » ?

             Mon poing se serre en le voyant mimer une moue terrorisée.

— T’es vraiment stupide ! J’avais juste pas envie d’avoir froid ! je rétorque, vexée.

— Tu sais très bien que t’as aucune chance d’avoir froid avec moi, joli cœur, rétorque-t-il dans un clin d’œil.

             Une vague de chaleur me submerge face à l’évident sous-entendu. Me raidissant, je cesse de marcher. Il éclate de rire en me voyant faire, visiblement très amusé par mon embarras.

— PETIT CON ! je tonne en serrant les dents.

— Tu sais que t’es mignonne, quand t’es gênée et effrayée ?

             Aussitôt, je cours en sa direction, prête à en découdre. Me voyant faire, il m’imite afin de s’échapper. Le sable sous mes pieds est chaud tandis que je le fends, soulevant des grains dans mon sillage.

             Devant moi, il se déplace à vive allure, hilare. Son rire résonne dans la plage vide tandis que le ciel s’assombrissant nous couvre. De temps en temps, il jette un regard en ma direction pour surveiller mon avancée :

— Allez ! Du nerf, ma petite dame ! se moque-t-il en me voyant peiner à le rattraper.

— PETIT CON !

             Il rit de plus belle mais, brutalement, s’éloigne de l’eau. Ecarquillant les yeux, je le vois mettre une distance entre lui et la plage, s’approchant des quelques arbres nous séparant du centre-ville. Mon cœur rate un battement. S’il se réfugie dans les bois, je n’aurais aucune chance de le retrouver.

— NON ! je hurle.

             Mais il est trop tard, il franchit la lisière du bosquet tandis que quelques mètres nous séparent et disparait derrière un arbre. Je tente de le suivre, désireuse de le faire payer. Cependant, je comprends très vite que la mission sera compromise pour moi quand le silence des bois m’assaille.

             Autour de moi, l’obscurité est omniprésente. Les arbres privent mes yeux de la lumière du jour. Une puissante odeur de terre embaume l’air tandis que des chants d’oiseaux retentissent çà et là. Pourtant tout cela n’a rien d’apaisant.

             Je suis seule dans un monde que je ne connais pas et je n’ai aucune idée d’où est passé mon unique guide.

— Ace ? j’appelle d’une voix hésitante.

             Seul le silence me répond. La gorgée nouée, j’observe les arbres autour de moi. Leurs troncs sont épais pour la plupart et quelques toiles d’araignées s’étendent sur eux. Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ces séries terrifiantes où des cadavres sont retrouvés dans ce genre de coin.

— Ace ? j’insiste, pas bien rassurée.

             Mais, encore, le silence le répond. Mon cœur bat à vive allure. Je tourne plusieurs fois sur moi et constate avec horreur que je ne sais même pas où est la plage. Je me suis trop enfoncée.

— Ace, c’est pas drôle ! j’insiste en sentant mes mains trembler.

             Mes yeux me brûlent et j’en ai honte. Lui qui me charriait à l’instant sur ma peur serait sans doute hilare de me voir au bord des larmes à cause de celle-ci. Mais cette situation est étouffante, je suis terrifiée.

— Ace ! j’insiste.

             Tournant encore une fois sur moi-même, je déglutis péniblement. Qu’importe dans quelle direction je regarde la sensation qu’un être tapi dans l’ombre m’épie, dans mon dos, me transit d’effroi.

             Mon cœur bat avec ardeur.

BANZAAAAAAAAAAAAAAAAI !

             Un hurlement strident franchit mes lèvres quand deux bras se referment sur moi et un torse se presse à mon dos. Mes jambes cèdent sous mon propre poids et, s’il n’en avait pas été de ces biceps me soulevant de terre, je serais déjà effondrée sur le sol.

             Bientôt cependant, je réalise que le cri a été formulée par une voix aussi familière que la chaleur du corps pressé à moi. Ace me repose sur le sol et je me dégage aussitôt de lui, le foudroyant du regard.

— T’es vraiment qu’un gros con ! je vocifère aussitôt, mon cœur battant avec ardeur.

             Il éclate de rire.

— Tu vois que t’es qu’une flipette !

             Mes poings se serrent. J’ai bien failli faire une crise cardiaque à cause de cet abruti. Quelle idée de se cacher dans une forêt déserte et sombre pour porter quelqu’un par surprise !? Il est définitivement idiot !

             Le pire étant son hilarité. Il ne cesse de rire tandis que, croisant les bras, je l’observe faire sans partager le moins du monde son émotion. J’ai failli m’uriner dessus et même mourir mais il se marre. Non seulement je suis embarrassée mais aussi en colère.

— T’as bientôt fini, oui ? je gronde en tapant du pied sur le sol.

             Il secoue la tête, incapable de répondre tellement il rigole.

— C’était incroyable ! lance-t-il entre deux hoquets. T’aurais dû t’entendre !

— Je me suis entendue, abruti, je grogne.

— Pas assez bien sinon tu saurais combien c’était ridicule !

             N’y tenant plus, il se laisse tomber sur le sol, roulant sur le dos pour rire encore plus fort. Un sourcil réprobateur haussé, je l’observe faire. Il souhaite se payer ma tête, bien entendu. Mais les blagues les plus courtes sont les meilleurs.

             Soufflant, je lève les yeux au ciel.

— Tu vas t’arrêter, oui ? je le rappelle à l’ordre.

— NON ! hurle-t-il.

             Agacée, je tourne les talons. Il serait temps que ce gamin se décide à grandir.

             Mais je n’ai de toute façon pas le temps de faire le moindre pas que deux bras épais s’enroule autour de moi. Son torse se plaque à mon dos. Atterrée, j’écarquille les yeux en sentant la chaleur du corps d’Ace m’embraser. Cet idiot n’a aucune idée de ce qu’il vient de faire.

             Raide contre lui, je dois réprimer un soupir quand je l’entends éclater de rire.

— ET TU PEUX PLUS BOUGER !

— T’es vraiment qu’un gamin, je lâche en levant les yeux au ciel.

— Arrête, je sais que tu m’adores, pouffe-t-il.

             Je soupire

— Tu prends une douche une fois par mois, m’enchaine, insinue des horreurs sur moi et essaye de me tuer en me provoquant une crise cardiaque donc non « adorer » n’est pas le bon mot, je cingle.

— Un jour, tu comprendras que tu peux pas te passer de moi, charrie-t-il en se penchant dans le creux de mon épaule.

             J’ai conscience du fait que cela n’est qu’un jeu pour lui. Mais il a affolé mes sens de ce simple geste et mon cœur bat à toute vitesse.

             Mettant fin au supplice, il me relâche brutalement. Puis il me dépasse afin de se planter devant moi. Là, posant deux mains sur mes épaules, il demande simplement :

— Bon, on dort ici ?

             Mes sourcils se haussent brutalement et je regarde autour de moi. Des arbres, de la terre, des vers, de l’obscurité… Je vois beaucoup de raison de refuser et trop peu d’accepter. Mon corps tremble.

             Si cet abruti prend toutes ses décisions comme il choisit ses lieux où dormir, c’est un miracle qu’il ne meurt pas avant Marineford.

— Dors si tu veux, mais pas moi.

             Il m’observe un instant.

— Okay !

             Puis, sans me poser davantage de questions, il se retourne avant de s’allonger sur le sol, posant son chapeau sous sa tête. Atterrée, je l’observe faire. Bêtement, je m’étais attendue à ce qu’il soit pris d’un élan de bienséance et me propose de creuser sa bourse pour une nuit à l’hôtel.

             Mais ses yeux se ferment sans qu’il ne se préoccupe de moi.

             De longues secondes s’écoulent et il conserve la même position. Embarrassée, je l’observe. Sans doute est-ce une blague, comme tout à l’heure. Il va bientôt sauter sur ses pieds, hilare, et me chambrer parce que je l’aurais cru.

             Enfin, je crois cela dans un premier temps. Puis sa poitrine se soulève de moins en moins rapidement et quelques ronflements percent le silence. Je réalise alors qu’il ne blague pas du tout et qu’il se fiche entièrement de mon opinion sur notre lieu de sommeil.

             Me sentant bien bête, je me résigne donc et m’agenouille. Mais la forêt est froide et je grelotte. Mes yeux se posent sur Ace. J’hésite. Son fruit du démon lui confère une température corporelle supérieure à la moyenne qui suffirait à vaincre toutes les températures.

             Mais il faudrait pour cela que je sois près de lui et je ne suis pas sûre qu’il apprécie.

             Quelques instants, je le jauge. Puis mes paupières se font lourdes et un bâillement franchit ma gorge. J’ai besoin de dormir. Qu’importe si cela l’agace. Précautionneusement, je m’accroupis donc à une dizaine de centimètres de lui, tentant de conserver un léger espace entre nous.

             Une grimace me prend en observant le sol boueux. Qui sait combien d’insecte se tapisse dans l’obscurité de la matière ? Un soupir franchit mes lèvres. Je vais bien devoir me résigner et m’y allonger, pourtant.

             Prenant place, je frissonne. Malgré l’air chaud provenant de mon dos où se trouve Ace, la terre fraiche m’arrache un spasme. Hésitante, je finis par poser ma tête dans la terre, mal à l’aise. Je ferais payer à cet abruti de m’avoir fait endurer un lieu de repos aussi insalubre.

             Soudain, un bras fort s’enroule autour de ma taille. Mes yeux s’écarquillent quand son visage se penche dans le creux de mon épaule et qu’il murmure juste en-dessous de mon oreille, y projetant son souffle chaud :

— Les princesses dans ton genre sont pas habitués à ce genre de confort, n’est-ce pas ?

— Pas vraiment…

             Un faible rire le prend.

— Si tu veux pas être en contact direct avec le sol, je peux supporter ton poids.

             Mes sourcils se froncent et je tourne la tête vers la gauche. Grossière erreur. Notre proximité me frappe soudain de plein fouet quand nos nez se frôlent. Son regard s’attarde sur mes lèvres. Je fais de même avec les siennes.

             Il semble comprendre que je n’ai pas saisi son sous-entendu. Alors, fixant toujours aussi intensément mes lèvres, il murmure :



















— Allonge-toi sur moi.
























2009 mots

voilà l'update du jour !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top