𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐎𝟕














— U  L  T  I  M  E    S  O  U  H  A  I  T —
















井の中の蛙、大海を知らず

























— BONJOUR, QUE PUIS-JE faire pour vous ?

             Perchée derrière un large comptoir en mosaïque dans les tons bleus et rosés incrusté de coquillages, une vieille femme nous fixe derrière ses lunettes rectangulaires. Habillée d’une robe blanche simple couvrant son corps imposant, elle se fond dans la pièce.

             Celle-ci, composée de mille et un fragments de carrelages assemblés en mosaïques aux diverses teintes pastels, s’étend sur quelques mètres. A notre droite et notre gauche, des fauteuils moelleux sont visibles. Marquant un couloir jusqu’au comptoir de la standardiste devant laquelle nous nous trouvons, quelques colonnes se font voir.

             Il n’y a personne. Je n’en suis pas très surprise, le soleil commence à peine à se lever.

— Je viens vous voir parce qu’elle pue, lance Ace en posant une main large sur le sommet de mon crâne avant de frictionner celui-ci.

             Ma mâchoire se contracte. La vieille dame arque un sourcil avant de m’observer quelques instants.

— Et c’est parce qu’elle pue que vous l’avez enchainée ?

             Brutalement, nous tressaillons. Bien qu’il s’agisse d’une simple standardiste inoffensive, Ace a été limpide sur le fait que nul ne devait remarquer mon statut de prisonnière. Cependant cette femme ne semble pas vraiment avoir un œil de lynx et il ne lui a fallut qu’un seul instant pour comprendre cela.

             Mais le noiraud, riant bruyamment, met fin à la tension prenant place dans l’air avant que celle-ci ne nous étouffe.

— C’est une esclave. Je veux la laver avant de l’emmener chez moi. Je l’ai acheté ce matin à des pirates.

             Secouant la tête lentement, elle semble avaler cette histoire sans pour autant cautionner les paroles du noiraud.

— Pauvre petite, il n’y a personne dans les bains, vous n’avez qu’à y aller directement ensemble.

— Ensemble !? je m’exclame.

— Oui, ensemble, répète la vieille dame sans sembler comprendre mon désarroi. Vous êtes une esclave, vous n’avez plus de droit sur votre corps de toute façon et selon les lois de cette île vous ne pouvez pas être sans la surveillance de votre maitre.

             Un frisson me parcourt. Elle a prononcé ces paroles avec une assurance telle et un manque d’empathie si marqué que, malgré son « pauvre petite » de tantôt, ma gorge se serre. A ma gauche, je sens Ace se raidir tout aussi franchement.

— Vous avez des vêtements de bain ? demande-t-il.

— Oui.

— Alors, nous allons en mettre. Même si je sais que madame adorerait me voir nu.

             Le clin d’œil qu’il me lance me donne envie de le gifler. Mais je ne peux pas, étant attachée.

— Tais-toi, je grogne.

— T’inquiètes, joli cœur, tout le monde a ses petits fantasmes, se moque-t-il en m’adressant un clin d’œil.

             Ma mâchoire se contracte face à son amusement flagrant. Son visage délicatement penché sur le côté lui confère un air ingénu tranchant abruptement avec ses propos.

— Connard.

             La standardiste sursaute, ne s’attendant visiblement pas à une telle insulte venant d’une « esclave ». Mais, aussitôt, je me tourne vers elle avec un sourire poli. Je tiens ma vengeance.

— Ne vous en faites pas, il s’agit de ses ordres. Il aime être insulté.

             Ace se raidit, à ma gauche.

— Tous les goûts sont dans la nature, j’ajoute.

— Je…, hésite-t-elle, hébétée. Oui, je suppose que oui. Bon, huit berries chacun et quatre de plus pour les vêtements.

             Sans plus de cérémonie, le noiraud sort quelques pièces d’une bourse qu’il pose sur le comptoir. Puis, plaçant une main sur mon épaule, il marche à côté de moi pour me guider jusqu’à l’arcade menant aux vestiaires.

— Tu vas pouvoir te changer, avec tes chaines ? lance-t-il haut et fort. Je sais que t’adores être attachée mais je pense que tu vas devoir laisser tes penchants salaces de c…

             Brutalement, j’abat mon talon sur ses orteils. Aussitôt, il se courbe en avant en poussant un couinement de douleur. Je le regarde faire, secouant la tête. Quel petit con, celui-là. Sans me préoccuper davantage de sa silhouette à présent assise sur le sol, je franchis l’arc et pénètre la salle seulement traversée d’un banc.

             Mes yeux s’écarquillent.

             A l’exception de casiers pour ranger nos affaires, il n’y a strictement aucune place pour se cacher et ôter nos vêtements. Hébétée, je reste pantoise plusieurs secondes durant. Ace rompt mon état de léthargie quand sa large main attrape soudain l’un de mes poignets liés.

             Sursautant, je me détends tout de même en entendant un cliquetis mécanique. Les poids sur mes membres s’allègent et les chaines tombent au sol, provoquant une cacophonie de sons. Aussitôt, je masse mes poings en les ramenant devant mes yeux.

— Bon, lance-t-il en me dépassant et me tendant des tissus noirs, je vais me changer et aller au bain, t’auras qu’à me suivre.

             Je saisis les vêtements, hésitante. Il ne perd pas un instant et, avançant de quelques pas, retire son chapeau ainsi que son short. Au moment où il ôte ce dernier, j’ai tout juste le temps de me retourner brutalement, les joues cuisantes.

             Dans ce mouvement, je me retrouve face à l’arcade. Celle-ci est traversée de flammes, condamnant la sortie. Les yeux écarquillés, j’observe le phénomène jusqu’à ce que la voix d’Ace retentisse derrière moi :

— Tu croyais quand même pas que j’allais te laisser toute seule dans cette pièce sans en condamner la sortie ? T’es mon otage, je te rappelle. La prochaine fois, t’y réfléchiras à deux fois avant de prêter allégeance à Barbe Noire.

             Soupirant bruyamment, je me retourne :

— Pour la dernière fois, je n’ai pas prêté allégeance à…

             Mais il n’est plus là. A travers l’arcade au fond de la pièce, je peux voir les murs beige traversé de reflets provoqués par l’eau du bassin de la salle thermale. Je devine qu’il est déjà dans les bains. Soupirant, je jette un nouveau regard à la sortie traversée de flammes.

             Levant les yeux au ciel, je me résigne et enfile le maillot une pièce finissant à mi-cuisses qu’il m’a prêtée. Je n’aurais qu’à me savonner à travers, cela fera l’affaire pour aujourd’hui. Dans un soupir, je rejoins enfin la seconde pièce.

             Une fois sur le seuil, les vapeurs de celle-ci me prennent aussitôt de court. Mais ma surprise se voit transcendée par mon ébahissement en voyant la salle.

             Vaste, traversée de quatre bassins aux formes arrondies et cernés de plantes en tout genre dont des cerisiers en fleurs, il dégage un aspect féérique des plus saisissants. Les murs en faux marbres se voient jalonnées des reflets de l’eau qui dansent dessus. Le plafond en verre laisse voir le ciel nous illuminant.

             Un sourire me prend. Ce lieu est vraiment magnifique.

             Cependant mon extase est de courte durée. Bien vite, mon regard s’arrête sur la seule autre personne dans la pièce. Ace. Allongé sur les marches menant au bassin le plus proche de moi, il a adopté la position de l’étoile de mer.

             La bouche ouverte et les yeux mi-clos, il semble tout proche de l’évanouissement. Son corps glisse lentement le long des marches, le niveau de l’eau grimpe au même rythme, menaçant d’obstruer ses voies respiratoires.

             Aussitôt, je réalise.

— Putain, mais oui ! Cet abruti peut pas nager !

             Immédiatement, je plonge. L’escalier se trouve de l’autre côté du bassin mais je n’ai pas de temps à perdre. L’eau se referme autour de moi, chaude et les produits me brûlent les yeux. Mais je garde ceux-là ouverts pour observer la silhouette du noiraud.

             Nageant quelques brasses, je franchis en une poignée de secondes la distance nous séparant. Puis, arrivée devant la silhouette du noiraud, je ne réfléchis pas et enserre son corps dans mes bras avant de remonter à la surface.

             Seulement son poids est alourdi par le contact de l’eau — cela étant un effet secondaire du fruit du démon. Posant mes pieds sur le fond du bassin, je me redresse de toutes mes forces en l’entrainant avec moi pour le soulever. Un cri manque de percer ma bouche fermée sous l’eau mais je parviens à le faire décoller de quelques centimètres.

             Enfin, je jaillis à la surface, prenant une profonde inspiration tout en maintenant le corps du noiraud. La tête de celui-ci est maintenant loin de l’eau, ses épaules étant à l’air libre. Essoufflée par cet effort, je recule.

— C’est pour ça… Que tu peux pas… Te laver…, je respire difficilement.

— Je peux mais ça prend du temps, murmure-t-il d’une voix embrumée.

             Je tourne les yeux à l’instant où, dans un soupir, il balance la tête en arrière. Aussitôt, sa pomme d’Adam ressort à cause du délicat voile luisant de sa sueur couvrant sa peau satinée. Puis, ses quelques mèches de jais tombant en une pluie fine autour de son visage charrient son délicat visage traversé d’un sourire ébahi.

             Ma gorge se serre face à cette vision.

— Mais si tu veux aller vite, tu peux me savonner toi-même.

             Mes yeux s’écarquillent.

— Quoi !? je m’exclame.

             Un faible rire le prend.

— Ah bah ça assume plus les blagues sexuelles, soudainement, chantonne-t-il d’un air moqueur.

             Aussitôt, mon estomac se retourne. A la fois embarrassée par ses propos ainsi que par son torse dénudé, je me contente de détourner les yeux. Mais il rit immédiatement en me voyant faire du coin de l’œil.

— Petit con, je siffle.

             Son hilarité redouble d’intensité et je vois ses épaules développées trembler. Agacée, je serre les poings.

— Boude pas, lance-t-il faiblement. C’est pas grave si t’as une grande gueule mais pas grand-chose derr

             Sa voix meurt brutalement dans sa gorge quand il sent le contact d’une éponge sur son corps. Ses yeux s’écarquillent et il relève la tête pour me regarder. Là, je prends conscience de notre position et de la stupidité de mon acte irréfléchi.

             Agacée par ses boutades, j’ai saisie l’éponge imbibée de savon disposée dans l’un des coffres bordant le bassin et, m’agenouillant sur les escaliers au-dessus de lui, de telle sorte que mes fesses se retrouvent sur ses cuisses, ai commencé à la savonner.

             Mais ma gorge est maintenant sèche et je peine à déglutir. D’abord surpris, il hausse les sourcils. Cependant mon propre embarras le pousse à sourire faiblement.

— Mais, enfin, joli cœur..., soupire-t-il en caressant distraitement ma joue du bout de son doigt imbibé d’eau.

             Je frissonne à ce geste.

— Il faut réfléchir avant d’agir.

             Ma mâchoire se contracte tandis que je le fusille du regard, bouillonnante.

— J’ai très bien réfléchis, je veux juste qu’on se casse vite, je tonne entre mes dents serrées.

— Vraiment ? répète-t-il malicieusement. Et c’est pour ça que tu trembles comme une feuille à l’idée de me savonner ?

             Sa chaleur et celle du bain m’assaille. Les genoux posés sur les marches, mon entrejambe pressé à ses cuisses, je ne respire que difficilement. Ma main tenant l’éponge traine toujours sur son torse. Les coulées d’eau savonneuses dessinent d’ailleurs les formes de ses pectoraux.

— Je ne tremble pas, je gronde.

— Mais tu n’y mets pas non plus du tien.

             Je tente de passer l’éponge sur son torse pour lui prouver le contraire mais aussitôt, l’une de ses mains enferme la mienne, l’attrapant tandis que son bras libre s’enroule autour de mon torse. D’un geste sec, il me rapproche de lui tout en se redressant lui-même.

             Malgré l’eau engourdissant ses membres, sa force reste impressionnante.

— Je vais te montrer, chuchote-t-il.

             Nos torses se touchent presque. Entre eux, nos deux mains liées tenant l’éponge restent sur son ventre. Je devine les formes de celui-ci sous le textile et déglutit péniblement. Sa tête basculée en arrière pour mieux observer mes expressions se fend d’un léger sourire.

             Ses doigts emprisonnant les miens bougent sur son propre corps, me forçant à le savonner. Il s’attarde sur ses abdominaux marqués avant de remonter jusqu’à son pectoral. Si l’éponge n’était pas là, je toucherais sa chaire à nue.

             Cette simple idée me pousse à détourner les yeux. Mais aussitôt, il presse son autre bras autour de ma taille pour me rappeler à l’ordre.

— Regarde-moi.

             Tremblante comme une feuille, j’obtempère. Non pas à cause de la sensation de mes fesses sur ses cuisses, de celles de nos torses se frôlant, de sa main guidant la mienne sur son buste ou de la chaleur étouffante mais simplement car je ne veux pas lui faire le plaisir de battre en retraite.

             Alors j’affronte son regard ténébreux, je surmonte les vapeurs qui m’assaillent en sentant son bras musclé entourant ma taille, ses cuisses fermes me porter, sa main guider la mienne ou même en entendant sa respiration lourde. Lui non plus ne rompt pas le contact visuel, frottant l’éponge sur son torse en se délectant de mes micro-expressions quand le bout de mes doigts frôle sa peau.

— A l’avenir, joli cœur, tu apprendras que le meilleur moyen d’éviter les brûlures…

             Il arrête sa main et se penche un peu plus vers moi. Nos nez se frôlent quand il murmure contre mes lèvres :

— C’est encore de ne pas jouer avec le feu.

             Puis, sans plus de cérémonie, il me relâche avant de me pousser légèrement loin de lui. Je me laisse faire, abasourdie et respirant difficilement. Sans me prêter aucune attention, comme si rien ne s’était produit, il s’empare de l’éponge et entreprend de continuer ce que nous avons commencé à l’instant.

             La gorge sèche, il me faut quelques instants avant de réaliser qu’il vient de se foutre ouvertement de ma gueule, se jouant de mes réactions à cause de notre proximité.

             Ma mâchoire se serre.







             Quel petit con.

























井の中の蛙、大海を知らず


























2276 mots

hehe

ça commence à s'échauffer
par ici

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