ten o'clock

tapez moi, mon wattpad bug, j'ai loupé 18h, je suis énervée.

BREF je suis désolée pour cette heure de retard, mais voilà le chapitre 10 de OO:SA:KA, qui m'a donné du fil à retordre ! maintenant il faut que j'écrive le chapitre 11, je vous tiens au jus !

je vous souhaite une bonne lecture et encore désolée <3

-traylexe



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— Oh, il pleut...

En dépliant mon parapluie, je me tournai vers Jihyung, qui fixait les gouttes tomber depuis le haut-vent. Quelques autres enfants de l'école sortaient encore par la porte d'entrée, et allaient rejoindre leurs parents qui les attendaient dans leur voiture ou dans la cour de récréation. On devait rentrer à pied.

— Dommage, je devais te battre au jeu de la survie, plaisantai-je en lui souriant d'un air malin.

Du coin de l'œil, il me rendit le même sourire en lâchant un ricanement, puis sortit son parapluie de son sac à dos.

— Jamais tu ne pourras me battre.

— Mhh ? Alors le premier qui arrive au portail a gagné.

Immédiatement, je fermai mon parapluie et partis en courant à travers la pluie et les élèves qui continuaient de rejoindre leurs parents. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en sentant la pluie frapper mon visage, et un grand rire m'échappa quand Jihyung arriva à ma hauteur. Si j'étais doué à la nage, lui était doué à la course. Mais je ne trouvais comme excuse seulement son année de plus par rapport à moi, qu'il était plus grand et que c'était logique qu'il aille plus vite. Sauf bien sûr, les fois où je le battais.

Puis comme toutes les fois où nous jouions à un jeu, nous fûmes égalité. La pluie tombait de plus en plus fort, mais ce n'était pas ce qui comptait à ce moment-là. Nous continuions de rire en s'auto-proclamant vainqueur. Quelques parents et élèves nous fixaient avant de partir rapidement, se demandant quelle folie nous prenait pour avoir l'idée de faire une course sous la pluie. Personnellement, je ne voyais pas de problème tant que j'étais avec Jihyung. J'aimais bien ce temps, et me poser sur le rebord d'une fenêtre pour observer les gouttes tomber l'une après l'autre.

Soudainement, mon frère, qui reprenait son souffle, eut un large sourire en voyant quelqu'un ou quelque chose derrière moi. Curieux, je me retournai et vis Jihyuk, patientant sous son parapluie noir. Un léger rictus étira ses lèvres quand Jihyung le rejoignit, qui disparut lorsque son regard se posa sur moi, hésitant à venir. Je n'arrivais jamais à savoir ce qu'il pensait réellement de moi, et quelle était la raison du pourquoi il me méprisait en silence. Maman et Papa ne savaient pas non plus, et lorsqu'ils lui demandaient, il évitait la question.

— Allez Kookie !

L'eau coulait sur mon visage, prenait le rôle de larmes, les gouttes tombaient de mes mèches collées à mon front, et le froid commençait à monter en moi. Est-ce que je devais aller vers lui ? Il continuait de me fixer, attendant que je daigne à bouger mes jambes congelées. Jihyung se collait à lui pour espérer être protéger par son parapluie, et mon sang ne fit qu'un tour lorsqu'il commença à marcher lentement dans ma direction.


☯︎


La porte claqua, et un mauvais frisson me parcourut l'échine. Minkyung se tenait devant moi, les bras ballants le long du corps, le visage tiré par l'étonnement. Une lueur d'agacement se refléta dans ses yeux, et il nous fit dos avant de disparaitre dans le salon, où le seul point de lumière se trouvait. Tremblant comme une feuille, je me frottai les bras lorsqu'une douleur brute me prit. Mes mains étaient de nouveau en sang, les plaies étaient encore ouvertes.

Jimin me passa devant et ouvrit une porte à gauche dans le couloir d'entrée. Si mes souvenirs étaient bons, elle donnait sur sa grande salle de bain avec vue sur le quartier Gangnam. Après quelques secondes, il en sortit avec une serviette dans les mains et revint vers moi. Je n'avais pas la force de la prendre, mes bras me faisaient tellement mal à chaque mouvement que je n'osais plus bouger. Tenter de me réchauffer avait été une grossière erreur, je venais de me paralyser tout seul. Cette affreuse pression qui retombait était insoutenable, tout mon corps brûlait et Jimin le comprit rapidement en arrivant à ma hauteur.

Alors il passa la serviette au-dessus de mon crâne, et commença à frotter doucement mes cheveux. Instinctivement, mes poumons se bloquèrent et l'air me manqua. Zhu était là, devant moi, debout dans le couloir, le bras en pleine hémorragie inarrêtable. L'hémoglobine gouttait de ses doigts jusqu'au sol, une flaque se formait petit à petit, et un vilain sourire me glaça sur place.

— Jungkook !

Subitement, Jimin réapparut, son visage si proche du mien que je dus loucher pour voir nettement la seule lumière qui se reflétait dans ses yeux. L'obscurité nous enveloppait, les démons n'osaient plus revenir, et ce ne fut que quelques secondes après que j'entendis ma respiration siffler. La crise m'avait loupée de peu.

— Je suis là, d'accord ?

Petitement, je réussis à hausser la tête. J'avais l'impression d'être en plein rêve. Est-ce que j'étais vraiment chez lui ? Est-ce qu'il continuait vraiment de me sécher les cheveux et m'avait fait éviter le pire en effaçant Zhu de ma vue ? Je ne pouvais pas le croire, ça me paraissait trop beau pour être vrai.

Sans me toucher la peau de la sienne, il épongeait doucement mon visage, essorait tout ce qu'il pouvait de mon t-shirt et mon jogging, jusqu'à mes pieds. Je me sentais infiniment honteux, l'impression d'être un enfant dont on devait s'occuper à cause d'une blessure. Pourquoi n'étais-je pas capable de bouger ? De me sécher moi-même et devoir déranger quelqu'un ? Je reniflai un coup en retenant les quelques larmes de honte qui menaçaient de tomber. Je ne voulais pas être un boulet sur lequel on devait garder un œil. Soudain, je sursautai quand Jimin éleva la voix ;

— Min ! Est-ce que tu peux faire couler un bain s'il te plait ?

L'interpellé apparut au bout du couloir et, oppressé par l'atmosphère tendue, je baissai la tête au paillasson. Je dérangeais. Ils étaient sans doute en train de passer une bonne soirée et je venais de tout gâcher. Une dizaine de secondes plus tard, j'entendis une porte coulisser suivit d'un robinet lâchant de l'eau. Est-ce que je devais repartir ? Je ne me sentais pas le bienvenu ici, et même si Jimin et moi nous nous étions expliqués, je ne savais pas si j'avais réellement le droit de me présenter chez lui. Également, j'avais sous les yeux la preuve que ce dernier ne m'avait pas menti en me racontant l'histoire de ce qu'il s'était passé pour que notre trio se brise. En temps normal, Minkyung serait venu vers moi et aurait été aux petits soins, posant sans arrêt des questions si je voulais quelque chose. Oui, il aurait sans doute agi de la sorte.

Soudain, alors que je fixais mes orteils, le visage de Jimin apparut devant moi, penché. La lumière tamisée du salon se reflétait dans ses iris noires, et ses trais légèrement illuminés. Je déglutis difficilement, tremblant de partout.

— Ça va ? Murmura-t-il.

Non. Est-ce que je devais le lui dire ? Non, ça n'allait pas. Je ne voulais pas être tout seul, trop d'idées noires se baladaient dans ma tête, et ce sentiment ne m'avait pas quitté. Il me terrorisait, me remettait en question sur qui j'étais vraiment. Est-ce que je devais le lui dire ? Non, je ne voulais pas le déranger. Je le faisais déjà. Oui, je le dérangeais.

— Jungkook, il soupira en se redressant. Tu as bien fait de venir ici, maintenant tu vas te débarbouiller et te coucher.

Est-ce que j'avais bien fait de venir ? En deux ans, il avait sûrement appris à mentir parfaitement.

— Hé.

Je sursautai légèrement et levai les yeux vers Jimin. Il continuait de m'observer de haut en bas, s'attardait sur mes mains tremblantes, sur mes vêtements humides, mes bras qui continuaient de verser leur sang, et ma peau peut-être aussi blanche que la porcelaine.

— Le bain ne va pas tarder d'être prêt, tu peux marcher ?

Déjà ? Combien de temps s'était écoulé ? Est-ce que je pouvais marcher ? Je ne savais pas par quelle chance j'arrivais à encore tenir debout, mais maintenant que la pression retombait, je ne sentais plus du tout mes jambes, ni même mon corps entier. Ce que j'avais dans la tête à cet instant précis était le désir du repos. Au calme, sans rien ni personne pour me déranger.

Ne savant pas quoi lui répondre, je haussai petitement les épaules.

— Est-ce que tu m'autorises à t'aider ?

L'une de ses mains s'avança vers moi, sa voix toujours aussi calme et douce. Minkyung était sorti de la salle de bain pour rejoindre le salon, d'où une légère musique était diffusée. Je ne l'avais pas entendue jusqu'à présent. Je savais pourquoi il me demandait s'il avait le droit de m'aider, car cela entraînait forcément un contact physique si c'était pour me déplacer. J'étais épuisé.

Finalement, je haussai très légèrement la tête, ce qui le fit sourire.

Une main dans mon dos et l'autre à mon poignet, un frisson d'effroi me parcourut quand je vis mon sang tâcher ses doigts. En vitesse, je me retirai de sa prise et je fixais sa main, les yeux ronds comme des billes, la respiration bloquée. Comprenant que je venais de ne pas accepter son contact, il me sourit de manière rassurante, avant de me reprendre le poignet. Je n'étais pas serein. Mon cœur battait tellement fort qu'une douleur aigüe me tordit la poitrine.

Puis il me poussa pour tenter d'avancer en direction de la salle de bain. Je marchais, mais je sentais à tout moment, si je baissai les épaules pendant une demi-seconde, je m'effondrerais sur le sol sans possibilité de me relever. Jimin me demandait si ça allait, je n'avais pas la force de lui répondre autre que par un haussement de tête, et arrivés devant la porte ouverte de la salle de bain, ma nuque se mit à brûler. Minkyung me regardait. Je ne pouvais pas être aussi sûr de moi à ce moment-là.

Jimin jeta un œil derrière son épaule et prononça des mots que je ne compris pas, épuisé et assommé par la pression. Un premier pas de fait à l'intérieur de la salle de bain et de la vapeur vint se déposer sur mon visage. D'un seul coup, je lâchai un soupir. Il faisait chaud. L'eau devait être bouillante. Ou était-ce parce que j'étais frigorifié ? Tout ce dont j'avais envie, était de me jeter dans ce grand bain qui m'appelait au fur et à mesure que je me rapprochais de lui. De l'eau, chaude, à l'abri, comme dans le ventre d'une mère, à l'abri de tous les soucis.

— Est-ce que tu veux de l'aide ?

Lentement, je tournai la tête vers Jimin, les yeux à moitié entrouverts. Il me lâcha en douceur, gardait une main dans mon dos en cas de perte d'équilibre. Je mis quelques secondes à comprendre le sens de sa question, le faisant patienter, son regard inquiet plongé dans le mien, ne me lâchant pour rien au monde.

Oui, je voulais qu'il m'aide. Si jamais je faisais le moindre mouvement sans qu'il ne soit là, je tomberais. Je voulais qu'il m'aide, j'en avais besoin, alors pourquoi ma tête se secoua de droite à gauche ? Pourquoi répondais-je par la négative ? Mon esprit faisait n'importe quoi, comme si je n'étais plus maître de moi-même, n'était plus qu'un spectateur. A ma réponse, Jimin eut une mine dubitative et sa main dans mon dos commença à se retirer. Non, je ne voulais pas qu'il me laisse. Est-ce qu'il allait revenir s'il franchissait cette porte ?

Aucun son ne sortait de ma gorge, bien trop endommagée. Chaque avalement de salive me provoquait une douleur intense à travers le corps. Plus aucune force ne se manifestait en moi, la seule attache que j'avais encore et qui me permettait de tenir debout était sa main, en train d'hésiter à se retirer. Il ne fallait pas qu'il me laisse tout seul à son tour, à disparaitre derrière une porte pour ne plus jamais revenir.

Brutalement, au moment où sa main me quitta, je lui attrapai le poignet en le fixant. Aide-moi. Aide-moi. Aide-moi. Ce simple mouvement instinctif me donna le tournis, au bord du malaise. Jimin le vit et me prit contre lui, ses deux bras autour de mon buste à me serrer lentement. Une sensation de douceur me traversa le corps, et mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes. C'était doux, chaud, rempli de tendresse et de sincérité

— On est là.

Frénétiquement, je haussai la tête en le serrant aussi fort que je le pouvais. Qu'est-ce que je serais devenu si Jimin et moi n'avions pas eu cette discussion ? Serais-je allé à Coquelicot pour demander de l'aide à Seokjin ? Non, je n'aurais sûrement pas eu le courage de faire ça en sachant qu'il pouvait sûrement être encore là-bas. Malheureusement, cette étreinte ne dura que peu de temps lorsque mon ami se retira pour me dire qu'il allait m'aider à me déshabiller. Sa douceur était si pure qu'elle m'enveloppait.

Mais subitement, quand ses doigts se posèrent sur mon ventre pour retirer mon t-shirt, une décharge me parcourut les nerfs et je reculai instinctivement. Mon dos tapa dans une armoire et quelque chose tomba au sol, me figeant sur place. Immédiat, Jimin s'excusa mille fois, et je compris rapidement qu'il ne lui avait fallu que quelques secondes pour saisir le pourquoi du comment j'étais dans cet état-là. Je sentais encore ses doigts passer sur ma fosse iliaque, remonter sous mon t-shirt en déposant des piques à chaque contact.

Je me remis à gratter mon ventre, mon torse, tout me démangeait à nouveau. Deux mains me prirent les poignets avec force, et je m'arrêtai, les yeux grands ouverts dans ceux de mon ami. Ma respiration sifflait rapidement, le sol tremblait sous mes pieds et le monde tournait.

— Elle n'est pas là, Jungkook, murmura-t-il, voix douce dans le chaos. Il n'y a que Minkyung, toi, et moi ici, tu es en sécurité.

Le fixer en silence, c'était tout ce dont j'étais capable. Et ce que je continuais de faire pendant qu'il se remit à m'enlever le haut, dans une délicatesse venue des cieux. Derrière lui, une ombre passa, la pièce devint calme, puis fit demi-tour. L'eau ne coulait plus. Il me leva les bras pour faire passer les manches une à une, et à l'instant même où tout devint noir autour de moi, que Jimin n'était plus dans mon champ de vision, l'angoisse refit surface. Les quelques millisecondes me parurent extrêmement longues avant que je ne le voie à nouveau, étendant mon t-shirt sur le chauffage mural. Avant de revenir, il alluma une petite lampe d'ambiance près de la baignoire, ce qui me fit froncer les yeux. Jusque-là, seule la lumière du salon illuminait partiellement la pièce. Les lumières de la ville qui donnaient une ambiance pourpre n'étaient pas présentes à cause de la pluie, toujours plus abondante.

Puis il commença à retirer mon bas, le faisant glisser le long de mes jambes gelées. Je voyais son regard s'arrêter sur mes immondes cicatrices, sur tout mon corps. Ce fut à ce moment-là où je me forçai de fixer devant moi, car je sentais d'avance que je n'allais pas supporter longtemps de le voir observer toutes ces marques. Ni même de les voir tout court, de mes propres yeux, étaient une véritable épreuve. Tour à tour, je levai mes pieds pour qu'il puisse prendre mon bas et mon boxer retiré en même temps, qu'il alla étendre aux côtés de mon t-shirt.

— Tu veux que je te couvre les bras ? Me demanda-t-il en m'aidant à aller vers la baignoire fumante. La chaleur risque de te faire mal.

Me faire mal ? Un rire mauvais résonna dans mon crâne. Ce n'était pas une simple égratignure qui allait me tuer, pas aujourd'hui. Alors je secouai la tête, conscient de ma réponse apportée. Une nouvelle fois, Jimin eut une mine dubitative mais je l'empêchai de faire quoi que ce soit en mettant un pied dans l'eau, puis l'autre, toujours avec son aide. Immédiatement, une immense chaleur m'enveloppa et chaque muscle se détendit un à un, m'assommant de fatigue encore plus qu'avant.

Toujours avec son soutien et sa surveillance, je m'assis doucement, ma peau se remplissant de frisson. Du coin de l'œil, je vis mon ami sortir quelque chose du meuble double vasque pour venir le mettre au-dessus de la paroi, derrière moi. C'était un petit coussin sur lequel il m'incita à m'allonger, l'eau m'arrivant à présent jusqu'au cou. Mon visage me paraissait glacé sous tant de chaleur, et je fermai les yeux en me laissant entrainer par les légers remous, activés par Jimin.

— Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Me demanda ce dernier, la voix basse et douce.

Lentement, je tournai très petitement la tête de droite à gauche, l'esprit déjà dans les nuages.

— Je vais te laisser tranquille, appelle-moi si tu veux quoi que ce soit.

J'entrouvris un œil et l'observai me tourner le dos, passer l'encadrement, puis fermer la porte sans m'accorder un dernier regard. Immédiatement, mon cœur se compressa dans sa prison d'os et un spasme me prit. Est-ce qu'il allait revenir ? Pourquoi est-ce qu'il me laissait tout seul ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Encore une fois ?

Il allait revenir.

Peut-être pas ?

Mes blessures aux bras me tordirent soudain de douleur à cause de la chaleur de l'eau, mais je me contentais de froncer le visage, relativisant. Ce n'était pas grave d'avoir mal, si je ne souffrais pas maintenant, cela allait être plus tard. Est-ce qu'il y avait un plus tard, dans mon livre ? Quelle était la fin, de ce livre ? Une joyeuse ? Une triste ? Un entredeux ? Est-ce que c'était possible de terminer un livre avec une fin heureuse mais avec une touche de tristesse ? Peut-être que c'était possible. Peut-être même que je l'avais déjà écrite auparavant.

Lentement, l'eau m'arriva au menton.

Dans quel roman avais-je fais une fin de ce genre ? Je ne me souvenais plus.

En dessous du nez.

Ma tête me faisait tellement mal, des couleurs naviguaient dans tous les sens devant moi, créaient des cercles, des lignes, courbes, serpentines, éclats qui se dissipaient la seconde suivante.

Puis la chaleur et la douleur m'enveloppa entièrement, et une énorme pulsion me traversa le corps ; hurlement de martyr.



























— Qu'est-ce que tu fais ?

D'un léger sursaut, je levai la tête avant de la rebaisser.

— Je ne sais pas.

Avec un sourire, il s'assit à mes côtés et jeta un œil par-dessus mon épaule.

— Qu'est-ce que tu écris ?

Entre mes doigts, un stylo tournait.

— Je ne sais pas.

Une douce sensation me prit.

— J'ai le droit de lire ?

Je haussai les épaules.

— Je ne sais pas.

Un rire résonna dans le creux de mon oreille.

— Qu'est-ce que tu ne sais pas ?

Un soupir.

— Comment finir cette histoire.

Il n'y avait personne. Personne ne s'appuyait sur moi, entourait mon torse de ses bras, qui ricanait. Qui était-ce ? Je parlais tout seul. Quelqu'un m'appelait au loin. Je ne savais pas comment, par quel miracle, mais je me sentais bien. Je me sentais si bien que pour rien au monde je ne voulais quitter cet endroit. Où étais-je ? Je ne savais pas. Je ne pouvais rien décrire ; mettre aucun mot, aucune émotion, rien. Juste, je me sentais en paix, comme si rien ne pouvait m'arriver. Il y avait seulement cette voix, cette voix lointaine qui m'appelait de plus en plus fort, qui se rapprochait. Jungkook, Jungkook, à qui parlais-je ?

Soudain, une affreuse douleur me comprima le corps, réduisant à néant la quiétude. D'une grande inspiration, une toux dévastatrice me prit et je me tournai automatiquement sur le côté, crachant de l'eau, si ce n'était pas mes poumons. Mon cœur tambourinait dans mon crâne, mes nerfs, mes muscles, tout s'étirait comme un élastique. Tellement étiré que le centre devenait blanc, que la souffrance était telle une bombe à retardement qui venait d'exploser dans mon âme.

Une nouvelle fois, mon prénom résonna.

Et à peine eus-je le temps d'ouvrir les yeux et de comprendre ce qu'il se passait, que je fus plaqué contre quelque chose de doux. On me serrait. J'avais mal partout. Avec un peu de force, je me daignais à entrouvrir les paupières, et à travers ma vue complètement floue, une silhouette se tenait debout, dans un encadrement, dos à la lumière. Légèrement, je continuais de tousser, mon corps se faisant secouer comme par des spasmes dans les bras de quelqu'un. Est-ce que c'était lui ? J'avais froid.

Doucement, je me vis être déplacé, et Jimin apparut devant moi, les yeux larmoyants. Les traits de son visage se discernaient à peine. Ce n'était pas lui. Où était-il ? Je me sentais aussi lourd qu'une porte de prison, se fermant lentement, très lentement. Les verrous n'étaient pas loin. Je toussai encore quelques fois, ce qui me provoqua comme à chaque fois des éclairs de douleurs à travers le corps. Souffrir, souffrir, c'était tout ce que j'étais capable de faire.

Une main douce se posa contre mon visage et je fus serrer à nouveau contre lui, la tête au-dessus de son épaule.

— Jimin... Murmura l'ombre à l'encadrement de la porte.             

Le concerné huma, pendant que je tentais de mettre à jour ma vision et mon esprit pour comprendre ce qu'il se passait.

— On ne peut pas sauver quelqu'un qui ne veut pas être sauver... Tu devrais le laisser tranquille.

Subitement, mon cœur s'arrêta. Je me rappelais être entré dans un bain, puis me réveiller dans les bras de Jimin, l'esprit confus. Qu'est-ce que j'avais fait ? J'avais encore fait du mal à quelqu'un ? Je papillonnai des paupières, et mes yeux s'écartèrent d'eux-mêmes lorsque finalement, je me rendis compte de ce que j'avais fait.

J'avais baissé les bras.

J'avais abandonné.

Immédiatement, ma vue devint floue, les couleurs se mélangèrent et d'une seconde à l'autre, je fondis en larmes. Une nouvelle fois. Encore une fois. Bruyantes, les perles coulaient à flot, mes bras serraient de toutes leurs forces le torse de Jimin qui me caressaient les cheveux. Le visage plongé dans son cou, je déversais toute la pression, mes peines, mes souffrances, tout ce qui n'était pas sorti correctement durant ma fuite.

— J-Je suis... D-é... Déso-lé... Bafouillai-je, la bouche pâteuse de mucus. Désolé...

Jimin me serra plus fort, et murmurai des mots doux au creux de mon oreille, que tout était terminé, que je n'étais plus seul. J'acceptais ses paroles, mais elles ne restaient pas longtemps dans mon esprit quand je levai les yeux vers Minkyung, toujours debout dans l'encadrement de la porte. L'obscurité et mes larmes me contraignaient à voir ses réactions. Je voulais qu'il vienne. L'avoir à mes côtés et l'entendre rire à nouveau comme autrefois. Est-ce qu'il était aussi de cet avis ? Ma main quitta le dos de Jimin et vint se tendre dans l'air, dans sa direction. J'avais aussi besoin de lui.

Malheureusement, je n'eus le temps de voir sa réaction que tout plongea dans l'obscurité et le calme.

☯︎

— Et après la maîtresse nous a rendu nos contrôles de maths et regarde la note que j'ai eue !

Fier de lui, il leva en l'air sa feuille pour la montrer à Maman. Celle-ci eu un grand sourire et le félicita en lui ébouriffant les cheveux. Le bout de mon stylo dans ma bouche, je les observais s'amuser quelques secondes avant de rebaisser le nez à mon cahier. Moi aussi je devais avoir une bonne note à mon contrôle de demain. Les pieds balançant dans l'air, je soufflais, n'arrivant pas à compléter mon exercice. Je n'aimais pas le coréen. Alors j'abandonnai et me laissai tomber sur le dossier de la chaise. Jihyung et Maman étaient occupés dans la cuisine, Papa n'était pas encore rentré et-

— Qu'est-ce que tu dois faire ?

D'un léger sursaut, je relevai les yeux devant moi et me retrouvai face à Jihyuk en train de s'installer à la place en face. Dehors, il pleuvait encore beaucoup et les chiens dormaient tranquillement dans leurs paniers. Voyant mon hésitation face à son comportement inhabituel, il prit mon cahier ainsi que mon agenda pour regarder les devoirs que j'avais.

— Tu l'as faite la dictée ?

Je secouai la tête.

— Prends une feuille, je vais t'aider.

Même si je ne comprenais pas pourquoi il était aussi gentil avec moi aujourd'hui, je me hâtai à prendre de quoi écrire, le cœur battant. Prêt, je lui accordai un regard et il commença à lire doucement, avec des pauses à chaque phrase, s'adaptant à mon rythme. Ce soir fut l'un des rares moments où j'ai aimé faire mes devoirs, et aimé passer du temps avec Jihyuk. Peut-être parce que sa sortie d'aujourd'hui avec ses amis s'était bien passée, et que du coup, il était de bonne humeur. Je ne savais pas, et ne m'en plaignais pas du tout. Même en venant nous chercher à l'école, il était bizarre.

La dictée durant de longues minutes passa rapidement. En mettant le point final, je levai la tête vers lui et vis, du coin de l'œil, Jihyung en train de nous observer, les yeux et le haut du crâne dépassant plan de travail. Par réflex, il disparut en se baissant lorsqu'il remarqua que je l'avais vu. Maman était aux fourneaux, et une bonne odeur flottait dans l'air.

Mon stylo posé, mon grand-frère prit ma feuille et un crayon rouge pour marquer toutes les fautes que j'avais pu faire. Comme d'habitude, il y en avait quelques-unes. Maman et Papa disaient que j'avais toujours été doué en orthographe pour mon âge. Les fautes corrigées avec les explications de Jihyuk, il m'incita par la suite de recommencer l'exercice qui m'avait découragé plus tôt. Je fis la moue lorsqu'il me mit le cahier sous le nez.

— Je n'y arrive pas, ronchonnai-je.

Mon frère eut un léger sourire et ouvrit mon livre de leçons.

— C'est sûr qu'en disant ça, tu ne vas pas y arriver.

Je gonflai les joues et relus la consigne plusieurs fois jusqu'à ce qu'il trouve la leçon correspondante à mon exercice.

— Le singulier et le pluriel, c'est ça ?

Je haussai frénétiquement la tête. C'était nul. Je préférais quand Papa et Maman nous apprenaient l'allemand et l'anglais en s'amusant. Mon livre de leçon fut déposé sur mon cahier, me faisant lever les yeux vers Jihyuk.

— La réponse est devant toi, n'abandonne pas trop vite.

☯︎

Mes paupières étaient lourdes. Tout était plongé dans l'obscurité. Une sensation de confort m'envahit lorsque je sentis mon crâne posé sur un oreiller moelleux. Où est-ce que j'étais ? Je ne voyais rien et un silence impérial s'imposait au fur et à mesure que mon cœur cessait de retentir dans mon esprit. Il faisait chaud, j'étais allongé sur le ventre, une grosse couverture sur moi. J'avais l'impression d'avoir dormi des heures durant, d'avoir fait un très long rêve dont je me rappelais à peine. Doucement, je mouvais mes membres encore endormi et me tournai sur le côté gauche, le regard perdu dans le noir.

Quelle heure était-il ? Je ne savais pas. A qui appartenait ce lit ? Je ne savais pas, et je n'avais actuellement aucune envie de le quitter. L'atmosphère était si calme, si apaisante, si protectrice que je lâchai un grand soupir de bien-être. Une légère douleur me tira la gorge lorsque je déglutis, mais je n'y fis pas attention, bien trop concentré à ressentir cette quiétude.

Jusqu'à ce que je sente la présence de quelqu'un.

Me rendant compte que mes yeux s'étaient fermés d'eux-mêmes, je les rouvris avec un léger élan de panique. Je ne voyais rien. Il n'y avait aucun bruit. Mais quelqu'un me regardait, se trouvait tout proche de moi. D'un élan de panique, je m'assis dans le lit, me penchai d'un côté pour tâter s'il n'y avait pas une lampe de chevet ou un interrupteur. Mes doigts heurtèrent un tissu dur et en quelques secondes, la pièce s'illumina. La soudaine lumière me brûla les yeux que je dus froncer, et rouvrir doucement, le temps de m'habituer.

Je reconnaissais l'endroit. J'étais chez Jimin. Les stores étaient baissés, les rideaux tirés, tout était rangé, une longue armoire longeait le mur en face jusqu'à une porte fermée. J'étais dans la chambre qui se trouvait derrière la cuisine. Et il n'y avait personne. Si. Il y avait quelqu'un. Pourquoi je sentais que l'on me fixait s'il n'y avait personne ? Rapide, je tournai la tête dans tous les sens avant de m'interrompre.

Il était là.

Droit, les bras ballants, immobile, il se tenait debout devant l'armoire, un peu reculé du lit. C'était lui. Immédiatement, un sentiment étrange me prit et je ne sentis ni colère, ni pitié. Rien. Je ne sentais même pas mon cœur battre. Il était là, à me fixer dans un silence pesant. Au bout de quelques longues secondes, je finis par m'assoir dans le lit, le dos contre les coussins. Ce fut à ce moment-là que je remarquai un simple t-shirt vert et un boxer qui me servaient de pyjama. Mes bras étaient entièrement bandés, digne d'une momie. D'un soupir, je me frottai les yeux, fatigué, et relevai la tête vers le fond de la chambre. Il n'avait pas bougé. Cependant, j'eus une perte soudaine de patience et brisai le silence :

— Qu'est-ce que tu veux ?

Mon cœur loupa un battement. A qui parlai-je ? Il n'était pas réel. Pourquoi mon cerveau me jouait des tours, à le faire apparaitre au moindre instant depuis quelques temps ? Mes paupières étaient lourdes, et la fatigue accumulée remettait de plus en plus ma patience en question. Il ne répondait pas. Bien sûr, qu'il ne répondait pas. Pourquoi le ferait-il s'il n'est pas réel ? Son regard sombre et profond me fixait toujours de la même manière, d'une émotion que je ne saurais décrire, mais qui m'empoignait le cœur d'une force surhumaine. Je n'étais pas serein. Je le voyais comme s'il était réellement devant moi, mais il m'était impossible de le décrire. Ma mémoire flanchait dès que je voulais me souvenir de quelque chose lors de ses apparitions.

— Pourquoi t'es là ?

Espérai-je une réponse ?

— Pourquoi je n'ai pas eu une seule fois de tes nouvelles pendant deux ans et maintenant tu oses venir me voir depuis ces trois derniers mois ?

Comment s'appelait-il ?

Me rendant compte que je parlais tout seul, je lâchai un rire mauvais et détournai le regard quelques secondes. Un reniflement et je me frottai à nouveau les yeux.

— Tu vas me dire que je suis tellement tombé que je me mets à croire en quelque chose de faux ? Qui n'a jamais existé ?

Stop.

Mon cœur battait à une allure folle, mes doigts se trituraient entre eux et l'oxygène se fit plus rare à chaque inspiration. Je finis par me lever du lit en manquant de perdre l'équilibre par le stress, et m'approchait de quelques pas de lui. Ses yeux suivaient mes mouvements, mais son corps ne bougeait pas d'un seul millimètre. J'étais terrifié. Terrifié de la raison qui se cachait derrière ses apparitions. Pourquoi je lui parlais ? Il ne fallait pas. Est-ce que tout cela ne venait que de moi, et je devenais de plus en plus fou, ou est-ce que quelque chose d'autre en était l'origine ?

— Pourquoi t'es là ? Répétai-je avec dédain.

A quelques mètres de moi, il ne brocha pas. Comme s'il ne m'entendait pas, qu'il pouvait seulement me voir sans communiquer. Ma patience commençant à dangereusement se limiter, un coup de colère me prit et je hurlai :

— Pourquoi est-ce que tu es là ?!

Une vive douleur à la gorge me fit tousser et ma vue redevint floue. La fatigue et les différentes émotions qui me traversaient en même temps faisaient vriller mon esprit. Je devenais fou. Tout était inventé par mon cerveau. J'étais désespéré à ce point ? Non, je ne voulais pas l'être.

— Qu'est-ce que je dois comprendre en venant me voir comme ça ?! Continuai-je de hurler malgré ma toux.

Mon cœur tambourinait dans mon crâne, mes larmes restaient coincées dans mes yeux, incapables de couler une énième fois. Les murs se rapprochaient de nous, aspirant l'air et remplissant mes poumons de sable. Y-avait-il encore un nous ? Pourquoi est-ce que je continuais de hurler sur quelqu'un qui n'existait plus dans ma vie ? Non, ce n'était pas moi. C'était mon cœur. C'était tout ce que j'avais sur le cœur qui sortait à cet instant-là. De la colère, de la trahison, de la tristesse, l'abandon, le manque, le besoin, tout.

— Tu n'es plus là ?! Je reniflai puis me frottai le nez du dos de ma main. C'est ça que je dois comprendre ?! Tu as abandonné ?! Pourquoi est-ce que tu m'as laissé tout seul ?!

Du coin de l'œil, je vis inconsciemment du mouvement mais n'y fis pas attention. Je criais, hurlais tout ce qui était resté enfoui durant ces deux longues années, et ce malgré l'horrible souffrance que me procurait ma gorge et mes poumons. Je n'avais plus d'air.

— Pourquoi est-ce que tu es parti sans explications ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?!!

Ma colère était telle que mes ongles rentraient dans mes paumes de main, que mon sang pulsait dans mes veines, et qu'un mal atroce me prenait le crâne, mais je continuais. Je continuais de lui hurler dessus, chose que je regrettais déjà de faire. Malheureusement, je ne pouvais pas m'arrêter. Il continuait de me fixer en silence, comme s'il était dans un autre monde, qu'il ne m'entendait toujours pas, aucune expression de tirait les traits de son visage. Je ne pouvais pas le décrire. Je ne le voyais pas. Il était devant moi.

— Est-ce que tu sais à quel point j'ai pu souffrir après ton départ ?! A quel point j'avais peur, et ai encore peur de demain ! Tu m'avais promis que tu resterais à mes côtés, tu en avais besoin aussi ! Alors pourquoi est-ce que tu as tout brisé ?!

Brutalement, je retins mon souffle en réalisant ce que je faisais. Je rejetais toute la faute sur lui, alors que j'avais aussi une grande part de responsabilité. Est-ce que si je lui avais menti, tout aurait été comme avant ? Combien de fois je me posais cette question par jour ? Trop. Beaucoup trop. Et si j'avais su prendre mon courage à deux mains, de refouler cet effroi, pour ne pas perdre la vidéo ? Est-ce que je l'avais réellement tuée ? Oui, j'avais appuyé sur la détente. Non, ce n'était pas possible, j'avais lâché le couteau. Pourquoi je mettais tout sur son dos ? Ce n'était pas sa faute ce qu'il m'était arrivé, alors pourquoi avait-il fui ? Pourquoi ? N'avait-il pas envie d'être aux côtés d'un criminel, recherché par les autorités depuis sept ans ? Oui, ça se comprenait. Non, Maman savait quelque chose qu'elle ne voulait pas me dire, il devait forcément avoir une raison derrière son acte.

Comment s'appelait-il ?

Le nez baissé vers mes mains maculées de sang de plusieurs personnes, je soupirai lentement avant de relever les yeux vers lui.

— Bats-toi.

Une larme roula sur ma joue.

— Bats-toi ! Si tu décides d'abandonner, alors ne reviens plus me voir... J'essuyai mes yeux en reniflant une nouvelle fois. Ne viens plus me hanter, sors de ma tête, et laisse moi tranquille...

Pour la première fois, il cligna lentement des yeux, me procurant un mauvais frisson. Tout cela me paraissait irréel. J'étais en plein cauchemar. Ma poitrine me faisait extrêmement mal, comme si l'on venait de prendre mon cœur, et de le fracasser en mille morceaux, irréparables, irremplaçables. J'avais l'impression de faire mes adieux. Non, ce n'en étaient pas. En étaient-ce ? Je venais de perdre définitivement l'espoir qui me maintenait en vie, celui qui était la raison du pourquoi j'arrivais encore à me lever chaque matin.

Espoir vain et larmes coulantes lorsque lentement, il me tourna le dos, et disparu comme un mirage. Jusqu'à ce que je ne sente plus aucune présence autour de moi. Les murs étaient à leur place, l'oxygène revenait, mes tremblements et mon cœur se calmaient, mais cela ne m'empêcha pas de m'effondrer sur les genoux, les bras ballants le long du corps. C'était terminé. Non, si ?

— Jungkook...

D'un léger sursaut, je tournai la tête sur la droite et tombai nez à nez avec Jimin, qui s'approchait d'un pas doux. Est-ce que je l'avais réveillé ? Ses cheveux d'ange se dressaient sur sa tête, son t-shirt lui servant de pyjama était taché au niveau du col, sûrement parce qu'il devait bien dormir, et il avait de tout petits yeux. Oui, je l'avais réveillé. Est-ce qu'il m'en voulait ?

— Pa... Pardon... Murmurai-je en baissant la tête.


Du dos de la main, je me frottai le nez et restai au sol, à me triturer les doigts et les lèvres. Je le dérangeais.

— De quoi tu t'excuses ?

S'abaissant à mon niveau, il attendait une réaction de ma part. Depuis quand était-il là ? Je lâchai un long soupir en retirant le reste de larmes sèches sur mes joues. Mes tremblements ne cessaient pas, ce sentiment de terreur qui faisait battre mon cœur ne me quittait pas, et la fatigue assombrissait mes pensées. Je ne savais plus où donner de la tête. A qui est-ce que je parlais ? Pourquoi étais-je sur le sol ? Pourquoi mes mains étaient pleines de sang ? Rouge, tout était rouge.

— J-Je suis fou...

Subitement, quelque chose me leva la tête et tombai à nouveau sur Jimin, le visage froncé d'inquiétude. Ses doigts se retirèrent de mon menton et je déglutis difficilement. Je le dérangeais. Je le dérangeais. Je devais partir, il voulait dormir.

— Non, chuchota-t-il d'un ton doux, tu es seulement perdu.

Ne voulant pas croire à ses mots, je secouai frénétiquement la tête. J'étais fou. Un psychopathe dont l'esprit était tellement déconnecté qu'il se mettait à imaginer auprès de lui, la personne à qui il pensait à chaque instant. Mon sang sur les mains continuait de goutter sur le parquet. Non, ça allait tâcher. M'excuser. 

— Je-

— Jungkook, m'interrompit-il. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Quand ? Où ? Pourquoi il dévisageait bizarrement mes doigts tendus vers lui ? Il ne voyait pas le sang ? Pourquoi se firent-ils baissés par les siens, accompagnés d'un léger sourire aux lèvres ? Ce simple contact me détendit, une impression d'avoir à nouveau les pieds sur terre. Je papillonnai des paupières quelques secondes et reniflai, plongeant mon regard dans celui de mon ami, toujours aussi inquiet.

— Je...

Ne pouvant pas supporter ses prunelles sombres, je baissai les miennes vers mes mains ensanglantées qui continuaient de trembloter violemment.

— J'ai... J'ai peur...

Puis je serrai des poings et les amenai à mon visage en me baissant complètement devant Jimin, le nez au ras du sol, pour pleurer silencieusement. Ce sentiment ne me quittait pas. Il était là, tout proche, à aller et venir de plus en plus violemment dans ma tête et faisant vibrer mon corps. Il y avait trop de sang, trop de personnes différentes. Combien y'en avait-il ? Deux ? Trois ? C'était trop.

— De quoi ?

Lentement, je tapai le sol du poing à répétition. Mes larmes coulaient, gouttaient en une petite flaque de fatigue. Malheureusement, les images défilaient à une vitesse affolante devant mes yeux, sans arrêt, n'épargnant pas les cris et les souffrances. Ce qui conduisit à l'effondrement total, une fois de plus. Comment les larmes pouvaient-elles encore couler ? Il n'y avait plus rien depuis ma fuite.

Inconsciemment, je me redressai devant Jimin, qui me fixait d'un air impuissant. D'une déglutition, je tapai ma paume contre ma poitrine, et, à travers mes pleurs et mon nez bouché, je bégayai :

— D-De m... De moi...

Mon ami fronça alors les sourcils et continuait de me poser des questions que je n'entendais plus à cause de ma tristesse abondante et bruyante. Je ne pouvais pas le dire à voix haute. Ce simple aveu était déjà de trop.










Comment pouvais-je lui avouer cette sensation de satisfaction qui m'a pris lorsque les ciseaux ont déchiré sa chaire ?

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