𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐎𝟔
— U L T I M E S O U H A I T —
井の中の蛙、大海を知らず
L’ENVIE D’HURLER DE frustration me démange.
Les poings liés dans le dos et ceux-là dissimulés par une cape noire que le pirate a balancée en travers de mes épaules, je soupire lentement. Mes pas sont courts, faiblement espacés et peu énergiques. J’ai du mal à avancer, déséquilibrée par l’entrave de mes bras liés derrière moi.
A côté, Ace semble bien plus détendu. Le ciel gris matinal et la fraicheur qu’il apporte le vivifie. Inspirant une puissante bouffée marine, il sourit pleinement en regardant les différents bateaux autour de nous.
Le port est vaste. Sur le sol gris, les boites imposantes visant à être exportées patientes non loin d’attroupements d’hommes divers s’apprêtant à grimper sur leurs navires. La taille de ces derniers varie. Je ne reconnais aucun des blasons accrochés aux mâts.
Qu’importe. Je n’aspire qu’à une seule chose : être délivrée pour pouvoir me servir de mes pouvoirs.
— Y’a un groupe de pirates dont le capitaine connait un paquet de choses sur les Voyageurs, lance Ace. Je parie qu’il nous aidera à savoir si tu mens. Et avance plus vite, tu lambines trop.
Se retournant vers moi, il hausse un sourcil pour mieux jauger le mètre nous séparant. Si mes mains n’étaient pas liées, je lui offrirais mon majeur.
Ce héros a bercé mes rêves et sa mort m’a transie d’effroi. Mais il fait de ma simple tâche consistant à le sauver un véritable calvaire. Tant et si bien que, à présent debout dans le froid mordant du port, je n’aspire qu’à une seule chose.
Rentrer chez moi.
— Et c’est qui, ce gros malin ? je lance, peu emballée.
— Shanks le Roux.
Je me fige, abasourdie. Les chaines dans mon dos tintent quand je m’arrête brutalement, juste derrière le noiraud qui se retourne à nouveau.
— Quoi !? lance-t-il, exaspéré.
— Rien… C’est juste qu’il est très connu chez moi…
— Calme tes ardeurs, crache-t-il en levant les yeux au ciel, il y a peu de chances qu’on le rencontre, de toute façon.
Mes sourcils se froncent.
— Je croyais que tu comptais le laisser me passer au crible pour te dire que je n’ai rien à voir avec Barbe Noire ?
— Ouais mais j’ai oublié de prendre en compte un petit élément, lâche-t-il en me distançant à nouveau de plusieurs mètres.
Fronçant les sourcils, je l’observe se retourner avant de s’appuyer à la coque d’un bateau. Une main sur le bois, l’autre sur la hanche et penché légèrement sur le côté, il lance simplement :
— Je n’ai absolument aucune idée d’où il se trouve.
Mes poings se contractent ainsi que ma mâchoire. Un jour, je finirai par tuer cet abruti d’Ace. Ou plutôt, je songe parfois, le temps d’un instant, à ne rien faire à Marineford. Mais je me reprends aussitôt, réalisant que son caractère d’abruti congénital n’est sûrement pas une raison de le laisser mourir.
— Putain mais merde ! je rugis en tapant du pied sur le sol.
— Désolé pour toi, joli cœur, tu ne vas pas pouvoir rencontrer l’élu de ton c…
— Mais j’en ai rien à foutre ! je le coupe en vociférant. J’ai les mains liées dans le dos comme une conne et je vais pas pouvoir rentrer chez moi jusqu’à ce que tu enfonces dans ton crâne vide le fait que je travaille pas pour l’autre connard !
Il hausse un sourcil et se redresse.
— Putain, je connais pas ce monde, je suis arrivée et me suis faite poignarder, j’aimerai rentrer chez moi pour savoir ce qu’il advient de moi dans mon monde, si je suis portée disparue mais monsieur me fait chier pour une CONNERIE.
— Une connerie ? tonne-t-il en adoptant soudain un air des plus sérieux. La traque de mon ennemi, d’un traitre, un frère qui a tué un de ses nakamas est une « connerie » ?
— Putain, j’ai pas dit ça…, je soupire en levant les yeux au ciel.
— C’est pourtant ce que j’ai entendu. Je veux simplement être sûr que tu n’es pas une ennemie ou amie d’un ennemi ! s’exclame-t-il.
— Et moi, j’ai faim, j’ai soif, je suis fatiguée, je veux changer de vêtements et surtout me laver mais je suis obligée de me coltiner un con qui a décidé de faire de moi son otage alors que je suis à l’origine là pour lui sauver les miches !
Ses sourcils se froncent et il croise les bras sur sa poitrine.
— Te laver ? répète-t-il.
— C’est tout ce que tu retiens !? je m’exclame en me penchant légèrement sur le côté malgré mes liens pour marquer mon effarement. Je te dis que ce monde est entièrement nouveau et terrifiant pour m…
— Mais t’as l’air propre, souligne-t-il.
Ma mâchoire ainsi que mes poings se contractent. Je dois faire preuve d’un contrôle de moi-même impressionnant en cet instant précis.
Car l’envie de lui latter la gueule me démange.
— Coupe moi encore une fois la parole et je te…
— Non mais, ce que je veux dire, c’est que…
— JE PARLE ! je rugis.
Autour de nous, quelques regards appuyés nous sont lancés. Il est tôt, l’air est frais et le soleil commence à peine à se lever. Je devine bien dans le regard des moussaillons disséminés sur les quais qu’ils songent qu’il est bien trop tôt pour une scène de ménages.
Prenant une grande inspiration, je m’efforce de ne pas céder à mes pulsions et lui hurler dessus toutes sortes d’insultes. Lui, de son côté, n’est pas grandement impressionné par mon agacement et reprend même là où il en était :
— Ce que je veux dire c’est que t’as aucune trace de crasse sur toi, je comprends pas pourquoi tu veux te laver.
Mes sourcils se haussent tandis que, désemparée, j’essaye de me dire que j’ai sûrement mal compris ses dires.
— Répète un peu, espèce de gros dégueulasse ? je lance au bout de quelques instants, cédant entièrement.
Je suis de nature plutôt calme, à l’ordinaire. Mais après avoir découvert que l’univers de One Piece est réel, j’ai été projetée dedans pour sauver un héros que j’affectionne et qui m’a prise en otage après que j’ai été poignardée.
A présent, je craque. Je ne peux même pas rentrer chez moi car cet abruti a décidé d’attacher mes mains — et que, même si je ne maitrise pas mes pouvoirs, mes diverses tentatives pour les actionner s’étant soldées par un échec, je me doute qu’il dit vrai sur le fait que, poings liés, les Voyageurs sont impuissants.
Ace ne soulève pas mon insulte et se contente de me montrer le dos, réajustant son chapeau. Mon regard s’attarde sur les mèches noires jaillissant de celui-ci et caressant sa nuque.
— Je comprends pas pourquoi tu veux te laver. Depuis combien de tempos tu l’as pas fait ? demande-t-il.
— Bah, depuis hier.
S’arrêtant à nouveau, il me lance un regard surpris par-dessus son épaule. Sans même se retourner, se contentant de ce bref coup d’œil, il hausse un sourcil dubitatif.
— Un jour ? Tu vas nous chopper une malade, toi, à force de trop te laver ! s’exclame-t-il en se retournant dans un rire moqueur.
Marchant à nouveau, il me distance aisément.
— Moi, ça fait deux semaines que je me suis pas lavé ! lance-t-il.
— Et il en est fier, en plus, je soupire en secouant mollement la tête.
Marchant difficilement, je franchis avec peine la distance nous séparant. Ace a de longues jambes, il se déplace vite et n’a pas les mains enchainées dans le dos. De mon côté, ma position me freine dans mes déplacements ainsi que la cape sur mes épaules qui ne cesse de glisser.
Je la laisserai bien tomber entièrement au sol mais lorsqu’il me l’a mise, le noiraud m’a expliqué que celle-ci était davantage là pour me protéger que pour le couvrir.
« Les pirates s’en foutent que j’ai une prisonnière. Mais j’ai pas envie de songer à ce qui peut t’arriver si ces gros porcs tombent sur une fille sans défense et attachée. Cache tes poings, c’est mieux. »
Arrivant à sa hauteur, je me plante à côté de lui tandis que, perché au bord, il observe l’eau ondulant sous l’éther gris.
— Je peux savoir ce que tu fous ? je lance.
— J’observe.
Sa réponse énigmatique et son ton froid ne m’exaspèrent que davantage. En temps normal, je sentirais sans doute ma gorge s’assécher face à la silhouette musclée d’Ace, debout devant la mer, ses yeux caressants celle-ci tandis que son chapeau projette une ombre sur son visage.
Mais en toute honnêteté, là, il me fait chier.
— Ah oui et, juste histoire que tu sois au courant, c’est pas normal de mettre des semaines à se laver.
— Chut.
Mes yeux s’écarquillent. Pardon ?
— Répète un peu, trou du cul !? je tonne immédiatement.
— Je réfléchis.
— T’es con comme une brique, qu’il y est du silence ou pas, ta réflexion t’amènera pas bien loin ! je crache, vexée.
— Tais-toi.
Mes poings liés se serrent. Il m’attache, me traine comme une prisonnière, m’empêche de me nourrir ou boire et, maintenant, il m’ordonne de me taire ? Et dire que je le croyais doux, gentil et prévenant.
Si j’étais libre mes mouvements, ma main aurait déjà fendue l’air.
— Espèce de sale c…
Mais mes mots meurent dans ma gorge quand une pression brûlante se referme sur ma bouche. Mon cœur rate un battement tandis que, l’espace d’un instant, mon esprit se fait vierge. Puis, soudain, je réalise.
La main d’Ace couvre la moitié de mon visage. Deux doigts posés sur mes lèvres lient celles-ci ensemble tandis que sa paume s’étale sur mon menton. La chaleur naturelle de son pouvoir couvre son épiderme d’une brûlure dense qui m’assaille.
— Bon…, lâche-t-il au bout d’un moment, visiblement exaspéré.
Les mains liées dans le dos, je ne peux rien faire. Et aucune envie de bouger ne me prend, étrangement, lorsqu’il rompt soudain la distance entre nous. Son visage se glisse juste devant le mien et nos nez se frôlent.
Mon estomac se soulève quand je réalise la faible proximité entre nous.
— …Si je t’emmène te laver et manger, tu promets de la boucler ?
Ses doigts s’écartent pour me laisser parler. Mais, dans ce geste, il caresse mes lèvres avec une douceur telle que mon ventre se contracte violemment. Ses yeux perçants m’observant dans les moindres détails ne semblent pas avoir raté ce détail puisque sa bouche s’arque soudain en un sourire en coin.
Mais il ne pipe mot.
— Je… Laves-toi aussi.
Dans un premier temps, ses sourcils se froncent puis, aussitôt, son sourire s’accentue.
— Y’a des façons plus adéquates de demander à un homme de…
— Va te faire foutre, c’est juste parce que t’es dégueulasse, je tonne en le fusillant du regard.
A ma grande surprise, mon insulte ne semble pas le blesser. Au contraire, quelques instants s’écoulent avant que, balançant la tête en arrière, il n’éclate d’un rire bruyant. Hébétée, je l’observe s’esclaffer bruyamment en tenant son ventre, quelque peu embarrassé par les regards des matelots intrigués par le bruit.
Cependant son hilarité est de courte durée et, une fois redevenue silencieux, il pose simplement la main sur ma tête et frotte celle-ci quelques instants :
— C’est mignon de ne pas assumer tes désirs, joli cœur.
Mes yeux s’écarquillent. Ses mots m’ont fait l’effet d’une claque. Une vague de chaleur m’assaille et, hébétée, je fixe quelques instants un point devant moi. Je n’ai aucune idée de quoi répondre à cette pique. Nier ne suffirait pas, il se moquerait encore davantage de moi. Mais l’idée de rester silencieuse et lui donner raison me coûte.
Car il se fourvoie entièrement.
Mais je n’ai le temps de répondre qu’il s’éloigne. Aussitôt, je me tourne vers lui, mes sourcils se fronçant :
— Changement de plan, aux douches ! hurle-t-il en brandissant le poing vers le ciel. Parce qu’elle pue !
Abasourdie, je ne songe même pas à répondre. Le fixant d’un air ahuri, je le laisser s’éloigner sans penser à le suivre, dans un premier temps. Mais il doit réaliser que je suis toujours à l’arrêt car, sans même se tourner vers moi, il lance :
— En route, la saleté !
井の中の蛙、大海を知らず
2009 mots
et voilà, comme promis
voici le nouveau
chapitre 6
il s'agit d'un nouveau
départ, je réécris cette
fanfiction et la
nouvelle version
me plaît vraiment
donc j'espère que ce sera
pareil pour vous
vous aurez un chapitre
par jour :)
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