𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐎𝟓

















— U  L  T  I  M  E   S  O  U  H  A  I  T —










井の中の蛙、大海を知らず





















             ASSISE SUR CE LIT, je ne sais trop quoi dire. Mes yeux sont écarquillés et ma gorge, sèche. J'avoue que je m'attendais à bien des choses, sauf à cela.

Comment ça..., j'hésite, mes sourcils se fronçant, me prendre en otage ?

             Son visage demeure inexpressif. Depuis le seuil de la porte, appuyé sur son bras et ses mains figées dans ses poches, il ne semble pas attendri par ma confusion. Au contraire, je crois même entrevoir un froncement de sourcils très léger.

Tu es un membre de l'équipage de Barbe Noire, assure-t-il. Alors si je te retiens ici avec moi, cela le forcera à sortir de l'ombre et venir à moi.

             Non mais dites-moi que je rêve.

             Je veux bien ressentir de l'empathie à l'égard d'un homme aux valeurs aussi nobles qu'Ace. Mais entre sa volonté de mourir et son incapacité à réaliser que je ne suis qu'une Voyageuse, je commence vraiment à remettre à question ses capacités intellectuels.

             En d'autres termes, cet abruti est bien le frère de Luffy.

Putain, mais t'es vraiment plus con que la lune, toi ! je lance, exaspérée.

             La surprise qui passe sur ses traits n'est pas feinte. Ses yeux s'écarquillent, haussant ses sourcils tandis que sa tête est prise d'un quasiment imperceptible mouvement de recul. Mais il se ravise très vite.

             Son visage se baisse, les ombres lui confèrent soudain une allure bien moins avenante. Et radicalement différente que celle que je lui connais dans le manga. Brutal, son expression a basculé et je réalise.

             J'ai réussi à faire d'un gamin aussi souriant un de mes ennemis.

             Chapeau l'artiste.

Tu crois réellement me duper ? interroge-t-il en haussant un sourcil. Tu es très clairement là pour me faire du mal.

Mais si je voulais te faire du mal, je t'aurais rien dit sur Marineford, je réponds, exaspérée en levant les yeux au ciel. Je sais que la connerie c'est une tradition familiale mais bordel, fais un effort.

             Aussitôt ma phrase prononcée, je vois un éclair de colère traverser ses yeux. Fugace. Mais particulièrement remarquable.

             Et, en le voyant, les bras croisés sur sa poitrine, le visage légèrement baissé mais son regard ancré dans le mien, il ne m'en faut pas beaucoup plus pour comprendre que j'ai fauté. En beauté, en plus.

             Il s'agit-là d'une magnifique erreur liée à une stupidité particulièrement conséquente.

             Je sais qu'Ace aime sa famille. Barbe Blanche, qu'il considère comme son père, est tout pour lui. Luffy est son frère adoptif, un de ses pilliers. Et, s'il meurt en protégeant son frère, après s'être laissé amoché afin de protéger l'honneur de son capitaine, cela montre quand même l'attachement qu'il leur voue, les ayant défendus jusque devant la faucheuse.

             Alors les insulter est tout sauf une bonne idée.

             Comme s'il tend à prouver ma pensée, Ace se meut soudain. Détachant son corps de l'encadrement de la porte pour prendre une position moins détendue, plus offensive, sur ses deux pieds, il se met soudain à marcher en ma direction. Peut-être est-ce le fruit du démon qu'il a ingéré, ou alors la puissante aura naturelle qu'il dégage, mais l'air s'échauffe soudain autour de nous.

             Assise sous les draps, dans une position plus que vulnérable — en convalescence et à peine réveillée — je ne sens que plus vivement notre différence de position.

             La tension est palpable. Ma gorge s'est asséchée. Presque instinctivement, je recule de quelques centimètres en le voyant s'approcher de moi. Il franchit les mètres avec une aisance que je n'ai pas. Il sait pertinemment qu'en termes de combat, il gagnerait.

             Il est, de ce point de vue, supérieur.

             Je déglutis péniblement et écarquille soudain les yeux. Mon cœur rate un battement. Mon souffle se coupe dans ma poitrine.

             Sans aucun égard pour le lit, il grimpe simplement dessus, enjambant le pied-de-lit. Saisie par le spectacle qu'il m'offre, je ne songe même pas à bouger et le laisse atterrir sur mon matelas.

             Etendue, je le regarde se hisser au-dessus de moi. La forte chaleur de son pouvoir se presse à mon corps sans qu'il ne me touche. Ses mains restent de chaque côté de moi ainsi que ses jambes. Nous n'établissons aucun contact physique. Mais je me sens frémir sous lui.

             Il est à présent à quatre pattes au-dessus de moi. Ses paumes sont figées à droite et à gauche de mon crâne, ses genoux font de même autour de mes hanches. Je n'arrive quasiment plus à déglutir, la gorge serrée.

             Il me domine par sa taille, sa chaleur, son aura, sa puissance et notre position. Je dois renverser ce schéma.

             Il faut que je prenne la tête.

             Mais là, maintenant, son visage est au-dessus du mien. Son nez parsemé d'une pluie de taches de rousseur n'est qu'à un souffle de moi. Je peux presque sentir ses lèvres contre les miennes. Et mes yeux, plongés dans les siens, sont confrontés à ses iris sombres.

             Quelques mèches de ses cheveux tombent sur mon front.

             Jamais je ne me serais imaginer entretenir une telle proximité avec lui. Ou avec un pirate déclarant me prendre en otage, d'ordre général.

N'insultes. Plus. Jamais. Ma. Famille.

             Sa voix est rauque, comme un grondement sourd. Malgré moi, je frissonne. Assurément, j'ai fauté.

             Qu'est-ce qu'il m'a pris de lancer une remarque pareille !?

             Ses iris sont encore au-dessus des miennes, accrochées et solides. Des volutes brunes dansent entre l'anneau noir les entourant et sa pupille ronde. Je me sens frémir. Il a l'air si réel. Sa colère, sa frustration, sa chaleur.

             Tout est si réel.

Ce n'est pas parce que t'es un joli bout de femme que vais hésiter à te faire payer tes paroles, tonne-t-il juste au-dessus de moi.

             Je me tais. Je ne sais pas trop quoi répondre.

             Il est puissant. Sa chaleur m'écrase et me presse contre le matelas, son corps au-dessus du mien n'a pas besoin de me toucher pour me dominer et, pourtant, je ne trouve rien d'humiliant dans cette position. Non.

             Elle est même très loin d'être humiliante.

             Mes entrailles se tordant dans mon ventre, la chaleur née au creux de celui-ci ne cesse de se répandre en moi, je respire difficilement.

             En fait, je crois que je suis vivifiée par cette situation.

Ce n'est pas parce que tu es un pirate que je dois protéger que je vais mâcher mes mots, je rétorque sur le même ton en avançant mon visage dangereusement vers le sien.

             Le temps d'un instant, fugace, presque imperceptible, je vois de la surprise dans son regard. Pour sûr, il ne s'attendait pas à une telle réponse.

             Et j'ai presque l'impression de saisir enfin une chance de renverser nos positions.

             Alors je poursuis sur ma lancée.

Je suis ici pour te sauver. Tu m'entends ? Te sauver. Une Voyageuse comme moi s'est faite chier à faire parvenir à ton père l'information selon laquelle il allait mourir et il a essayé de te sauver juste avant d'être exécuté. Si tu veux le haïr, libre à toi. Mais si tu comptes me faire payer ma mission de te protéger, je te donnerai du fil à retordre, je tonne.

Je ne te crois pas une seconde quand tu dis que Gol D....

Et moi je ne te crois pas une seconde quand tu affirmes être prêt à mourir, je le coupe sur le même ton.

             Il se fige, juste au-dessus de moi. Sa chaleur se plaque contre mon corps protégé par les draps mais la plus dense reste celle qui s'est éveillée en moi.

             Je parle à un personnage de One Piece.

             Je me dispute avec Portgas D. Ace.

             Ses yeux se promènent sur mon visage, sans doute à la recherche d'une trace de mensonge de ma part. Mais je demeure stoïque, le fixant intensément.

J'ai vu ce que tu es capable de faire tout à l'heure à la taverne et ce n'est pas très brillant, déclare-t-il après un bref silence, son nez touchant quasiment le mien et son souffle s'échouant sur mon visage. Crois-moi, tu ne veux pas te mesurer à quelqu'un de mon acabit.

Tu ne sais rien de mes capacités, je rétorque, le visage crispé par l'agacement.

             Qui sont moindres mais il n'a pas besoin de le savoir.

J'ai dû voler à ta rescousse alors qu'une dizaine de mecs seulement se trouvaient dans cette taverne, c'est pas ce que j'appelle un grand soldat.

J'ai été prise par surprise et le coup de couteau m'a immobilisée mais je te rappelle que je me suis soignée seule.

Seule ? répète-t-il avec un léger rire. Je t'ai emmenée dans cet orphelinat et ai pris le temps de rester à tes côtés.

Je ne t'ai jamais demandé de faire une chose pareille, j'oppose, respirant difficilement sous sa chaleur et sentant ses cheveux bruns sur mon front me chatouiller.

             Un léger sourire incurve ses lèvres.

Non, tu as raison. Ça, c'était pour avoir une otage digne de ce nom, murmure-t-il.

Je ne suis pas membre de l'équipage de Barbe N...

             Ma phrase meurt dans ma gorge quand je ressens une intense chaleur sur mon poignet. Je frissonne avant de réaliser qu'il s'agit de ses doigts, enroulés autour de mon bras. Et je n'ai le temps de comprendre pourquoi il m'a saisie qu'il le ramène au-dessus de ma tête et fait de même avec l'autre, achevant de me mettre dans une position vulnérable.

             Je ne tente même pas de me débattre, évaluant plutôt la position de mon genou par rapport à son entrejambe, prête à le frapper.

             Tandis que, d'une main, il maintient les miennes au-dessus de ma tête, je regarde nos corps. Il va falloir que je donne un angle particulier à mon coup de genoux mais je pense pouvoir lui faire payer son comportement de façon assez douloureuse.

             Seulement, au moment où je m'apprête à passer à l'action, sa main libre saisit ma mâchoire entièrement, son pouce s'étendant d'un côté et son index de l'autre. Il se sert de sa prise pour hausser mon visage, me forçant à le regarder dans les yeux.

             Et, quand je croise ses iris intenses, je déglutis péniblement. Est-ce qu'il a compris ce que je m'apprêtais à faire ? Que je comptais le frapper ?

             Bon sang je ne suis pas un pirate, moi ! Je ne manie pas l'épée, ne sait pas me battre et, rien que là, le simple fait d'avoir répondu à un homme que je sais être aussi puissant me liquéfie de l'intérieur.

Si tu es vraiment une Voyageuse, je connais assez ton pouvoir pour savoir que tu as besoin d'être libre de tes mains pour l'actionner.

             Il lâche enfin mes poignets et, lorsque je tire dessus pour les remettre à leur place, je remarque qu'ils ne bougent pas. Levant la tête, je vois une épaisse corde finement nouée autour d'eux. Je fulmine.

             Ce connard vient de m'attacher.

Putain ! je grogne en tirant dessus, vainement.

             Il se redresse enfin, se plaçant à genoux au-dessus de moi. Et, durant quelques instants, il m'observe me débattre, un sourire en coin aux lèvres.

             Je le fusille du regard.

Mais qu'est-ce qui m'a pris de vouloir sauver la vie d'un con pareil ! je me sermonne en tirant sur les liens.

             Il hausse légèrement les sourcils. Je pose un regard noir sur lui.

T'as le QI d'une poule, je vocifère.

             Il ne semble pas le moins du monde touché par ma remarque. Mais j'avoue que, pour ma part, je suis furieuse.

             Je viens aider un gamin décérébré à lui empêcher de mourir et, en guise de remerciements, il fait de moi son otage et m'accuse d'être membre de l'équipage de Barbe Noire !? Soit il est extrêmement blagueur, soit il absolument stupide.

             Sérieusement, sur quelles preuves se basent-ils pour me décréter comme ennemie ? Son intuition ? Il en a eu, de l'intuition, quand il s'agissait d'éviter le poing enflammé de l'autre connard !? Heureusement qu'il est pirate et pas avocat !

             Je suis furieuse.

             Je vais devoir me coltiner un abruti de pirate que j'idolâtrai durant un temps indéfini. Une vie m'attend, dans mon monde. Une maison, un emploi. Je ne peux pas me permettre de tout plaquer comme cela.

Détaches-moi, j'ordonne entre mes dents, prête à lui sauter au cou malgré mes liens.

             Son sourire en coin s'agrandit. Il croise les bras sur sa poitrine et continue de me fixer depuis sa position en hauteur, à genoux autour de moi.

Non, dit-il simplement.

             Je tire un peu plus sur les liens, rien n'y fait.



















Mais je sens qu'on va vraiment s'amuser, toi et moi.
























井の中の蛙、大海を知らず






























2078 mots

désolée pour mon retard
et ce chapitre court

je rentre en période de
partiel mais j'espère
que ça a été assez
qualitatif, je vais
essayer de corriger le
tir dans les prochains
chapitres

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