Chapitre 28 : Chemins décisifs
Jour 2
Ryoka se réveilla à midi passé pour trouver l'appartement silencieux et plongé dans la pénombre. Le fait que Aizawa soit un lève-tard ne l'étonnait pas outre-mesure. Habillée du même sweat que la veille et d'un jean trop large dont les bords usés se prenaient sous ses talons, elle ouvrit grand les rideaux et s'affaira à se préparer un café et un déjeuner. Alors que l'huile crépitait dans la poêle, elle s'efforça d'écarter de ses pensées le ridicule de la situation. Cheshire, en train de se faire cuire des œufs pénarde dans la cuisine de Eraser Head, qui roupille dans la pièce d'à côté.
Une scène matinale qu'elle n'avait pas même connue avec ceux dont elle partageait le lit de temps à autre. Avant de revenir à Tokyo, elle prenait son petit-déjeuner en commun avec la troupe, et avant ça, sur le pouce avec Akira et leur mère, juste avant de partir pour les cours, si elle n'avait pas dormis chez Hisae qui avait coutume de le lui préparer.
Un pincement de douleur malvenue lui serra le cœur. Une main pressée sur la poitrine, elle jeta de l'autre deux tranches de bacon dans l'huile frémissante. L'odeur de graisse en train de frire emplit la pièce, mais ce n'était pas ce qui causa sa soudaine nausée. Son cœur s'était mis à battre à tout rompre dans sa poitrine compressée par sa brassière. Un nœud lui obstruait la gorge. Elle s'appuya au plan de travail, la tête rentrée entre les épaules.
Combien de temps encore cette situation allait durer ? Elle ne trouvait plus le moindre sens à tout cela. Qu'avait-elle accompli jusqu'ici ? Elle avait transgressé tellement de limites. Quand avait-elle franchi celle de trop ? A quel moment les choses avaient-elles autant dérapé ? Y avait-il aucun espoir d'éviter le crash de cette machine folle lancée à toute allure ?
Stop. Respire Ryo.
Elle ne pouvait plus. L'air n'arrivait plus dans ses bronches. Elle ouvrit la bouche en un réflexe d'inspiration, et un filet de fumée s'en épancha, comme une buée d'un violet sombre. Ses poumons s'étaient dématérialisés.
Respire ! Calme-toi.
Elle ferma les yeux, la bouche toujours ouverte sur un sifflement d'asphyxie.
'Twas brillig, and the stlithy toves,
Did gyre and gimble in the wabe.
(Il était grilheur; les slictueux toves,
gyraient sur l'alloinde et vriblaient)
L'effet de la récitation mentale se fit sentir dès les premiers vers. Distrait de la douleur causée par la privation d'oxygène et les contractions désespérées de ses muscles abdominaux pour l'obtenir, son esprit fit taire l'alarme qui l'assourdissait.
All mimsy were the borogoves,
And the mome raths outgrabe.
(Tous flivoreux allaient les borogoves,
Et les verchons fourgus bourniflaient.)
Un brusque hoquet fit parvenir une goulée d'air à ses poumons. Ryoka toussa et inspira profondément par la bouche à plusieurs reprise. En une poignée de secondes, elle avait repris son souffle et retrouvé son calme. Respirant encore fort, elle renversa la tête en arrière, se délectant du gonflement et dégonflement de sa poitrine à chaque inspiration et expiration.
Puis, les doigts toujours un peu tremblant, elle retourna les tranches de bacon légèrement brûlés avant de les recouvrir de deux œufs qu'elle cassa sur le rebord de la poêle. L'émotion et la crise avaient creusé son appétit.
Son portable vibra dans sa poche. La jeune femme décrocha sitôt qu'elle avisa la photo de Daisuke.
- Yo, salua-t-elle. Je peux pas trop parler là...
- Ouais, ouais, je sais. Je voulais juste te donner des news vite fait parce que... on revient de chez le gynéco.
- Oh !
- C'est bien le bruit de la poêle que j'entends là ? Depuis quand tu cuisines, toi ? Ooooh me dis pas que tu prépares le déj' pour le prof !
Ryoka émit un son d'indignation féroce.
- T'emballes pas c'est des œufs. Et c'est pour moi. Maintenant arrête de déconner et accouche ! 'Fin tu vois ce que je veux dire.
- Quand t'es grognon comme ça c'est que tu viens de te réveiller. Il est est bientôt treize heure je te signal.
- Oh mon dieu Daisuke, si tu commences pas à parler maintenant, je raccroche !
- D'accord, d'accord. Alors, euh... ça y est on a vu le petit bout. Et... on a écouté son cœur. Il battait tellement vite c'était, c'était...
L'attendrissement et la fierté brisait la voix de Daisuke. Un sourire irrépressible étirait les lèvre de la jeune femme. L'émoi du fiancé d'Hisae était contagieux. Elle jeta un coup d'œil en direction de la chambre d'Aizawa, craignant de le voir débarquer pour interrompre ce moment d'une douceur et d'une émotion indicible.
Elle put heureusement converser tranquillement avec le futur papa, veillant seulement à jouer sur son timbre du matin pour garder sa voix rauque et basse comme celle d'un adolescent, et choisissant soigneusement ses mots afin que le héro ne surprenne rien de suspect s'il venait à se réveiller.
La nervosité et l'excitation de Daisuke furent une bouffée d'oxygène encore plus salutaire que celles que Ryoka avait reprises après sa courte apnée. Elle raccrocha, fébrile, sa gaieté ravivée par cet appel on ne pouvait plus opportun. Tout en s'attablant devant une assiette d'œufs et de bacon accompagnés de toasts grillés, elle fredonna pour elle-même la fin de la comptine de son enfance :
- «Beware of the Jabberwock, my son !
The jaws that bite, the claws that catch !
Beware the Jubjub bird, and shun
The frumious Ban...»
(Prends garde au Jabberwock, mon fils !
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent !
Prends garde à l'oiseau Jubjub, et laisse en paix
Le frumieux Ban...)
Aizawa franchit le seuil de la cuisine.
... dersnatch. Woups.
Tout en mastiquant sa bouchée de toast recouvert d'une tranche du jambon grillé et imbibé du jaune d'œuf coulant, Ryoka détailla le héro d'un œil appréciateur. En tee-shirt noir à col V, ses cheveux relevés en un chignon négligé, il avait d'une certaine façon meilleure allure que d'habitude. Oh, et je le reluque maintenant. De mieux en mieux !
Il inspecta du regard sa cuisine à laquelle elle avait manqué mettre le feu, passant sur la poêle abandonnée dans l'évier et la fenêtre entrouverte pour dissiper l'odeur de porc carbonisé, puis ramena ses yeux sur la jeune femme.
- - -
Elle ne se dissipait pas. La sensation dérangeante qui le prenait chaque fois que Takeru entrait dans son champ de vision. A l'examen d'entée. En classe. Au cours d'initiation héroïque. Dans les couloirs. A l'infirmerie. Et maintenant dans sa cuisine, la mine un peu fatiguée et les cheveux en désordre.
Shota avait été tiré du sommeil par l'alarmante odeur de brûlée qui envahissait le studio. A travers la porte lui parvenait des bribes de la conversation du lycéen, qui paraissait extrêmement enjoué parce ce que lui racontait son interlocuteur.
Il ne tenta même pas de retenir la question qui franchit ses lèvres.
- Avec qui tu parlais ? Interrogea-t-il en se dirigeant vers la machine à café.
- Un pote de ma classe.
- Surveille ton langage quand tu parles à un aîné.
- Un camarade de classe, reformula Takeru avec une pointe d'impertinence.
Shota se servit une tasse pour une fois fumante. Il fit claquer sa langue contre son palais avec agacement en ouvrant plus grand la fenêtre, puis remit la poêle sur la gazinière et ralluma le feu. A côté de lui, Takeru versa du lait dans sa tasse jusqu'à éclaircir de plusieurs nuances, puis se mit à y ajouter le sucre morceaux par morceaux.
- Takeru, j'ai une question à te poser, attaqua le héro.
Le carré de cassonade que le lycéen lâcha au-dessus de sa tasse émit un plouf! plus sonore que les précédents. Le regard mauvais qu'il lui adressa était sans équivoque : Sérieusement ? Dès le matin ?
Les reins appuyés contre le plan de travail, Shota riva ses prunelles dans celles, luisantes de méfiance, du gamin.
- Est-ce que Omura a eu un autre enfant avant toi ? S'enquit-il.
Les yeux de Takeru s'arrondirent de surprise.
- Pourquoi ?
Le professeur faillit le presser de répondre, mais leur conversation de la veille lui revint à l'esprit. Faire preuve de confiance.
- En ce moment il y a une... individue qui est impliquée dans une affaire sur laquelle je travaille.
L'intérêt du lycéen parut soudain accrût. Ses iris se mirent à chatoyer.
- C'est une Vilaine ? Demanda-t-il avant de siroter une gorgée de son café au lait.
- Ça reste à déterminer. Mais son Alter a les mêmes propriété corrosives que celui de Terminal.
Takeru reposa sa tasse. Il fixa pensivement le héro pendant quelques secondes, puis se rabattit sur son assiette où refroidissait son bacon.
- Pas à ma connaissance.
- Pardon ?
- Je n'ai pas de sœur à ma connaissance. Mais Omura et ma mère ne se connaissaient pas depuis très longtemps quand ils m'ont eu alors...
Shota acquiesça en signe de compréhension, puis noya son mécontentement dans son café noir et brûlant. Cela aurait été trop beau que Takeru ait effectivement une demi-sœur aînée dont il puisse lui révéler l'identité. Néanmoins, il s'agissait de sa piste la plus concrète, aussi n'allait-il par l'écarter pour si peu.
- - -
Je n'avais plus tenté de suivre Hawk de la journée. J'étais restée avec ses acolytes et Fumikage, piteuse et courroucée. Je me murai dans un silence qu'ils eurent le tact de respecter. Lorsque nous fûmes rendu à l'agence le soir venu, je m'esquivai aussitôt libérée de mes obligations, n'ayant ni l'appétit ni l'humeur pour dîner en commun. Alors que je me dirigeai vers les ascenseurs pour regagner ma chambres, une voix m'interpella tout à coup :
- Eh, Midoriya.
Je me retournai pour découvrir Hawk, lunettes relevées sur son front, qui me faisait signe.
- Viens avec moi, m'enjoignit-il.
- Où ça ?
Il flasha un sourire radieux et pointa l'index vers le plafond. Je le suivis donc vers l'une des ouvertures spécialement aménagées à différents étages de la tour et permettant des envols immédiats. Nous nous avançâmes sur la rampe le long de laquelle clignotaient les balisages, fouettés par le vent fort qui soufflait à cette hauteur. Nos ailes se déployèrent, moirée par intermittence de l'éclat rouge des feux, et nous prîmes notre essor pour nous élever jusqu'au sommet de l'édifice.
Parvenue sur le toit, je ne ne révoquai pas mon Alter comme j'avais coutume de le faire lorsque je n'en usais pas, et reployai simplement mes ailes de la même manière que Hawk. Seule se dressait au-dessus de nous l'antenne de relais. Du reste, nous dominions toute la préfecture.
- Tu m'as épaté, aujourd'hui, déclara le héro.
Je détachai mon regard de la vue grisante pour le poser sur lui avec circonspection. Sous ses hirsutes mèches blondes cendrées, il avait toujours cet air fin qui rendait ambiguë la moindre de ces paroles. S'apercevant de ma suspicion, il s'esclaffa.
- Si, si, je t'assure ! Quand je t'ai vu foncer après moi je me suis dis «Ça y est ! Elle s'est décidée à montrer ce qu'elle avait dans le ventre !» Et après, tu t'es mangé le panneau.
Je plissai les lèvres en une moue renfrognée.
- Bon, je m'y attendais un petit peu, avoua-t-il en se grattant la nuque. Tes ailes sont un peu plus grandes que les miennes et leur structure est différente : c'était une mauvaise idée d'essayer de concourir avec moi sur l'agilité.
- J'essayais juste de vous rattraper, c'est vous qui en avez fait une compétition, fis-je remarquer avec un brin de mauvaise foi.
Cette compétition, j'y avais pris part en toute connaissance de cause.
- Ah, pas la peine de me vouvoyer, dit-il en grimaçant Et oui, tu marques un point, là, mais c'était la première fois que qui-que-ce-soit rivalisait avec moi sur mon propre terrain, alors j'avais envie de voir ce que ça allait donner.
- C'est ça, les cinquante pourcents restant pour lesquels tu m'as fait une offre de stage ? M'enquis-je.
Il n'y avait aucun reproche dans ma question. Je pouvais parfaitement concevoir l'envie de se mesurer à un pair.
- Non, pas vraiment. En fait, je ne suis pas très intéressé par l'aspect mentor-disciple de la profession de héro, mais quand je t'ai vu au Championnat, je me suis dit qu'avec un Alter pareil, il ne fallait pas laisser n'importe qui te former, expliqua-t-il avant d'étirer un large sourire en plaisantant : et comme j'ai estimé que j'étais le mieux qualifié...
- Me former ? Répétai-je.
Une once d'expectative fit palpiter mon cœur un peu plus vite. Hawk retrouva son sérieux pour m'examiner de ses yeux effilés de rapace.
- Oui, mais je voulais vérifier quelque-chose d'abord. Pourquoi tu t'es auto-sabotée au Championnat ?
Les tambourinements forcirent dans ma poitrine, cependant ce n'était plus d'attente. La bouche sèche, je répondis :
- Je ne cherche pas à être en tête des classements. Je ne vise pas le titre de numéro 1. J'étais juste un peu moins motivée que les autres à participer...
- Ce n'est pas très «Plus Ultra» tout ça, ironisa Hawk en retrouvant sa désinvolture. Bon, mais c'est bien ce qu'il m'avait semblé !
Je me détendis subrepticement tandis qu'il posait les doigts écarté sur sa poitrine en m'adressant un clin d'œil.
- Rassure-toi, ce n'est pas moi qui vais te juger pour ça ! En fait, j'espérais surtout que ce n'était pas parce que tu cédais la gloire à tes copains du podium ! D'ailleurs, tu sors avec lequel ? Interrogea-t-il avec espièglerie.
Prise de cours par le brusque changement de sujet, je fronçai les sourcils. Il avait l'esprit aussi vif que son Alter, et là aussi, je peinais à suivre.
- Tu n'es pas beaucoup sur les réseaux sociaux, pas vrai ? Me dit-il en plongeant la main dans sa poche pour en tirer son portable.
Il retira son gant avec ses dents, puis pianota sur l'écran avant de me le présenter. Du pouce, il fit défiler des photos amatrices de la Première A, parmi lesquels je figurais avec Katsuki dans le train, et avec Shoto à la boutique de Takoyaki. Surprise, mais peu encline à m'étaler sur le sujet avec le héro, je lui indiquai simplement :
- C'est des amis d'enfance.
- Tu sais t'entourer, toi ! Conseil perso : fonce pour Todoroki.*
- Tu parlais de me former, lui rappelai-je.
- Tout à fait, dit-il en claquant des doigts.
Le smartphone disparut dans sa poche et il renfila son gant.
- Tu vois, je n'ai aucun problème avec le fait que tu n'aspires pas à être Numéro 1. Cependant, si tu n'as pas de but, rien ne te motive à exploiter ton potentiel. Se contenter de devenir une héroïne ne suffit pas. Il te faut un domaine dans lequel tu excelleras, et qui sera ton courant ascendant dans l'exercice de ta profession. Alors pendant ce stage, je veux que tu y réfléchisses : quel est ton objectif ?
En l'écoutant me poser cette question, j'eus la nette impression qu'il en avait déjà la réponse. Néanmoins, Hawk souhaitait manifestement qu'elle émane de moi, et je lui fus reconnaissante de ne pas me l'imposer.
De retour dans ma chambre, je retirai mon costume et entrai dans la salle-de-bain attenante – une pièce entièrement revêtue de lambris pvc d'un gris graphite, éclairée par des leds encastrées derrière le miroir – pour prendre une douche. Sous le jet tiède, je ressassai les paroles de Hawk. Elles induisaient en moi des échos profonds, qui m'ébranlaient fondamentalement.
J'invoquai mes ailes dans la cabine de plein-pied, les dressant ployées en cercle entre les trois parois de verre. L'eau crépitait sur les plumes et ruisselaient en cascades le long des rémiges.
Longtemps, je les contemplai, l'impact du jet explosant en bruine contre ce cocon d'argent vibrant jusque dans mes omoplates. Je ressortis de la douche toujours sans réponse, mais déterminée à la trouver.
L'horloge digitale au mur indiquait vingt heure passée. Je me remémorai ma conversation de la veille avec Katsuki et la pensée du blond fit revenir à mon esprit les photos que Hawk m'avait montré plus tôt. Munie de mon portable, j'allai me poster devant la baie vitrée tout en lançant une recherche afin de retrouver le blog sur lequel elles avaient été postées. Il s'agissait d'une sorte de forum d'adolescents consacrés aux fans de U.A. L'une des rubriques se donnait des airs de presse à scandale avec ses titres accrocheurs et ses pseudos reportages photographiques, et prétendait faire l'actualité des relations amoureuses que nous vivions au lycée. Leurs auteurs, n'ayant évidemment aucun moyen d'accéder à l'établissement pour nourrir leurs potins, s'étaient rabattus sur tout ce qui filtrait sur les réseaux sociaux. La majorité des photos avaient été prises dans des lieux publics après le Championnat, quand l'engouement provoqué par celui-ci nous rendait encore assez dignes d'intérêt pour nous photographier à la dérobée.
Cela expliquait la photo de Katsuki et moi, serrés l'un contre l'autre dans le train et la mine contrariée, ainsi que celle de Shoto et moi, attablés devant nos barquettes de Takoyaki. Je trouvai aussi des photos de Mina et Kirishima, qui avaient apparemment fréquentés le même collège, de Tsuyu main dans la main avec une adolescente à la tête reptilienne sous sa tignasse rousse, de mon frère et Ochaco arrivant ensembles au lycée ; et tout autant d'instant capturés hors de leurs contextes mettant en scène les élèves de la Première B, dont Takeru et Kendo se pinçant mutuellement la joue en grimaçant des sourires.
Je lâchai un soupir désintéressé et quittai la page internet pour faire défiler ma liste de contact. Izuku décrocha après trois sonneries.
- Eiko-Chan, j'allais t'appeler ! Je viens de voir tes messages, je suis tellement désolé !
- Pas grave, tant que tu vas bien. C'était quoi cette «mise en pratique», alors ?
- Oh, ça ! Je m'entraînais juste à activer mon Alter différemment. Plutôt que de le concentrer dans une partie de mon corps, je le laisse circuler en adaptation avec mes mouvements.
- Mh, et de cette manière tu ne te casses rien ?
- Rien du tout ! Enfin, je me suis pris deux ou trois murs mais à part ça...
Son ton mi-piteux, mi-auto-dérisoire, me fit sourire alors que je me dirigeai vers mon lit pour me poser sur le matelas.
- Je me suis pris un panneau publicitaire en essayant de rattraper Hawk.
La voix de mon frère s'imprégna aussitôt de note surexcitées :
- Tu as fait la course avec Hawk ?! Sur quelle distance ? A quelle altitude ? Tu as atteints ta vitesse de pointe ou pas ? Vous ne pouvez pas voler exactement de la même manière, il peut facilement te distancer en jouant sur l'agilité...
- C'est pour ça que je suis rentrée dans le panneau, l'interrompis-je.
Je lui relatais notre compétition aérienne soldée par mon plantage pathétique. Le grattement de la pointe d'un stylo contre une feuille m'indiqua qu'Izuku prenait frénétiquement des notes.
- Tu sais que Hawk peut atteindre le 350 kilomètres heure ? M'informa-t-il tout à coup. Ce serait intéressant de connaître ta vitesse maximum.
A ces mots, le déclic s'opéra brusquement dans mon esprit. Je me dressai debout, envahie d'une bouffée de fébrilité. L'évidence m'apparaissait tout à coup si clairement que je me fustigeai de ne pas l'avoir réalisé plus tôt.
Je m'agrippai au téléphone, exultante.
- Mais oui, c'est ça ! Izu, je t'adore !
- Euh... de rien ?
Tout à mon enthousiasme, j'en avais oublié que je n'avais pas encore parlé à mon frère de la leçon de Hawk. Je lui expliquai donc :
- Je réfléchissais au genre d'héroïne que je voulais devenir. Je ne m'étais rien fixé jusqu'à présent, et je n'avais aucune raison de m'investir plus que ça.
- Oh, oui je comprends. J'y ai pensé après le Championnat, m'avoua-t-il.
- Ah bon ?
- Tout le monde donnait le meilleur d'eux-même, mais j'avais l'impression que tu ne faisais pas autant d'efforts. Tu t'entraînes avec Katchan après tout, alors je m'attendais à devoir t'affronter aussi !
Un nœud de culpabilité et d'amertume me serra le ventre. Concourir coude à coude avec eux-deux aurait été une expérience unique.
- Je suis désolé, s'excusa-t-il alors. Je me suis tellement laissé emporté avec Todoroki que je ne t'ai même pas supporté.
Je fermai les yeux en me passant une main sur le front. Les secrets que je dissimulais à mon frère me revenaient en pleine figure quand je m'y attendais le moins. Je pris une grande inspiration et étirais les lèvres en un sourire plus large que d'ordinaire afin que mon frère l'entendît dans ma voix.
- Eh, non, tu n'as pas à t'en vouloir, je t'assure. Il m'a fallut un peu de temps mais maintenant je l'ai, ma raison de me surpasser.
- - -
📩 De : Fumeur tatoué sentimental
Chaton, jette un coup d'œil à ça.
Une brève phrase, accompagnée d'un lien vers une vidéo, qui firent bouillir Ryoka de frustration. Quoique Kuze lui avait envoyé, cela avait forcément un rapport avec Akira. Cependant il était hors de question qu'elle consulte le contenu du lien en présence de Aizawa. Elle dut donc feindre de se concentrer sur les devoirs d'Eizan, torturée d'appréhension, jusqu'à ce que le professeur suspendit la correction de ses copies afin de se rendre à la supérette.
Quand la porte eut claquée derrière lui, la jeune femme prit sur elle pour patienter une poignée de minutes par sécurité, puis elle s'empressa d'ouvrir le message et de cliquer sur le lien.
La vidéo était de mauvaise qualité, l'image sautait à tout bout de champ tant l'objectif était secoué, et le son crachotait, mais derrière la foule de têtes plongées dans le noir, dans le carré de lumière que faisaient les projecteurs braqués sur la cage de combat, la silhouette de son petit frère était reconnaissable entre mille.
Le monde disparut autours de Ryoka. Le sol s'ouvrit sous ses pieds. Elle resta interdite, le souffle suspendu. Cette bête féroce qui lacérait son colosse d'adversaire, qui rugissait de rage, sa crinière noire dressée, qui claquait des mâchoires, assoiffé de sang, ça ne pouvait pas être Akira. Et pourtant, à l'instant où il fichait ses crocs dans la chair de son opposant, l'incandescence bleue et sauvage de ses prunelles au-dessus de son museau plissé exclut tout doute.
* Hawk est un énorme fan de Endeavor
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Il n'y a que du blabla dans ce chapitre, mais c'est du blabla capital pour la suite !
L'action arrive, je vous le promets !
J'essaie d'être fidèle au personnage de Hawk, mais c'est assez difficile vue qu'il n'a pas encore été animé...
Et j'ai fait un peu de place à la relation fraternelle de mes deux Midoriya parce que ça faisait longtemps !
J'espère que ça vous plaît toujours ~
Dernière chose, les 6 premiers chapitres de Twist ont atteint les 100 votes minimum ! Vous êtes merveilleux-ses !! Aller on se fixe la même barre pour les suivant, faites péter la petite étoile ! 🌟🌟🌟
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