✧13✧ La Réserve
Pour lire ce chapitre je vous conseil les trois musiques que j'ai le plus écoutées en l'écrivant !
Let Me Follow - Son Lux
Pulling a Thread - The Chamber Orchestra Of London
We Are Young - fun., Janelle Monàe
Bonne lecture !
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𝟓 𝖔𝖈𝖙𝖔𝖇𝖗𝖊 𝟏𝟗𝟕𝟑
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Calista se laissa aller entre les bras du Serpentard. En cet instant plus que les autres, elle savait pourquoi elle l'aimait ; Barty était constant, toujours là lorsqu'elle avait besoin de lui sans qu'elle n'ait à parler. Elle n'aimait pas parler. Surtout pas du garçon dans le miroir.
— Viens, il faut que tu manges, murmura ce dernier.
Elle hocha la tête contre son épaule et se laissa entraîner à la table des Serpentard. Lucius laissa traîner un regard d'argent narquois en sa direction.
— Alors, Black, on a peur d'un peu de sang ? Ricana-t-il.
— Fous-lui la paix cinq minutes, répliqua Evan Rosier. Tiens, prends mon pudding, Calista, je n'en veux plus.
— Merci, souffla la jeune fille en attrapant l'assiette du frère aîné de Pandora.
Chaque bouchée était difficile. Étirer ses lèvres sèches lui était si douloureux. La nourriture lui semblait si étrangère. Trop colorée, trop sucrée pour son corps plongé dans un tonneau de plomb et son visage peint en noir et blanc.
Elle se dégagea des bras de Barty.
— Je vais y aller, Barty, j'ai des devoirs.
Il lui offrit un gigantesque sourire et acquiesça, se détournant d'elle à la moindre occasion pour se replonger dans sa conversation avec Evan. Calista soupira. Elle marchait, ses jambes lui étaient douloureuses elles aussi. Aucun de ses gestes ne lui paraissait naturel. Si elle avait pu se laisser tomber, là, au milieu de la grande salle, couper toutes les ficelles qui tenaient son corps de pantin debout. Elle l'aurait fait sans hésiter. Une fois hors de la grande salle, elle se mit à courir. Elle ne voulait pas qu'on la suivre. Elle grimpa les étages quatre à quatre et ne s'arrêta que lorsqu'elle fut face aux toilettes du troisième étage. Personne n'y venait jamais. La présence du fantôme de Mimi Geignarde incommodait la plupart des élèves. Elle entra à petits pas au son des gouttes d'eau s'écoulant d'une énième fuite. Elle s'avança vers les lavabos et leva le regard vers le miroir qui lui faisait face.
Il était là. Le garçon et ses yeux froids. Il l'observait de l'autre côté de la vitre. Il n'avait pas l'air bloqué, comme McLaggen, il semblait simplement évoluer dans une réalité parallèle à la sienne. Ses yeux clairs étaient empreints de la même curiosité qu'elle nourrissait à son égard. Depuis la nuit à l'infirmerie, elle ne cessait de voir ce visage apparaître dans les miroirs qui l'entouraient. Ainsi, chaque fois qu'elle se lavait, elle couvrait d'une serviette son miroir, elle avait renoncé à se maquiller, à observer son reflet. Elle n'en était pas mécontente pour autant. Non. Elle était subjuguée par cette étrange apparition. Elle passait des nuits face au miroir de sa table de chevet. Et elle rejoignait les toilettes du troisième étage chaque fois qu'elle en avait l'occasion, juste pour le regarder. Elle n'avait parlé de ce mystère à personne, mis à part Remus.
Hypnotisée, sa main se posa sur la vitre humide.
— Qui es-tu ? souffla-t-elle pour elle-même.
Elle savait qu'il ne répondrait pas. Depuis la première nuit, elle n'avait plus entendu sa voix. Elle se demandait si lui pouvait encore l'entendre. Et s'il l'avait entendue, il n'en montrait rien.
— Hiiiiii ! Un fantôme ! S'écria une voix derrière elle.
Mimi. Calista sursauta et se retourna vers le fantôme des toilettes des filles.
— Tu peux le voir ? Bégaya Calista.
Personne, à sa connaissance, d'autre qu'elle n'avait pu le voir. Deux jours plutôt, lorsque Pandora s'était trouvée déterminée à lui coiffer les cheveux, elle avait passé une demi-heure à fixer le garçon face au miroir sans même que la blonde ne remarque quoi que ce soit. Mais peut-être que les règles étaient différentes pour les fantômes.
— Bien sûr que je peux le voir, se vexa Mimi en croisant des bras argentés.
— Tu as parlé de fantôme, tu le reconnais ?
— Si je le reconnais ? Bien sûr que je le reconnais, c'est celui qui m'a volé ma Wally !
Calista pâlit brusquement.
— Wally comme ?
— Walburga Black.
— Merde, siffla Calista. Et tu sais comment il s'appelle lui ?
— Hmpf. Il s'agit du merveilleux et talentueux Tom Jedusor, théâtralisa Mimi en levant les yeux au ciel.
— Tom Jedusor..., répéta-t-elle plus lentement.
— C'est ce que je viens de dire, cocotte.
Calista ne s'en formalisa pas, plongée dans ses pensées.
— Ma mère ! S'écria Calista. Je veux dire... Walburga ! Que sais-tu d'elle ?
Mimi plissa les yeux et plongea sur elle.
— Tu es la fille de Wally ? Demanda-t-elle, suspicieuse.
Calista se raidit et acquiesça vivement de la tête. Mimi eut un léger sourire, recula, lui tourna le dos pendant ce qui sembla être une éternité puis lança un gigantesque sourire empreint de malice à Calista.
— C'est d'accord ! Je veux bien te raconter !
Calista soupira de soulagement. Peu lui importait le garçon dans le miroir si seulement elle pouvait en savoir plus sur la jeunesse de sa mère, si dure et si froide qu'elle semblait toujours avoir eu les cheveux gris.
— Wally était ma meilleure amie, soupira Mimi.
Calista était incapable de dire si la tristesse marquant le visage du fantôme était surjouée ou non mais elle avait du mal à imaginer sa mère amie avec une pleurnicharde de Serdaigle.
— Elle était choixpeauflou Serdaigle-Serpentard, tu comprends ? Elle avait failli jeter l'opprobre sur sa famille, mais avait bien terminé à Serpentard. Mais tout le monde avait été témoin ; le choixpeau avait mis plus de cinq minutes à se décider. Elle ne parvenait pas à s'intégrer chez les Serpentard alors nous sommes devenues amies. Nous étions les meilleures amies du monde... Jusqu'en quatrième année du moins. L'été suivant nous avons cessé de nous voir. Elle ne répondait à aucune de mes lettres. Et lorsqu'elle fut rentrée, elle était devenue une véritable Serpentard. Elle suivait ce... Tom partout où il allait et ne jurait que part lui.
Calista resta muette le temps d'intégrer le flot d'informations. Ses parents ne parlaient jamais de leur jeunesse. Ils parlaient d'honneur, de famille, de lignée, jamais de leur propre histoire, jamais d'eux-mêmes. Apprendre que sa mère n'était pas la parfait Black qu'elle affirmait être était d'une délicieuse satisfaction. Mieux, c'était une arme qu'elle pourrait conserver autant de temps qu'elle le souhaiterait contre elle.
— Dis, Mimi, quand est ce que tu es morte ?
— En sixième année, répondit le fantôme pensivement, mais j'ignore quelle réaction a bien pu avoir Wally. J'ai mis du temps à... Revenir. Elle avait déjà quitté Poudlard lorsque je suis apparue ici. Et quelle que soit la cause de ma mort, je ne crois pas qu'elle ait eu quoi que ce soit à voir avec ça. Avant, elle me défendait toujours lorsqu'on m'insultait. Wally n'était pas mauvaise, elle avait la mauvaise famille.
— Je connais ça, marmonna Calista.
— Comment est-elle aujourd'hui ? Demanda Mimi avec un grelot dans la voix.
— Je ne voudrais pas te briser le cœur, Mimi, mais elle n'est pas terrible...
— Elle ne peut pas être plus terrible que moi ! pleurnicha-t-elle.
Chassez le naturel, il revient au galop, pensa la fille de Walburga.
— Ma mère a honte de moi parce que je suis à Serdaigle, avoua la jeune fille.
— Quelle idiote ! s'exclama Mimi. Par Merlin, qu'est-il arrivé à ma petite Wally !!
— Tu l'aimais beaucoup ?
Mimi acquiesça, les yeux plein de larmes, elle poussa un cri déchirant plongea dans la cuvette de la cabine la plus proche. Un splash bruyant résonna dans les toilettes et Calista sentit son cœur se briser. Elle aurait aimé connaître cette version de sa mère. Cette version aimante, prenant la défense de son amie harcelée. Elle tenta d'imaginer la froide et cruelle Walburga Black aux côtés de Mimi, mais cela semblait plus risible qu'autre chose. Elle laissa tomber et se retourna vers le miroir. Le garçon était toujours là. Il lisait un livre, il ne la regardait pas. Et cette fois, une peur incontrôlable l'envahit.
— Qu'as tu fait de ma mère, Tom ? Que t'est-il arrivé à toi ? murmura-t-elle.
Il leva un œil vers elle et fronça ses sourcils noirs. Tom se leva brusquement et fit tomber son côté du miroir sur le meuble où il était posé. Le miroir des toilettes des filles du troisième étage arborait désormais une parfaite couleur noire. Calista fondit en larmes. Elle ne savait si cela était dû aux nombreuses heures sans sommeil, au trop-plein d'émotions de ces dernières semaines, ou bien au fait qu'elle se soit trop attachée à la présence familière du garçon dans le miroir dans son quotidien. C'était peut-être bien les trois à la fois. Son corps mut de spasmes produisait des sanglots bien trop bruyants à son goût. Les cris de sa gorge grelottante résonnaient contre les parois carrelées de la pièce. Ses genoux tremblants ne purent bientôt plus soutenir son corps débordant de son désespoir. Elle se laissa glisser sur le sol trempé des toilettes. Pleurer, si ce n'était pas si douloureux, était presque confortable. Elle aurait voulu rester là, seule, que personne ne vienne jamais troubler son malheur. Elle se sentit si pathétique de souhaiter quelques instants connaître le même destin que Mimi Geignarde ? Mourir, noyée dans ses larmes. Héroïne de la tragédie la plus pitoyable jamais écrite.
Le temps passa, les larmes se tarirent et finalement, les mains crispées se relâchèrent. Il fallut plus de temps à la mâchoire pour suivre. Elle prit de longues respirations et se releva lentement. D'un petit coup d'œil vers le miroir, elle nota que celui-ci était toujours aussi noir que ses cheveux. Elle mordit sa lèvre inférieure pour ne pas se remettre à pleurer. Par Merlin, elle n'était plus une enfant !
Calista sortit des toilettes en hâtant le pas. Ses pensées furent si confuses qu'elle ne fit pas attention à ce qui venait dans sa direction. James Potter la retint de justesse.
— Tu es tombée dans le trou ma parole, tu es trempée ! railla James.
— Très fin, vraiment chapeau, maugréa Calista.
James fronça ses sourcils si fort qu'ils manquèrent de se joindre.
—Tu fais la gueule.
— Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, soupira la jeune fille. Je t'en prie, j'ai déjà assez de deux frères.
— Je ne viens pas pour t'emmerder, sourit James avec un clin d'œil.
— J'ai du mal à le croire...
— Je te cherchais pour une affaire très sérieuse figure toi.
— Pourquoi est-ce que ton petit sourire m'indique tout le contraire ?
— Parce qu'une petite aventure ne fait jamais peur à un Gryffondor.
James attrapa son amie par les épaules et l'entraîna dans un couloir à l'écart. Il portait sur son visage l'air des jeunes enfants sur le point de faire une bêtise pouvant leur coûter la vie. Cependant, James n'en était plus à cette étape de la vie où l'on a aucune conscience du danger et où l'on veut tout tester. Il était un grand enfant de quatorze ans pouponné par ses parents – c'est ce qui arrive aux fils unique miraculés, nés sur le tard – et n'ayant aucun but pour ses études hormis celui de briser chacun des articles du règlement de Poudlard.
James avait toujours eu l'habitude de l'emmener dans les endroits les plus exiguës et isolés de tout Poudlard. Il semblait qu'il eût toujours vécu ici tant il évoluait dans le château avec aisance.
Lorsque James consenti finalement à se stopper, Calista le questionna :
— Bon, c'est quoi ta grande affaire ?
— C'est une affaire pour les filles amusantes, je te préviens.
— Accouche.
— Tous ces rabat-joie... "Fais pas ça, James, Fais pas ci James" insupportable pour mon petit cœur fragile...
— Viens en au fait, James.
Calista était nerveuse, plus que d'habitude. Sa jambe tremblait, comme si elle tentait de se détacher de son corps pour aller sautiller plus loin. Elle ne désirait qu'une chose ; rejoindre son dortoir et voir si son miroir lui aussi était plongé dans les ténèbres.
— On ne trouvera rien qui puisse innocenter tes frères dans les livres de la bibliothèque.
Calista se figea. Elle n'était pas surprise par la révélation, pas même par le ton surprenamment sérieux de James, mais bien parce qu'il avait eu la force de prononcer des mots que tous redoutaient. Personne n'avait voulu se résoudre à l'évidence. Rien de ce qu'ils ne pourraient trouver n'aiderait jamais les garçons. S'il y avait eu des précédents permettant une jurisprudence, Dawlish devrait déjà les avoir trouvés.
— On ne trouvera rien dans la bibliothèque ouverte à tous les élèves, précisa James en baissant la voix.
— Non ! S'exclama Calista. C'est hors de question ! Dawlish a dit que nous devions rester dans la légalité.
En effet, l'homme ayant découvert l'élan de solidarité greffant nombre d'élèves à la bibliothèque les avait convoqués dans le petit bureau confié par le directeur en groupes restreints pour leur faire la morale sur la façon dont il fallait mener cette enquête. Et Calista avait bien retenu la leçon.
— C'est ce qu'ils disent tous, soupira James. Même Sirius, tu te rends compte ?
— C'est sa vie qui est en jeu, James ! Pourquoi Lily ne va pas mendier une autorisation auprès de Slug, ce type l'adore.
— Déjà essayé, il a refusé.
— Merde !
— Tu sais aussi bien que moi qu'on a pas le choix. J'aime Sirius comme un frère et quant à Régulus... Il ne mérite pas ça.
— On prend la cape. Et si votre carte bizarre pouvait être achevée, ce serait pas mal aussi.
— Comment tu sais pour la carte ?
— Peu importe. Elle est prête ou pas ?
— Non, rougit James. En ce moment, elle hurle le nom des gens qu'elle voit arriver à moins de dix mètres de son porteur... Pas très pratique.
— Je veux bien l'admettre.
— On prend la cape, ça suffira. Comme au bon vieux temps.
Ils échangèrent un sourire. Du temps où ils prétendaient de sortir ensemble, ils se couvraient régulièrement de la cape pour aller parcourir Poudlard, explorer tout un tas d'endroits secrets et se parler à cœur ouvert. Si James était un idiot, c'était aussi son meilleur ami. Le seul de la gente masculine.
— Ce soir devant ta porte, cinq minutes avant le couvre-feu, indiqua James avant de fuir vers son premier cours de l'après-midi.
Le soir arriva vite. Calista fut tentée de sécher les cours pour aller vérifier son miroir, mais elle préféra rester discrète au vu de ses intentions nocturnes. Tentant d'oublier sa nervosité, elle s'investit deux fois plus dans ses cours qu'à l'ordinaire. Elle décida cependant de sauter le dîner et grimpa jusqu'à la tour de Serdaigle. Elle découvrit le petit miroir orné de moulures dorées caché sous son oreiller. Un immense soulagement l'envahie lorsqu'elle le vit. Il la regardait. Non. Il la sondait. Comme s'il cherchait autant à percer son mystère qu'elle cherchait à percer le sien. Calista esquissa un sourire.
J'ai une information que tu n'as pas, Tom. Je sais qui tu es. Je sais où tu es. Dans le passé...
Brusquement la satisfaction disparue. Bizarrement savoir que le garçon tel qu'elle le voyait n'existait plus lui brisait le cœur. Cela ouvrait tellement de questions, mais lui brisait le cœur.
Alors que les filles entraient dans le dortoir à leur tour, Calista se glissa dans la salle de bains, masqua le miroir de l'une de ses serviettes et se glissa sous la douche. Une fois cette dernière achevée, elle fonça dans son lit à baldaquins et en rabattu les lourdes tentures bleues. Elle attendit de longues heures que chacune de ses camarades soit allée de coucher et que leurs souffles apaisés emplissent la pièce et puis, elle se releva lentement en position assise sur son lit parfaitement fait. Ses yeux contemplèrent avec détermination la nuit. Elle glissa machinalement ses pieds dans ses chaussons et quitta le dortoir à pas de loup. Pas un chat ne rôdait dans la salle commune, seule la Lune laissait entrer ses bras par les carreaux pour caresser avec douceur le visage pâle de Calista. La jeune fille mentirait si elle disait qu'elle n'avait pas peur. Elle était ainsi ; terrifiée, sensible, frileuse. Mais elle n'était pas couarde et il s'agissait de ses frères. Pour eux, elle était prête à affronter n'importe quel grand frisson. Ses pas se firent plus pressés, elle poussa la porte lourde et grinçante de la tour de Serdaigle et retrouva la tête de James flottant seule dans le couloir.
— J'ai bien failli t'attendre, chuchota furieusement James.
— Trelawney met toujours dix ans à s'endormir, s'excusa la jeune fille.
— J'ai cru que tu t'étais dégonflée !
— Moi ? Jamais ! répliqua-t-elle avec fierté.
— On y va ? Demanda le griffon en tendant un pan de sa cape d'invisibilité vers elle.
Pour toute réponse, elle hocha la tête et se glissa à ses côtés.
— Lumos ! lança Calista, afin de leur éclairer la route.
Leur route jusqu'à la Réserve fut semée d'embûches. Tout d'abord, James ne daignait pas lui laisser le minimum vital de place sous sa cape, ensuite, ils tombèrent deux fois nez à nez avec Miss Teigne. Cette créature issue du trou du cul de Satan semblait posséder une super vue lui permettant de les repérer sous la cape. En découla des courses effrénées dans les dédales de Poudlard. Finalement, ils parvinrent à destination. James ouvrit la porte d'un coup de baguette et ils y étaient. La Réserve. Et ses immenses allées jonchées de livres interdits. Seuls quelque rares élus parmi les élèves avaient un jour l'occasion d'y poser les pieds.
James retira la cape et s'élança dans les rangées.
— Tu viens Black, ou tu vas rester là ? Je sais bien que vous les Serdaigle, vous vénérez les livres, mais à ce point-là, c'est flippant.
Il souriait. Béat. Calista mentirait si elle niait adorer ce Potter. Elle comprenait pourquoi Sirius l'aimait autant. Mais elle comprenait aussi pourquoi il en agaçait tant d'autres.
— Espèce de sale petit veracrasse, je t'interdis de dire du mal de ma maison ! Siffla Calista, non sans un sourire.
— Ouh ! J'ai peur ! Rit James en reculant.
— Tu vas voir toi !
Elle se mit à courir après lui. C'était dangereux, on risquait de les entendre. Pour autant, elle n'écouta pas la voix de la raison. Ils allèrent jusqu'au fin fond de la réserve. La pièce annexe à la bibliothèque faisait en fait le double de cette dernière. Là, elle rattrapa James. Avec un rire étouffé, elle lui agrippa le bras, mais au lieu de se laisser attraper le garçon l'attira vers lui et ils tombèrent à la renverse contre une bibliothèque, entraînant ainsi dans leur chute moult livres anciens, précieux, et peut-être bien dangereux.
Les deux adolescents restèrent un instant silencieux avant d'éclater de rire.
— Je crois qu'on a fait une bêtise, rit James.
— Non, tu crois ?
— On n'a qu'à commencer par ces livres ? fit le garçon en se relevant, en les rangeant, on aura le temps de les examiner et d'en faucher quelques-uns.
— Bonne idée, acquiesça Calista.
La jeune fille commença par un petit à la couverture marron sur laquelle aucune indication n'était inscrite. Elle se glissa sur le sol poussiéreux et l'ouvrit. Du latin. Elle l'avait appris étant plus jeune, la famille Black avait requis les talents d'un tuteur pour inculquer à leurs enfants ce qui était essentiel à leurs yeux, c'est-à-dire, le latin, le grec ancien, la généalogie sorcière et le droit sorcier. De ce qu'elle comprit des premières pages, le livre expliquait comment transformer des ingrédients de potions communs en poisons aux effets extraordinaires. Elle le posa à côté d'elle et en attrapa un autre. La sorcière et les sept moldus, un comte graphique gore. Calista pria mentalement pour qu'aucun enfant n'ait jamais eu ce livre entre les mains. Elle manqua de vomir en tournant les pages. Elle finit par le fermer d'un coup sec et le jeta avec dégoût sur le livre précédent. Les cinq essais suivant ne furent pas plus concluants. Elle laissa tomber Histoire du massacre des géants mâcheurs avec un soupir las.
— Tu as quelque chose toi ? Lança-t-elle à son ami.
Il balança la tête en signe de dénégation. Sa pile s'agrandissait autant que la sienne.
— Je n'ai rien. Enfin, j'ai ce livre avec un miroir en couverture, mais il refuse de s'ouvrir. Peut-être que nous devrions l'emmener ?
— Fais voir.
Elle tendit le bras vers lui et elle attrapa délicatement le livre. L'ouvrage était si lourd qu'il semblait être fait de plomb et il était di épais que les tendons de ses pouces en devenaient douloureux.
En effet, la couverture arborait un immense miroir. Un miroir orné de moulures dorées. Calista sentit son pouls s'accélérer. Ce livre contenait peut-être toutes les réponses à ses questions. Mais il n'aiderait pas à innocenter ses frères. Ce livre lui appartenait. Elle pouvait le ressentir dans ses tripes. Soudain, un bruit sourd leur parvint de l'entrée de la Réserve.
— Pas la peine de vous cacher, je sais que vous êtes là, ricana la voix du Concierge.
Calista croisa les yeux bruns de James. Rusard !
— Nox ! Murmura la jeune fille.
Calista se dépêcha de fourrer les livres dans les étagères tandis que James rabattait la cape sur eux. Le vieux grimoire au miroir serré entre ses bras, la Serdaigle était fin prête à sortir d'ici. Ils n'auraient pas beaucoup de temps pour s'extirper de la pièce. Rusard fouillerait les rangées de livres et ensuite, il monterait la garde devant la Réserve pendant quelques heures.
Retenant leur respiration, le cœur palpitant, ils évitèrent le concierge du mieux qu'ils le pouvaient. Arrivés devant la porte, James ferma les yeux et poussa la porte d'un coup sec. Cette dernière poussa un grincement plaintif et au bruit sinistre succéda les pas pressés du concierge. Aussitôt, les deux adolescents se mirent à courir et Calista jura que quiconque s'était organisé une promenade nocturne dans le château ce soir-là aurait aperçu leurs pieds dépassant de la cape.
Ils ne stoppèrent leur course qu'au septième étage, là James retira la cape.
— Hé bien, ce ne fut pas de tout repos, chuchota-t-il avec un immense sourire.
— Je tremble de peur, rit nerveusement Calista.
— Moi aussi, avoua James, mais c'est ce qui est le plus plaisant ; vaincre sa peur, sentir l'adrénaline parcourir ses veines. Tu n'es pas aussi froussarde que tu penses l'être. Regarde, tu es la seule à m'avoir suivie dans ma témérité. Et comme le dirait si bien Evans : c'était complètement inconscient !
Calista sourit avec reconnaissance. Pour toute réponse, il lui souhaita une bonne nuit. La jeune fille répondit à l'énigme du corbeau sur le heurtoir de la porte et pénétra dans la salle commune, son livre bien serré contre elle.
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