✧10✧ Contre-enquête
𝟏𝟖 𝖘𝖊𝖕𝖙𝖊𝖒𝖇𝖗𝖊 𝟏𝟗𝟕𝟑
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— Tu ne trouves pas que Poudlard comptes beaucoup de classes désaffectée ? S'interrogea distraitement Sirius.
— Ça, c'est à cause de cracmols et du sang de moldus, ricana Regulus.
— Imbécile. Gronda son frère. Je ne sais même pas pourquoi je te parle.
Le fils aîné des Black croisa ses bras et se laissa glisser contre l'un des murs de l'ancienne salle de potions. Une gigantesque fatigue s'abattu sur ses épaules. Cela faisait des jours qu'ils se trouvaient dans cette salle et Sirius avait la sensation de devenir fou. Que s'était-il réellement passé cette nuit-là ? Était-ce lui le responsable, ou bien son frère ? Qui avait maudit McLaggen le premier ? Était-il devenu l'un de ces monstres qui constituent la famille des Black ? Qu'allait-il devenir désormais ? Qu'allaient ils devenir ? Autant de questions sans réponses.
Depuis des jours, les seules interactions humaines dont il bénéficiait étaient celles de son frère qui ne manquait jamais de cracher son venin. Quoi qu'ait pu en croire Calista, Regulus n'était pas le petit saint qu'elle s'imaginait. Alors qu'il ruminait, au beau milieu de la pièce, sur l'une des paillasses, deux sandwiches et deux verres de jus de citrouille apparurent.
Voilà, il est midi, pensa Sirius en voyant son seul repère temporel.
Il imaginait ses amis, des étages plus haut, dans la Grande Salle, mangeant en se demandant comment avaient-ils pu faire confiance à un monstre tel que lui. Il en avait mal au ventre.
— Tu sais que ce n'est pas en te laissant mourir de faim qu'on sortira de ce bourbier, fit remarquer Regulus en attrapant son sandwich.
Sirius répondit par un borborygme, recroquevillé contre un mur, la pièce sans fenêtre avait anéanti toute sa bonne humeur. À quoi bon manger s'ils finissaient tous les deux à Azkaban ? Si seulement ce petit enfoiré de McLaggen n'avait pas collé ses poings dans le visage de son frère...
Sirius soupirait inlassablement et alors que Regulus s'apprêtait à lancer une nouvelle remarque, des cliquetis se firent entendre dans la serrure. Les deux frères se lancèrent une œillade inquiète, leurs têtes dressées vers la porte comme celles des suricates. Lorsque le panneau de bois s'ouvrit, Sirius s'attendit à ce que la lumière s'engouffre dans ce cachot de malheur, mais rien. L'homme dans l'entrée devait avoir une ascendance parmi les géants ; sa carrure rendait l'encadrement de la porte presque trop étroit pour lui. Le pas lourd, l'homme s'avança vers Regulus dans la forêt de tables.
— Qui êtes-vous ? Lança Sirius, méfiant. Je ne vous ai jamais vu à Poudlard.
L'homme se stoppa dans sa marche et laissa glisser un regard inquisiteur vers Sirius qui sentit son courage lui échapper.
— Ah ! Tu es là toi ! grommela l'homme. Je ne t'avais pas vu, assis par terre.
L'homme se mit à sourire, mais les muscles de Sirius ne se relâchèrent pas pour autant. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, il fut aussitôt coupé pas l'inconnu qui leva la main dans sa direction.
— Je vais répondre à ta question mon garçon. Laisse-moi parler, d'accord ?
L'inconnu s'adressait à lui avec bienveillance. Il se dirigea jusqu'à la table du presseur et s'assit précautionneusement sur la chaise qui lui était destinée avant d'étendre ses jambes au maximum.
— Je m'appelle Dan Dawlish. Déclara l'inconnu en glissant un cigarette entre ses lèvres. Je suis celui qui se chargera de protéger vos intérêts durant cette affaire. Alors, dîtes moi, lequel de vous deux a vraiment maudit ce pauvre garçon ?
Dawlish se pencha vers eux par-dessus le bureau avec un sourire à faire froid dans le dos. Sirius sentit un frisson lui glisser le long de la colonne vertébrale.
— Eh bien ! Fit Dawlish après un long silence. J'ai cru comprendre que vous étiez plus bavards devant votre directeur lorsqu'il s'agissait de vous accuser à la place de l'autre... Je vois ! Vous l'avez fait tous les deux !
— Je pense que c'est moi ! S'exclama Sirius, paniqué.
Son petit frère avait beau être un abruti de première, si on ne lui laissait aucune chance, il deviendrait le mangemort parfait à coup sûr. Dawlish fronça les sourcils alors que Regulus poussa un hoquet de surprise.
— Commença, "tu penses" que c'est toi ? Demanda-t-il en allumant sa cigarette du bout de sa baguette.
— C'est-à-dire que... J'ai maudit McLaggen. Mais je l'ai maudit dans ma tête, je n'ai pas jeté de sort, du moins pas consciemment. Expliqua Sirius presque dans un murmure.
Devant le silence stupéfait de Dawlish, Sirius tenta de se justifier :
— Il frappait mon petit frère et... Mère m'a toujours dit de ne pas maudire les gens, que ça pouvait avoir des conséquences que l'on n'estime pas.
— Tais-toi, aboya Dawlish avant de se tourner vers Regulus. Et pour toi ? C'est pareil ?
Sirius planta son regard sur son petit frère, mais celui-ci ne le regardait pas, il se contenta de hocher la tête silencieusement. Ainsi, donc, ils avaient tous les deux maudit McLaggen ?
— Imbéciles, s'exclama Dawlish. Ça vous arrive de réfléchir cinq petites minutes avec vos cerveaux de moineaux demeurés ?!
— Je ne comprends pas, avoua Sirius.
— Si maudire quelqu'un dans sa tête provoquait le déclenchement d'une réelle malédiction sur la personne en question, je peux vous dire que je connaîtrais par cœur chaque recoin d'Azkaban.
— Vous voulez dire qu'on n'a rien fait ?, s'étonna Regulus.
— Bien sûr que non, les gamins, sourit Dawlish. Mais maintenant, il va falloir découvrir qui est le réel coupable si vous ne voulez pas finir au trou...
— Si on répète la même chose aux aurors, ils nous laisseront bien tranquilles, non ? S'inquiéta Sirius.
— Vous êtes vraiment naïfs, les mioches, la justice sorcière n'a rien ni de juste ni d'impartiale. Les aurors volontaires pour s'occuper de votre affaire ont, disons, quelques antécédents avec votre famille. Ils vous feront tomber sans aucune hésitation, peu leur importe que vous soyez coupables ou innocents. C'est pour cela que votre père m'a engagé, pour que vous ayez droit à une vraie défense et à une contre-enquête. J'ai un diplôme d'avocat dans le monde moldu.
— Vous êtes un sang-de-... Un né-moldu ? Demanda Regulus avec mépris.
— Sang-mélé. Bien que cela ne vous regarde en rien, jeune homme. Je vous préviens, je suis le seul à pouvoir vous sortir de la merde dans laquelle vous vous êtes mis, alors témoignez moi un minimum de respect, est-ce bien clair ?
Regulus eut la bonne idée de rougir et de ne pas répondre tandis que les poings de Sirius se serraient. Il avait honte de son frère.
— Merci de nous aider, sincèrement, Mr. Dawlish. Fit Sirius.
— Appelez moi Dan.
— Merci, Dan.
L'homme sourit et tira une taffe.
— Bon, maintenant concentrons nous sur les différentes pistes. Votre sœur, par exemple !
— Calista ? Sursauta Sirius.
— Oui. Elle était l'une des premières sur les lieux et elle a autant de raisons que vous d'en vouloir à McLaggen, sinon plus.
— N'êtes-vous pas censés défendre notre famille ? L'interrogea Sirius, méfiant.
— Votre père m'a demandé de défendre les intérêts de ses fils, pas de tout votre arbre généalogique. Fit Dan en haussant les épaules. Et puis les filles ne sont pas très importantes dans vos familles, qu'elles finissent à Azkaban ou qu'elles se marient cela revient au même. Je ne crois pas que vos parents nous tiennent vraiment rigueur d'accuser Calista à votre place. Ce serait le compromis idéal. Et puis vous remarquerez qu'elle ne s'est pas précipitée pour s'accuser à votre place, comme vous l'avez fait l'un pour l'autre.
— Ce n'est pas Calista. S'exclama Regulus avec véhémence. Et personne ne croira à cette idée saugrenue.
— Et pourquoi cela, jeune homme ? Demanda Dawlish d'un ton mielleux.
Sirius n'aimait certes pas l'idée d'accuser Calista, bien qu'il ait déjà pensé à la possibilité qu'elle puisse être la véritable coupable, il détestait bien plus que Regulus se permette de se montrer si désagréable avec leur seule chance de s'en sortir.
— Calista a peur du sang. Alors elle ne s'en serait jamais servie pour écrire un message menaçant sur le mur, expliqua Regulus.
— Son amie né-moldue, comment s'appelle-t-elle ? Celle qui a découvert le corps de McLaggen...
— Lily est innocente ! S'écria Sirius.
— Surprenant, s'amusa Dawlish. De voir à quelle vitesse on peut renier sa propre famille ; mais pas ses amis...
— Mon frère aime se revendiquer comme un "Black pas comme les autres". Railla Regulus. Malheureusement, avec un titre pareil, il rentre tous les autres dans la seconde case : les Black comme les autres.
— Je vois, ricana Dawlish. Vous êtes de sacré phénomènes quand même. C'est fou de voir à quel point il est facile de vous diviser, tous les trois. À partir de maintenant, les gosses, je veux vous voir vous entraider. Ne laissez personne vous faire oublier que vous êtes une famille ? D'accord ? Sinon les aurors se serviront de vos différents pour en faire tomber au moins un. Je vais vous donner un secret : parlez-vous, crevez l'abcès !
*
Ce Dawlish s'était bien moqué d'eux. À l'avenir, Sirius se méfierait de lui, mais il n'était pas sûr de savoir comment appliquer son conseil. Il ne savait pas comment parler avec ses frères et sœurs. Tout était plus simple lorsqu'ils étaient enfants, ils s'entendaient tous à merveille. Arrivé au rez de chaussé, Dawlish annonça aux deux frères qu'il s'installerait à Poudlard le temps de l'enquête jusqu'au jugement qui aurait lieu fin novembre. D'ici-là, ils devaient suivre leurs cours normalement et tenter d'en savoir plus sur les évènements de vendredi soir.
— Bon, j'y vais moi, soupira Regulus. Parle à tes amis, en croisant les doigts on peut espérer qu'il y en avait un de sobre vendredi soir.
— Mmh.. Oui.
Distrait, Sirius remonta les escaliers en direction de la salle commune des Gryffondors, la boule au ventre. Ses jambes parcouraient les dédales de Poudlard, tandis que son esprit tournait à mille à l'heure. Ses amis, voudraient-ils encore lui adresser la parole ? Le regarderaient-ils seulement ?
Alors qu'il approchait du septième étage, Sirius aperçu quelque chose qu'il aurait préféré ne jamais voir. À l'autre bout de couloir, se trouvait Calista, collée contre le mur et face à elle, Remus. Sirius ne voyait pas leurs visages, mais ils se trouvaient assez proches pour s'embrasser. Trop proches, du moins, pour n'être qu'en train de parler. Une colère sourde gronda en lui.
— Ça va, je ne vous dérange pas trop, s'exclama-t-il en approchant.
Il vit le dos de Remus se contracter sous sa chemise puis se relâcher brusquement. Le Gryffondor se retourna les joues brûlantes. Sirius eut un sourire, il était tombé juste. Ils étaient en train de se bécoter.
— Sirius ! Tu es sorti ! s'exclama Calista en se précipitant vers lui.
Elle se jeta dans ses bras, mais les yeux bleus de Sirius restaient plantés dans ceux ambrés de Remus. Il sentit sa respiration se couper. Son ami lui avait manqué. Tout à coup, il oublia sa colère de les avoir surpris. En cet instant, il aurait tout pardonné à Remus, simplement pour continuer à le voir le regarder ainsi, sans haine, mais avec joie.
— Il faut que tu nous racontes comment vous vous êtes attiré autant d'ennuis. Sourit Remus en se rapprochant d'eux.
— Oui, bien sûr, fit Sirius.
Calista le relâcha avec douceur et recula. Son regard évitait le sien.
— Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai cours dans vingt minutes. Lança-t-elle en s'en allant. Je dois passer à Serdaigle, je vous revois en sortilèges !
Remus et Sirius observèrent pendant quelques secondes la fille disparaître.
— Viens, invita Remus. Nous n'avons cours qu'à la prochaine heure et il faut absolument que nous repassions à Gryffondor. Tu es encore plus pâle que d'habitude.
Avec un sourire, Sirius suivit Remus à travers les couloirs de Poudlard.
— Tu sais, tu peux me le dire si tu as des vues sur ma sœur. Lança-t-il malicieusement.
— Quoi ?! Hoqueta Remus.
— N'agis pas comme si je ne vous avez pas vu tout à l'heure.
— On parlait, c'est tout ! Se défendit Remus.
— Vraiment ? D'assez près pour renifler vos haleines mutuelles alors...
— On ne voulait pas vraiment être écoutés si tu veux tout savoir.
— Vous vous racontiez quoi ? Demanda Sirius avec curiosité.
— Pas tes oignons.
— Allez !!
— Non.
— Tu es amoureux de ma sœur en vrai, titilla Sirius. Tu peux me le dire. Je me sentirais vexé si tu ne le faisais pas.
— Ne me fais pas de chantage ! S'agaça Remus. Et non, je ne suis pas amoureux de ta sœur, elle n'est pas vraiment mon type.
— Aucune fille n'est vraiment ton type... marmonna Sirius déçu que son ami ne se confie pas à lui.
Remus se stoppa brusquement et Sirius manqua de justesse de lui rentrer dedans.
— Qu'est-ce que tu as dit ? Fit Remus.
— Que personne n'est vraiment ton type. Tu n'es jamais sorti avec personne. C'est tout. Tu sais, je m'en serais remis si un autre de mes meilleurs amis décidait de sortir avec ma sœur. Je serais plus inquiet pour ton cœur que pour elle.
— Je ne vais pas sortir avec Calista, Sirius. Répliqua Remus, mettant fin à la conversation.
*
Arrivé dans la salle commune des lions, Sirius oublia de quoi il pouvait bien avoir peur. James l'accueillit dans une grande accolade et l'invita à s'asseoir avec le reste des maraudeurs, Marlène, Lily, Frank et Alice. Ils l'observèrent en silence.
— Alors ? Raconte ! lança Marlène en portant à ses lèvres une bière au beurre de leur réserve.
Sirius inspira profondément avant de commencer son récit, il expliqua dans les grandes lignes le plan de Dawlish, sans préciser la tentative de ce dernier de séparer la fratrie des Black. Alors que les mots commençaient à lui manquer et sa tête à tourner, Marlène lui glissa sa bière au beurre sous l'œil jaloux de Peter. Sans doute que lui aussi, aurait voulu poser ses lèvres sur la même bouteille que Marlène.
— Il faut qu'on aille à la bibliothèque, lança James d'un ton grave quand Sirius se tut.
— Qui êtes vous et qu'avez vous fait à James Potter, ricana Lily. Tu as réussi un exploit Sirius.
— Je suis peut-être tout simplement plus studieux que tu ne le crois, rétorqua James et levant le nez en l'air, vexé.
Lily haussa les yeux au ciel avec un sourire amusé.
— En-tout-cas, tu peux compter sur nous, frangin, ajouta James en passant un bras autour de ses épaules.
Tous ses amis acquiescèrent aux mots de James. Remus lui sourit doucement et Marlène ébouriffa ses cheveux. Un immense sourire fleurit sur ses lèvres ; ses amis ne le haïssaient pas le moins du monde, ses amis le croyaient.
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Voilà le dixième chapitre de cette fanfiction !
J'espère qu'il vous a plus et que vous êtes prêts pour les rebondissements à venir...
Horrora <3
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