Chapitre 1 : Eiko qui ?
Quand Deku s'était mit à fanfaronner auprès de qui voulait l'entendre qu'il avait une sœur jumelle, Katsuki Bakugo s'était demandé s'il n'avait ne l'avait pas frappé un peu trop fort. Ou bien Deku était-il arriéré en plus d'être un pathétique pleurnichard ?
Ses propos firent plus de sens au bouts de quelques jours, lorsque Katsuki surprit une conversation entre sa propre mère et celle du sans Alter. Les deux femmes s'étaient croisées au Supermarché - Mitsuki avait obligé son fils à l'accompagner - et la discussion en était rapidement arrivée à Eiko Midoriya, la petite fille de huit ans, donc du même âge que leur garçon, adoptée par la famille Midoriya.
- Il en ont parlé rapidement aux infos, expliquait Inko quand Mitsuki l'interrogea.
- La gamine trouvée dans les montagnes par des Héros ?
Le mot «héros» fit dresser l'oreille à Katsuki.
- Elle était complètement livrée à elle-même, confirma la brune. Elle a vécu à l'état sauvage pendant des années, mais les médecins estiment qu'elle n'a pas passé toute sa vie dans la nature. Elle a dû vivre en société avant qu'un événement traumatique ne lui fasse fuir la civilisation.
Dans l'esprit du jeune garçon commençait à se former l'image d'une sauvageonne en pagne qui poussait des cris d'animaux. Il redoubla d'attention tandis que sa mère, dans la tête de laquelle devait s'imprimer une image semblable, s'enquit :
- Est-ce qu'elle ne va pas avoir de problème de réintégration ?
Inko secoua négativement la tête.
- D'après les médecins, son développement cognitif n'est pas trop affecté. Ils supposent que c'est parce qu'elle a du bénéficier d'au-moins quatre ou cinq ans d'éducation avant d'être totalement privées d'adultes. Elle a rapidement réapprit à parler, et n'est pas trop déroutée par le mode de vie citadin. Même si elle est très farouche pour l'instant, ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne s'habitue.
- Oh c'est une bonne nouvelle ! S'exclama Mitsuki. Pauvre gamine, qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ?
- Ça, c'est ce que personne n'a pu déterminer. La petite ne se souvient de rien avant ses cinq ans, révéla la mère de Deku. Ils suspectent que le traumatisme l'aurait du même coup privé de sa mémoire. Et il se peut...
Sa voix retomba, alors qu'elle marquait une hésitation, son visage s'assombrissant.
Katsuki et sa mère étaient suspendu à ses lèvres, même si le jeune garçon s'efforçait de n'en rien montrer. Enfin, Inko reprit :
- Elle a des cicatrices dans le bas du dos, tu verrais ça... de telles marques sur une enfant si jeune... les médecins pensent qu'elle devait avoir un Alter de type mutation, des ailes ou quelque-chose comme ça.
Katsuki fronça les sourcils, perplexe. Son regard alla d'une mère à l'autre. Si Mitsuki semblait avoir compris, lui n'avait pas tout saisi. Sans tenir compte du fait qu'il n'était pas invité à participer à la conversation, il s'exclama :
- Et alors c'est quoi ces cicatrices ?
Il reçut une claque sèche à l'arrière du crâne.
- Katsuki ! Mêle-toi de ce qui te regarde ! Le réprimanda sa mère.
Irrité, Katsuki se mit à brailler des récriminations ponctuées des derniers jurons qu'il avait appris. Inko riposta par des remontrances de plus en plus enflammées, et la mère comme le fils se prirent si bien la tête qu'ils oublièrent tout d'Eiko Midoriya.
Le soir cependant, les paroles d'Inko revinrent à l'esprit du jeune garçon. Sa consternation se ranima et le travailla jusqu'à ce qu'il s'endorme. Le lendemain, elle s'était faite curiosité. Lorsque, deux semaines plus tard, Inko leur proposa de passer chez elle afin d'accoutumer Eiko à la visite d'étrangers, Katsuki s'abstint pour la première fois de broncher. Il comptait bien avoir le fin mot de cette histoire de cicatrices et d'Alter.
C'était la mi-janvier, les chutes de neiges réduisaient les rues à des nuances de gris et de blanc. Deku et se mère accueillirent leurs invités avec enthousiasme. Alors qu'il se déchaussait, Katsuki daigna à peine accorder un regard au bon à rien qui folâtrait autour de lui comme un chiot. Il marmonna un bonjour à l'adresse de leur hôte afin que sa mère ne lui tombe pas sur le dos, mais toute son attention était monopolisé par la fameuse Eiko... qui brillait par son absence.
Débarrassé de sa parka et de son écharpe, chaussons d'intérieurs aux pieds, il s'avança dans l'appartement tandis que Mitsuki offrait à Inko la boîte de gâteaux achetée en chemin. Sans surprise, Deku lui emboîta aussitôt le pas.
- Bon, elle est où la fille des montagnes ? S'exclama-t-il impatiemment.
- Eiko-Chan ? Elle est juste l..., commença de répondre Deku en le suivant dans le salon.
Sa phrase s'étrangla lorsqu'il découvrit la pièce déserte. La fenêtre coulissante était entrouverte, laissant s'échapper des vagues de chaleur qui ondulaient dans l'entrebâillement.
- Maman ! Elle est sortit ! S'exclama-t-il en se précipitant lui-même vers le balcon.
Alors qu'il allait se faufiler à l'extérieur, Katsuki le bouscula pour sortir le premier. Il entendit à peine la remarque amusée de sa mère :
- On parle d'une gamine où d'un chat ?
La croûte de neige craqua sous les semelles de ses chaussons alors qu'il mettait le pied sur le balcon. L'eau imprégna aussitôt le textile et le froid mordit ses plantes de pieds. Le simple tee-shirt dont il était vêtu l'exposait à l'air glacial. Cependant, le spectacle qu'il découvrit lui fit occulter en bloc ces désagréments.
Juchée en position accroupie sur le rebord du balcon comme oiseau prêt à s'envoler, Eiko Midoriya l'observait avec défiance. Ses yeux en amande étaient deux points lilas, intenses et attentifs. Elle était mal coiffée. Le souffle d'air qui montait du vide agitait ses cheveux dont la couleur et les reflets étaient ceux de l'argent. Les mèches inégales, semées de flocons, gonflaient d'un volume sauvage sur les racines, et se tordaient en boucles indisciplinées sur les longueurs. Seulement couverte d'un tee-shirt blanc et d'un baggy, elle paraissait insensible au froid.
Inko surgit derrière lui avant qu'il eut l'occasion de prononcer le moindre mot. Au même instant, sa propre mère s'écria de l'autre côté de la vitre :
- Katsuki, tu veux chopper la crève ? Rentre-immédiatement !
L'exclamation fit tressaillir Eiko, mais Inko passa un bras rassurant par-dessus ses épaules pour la faire descendre de son perchoir.
- Viens-là ma puce, tu vas tomber malade si tu restes dehors comme ça.
La fille aux cheveux d'argent se laissa docilement conduire à l'intérieur, sans pour autant lâcher Katsuki des yeux. Elle foulait la neige pieds-nus, ses orteils s'enfonçant dans le tapis immaculé sans produire le moindre crissement, d'un pas familier du monde sauvage.
Une fois les enfants rassemblés dans le salon, Inko enveloppa sa fille adoptive dans une couverture, puis les laissa pour aller servir le thé à son invitée. Deku s'empara des mains d'Eiko pour les frotter dans les siennes.
- Tu es glacée ! Piailla-t-il, son timbre vibrant de cette écœurante sollicitude dont il paraissait incapable de se départir.
Katsuki s'avisa alors que les fins doigts de la fille étaient terminés de longs ongles acérés, jaunis par le temps. Il était à peu près certain qu'il ne s'agissait pas d'un Alter.
- Qu'est-ce qu'ils ont tes ongles ? S'enquit-il.
Sans un mot, Eiko retira aussitôt ses mains de celle de Deku pour les rapatrier sous la couverture. Ce fut le sans-Alter qui se chargea de répondre :
- Elle ne veut laisser personne lui couper, soupira-t-il. Ils sont devenus très durs, et elle a encore l'habitude de les utiliser à la place de ciseaux ou de couteaux. Comme quand elle vivait dans la nature.
- On est pas dans la nature là ! Répliqua caustiquement le blond. Et pourquoi tu réponds à sa place ? Elle peut pas peut-être ? Hein, t'es muette ?
Deku s'interposa machinalement entre eux.
- Katchan, laisse-la tranquille ! Tu vas lui faire peur !
- Ça va, Izu, intervint soudain Eiko.
- - -
Je m'étais réfugiée sur le balcon en entendant les nouveaux venus dans l'entrée. Izuku avait beau m'avoir prévenu de leur arrivée, la voix retentissante de Mitsuki Bakugo m'avait fait battre en retraite. La curiosité que m'inspirait ce Katchan, à propos de qui Izuku m'avait tant rabâché les oreilles, n'était pas suffisante pour me convaincre de quitter mon refuge.
J'oubliai toutes mes appréhensions quand l'intéressé surgit sur la terrasse. Cheveux blonds hérissés, yeux rouges et féroces, il m'évoquait ces renards sauvages que j'avais pu rencontrer dans les montagnes.
Lorsqu'Izuku se plaça devant moi, présumant que son comportement tumultueux m'effrayait, je décidai de le rectifier. Si le brun parut stupéfait de m'entendre prendre la parole, le blond se fendit d'un sourire triomphale.
- Ah, tu parles alors ! Je croyais que t'étais une barbare.
- Katchan ! S'offusqua Izuku.
Je m'en offensai bien moins que lui. Depuis que j'étais de retour dans la civilisation, il n'était pas le premier à me traiter de la sorte.
- Alors c'est toi le Katchan, dis-je en le détaillant une fois de plus de la tête aux pieds.
C'était le deuxième enfant que je rencontrai. Durant les quelques temps que j'avais passé au foyer de l'enfance, j'étais encore trop désorientée par mon nouvel environnement pour chercher à établir le contact avec eux. Katsuki Bakugo m'intriguait au plus haut point, tant il était différent de Izu.
Sa figure moqueuse vira au rictus quand il m'entendit le nommer de la même manière que l'avait fait mon frère d'adoption.
- C'est pas parce que Deku m'appelle par ce surnom débile que tu peux aussi, gronda-t-il. Moi c'est Bakugo. Bakugo Katsuki, le futur numéro 1 des pro-héros !
Je ne sus absolument pas quoi répondre à ça. Bien sûr, j'avais entendu parler des héros -on m'avait seriné jusqu'à saturation à quel point j'étais chanceuse d'avoir été secourue par eux- et, bien sûr, je savais qui était All Might, mais jusqu'à présent, cette catégorie de personne était restée pour moi quelque-chose de confus et d'impénétrable.
- Ah bon, fut tout ce que je trouvai à formuler.
Je compris plus tard que Katsuki était accoutumé à susciter l'admiration par ce genre de déclaration, aussi mon manque d'enthousiasme le hérissa.
- Ouais, parce que mon Alter est le meilleur ! Fanfaronna-t-il.
Les traits rayonnant d'adulation d'Izuku se contractèrent imperceptiblement, son regard s'emplit d'amertume. Je devinai ce qui allait suivre.
Poings sur les hanches, Katsuki me toisa de ses prunelles rouges et s'enquit :
- Et toi, t'as un Alter ou pas ?
- - -
Chapitre premier chapitre un peu bref, mais c'est histoire de tout mettre en route et d'introduire le personnage d'Eiko.
J'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à laisser votre avis, positif ou négatif.
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