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heyy ! on se retrouve pour le dernier chapitre de TO:KY:OO, où j'ai mis littéralement toute mon âme.
j'ai écris ce chapitre avec une musique que j'ai mis en lien, au dessus ! vous n'avez qu'à swiper et la mettre en boucle ! après faites comme vous voulez, c'est une simple proposition !
passez une bonne lecture~
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Des paroles. Quelqu'un parlait. Deux voix. Trois voix. L'une d'elles que j'avais déjà entendue quelque part. J'avais froid, il faisait noir, mais je ne ressentais aucune peur. J'avais l'impression de flotter sur un nuage, que toute la douleur physique et psychologique s'était retirée un instant. Est-ce que je dormais ? Je ne savais pas. Mon corps vibrait légèrement, comme si je me trouvais dans un transport, ou que j'avais froid sans m'en rendre réellement compte. Je n'arrivais pas à comprendre ce que disaient les trois personnes autour de moi, je n'avais plus d'esprit, plus de pensées, plus de réflexion, je n'étais plus qu'une poupée vide.
— Jungkook !
Je baillai en me frottant les yeux. J'avais l'impression d'avoir fait un long rêve.
Installé au bord de la fenêtre du salon supérieur, je tournai la tête vers Jihyung qui arrivait vers moi en trottinant. Entre ses mains se trouvaient trois parts de gâteau que Papa avait acheté ce midi, et je haussai les sourcils en comprenant qu'il les avait prises en douce. Sur ses pas, se trouvait Jihyuk, les mains dans les poches, marchant calmement. La petite assiette se posa à mes pieds pour laisser mon frère monter sur le rebord tranquillement tandis que mon autre grand-frère déplaça simplement un des fauteuils du salon pour le mettre devant la fenêtre. Autre que le clapotement des gouttes sur les vitres, il n'y avait aucun son. On entendait à peine la télévision à l'étage du bas qui jouait la musique préférée de Papa.
— Pourquoi tu as amené du gâteau ? Demandai-je à Jihyung lorsqu'il fut installé en face de moi.
Avant de me répondre, il prit la petite assiette et tendit ses jambes devant lui pour la poser dessus.
— T'as pas beaucoup mangé ce midi, fit-il en m'en tendant une part.
Il répéta la même chose avec Jihyuk, et dans le silence de la pluie, nous mangeâmes notre gâteau durant quelques longues minutes. Je n'avais pas faim, mais c'était pour lui faire plaisir que je finis ma part avec le sourire. Puis, je ne sais pas par quel biais nous en sommes arrivés à jouer au monopoly, mais ce dont je me souviens, était que nous riions énormément. Jihyuk avait lui-même un grand sourire aux lèvres, mais je ne sais plus à quoi il ressemblait réellement. C'était tellement rare de le voir rire ou sourire sincèrement en ma présence que j'avais du mal à me remémorer les images et les sons.
Dehors il pleuvait toujours autant, le clapotement était de plus en plus rapide et fort, comme si le vent avait changé en notre direction. En attendant mon tour, je regardais les gouttes faire la course sur les vitres, avait de la peine pour la perdante, puis retournais jouer avec mes frères avant que Maman ne vienne demander notre aide pour préparer l'arrivée de Papi et Mamie. Dans la chambre d'amis, là où ils dormaient lors de leur arrivée d'Allemagne, j'écoutais encore le bruit de la pluie pendant que je rangeais la pièce de nos jouets avec Jihyung.
— J'adore quand il pleut, fit-il en regardant à son tour par la fenêtre. Comme le dirait Charlie Chaplin, on ne peut pas voir nos larmes lorsqu'on marche sous la pluie.
Brutalement, je me réveillai, le souffle court, le pouls rapide, l'angoisse à son paroxysme. Jihyung et ma maison avaient disparus, et lorsque ma vue se mis à jour, je réalisai que j'étais à l'avant d'une voiture de luxe. Il y avait peu de lumière, seulement le tableau de bord du siège conducteur et un écran qui indiquait l'heure.
Vingt-et-une heures six.
Ayant du mal à reprendre mon souffle et me sentant encore faible physiquement, j'essayai de regarder où se trouvait la voiture, mais tout était noir. La pluie continuait de tomber, s'abattait sur la voiture dans un bruit assourdissant. La lune n'éclairait rien, restait tapissée derrière les nuages par peur d'être attrapée. Je n'arrivais pas même à discerner un arbre, un bâtiment, aucune lumière artificielle n'était visible à l'horizon. Puis soudain, une main prit violemment mon avant-bras et je sursautai en me tournant vers une ombre, légèrement illuminée par le tableau de bord. Un frisson d'effroi me parcourut l'échine et je déglutis.
Namjoon.
C'était assez lumineux pour que je puisse reconnaître ce regard affamé que j'avais vu à Tokyo. Un large sourire étira ses lèvres et mon cœur s'accéléra. Comment avais-je atterri ici ? Où étaient passées mes affaires ? Mon téléphone ? Je ne pouvais contacter personne. Subitement, j'eus un flash et vis Minkyung se prendre un violent coup de genou dans les côtes, deux hommes habillés de noir, des cris effrayés.
— Réveillé ? Murmura mon bourreau d'une voix mauvaise.
Je fus incapable de répondre. Je le fixais à travers l'obscurité, tremblant de fatigue, de peur, de froid. Où était Taehyung ?
— Tu as perdu ta langue ?
Ne me laissant pas le temps de répliquer, il amena son autre main à mon visage et força son majeur et son indexe à entrer dans ma bouche pour y tâter ma langue. Des larmes de honte roulèrent sur mes joues et je manquai de m'étouffer tellement il prenait un malin plaisir à aller au fond. Dans un élan d'instinct, je pris son poignet de ma main libre et retirai ses doigts répugnants de ma bouche. Mais à peine eus-je le temps de tousser qu'une violente douleur m'arracha la tempe, et ma tête se cogna contre la vitre.
— Je déteste les rebellions, cracha Namjoon d'un air écœuré en secouant son poing.
Je poussai un cri d'agonie à moitié étouffé par ma toux. Ma tête tambourinait inlassablement et me fit atrocement mal lorsque la douleur s'éparpilla jusqu'au bas de mon cou. Malgré cela, j'ignorai ses paroles et me demandai plutôt pour quelle raison je n'étais pas attaché autre que la ceinture de sécurité. A part sa forte poigne à mon avant-bras, mes mains et mes pieds étaient libres, comme si je n'étais qu'un simple passager au lieu d'un prisonnier.
— Les autres nous attendent, reprit-il en démarrant la voiture. On devrait se dépêcher.
Faiblement, je fronçai les sourcils.
— Les autres... ?
J'eus à nouveau un sursaut lorsqu'il se tourna d'un coup vers moi, un large sourire au visage qui ne me rassurait absolument pas.
— Tu te décides à enfin parler ?
Inconsciemment, je me mordis les lèvres en tentant de retenir au maximum mes tremblements.
— Mh oui les autres, me répondit-il du même sourire qui ne voulait pas quitter son visage. La police, si tu préfères.
Mon cœur sauta dans ma poitrine et je faillis avoir une remontée tandis que mes larmes se mirent à couler d'elles-mêmes. La police ? Allait-on réellement voir la police ? Je sentis les trais de mon visage se détendre au fur et à mesure que les perles salées mouillaient mon pantalon, lorsque je fus pris d'euphorie. Alors c'était ça, la fin de l'histoire ? Tout allait s'arrêter avec mon arrestation et mon entrée en prison ? Pourquoi avais-je passé cinq ans à éviter ces personnes pour que l'on m'y emmène maintenant ? A quoi mes efforts avaient-ils servis ? Etait-ce comme cela que j'étais récompensé ? Je ricanais tellement cette situation était absurde et irréelle. Je ne pouvais pas le croire.
En reniflant un coup, le monteur vrombit et avec la lumière des phares, je vis que nous étions à la lisière d'une forêt, au bord d'une route pas très entretenue. Pourquoi étions-nous là ? Où était Séoul et ses étoiles immortelles ? Mais alors que je commençais à me résoudre d'abandonner d'épuisement comme mon père à la mer, ma tête se fit tirée en arrière et attirée violemment vers l'écran au centre, qui affichait désormais vingt-et-une heures dix. Où était Taehyung ?
— Tu te souviens au moins de ce que tu as fait ?
Sans que je puisse répliquer, l'horaire disparut et une vidéo se lança. Ce fut alors comme un éclair me transperçant le corps, mes membres se paralysèrent et mon cœur sembla cesser de battre. A la première seconde, j'avais parfaitement deviné de quelle vidéo il s'agissait. Une ambiance sanguinaire, un homme tirant violemment une femme sur le lit au centre de la pièce pour lui serrer un torchon à la bouche. Je me souviens regarder l'écran de la caméra à ce moment-là, me battre contre moi-même pour bouger mon corps. Je me souviens parfaitement que je ne pouvais plus qu'être spectateur de ce qu'il se passait devant moi. Et c'était ce que j'étais réellement devenu.
Je regardai, les yeux plongés dans le vide, chaque mouvement que Namjoon assignait à Mina, qui pouvait à peine crier à cause du torchon entre ses dents. Encore une fois, j'étais d'une neutralité affolante, mais plus les coups retentissaient dans la voiture, plus mon âme se décomposait. Lorsque fut le premier coup de couteau, mon corps se secoua, mon esprit se détruisit en mille morceaux. Mes larmes coulaient à flot, je criais à blanc, je perdais tout espoir de revoir enfin le jour. J'avais été trop naïf. Comment avais-je pu lui donner cette vidéo ? Pourquoi avais-je été si faible pour ne pas m'en débarrasser avant ? Pourquoi Diable avait-il entre ses mains les cordes de mon pantin ? Je n'arrivais plus à savoir si mes actions étaient dictées par lui ou si j'avais encore un brin de conscience.
— Jungkook, murmura pour la première fois Namjoon en se redressant du lit.
Je me raidis et un frisson d'effroi me parcourut l'échine lorsque je vis son sourire.
— Viens par-là.
Quand j'apparus dans le cadre, un haut le cœur me prit et je mis ma main devant ma bouche. C'était moi, vêtu de ce pull rouge que j'osais mettre encore aujourd'hui. Noir, rouge, c'était tout ce que je voyais. Ma tête bourdonnait dans tous les sens, ma vue se flouait de plus en plus gravement et tout ne devenait que des points de couleurs. Mina était là, allongée devant moi, plongée dans un bain de sang, la vie quittant peu à peu son corps.
Je lâchai un cri lorsque Namjoon mit un couteau de cuisine recouvert d'hémoglobine entre mes mains, j'entendais parfaitement ses plaintes, tellement parfaitement que je me retrouvais bloqué dans mes souvenirs. Je ne pouvais plus réfléchir ni discerner le bien du mal. Mon corps se secouait à cause de spasmes, et mes larmes ne cessaient de coulées. J'avais besoin de Taehyung, où était-il ?
— Regarde ce que tu as fait, Jungkook.
Un ricanement retentit à mes côtés, et du coin de l'œil, je vis Namjoon, le visage excité par ce qu'il se jouait devant lui, comme s'il le revivait lui aussi mais pas de la même manière.
— Ne serait-il pas temps d'abréger ses souffrances ?
Je me rappelle de ce moment-là. Je revoyais les yeux entrouverts de Mina qui se tournèrent dans ma direction d'une lenteur affolante pour me regarder une dernière fois. A travers ses pupilles dilatées, elle me suppliait de l'aider. Je me souviens de son dernier effort, sa main la plus proche de moi s'était levée et s'était dirigée vers mon bassin. Je ressentais à nouveau ce toucher qu'elle avait eu sur ma fosse iliaque droite qui venait de déclencher une décharge à travers mes nerfs, les traumatisant ainsi à vie et plongeant mon être dans un profond enfer.
Je me souviens reculer sous le choc, commencer à gratter en lâchant le couteau, alors pourquoi venais-je de me baisser sous le regard de Namjoon, pour sortir un révolver de sous le lit ? Le coup de grâce avait été silencieux, tout était silencieux. Une main pendait dans le vide, immobile, et je vis le dernier éclat à travers ses pupilles s'éteindre à jamais. Puis le révolver tomba à mes pieds.
— Mémoire rafraichie ? Nargua Namjoon. Tu l'as tuée, justice doit être faite.
Il me lâcha les cheveux en me forçant à me remettre à ma place, où je manquai de me taper à nouveau la tête contre la vitre. La vidéo arrêtée, la voiture se mit alors à rouler tranquillement, sans le silence de la pluie et de mes larmes. L'avais-je vraiment tuée ? Est-ce que mes souvenirs s'étaient modulés de façon à ce que je supporte plus le choc ? Pourquoi la vidéo montrait autre chose ? J'étais pourtant sûr de ne pas l'avoir tuée, d'être tombé à terre après qu'elle m'ait touché pour commencer à me gratter sous l'emprise de la Reine. Je ne comprenais plus rien du tout. Mon esprit était entré dans une guerre totale entre illusion et mémoire. La musique de la pluie résonnait dans mon crâne où quelques grincements d'essuies glaces venaient parfois gâcher.
Pourtant, discrètement, je tentais d'ouvrir la portière, qui, à mon plus grand malheur, était verrouillée. Cela aurait été trop facile si elle avait été ouverte, Namjoon était beaucoup trop intelligent pour omettre un détail de ce genre.
Etais-je, en réalité, le meurtrier recherché depuis cinq ans ?
Vingt-et-une heures vingt.
Enfin, nous croisâmes quelques voitures et des étoiles lointaines commencèrent à faire apparition à travers la forêt. Mon bourreau ne parlait pas, restait concentré sur la route et soupirait à certains moments jusqu'à ce qu'il lâche un gémissement étouffé. Lorsqu'une odeur parvint à moins, je crus que j'allais vomir de dégout. Je connaissais cette odeur, c'était la même quand je faisais l'amour avec Taehyung, et contrairement à la sienne, celle-ci me répugnait au point que je dus me boucher le nez et me coller contre la portière pour la fuir. Un ricanement retentit à ma gauche et en regardant du coin de l'œil, je vis Namjoon, une seule main au volant et l'autre tapit dans l'ombre, les pupilles brillantes d'excitation.
J'étais écœuré. Cet homme avait définitivement un déficit mental et une part de masochisme. Non, il l'était complètement. Etait-ce aussi un très bon acteur pour avoir réussi à me convaincre qu'il était sincère lors de notre rencontre ? Je ne comprenais plus rien, j'étais fatigué. Tout ce que je voulais était de rentrer à la maison, prendre un bain avant d'aller m'endormir aux côtés de Taehyung. Peut-être que ce matin, si j'avais su ce que je n'allais pas le revoir autre part qu'en prison, j'aurais pu l'embrasser plus longuement, lui dire je t'aime, et lui dire à ce soir avec un grand sourire. J'aurais pu le faire. J'aurais dû le faire. De nouveau, je me mis à pleurer silencieusement, les bras autour de mon ventre en m'imaginant ceux de Taehyung. Je voulais le revoir.
Qui avait tué Mina ?
Avant d'être envoyé en prison, je voulais le revoir. Je voulais être encore à ses côtés lorsqu'il faisait ses papiers, lorsqu'il mangeait, lorsqu'il rapportait une bonne nouvelle, lorsqu'il disait une connerie, lorsqu'il riait, et lorsqu'il pleurait. Tous ces moments ensembles me revenaient en mémoire au fur et à mesure que l'on se rapprochait de la ville, que les gouttes de pluies s'éclataient contre le pare-brise avant de se faire balayer par les essuie-glaces. Je lâchai un rire jaune. Mon esprit me jouait des tours. Lorsqu'un souvenir arrivait, il m'était impossible de m'en rappeler une seconde fois, comme si une fois balayé, il s'effaçait pour l'éternité, comme la pluie.
Où avais-je rencontré Taehyung, déjà ?
Soudain, une sirène de police retentit derrière nous, me faisant brutalement sursauter. La voiture nous dépassa, et disparut rapidement sans nous remarquer. Nous étions entrés sur une route nationale à deux voix avec pas mal de trafic, et à l'entrée de la ville, je me mis à regarder par delà la fenêtre. C'était Séoul. J'avais emprunté cette route à mon arrivée ici, et à une autre occasion. Quelle autre occasion ?
Mina était morte.
Cette ville ne dormait jamais. A vingt-et-une heures quarante, où allaient ses habitants ? Au travail ? Rentraient de chez une famille ? Partaient en vacances ? Au restaurant ? Oui, c'est vrai, j'avais emprunté cette route lorsque Taehyung et moi allions au restaurant avec Yumin. Il m'avait offert une magnifique bague. Une bague que je voulus toucher à mes doigts, mais je ne rencontrai que ma peau. Réalisant son absence, mon cœur loupa un battement et je me mis à me tâter de partout ; poche de pantalon, de manteau, partout. Je ne la trouvais pas. Est-ce que je l'avais mise au moins, aujourd'hui ? Je ne m'en souvenais plus.
Ma tête me faisait affreusement mal, une bombe à retardement n'attendait plus que d'exploser. La peur au ventre, je me tournai discrètement vers Namjoon, toujours autant concentré sur la route, perdu dans ses pensées qui lui donnaient un sourire mauvais. Je ne sentais plus l'odeur immonde, mais rien que de m'en souvenir, je n'avais plus qu'une seule envie ; vomir.
J'avais tué Mina.
Puis je me tournai vers ma fenêtre où scintillaient les milles et une lumières de la ville. Nous entrâmes alors sur le pont Hangang, illuminé de couleurs chaudes, après être sortit de l'autoroute. Je ne savais pas à quel commissariat il avait choisi de m'emmener, mais nul doute que l'arrivée était proche. Le cœur battant et un nid de guêpe aux tympans, je pris une grosse bouffée d'air. Je voulais revoir Taehyung. Je ne voulais pas aller à la police sans le revoir au moins une fois. Même l'apercevoir me suffisait. Que son expression soit joyeuse, triste, inquiète, en colère, je voulais poser mes yeux sur lui sans avoir les mains liées dans le dos.
Alors j'attendis le moment opportun.
Je séchai mes larmes et soupirai en regardant par ma fenêtre la voiture que nous dépassions. J'avais peur, j'étais même terrifié que je ne passe de l'autre côté avant d'avoir pu le revoir. Et ma mère, qu'allait-elle devenir si je venais à me faire incarcérer ? Avait-elle le droit d'être mon avocate ? Avait-elle le droit, elle aussi, d'être heureuse ? Oui, elle le méritait même plus que moi.
La voiture se remit sur la file la plus à droite et je jetai un œil au volant. Il n'y avait qu'une main dessus, en bas. Je voulais revoir Taehyung. Nous venions de dépasser le milieu du pont. La vitesse était assez élevée. La pluie tombait de plus en plus fort.
Je soupirai une énième fois, et mon sang ne fit qu'un tour.
En une fraction de seconde, mon coude gauche frappa violemment son œil et je me jetai sur le volant sous le hurlement de rage de Namjoon. Sa tête et son buste partirent en arrière et ses pieds glissèrent des pédales. Je passai une jambe sous son siège et écrasai l'accélérateur de toutes mes forces en braquant le volant à droite. La voiture suivit le mouvement, et en un instant, après de violentes secousses, je n'eus le temps de me geler sur place en voyant les ténèbres sous nos pieds. Mon corps sembla voler. Un bruit assourdissant accompagna le choc qui nous projeta en avant, les vitres explosèrent et l'eau s'engouffra à une vitesse ahurissante. Par reflex d'ancien nageur de compétition, je retins ma respiration et me débats contre les airbags pour tenter de m'enfuir. L'eau ne mit pas longtemps à engouffrer l'intégralité du véhicule, et je réussis à décrocher ma ceinture pour tenter de sortir par la fenêtre brisée.
L'eau était glacée, mon corps refusait de m'obéir à cause du choc et de la fatigue, mais par de multiples efforts, je sortis par je ne savais quel moyen de la voiture. Une douleur me lança au niveau de la cuisse lorsque je traversai la fenêtre, et je me mis à nager vers le haut, utilisant toute ma force pour ne pas être pris dans l'attraction du véhicule. Je brassais l'eau, l'éloignais de moi en me projetant vers la surface où les lumières se reflétaient, floues, rapides.
Mon cœur se sentait comprimé, empli de sable, l'air commençait à me manquer, me causant un affreux mal de poitrine. Plus je brassais, moins j'avais l'impression d'atteindre la surface, comme si les points lumineux s'éloignaient de moi. Alors je fermai les yeux et mis toute ma volonté de revoir une dernière fois Taehyung.
Et brutalement, une bouffée d'air glacial m'enveloppa la tête et je toussai violemment à m'en déduire la gorge. La pluie continuait de s'abattre sur moi, et mon corps commença à se faire emmener par le courant. Au-dessus du pont, j'entendais des cris étouffés par l'averse, les pompiers retentissaient déjà au loin, je devais m'enfuir rapidement. Je partis alors en crawl pour rejoindre le plus vite possible la terre la plus proche. Mes habits pesaient horriblement lourds, mais je n'avais pas le temps de les enlever au risque de perdre l'allure et de me faire emporter par le fleuve énervé.
Je ne sais plus dans quel état d'esprit j'étais à ce moment-là, je ne savais plus si j'avais froid, si j'avais chaud, mes actions étaient commandées par l'instinct. Mes poumons me brûlaient, et lorsque j'eus enfin un pied à terre, je m'effondrai sur le dos dans l'herbe trempée pour fondre en larmes. Je pleurais, je pleurais tellement bruyamment que je n'entendais plus la pluie ni le vacarme que faisait le fleuve. Un bras sur les yeux, je relâchai toute la pression qui s'était accumulée depuis mon réveil. Ma bouche devenait pâteuse, mon nez commençait à couler, j'avais froid, j'avais envie de dormir, de tout abandonné pour me reposer. Mon corps tremblait, était pris de spasmes à cause de mes pleurs et du choc de l'accident, des douleurs un peu partout me lançaient lorsque des gouttes trop brusques tombaient dessus. Oui, tout ce que je désirais à cet instant ; était de dormir. Que toute cette souffrance cesse. J'étais épuisé.
Puis une main caressa ma joue. D'un léger sursaut, je retirai mon bras et vis, au-dessus de moi, le visage souriant accompagné de quelques larmes, Jihyung. Mes yeux emplis d'eau, l'obscurité, la pluie, tout faisaient que j'avais du mal à observer les détails, mais c'était lui. Et, toujours un sourire à la fois mélancolique et compatissant, il secoua la tête de droite à gauche. Mon cœur fit soudain un bond dans ma poitrine, et mon grand-frère disparut lorsque je papillonnai des paupières suite à l'arrivée d'une goutte de pluie.
Je reniflai un coup et me forçai à me relever avant que je n'aie plus du tout d'énergie. Il fallait que je quitte les lieux avant que les pompiers et la police inspectent les lieux et passent en mode sauvetage. Il ne fallait pas que je sois attrapé. Sinon, mes efforts n'auraient de nouveau servi à rien. Que faisait Taehyung à cet instant ?
Manquant de glisser à plusieurs reprises en remontant jusqu'à un chemin, je me mis en marche pour rejoindre Coquelicot, m'éloignant ainsi du pont et de ce qu'il venait de se passer. Mon corps entier me faisait atrocement mal, et en regardant mes mains, je vis du rouge. Enormément de rouge qui se faisait rapidement dilué par la pluie. Où est-ce que je saignais ? J'avais autre chose à faire. Combien de temps fallait-il que je marche avant d'arriver ? Je n'arrivais pas à me repérer. Tout ce que je savais, était que j'étais du bon côté du fleuve et que Coquelicot n'était pas si loin de celui-ci, en plein centre de Séoul.
Chaque pas était une réelle souffrance, une impression que l'on s'amusait à couper mes nerfs dans chaque membre. Arrivé sous un lampadaire, je crachai l'excès d'eau et de sang qui se coinçait dans ma bouche et regardai l'état de mes jambes. Quelques bouts de verres avaient transpercé mon pantalon et étaient encore coincés dans ma chair. Me rendre compte de ces blessures aggrava malheureusement la douleur et je dus me mordre les lèvres pour ne pas hurler. Mes larmes avaient recommencé à couler et se mélangeaient à la pluie.
Et je marchais. Seul, tué de fatigue, l'envie d'abandonner, je marchais à travers la ville. Certains passants encore debout et motivés à sortir sous ce temps me regardaient étrangement, d'autres avaient tenté de m'accoster mais n'avaient eu aucune réponse. Je n'avais plus d'énergie. Je ne savais pas comment je faisais pour marcher, et même si je voyais les escargots me dépasser, j'avançais. Ma mère, Taehyung, Jimin et Minkyung étaient mes dernières forces. Les voitures qui passaient ne me prêtaient pas attention, mais la peur d'être accosté au niveau d'un feu rouge me rendait malade. Je toussai violemment.
Combien de temps me restait-il de marche ? Depuis combien de temps je forçais mon corps à tenir debout ? Je ne savais pas, la notion du temps m'avait quitté et je n'avais pas l'énergie de regarder l'heure à travers une vitrine de magasin. Que faisait Taehyung en ce moment ? Est-ce qu'il avait commandé sans moi ? Il n'était sûrement pas en promenade avec Yeontan à cause de la pluie. Ou alors, est-ce qu'il dormait ? Après tout, il avait de grosses journées avec son restaurant, peut-être que c'était pour cela qu'il avait voulu commander ; parce qu'il était fatigué.
Devant moi, je ne voyais rien. Mes larmes transformaient la rue en une multitude de couleurs qui se déplaçaient rapidement dans mon champ de vision. Mes pieds s'alignaient l'un devant l'autre par le bon vouloir de Dieu, mes bras pendaient le long de mon corps, dénué de toute force et ma tête peinait à tenir droite. Un sentiment de terreur s'installa dans mon cœur lorsque tout devint noir pendant une longue seconde. Je papillonnai des paupières mais rien n'y faisait, j'avais beau enlever l'eau de mes yeux, je voyais flou où des coupures noires s'incrustaient de plus en plus fréquemment. Ma tête continuait de me faire mal, je n'arrivais plus à reconnaître les sons, et je sentais mon énergie tomber à zéro. Je m'arrêtai et reniflai. Je ne voyais plus rien. Noir, tout était noir et silencieux, la douleur commençait à s'évaporer, et je me sentis chuter.
La pluie continuait de tomber, les gouttes s'infiltraient partout, noyaient mes larmes, mon sang, et mon âme. Je ne pouvais plus bouger, tout mon être était paralysé, tout était aussi noir que les ténèbres et aussi silencieux que les abîmes, et devant moi, apparut Taehyung, un large sourire aux lèvres, heureux.
Il était tellement beau.
☯︎
— J'adore quand il pleut, fit-il en regardant à son tour par la fenêtre. Comme le dirait Charlie Chaplin, on ne peut pas voir nos larmes lorsqu'on marche sous la pluie.
Je me tournai vers lui, intrigué par ses paroles.
— C'est qui Charlie Chaplin ? Demandai-je.
— Un cinéaste anglais très connu.
D'un sourire, Jihyung fit demi-tour et prit le carton de jouets du lit avec pour intention de l'emmener à l'étage. Je regardai une dernière fois l'état de la pièce et me dis qu'elle était assez propre pour l'arrivée de Papi et Mamie. Alors nous partîmes tous les deux de la chambre, n'oubliant pas d'éteindre la lumière, et nous mîmes à courir dans le couloir menant au salon où cuisinaient Maman et Jihyuk. Okry et Naya étaient à leurs pieds, le nez en l'air, et contrôlaient si une miette venait à tomber au sol. Tandis que j'allais vers eux et que Jihyung se rendait à l'étage, je cherchai du regard Papa et Néo.
— Où est Papa ?
— Parti chercher Papi et Mamie à l'aéroport, répondit Maman en me souriant.
— Et Néo ?
— Parti avec lui.
J'eus un léger sourire et m'approchai d'eux pour venir caresser Orky, qui m'attribua un regard rapide avant de retourner à sa petite occupation de guetteur. Mes grands-parents allaient être fatigués de leur voyage, alors Maman et Jihyuk préparaient leur repas coréen préféré, les nouilles aux haricots rouges avec différents accompagnements. Après douze heures d'avion, je n'osais pas m'imaginer dans quel état ils allaient arriver. C'est pour cela qu'il fallait que tout soit prêt, et qu'ils n'aient rien à toucher le temps qu'il reprenne des forces.
Lorsque Jihyung redescendit, nous nous mîmes à préparer l'apéritif en sortant les boissons que Papa avaient acheté plus tôt pour nous, et celles pour eux. Pendant que nous rangions leur chambre, Maman avait fait chauffer des petites tranches de pain que nous prîmes afin d'en faire des petits amuses bouches. Saumon, tomate, beurre, tout se préparait avec rapidité, sans oublier la musique. Jihyuk venait quelque fois à la table à manger pour voir comment on se débrouillait, nous donnait des conseils pour mieux étaler, et repartait avec un bout de saumon dans la bouche pour nous faire gueuler. Cela faisait rire Maman, et elle n'était jamais aussi belle.
— Kookie, m'appela Jihyung en terminant de faire une tartine.
La langue tirée de concentration pour bien mettre ma tranche de saumon, je humai pour l'inviter à continuer.
— Dans quoi tu me verrais plus tard ?
Ma tranche posée, je mis ma tartine dans le plat dédié pour compléter la petite pyramide que nous avions fabriqué. Puis je levai les yeux vers lui, qui me fixait calmement. Légèrement pris de court, je réfléchis quelques secondes en plissant les paupières et en le regardant sous tous les angles.
— Médecin ! Conclus-je, un large sourire aux lèvres.
Sa bouche fit un petit ovale et il regarda en l'air, pesant le pour et le contre.
— Pourquoi la médecine ?
— Parce que tu prends tout le temps soin des autres !
Une jolie main vint piquer une tartine de la pyramide et se fit croquer en un instant. C'était Maman, un regard aimant pointé sur nous. Elle leva un pouce en l'air en dégustant, une mine fière au visage.
— Docteur Jeon, s'amusa-t-elle d'un clin d'œil.
Les pommettes de Jihyung devinrent légèrement roses et il se gratta l'arrière du crâne, gêné. S'en suivirent des rires et des chamailleries jusqu'à ce que la porte menant au garage au fond du couloir s'ouvrit. Néo arriva rapidement vers nous tandis qu'Orky et Naya partirent accueillir Papa et mes grands-parents. Mes grands-frères et moi ne mîmes pas longtemps pour les suivre, et, à peine Mamie eut le temps de prendre sa valise du coffre que je lui sautai dans les bras.
— Hallo Oma ! M'écriai-je.
Je lui embrassai la joue, et elle fit de même en riant avant que je ne demande à descendre pour aller faire un câlin à Papi, dont les bras étaient occupés par Jihyung. Ils nous firent la réflexion que nous avions bien grandi depuis la dernière fois, et Jihyuk les aida à sortir leur valise. J'étais vraiment heureux de les revoir, car contrairement à mes grands-parents maternels, qui avaient presque coupés les ponts avec ma mère depuis qu'elle s'était mariée à un étranger, je les aimais énormément. Mais alors que je voulus repartir dans la salle pour cacher les tartines, quelqu'un m'attrapa par le col et je fus tiré en arrière dans un petit cri.
Et un magnifique bouquet de roses apparut devant mes yeux.
— Tiens, va donner ça à ta mère.
Joyeusement, je pris le bouquet et regardai Papa, qui leva son pouce avec un grand sourire. Je pris alors Jihyung par la main, et le tirai à travers le couloir en courant.
— Vite Docteur Jeon, nous avons une urgence !
Maman allait être contente.
☯︎
— Un médecin !
Des sons désagréables et répétitifs résonnaient, un plafond foncé aux reflets jaunes était la première chose sur laquelle mes yeux se posèrent. Puis tout redevint noir et calme, avant que je n'entende rapidement du grabuge qui me fit entrouvrir les paupières. Où étais-je ? Brutalement, une lumière aveuglante passa sur chaque pupille, et j'eus un gémissement étouffé. Une multitude de points de couleurs se mirent à virevolter et je dus froncer les yeux pour espérer les faire partir.
— Sa vue fonctionne.
Un soupir de soulagement retentit, et on commença à me prendre les mains, à vérifier je ne savais quoi sur mon corps que je sentais à peine. Je n'arrivais à mettre de la force nulle part, j'étais tellement fatigué.
— Monsieur Jeon, m'appela une voix masculine et inconnue, Monsieur Jeon vous m'entendez ? Serrez ma main si c'est le cas...
J'avais l'impression de flotter, allongé sur un nuage qui n'attendait que de monter jusqu'au dernier étage. Quand j'essayais de forcer, rien ne suivait mon envie, alors plus on me demandait de faire un mouvement, moins je tentais de le faire. Rien n'y faisait, je n'y arrivais pas. Je voulais dormir. Mais alors que je me sentais sombrer, une main douce se déposa sur mon front et une présence que je connaissais s'approcha de moi. Elle était là, toute proche, à peut-être une vingtaine de centimètres, et son aura me détendit au fur et à mesure des caresses.
— Jungkook... Fit une voix qui fit battre mon cœur, c'est Maman...
Maman...
— Tu te souviens que tu rêvais de voir le Docteur Jeon... ? Continua-t-elle d'un chuchotement.
Délicatement, sa main descendit sur mon visage, et elle posa le dos d'un de ses doigts sur ma joue pour caresser à nouveau, dans des mouvements circulaires.
— Eh bien il est là... Le Docteur Jeon est là pour t'aider...
Jihyung ? Jihyung était là ? Il avait eu son diplôme ? Une seconde main prit la mienne avec force et tremblements.
— Tu veux bien serrer la main de Maman pour qu'on aille le voir ensemble ?
Oui, je voulais voir Jihyung. Et Papa, il était encore en train d'aller chercher Papi et Mamie à l'aéroport ? Je voulais sauter une nouvelle fois dans leur bras, me faire attraper par le col et avoir pour mission d'apporter des roses à Maman. Je voulais à nouveau prendre la main de Jihyung dans la mienne et courir dans le couloir de notre maison en riant de bonheur. Je voulais faire un high five avec Papa lorsque le bouquet avait été adopté et chaleureusement placé dans un bocal offert par Jihyuk.
Au-dessus de moi, Maman souriait de soulagement jusqu'à ce que quelques larmes tombent sur mon visage. Elle pleurait. Non, pourquoi Maman pleurait ? Est-ce que finalement, les roses n'étaient pas à son goût ? Je sentais ma main enroulée autour de la sienne, chaude et réconfortante.
— Oh, fit-elle en essuyant ses larmes dans sa manche de chemise, je t'aime tellement mon Jungkook...
Je fermai les yeux lorsque ses lèvres se déposèrent sur mon front, et sentis que les miennes s'étirèrent vers le haut d'elles-mêmes. Puis le calme revint. Un calme apaisant, où la présence de l'être le plus cher à mes yeux me chérissait.
Seulement, lorsque je voulus regarder à nouveau ma mère, elle n'était plus là. Le plafond sombre était dorénavant blanc, et des clapotements de gouttes résonnaient. Il n'y avait aucun autre bruit. Certaines fois, des paroles incompréhensibles se discernaient à travers la pluie, et disparaissaient. Mes nerfs se contractèrent d'un seul coup tous ensembles et j'eus comme une impression de découvrir mon corps. Mes doigts, mes orteils, mes mains, mes pieds, mes bras, mes jambes. Tout. D'un élan de force, je réussis à lever ma main droite, la tendre vers le ciel.
C'est alors que je remarquai des pansements, dispersé un peu partout sur ma peau, partant sous le pyjama d'hôpital retroussé. A certains mouvements, quelques douleurs me lançaient, ce qui me faisait très rapidement arrêter et rebaisser mon bras. Quand je voulus bouger ma tête afin de regarder autour de moi, je me fis stopper par un objet posé sur mon nez et ma bouche. Je soupirai en fermant les yeux.
Puis un bruit de porte s'ouvrant retentit suivit de ricanement, ce qui me fit de nouveau entrouvrir les paupières. Les rires se stoppèrent d'un coup et quelqu'un manqua de s'étouffer.
— A-App-elle un mé-mé-, tenta-t-il de parler à travers sa toux.
— Un médecin ! S'écria un autre en repartant.
Celui qui était resté toussa encore une dizaine de secondes dans son coude avant de s'approcher en grognant légèrement. Puis une tête apparut au-dessus de moi, un sourire soulagé aux lèvres. Mon cœur loupa un battement et je fus tellement heureux de voir un visage familier que quelques larmes glissèrent le long de mes tempes. A la vue de celles-ci, Seokjin se précipita pour prendre un mouchoir dans sa poche et vint les sécher en tapotant.
— Bon retour parmi les vivants, plaisanta-t-il, la mine radieuse.
Intérieurement, je souris.
Peu de temps après, un médecin fit son entrée, vérifia ma vue, mon ouïe, ma force, ma capacité de comprendre, et conclut que tout allait bien. Yoongi était lui aussi présent, et nous nous étions échangés un regard compatissant. Cela faisait un petit moment que je ne les avais pas vus, et les revoir en dehors du travail était agréable. Mes yeux étaient lourds, ma tête et mon corps me faisaient souffrir à certains moments, lors d'un geste trop brusque. J'eus surtout mal lorsque je tentai de m'assoir, et je fus vite aidé par mes amis, qui trouvaient cela un peu risqué alors que je venais à peine de me réveiller.
Le médecin, contrairement à eux, disait que c'était bien, qu'il fallait que je récupère rapidement ma faculté à bouger librement. Il me retira aussi le masque à oxygène, me faisant légèrement tousser. Au début, je ne compris pas pourquoi il avait dit ça. Ce ne fut que lorsqu'il se mit à expliquer ce qu'il s'était passé durant mon sommeil que je me rendis compte que tout ce que j'avais vécu, était bien la réalité.
Ainsi, j'avais été inconscient durant quatre jours avec un réveil de quelques minutes le second jour. Quelqu'un m'avait retrouvé dans la rue, et avait directement appelé les urgences en constatant que je n'étais pas un alcoolisé que l'on croisait souvent la nuit. Pour lui, c'était même un miracle que je sois déjà réveillé ; car mon corps était entré en hypothermie sévère avec vingt-cinq degrés à cause de la pluie, de la malnutrition, et de la fatigue. En plus d'une commotion cérébrale, les médecins avaient estimé que je n'allais pas me réveiller avant au moins une semaine et demie. Comme si cela ne suffisait pas, j'avais en plus eu une multitude de blessures par verres un peu partout ; au visage, sur les bras, les jambes. Le seul endroit qui avait été épargné, était le torse et le dos. J'avais été au bloc opératoire pendant trois heures, car retirer les morceaux de verres de la chaire était très délicat, surtout quand ils étaient profond.
Par la suite, afin de vérifier réellement l'impact de ma commotion cérébrale, il me posa quelques questions ; si je me souvenais de ce qu'il s'était passé pour que je sois dans cet état, si je me souvenais de qui j'étais, si je savais où je me trouvais. Les réponses étaient positives, sauf pour la première. Je n'arrivais pas à parfaitement me rappeler de ce qu'il s'était passé, seuls quelques flashs me revenaient, des images troublantes. Le médecin ne fit pas étonné de cela, et fit plutôt rassuré de constater que ce n'était pas si grave que cela, qu'il me fallait seulement du repos.
Ce repos-là, je n'eus pas l'occasion de le goûter tout de suite. Alors que le médecin voulait s'en aller en m'incitant à appeler si quelque chose n'allait pas, deux hommes entrèrent dans ma chambre. Vêtus de vestes en cuirs, un badge autour du cou qu'ils montrèrent directement, une barbichette mal rasée sur l'un plus petit et des cernes sur l'autre, ils ne demandèrent aucune autorisation d'entrer et se présentèrent comme étant de la police. Immédiatement, mon cœur sauta dans ma poitrine. Comment pouvaient-ils être présents alors que je venais à peine de me réveiller ? Ce n'était pas possible, je ne voulais pas les voir.
— Excusez-moi messieurs mais vous n'avez pas le droit d'entrer comme ça, protesta le médecin d'un air sévère. Mon patient est encore fragile.
Seokjin et Yoongi m'accordèrent un regard inquiet, tandis que je baissai les yeux vers mes doigts que je tripotai entre eux en me mordant la lèvre inférieure.
— Il est réveillé, c'est le principal, nous ne sommes là que pour poser quelques questions concernant un accident de-
— Oh nom de Dieu mais ce n'est pas vrai ! Hurla subitement une voix féminine.
D'un sursaut brusque, je relevai la tête vers l'entrée de la chambre, et eus un large sourire intérieur. Ma mère, les oreilles rouges de fureur, venait de faire éruption dans la pièce, accompagnée de Minkyung et Jimin qui se retenaient de rire derrière elle. Du coin de l'œil, je vis également mon médecin ricaner. Pourquoi riaient-ils tous ?
— Madame, nous-
— Madame ? Coupa de nouveau ma mère en s'approchant d'eux, la voix toujours criarde. Depuis quand je suis une Madame moi ?
A son tour, elle sortit son badge d'avocate de sa poche de manteau et le mit si près du seul policier qui prenait la parole, qu'il dut reculer son visage pour lire.
— Je vous prierais de bien respecter mon nom, je crois l'avoir suffisamment répété à vos collègues. D'ailleurs Géant Vert et Gollum ont abandonné les visites et ont envoyé des remplaçants ? Qui on a là, Pine d'Huitre et Demi-portion ?
Derrière elle, mes deux meilleurs amis explosèrent silencieusement de rire, la main à la bouche pour faire le moins de bruit possible. L'autre policier qui n'était pas attaqué directement par ma génitrice, se fit alors tout petit comme un chiot mettant la queue entre les jambes tandis que l'autre, fronça les sourcils, sévère.
— Ecoutez Maître Jeon, nous faisons juste notre tra-
D'un air provoquant, ma mère mit sa main à son oreille en la tournant vers eux.
— Travail vous dites ?
— Maître, sauf votre respect, je dois avoir sa déclaration des faits.
Elle se remit correctement en croisant les bras sous sa poitrine, ses belles mains manucurées sur chaque haut de coude. Vêtue d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, le tout couvert d'un long manteau rouge, et les cheveux tirés en un chignon, elle était beaucoup plus imposante que les deux policiers rien qu'avec le physique.
— Le problème Messieurs, c'est que celui que vous voulez interroger vient à peine de se réveiller, est atteint d'une commotion cérébrale, ce qui veut dire amnésie, maux de tête, fatigue, alors comment voulez-vous qu'il vous donne sa version des faits dans cet état ? Débita-t-elle en furie. Qu'est-ce que cela va vous apporter ?
Je regardai à nouveau mon médecin, dont les lèvres tremblaient et étaient mordues. Il se retenait toujours de rire. Puis en tournant la tête vers Seokjin et Yoongi, je vis une nouvelle fois un amusement profond face à la situation.
— L'article 221 du code de la procédure pénale déclare que si vous interrogez un témoin ou une victime, la personne ne peut pas être forcée et même si elle fait une fausse déclaration, ça n'a aucune valeur. Je répète, qu'est-ce que cela va vous apporter ?
Le second policier, qui n'avait rien dit depuis le début de la prise de nerfs, se mordit les lèvres en admettant qu'elle avait raison. Celle-ci baissa les yeux sur leur badge et eut un sourire victorieux.
— Le poste Yongsan ? Je connais parfaitement votre supérieure et il me suffirait d'un appel pour que vous vous retrouviez à la rue, donc soit vous quittez ces lieux sur le champ et ne revenez que lorsque Monsieur Jeon Jungkook sera rétabli, soit vous vous retrouvez dès ce soir au chômage.
Il ne fallut pas deux minutes, pour que dans un silence de plomb, les deux hommes finissent par abandonner tout combat et partirent bredouille, la fierté abaissée au plus bas niveau. Lorsque la porte se ferma doucement, un ange passa avant que tout le monde excepté moi partent en fou rire. Ma mère se tenait le ventre, sa poitrine et ses épaules effectuaient de légers sautillements, et un magnifique sourire étirait son visage jusqu'à ce que ses yeux se posent enfin sur moi. Elle était décidément la plus belle femme au monde. Le médecin, quant à lui, se sécha les yeux en reprenant son souffle et nous souhaita une bonne journée avant de nous laisser en famille et amis.
Ma mère ouvra ses bras devant elle et l'instant suivant, je me retrouvai contre son corps chaud, légèrement serré pour ne pas me faire mal. Je fermai immédiatement les yeux pour accepter sa chaleur et appréciai le baiser qui se posa sur mon front. Pour être plus confortable, elle s'assit sur le bord du lit et je laissai ma tête appuyée contre son épaule, les paupières closes et l'esprit calme, détendu par sa main traversant mes cheveux.
— Un réveil comme ça, c'est un peu brusque, plaisanta-t-elle.
Je secouai très légèrement la tête de droite à gauche.
— Au bout d'un moment c'est bon, ils ne sont même pas foutu de comprendre leur propre langue.
J'eus un petit sourire face à ses râlements, et entrouvris les yeux pour regarder mes deux meilleurs amis qui s'étaient rapprochés. Quelques larmes s'apprêtaient de sortir, et Jimin menaça de me frapper en levant sa main en l'air tandis que Minkyung jouait la comédie en forçant ses pleurs. Ma mère, comprenant qu'ils voulaient à leur tour me voir, me lâcha doucement et se leva pour se mettre en retrait. Réinstallé de sorte à ce que je n'ai pas trop mal, le médicament que le médecin m'avait injecté n'ayant pas encore fait effet, je leur souris comme je pus. Cela ne devait pas ressembler à grand-chose, mais ils comprirent et Jimin baissa sa main en soupirant. Minkyung contourna le lit et vint s'assoir à mes côtés.
— Ca va ? Demanda ce dernier.
Je dandinai de la tête.
— Ne nous refait plus jamais ça, d'accord ? Il fronça les sourcils. Tu ne sais pas à quel point on s'est inquiété pour toi ces derniers jours.
Je me sentis désolé, et ne pouvant pas l'exprimer par la parole, je baissai les yeux à mes mains. Soudain, une image me revint de Minkyung se prenant un coup de genou dans le ventre. Alors je le regardai, et désignai de la main, l'endroit en question couvert d'un manteau à fourrure, inquiet. Comme nous partagions énormément les mêmes pensées à en croire que nous avions le même esprit, il comprit de suite et se mit à rire nerveusement.
— Oh ça ? Il se gratta l'arrière du crâne. C'est rien par rapport à la peur qu'on a eu pour toi.
Jimin ne disait rien, se contentait de me fixer d'un air neutre. Ses cheveux d'ange partants habituellement sur les deux côtés de son visage se retrouvaient désormais devant ses yeux, comme s'il ne voulait pas avoir de contacte visuel avec moi. Pourtant, nous nous regardâmes durant une dizaine de secondes où Minkyung en avait profité pour me prendre dans ses bras, jusqu'à ce que mon ami soupir.
— Tu sais quand même que t'es un sacré numéro, toi...
Je ne pus m'empêcher de lâcher un rire en souriant du mieux que je pouvais. A contrecœur, il me rendit la pareille et vint se blottir contre moi, me prenant à son tour dans ses bras en même temps que Minkyung. Leurs deux têtes de chaque côté de la mienne, ils me serrèrent contre eux et je passai lentement mes bras dans leur dos pour venir tapoter délicatement. Je ne me rendais pas assez compte de la chance que j'avais de les avoir auprès de moi, mais je me sentais tellement désolé de leur avoir fait peur que mon esprit recommençait à tomber. Cet ascenseur était fatiguant.
— Au fait, chuchota Jimin d'un air amusé, ta mère est absolument géniale.
Je ris intérieurement tandis qu'un autre pouffa en acquiesçant ses paroles. Celui-ci se retira de notre étreinte et alla chercher quelque chose au pied du lit, sur une petite table. Il me rapporta mon tac en tissu et mon téléphone avec un sourire.
— Tu avais fait tomber tout ça.
Je pris tout ça entre mes mains lorsque Minkyung daigna à me laisser respirer. Soudain, j'eus une illumination et me vis à l'école, à enlever ma bague et la mettre dans mon sac pour me laver les mains à la sortie des toilettes. En vitesse, je plongeai ma main dans celui-ci et cherchai à travers mes affaires. Je me souvenais. Je me souvenais être dans sa voiture de luxe et angoisser vis-à-vis de son absence à mes doigts. Pourquoi ne l'avais-je pas rangé dans un endroit où elle ne risquait pas de s'abîmer ? Peut-être qu'avec le choc au sol, elle s'était brisée ou rayée.
Mon cœur loupa un battement lorsque je la sentis sous ma paume de doigt, et je la sortis sans plus attendre pour la regarder sous tous les côtés. Elle n'avait rien. Aucune fissure, aucune rayure, aucun impact, elle était toujours aussi belle que la première fois. Je la mis à sa place ; l'annulaire de ma main droite. Dans le même temps, mes deux collègues de plateau informèrent qu'ils n'allaient pas rester plus longtemps pour me laisser me reposer. Notre au revoir fait, Yoongi ouvrit la porte et s'arrêta net. Intrigué, ma mère et mes deux meilleurs amis se tournèrent vers eux, tandis que je fermai les yeux à cause d'une soudaine fatigue. Puis ils partirent en silence.
— Il est fatigué, fit ma mère.
Je rouvris les paupières pour voir à qui elle parlait, et immédiatement, les larmes montèrent lorsque mon regard se posa sur Taehyung. Ses cheveux ondulés tombaient sur ses yeux sombres, soulignez par de grosses cernes qui me surprises. La façon dont il était habillé n'était pas la même, comme s'il n'avait pas pris le temps de prendre soin de lui avant de venir. Voyant son état, je me mis pour la première fois depuis que nous étions ensemble à appréhender ses actes et ses réactions. Quelque chose n'allait pas. Mais à mon plus grand soulagement, il me fit un sourire rassuré et s'approcha rapidement de moi pour me prendre dans ses bras.
Instinctivement, je fondis en larmes contre lui. Je pleurais tout mon stress, toute ma souffrance, ma peur, tout ce qui avait été bloqué ces derniers jours. Son visage s'était engouffré dans mon cou, et ses mains caressaient mon dos et mes cheveux en silence. J'avalai l'excès de mucus et reniflai en me séchant les yeux avec ma manche de pyjama. Mais alors que je voulus me retirer de ses bras pour admirer son visage, j'eus un soudain tournis qui me força à rester tranquille. Ce ne fut que lorsque mes pleurs se calmèrent doucement que ce fut lui qui se retira pour venir m'observer. Ses doigts parcoururent les quelques pansements sur mes joues, ma tempe droite, mon cou, puis mes épaules jusqu'à mes propres doigts qu'il enroula aux siens en toute délicatesse. Mon regard quitta le sien quelques secondes, et je remarquai que tous étaient parti. Il n'y avait plus que nous deux, et j'eus un léger sourire en comprenant qu'ils avaient décidé de nous laisser tranquille.
— Ca va... ? Murmura-t-il en déposant un baiser sur le coin de mes lèvres.
Mon cœur loupa un battement et je haussai la tête petitement. Malgré cela, sa condition physique m'inquiétait. Son teint était pale, ses cernes bien trop marquées pour que ce soit normal, et ce qui m'effraya le plus, fit de voir que plus aucun éclat n'animait ses pupilles. Tout était neutre, plat, sans joie ni peine, sans passé ni avenir. Si Taehyung ne s'exprimait pas par la parole, j'avais appris à deviner ses émotions à travers son regard. Et ce que je comprenais à ce moment-là me terrifiait. A cause de la fatigue, j'espérais me tromper, mais quand je vis que ses yeux devinrent larmoyants lorsqu'il me fixait, cet espoir fut vain. Quelque chose n'allait pas.
— Tae... Tentai-je de l'appeler d'une voix cassée. Qu'est-ce qu'il y a... ?
Il prit une petite inspiration et papillonna des paupières rapidement, comme si je venais de le sortir d'une réflexion profonde. Puis d'un soupir en baissant les yeux, il sortit son téléphone de sa poche, le déverrouilla, et alla dans ses mails. Je n'eus droit à plus aucun regard, et un frisson d'effroi me parcourut le corps.
— Kook... Murmura-t-il.
Mon cœur se serra. Sa voix s'était brisée, comme celle d'une personne retenant désespérément ses larmes. J'appréhendais. J'appréhendais tellement que ma tête tournait.
— Est-ce que... tu as vraiment tué Mina ?
Tout s'arrêta. Ma respiration, les battements frénétiques, mon esprit. Il ne restait plus que mon regard, agrandit, fixant Taehyung qui leva le sien sur moi. Des larmes glissèrent lentement sur ses joues, il pleurait. Je l'avais fait pleurer. C'était à cause de moi si l'éclat dans ses yeux avait disparu. Tout était de ma faute. Son visage se baissa une nouvelle fois sur son téléphone et il appuya sur une vidéo qu'il avança au moment où je tirais sur Mina afin de lui ôter la vie. J'eus une remontée, mon corps fut pris de spasmes. Nos mains, bien qu'encore liée, reflétaient le dernier fil qui nous unissait, ce dernier fil qui pouvait faire basculer à nouveau nos vies en enfer.
— Est-ce que... c'est vraiment toi... là ?
Il me regardait, me suppliait de lui dire non, que tout était faux, que c'était une personne qui me ressemblait. Ses lèvres tremblaient violemment, les perles salées les plus rares coulaient à flot sur ses joues, et ce spectacle était l'un des plus affreux à vivre. Je me souvenais de cette vidéo, je me souvenais qu'on m'avait forcé à la regarder dans une voiture de luxe, entourée d'arbres et de la pluie. La pluie qui était la même que celle qui tombait actuellement dehors en silence. Oui, c'était moi qui l'avais tuée. Je me rappelais encore de m'être baissé pour prendre ce révolver, et d'avoir tiré une seule balle dans son cœur.
Non, cette vidéo était truquée. Je me souvenais avoir lâché le couteau de cuisine et d'être tombé au sol après qu'elle m'ait touché. Ce n'était pas la vraie, celle que j'avais enfermé cinq ans dans un carton n'était pas comme ça. Mais par ma faute, beaucoup trop de personnes avaient été blessées. Ma mère, Jimin, Haneul, Minkyung et maintenant Taehyung. C'était trop. Tous ceux à qui je tenais le plus ne pouvait plus vivre correctement à cause de moi, par ce que j'avais fait et engendré.
Tout ce que je désirais, était qu'on me laisse en paix, qu'on me laisse vivre aux côtés des personnes que j'aimais, mais c'était beaucoup trop demandé lorsqu'un si lourd secret pesait sur mes épaules chaque jour. Ca ne pouvait pas continuer. Je devais accepter le châtiment qui m'avait été destiné depuis ce fameux jour, à la piscine, lors de ma première crise. Depuis le début, je savais que tout allait se savoir un jour, rien ne pouvait être caché ni épargné si je continuais à côtoyer les personnes indirectement impliquées dans cette affaire.
Je soupirai en tentant de garder mon sang froid, et déliai nos mains pour venir poser la mienne sur ma cuisse. Mon cœur battait tellement fort qu'un affreux bourdonnement résonnait dans ma tête, et, la voix brisée par la réalité, je répondis ;
— Oui... C-C'est moi...
Voir son visage se décomposer fut la pire des tortures qui soient. Je venais de mourir, de perdre tout ce que j'avais construit jusqu'à maintenant. Les rires, les blagues, les chamailleries, les prises de têtes, tout disparaissait, tout ne devenait qu'un vague souvenir à ranger dans un tiroir. Ses larmes avaient arrêté de couler, sa respiration s'était bloquée, et supporter la déception dans son regard fut tellement affreux que je finis par baisser la tête dans ce silence pesant. Un silence si bruyant que je voulais tout faire pour ne plus l'entendre.
Taehyung se leva du lit, sans un bruit. Puis une main que j'enlaçais quelques minutes auparavant, se posa délicatement sur ma tête pendant de longues secondes. De longues secondes durant lesquelles aucun de nous deux ne parlait, ne respirait, ne vivait.
— Prends soin de toi, Jungkook, murmura-t-il.
J'eus un hoquet et me mordis les lèvres.
— T-Toi aussi Taehyung...
C'était trop dur, je ne voulais pas le laisser partir, je voulais sauter dans ses bras, lui raconter une vérité dont je me mettais à douter, lui hurler que je l'aimais, que je pouvais mourir pour lui. Mais c'était interdit, je ne pouvais pas. Je ne voulais plus qu'il souffre par ma faute. Un meurtrier comme moi n'était pas fait pour être avec un ange comme lui.
Sentir sa main quitter mes cheveux fut la goutte de trop, je ne pouvais plus me retenir et fondis en larmes quand je l'entendis marcher par des pas lents, sans plus aucune once de vie. Il s'éloignait de moi, et lorsque la porte claqua, je me mis à hurler ma douleur. Ma gorge me brûla immédiatement, mes nerfs me mettaient des coups de poignards à chaque mouvement, chaque spasme, mais ce n'était rien à côté de cette douleur que je ressentais jusqu'au plus profond de mon cœur.
A ce moment-là, je compris que nous ne marcherions plus ensemble.
A suivre...
~~~~~
à suivre ?
où est passé le message FIN ?
surprise ! ✨
eh oui, TO:KY:OO est suivi d'un second tome ! vous êtes contents ? depuis le temps que j'attends ça !
j'espère en tout cas que ce dernier chapitre vous aura plu, c'est littéralement l'un de mes préférés.
le second tome sera posté à la suite de TO:KY:OO, alors restez connectés !<3
je ne sais pas encore quand il sera prêt à être publié, mais la transition est prête, le trailer est prêt depuis longtemps !
je mettrai les news concernants ce second tome sur mon mur et sur mon insta : traylexe.
la transition arrivera d'ici un mois au plus tard, j'ai déjà hâte de vous retrouver.
en tout cas, merci infiniment d'avoir suivi TO:KY:OO, c'était une expérience incroyable.
je vous aime ❤️
-traylexe
désormais que nous avons exploité minuit, qu'en est-il de son contraire ?
the rest of TO:KY:OO, coming soon ⏳
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