✧7✧ Les maraudeurs n'ont pas frappé
𝟏𝟓 𝖘𝖊𝖕𝖙𝖊𝖒𝖇𝖗𝖊 𝟏𝟗𝟕𝟑
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Il a été maudit.
Cette pensée tournoyait dans son esprit comme un poisson mort dans son bocal tandis qu'il retirait un à un les strass qu'il avait collées sur son visage pour la fête. Après tout, que serait une soirée sans un maquillage de la plus haute qualité ?
Il a été maudit.
Sirius savait pourtant que dans un monde où des gens peuvent en transformer d'autres en crapauds baveux, il fallait faire attention à ce que l'on souhaite.
*
Neuf ans auparavant, dans le petit salon de Mes Black, Sirius, alors âgé d'un peu plus de quatre ans était arrivé en pleurant, les genoux en sang.
— Mamaaan ! J'ai mal ! Très très mal ! Avait-il sangloté en approchant.
Walburga s'était levée, avait posé son ouvrage sur le canapé et l'avait giflé. Violemment. Sèchement. Le garçon s'était écrasé sur le sol en hurlant de plus belle.
Elle ne l'aurait pas contemplé d'autre manière s'il n'avait été qu'une tâche de boue sur ses souliers immaculés.
— Tu t'entêtes donc à me décevoir, encore et encore ?
— M- maman..., Renifla Sirius.
— Ne m'appelle pas ainsi. Cracha Walburga. Je suis ta mère ! Ta mère ! Et tu m'appelleras mère ! Car c'est ainsi pour les gens de notre rang ! Traites moi encore comme une de ses sales roturières qui se font appelées par ce surnom dégoûtant et je te jure que tu me le paieras d'autre chose qu'une gifle.
L'enfant sur le sol se mit à sangloter et enfouis son visage dans ses bras.
— Cesse de pleurer ! Même Calista est plus forte que toi ! Même Regulus ne vient pas chouiner dans mes jupes ! Relève toi, par Merlin, regarde moi dans les yeux au lieu de te cacher. Faible ! Voilà ce que tu es.
Sirius releva un visage rougi de colère et noyé dans les larmes vers sa mère.
— T- tu es méchante !! Si je pouvais, je changerais de Maman ! Mieux, j'aimerais bien que tu sois morte ! Je voudrais que tu crèves !
Walburga blêmit, recula d'un pas et soudain, un étrange et terrifiant sourire s'éleva sur ses lèvres fines.
— Voilà qui est mieux, mon fils. Un peu plus d'énergie. Cependant...
Elle se pencha avec son sourire monstrueux collé sur le visage et ce fut au tour de Sirius de pâlir.
— Fais attention à ce que tu souhaites, tu ne sais pas ce qui pourrait arriver. Tu aimerais avoir mon cadavre sur la conscience, Sirius ? Tu en es certain ?
L'enfant ne bougea pas d'un iota. Il ignorait quoi répondre. Sa colère avait été balayée par la peur que lui procurait cette femme en robe sombre qu'il appelait Maman.
— Laisse-moi te donner une idée de ce que cela te ferait, mon fils.
Elle avait l'air presque douce lorsqu'elle posa sa main sur la joue de l'enfant. Mais Sirius, lui, n'en fut pas rassuré pour autant, ses mains s'agrippaient au tapis et son petit corps frêle tremblait de peur alors qu'il retenait tant bien que mal sa respiration. Et si son souffle devenait l'élément déclencheur de la rage de sa mère ?
Walburga sortit sa baguette et la posa sur la tempe de son fils.
Des larmes recommencèrent à jaillir de ses yeux bleus, en silence cette fois. Son corps tremblait d'effrois, sa bouche s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit et ses yeux s'écarquillèrent alors que sa mère prononçait des mots étranges entre ses dents.
Le sortilège, d'une étrange couleur argenté, rayonna dans toute la pièce puis petit à petit le halo se referma sur la pointe de la baguette de Walburga, sur la tempe de Sirius.
Il cessa de trembler brusquement, son corps se cambra et ses yeux se révulsèrent.
*
Les mains de Sirius se crispèrent sur les rebords du lavabo. Il ne pourrait jamais effacer les images qui avaient traversé son esprit ce jour-là. Il s'était vu assassiner sa propre mère, encore et encore, de diverses manières. Walburga s'était réjouie de son air horrifié. Quelque chose s'était brisé en lui ce jour-là, quelque chose que personne ne pourrait jamais réparer.
Il n'en avait jamais parlé, ni à ses amis, ni à ses frères et sœurs. Mais il avait appris à contrôler ses souhaits. Il ne voulait en aucun cas finir comme la plupart des membres de sa famille : avec tout un tas de sang sur les mains.
Pourtant, hier soir, quand il avait vu ce type abattre ses poings encore et encore sur son petit frère, il avait souhaité le voir mort. Il s'était même vu le coincer au détour d'un couloir et le réduire en miettes, histoire qu'il ne répète jamais son geste. Il n'avait jamais ressenti autant de haine, pas même pour Snivellus. Il avait maudit McLaggen.
Les mains de Sirius se crispèrent sur le rebord du lavabo. Il inspira, expira. Mais le monstre qui jouait avec ses entrailles ne disparaissait pas.
— Putain. Qu'est-ce que j'ai fait ?
Sa vision se brouilla, son esprit était bien trop confus quant à tout ce qu'il devait enregistrer : la soirée, McLaggen, l'alcool et le miroir. Il tremblait et transpirait à grosses gouttes. Une grande partie de la soirée avait disparue de sa mémoire. Des flash de lumière, de rires, de musique, c'était tout se dont il se souvenait.
Et s'il avait effectué un rituel sans s'en rendre compte ? Et s'il avait vraiment maudit, pas seulement par les mots mais par un véritable sortilège McLaggen.
Soudain, on frappa violemment à la porte.
— Sirius putain répond moi !!
— Mr. Lupin, voulez-vous bien vous calmer gronda la voix de Minerva. J'attendais plus de délicatesse de votre part.
— Sirius !! Ouvre cette porte ! » Asséna Remus, ignorant les ordres de son professeur.
Sirius se figea. Chacune des fibres de son corps se tendirent, son poil se hérissa. Que devait-il faire ? Il plaqua une main sur sa bouche ; il ne devait faire aucun bruit.
— Écoutez Mr Black, fit la professeure McGonagall, votre sœur est à l'infirmerie et votre frère a disparu. Un élève a été retrouvé enfermé dans un miroir après s'être manifestement disputé avec vous et votre frère et une menace a été peinte au sang sur les murs de l'école. Vos parents vont être convoqués pour discuter de tout cela. Nous ne vous accusons de rien et ce n'est pas notre travail. Nous cherchons simplement à comprendre, je ne pense sincèrement pas que ni vous ni votre frère soyez coupable de quoi que ce soit mais nous devons connaître la vérité. Et ce n'est certainement pas en restant enfermé ici que vous échapperez à des explications. Clair ?
– Vous me promettez qu'il s'agit de la vérité ? Tenta Sirius de l'autre côté du panneau de bois.
– Je vous le promets, Mr. Black.
Sirius retira le loquet et sortit de la salle de bain, les joues rouges, le regard honteux et les mains tremblantes d'angoisse. Il croisa le regard de Remus. Ses yeux, couleur chocolat, étaient empreint d'un tel soulagement que le cœur de Sirius s'en serra.
— Mr. Black, reprit Minerva McGonagall. J'aimerais que vous me suiviez dans le bureau du directeur.
Sans défaire son regard de celui de son ami, Sirius hocha la tête. Outre mesure, il n'avait pas vraiment le choix, le ton de l'enseignante était ferme et catégorique. Elle avait confiance en son innocence, mais il fallait encore qu'il le prouve et la seule manière était encore d'obéir.
Mais était-il véritablement innocent ? Cette idée le paralysait. Et s'il décevait McGonagall, elle qui avait confiance en lui ? Et s'il était envoyé à Azkaban ?
*
Dans la salle commune des Gryffondor, un silence pesant régnait anormalement sur les élèves affalés dans les canapés rouges. Les rayons du soleil qui cognaient les vitres avec force, la tempête désormais passée, couplés à la sensation que son corps était composé à quatre vingt dix pour cent de chamallow et que quelqu'un s'amusait joyeusement à donner des coups de marteau à son cerveau lui donnaient l'impression de flotter dans un rêve.
— Il mériterait qu'on le renvoie pour ce qu'il a fait à McLaggen, à l'évidence le choixpeau s'est trompé en envoyant un Black à Gryffondor, ils sont tous pourris dans cette famille. Je te parie que sa sœur n'en est pas non plus épargnée.
Sirius sursauta au murmure du Gryffondor et sentit la peur l'accabler. Et s'il avait raison ? Et si toutes ces années à tenter de mettre de la distance entre son nom de famille et lui étaient vaines ?
Une main joignit la sienne et Sirius sursauta une nouvelle fois. Il se sentait si vulnérable en cet instant, mais Remus était là et ce dernier lui sourit d'un air confiant. Un regain de courage envahit le noiraud et il remercia son ami du regard.
Sirius fut surpris de n'apercevoir dans la salle ni James, ni Peter ou même Marlène. Peut-être était-ce un mal pour un bien finalement. Il n'aurait pas supporté la déception dans leurs regards. Et s'ils l'avaient défendu, ç'aurait été pire. Il était coupable et bientôt ceux qui l'avaient accueillit comme un frère le saurait et le haïraient.
Ensemble, McGonagall à leur suite, ils traversèrent les couloirs de Poudlard.
— Tout ira bien, d'accord ? Promis Remus.
— Ne parlez que lorsqu'on vous le demande, fit McGonagall devant la porte du directeur, votre ami a raison, tout se passera bien.
Sirius hocha la tête et pénétra dans le bureau du directeur.
*
Ses parents étaient là. Walburga et Orion Black étaient là. Sirius fut tenté de prendre ses jambes à son cou. Au lieu de cela, il se cacha tant qu'il put dans l'ombre de sa directrice de maison. Ce fut en vain. Sa mère tomba sur lui comme une furie.
— Tu nous expliques ce qu'il se passe ici ? Qu'est-ce que tu as fait encore ? Par Merlin, on ne peut pas te laisser deux minutes sans que tu ne ruines cette famille, pas vrai ?
Sirius tenta de soutenir le regard de sa mère, il échoua.
— S'il vous plaît, Madame, pourrions nous d'abord laisser Sirius s'expliquer ? Déclara le professeur Dumbledore.
Le garçon chercha assistance dans le regard bleu du vieillard, mais il n'y trouva rien qu'un tourbillon de mystères et de nouvelles questions sans réponses. Les mains nouées sur son bureau, Dumbledore se pencha en avant et ses lunettes en demi-lune glissèrent le long de son nez aquilin.
— Allez-y mon garçon, nous vous écoutons.
– Je, hé bien, commença Sirius en ravalant sa salive, il sentait le regard brûlant de sa mère peser sur lui.
– As-tu donc perdu ta langue ? Railla Walburga s'attirant le regard colérique de Minerva.
– Laissez-le donc parler ! Siffla l'enseignante.
– Les Gryffondors sont si impulsifs, déplora Walburga. La jour où vous aurez des enfants ma petite dame, peut-être vous écouterais-je en ce qui concerne l'éducation de mes enfants. Mais je crains que ce jour n'arrive jamais.
Minerva McGonagall tremblait de rage, mais ne répondit rien. Sirius lui jeta un coup d'œil en biais, un sentiment de reconnaissance inconditionnelle l'envahit à l'idée que l'enseignante l'ait défendu.
— Ça suffit Wally, fit la voix lasse d'Orion Black. Nous sommes venus découvrir ce qu'il se passait avec nos enfants, pas nous disputer.
– Bien. Cracha la mère de Sirius à contre cœur. Raconte nous donc, Sirius.
– McLaggen a insulté notre famille. Expliqua Sirius, s'il voulait avoir ses parents de son côté pour cette fois, c'était la meilleure tactique à utiliser. Il a traité Calista de prostituée et notre famille de consanguins. Il a humilié Regulus. Naturellement, il s'est énervé et l'a frappé. Mais McLaggen est beaucoup plus âgé, beaucoup plus grand et fort et ce dernier s'est mis à tabasser mon frère. Alors je suis intervenu. Je les ai séparés et j'ai dis à McLaggen de quitter la fête. Je ne l'ai plus revu après et Regulus est resté avec nous jusqu'à la fin de la soirée. Calista aussi. Aucun d'entre nous n'a touché à un cheveu de cet imbécile après cela.
– Votre langage, Mr. Black, gronda Minerva McGonagall en claquant sa langue sur son palais.
– Bon, alors c'est réglé ! Lança Walburga. Nos enfants n'ont rien fait et ce Gryffondor a eu tout ce qu'il méritait.
Sirius s'autorisa enfin à respirer, un soupir de soulagement s'échappa d'entre ses lèvres et sa mâchoire devenue douloureuse se relâcha un instant. Il se sentit victorieux, du moins jusqu'à ce que la porte du bureau s'ouvre dans un fracas.
— Je crains que ce ne soit tout sauf réglé, Mrs Black, annonça la voix du directeur de la maison Serpentard.
Sirius écarquilla les yeux en voyant apparaître son frère dans son costume de la veille tâché de bout et son visage tuméfié.
— C'est moi, annonça Regulus. C'est moi qui ai maudit McLaggen. C'est à cause de moi qu'il se trouve dans le miroir.
Un silence de plomb suivit ses mots. La panique s'agita dans l'esprit de Sirius. Pourquoi Regulus s'accusait-il ainsi ? Alors que c'était lui, c'était Sirius qui avait maudit McLaggen. Pourquoi jouait-il au martyr ? Ce n'était pourtant pas son genre...
— Qu'est-ce que tu racontes, mon petit ? Couina Walburga, troublant la première le silence. T'es-tu pris un coup sur la tête ? Que fais-tu dans cette tenue ? Vous n'avez donc pas d'infirmerie dans cet établissement ?! On a manifestement lancé un sort de confusion sur mon fils ! Sans compter les coups qu'ils lui ont été infligés ! Le Ministère en entendra parler, Dumbledore !
– Je ne suis victime d'aucun sortilège, mère. Répliqua Regulus, son regard bleu planté dans celui de sa mère.
Sirius admira un instant le courage dont faisait preuve son frère. Cela faisait à peine quelques semaines qu'ils étaient rentrés et son regard sur son frère avait diamétralement changé.
— C'est moi ! S'écria Sirius en faisant un pas en avant. C'est moi ! Pas Regulus. C'est moi qui ai maudit McLaggen. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès, mais je sais ce que ce n'est pas Regulus! Mon frère n'a rien à voir là-dedans.
Il cueillit le regard stupéfait de son frère et hocha la tête l'air de dire : Tout va bien. Tout ira bien. Je suis sûr de moi.
Tandis que les regards des adultes se posaient un à un sur lui, transformant son angoisse en véritable peur panique, il imagina ce que James dirait s'il se trouvait là : "C'est pas bientôt fini votre complexe du martyr, là ?!"
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Et voilà ! Je vous avais prévenu qu'il ne serait pas gai celui-ci...
À votre avis, qui a donc bien pu maudire McLaggen ?
Le prochain chapitre sera d'un point de vu.. surprenant !
Bonne chance et à bientôt...
- Horrora <3 -
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