𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐎𝟗















— U  L  T  I  M  E    S  O  U  H  A  I  T —





















             CLAQUANT LA PORTE derrière moi, je sors de la chaumière abandonnée en toute hâte. Nous avons pénétré celle-ci dès que nous l’avons remarqué, à la lisière d’une forêt. Mais l’air y est maintenant étouffant et même si elle n’a sans doute aucun véritable propriétaire étant donné son état, je ne veux plus passer un seul instant de plus à l’intérieur.

             Derrière moi aussitôt, les bruits de pas d’Ace retentissent.

— (T/P) ! Attends ! s’exclame-t-il.

             Mais je ne l’écoute pas, mon cœur battant à tout rompre.

— Attends, elle se trompe sans doute ! insiste-t-il.

— Ah oui !? je m’exclame aussitôt en me retournant. Elle sait que je t’ai rencontré dans un bar, que mon prénom est (T/P) et que ton père m’a écrit une lettre, elle a l’air de savoir un paquet de choses !

             Olympe, dont nous parlons actuellement, ne nous a visiblement pas suivie jusqu’à l’extérieur. Debout devant la porte fermée de la chaumière, Ace m’observe. Malgré les litiges nous ayant opposé, je discerne un brin de compassion dans son regard.

             Il a entendu tout comme moi les paroles de cette Voyageuse. Pour lui sauver la vie, je dois me sacrifier.

— Tu n’as pas à faire ça, me lance-t-il.

— Tu sais très bien que si, je rétorque d’un ton hargneux.

— Ah oui ? Parce que quelqu’un t’y oblige peut-être ? me chambre-t-il d’un air moqueur.

             Serrant le poing, je fais quelques pas énergiques en sa direction.

— MA CONSCIENCE M’Y OBLYGE !

— BAISSE D’UN TON ! tonne-t-il immédiatement.

— J’AI LE DROIT D’ÊTRE EN COLERE ! CERTAINS PLEURERAIENT ET D’AUTRES HURLENT !

             Mais il secoue la tête, serrant les dents.

— Non, tu n’as pas le droit.

             Je me fige, atterrée. J’ai été envoyé ici afin de sauver Ace. Même si je ne suis pas obligée d’aller au bout de cette mission, j’ai découvert l’existence réel d’un personnage que j’admire et ai été chargée de lui sauver la vie. Non seulement j’ai noué une certaine affection envers lui…

             Mais, à présent, je suis en plus confrontée à un choix cornélien.

— Pas le droit ? je répète, outrée. J’ai bien entendu ce que tu viens de dire ?

— Je suis celui qui va mourir et qui le sait, gronde-t-il. Tu n’as pas le droit d’être en colère.

             Mes yeux s’écarquillent. Mon sang ne fait qu’un tour.

— Pardon ?

             Les poings serrés, je franchis la distance entre nous. Nos regards ne se lâchent pas, ardents et destructeurs. Nous deux savons combien cette conversation sera cruciale, qu’elle va signer notre destinée. Et nous avons la chance de pouvoir choisir celle-ci.

             Ce sera lui ou moi.

— Je n’ai pas fait mon choix, je tonne.

— Oh, arrêtes ! lâche-t-il, agacé. On sait tous les deux que c’est toi que tu vas choisir ! Tu me fais quoi, là ? Tu veux ton moment « guerrière absolue qui réfléchit à la vie » ? Tu te crois dans une légende ?

             Ma mâchoire se contracte.

— C’est pathétique de faire croire que tu comptes me sauver alors qu’on sait tous les deux que tu ne tiens pas assez à moi, ne serait-ce que pour l’envisager.

— Ce n’est pas simplement de te sauver qu’il s’agit, monsieur « moi, je » ! Ce sauvetage implique ma mort, c’est normal que j’hésite ! je crache.

— MAIS TU N’HESITES PAS ! C’EST FAUX !

             Un sursaut me prend quand sa voix fend l’air. Autour de nous, le silence brutal de la forêt me fait réaliser qu’avant qu’il ne hurle, des oiseaux chantaient. Malgré moi, je baisse les yeux un instant. Il en profite pour s’écarter, marchant pour se canaliser.

             Respirant difficilement, je laisse le silence s’installer entre nous. Il le brise d’une voix redevenue calme :

— C’est d’un pathétique… Toutes ces personnes qui prétendent être de grands guerriers prêts à se sacrifier pour les autres alors qu’en réalité, ils n’ont même jamais envisagé cette option.

             La gorge sèche, je ne parviens même pas à répondre et me contente de regarder Ace. Son chapeau est baissé sur ses omoplates. La tête basculée en arrière, il regarde le ciel.

             Comme s’il envisageait dès à présent sa future vie en ces lieux.

— Et là, tu détiens ta chance de t’apitoyer sur ton sort, de pleurer en disant que tu envisages de te sacrifier pour moi alors que tu ne le feras pas…, soupire-t-il avant d’ajouter dans un rire sarcastique, et dire qu’ils disent des Voyageurs qu’ils sont un peuple de courageux et vaillants guerriers.

— Il n’y a aucune honte à avoir peur de se sacrifier pour quelqu’un, je parviens seulement à répondre, les yeux humides.

— Mais il y en a à prétendre vouloir le faire juste pour s’attirer les lauriers.

             Ma gorge est sèche. Jamais auparavant je n’avais envisagé l’idée de mourir pour sauver Ace car je ne songeais pas que la mission que m’avait confié le Seigneur des Pirates impliquerait cela. Cependant, à présent, je me dois de réfléchir à cette option.

             Mais Ace dit vrai… Puis-je seulement songer à l’idée de me sacrifier, abandonner mon monde sans aucune explication, mourir au cours de mon « coma », laisser mes proches sans réponses pour une personne que je croyais n’être que fiction, il y a encore quelques jours ?

— Je ne veux pas m’attirer les lauriers, Ace. Je ne suis juste pas accoutumée à cette vie-là et je n’avais pas imaginer une seule seconde que pour te sauver, il faudrait faire cela, je me défends d’une voix étranglée par l’émotion. A l’origine, je voulais juste aider ton p…

— Non.

             Surprise par son ton ferme, je ne peux dissimuler le faible sursaut qui me prend. Mes sourcils se froncent.

— Non ? je répète.

— Il n’est pas mon père et il ne m’aimait pas.

— Si, il t’aimait, je réponds immédiatement sans réfléchir.

             La réaction du noiraud est immédiate. En un battement de cil, il se retrouve juste en face de moi. Par réflexe, je recule jusqu’à ce que mon dos heurte un arbre. A cet instant précis, il pose une main au-dessus de ma tête pour m’enfermer dans sa large silhouette.

             Plus aucune douceur n’allume son regard, seulement de la colère à son état le plus brute. Ses iris sont sombres, la rage y est pure.

— Et qu’est-ce que t’en sais ? crache-t-il entre ses dents serrées.

             J’ai merdé. Gol D. Roger est un point sensible pour Ace. Je n’aurais pas dû le mentionner et sûrement pas donner mon opinion sur leur relation.

             Je ne suis qu’une lectrice extérieure. Lui, il a vécu cet abandon.

— Arrête de te prendre pour ce que tu n’es pas, grogne-t-il. T’es pas une guerrière, t’es pas une force de la nature, t’es pas un martyr qui va me sauver et t’es sûrement pas une putain de devin qui sait mieux que moi ce que mon géniteur a fait.

— Il m’a envoyé une lettre pour te sauver, je ne peux m’empêcher de répondre, vexée qu’il me rabaisse si explicitement.

— IL A ABANDONNE MA MERE ! ELLE S’EST EFFORCE DE ME GARDER DANS SON VENTRE JUSQU’A S’EN RENDRE MALADE PAR AMOUR POUR MOI ! POUR ETRE SURE QUE JE NE PAYE PAS LE PRIX D’AVOIR EU LE MALHEUR D’ÊTRE LE FRUIT DE SES ENTRAILLES !

             Il attrape mon haut, me secouant légèrement tandis que sa voix vrille mes tympans. Des larmes imbibent ses yeux et un mélange de colère et douleur déforme ses traits.

— ET TU CROIS POUVOIR ME DIRE QUI IL ETAIT ? MAIS JE SAIS, QUI IL ETAIT !

             Violemment, il abat son poing au-dessus de ma tête. Un sinistre craquement retentit et il recule immédiatement, marchant loin de moi pour se calmer. Mais sa colère prend vite le dessus.

— IL NE M’AIMAIT PAS SINON IL AURAIT ETE LA !

             Dos à cet arbre dont l’écorce me griffe les omoplates, hébétée, je ne parviens à faire le moindre mouvement. La douleur d’Ace s’entend dans ses cris. Nous ne nous connaissons à peine mais, face à la menace planante de la faucheuse, il semble apte à laisser s’effondrer ses barrières rapidement.

             Jamais je n’aurais cru le voir hurler de la sorte sa peine. Il est si…différent de ce à quoi je m’attendais.

             Le silence revient peu à peu, comme une caresse après la violence de ses cris.

             Il baisse la tête, fermant les yeux. Les mèches noires de ses cheveux tombent devant ses yeux à ce geste, obscurcissant de façon à peine visible ses traits. Je m’attarde un instant sur ses lèvres rosées qu’il attrape soudainement entre ses dents, les mordant avidement.

             Il se retient d’hurler à nouveau. Je le sens. Il n’est pas homme à laisser parler ses émotions, d’ordinaire.

             Ce qui vient de se passer est tout fait inhabituel.

— Ne me sauves pas.

             Mes yeux s’écarquillent. Il lève la tête et me regarde enfin, laissant voir un sourire triste.

— J’ai été injuste avec toi. Je ne sais rien de ce qu’il se trame dans ton esprit et si tu comptes réellement faire quelque chose pour moi. Mais je te demande de renoncer.

             Mon cœur bat avec ardeur.

— S’il-te-plaît, (T/P), ne commets pas l’erreur de te sacrifier pour moi.

             Mes épaules tremblent. Je secoue la tête lentement, comme pour l’empêcher de poursuivre. Mais il n’écoute pas mes supplications silencieuses.

— Je n’ai jamais su si j’étais digne de vivre mais…

             Il marque un temps d’arrêt, déglutissant péniblement.

— …Mais si quelqu’un mourait pour me permettre de vivre, alors je serais sûr d’être indigne de respirer.

             Je ne tiens plus. Une larme coule sur ma joue. Se détournant de moi, il s’éloigne. Je sens qu’il a besoin d’être seul et partage la même envie. Alors je ne le suis pas. Mes yeux se contentent d’observer ce champ de vision rendu flou par mes pleures où il rapetissie à mesure qu’il s’éloigne.

             Bientôt, il s’envole derrière un arbre. Là, je réalise la présence d’une autre personne. Essuyant mes joues en toute hâte, je me tourne vers la chaumière.

— Tu as tout entendu ?

             Olympe s’y trouve. Droite dans sa robe blanche, elle regarde l’endroit où a disparu le noiraud, il y a quelques instants avant de poser à nouveau les yeux sur moi. Elle n’a même pas besoin de formuler une réponse à haute voix.

             Elle ne serait pas sortie si elle n’avait pas assisté à l’intégralité de notre dispute.

             Une autre larme coule sur ma joue. Une certaine gêne me prend à l’idée qu’elle nous ait regardé nous déchirer. Mais je dépasse bien vite mon embarras.

— C’est vraiment ce qu’il va se produire ? Il n’y a pas d’autres moyens ?

             Un soupir triste la prend.

— Les blessures d’Ace sont trop importantes lors de la guerre Marineford. Ce sera dur de le déplacer sans t’endommager aussi. Il faut être particulièrement puissant pour survivre à une telle procédure.

— Tu veux dire que certains y survivent ? je m’exclame, une lueur d’espoir s’allumant en moi.

— Beaucoup y survivent, nuance-t-elle.

             Je me redresse, attentive.

— Mais ce sont les membres les plus puissants du Cercle Impérial, explique-t-elle. Pour ma part, je ne sais pas si j’y survivrais. Edward n’a jamais essayé, la Louve l’a fait maintes fois mais elle n’est plus en état de se battre…

— Le Cercle Impérial…, je répète.

             Elle penche la tête sur le côté avant d’acquiescer.

— Notre peuple a deux empereurs appelés les Impereceis. Autour d’eux s’arquent des sortes de ministres, des chefs d’armée. Au nombre de douze, ils forment le Cercle Impérial. Chacun dedans à des pouvoirs spécifiques et je crois que tu as déjà rencontré Bosuard dotée d’une force surhumaine, Edward capable de guérir les plus profondes blessures ou encore Dan qui peut se muer en ombre et même ressentir les émotions des autres.

             Mes sourcils se froncent.

— Oui, je leur ai déjà parlé ! Mais cela veut dire que… Ils sont membres du Cercle Impérial ? Une sorte d’élite ?

— Si on veut…

— Et aucun d’entre eux n’a assez de puissance pour sauver Ace à ma place ? je demande.

             Elle secoue la tête.

— Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Le destin t’a désignée comme la sauveuse d’Ace quand tu as récupéré cette lettre. S’interposer entre toi et ton destin en le sauvant à ta place c’est encore le meilleur moyen de précipiter sa mort.

             Un nœud se forme dans mon estomac. Le poids de sa révélation pèse sur mes épaules.

— Donc c’est moi ou rien ? je murmure.

— T’as plus qu’à espérer que ce jour-là, t’aies soit développé assez tes pouvoirs pour survivre, soit qu’un Voyageur extrêmement puissant croise ta route et te sauve les miches quand la procédure te tuera.

             Je secoue la tête. Tout cela est excessivement dangereux et Ace m’a demandé de ne pas intervenir.

             Alors pourquoi suis-je réellement en train d’envisager de lui désobéir ?

— Et dans le genre « Voyageurs puissants »… Ce serait toi ?

— Oula, non ! s’exclame-t-elle. Je t’ai dit que je ne pense pas que j’y survivrai et ce, même si je suis membre du Cercle Impérial.

— Alors, qui ? je lance, alarmée.

             Elle penche la tête sur le côté, songeuse.

— Il y a beaucoup de Voyageurs puissants… Les Impereceis, déjà… Mais bon, l’Imperecea vient tout juste de découvrir ses pouvoirs et l’Impereceo est la pire ordure existante. Il y a la Louve mais elle n’est pas en état de se battre… Je suis sûre qu’Edward serait assez puissant mais ce serait la première fois qu’il le tente…

— Et ? C’est tout ? je demande. Personne d’autre ?

             Je sens bien qu’elle hésite à poursuivre. Un nom lui brûle la langue.

— Olympe ? j’insiste.

             Elle soupire, résignée.

— Et bien, il existe une Voyageuse, la plus puissante de toutes. Craint parmi les mondes, elle a gagné le respect de grands noms tels que Gol D. Roger, Barbe Blanche mais aussi Livai Ackerman et Yami… C’est la plus redoutable de nos guerrières mais on ne peut que douter de sa loyauté et je doute qu’elle acceptera de te sauver la vie…

             Elle pince les lèvres.

— Elle est du genre « loup solitaire ».

             Mes sourcils se froncent.

— Comment ça ? De qui tu parles ?

— De l’ancien bras droit de l’Impereceo. Le plus grand soldat parmi le Cercle Impérial.

             Mon estomac se noue. Olympe plonge ses yeux clairs dans les miens avant de laisser enfin entendre son nom :















— La Vipère.



























2363 mots

voilà le deuxième
update !

d'ailleurs si l'histoire
de la vipère vous intéresse
n'hésitez pas à lire
le joueur de flûte où
t/p est la vipère !


bref ma pub est finie hehe

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