𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐎𝟖
— U L T I M E S O U H A I T —
— T’ES SÛR DE toi ? je lance en regardant l’espace s’étendant autour de nous.
— Sûr de chez sûr !
Mes sourcils se froncent. Nous sommes au cœur d’un marché. Au-dessus de nos têtes, le ciel s’est davantage illuminé, adoptant quelques lueurs bleutées. De profondes odeurs épicées et fruitées s’insufflent dans nos narines tandis que nos défilons entre les étalages.
Devant nous, diverses personnes déambulent devant les draps blancs tendus sur des barres de fer. Parmi les rayons, de la viande, des fruits, des légumes, des poissons, des plantes, des herbes et tout un tas d’autres produits sont visibles.
Mes sourcils se froncent. Je suis sortie quelques minutes après Ace du bain thermal, ayant tenue à être seule pour me changer et je l’ai alors découvert, debout en train de discuter avec un homme imposant. Une fois la conversation finie, le noiraud m’a affirmé qu’il savait où il pourrait trouver des réponses à ses questions et me débarrasser finalement de mes chaines.
Celles-ci sont solidement refermées sur mes poignets. A nouveau. La cape noire le dissimule mais je reste prisonnière.
— Comment elle est censée s’appeler, déjà ? je lance en observant attentivement autour de moi.
— Odile, je crois. Odile Lorain.
Mes sourcils se froncent et je m’arrête.
— Je te demande pardon ? Tout à l’heure, c’était Oprah quelque chose.
— Bah j’ai dû me tromper, elle s’appelle Aurore.
Mes yeux s’écarquillent.
— Putain, mais on peut rien te demander, à toi ! je rugis. T’as même pas retenu un putain de nom !?
Levant les paumes à hauteur de son visage, il fait mine de se rendre.
— Il y avait un nom et un prénom, se défend-t-il.
— Mais c’est pas une raison pour être aussi con ! je m’exclame en levant les yeux au ciel. Bon, tu me fais chier, libère-moi.
Il croise les bras, catégorique.
— Non.
— Libère-moi, bordel ! je tonne entre mes dents serrées en m’approchant de lui, menaçante.
— Tout à l’heure, c’était un test. J’ai condamné le portail de flammes mais si t’étais vraiment une Voyageuse, tu te serais téléportée. Ce qui signifie que tu mens.
Mes sourcils se haussent. Je ne suis pas habituée à ces pouvoirs. A vrai dire, je n’ai pas songé un seul instant au fait que cette sortie était envisageable. Sans doute ma volonté d’accompagner Ace jusqu’à Marineford pour le sauver était-elle trop grande.
Mais j’ai merdé.
— Tu mens, tu n’es pas une Voyageuse, reprend-t-il. Donc j’avais raison, tu es une complice de Barbe Noire.
Mon sang ne fait qu’un tour.
— Non mais, c’est pas vrai ! je craque, tapant du pied sur le sol. Qu’est-ce que tu comprends pas dans « j’ai rien à voir avec lui » !? Mais, fais chier, qui m’a refilé un con pareil ! Mais c’est vraiment le plus crétin de Grand Line ! Il trouve plus con, il tape dessus pour rester champion, ce mec !
Sa large main se refermant sur mon épaule me ramène soudain à la réalité. Brutalement, je me tais et lève les yeux vers lui. Cependant son regard n’est pas dirigé vers moi. Je suis ce dernier et découvre une femme, au loin, achetant un couteau particulièrement affuté.
Son visage m’est étrangement familier. De son nez cabossé à ses cheveux châtains parsemés de mèches roses, elle me rappelle quelqu’un.
— C’est elle, lance-t-il.
— Comment tu le sais ?
— La robe qu’elle porte, il me la décrite.
J’observe celle-ci. Il est vrai qu’elle n’est pas banale. Blanche, serrée par une ceinture juste en-dessous de la poitrine et peinte d’oiseaux et fleurs sur sa longueur. Il s’agit-là d’une fresque des plus précise.
Soudain, elle se tourne vers nous. Comme si elle savait exactement où nous nous trouvions, ses yeux accrochent immédiatement les nôtres sans la moindre hésitation et, d’un geste de la main, elle nous invite à la rejoindre.
Nous n’hésitons pas. Après tout, nous sommes venus la voir.
— Bonjour, je lance en arrivant devant elle.
— Bonjour. Ace. Ultime Souhait, dit-elle en nous regardant respectivement.
Un instant, je me demande si je ne ferais pas mieux d’agir comme si je connaissais son nom. Mais je me résigne bien vite.
— Et vous ?
— Olympe Loreen, répond-t-elle dans un simple sourire.
Ma mâchoire se contracte et je fusille Ace du regard. Il le fuit aussitôt, regardant avec un peu trop d’insistance les couteaux derrière la jeune femme.
— « Odile Lorain » ? je répète. Espèce de bouffon.
Olympe rit légèrement.
— Allons parler ailleurs, déclare-t-elle simplement.
— Vous savez de quoi je veux vous parler ? s’interroge aussitôt Ace.
Elle marque un temps d’arrêt, rangeant le couteau sous sa ceinture noire.
— La réponse à ta question sera rapide. En revanche, étayer les tiennes…, lâche-t-elle en coulant un regard dans ma direction.
Mes sourcils se froncent.
— Je n’ai aucune question.
Elle sourit énigmatiquement.
— J’ai tout de même les réponses.
Prise de court, j’échange un regard surpris avec Ace. De toute évidence, nous pensons la même chose.
Cette nana a un grain.
Mais relativement vite, elle met fin à ce contact visuel. Elle doit se douter de ce que nous pensons. Et aussi du fait que nous avons tort.
— Tu peux sauver Ace, Ultime Souhait. Tu peux le sauver de la mort qui l’attend à Marineford et ce, même si les livres prétendent le contraire.
Aussitôt, elle capte mon attention. Me tournant vers elle, je fronce les sourcils. Effectivement, il s’agit d’une chose qui me travaille. Mais jamais je ne lui aurais posé la moindre question dessus car j’aurais été convaincue qu’elle ne détenait pas les réponses.
Penchant la tête sur le côté, elle nous offre un sourire compatissant.
— Sauver Ace n’aurait rien d’un exploit. C’est même à la portée de n’importe quel Voyageur, lance-t-elle.
Mon intérêt est piqué. Même si le garçon s’est avéré être un chieur de première catégorie, je ne désespère pas de trouver une solution au drame. Et ce, même si je me doute à la façon qu’il vient d’avoir de se tendre qu’il n’est pas du tout d’accord avec l’idée que je le fasse échapper à la mort.
Il sait comment il finit. Et il craint que son frère périsse à sa place s’il survit.
— (T/P), reprend Olympe, la question n’est pas de savoir si tu peux sauver Ace…
Ses prunelles bleues se plantent dans les miennes.
— Seras-tu en mesure d’en payer le prix ?
ꕥ
— Alors elle mentait pas !?
La voix d’Ace résonne dans la chaumière que nous occupons. Celle-ci est sombre et humide, le lierre a envahi les murs et une profonde odeur de pétrichor occupe la salle. Cette dernière est unique. Assise derrière une large table recouverte de plantes, Olympe nous regarde.
De notre côté, nous lui faisons face. Sur le sol s’étale un parterre de feuilles mortes. Cette bicoque semble abandonnée.
— Non, je ne mentais pas, je soupire en levant les yeux au ciel. Tu peux me délivrer, maintenant ?
Ace ignore royalement ma demande, les yeux écarquillés en fixant la femme nous faisant face. Les bras croisés sur sa poitrine, elle met quelques instants avant de comprendre qu’elle doit répondre à la question du noiraud.
Même si elle l’a déjà fait.
— (T/P) est une Voyageuse et n’a rien à voir avec Barbe Noire, tonne-t-elle d’un air ennuyé.
— Et comment je peux être sûr que vous-mêmes, vous êtes pas membre de cette équipage ?
— Parce que les Voyageurs haïssent Barbe Noire. Dois-je vous rappeler qu’il fait parti des sympathiques pirates qui nous vendent au plus offrant ? Les Voyageurs sont réduits en esclavage sur Grand Line, mon chou.
Ecarquillant les yeux, Ace brandit son doigt en sa direction.
— Et comment je peux être sûr que vous êtes vraiment une Voyage…
Sa voix meurt dans sa poitrine. En un battement de cil, elle a disparu. Il y a une seconde, elle se trouvait sur la cime de bois servant de chaise et, maintenant, elle n’est plus.
Abasourdie, je regarde Ace. Mais à l’instant à je me tourne vers lui, je l’aperçois à nouveau.
Elle se trouve juste derrière le pirate et se penche à son oreille pour murmurer :
— Bouh.
Un sursaut le prend et il hurle, reculant de plusieurs pas. Malgré les liens à mes poignets, j’éclate de rire en me penchant en avant. Mon buste se plie violemment et j’ignore le regard noir que me lance Ace.
— OH LA FLIPETTE ! je hurle, mes joues dissimulant la moitié de mon champ de vision tant elles sont dressées.
— Boucle-la ! rétorque-t-il.
— FLIPETTE ! FLIPETTE !
— Je t’ai dit de te taire !
— GROSSE FLIPETTE !
Il me tire la langue dans un élan de maturité tandis que, quelques mètres en retrait, Olympe observe la scène, médusée. Bientôt cependant, nous retrouvons notre calme. Nous redressant et faisant face à la jeune femme, nous peinons à la regarder dans les yeux.
Prenant une inspiration, elle demande simplement :
— Seuls les Voyageurs peuvent se déplacer comme je viens de le faire. Alors tu sais que je suis honnête. Ace, tu peux la délivrer, je te prie ?
Il ne se fait pas prier. Ses mains se placent soudain sur mes poignets, irradiant leur forte chaleur. Quelques cliquetis mécaniques retentissent avant que mes mains se fassent soudain plus légères. Les chaines s’écrasent dans un fracas au sol et je ramène mes poings devant mes yeux pour les masser.
Aussitôt, Olympe attaque le sujet le plus sensible de la conversation. Et la phrase avec laquelle elle introduit le sujet n’est pas des moindres.
— Pour sauver Ace, tu dois mourir.
Mes yeux s’écarquillent.
— T… Quoi ? T… T…
— T’aurais peut-être pu attendre qu’on prenne une chaise ou…, lance Ace.
Mes jambes se font en effet soudainement flageolantes. Le noiraud semble s’en rendre compte car sa paume se pose soudain sur le bas de mon dos, me soutenant. Le geste pourrait me toucher si je n’étais pas si atterrée.
Je ne parviens pas à décrocher les yeux d’Olympe.
— Une chaise n’aurait pas fait de différence, autant être cash surtout que c’est très complexe.
Mes sourcils se froncent.
— Les Voyageurs voyagent entre les dimensions, le nom vient d’ailleurs de là. Mais il y a différents types de Voyages. Moi, à l’instant, suis en voyage complet. Mon corps a entièrement quitté la terre où nous avons grandis pour aller sur Grand Line.
— Et ce n’est pas mon cas ? je devine.
— Non. Il faut être assez entrainés pour arriver à se déplacer entièrement. Les déplacements involontaires comme les tiens sont semi-aboutis.
— Comment ça ?
— Comme je te l’ai dit, j’ai entièrement voyagé. Mon corps a disparu de notre monde pour apparaitre dans celui-ci. Toi, tu t’es plutôt dédoublée.
Mes sourcils se froncent. Je ne suis pas sûre de comprendre.
— Quand tu as voyagé jusqu’à Grand Line et es apparue dans ce bar avec Ace, tu n’es pas simplement disparu de ton monde comme moi. Tu as donné l’impression de t’évanouir. Ton corps est devenu flasque, car ton âme l’a quitté pour rejoindre un nouveau corps sur Grand Line. Celui que tu as maintenant.
— Attends… Tu veux dire que ce corps n’est pas le mien ? je lance en touchant mes hanches puis mon visage.
— Bien sûr que si, c’est le tien. Tu t’es comme dédoublée.
— Mais pourquoi j’ai pas juste voyagé comme toi !? C’est tellement compliqué…
Elle penche la tête sur le côté.
— C’est normal les premières fois. Les univers sont très divers et vastes, s’y perdre est facile. Le fait de laisser un « corps » dans ton véritable monde est comme un point de repère pour ton âme, afin que tu rentres plus facilement chez toi. Avec le temps, tu apprendras à te débarrasser de ça.
Mes sourcils se froncent.
— Attends mais ça veut dire que là, je suis évanouie depuis un paquet de temps quand même…
— Tu es sans doute à l’hôpital, Edward m’a dit qu’il t’y ferait interner pour s’assurer qu’on nourrisse ton autre enveloppe corporelle.
Je prends une grande inspiration, encaissant tant bien que mal la nouvelle. La main d’Ace dans mon dos m’aide à ne pas perdre l’équilibre.
— Pour résumer, pour sauver Ace, il faudra faire la même chose.
Mes sourcils se froncent. De quoi parle-t-elle ?
— Ace doit donner l’impression de mourir comme dans le manga, on ne peut pas changer cela. On y arrivera pas. Il faut donc accepter de le sauver tout en donnant l’impression, comme dans One Piece, qu’il est mort à Marineford.
Sa paume se fait moins ferme sur mon dos. Je le sens se redresser, attentif.
— Que voulez-vous dire ? lance-t-il en fronçant les sourcils.
— Quand tu seras sur le point de pousser ton dernier soupir, elle va te dédoubler comme elle l’a fait avec elle-même. Ton âme quittera ton enveloppe corporelle pour rejoindre une copie « saine », sans blessure dans un autre monde. Et pendant que ton corps « sans vie » s’effondrera dans les bras de Luffy, le véritable toi reparaitra ailleurs.
Mes yeux s’écarquillent. Mais oui, bien sûr ! J’ai juste à m’entrainer à déplacer d’autres corps d’ici là. Mais la solution que me donne Olympe semble inespérée. Un soulagement. Un salut.
— Mais… Tu as parlé d’un prix à payer…, je murmure.
— Effectivement, lance-t-elle. Si tu sauves Ace de cette façon…
Elle penche la tête sur le côté.
— Eh bien tu mourras à sa place.
2211 mots
désolée j'ai totalement
oublié d'update hier
donc je le ferais deux fois
aujourd'hui !
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