Chapitre 8 : L'examen d'entrée
"I'll be good today
I'll play along, I'll play pretend,
I'll do it your way,
For you to see me as a friend."
Effluves de dissolvant, fortes, agressant les narines. Le verni noir s'estompait sous le coton imbibé. Une teinte violacée résista un moment, puis céda à force de frottements, et les ongles retrouvèrent leur rose nacré.
"I'll be nice today
I'll hold my longue, won't shake my fist
I'll do as you say
To make you think I won't resist."
Fraîcheur du lait démaquillant sur la peau. La poudre scintillante et l'eye-liner dont étaient enduites les paupières se fondirent dans la crème, puis s'effacèrent, pour laisser les yeux au naturel, sous le charbon des cils.
"So I shall behave by day
If it's the price to pay
But when night falls,
Beyond your walls
It will be the other way around
Because this time I will stand my ground."
Claquement des lames de ciseaux, crissements de crins rompus. Les épais cheveux tombèrent souplement, en mèches éparses.
- Ladies and gentlemen, let's the show begin !
- - -
- Temps écoulé !
La voix déformée par les hauts parleurs résonna par dessus le vacarme du déchaînement d'Alters. Le silence fut immédiat.
L'air était saturé d'une odeur de métal surchauffé et de circuits brûlés. Les carcasses des robots de simulation fumaient, disséminées sur les routes et les trottoirs. Encore hébétés et étourdis par la partie pratique de l'examen, tous les candidats restèrent un instant figés sur place.
Dans l'ombre de la machine colossal apparue en fin d'épreuve, je ahanais, les ailes tremblantes de fatigue, prise d'un léger vertige. Finit ? Déjà ? Prise dans le feu de l'action, j'en avais oublié de compter les points, oublié d'estimer le temps restant, ne me préoccupant que d'abattre les simulateurs qui se présentaient un à un. Cependant, si le test s'était prolongé d'avantage et qu''on m'avait demandé d'abattre un faux vilain supplémentaire, j'aurais été bien en peine de seulement soulever mes ailes. Je dissolvais celles-ci, mais les tensions qui lancinaient mes muscles dorsaux persistèrent.
L'imposant robot qui nous surplombait s'était désactivé de lui-même, personne n'ayant voulu se mesurer à un adversaire de telle envergure sans aucun point à la clé. Je m'étais moi-même tenue en retrait, prête à riposter s'il faisait mine de me prendre pour cible.
Il fallut les directives des examinateurs pour que nous nous remuâmes finalement et nous traînâmes vers la sortie. Une fois celle-ci franchit, je tâchai de repérer Izuku et Katsuki parmi la foule de têtes. Nous nous étions chacun retrouvé dans un groupe différent, et j'étais impatiente de savoir si tout s'était bien déroulé pour eux. Enfin, surtout pour mon frère, dont j'ignorais la nature même de l'Alter. Il m'avait seulement dis qu'il l'éveillerait sur le terrain, ce qui n'était pas vraiment pour me rassurer. Quand au blond, je me le figurais aisément faire sauter les simulateurs à coup d'explosions.
- Eh, Seki ! Appela une voix dans mon dos.
Je me retournai pour voir Katsuki s'avancer vers moi, une expression satisfaite au visage. Pas besoin de lui demander s'il pensait avoir réussi : son regard le proclamait bien assez. Il irradiait de triomphe.
Autours de nous, les candidats se hélaient, se regroupaient entre connaissances pour échanger leurs impressions, encore bouillants, ravis ou abattus par leurs score.
Katsuki m'examina d'un coup d'œil.
- T'as l'air d'en avoir bavé, railla-t-il.
J'étais fourbue, j'avais les jambes en coton, et le sang battait encore fortement à mes tempes, mais lui-même paraissait bien éreinté. Les veines de ses avant-bras étaient gonflées, et il remuait à peine les doigts. Ses paumes exhalaient d'infimes rubans de fumée.
- Ça fait mal ? Demandé-je en les désignant.
Nous n'avions jamais vraiment discuté de nos Alter -si l'on exceptait les incessantes déclarations du blond comme quoi le sien valait mieux que les autres- et je voulus saisir l'occasion.
Il les leva comme pour les examiner.
- J'étais encore loin de mes limites. Combien tu as marqué ? S'enquit-il avec brusquerie.
- J'ai arrêté de compté à partir de vingt.
- Tu seras jamais admise avec ça ! Je devais en être à quatre-vingt !
- Ben voyons, ironisa une voix étrangère. Et tu as aussi descendu le perturbateur, pendant que tu y étais ?
Nous pivotâmes pour découvrir un adolescent à l'allure insolente. Matte de peau, plus athlétique que costaud, il dépassait Katsuki de quelques pouces. Ses traits étaient fins, ses yeux minces, pareils à ceux d'un félin, d'une captivante couleur ambrée. En leur centre, la prunelle n'était pas noire, mais blanche, incandescente. Il avait les cheveux rasés sur les tempes et rebelles sur le crâne, d'une sombre teinte violette.
- Tu me cherches toi ? Explosa Katsuki. T'es qui d'abord ?
- J'étais dans le même groupe que toi. Mais je me doutais qu'un bourrin comme toi ne m'aurait pas remarqué.
Katsuki grimaça un rictus d'irritation. Des étincelles se mirent à crépiter au creux de ses mains.
- D'accord, tu veux vraiment mourir en fait, gronda-t-il sourdement.
Le nouveau venu sourit effrontément.
- Non, je tenais juste à te dire que tu vas droit dans le mur si tu crois que le seul but de cette épreuve est de bousiller des boites de conserve.
- C'était la consigne ducon !
Cela ne lui valut qu'un regard condescendant de la part du garçon, avant qu'une amie de celui-ci ne l'interpellât. Il nous quitta alors en nous saluant d'un signe de l'index et du majeur. Katsuki l'incendia du regard, fulminant sur place.
- C'est quoi son problème à cette meuf ? Pesta-t-il.
- C'est un mec.
- Quoi ? Pas du tout !
J'ouvrais déjà la bouche pour répliquer, lorsque mon regard tomba sur le brancard tracté par deux unités médicales, qui s'éloignait en direction de l'infirmerie. En reconnaissant la silhouette étendue sans connaissance sur la civière blanche, j'en oubliai mes mots.
- Eh, c'est Deku ? Fit remarquer le blond en l'identifiant à son tour. Me dites pas qu'il a clamsé à l'examen ?
Ce fut à peine si j'enregistrai ses paroles. J'esquissai le geste de m'élancer après mon frère, mais Katsuki me retint par le bras.
- Tu vois bien qu'il est prit en charge, bouffonne. Qu'est-ce que tu veux faire de plus ? Appelle plutôt ta vieille.
Le grouillement de candidats se refermait déjà sur le passage du brancard, le soustrayant à ma vue. Je me retournai vers le blond et croisai son regard. De manière générale, j'étais toujours maîtresse de mes émotions. Mais pas quand on en venait à Izuku. Et encore moins depuis l'épisode du Tas-de-Bourbe.
Là où je m'étais laissée en un instant submerger par la crainte, lui, fort de son aversion envers mon frère, avait pu analyser la scène en toute lucidité. Ses prunelles pourpres plantées dans les miennes m'éclaircirent l'esprit, et je relevai finalement tous les détails qui m'avaient échappé.
J'avais indubitablement vu la poitrine d'Izuku se soulever et s'affaisser, et son visage, bien que couvert de poussière et sillonné de larme, était serein, non pas crispé par la souffrance. Une petite vieille en blouse trottait derrière la civière : Recovery Girl.
Bien sûr qu'Izuku irait bien.
Je me détendis, et acquiesçai d'un signe de tête.
- - -
Eizan Takeru.
Un candidat pour le moins intriguant.
Dans la salle d'observation seulement éclairée par le halo des écrans, Shota Aizawa laissa ses collègues passer à l'évaluation de l'aspirant héro suivant, et dirigea son regard vers le moniteur annexe sur lequel avait basculé la séquence du jeune homme.
Quelque-chose chez le garçon aux cheveux violets et aux yeux ambrés avait éveillé son intérêt sans qu'il sût d'abord de quoi il s'agissait. Les quelques minutes qu'il avait consacré à l'étudier avaient ensuite renforcé sa suspicion.
Ce n'était qu'une intuition, un instinct de Héro Pro accoutumé à exercer dans les milieux sinistres et nébuleux, là où le public ne dirigeait pas son regard, là où tout s'enfouissait, rien ne filtrait au grand jour, aussi cela n'avait rien d'étonnant à ce que les jurés n'aient rien décelés. Mais ses prémonitions s'étaient toujours avérées, et le succès de plus d'une mission en avait découlé.
Ils avaient vu un adolescent plein de fougue, téméraire et astucieux, prêt à secourir ceux à sa portée. Lui en avait tiré une toute autre analyse.
En possession d'un Alter de fumée, sa stratégie avait consisté à attirer un simulateur vers un autre, et à se laisser traverser par leurs coups afin qu'ils s'autodétruisent. De cette manière, il était même parvenu à éliminer des robots qui mettaient en difficulté certains des candidats, remportant des points d'élimination et de sauvetage du même coup.
Or, en le voyant s'exécuter, Shota n'avait pu s'empêcher de penser que tout clochait.
Takeru n'était pas téméraire, il était serein, d'un sang-froid que démontrait rarement un adolescent confronté pour la première fois à une situation de combat. Cet entrain que ses collègues avaient applaudi n'était qu'une illusion. Alors que tous les adolescents s'exténuaient à l'épreuve, dépensant leurs forces sans compter, ivres de pouvoir enfin utiliser leurs Alters sans restriction, le gamin se modérait. Il usait de son Alter avec bien trop d'aisance compte-tenu de son expérience supposée, et paraissait limiter volontairement son maniement. Shota en avait pour preuve qu'à la fin du temps imparti, Takeru était aussi fringuant qu'au commencement de l'épreuve. C'était à peine s'il transpirait.
A croire qu'il aurait pu se lancer à l'assaut du perturbateur et l'emporter sans ciller.
Bras croisés, adossé au mur du fond, Shota étrécit les yeux derrière ses mèches tombantes. Au lieu de chercher à tout donner pour impressionner les jurés, le garçon avait déployé le minimum syndicale afin d'être admit. Un fait qui ne pouvait que susciter la défiance du Héro professionnel.
Eizan Takeru, tes motivations sont peut-être complètement innocentes, mais jusqu'à ce que j'en sois certain, je t'aurai à l'œil.
- - -
Une semaine s'écoula, et Izuku n'allait définitivement pas bien. L'examen ne lui avait laissé aucune séquelle physique, mais je ne pouvais pas en dire autant de son moral.
Tout ce que j'avais pu lui soutirer ces derniers jours, c'était un vague marmonnement, accablé, presque hystérique. Deux mots, toujours les mêmes.
«Zéro points.»
Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Il était silencieux, apathique, à peine conscient de notre présence à notre mère et à moi. Combien de fois ces temps-ci l'avais-je trouvé les yeux dans le vague, une expression si singulière au visage qu'il en était presque effrayant ?
J'entrais dans la salle de bain, je le trouvais planté devant le miroir, brosse à dent en bouche, mais immobile, le regard lointain. Je traversais le salon, et je le découvrais sur le canapé, à fixer la télé éteinte, sa main se contractant puis se relâchant machinalement sur sa poignée de musculation. Je m'installais face à lui à table, et il regardait son bol de riz sans le voir, baguettes entre les doigts, sans même les actionner.
La nuit, je préférais toujours affronter la solitude d'une insomnie et l'affliction que me causaient mes rêves plutôt que d'aller retrouver mon frère. Rien qu'à entendre le couinement de la poignée de musculation ou le cliquetis des haltères, je devinais qu'il entrait à nouveau dans sa phase d'absorption totale.
Ce fut au septième jour, quand il se mit à sourire, que je n'y tins plus.
En passant devant sa chambre, je jetai un coup d'œil par la porte ouverte, et je le vis debout, dos à la fenêtre, son survêtement de sport en main, à le contempler sans ciller, la tête légèrement inclinée, un sourire indescriptible aux lèvres.
A cette seule vue, je me crispai de la tête aux pieds, hérissée comme un chat face à l'inconnu. C'en était trop. Son comportement me désarçonnait, me plongeait dans une agitation nerveuse. Je n'aurais pas supporté pas de côtoyer ce spectre de mon frère une minute de plus.
Animée d'une contrariété inhabituelle, j'allai enfiler une veste avant de quitter l'appartement en claquant la porte derrière moi. Mon intention initiale était de trouver un point assez isolé pour prendre furtivement mon essor, mais je me retrouvai à déambuler d'une démarche énervée, ruminant tout ce qui me tracassait depuis l'examen.
Je n'espérais rien de sensationnel quand Izuku me parlait de son nouvel Alter, mais ça ? Un Alter dont l'utilisation lui brisait les os ? Et pour quoi ? Un zéro à la pratique ? Après tout le mal qu'il s'était donné, après les efforts surhumains déployés, c'était tout ce qu'il récoltait ?
Tête basse, mains dans le poches, j'en oubliai de chercher un lieu désert et ne fixai plus que le bitume sous mes pieds.
Impossible dans ces conditions, de parler de mon propre examen avec mon frère. Alors que j'en étais ressortie bouillonnante d'enthousiasme, fébrile d'espoir, j'avais finalement dû ravaler ma fierté et me borner à attendre les résultats. J'avais bien pensé me tourner vers Katsuki, mais j'étais sans nouvelle de lui depuis une semaine.
J'avais beau être habituée à ce que le blond suspendît parfois tout contact avec moi – il m'arrivait d'en faire autant, et ce sans raison particulière – cette fois-ci, son silence m'aigrissait chaque jour un peu plus. Un sentiment de solitude tel que je n'en avais pas éprouvé depuis bien longtemps pesait sur moi.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
L'interpellation abrupte me fit relever la tête. Katsuki, que j'avais déjà reconnu à sa voix, se tenait devant moi. Ou plus exactement, je me tenais devant l'allée qui conduisait à son perron, tandis qu'à l'extérieur du muret de brique qui délimitaient la cours, lui, tuyau d'arrosage en main, noyait les plates-bandes. Mes pas m'avaient inconsciemment conduit droit chez lui.
A sa vue l'accablement qui m'étouffait éclata en une bouffée de courroux. Le blond parut légèrement décontenancé.
- T'en fais une tête. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Je ne savais pas exactement. Et je doutais qu'il pût comprendre de toute façon. Les reproches dont je l'incriminais un instant auparavant me paraissaient à présent absurdes. Seul subsistait le bouillonnement de l'irritation.
- Rien, répondit-je d'une voix neutre.
- C'est ça. T'as plus de rides entre les yeux que ma grand-mère, alors pas la peine de nier.
- Je ne nie pas, c'est la vérité.
L'exaspération fronça ses traits.
- Mais tu te fous de moi ? T'es venue jusqu'ici et t'as la tronche d'un chien qui va mordre. Abrège tes conneries et déballe ton sac !
- Je te dis qu'il n'y a rien, répliquai-je, ma voix plus cassante que je ne l'aurais voulu.
- Crache le morceau, bordel ! Explosa-t-il.
Et sans me laisser le temps de répliquer, il orienta l'embout du tuyau vers moi, lance réglée sur jet à pression. Je me fis asperger drue et n'eus pour toute réaction que de tourner la tête, aveuglée par la bruine d'eau.
Dès que le blond eu redirigé le jet vers sa pelouse je fis un geste vif de la main, et une bourrasque se leva pour repousser le geyser vers lui, l'arrosant à son tour. Le comique de sa physionomie, mi-outrée, mi-interdite, dissipa ce qui me restait d'aigreur et me fit glousser.
- Oh, ça te fait rire, persifla sourdement le blond, appréciant peu ma moquerie.
Il augmenta la pression de l'écoulement d'un tour de main. La seconde qui suivit, je reçus le double de la douche précédente. Je crachai un filet d'eau, les cheveux dégoulinant le long de mon visage, ma veste collée à ma peau.
Sans mes ailes, je ne pouvais manipuler que de petites quantité d'airs, sur un périmètre restreint, mais ce fut suffisant pour faire pleuvoir une nouvelle giclée sur Katsuki. Ravie d'avoir derechef obtenu ma revanche, je laissais l'hilarité qui chatouillait mes côtes fuser en éclat de rire. Un air satisfait transparu brièvement sur le visage du blond, avant qu'un sourire carnassier ne vint retrousser ses lèvres.
Il brandit une nouvelle fois le tuyau d'arrosage, mais le jet s'interrompit brusquement, et pas une goutte ne m'atteignit. Interloqué, il se retourna, pour s'apercevoir que sa mère, la main sur le robinet, venait de couper l'arrivée d'eau.
- Katsuki ! Brailla-t-elle, c'est comme ça que tu arroses le jardin ?!
Alors qu'elle s'avançait vers nous, le blond se renfrogna en lui décochant un regard exaspéré.
- Bonjour, Eiko, me salua-t-elle avec un sourire radieux en arrivant à notre hauteur.
- Elle allait partir, déclara rapidement Katsuki.
- Trempée comme ça ? Ça m'étonnerait. Viens te sécher à l'intérieur, ma chérie.
Son fils se retourna vers moi pour m'adresser un coup d'œil dissuasif, mais je l'ignorai et franchis l'enceinte. Hors de question de retourner chez moi pour l'instant. Plutôt subir l'irascibilité de Katsuki que de me retrouver une seconde de plus en présence d'un Izuku lobotomisé. Tandis que nous emboîtions le pas à Mitsuki, il me poussa du coude, l'air accusateur.
- C'est toi qui m'a arrosé, chuchotai-je en guise de justification.
- C'est toi qui t'es pointée, bouffonne ! Riposta-t-il entre ses dents.
- Je voulais juste prendre l'air. J'ai pas fais attention où j'allais.
Parvenus à l'intérieur, nous nous déchaussâmes, puis Mitsuki nous apporta des serviettes. Elle me força à accepter une boisson le temps de sécher, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouvai installée dans le spacieux salon, une serviette sur les épaules, un verre de citronnade au gingembre glacée en main. Une fois que sa mère eut quitté la pièce, Katsuki s'affala à côté de moi dans le large canapé en cuir.
- Alors tu voulais «prendre l'air», hein ? D'habitude tu fais ça au sens plus littéral.
- Nh, marmonnai-je pour toute réponse avant de prétexter boire une gorgée de ma citronnade.
L'acidité et la fraîcheur de la boisson me hérissèrent de chair de poule. Près de moi, le blond tiqua, excédé par ma réponse. Sans même le voir, je pouvais le sentir fulminer.
- Je n'étais pas d'humeur, c'est tout, lâchai-je entre deux rasades de citronnade afin de l'apaiser.
Mitsuki revint à ce moment-là, empêchant son fils de répliquer.
- Eiko, Katsuki va te prêter un tee-shirt. Le tien ne sera jamais sec à temps et les température tombent vite le soir.
- De QUOI ?! Explosa l'interpellé. Mais crève, harpie ! Pourquoi tu lui files pas un des tiens ?
- C'est ce qu'on appelle assumer ses responsabilité, jeune homme, asséna sa mère d'un ton sans réplique.
Katsuki pivota violemment la tête vers moi, et je me réfugiai pour la énième fois dans ma citronnade. Stratagème qui s'épuiserait vite, étant donné que j'avais déjà bu la moitié du verre.
- Je t'aurais aussi passé des affaires de rechange, si c'était l'inverse, avançai-je dans l'espoir de pacifier les choses.
- Plutôt porter les fringues de Deku ! Beugla le blond, loin d'être calmé.
Je déposai mon verre sur la table basse et me levai.
- D'accord, c'est bon. Je rentre, abdiquai-je.
- Non, va crever ! Reste là ! S'exclama Katsuki, au comble de l'énervement.
Je me retournai, légèrement confuse. Debout lui aussi, le blond traversa le salon d'une foulée contrariée, puis monta les escaliers. Sur un signe de tête de sa mère, je le suivis. Quand je parvins sur le pallier de l'étage, Katsuki ressortait déjà de sa chambre, un tee-shirt noir et un blouson en main. Il me les jeta, puis pointa d'un geste du pouce une porte au bout du couloir.
- Salle-de-bain, indiqua-t-il avant de redescendre.
Je me rendis dans la pièce indiquée. Il ne faisait plus suffisamment jour pour y voir clair, aussi tâtonnai-je le mur pour trouver l'interrupteur. Depuis le rez-de-chaussé, la voix de Mitsuki s'éleva :
- Eiko, le sèche-cheveux est dans le deuxième tiroir à gauche, si tu veux !
Je fis glisser ma veste de mes épaules, reconnaissante à Katsuki d'avoir également pensé à m'en fournir une de rechange, j'ôtai mon tee-shirt, puis j'ouvris le tiroir indiqué pour y trouver le sèche-cheveux. Une poignée de minutes plus tard, je ressortais, nageant dans les plis du tee-shirt trop ample pour moi, blouson sous le bras, ma chevelure laissée libre, lisse et gonflée par l'air brûlant, glissant sur mes épaules et dans mon dos.
J'entendis la porte d'entrée claquer au-moment où je descendis les escaliers. En regagnant le salon, j'y trouvai le père de Katsuki, un homme plus effacé, moins turbulent que sa femme, affublé de lunettes et d'une ombre de moustache sur la lèvre supérieur. Il brandissait un lettre devant son fils, un air fébrile au visage.
- Mitsuki, appela-t-il, les résultats sont arrivés !
Katsuki lui arracha l'enveloppe des mains.
- File-moi ça !
Je m'approchai, sans plus trop savoir quoi faire. Aussitôt qu'il m'aperçut, le blond me pointa d'un doigt dénonciateur.
- Qu'est-ce que tu fous encore là, toi ?
Son père se retourna, mais il n'eut pas le temps de me saluer que son fils me poussait déjà vers l'entrée en rouspétant :
- Tu comptes squatter encore longtemps ? Va ouvrir la tienne et fiche-moi la paix !
- Je sais où est la sortie, fis-je remarquer en essayant de me soustraire à son bousculement.
J'eus beau planter mes talons au sol, la pesée de son avant-bras dans mon dos forcit. Elle ne cessa que lorsqu'il m'eut reconduit dans le hall. Je lui décochai un regard réprobateur en enfilant mes chaussures, puis j'endossai son blouson. Il était si large que les manches couvraient mes mains, mais il saurait me garantir du froid de la soirée.
- T'as intérêt à me le rendre en bon état.
- Évidemment.
Nous nous séparâmes sans échanger d'autre paroles, et la porte se referma derrière moi. La température était aussi basse que l'on pouvait s'y attendre par cette nuit de fin de Mars. Je m'emmitouflai dans le blouson emprunté. Il était imprégné de l'odeur de Katsuki.
A présent que j'étais seule, l'enveloppe blanche scellée du sceau de UA s'imposa à mon esprit. Gagnée d'appréhension et de frénésie, je me mis à courir dans les rues quasi-déserte, le son de ma cavalcade répercuté par les maisons aux fenêtres illuminées.
Je courus d'une traite jusqu'à chez moi, grimpai quatre à quatre les escaliers, et entrai en trombe dans l'appartement. Ma mère vint aussitôt m'accueillir, suffoquée d'émotion, balbutiant la nouvelle que je savais déjà. Elle ne parut même pas remarquer mon changement de tenue.
- Izu, demandai-je aussitôt, il est prit ? Il a réussi ?
Elle secoua la tête, puis murmura :
- Il est dans sa chambre depuis que le courrier est arrivé. Je... je crois que je l'ai entendu pleurer.
Une désagréable sensation me perça le cœur. Ma mère me tendit silencieusement ma propre enveloppe, avec un regard d'encouragement. Je la pris, mais j'étais parfaitement incapable de l'ouvrir à l'instant présent.
Je me dirigeai vers la chambre de mon frère, et marquai une hésitation avant de gratter à sa porte. Il y eut un silence, puis celle-ci s'ouvrit finalement.
Izuku, en robe de chambre vert sapin, hoquetait, les yeux noyés de larmes, les doigts crispés sur un projecteur holographique.
La déception sans nom qui m'envahissait fut alors balayée par sa voix fêlée d'émoi :
- Soixante-points de sauvetage. Je suis admis.
- - -
A l'origine, je voulais aller jusqu'au jour de la rentrée avec ce chapitre mais... C'était encore une fois trop long. Fan de Shoto, encore un peu de patience !
Je n'ai pas décrit l'examen parce que je ne voyais pas trop d'intérêt à le faire, j'espère que ça ne vous a pas dérangé...
Et sinon, notre nouveau personnage entre en scène ! J'annonce officiellement l'ajout d'un pairing Aizawa x OC dans cette fiction ! J'espère que tout ça vous plaira...
(A ce propos, la chanson en anglais au début a été écrite par moi. Je ne suis pas bilingue, désolée s'il y a des fautes. ^^)
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!
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