✧5✧ Big Brother is watching you
𝟏𝟒 𝖘𝖊𝖕𝖙𝖊𝖒𝖇𝖗𝖊 𝟏𝟗𝟕𝟑
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Le soir de la rentrée, Calista avait craqué. Le conflit entre ses frères l'agaçait prodigieusement et nuisait à sa santé mentale au point qu'elle n'en dormait plus la nuit.
Regulus s'enfonçait dans les idéaux tordus de leurs parents et Sirius repoussait toujours plus violemment son frère dans leurs bras, sans même en avoir conscience.
Étant plus proche de son jumeau, elle avait tenté de s'ouvrir à lui mais celui-ci s'était énervé et lui avait hurlé qu'elle n'y comprenait rien, que leur frère était déjà perdu, que c'était un mangemort et que la seule chose de bonne qu'on pouvait lui offrir c'était de le fuir comme la peste.
Elle ne s'était jamais sentie aussi seule de sa vie. Son frère, c'était tout, tellement tout qu'il lui était si difficile de s'émanciper de sa présence et de son opinion. Un jour elle y parviendrait. Calista se l'était juré.
Sirius lui avait fait tellement de mal.
Mais elle avait vu le regret dans ses yeux lorsqu'ils avaient discuté. Alors elle lui avait pardonné, mais elle n'oublierait pas. Jamais.
— Cette robe t'embellit, commenta Pandora, sa colocataire.
— Merci, tu es prête ? Il n'est pas question que je me rende à cette fête sans toi !
— Oui, mais je te préviens, je ne resterai pas très longtemps, je dois aller au club d'astronomie à vingt-deux heures.
Calista acquiesça et se détourna de son miroir pour observer son amie.
Pandora était une fille de taille moyenne possédant d'extraordinaires cheveux d'un blond presque blanc et ses yeux d'un bleu translucide lui donnaient un regard hypnotique et dérangeant, on s'y perdrait. Pour ce soir, elle portait une longue robe d'une couleur similaire à celle de ses yeux. Celle-ci moulait son ventre rond et ses longues manches qui pendaient sous ses poignets donnaient à Pandora un air de princesse médiévale.
— Tu es absolument magnifique ! s'extasia Calista.
— Mais je ne suis pas parfaite, répliqua son amie en lui lançant un clin d'œil.
— Personne ne l'est, c'est ce qui fait notre beauté.
Calista attrapa un collier sur sa coiffeuse et se retourna vers son miroir. Elle avait choisi une robe rouge, la plus simple qu'elle possédait. Ce soir, elle avait privilégié le confort à son exubérance habituelle. Après tout, c'était une soirée étudiante, pas un bal. Les sorciers avaient tendance à confondre cela, elle s'en était rendue compte en rencontrant Lily. Elle attacha son collier muni d'une petite pierre rouge et soupira. Elle était prête.
*
Pandora et Calista arrivèrent au septième étage et retrouvèrent Lily devant le tableau de la Grosse Dame. Lily avait choisi une jolie et courte robe marron sans manches qui mettait en valeur ses cheveux auburns. Très jolie, élégante et tout à fait son style.
— Wow ! Les filles ! s'exclama la Griffonne. Vous êtes splendides !
— Merlin, puis-je te demander pourquoi tu ne t'extasie pas ainsi devant ma beauté chaque jour mais seulement lorsque je porte une jolie robe, s'exclama Calista en croisant ses bras sur sa poitrine.
— Il faut utiliser le verbe "embellir", souffla Pandora.
— Es-tu toujours aussi dramatique ? Demanda une voix féminine depuis l'autre bout du couloir.
— Andy ! Je ne savais pas que tu venais ce soir ! S'étonna Lily.
— Sirius m'a invité. S'expliqua la Serpentard.
Les quatre jeunes filles discutèrent un moment devant le passage secret, des filles de Poufsouffle, amies de Lily, devaient se rendre à la fête des Maraudeurs.
Tout était bien et dans le meilleur des mondes. Calista se trouvait libérée au moins pour quelques moins de l'emprise familiale, elle s'était réconciliée avec son frère jumeau, les cours recommençaient en douceur - même si tous leurs professeurs se plaisaient à leur répéter que cette année était la plus importante de leur scolarité -, elle passait les inter-cours en compagnie de Barty, plus affectueux que jamais, et ses soirées avec ses supers copines. Voilà encore une chose que Calista adorait chez Lily, elle avait le pouvoir de considérer n'importe qui comme son ami, peu importait sa maison ou son sang.
Calista ne s'était jamais sentie si heureuse, si normale, si complète que durant cette dernière semaine.
— Aller, dépêche toi petite-terreur numéro trois. Gronda la voix de Bartemius Jr qui approchait.
Quand on parle du loup, celui-ci surgit aussitôt. Pensa Calista. Voldy doit être une espèce de loup-garou alors.
Lily et les filles se tournèrent vers elle avec un regard plein de sous-entendus. Comme si c'était marqué sur son front qu'elle se trouvait rendue complètement accro à ce type. Non mais vraiment, n'importe quoi.
—Je t'ai dit que je ne voulais pas venir, maugréa la voix du fils cadet des Black.
– C'est mon frère que tu appelles "petite-terreur numéro trois" ? S'écria Calista le sourire aux lèvres.
— Évidemment, bien sûr, petite-terreur numéro un !
— Je vais te tuer.
— Pardon mon trésor, ma mie.
— Ok. Je n'ai rien dit. Je vais te démembrer et accrocher tes oreilles en guise de trophée dans mon salon.
— Pas que votre parade nuptiale gore me dérange mais, bordel, vous êtes pas tous seuls, les coupa Régulus.
— Laisse Reggie, répliqua Andromeda. C'est marrant.
Pandora se mit à glousser nerveusement très vite suivie de Lily et Andy. Calista croisa les bras feignant d'être vexée.
— D'ailleurs, reprit Lily, une fois son fou rire calmé. Qu'est-ce que tu fais ici, Regulus ? J'ignorais que Sirius t'avais invité ? Ça va mieux entre vous ?
Calista grimaça. Lily avait emprunté sa voix la plus douce. Son empathie et sa surprise étaient sincères, très certainement, mais elle prenait tant de pincettes avec Reggie que c'en devenait risible. Ce n'était pas un enfant de huit piges, non plus. Mais Lily ne connaissait pas vraiment Reggie, à vrai dire elle ne l'appréciait pas vraiment. Pourtant, on dirait bien que le cœur de Lily n'avait pas vraiment de limites.
« Il ne m'a pas invité, Evans. Répliqua Regulus avec mépris.
— En fait, si. Coupa Barty alors que Lily allait répliquer.
— Comment ça, c'est quoi l'embrouille? l'interrogea Andromeda en croisant les bras.
— Sirius est venu me voir il y a quelques jours. Il avait l'air bizarre. Il regardait partout autour de lui en se frottant les mains nerveusement. Comme s' il avait peur que sa propre ombre le dévore. Ou qu'on raconte partout qu'il sympathise avec l'ennemi, je ne sais pas. Le fait qu'il est venu, tout transpirant d'angoisse et m'a demandé de le suivre à l'écart dans une salle de classe vide et terriblement poussiéreuse.
— Bon, t'accouche Beedle¹ ! Asséna Calista.
— Oui, j'arrive, j'arrive, un peu de patience. Donc il vient et il me dit : "Puisque tu sors avec ma sœur, ce serait sympa que tu viennes à notre soirée d'avant match." - je n'ai toujours pas compris le concept de se mettre la tête à l'envers à la veille d'un évènement aussi important, mais enfin bon - et puis il continue après quelques minutes à se regarder dans le blanc des yeux. J'ai cru à un piège ou une blague. C'était quand même plus probable qu'un Sirius Black qui veut faire la paix. Enfin bref, il me serre la main !
— Ok, et donc? Ça n'explique pas ce que fait Black, ici? Répliqua Lily.
— Si tu veux que je dégage t'as qu'à le dire, Evans !
— J'y viens, j'y viens. Vous êtes d'une impatience ! soupira-t-il en ignorant Regulus. Sirius m'a demandé si je pouvais tenter de convaincre Régulus à venir aussi.
— J'allais quand même pas refuser l'opportunité de voir mon grand-frère, si parfait, se mettre la tête à l'envers, une cravate rouge et or autour du crâne, railla ce dernier.
-— Sirius tu es un imbécile, marmonna Calista.
— Sirius fait un pas vers toi, c'est pas souvent que cet abruti fait un truc pareil. Tu pourrais être plus sympa et indulgent ! Déclara Lily.
— De quoi je me mêle, Evans ? Tu ne sais absolument rien de nos histoires de famille. Répliqua sèchement Régulus.
— Pour une fois je suis d'accord avec toi, Reggie, fit Andromeda. Enfin, Lily ! Qu'est ce qui te prend ? Tu n'apprécie même pas Sirius.
— Pourriez-vous arrêter de vous aboyer dessus ? Demanda tranquillement Pandora. C'est épuisant.
*
Lorsque Jenna Macmillan et Jodie Abbot arrivèrent, et après que les joutes verbales, murmurées furieusement, entre Lily et Regulus eurent cessé, ils entrèrent finalement dans la salle commune des Gryffondor.
Calista avait beau être venue de nombreuses fois dans cette pièce, elle ne pouvait s'empêcher de s'y sentir étrangère. Les tapisseries rouges lui faisaient mal à la tête.
— Ne serait-ce pas les douces voix de mes demoiselles préférées que j'entends? lança la voix de James Potter.
Cet imbécile de harceleur de jeune fille rousse colérique s'avançait vers eux, un verre d'alcool déjà à la main et un immense sourire idiot sur son visage.
— Et nous on est quoi? Répliqua Barty. Des voisins de palier ? ²
— Vous avez le droit d'être là, c'est déjà pas mal pour des Serpentards. fit James en le dévisageant de haut en bas.
— Tu es une Drama Queen Potter, tu dis cela seulement parce que je t'ai piqué ta copine !
Calista sentit le rouge lui monter au joues et elle s'éloigna en marmonnant quelque chose à propos du bar.
Ce que disait Bartemius était en partie vrai. Elle était bien sortie avec James Potter avant lui. Ça n'avait pas duré bien longtemps et leur séparation n'avait rien eu à voir avec Barty. C'était juste... Ils étaient des enfants, de jeunes ados ! Ils sortaient ensemble pour le fun et puis, pour James, ça avait juste été une technique de plus pour se rapprocher de Lily et espérer la rendre jalouse. Le truc parfait pour ruiner ses chances.
Ce soir-là c'était Frank qui tenait le bar. Si à Serdaigle on se battait pour la place de barmaid, à Gryffondor c'était le ban.
— Qu'est-ce que tu as fait pour qu'ils te mettent là ? S'amusa Calista alors que Frank lui servait une chope de bière au beurre.
— J'ai fait perdre 15 points à Gryffondor le premier jour en faisant voler au plafond un type de Poufsouffle en DCFM³.
— Qu'est-ce qu'il avait fait pour subir un tel sort, sans mauvais jeu de mot?
— Il me regardait de travers. Et j'avais peur de ne pas maîtriser correctement le sort de Lévitation.
— Tu es incorrigible, pouffa Calista.
Le jeune homme haussa les épaules et Calista laissa sa place à un batteur de septième année de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, un certain McLaggen.
*
Très vite la soirée dégénéra. Calista du avouer, pourtant, qu'elle ne s'était jamais sentie ainsi ; comme faisant partie des grands.
Elle riait aux éclats les joues rouges tandis que les prédictions de Régulus s'avéraient. Sirius, debout sur une table, une cravate rouge nouée autour de la tête dansait en hurlant un tube du chanteur moldu David Bowie, Space Oddity
«Planet Earth is blue and there's nothing I can do. Though I'm past one hundred thousand miles I'm feeling very still and I think my spaceship knows which way to go tell my man I love him very much, he knows !»
Il se pencha vers quelqu'un, Calista ne ou voir de qui il s'agissait mais elle se promit de le chambrer jusqu'à le savoir. Tandis que la musique poursuivait sa route, Sirius répéta.
« He knows... »
Calista pouffa et se précipita sur un immense canapé rouge pour se laisser tomber à côté de son petit frère. Mais ce fut son verre qu'elle lâcha en premier. La bière-au-beurre qui n'était certainement pas sa première de la soirée se déversa sur sa robe. Elle rit une nouvelle fois et posa son verre sur la petite table basse en face d'elle.
—Tu es explosée ma parole. Se lamenta son frère.
— Oui, gloussa Calista.
— L'alcool révèle ta vraie nature ma sœur. Tu es un dindon, rends toi à l'évidence, il est trop tard pour toi ! Pour ma part je te conseille de ne jamais devenir un animagus, malgré ton admiration pour la vieille chouette.
— Pff tu racontes n'impote, n'amporte, c'est quoi le mot déjà ?
— Je devrais prendre des photos, Maman serait ravie de voir dans quel état vous vous mettez.
— Ne la mêle pas à ça. Baragouina Calista en faisant la moue.
Elle avala ce qui restait de sa bière et se releva. Une fois, deux fois. Lorsqu'elle cessa de retomber systématiquement, Calista leva les bras en l'air en signe de victoire. Régulus soupira l'air désespéré.
Calista s'éloigna de son frère et rejoignit Barty, peu à peu, les choses dégénèrent. Le jour suivant, Calista ne se souviendrait plus que des lumières aveuglantes de la salle commune de Gryffondor, de ses oreilles sifflantes et du parfum de folie qui flottait dans l'air ce soir-là. Mais pour l'instant, elle ne faisait qu'un avec l'euphorie ambiante et le chaos régnant en ces lieux. La fête battait son plein et personne ne venait la stopper. Les heures passèrent, délestées de toute contrariété et ce, jusqu'à ce que Lily attrape son bras.
— Viens. J'ai soif, avait dit la rousse en l'entraînant hors de la salle.
Les apercevant, les autres filles ne perdirent pas de temps à les suivre. Très vite, et sans en connaître la raison, la moitié des personnes présentes à la fête se retrouvèrent dans les couloirs. Calista se souviendrait de la pâleur des faisceaux lumineux des baguettes, de rires résonnant contre la pierre épaisse, des grognements des tableaux dérangés et des bruits de métal se fracassant sur le sol, souvent accompagnés de nouveaux rires.
Les filles avaient disparu depuis un long moment lorsque Calista et d'autres élèves dont elle avait oublié le nom tournèrent à l'angle du troisième étage. À cet instant précis, les souvenirs de Calista seraient plus clairs que jamais. Le cri. Le cri le plus aiguë et le plus effrayant qu'elle n'eut jamais entendu résonna dans les couloir. Il provenait des toilettes des filles, elle s'y élança aussitôt. Le cri avait eu un effet dégrisant automatique sur elle.
Mais alors qu'elle approchait de la porte en bois, une main retint son bras.
— Calista. Regarde.
La jeune fille se tourna vers son petit frère.
— Qui a t'il Reggie? Je ne comprends pas.
— Suit mon regard, fit-il en pointant le mur à sa droite.
Calista plaqua sa main contre sa bouche, pâlit brusquement et recula de quelques pas.
— C'est du sang.
*
Le couloir fut envahi quelques instants plus tard par des élèves beaucoup moins enjoués que les instants précédents. Ils observaient le mur d'un air idiot, mêlé de choc et d'alcool.
— "Je vous observe.", qui a osé une blague aussi nulle? lança James Potter qui venait d'apparaître, suivi de près par ses compagnons de toujours.
Personne ne répondit mais cela sembla sortir les élèves de leur apathie, certains murmuraient furieusement en réfléchissant à qui aurait pu faire cela, d'autres partirent se coucher.
— C'est du sang Potter. Du vrai sang. Tu ne sens pas cette odeur ? Ce n'est pas de la peinture. Déclara Regulus, faisant déglutir son effrayée de grande sœur.
— Les toilettes ! Venez vite ! Il s'est passé quelque chose ! hurla la voix d'une Lily plus pâle que d'ordinaire, courant vers eux.
C'en fut trop pour Calista, du sang, du vrai sang. Elle avait une peur irrationnelle de tout ce qui ressemblait un tant soit peu à de l'hémoglobine. Elle tomba dans les pommes.
"JE VOUS OBSERVE."
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¹ Beedle est un auteur de contes controversés dans le monde d'Harry Potter, son vrai nom est Beedle le Barde.
Les contes de Beedle le Barde, JK Rowling
Harry Potter et les reliques de la mort, JK Rowling
² " Et nous on est quoi? Des voisins de palier?" est une blague prononcée par les jumeaux Weasley après que leur mère ait fait l'erreur de dire que tout le monde dans la famille avait été préfet, or ils ne l'ont jamais été.
Harry Potter et l'Ordre du Phénix, JK Rowling
³ DCFM : abréviation de "Défense Contre les Forces du Mal".
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