Chapitre 41 : Les résurgents et les disparus
Le poing cuirassé de Kirishima percuta son plexus, s'enfonçant sous sa cage thoracique avec une force qui lui coupa le souffle, et le souleva de terre pour le projeter en arrière. Son dos rencontra rudement le sol. Le choc lui tira un hoquet étranglé, et un flou éblouissant brouilla sa vision.
L'espace de deux battements de cœur, Katsuki resta inerte, étendue dans la poussière. Puis il poussa un juron retentissant, souleva rageusement son bras, et fit détonner son Alter en direction de son opposant. Il se remit sur pieds alors que tête d'ortie encaissait la salve.
La respiration alourdie par la colère et l'accusation du coup, il regarda se reconstituer le profil robuste de Kirishima alors que se dissipaient flammes et fumée. Campé sur ses jambes, visage protégé derrière ses bras croisés, celui-ci n'avait pas bronché. Le blond émit un reniflement de mécontentement.
- Mec, c'est la troisième fois que tu te fais rétamer, observa son camarade en laissant retomber ses poings. T'es ailleurs aujourd'hui. Genre... à trois cents mètres par-là.
Il termina en pointant une direction du pouce. Là où, trop loin pour être visibles à travers la futaie, se trouvaient Seki et Double-Face. Ils les avaient repéré un peu plus tôt, en recherchant un espace où s'entraîner. Entres les troncs et les branchages bas, Katsuki avait entraperçu leurs deux silhouettes collées l'une à l'autre, leurs visages rapprochés.
L'espace d'un instant, tout s'était figé, même son sang dans ses veines, et il n'avait plus été capable de ne rien intégrer d'autre que l'émotion inscrite sur la figure de la jeune fille.
Elle respirait la confiance, le respect, et la tendresse. Elle regardait Todoroki comme si la moindre de ses pensées lui étaient vouées, comme si son esprit communiait tout entier avec le sien. Son sourire était inscrit davantage sur sa figure que sur ses lèvres, il plissait à peine les commissures de celles-ci, mais irradiait de ses yeux pour se diffuser sur ses traits. Et c'était un sourire doux et intime, dont lui-même n'avait jamais été privilégié.
Une vision qui l'avait laissé désemparé comme il l'avait rarement été dans sa vie. Des sentiments indiciblement amalgamés s'étaient mis à infuser en lui tous à la fois.
Il y avait eut cette aigreur qui s'était logée comme une entorse dans sa poitrine. «S'entraîner, mon cul !» Avait-il eut envie de leur hurler, les tempes pulsant, les côtes martelées de soubresauts de dépit, ses tripes perforées d'amertume.
Mais il y avait eu aussi cette pression contre un point lancinant et tendre de son être. Une part de lui s'était amollie, saisie et touchée, presque exultante, en voyant Seki radieuse et sereine, paraissant savourer la joie de tenir contre elle son idéal. Elle est où elle veut lui avait soufflé cette autre voix avant qu'il ne s'arrache violemment à sa prostration.
Katsuki ne les avait épié, bataillant avec lui-même, que l'espace de quelques secondes, puis il avait tout ravalé comme un glaire, ou comme un sirop, il avait tiré et le sentiment, le malaise, le trouble, l'avait lâché. Il avait alors bifurqué sans préavis et s'était enfoncé plus loin dans le bois, talonné par un Kirishima excité par ce qu'ils venaient de surprendre.
Des étincelles crépitèrent entre ses doigts crispés alors que, ulcéré par l'allusion de Red Riot, il poussait une exclamation vindicative :
- Vas te faire, connard ! J'en ai rien à branler !
Un toussotement précédé d'une fêlure de sa voix éteignit son cri. Il sentait encore l'impact des phalanges dures comme de la brique au creux de son abdomen, et son flux respiratoire ne s'en était pas tout à fait remis. Il empêcha sa paume d'aller se plaquer contre le point qui l'élançait.
Un coup, ça il pouvait l'encaisser. Mais la vérité, beaucoup moins.
Et la vérité, Kirishima venait de la lui asséner encore plus aisément que le coup.
Depuis tout à l'heure, il ne se battait pas avec son émulation habituelle. Il s'emportait. Il dilapidait son énergie en déploiements de force complètement vains, en manœuvres moins destinées à remporter la victoire qu'à soulager ses nerfs.
Katsuki tourna ses paumes vers le ciel, et contempla ses mains suintantes de nitroglycérine huileuse. Il disposait d'une résistance naturelle à la toxicité du produit chimique, cependant celle-ci diminuait de manière inversement proportionnelle à la quantité d'éther qu'il produisait. Pour ce qui était des répercussions physiques, son Alter était une saloperie.
Sans ses protections, il finissait par éprouver des irritations pareilles à celle d'un acide rongeant son épiderme, le choc répété des explosions lui remontait jusqu'aux épaules, mettant ses tendons à rude épreuves, ébranlant ses os, et occasionnant d'infimes lésions musculaires. Néanmoins, malgré le supplice qu'il subissait, il ne laissait jamais rien paraître, ne laissait jamais personne soupçonner qu'il morflait en-dedans, sous ses rugissements et ses rictus acrimonieux. Il endurait.
Seule Seki voyait clair dans son jeu. Il devait toujours lui cacher le tremblements de ses mains, et le raidissements de ses doigts perclus de douleur, la peau rougie, enflammée de ses paumes, et la rigidité de ses muscles endoloris, déchirés.
Arrête de penser à elle.
Arrête de penser à Deku.
Arrête de penser à Double-face.
C'étaient des rivaux. Tous les trois.
Des rivaux et rien de plus.
Il ferma les poings. Crispa. Sentit les croissant des ses ongles s'enfoncer dans sa peau, ses veines saillir dans son poignet, ses jointures blanchir.
La marge de progrès qu'il avait à couvrir. C'était la seule chose claire. La seule chose qui importait. Ne pas les laisser le rattraper, et encore moins le dépasser.
Il se plaça en posture de garde, et releva les yeux vers Kirishima.
- On recommence.
- - -
- Et tu es absolument sûre qu'ils sont du clan ?
Assis en face de moi, Hawks me fixait, installé au bord du canapé comme s'il s'apprêtait à en bondir, mains jointes entre ses genoux. Une posture qui indiquait combien il était attentif à ce que je lui rapportais.
- Pour cette «Ama», absolument, affirmai-je. Je suis certaine du lien de parenté. Pour «Tsuki» c'est seulement une supposition, je l'ai pas bien vu.
Bras croisés sur mes cuisses, dos décollé du dossier afin de ne pas m'enfoncer au fond du siège excessivement souple, j'ajoutai d'un ton lourd de signification :
- Ils ne doivent pas avoir plus de cinq ans de plus que moi.
Le Numéro trois se gratta pensivement le menton.
- Donc si les parents du clan en consacrent douze à former leur progéniture, ils ne peuvent pas être tes frères et sœurs.
J'acquiesçai avant de l'interroger :
- Tu as une idée de qui ils pourraient être, alors ?
- Laisse-moi regarder, répondit-il en ouvrant l'ordinateur portable dernier cri posé devant-lui sur la table-basse.
Il ouvrit d'une pression le bloc-tiroir installé sous celle-ci, et j'eus la surprise de le voir en sortir un étui à lunettes.
- Je croyais que tu avais une bonne vue, lâchai-je.
Ses sourcils se haussèrent d'étonnement derrière la monture de ses lunettes.
- J'ai l'habitude qu'on me fasse la réflexion, mais je m'y attendais pas de ta part.
- Comment ça ?
- T'en as pas besoin, toi ?
- De lunettes ? Non. Pourquoi ?
Une fois de plus, Hawks suivait son propre train de pensées, trop rapidement pour être saisissable. Relevant d'une main ses lunettes sur son front, il se pencha par-dessus son ordinateur, et me scruta.
- Oh, t'as des yeux normaux, en fait. Je croyais que tu étais tétrachromique, comme moi. J'ai une excellente acuité visuelle, oui, mais les écrans sont pas du tout adaptés à ma vue : je suis obligé de porter des verres spéciaux.
- Ah, ok.
Je ne comprenais qu'à moitié ce dont il parlait, cependant je ne tenais pas à ce qu'il élabore. Pour le moment, ce qui m'intéressait, c'était de connaître le lien de parenté qui m'unissait à mes deux aînés.
- Et tu t'en fous, comprit-il sans paraître se formaliser.
Il rabaissa ses lunettes sur son nez, puis se mit à parcourir les dossiers sur son pc.
- S'ils ont la vingtaine, reprit-il comme si la parenthèse n'avait jamais été ouverte, il y a pas mal de possibilité. Le clan était encore assez actif il y deux décennies, quoiqu'ils étaient sur le déclin depuis le début de l'ère d'All Might. Ah tiens, j'ai trouvé, viens-voir.
Je me levai, contournai la table basse, et il écarta son aile afin de me laisser prendre place à côté de lui. Je découvris alors une figure généalogique aux ramifications nombreuses et complexes, indiquant le statut, les noms et les Alters des Katagiri. Certaines cases étaient néanmoins laissées blanches, et certains traits de filiation ne débouchaient que sur un point d'interrogation.
- Regarde, dit Hawks en pointant le degré de mes géniteurs. Qu'est-ce que je te disais, t'apparais même pas là-dessus.
Effectivement, l'arbre s'arrêtait à Setsuko, fille d'Asuga et d'Hiroto, et à Ogai, fils de Kana et de Shinobu. J'avais sous les yeux toute la lignée dont je descendais, le fil de mon Alter retracé jusqu'à trois générations en arrière. Ma première pensée fut que Izuku aurait adoré pouvoir étudier la transmission héréditaire de mon individualité. La seconde, bien moins agréable, me laissa un arrière goût saumâtre au fond du palais. Sans Shoto, sans ma mère et mon frère, sans Katsuki, je n'aurais été qu'un produit issue d'une sélection soigneusement étudiée. Une fabrication interdite de volonté propre.
- Tu as plusieurs oncles et tantes, observa Hawks. Mais si on part du principe que l'Alter d'Ama est en lien avec la chaleur, on peut éliminer ta branche paternelle. Ta mère a un demi-frère : Souta, fils d'Asuga et de Danno, conjoint de Akari.
Il ouvrit en quelques clics les dossiers concernant les proches de ma génitrice. Mon oncle maternel possédait un Alter appelé Convertering Wings dont les propriétés exactes n'étaient pas renseignées. Sa femme Akari, ma tante par alliance, avait hérité d'une hybridation d'Alter qui m'évoqua aussitôt celui de Shoto.
- Half-moon, Half-sun ? Lut Hawks. De nom c'est mignon, mais étant-donné qu'on parle des Katagiri, ça doit être encore un Alter balèze.
- Elle m'a dit qu'elle était «Solar Storm», dis-je en comprenant soudain le sens du surnom.
- Et elle s'appelle «Soleil». Je pense qu'à partir de là, on peut partir du principe que c'est ta cousine, conclut-il avec une pointe d'ironie. Ou une Winx.
- Du coup Tsuki est sûrement son frère, complétai-je, ignorant délibérément sa dernière plaisanterie.
- Ton cousin, ajouta le Numéro 3 en détournant son regard de l'écran pour me fixer d'un air goguenard. «Lune», «Soleil», «Tempête», ils se cassent pas trop la tête avec les prénoms, dans ta famille.
- Je m'appelle Eiko, marmonnai-je en me levant pour retourner me laisser tomber à ma place précédente.
Par-dessus l'ordinateur portable, Hawks m'adressa un sourire de malice insinuant.
- J'en connais un qui t'appelle Arashi.
Je soutins son regard, m'empêchant d'exprimer la réaction que sa remarque avait déclenché en moi. La pensée de Shoto utilisant mon véritable nom de sa voix basse et profonde s'était accompagnée d'une foule d'autres remembrances qui m'avaient tiré des frissons.
Le contact des paumes de Shoto, l'une toujours plus fraîche que l'autre ; le regard déroutant de Shoto sur moi ; le buste de Shoto contre le mien ; ses bras autour de moi ; ses doigts frôlant mon dos, serrés sur mon poignet, mêlés aux miens. Ses lèvres à un souffle des miennes.
- Lui il peut, répliquai-je pour toute justification.
Le Numéro 3 me dévisagea de cette manière songeuse qu'il arborait lorsqu'il cherchait à analyser quelque-chose à mon propos. Ses ailes frémirent pensivement. Juste quand sa scrutation silencieuse allait commencer à m'irriter, ses yeux retournèrent à son écran. Il rebascula sans transition sur le sujet du clan :
- Si on récapitule, reprit-il en se mettant à pianoter sur son clavier plus vite qu'il ne parlait. Kana, ta grand-mère paternelle, est décédée. Shinobu, ton grand-père paternel, purge une peine d'emprisonnement à Tartarus. Leur fils Ogai, est également décédé. On ne leur connaît aucun autre descendant. Ta mère est vivante, ça on l'a confirmé, mais sa localisation reste inconnue. Le statut de sa mère, Asuga, est inconnu aussi. Son père, Hiroto est décédé. Pour ce qui est de la filiation directe, tu as donc deux, possiblement trois parents survivants.
Il continua d'énoncer les noms et les situations de tous ces gens qui m'étaient totalement étrangers, et partageaient pourtant mon sang.
- Ton oncle Souta, emprisonné à Tartarus. Son père, Danno, idem. Ta tante Akari, décédée. Ses parents, Natsuki et Youta, emprisonnée à Tartarus, et statut inconnu.
J'aurais fini comme eux, pensai-je. Tuée, emprisonnée, ou fugitive. Le lot d'un Katagiri.
C'est pour ça que je dois rester une Midoriya. Coûte que coûte. Ma nouvelle identité me protégeait. Je ne pouvais laisser personne me la retirer.
Hawks se renversa au fond de son canapé, ailes étalées de part et d'autre de son dos. Son regard devenu sérieux et préoccupé balayait distraitement le plafond.
- C'est bien, lâcha-t-il, mains posées sur son ventre, doigts croisés. Ça explique pas mal de choses.
Selon lui, la révélation de l'existence de mes cousins justifiait le peu d'effort qu'avait fait le clan pour me récupérer : ils avaient d'autres successeurs à former, sur qui ils préféraient probablement ses focaliser.
Si c'était le cas, je leur étais moins nécessaire que ce qu'il s'était figurée. Et si j'étais remplaçable, alors j'étais la première pour qui les Katagiri représentaient un danger.
Il me pointa du bout de son aile en abaissant la tête vers moi.
- Le bon côté des choses, c'est que ça diminue aussi la possibilité que tu sois dans leur camp.
Je soufflai avec agacement par les narines, mais je me gardai de riposter quoi-que-ce-soit. Hawks pouvait bien me soupçonner tant qu'il voulait, du moment qu'il ne me dénonçait pas, peu m'importait. Face à ma réaction, il se redressa pour se pencher en avant.
- Je plaisantais, hein, assura-t-il d'un ton de moquerie avenante.
- N'empêche que tu le penses.
Ses yeux s'écarquillèrent. Cette fois, ce fut lui qui me rejoignit de l'autre côté de la table-basse après avoir déposé ses lunettes, pour s'accroupir à côté de moi, une main sur mon épaule.
- Non ! Eh, c'est pas ce que tu crois. Je suis prudent avec ton cas, mais si je doutais autant de toi, je t'aurais balancé à Endeavor depuis longtemps !
Je le dévisageai, tentant d'estimer la sincérité de ses paroles. Le problème avec lui, c'était qu'il pouvait falsifier la moindre de ses émotions et de ses pensées d'un radieux sourire enjoué. Percevant mon scepticisme, il se releva, et me fit signe de faire de-même.
- Tu sais quoi, je sais toujours pas à quoi ressemblent tes nouvelles -ou anciennes ? - ailes. Fais-voir un peu ?
- Maintenant ? M'étonnai-je, prise de court.
Il haussa les épaules.
- Sauf si tu avais autre-chose à me rapporter ?
- Non, c'était tout, répondis-je lentement tout en le scrutant, me demandant ce qu'il avait à présent en tête.
- Super ! S'exclama-t-il comme si la question était réglée.
Hawks me fit ensuite signe de procéder, et je soupirai ostensiblement en me levant pour m'écarter des meubles dans lesquels mes ailes auraient pu buter en jaillissant.
Je ne fis apparaître que ma paire inférieure, qui s'étendit sous l'extrémité de ma chemise, afin d'éviter de déchirer celle-ci avec ma paire supérieure. Elles avaient grandi, et forci, une fine épaisseur de muscles et de nerfs recouvrait désormais le squelette. Je les fis battre afin de les dégourdir, puis les étendis à demi. Des plumes commençaient à clairsemer le duvet, les rémiges s'allongeaient.
Le Numéro 3 me tourna autour pour les détailler sous tous les angles, sans faire mine de vouloir les toucher une seule fois.
- Elles seront moins grandes, moins épaisses, détermina-t-il, la tête penchée avec intérêt. Et plus légères. Tu pourras jamais voler juste avec celles-là.
- Non, elles n'ont jamais servi à ça, confirmai-je. Mais j'aurai une plus grande...
- Agilité aérienne. Il y a juste un problème.
- Lequel ? Demandai-je en me retournant afin de lui faire face.
- Tu vas devoir adapter ton costume.
Pour le moment, j'avais découpé au ciseau des trous supplémentaires dans ma combinaisons, puis brûlé les bords au briquet afin qu'ils ne s'effilent pas. Une modification dont le barbarisme provoquerait certainement des crises d'urticaires aux ingénieurs qui concevaient nos costumes lorsqu'ils la découvriraient.
- Je sais, je demanderai de vraies ouvertures la prochaine fois qu'on pourra en changer.
Hawks leva un doigt.
- Non, je parlais d'une amélioration plus importante. J'y pensais déjà quand tu es venue en stage, mais ton costume devrait être conçu pour soutenir aux maximum l'effort musculaire. Comme celui-ci.
Ce disant, il tapota le plastron de plaques flexibles qu'il portait sous sa veste. Je songeai immédiatement aux courbatures dont j'écopais chaque fois que je volais trop longtemps, ou exécutais des figures qui sollicitaient un peu trop mes muscles. Il avait raison : l'envergure de mes ailes mettait la résistance de mes tissus musculaires à rude épreuve. Et je n'avais encore jamais réalisé de performance aériennes avec les quatre.
- Comment ça marche, exactement ? M'enquis-je.
Comme s'il n'avait attendu que cette question, le Numéro 3 étira un sourire plein d'entrain, les yeux pétillants.
- Le mieux serait que tu constates ça par toi-même. Ça te dis d'aller faire un tour ? Je peux te prêter un de mes anciens costumes, tu devrais pouvoir ajuster la taille, et vu ta... ton...
Il passa une main devant la zone supérieure de son torse, son expression se troublant soudainement alors qu'il réalisait qu'il avait parlé trop vite. Je ne savais pas trop si je devais rouler des yeux ou le fusiller du regard. Il ne lui fallut néanmoins qu'un battement de cils pour se reprendre, et il balaya sa bévue en exhibant derechef sa dentition impeccable.
- Enfin ton gabarit posera pas de problème, quoi.
Là-dessus, il alla récupérer une ancienne version de son costume stockée dans une pièce de rangement incorporée à son bureau -lequel occupait tout un étage- puis me laissa une dizaines de minutes pour me changer dans les vestiaires.
Il n'y avait pas de grande différence entre le haut de sa tenue actuelle et celui qu'il me prêtait. Il était seulement une taille plus petit, et avait cette ductilité d'affaire longtemps portée.
Il s'agissait en fait d'un ergosquelette qui recouvrait le torse comme une seconde peau légère, souple et résistante. Les matériaux composites dont il était constitué étaient froids et lisses au toucher.
Alors que je m'attendais à devoir m'adapter au poids de l'armature et à me sentir restreinte dans mes mouvements, je fus surprise de constater son élasticité, ainsi que le soutient dorsal qu'elle apportait. La multitude de vérins hydrauliques et ressorts miniatures qui articulaient chaque segment entre eux en faisaient une structure compacte, mais légère et flexible à souhait.
Je troquai ma jupe d'uniforme contre un bas de survêtement laissé aux objets-trouvés, et passai autour de mon cou la lanière d'une paire de lunette de protection de rechange.
Une fois prête, je rejoignis Hawks afin qu'il ajuste les fentes pratiquées dans le dos de l'armature à la taille de mes ailes. Celle-ci n'étant prévue que pour une seule paire, je ne matérialisai exceptionnellement pas ma paire secondaire.
De là nous gagnâmes l'une des rampes de décollage. Le Numéro 3 boutonna sa veste jusqu'au menton tandis que je tressais ma queue-de-cheval, puis nous abaissâmes nos lunettes de protection sur nos yeux, et prîmes notre essor.
Au bout d'une demi-heure passée à sillonner les airs, à traquer les courants ascendants, à plonger en vol oblique dans les couloirs aériens qui circulaient dans la mégalopole, et à filer au ras des canaux, soulevant une bruine d'eau dans notre sillage, nous fûmes de retour sur l'un des promontoires tout d'acier et de béton de l'agence.
La fin de notre virée céleste me laissa avec un taraudant sentiment de trop peu. Il n'y avait que sous la supervision de Hawks que j'étais autorisée à voler aussi librement, et je n'en avais pas eu l'opportunité depuis mon stage avec lui.
- Alors ? S'enquit-il à peine eûmes-nous touché terre.
Je devais l'admettre, le costume était une merveille. Il soutenait mon buste et diminuait grandement la fatigue musculaire. Fendre les airs, changer d'axe, battre des ailes ; la protection ergonomique articulée accompagnait chacune des mes actions, chacun de mes mouvements, si bien que je gagnais en adresse et en vélocité.
- Tu m'as laissé compétiser avec toi pendant une semaine alors que tu portais ça ? Soulevai-je avec une pointe d'indignation.
Ma réaction parut l'enchanter.
- Ah, tu vois ? C'est génial, hein ! Voler sans se truc, c'est comme nager sans palmes.
Ses ailes palpitaient d'engouement. Je révoquai les miennes tout en le suivant à l'intérieur de la tour. Hawks paraissait véritablement enchanté de me faire la faveur de cette astuce, or c'était bien ce qui me déconcertait. Il n'était pas mon mentor. Au mieux, il était mon responsable officieux.
Alors que je le fixais en silence, tâchant de comprendre pourquoi il se comportait comme si ma formation relevait toujours de lui, le jeune héros intercepta mon regard.
- Tu réalises, maintenant ? Demanda-t-il.
- Réaliser quoi ?
Il s'arrêta devant moi. Sa paume gantée couvrit mon crâne et me flatta fraternellement le cuir chevelu. Du fait de notre maigre différence de taille, je n'avais qu'à lever les yeux pour scruter les siens, effilés et perçants.
- Je te flic pas, répondit-il. Je te parraine.
- - -
La roadster, une quatre cylindre équipée de compresseur, se rangea en douceur entre deux autres moto occupant déjà la place. Depuis le bar ouvert sur la rue où ils étaient attablés, Shõta et Tsukauchi regardèrent Ryoka couper le contact de son deux roues avant d'en descendre. C'était une Suzuki, remarqua le héros en avisant le logo de construction. L'une des GSX-R dernières nées, surnommées les «prédatrices ultimes» de la gamme, à cause de leurs lignes sportives et affûtées. Un véritable bijou d'équilibre et de performance dans un écrin peint d'une triade de coloris, noire matte, violette, et blanche.
Il ignorait qu'elle conduisait une moto, mais cela ne l'étonna pas plus que le choix du modèle. La jeune femme en bottines de cuir lacées, slim et blouson noir de motarde traversa le trottoir pavé pour les rejoindre à l'intérieur de la boutique.
Ils se trouvaient dans un quartier peu touristique, guère fréquenté par les membres tapageurs de la population nocturne. Le bar, comme toutes les échoppes des rues étroites et animées du coin, était un lieu prisé des salariés qui venaient y boire et dîner entre collègues, coude à coude dans les salles aux capacités d'accueil limitées à une poignée de personnes, débordant à l'extérieur, au milieu d'une ambiance traditionnelle instaurée par le fort caractère de l'ère Showa que conservaient les édifices jusque dans leur décoration.
- Le casque, c'était en option ? Critiqua le héros d'un ton de reproche dès que Ryoka les eut rejoint.
Celle-ci roula des yeux tout en faisant coulisser la fermeture à glissière de sa veste, qu'elle retira d'un mouvement d'épaules, dévoilant un débardeur noir à col montant. Toujours debout, elle agita les doigts, les dématérialisant en rubans de fumée.
- Je risque pas grand-chose.
- Seulement si tu as le temps d'activer ton Alter. Dans une collision à 200 kilomètres-heure, je parierais pas sur tes chances.
- Du moment que tes papiers sont en règle, trancha le détective en l'incitant d'un geste de main à prendre place en bout de table, que tu négliges ta sécurité n'est pas vraiment notre problème.
Quelques mois auparavant, réalisa Shõta, il aurait pensé exactement la même chose. Aujourd'hui, il lui était impossible de ne pas se sentir concerné. Cependant ni Tsukauchi ni Ryoka n'avaient besoin de le savoir, aussi se garda-t-il de manifester son désaccord.
La jeune femme dédaigna la place que lui attribuait le détective, et prit spontanément place à côté de Shõta, choix qu'il se surprit à trouver tout naturel. Il n'avait même pas envisagé qu'elle s'installât autre-part.
Il s'était habitué à beaucoup de choses de sa part, s'aperçut-il. Et la première d'entre-elle était son parfum : ces coutumiers arômes sensuels et gourmands à la fois, qui venaient supplanter discrètement les effluves des restaurants par leurs notes épicées et ambrées.
Le regard étonné de Tsukauchi passa de l'un à l'autre, avant qu'il ne se résolût à passer outre l'étrangeté de ses interaction avec Cheshire. Un avant bras posé sur la table, il écouta avec sérieux tout professionnel le rapport détaillé que Eraser lui fit des enchères, oubliant sa bière dont les remontées de bulles s'amenuisaient.
Ryoka demeura silencieuse et pensive tout le temps qu'il parla. Chaque fois qu'il dirigeait un coup d'œil dans sa direction, il la découvrait les lèvres pincées d'un air de réflexion, comme rongée d'une pensée qu'elle retenait.
- Quelque-chose à ajouter ? S'enquit-il quand il eut terminé de relater les événements des E.C.S.
Elle battit des cils afin de chasser l'ombre absorbée de sa figure, et le fixa, surprise, avant de secouer lentement la tête. Passant les doigts dans ses cheveux pour les ramener en arrière – ce qui n'eut pour effet que de se faire dresser une multitude d'épis – elle répondit :
- Pas vraiment. C'est juste que j'ai l'impression de comprendre de moins en moins ce qu'il s'est passé avec Akira. Je me demandais... vous avez interrogés ses connaissances, non ? Et personne n'a donné le moindre indice qui puisse expliquer...?
Un brin d'impuissance érailla sa voix tandis qu'elle fixait Tsukauchi, une lueur implorante au fond des yeux. Shõta faillit fermer les siens d'amertume. Il le savait. Les mots de Kubo avaient tapé en plein dans la cible, empoisonnant la jeune femme de désarroi et de doutes pernicieux.
- On ne connaît pas ses contacts, répondit le détective. Tout ce qu'on avait, c'étaient ses camarades de classe. Comme on n'excluait pas encore la possibilité d'une fugue au début de l'enquête, ce sont les professeurs qui les ont interrogé, sous prétexte de connaître les raisons de son «abandon d'études». Des interrogatoires trop directs de notre part auraient été trop alarmants.
- En tant que Takeru Eizan, tu as pu avoir une approche différente avec les troisièmes années, releva le héros. Ça n'a rien donné ?
- Sans doute pas plus que vous : Akira avait des bons rapports avec tout le monde, il s'était bien intégré au groupe, mais la communication était un peu difficile, forcément. Ils discutaient pas tant que ça avec lui, et personne ne savait vraiment ce qu'il pensait. Il y en a qui se sentent responsables et regrettent de ne pas avoir fait plus d'efforts pour le comprendre, mais à mon avis c'est du cinquante-cinquante. Ça fait longtemps que mon frère a renoncé à s'ouvrir aux autres, faute de pouvoir s'exprimer.
Tsukauchi confirma ses dires d'un hochement du menton.
- Oui, on a eu à peu près la même version en les questionnant. En fait on espérait que tu ais d'autres sources à nous fournir. Il avait des amis en dehors du lycée ? On a interrogé ta mère, mais elle a affirmé qu'elle n'en connaît pas, déclara-t-il, un scepticisme non-dissimulé imprégnant son ton.
- Ah, lâcha la jeune femme avec un rire contrit. Oui. C'est parce que c'était pas ma mère.
Tandis que Shõta se passait une main excédée sur le front en prenant une profonde inspiration, le détective décocha un regard fulminant à la jeune femme, qui terminait sa pinte, affectant une contenance innocente.
- C'est quoi encore cette histoire ? Siffla-t-il.
- La femme que vous avez interrogé est l'une de ses amies. Ma mère n'est peut-être même pas au Japon. En deux ans je l'ai à peine vu.
Policier intègre et sérieux qu'il était, Tsukauchi ne manifesta pas une once de colère. Ce fut cependant d'une voix lourde de reproches qu'il énonça :
- Suzuki Kaori, l'ancienne Cheshire et veuve de Terminal, a disparu de la circulation depuis des années et c'est maintenant que tu nous en informes ?
Ryoka reposa son verre vide et se pencha sur son tabouret pour lui adresser sa moue la plus sarcastique.
- Étant-donné le climat de confiance entre ma famille et les forces de l'ordre, je comprends pas ce qui t'étonne.
Comme s'il était désormais doté d'un sens de détection inné vis-à-vis de ces détails là, Shõta décela sur-le-champ la note sourde dans le timbre de la jeune femme, la tension qui la fit se crisper imperceptiblement, et l'infime accentuation de l'éclat de ses pupilles.
Il lui effleura le coude en guise d'avertissement. Entrer en conflit avec le détective n'engendrerait rien de bon.
- Ryoka, est-ce que tu sais où elle est, au moins ? S'enquit-il d'un ton qu'il voulait plus arrangeant qu'inquisiteur. Ou ce qu'elle fait ?
La Suzuki tourna légèrement la tête vers lui. Saisissant sa tentative d'apaiser le dissentiment, elle se détendit.
- Plus ou moins. Même si elle a raccroché le masque, il y a des problèmes non-réglés datant de l'époque où elle exerçait dont elle doit encore s'occuper. Mais ça n'a rien à voir avec Akira, et c'est pour ça que je n'ai jamais parlé.
Tsukauchi, qui n'avait pas manqué d'observé leur dialogue muet mené en parallèle de leur échange verbal, fronça les sourcils. Le héros devina sans peine les présomptions suspicieuses qui lui traversaient l'esprit, cependant le moment était mal choisit pour entreprendre de clarifier ses doutes.
En réponse aux explications de Cheshire, le détective leva les mains, la mine renfrognée, pour concéder :
- D'accord, d'accord. De toute façon, puisqu'aucun délit nous a été rapporté, on ne peut entamer aucune démarche. Temps qu'elle ne devient pas un problème, on va fermer les yeux, et en rester à ton frère.
Ryoka croisa les bras.
- C'est tout ce que je demande.
Un courant d'animosité passa entre Tsukauchi et elle. Ils se jaugèrent de chaque côté de la table, tenant leurs langues quoiqu'ils n'en pensaient manifestement pas moins. Leur duel de regard fut interrompu par l'arrivée du serveur, qui déposa les assiettes de brochettes toutes fumantes et caramélisées de sauce soja au milieu d'un silence pesant.
Shõta tira machinalement un élastique de sa poche afin de nouer ses cheveux en catogan sommaire, action qui convia aussitôt toute l'attention de sa voisine. Coude sur la table et menton sur le dos de sa main, elle suivit le moindre de ses gestes, les prunelles animées d'une étincelle appréciative. Il sentit presque sur sa peau le parcourt languide de ces yeux qui transperçaient sa chemise pour arpenter son torse, remonter les lignes musclés de ses bras, sillonner ses cheveux, et couler sur son visage.
- T'as loupé une mèche, fit-elle remarquer lorsqu'il eut terminé.
Elle écarta la mèche qui lui barrait le front, d'un frôlement nonchalant du bout des doigts. Occupé à prélever un morceau de viande sur sa pique, Tsukauchi lui jeta une œillade d'exaspération venimeuse dont elle ne parut pas s'apercevoir. Shõta repoussa la main de la jeune femme. Quelque-chose dans son mouvement dut cependant trahir qu'il n'était que trop habitué à ce genre d'attitude de sa part, car le détective le fixa d'un air interpellé.
Le héros commençait à s'exaspérer du comportement de ses deux acolyte. Leur hostilité latente, bien qu'il en reconnût les fondements, était harassante, et improductive.
- Pour en revenir à la question, recentra-t-il le sujet, ton frère n'avait aucun contact en dehors de l'établissement qui puisse nous renseigner ?
Ryoka fit songeusement pianoter ses ongles contre son verre, le regard errant dans ses souvenirs.
- Probablement, mais avec ma carrière j'étais toujours loin, et quand on se donnait des nouvelles, c'était plus...
La fin de sa phrase se perdit alors qu'un éclair de lucidité lui fit brusquement redresser la tête.
- Si, il y avait un mec ! J'ai jamais pensé à creuser de ce côté parce que j'étais persuadée que U.A détenait la vérité sur les circonstances de sa disparition, mais...
Elle sortit son smartphone pour ouvrir un fil de discussion qu'elle se mit à remonter du pouce, jusqu'à-ce qu'une série de photos défila sur l'écran.
- Ah ! C'est ça ! S'exclama-t-elle triomphalement en ouvrant la première.
Le selfie, prit dans l'obscurité, montrait deux figures en justaucorps d'acrobates scintillant, la peau peinte de motifs phosphorescents, des paillettes pleins la figure et les cheveux. Il ne s'agissait ni d'Akira, ni de sa connaissance, mais de Ryoka et d'un type au teint de miel, aux yeux noirs en amande, tresses plaquées bleues turquoises, barbe courte dessinant sa mâchoire, fine moustache surmontant un sourire facétieux.
La jeune femme avait les bras noués autours de son cou, et lui mordillait malicieusement le lobe d'oreille en regardant l'objectif.
- Hem, non c'est pas celles-là, dit l'ancienne acrobate en expédiant rapidement la photo sur le côté.
Elle fit glisser ainsi les photos suivantes, trop vite pour que Shõta pût relever les détails, mais pas assez pour qu'il ne distinguât l'essentiel et qu'une aigreur désagréable ne lui vint au fond du palais. Il s'agissait d'une sélection d'un album envoyé à son cadet, le dévoilement de l'identité de l'homme avec qui elle partageait sa vie, et de leur relation au quotidien.
L'artiste apparut encore plusieurs fois sur l'écran ; enserrant la taille de sa partenaire pour la tenir dos contre son torse et coller ses lèvres aux siennes ; clignant de l'œil dans le reflet d'un miroir devant lequel il était penché pour nouer ses tresses ; inconscient de se trouver dans le viseur de la lentille, affairé à retirer son costume moulant, exposant des muscles d'acier roulant sous la peau en sueur.
- C'est Eizan, révéla Ryoka avec détachement. Mon ex.
Elle avait dit cela avec une négligence qui balayait toute la complicité et la passion qui transpiraient des instantanés, balayant leur histoire, quelle qu'elle fut, aussi facilement qu'elle le faisait des photos sur son portable.
Puis finalement, l'homme aux tresses bleues fut dépassé, et un adolescent inondé par un rayon de soleil tombant obliquement d'une fenêtre ouverte apparut.
- Là, c'est lui, indiqua la jeune femme.
Il paraissait tout droit sortit d'un conte traditionnel, avec ses oreilles de renard pointant de ses longs cheveux blonds vénitiens noués en queue de cheval lâche, et ses cinq longues queues rousses terminées de touffes blanches. Une main levée pour protéger ses yeux chocolats de la lumière, il souriait, prit en plein milieu d'une phrase.
- J'ai pas son nom, par contre. Juste quelques photos. C'était son copain.
- Il me dit quelque-chose, marmonna pensivement le détective en sortant son propre smartphone de sa poche. Envoie-les-moi, je vais me renseigner.
Ryoka prit son numéro, non sans lâcher une boutade sur le fait d'échanger ses coordonnées avec un flic, qui lui fit écoper d'un énième regard sombre, puis lui transmit le dossier.
Cela fait, elle s'empara de la pinte de Shõta à demi-entamée et la porta à ses lèvres. Il arrêta sa main avant qu'elle ne puisse en prendre une gorgée.
- Tu conduis, après, lui rappela-t-il en lui retirant le verre des doigts.
La Suzuki ouvrit la bouche, prête à lui asséner une répartie goguenarde, lorsque le tintement d'un bol de riz reposé brutalement la lui fit refermer. Mâchoire tombante sur une mine incrédule, Tsukauchi s'y reprit à trois fois, ses iris noires bondissant de l'un à l'autre, pour formuler sa question en les pointant de ses baguettes.
- Me dites pas que vous couchez ensembles ?
Ce à quoi Shõta poussa un grondement contrarié, saturé de la situation, et Ryoka s'esclaffa. Elle s'inclina vers lui pour presser son épaule nue contre la sienne d'un mouvement câlin.
- Wouah, détective, on peut rien vous cacher !
- Non, Tsukauchi, nia fermement le héros, le poids de la jeune femme contre son bras.
- Non, confirma cette dernière, abandonnant sa mascarade.
Le détective secoua la tête.
- Je te fais arrêter dès que cette affaire est terminée, la prévint-il.
- Mh-mh, bonne chance avec ça.
- Est-ce qu'on pourrait arrêter de digresser deux minutes ? Intervint Shõta. Il nous reste encore un paquet de choses à traiter, à ce rythme on va y passer la nuit.
Rappelés à l'ordre, ses partenaires sur l'affaire Suzuki obtempérèrent, bien que l'atmosphère négative régnant entre eux ne s'allégea pas une seule fois. Ils firent la mise au point sur la rencontre avec Tara Bruja qui devait avoir lieu dans quelques jours, avant d'aborder la question de l'hypothétique troisième héritière Katagiri infiltrée à U.A.
Pour l'heure, Midoriya Eiko, enfant adoptée aux origines inconnues, était la suspect la plus plausible. Le contexte était cependant troublant, étant-donné qu'elle vivait dans sa famille d'adoption depuis son plus jeune âge.
- Endeavor était le héros à qui les enquêteurs ont fait appel pour cette affaire, rapporta Tsukauchi. Si quelqu'un peut l'identifier, c'est lui.
Shõta et Ryoka s'entre-regardèrent d'un air entendu, aboutissant à la même déduction.
- Quoi ? Les questionna leur vis-à-vis.
- Il était présent au championnat, rappela le héros.
- Et la gamine a tout fait pour ne pas se démarquer, compléta la jeune femme.
Un silence lourd de réalisation s'ensuivit. L'enseignant se sentait écartelé par ses émotions. Il lui était impossible, malgré les faits qui pointaient l'évidence, de cesser subitement de considérer Midoriya comme son élève, comme une aspirante héroïne dont il suivait les progrès et distinguait le potentiel. La part de lui qui la plaçait sous sa responsabilité et sa protection regimbait à l'idée de la ficher en ligne de mire des plus puissants individus du Japon.
Une autre part de lui estimait la menace qu'elle représentait, le danger qu'elle faisait peut-être sciemment courir à ses autres élèves, et bouillait de la savoir vivre sous le toit même d'une famille innocente, de la voir prendre place en salle de classe parmi des lycéens qui la considéraient comme leur camarade.
Cependant...
Il tourna ses iris obsidienne vers Ryoka.
Il tolérait déjà une situation exactement similaire, parce que les circonstances s'y prêtaient.
- On ne prend aucune mesure définitive avant les examens, décréta-t-il. Dans l'éventualité où Midoriya est innocente, je ne veux pas la déstabiliser et diminuer ses chances par rapport aux autres. Pour l'instant, on la garde à l'œil, c'est tout. Ryoka, tu es toute désignée pour ça.
L'interpellée haussa les épaules.
- Ça m'occupera.
- Je consulterai les archives de l'affaire Katagiri, déclara Tsukauchi. Si des éléments concordent, je vous les transmettrai.
- - -
Tous les éléments de ce chapitre étaient prévus depuis tellement longtemps, j'espérais vraiment pouvoir le poster fin-Août, début-Septembre, mais j'ai été beaucoup plus occupée que prévu, donc je suis satisfaite d'avoir enfin posé tout ça.
(En plus j'ai du combattre un gros blocage d'écriture pour le rédiger)
Il y a beaucoup de blabla et d'infos dans ce chapitre, c'est pas l'idéal pour reprendre après une coupure, mais c'était nécessaire, j'espère que ce n'était pas trop indigeste !
J'ai improvisé pas mal de détails sur Hawks, comme vous avez pu le voir si vous lisez le manga, mais j'ai essayé de rester crédible. ^^
Merci à toutes les nouvelles lectrices qui votent et qui commentent, et aux anciennes qui continuent de lire et de se manifester à chaque fois, c'est vraiment grâce à vous que je suis venue à bout de ce chapitre !
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