𝟾 ¦ 𝙲𝙾𝙼𝙱𝙰𝚃𝚂 𝙸𝙽𝚃𝙴́𝚁𝙸𝙴𝚄𝚁𝚂³

𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟾
ᴘᴀʀᴛɪᴇ ⒊

     Après avoir pris une grande inspiration, Jean entra dans la pièce aux effluves boisées. Il pouvait déjà entendre le couinement des pieds nus sur les tatamis, signe que la séance se poursuivait encore. Sans faire plus de bruit que la nécessité ne l'y obligeait, le garçon retira ses chaussures et vint discrètement s'asseoir au bord des tapis de natte. Bien qu'il fut plus familiarisé avec les lieux, il ressentait toujours une certaine timidité au moment de franchir la porte. L'air était chargé de discipline, un principe japonais qui n'était pas toujours sa plus grande qualité. Pourtant, Jean respectait ce dojo vide qui permettait à Marco de s'épanouir un peu plus. Alors avant que Mikasa ne décrète la pratique terminée, le châtain se contenta d'observer en silence. Comme à son habitude, son ami restait très concentré, prenant à cœur de réussir les mouvements que lui présentait sa professeure particulière. Il était probablement trop tôt pour en tirer une telle conclusion, mais Jean le trouvait changé depuis le début de ses entraînements. Il semblait plus confiant, plus apaisé, plus radieux. Et si Marco se sentait plus heureux, alors il l'était aussi. L'arrivée d'une autre habituée du dojo, qui n'était autre qu'Annie, marqua la fin de la séance. Les deux jeunes gens devant lui se saluèrent et quittèrent enfin les tatamis. Un peu essoufflé, Marco fit un rapide tour aux vestiaires avant de rejoindre rapidement son ami, content de voir qu'il était venu le chercher.

     — Qu'est-ce que tu en dis ? lui demanda-t-il une fois arrivé à sa hauteur.

     Le brun écarta les bras et tourna sur lui-même, laissant Jean admirer la nouvelle tenue que Mikasa lui avait dégotée.

     — Incroyable, lui assura son ami avec un sifflement. Tu n'as plus qu'à te faire pousser la moustache pour ressembler au papy affiché là-bas.

     Marco leva les yeux au ciel. Heureusement que Mikasa n'était pas très à cheval sur le règlement. Dans un dojo, n'importe qui pouvait se faire bannir pour moins que cela. La jeune fille pratiquant plusieurs sports, elle avait décidé de ne pas trop s'embêter avec toutes les règles traditionnelles de chacun. Du moment que la pratique se déroulait dans un minimum de respect et d'ordre, elle n'allait pas gronder les enfants qui venaient prendre des cours pour avoir tiré la langue au portrait de Morihei Ueshiba.

     — Je croyais que c'était un kimono standard, mais apparemment on appelle celui-ci un keikogi ou aikidogi.

     Cette fois, Jean pris le temps de détailler l'habit en question. Entièrement blanc, il se composait d'un pantalon et d'une veste en coton qui tenait en place à l'aide d'une ceinture. Son ami lui expliqua ensuite qu'il existait un autre genre de pantalon plus large, noir ou bleu foncé, appelé hakama. Mikasa avait promis de lui en trouver un pour la séance prochaine. Tandis qu'il racontait ce qu'elle lui avait enseigné aujourd'hui et combien de fois il s'était retrouvé par terre, Jean l'écoutait religieusement en souriant doucement. Le voir parler avec tant d'enthousiasme d'une de ses passions lui réchauffait le cœur pour une raison qu'il ignorait encore.

     — Qu'y a-t-il ? lui lança Marco lorsqu'il surprit son regard.
     — Rien, répondit son ami sans arrêter sa contemplation.

     Le brun sentit ses joues chauffer par l'insistance qui brillait dans ses prunelles ambre. Il se détourna le premier, glissant sa main contre sa nuque humide pour tenter de dissimuler sa gêne. Or, par ce geste, il fit légèrement glisser sa veste qui dévoila une partie de son torse. Jean fut attiré par un petit objet brillant qu'il ne reconnaissait pas.

     — Qu'est-ce que c'est ?

     Marco baissa les yeux pour voir ce dont il parlait avant de tomber sur le pendentif qu'il avait autour du cou. Pour des raisons de sécurité évidentes, il devait l'enlever pour pratiquer l'aïkido. Pourtant, il se dépêchait toujours de le remettre sitôt la séance terminée. Il n'aurait guère su expliquer pourquoi, mais sa présence contre sa peau le rassurait.

     — Je ne sais pas trop, justement. Je l'ai simplement trouvé sur mon bureau par hasard. Je me demande bien ce qu'il faisait là. Mais il est plutôt joli, alors...

     Du bout des doigts, Jean vint toucher la chaîne dorée. Il ne remarqua évidement pas le tressaillement que provoqua la caresse sur la peau de son ami. Ce n'était pas chose courante de découvrir un bijoux de cette valeur sans en avoir le moindre souvenir. Voilà un drôle de mystère qui l'intriguait beaucoup. À bien y penser, ce n'était certainement pas le seul secret que cachait cette maison ou cette famille...

     — On dirait une carte de tarot, lança alors une voix.

     Les deux garçons se retournèrent vers Annie qui venait de sortir des vestiaires. Marco réalisa qu'en effet, ce drôle de pendentif rectangulaire ressemblait à une carte à jouer.

     — Je ne m'y connais absolument pas en tarot, avoua-t-il.
     — Moi non plus, renchérit la jeune fille. Mais Pieck est dingue de ce genre de trucs.

     Pieck était une jeune fille à l'air toujours fatigué qui avait la fâcheuse manie de s'endormir un peu partout, en cours comme en plein match de basket. Jean et Marco ne la connaissait pas personnellement, mais c'était une amie de longue date d'Annie et Bertholdt. Le châtain crut d'ailleurs se souvenir qu'ils avaient partagé une heure de colle commune pour s'être endormis durant un cours de français particulièrement ennuyant. Haussant les épaules pour montrer qu'elle n'en savait pas davantage, la blonde retourna aux côtés de Mikasa pour une séance de sport qui promettait d'être explosive. Quant aux deux garçons, ils ne tardèrent pas à rentrer chez Marco pour terminer leurs devoirs.

     Une fois une analyse linéaire fastidieuse et des questions d'économie rapidement résolues, Marco et Jean entreprirent de chercher sur Internet des informations concernant le tarot. L'opération s'avéra vite plutôt compliquée. Initialement, le tarot semblait être un jeu de soixante-dix-huit cartes qui se jouait généralement à quatre. Cinquante-six de ces cartes ressemblaient beaucoup aux cartes ordinaires séparées entre les quatre enseignes traditionnelles : le pique, le trèfle, le cœur et le carreau. Un autre personnage, le cavalier, s'ajoutait cependant entre le valet et la dame. Le jeu comptait également vingt-et-un atouts numérotés, supérieurs aux couleurs, et une équivalence du joker. Seulement, le tarot était aussi utilisé dans une forme de divination pour lire l'avenir d'autrui à partir de cartes tirées. Le plus couramment, on menait à bien cette pratique avec le tarot de Marseille. Celui-ci présentait vingt-trois arcanes majeures portant un nom et un numéro.

     — La dix-septième s'appelle l'Étoile, remarqua alors le brun.

     Il cliqua sur le lien qui le renvoya vers une description plus détaillée de cette carte. Celle-ci s'afficha sur l'écran et tous deux purent constater la ressemblance avec le pendentif. On y retrouvait une femme nue aux cheveux bleus agenouillée et versant par terre l'eau contenue dans deux cruches. Au-dessus d'elle, des étoiles scintillaient dans le ciel. Au bas de la carte, une inscription indiquait son nom. La forme du collier doré différait un peu, mais tous les éléments étaient bien présents. Jean et Marco tentèrent de lire les interprétations liées à celle-ci, naviguant même entre plusieurs sites. La plus grosse étoile représentait apparemment l'étoile du Berger, la première et dernière étoile visible dans le ciel. Cependant, ils ne comprirent pas grand chose au reste. Les explications allaient dans un sens et dans l'autre, se contredisant même parfois, et rien de tout cela ne faisait véritablement sens à leurs oreilles novices.

     — On pourrait peut-être demander à Pieck, proposa finalement Jean. Connie va probablement organiser une autre fête à la fin de l'année, on en profitera à ce moment-là.
     — Bonne idée.

     Ils décidèrent donc de laisser de côté leurs recherches pour l'instant, peu convaincus de pouvoir en tirer quelque chose par eux-mêmes. Peu après que Jean ne soit descendu pour leur rapporter de quoi grignoter, le téléphone portable de Marco se mit à vibrer. Sachant pertinemment ce qui l'attendait, le garçon appuya sur la notification qui le renvoya sur un de ses réseaux sociaux. Sans même prendre la peine de lire le message qui lui était destiné, il en prit une capture d'écran et bloqua immédiatement l'expéditeur. Il rangea soigneusement l'image dans un dossier sécurisé, mit son téléphone en mode silencieux et le lança à l'autre bout de son lit.

     Ces derniers temps, Arashi avait trouvé une nouvelle idée pour l'embêter sans attirer l'attention. Puisque Jean restait continuellement à ses côtés et qu'il pouvait difficilement l'atteindre comme il l'aurait souhaité, il était passé du côté du numérique. Régulièrement, Marco recevait des messages sur la quasi-totalité de ses réseaux sociaux, en plus de ceux qui venaient remplir sa boite à chaussures. S'il avait fait l'erreur de les lire au début, il se contentait désormais de les ignorer. Après tout, Arashi n'ambitionnait pas de lui compter fleurette. La plupart du temps, il lui envoyait des dessins morbides ou l'insultait de tous les noms. Marco veillait à garder une trace de tout ce qu'il pouvait recevoir avant de simplement bloquer en masse chaque nouveau compte qu'il se créait pour l'occasion. La situation devenant vraiment irritante, le brun avait même fait basculer bon nombre de ses comptes en mode privé, afin de ne pas être harcelé de la sorte.

     Jean le rejoignit rapidement, brandissant triomphalement le paquet de brioche aux pépites de chocolat qu'il avait chapardé au fond d'un placard. Il vint s'installer contre son ami qui lui souri en retour, simplement heureux de pouvoir être à ses côtés. Arashi pouvait bien essayer de le briser, il s'en fichait royalement. Ces quelques messages n'étaient rien comparé à ce qu'il avait connu auparavant, rien face aux coups et à la peur. Il finirait bien par se lasser, alors autant ne pas inquiéter Jean avec toute cette histoire. Celui-ci semblait déjà plus rassuré depuis qu'il lui avait dévoilé ses séances d'aïkido et Marco ne voulait pas risquer de voir son sourire s'envoler à nouveau. Après tout, ce qu'il ignorait ne pouvait certainement pas lui faire de mal.

𝟷𝟼𝟼𝟾 ᴍᴏᴛs
ᴀ̀ sᴜɪᴠʀᴇ...

𝘭𝘦 𝘮𝘺𝘴𝘵𝘦̀𝘳𝘦 𝘴𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘴𝘶𝘪𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘭𝘦 𝘥𝘦́𝘯𝘪...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top