❛ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟔𝟏 ❜
❝ Actions are such that they lead to consequences ❞
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P O I N T D E V U E
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Je n'ai jamais vraiment réfléchi à ce que je ferai une fois que je me serai débarrassé de toutes les crapules que je haïssais. D'ailleurs, Colonel Hong, tu m'avais posé d'innombrable fois cette question. Qu'est-ce que je ferai lorsque je retrouverai ma soeur, et que la lutte sans fin contre l'injustice sera enfin achevée. À cette époque, je n'avais pas de réponse à te donner puisqu'on ne peut pas prédire l'avenir et les circonstances qui auront lieu pour faire changer nos ambitions. Pourrions-nous dire que la guerre se terminera un jour ? Non, elle a toujours existé, depuis des siècles, l'humain se battait pour l'équité et la vertu de sa nation. Et pourtant le mal continuait à se propager comme un micro-organisme infectieux, contaminant ses porteurs.
Au cours de ce cycle rempli d'orgueil, on ne pouvait plus distinguer les camps. Les gentils devenaient méchants, et les méchants devenaient gentils afin d'atteindre leur but. Et cela perdurait dans la démesure du bien et du mal.
C'est un conflit intemporel, un conflit sans saveur, un conflit de sacrifice, un conflit des plus con, un conflit de défunt.
Qu'est-ce qu'on éprouve une fois mort ? Est-ce que toi aussi tu sens le vide en toi ? Comme si tes souffrances demeuraient sempiternels ? La paix était un mythe pour étouffer la crainte de faire face à nos pires cauchemars lors de nôtre décès ?
Et celui qui se tient au bout pour juger l'enchaînement de nos péchés, c'était l'anthropomorphe de la mort ? Une fois que cette chose exhibera nos âmes dans l'étendue d'un cosmos inconnu, nous nous retrouverons aussi délogé de sens ? La flagellation sera nôtre inaltérable torture ? Que cela soit ainsi, car ça ne fera aucune différence de ce que je ressens lorsque je suis encore en vie.
Je n'ai pas peur de mourir.
Mais toi, si, Colonel. Et ce jour était arrivé, un jour qui m'a semblé les plus dantesques des épreuves. Tu étais le seul en qui j'avais fini par trouver refuge. Le seul à prendre en compte mes opinions en dépit de mon entrain taciturne. Le seul qui voulait sincèrement que le monde prenne un autre aspect que la violence, se réfugiant dans chaque être blasphémé, par nôtre nature à tout gâcher. Nous ne nous contenterons jamais des biens que l'on possède, du soutien que l'on reçoit, de la gratitude qu'on nous offre.
Tu avais un fils, un fils que je haïssais tellement, aussi ingrat qu'un animal sauvage qui finit par tuer le maitre qui l'a nourri. Et pourtant, ton éternel optimisme parvenait à ébranler même le plus sombre cynique que je suis. Tu avais espoir en moi, espoir en nous, espoir en eux. Mais où t'as conduit cette perspective philanthropique ? Six pieds sous terre, avec un tombeau à ta date de naissance et du décès. Alors la gentillesse d'autrui se résulte à crever ?
Tu parles d'un titre de grand guerrier qui a défendu sa patrie. Tu vas l'emmener où cette merde ? Pourquoi donner de la reconnaissance pour quelqu'un, que lorsqu'il finit par claquer ? Pourquoi en faire un héros, une légende, une fierté alors qu'ils ont rien fait pour que tu ne finisses par clamser. Pourquoi ce sont toujours les êtres humains les plus justes qui finissent par périr ?
Malgré mon parcours, au nombre de fois où j'ai failli trépasser, je suis encore là, à me tenir devant ta sépulture. Fais-je donc partie de ces connards qui ont une longue vie et qui accumulent des transgressions pour que Dieu puisse mieux nous châtier ?
Ces interrogations ne me menaient à rien. J'en ai assez dit, du moins, pensée devant toi. Ici, s'achève sûrement ma dernière visite, je ne peux pas perdre mon temps pour les défunts. Tu n'as pas besoin de moi où que tu sois, mon existence est une ombre noir qui couvre l'essence de ceux qui veulent briller.
Je finis par verser de l'alcool dans un petit verre posé au dessus de sa tombe, avant de ranger mes mains dans les poches de mon manteau. Ça doit faire quatre ans qu'il est mort et depuis quatre ans que je viens pour tenter de trouver un refuge où je pourrai exposer mes pensées, me sentir moins débordé par tout ce que je dois gérer depuis des années. Je n'ai personne à qui me confier, plus personne en qui je peux aveuglément me reposer. Car chacun cherche à dévorer le plus faible, et avoir son heure de gloire. Mais moi, j'en ai rien à foutre de ça.
Je suis fatigué de m'acharner contre une lutte qui me divise, mais je ne peux pas rebrousser chemin après tout ce que j'ai du accomplir. À chacune de mes respirations, j'avais une épée de Damoclès au dessus de ma tête. Le premier qui me bute, me fera une grande faveur. Mais jusqu'à là, je dois continuer à défendre ce pourquoi je suis encore débout : ma soeur qui visiblement n'est pas morte. J'imagine qu'avec le temps, elle a du énormément changer. Qu'elle ne sera plus la même personne, comme je ne le suis plus. Et si on finissait par se détester, qu'elle ne veuille pas me voir ? Qu'elle décide de me tenir à l'écart de sa vie ? Au moins, je l'aurai rencontré une dernière fois.
Je vérifie l'heure sur ma montre. Je vais devoir bientôt embarquer pour le Panama, alors je devrais quitter la ville avant de rater mon vol. Je n'ai pas envie d'attendre le prochain avion. En laissant un dernier regard sur le nom de mon mentor, je me détourne pour sortir du cimetière, je m'arrête subitement car mes yeux ont aperçu une silhouette familière.
Cette crinière blanche ne passera jamais inaperçue dans mon champ de vision, comme ces hanches qui sont d'une proportion à faire tomber plus d'un. Qu'est-ce qu'elle fiche ici ? C'est en me posant cette question qu'elle se retourne pour partir et s'arrête au milieu de son chemin, pour m'observer.
ㅡ Tu me suis là ? elle s'offusque en expirant un rire indigne. T'as carrément fait un chemin jusqu'au cimetière.
ㅡ J'crois pas qu'il te soit réservé, je regarde autour de moi, avant de l'observer.
ㅡ Alors qu'est-ce que tu fiches ici ?
ㅡ Aujourd'hui c'est la date du décès de mon mentor, pour une fois, rien à voir avec toi.
Elle semble décontenancée, ne s'attendant certainement pas à ce que j'ai une personne à voir dans un cimetière. J'avoue que je n'ai pratiquement personne pour qui faire le deuil. Je m'approche d'elle en me penchant vers son visage.
ㅡ C'est peut-être toi qui me suis ? Besoin d'un remontant vaginal ?
ㅡ Arf ! Toujours le mot juste pour tout gâcher.
Elle grimace de dégoût en me poussant de sa paume, un geste que j'apprécie cela dit.
ㅡ Ça ne serait pas amusant autrement dit, je souris vite fait.
ㅡ C'est aussi la date du décès de mon père adoptif, elle confie. Si tu veux savoir.
Mon mentor et son père sont morts le même jour ? C'est étrange quand même comme coïncidence. Devrais-je fouiller plus à ce sujet ? Ça pourrait faire passer mon temps libre.
ㅡ C'est bizarre quand même, qu'ils soient mort le même jour, tu ne penses pas ?
ㅡ Aussi bizarre que tu as quelqu'un à pleurer.
ㅡ Je ne dirai pas, je plisses les yeux, que je serai capable de pleurer quelqu'un en soit. D'ailleurs, comment on pleure ? Toi qui en a tant l'expérience, j'aimerai savoir ce que ça fait de verser des larmes.
ㅡ Tu es en train de te foutre de ma gueule ?
ㅡ C'est si évident que ça ? je me mords la lèvre amusé de la voir en rogne.
Pourquoi faut-il que je la trouve bandante quand elle est en colère. Elle n'en peut plus de moi, ça se voit.
ㅡ Qu'en est-il de tes recherches sur Yiseo ? Tu es limitée, je te rappelle.
ㅡ J'ai encore du temps, avant que tu m'enterres, elle se mit à marcher
ㅡ Tu remets encore ça, je soupire.
ㅡ Les mauvaises habitudes tu sais, d'avoir une bonne mémoire.
ㅡ Ce n'était rien de personnel.
ㅡ Ce n'est jamais personnel dans ce milieu. Mais ça ne change pas les faits.
Elle n'a pas tort, je préfère ne rien ajouter, parce que de toute façon je n'ai rien à redire. J'ai suivi un ordre et ce n'était pas dans mes compétences de m'excuser, même si je lui présente mes regrets, elle saura que je mens, car je n'ai pas de remords pour mes actes commis. Quelque chose que j'aurai voulu avoir afin de comprendre ce que ça fait, mais ça ne changera pas le passé. Alors je me contente de continuer à faire ce que je sais le mieux, l'agacer.
Blondie s'arrête un instant. Je suis son mouvement, en la scrutant. Elle semble réfléchir.
ㅡ Pourquoi tu as choisi de m'enterrer ?
J'arque un sourcil, incertain de comprendre sa question, ou du moins la réponse qu'elle cherche.
ㅡ Tu n'es pas du genre à hésiter. Je t'ai vu à l'action, tu achèves ton ennemi sans même branler, ni attendre qu'il finisse sa phrase. Tu n'as aucune pitié pour qui que ce soit. Homme ou femme, t'en as rien à foutre. Toutes tes victimes décèdent dès la seconde où ils ouvrent la bouche. Alors pourquoi tu n'as pas fait la même chose avec moi ? En y repensant, tu ne m'as pas enterré profondément, j'avais le moyen de m'extraire de là avec un peu d'effort. Donc dis-moi. Pourquoi tu m'as laissé une infime chance de m'en sortir vivante ?
Ce n'est que maintenant qu'elle s'est rendu compte de ce détail. Je ne pensais pas que ça lui prendrait autant de temps pour comprendre. Je me frotte la lèvre de l'index, hésitant.
ㅡ Parce que tu n'étais pas une cible que je convoitais vraiment d'assassiner.
Elle fronce les sourcils, tentant de saisir mes propos. Je finis par la contourner pour aller rejoindre ma voiture. J'entends ses pas emboiter les miens.
ㅡ Attends, je ne comprends pas.
ㅡ J'ai pas envie de m'éterniser sur cette histoire, j'ouvre ma portière.
ㅡ Tu ne peux pas partir sans m'avoir expliqué ce que tu voulais dire par là !
ㅡ Si, je peux.
Je m'assois à l'intérieur du véhicule, en fermant la portière. Elle me regarde à travers la fenêtre alors que je fais gronder mon moteur. Blondie recule d'un pas, et semble frustrée. Autant la laisser dans cet état, je n'ai pas spécialement envie de lui dire la vérité. Dans tous les cas, ça ne change pas le fait que mes mains sont entachés de crimes.
P O I N T D E V U E
À L'AÉROPORT
Je viens d'arriver sur une piste où se trouve un jet privé appartenant certainement à mon oncle. En sortant du véhicule m'ayant conduit jusqu'ici, j'aperçois plusieurs voitures débarquer à la suite comme un président se faisant accompagner par ses agents de sécurités, je vois les péchés se faire entourer par leurs hommes. Puis une fois garé autour de moi, ces derniers s'extirpent en corrigeant leur apparence. Je vois Seokjin en premier se précipiter pour aller rejoindre l'intérieur de l'avion, sans même me laisser le temps de le saluer. Juste après lui, le visage assombri de Hoseok qui marche vers les escaliers. Je peux voir qu'il est de mauvais poil. Et tout ça à cause de moi et Jungkook.
La nuit dernière on est sorti voler les roues de sa bagnole, nous emparant de quelques petits éléments de l'intérieur afin qu'il ne puisse plus la démarrer. Comme je l'avais dit auparavant au corbeau, j'étais rancunière. Et ce gars avait voté contre moi car il ne m'appréciait pas, pour une raison que je conçois. Mais je me souviens aussi que pour sauver sa peau, il était prêt à m'offrir sur le plateau à mes ennemis. Alors pour remonter le moral du flic corrompu qui subissait ses moqueries et par la même occasion satisfaire mon amour propre, on ne s'est pas gêné de nous emparer de ses biens, ainsi que de sa drogue. Et visiblement, comme il n'a pas eu sa dose, il sera sur les nerfs durant tout le vol.
Et quand je trouverai ça nécessaire pour mes propres objectifs, je lui donnerai sa petite ration afin qu'il soit apte à faire des deals. C'était l'effet que j'attendais. Je lui ai offert la voiture pour être dans ses bonnes conditions, sachant qu'il ne changera pas d'avis même en se faisant corrompre avec une belle caisse. J'ai donc fait soustraire ce qu'il chérit pour qu'il soit plus incliné à m'être reconnaissant lorsque je lui offrirai ce qu'il convoite tant. J'avais juste besoin d'attendre le bon moment, afin que les chances qu'il me soit redevable soit plus importante.
Est-ce que je mets en danger ma peau en manipulant un péché ? Éventuellement. Mais je suis assurée, car je sais pertinemment que Hoseok ne risquera jamais de dévoiler à son patron que son matos pour confectionner la drogue a été volé par des délinquants et qu'ils pourraient en hypothèse tomber entre les mains des flics. Ce qui provoquera certainement la colère de Namjoon. Alors il y a deux options qui se présentent.
Soit le dealer essaie de retrouver les coupables de cet outrage, soit il essaie d'acheter tant bien que mal un nouveau matériel, sans que les autres ne s'aperçoivent qu'il dépense une énorme somme pour tout récupérer. Il aura du mal à se procurer certains outils, il va galérer. C'est pourquoi je vais entrer en scène et lui proposer mes services. Car j'ai pas mal de fournisseurs qui pourront nous prêter le nécessaire. Au début ça sera suspect que je parvienne à le dépanner mais le camé n'aura pas d'autre choix que d'accepter mon aide, s'il ne veut pas se faire défoncer par mon oncle.
Donc par cette occasion, je parviendrai à avoir plus ou moins la confiance du péché de la Gourmandise. Lorsque tu reçois un cadeau vraiment important et que tu le perds, ça provoque de la frustration, tu pars en vrille, mais quand une solution vient à toi, et que c'est moi la réponse au problème, mes chances seront optimales pour avoir ses bonnes grâce dès que je le voudrai. C'est sournois je sais, mais c'est la réalité du monde que j'ai enfin saisi. Rien ne se fait avec la bonne intention.
Je me mets aussi en route pour suivre le mouvement en vitesse, tenant un sac de sport à la main, je monte les escaliers. Je sens juste derrière moi, quelqu'un m'imiter, sans se gêner de mater mon fessier. J'ai mis un pantalon cargo style militaire, une veste courte, crop top et des bottes de Martens.
ㅡ Aujourd'hui t'es pas mal, me dit sa voix faisant frémir mon estomac. Tu as été au soleil ? Ou tu es toujours aussi chaude ?
Je me retourne vers lui au milieu des escaliers, il freine, me regardant d'en bas, mais assez près pour que je puisse sentir la chaleur de son corps. Je sens un long frisson parcourir ma nuque au contact de ses yeux toujours aussi féroce et perfide qui plongent dans les miens. Je dois prendre sur moi pour ne pas balbutier face à cette prestance démesurée qui longe ses muscles, déterminant sa dominance sur moi.
ㅡ Arrête ça, arrête ton flirt, je m'efforce de dire ce que je ne pense pas. On a mis un terme à quoi que ce soit qui aurait pu arriver entre nous, j'essaie de cacher ma déception en ajoutant de la fermenté. Alors durant ce voyage, n'attendons l'un de l'autre que le strict minimum.
Taehyung me fixe, j'avais l'impression que ces secondes qui passaient à défier son regard, garni de cynisme et s'ancrant dans le mien, étaient si éternelles. Il monte deux marches, et je me rends compte à quel point il est grand et beau dans ce manteau noir et ses cheveux de teint de jais, coiffés comme du soie. Que ses larges épaules réduisent ma taille et mon assurance. Et puis, il se penche à mon oreille qui est déjà scandalisé alors qu'il n'a encore rien dit d'aberrant.
ㅡ Si j'étais en train de flirter, il murmure, ton corps ne serait plus en mesure de supporter le poids de ma langue, tellement tu mouillerais.
L'effleurement de ses chairs joueuses contre ma peau tendue fait durcir le bout de mes seins, manifestant le désir que sa voix engendre en moi. Et je me remercie de m'avoir fait prendre le choix de porter du noir, et qu'il n'était pas enclin à mater ma poitrine pour percevoir l'excitation qu'il a suscité. Pourquoi mon coeur martèle avec autant de rigueur, ce satané traitre d'organe vitale, cesse de battre alors qu'il est en train de fragiliser mon égo.
ㅡ Peut-être dans une autre vie, il passe à côté en disparaissant à l'intérieur.
J'ai le souffle coupé, le bourdonnement de ma fierté me moleste impunément. Tandis que mon anatomie brûle par la tension de son timbre flagellant. Même la brise du vent n'arrive pas à apaiser le degré de ma fièvre qu'il est seul à pouvoir provoquer. La chaleur du soleil tape fort dans ma nuque, j'ai besoin d'air frais.
Avec lui, je ne sais plus sur quel pied danser, soit il me déteste, soit ses paroles juteuses provoquent un séisme dans mon esprit. Je n'ai pas le droit de succomber à nouveau, ce qui s'est passé entre nous était un peu trop toxique. J'ai déjà suffisamment piétiné mes principes de ne jamais coucher avec un homme comme lui. Et pourtant, ce composant qui me sert d'anatomie cherche indéniablement à m'amener vers sa personnalité insalubre.
C'est juste une attraction physique, comme il l'avait si bien défini l'autre jour. Nous n'avons jamais pu avoir de moment spirituel. La seule chose qu'on connaissait l'un sur l'autre c'était à quel point nous étions bons au pieu. Je le savais déjà, que nous ne serons disposés qu'à baiser, tout le contraire de faire l'amour qui évoque le partage de nos pensées les plus honnêtes, mettre à nue nos sentiments. Ce qui n'était certainement pas prêt de nous arriver.
Je rentre dans l'engin, cherchant une place où m'asseoir. Je range mon sac dans un des coffre du haut, puis prends place près du hublot. Nous attendions que l'hôtesse ferme la porte quand une nouvelle tête vient d'apparaître. Nous sommes surpris de voir Jimin débarquer en retirant ses lunettes de soleil, comme si, il allait en vacance d'été.
ㅡ Qu'est-ce que tu fous ici ? demande Hoseok.
ㅡ Namjoon m'a donné l'ordre de vous accompagner. Il ne fait confiance à aucun de vous pour cette mission.
Je l'interroge du regard, puisque nous sommes tous dans l'incompréhension totale de ses mots.
ㅡ L'équipe est composée d'un asocial qui fera une gaffe grossière par inadvertance avec sa manie de voler les autres, il parle du hacker. Accompagné d'un dindon de la farce qui baise tout ce qui ressemble à un trou et fera tout capoter car il ne pense qu'avec sa queue.
ㅡ Hé doucement, j'vais finir par gerber par tant d'affection, grogne le dealer.
ㅡ Si je rajoute une cuillère de l'élite qui aime provoquer tout ce qui a un cerveau dont le but de satisfaire son égo, il me vise, et que je mets au four une tronche de cake avec une dissociation mentale qui peut buter quelqu'un parce qu'il a saturé, il fixe Taehyung, la cuisson sera explosif, il nous regarde tous. Nam préfère que je contrôle moi-même les assaisonnements.
Et donc lui, il est là en tant que chef-cuisinier.
ㅡ Et toi t'es le plus sain de nous tu veux dire ? s'offusque Hoseok, un sadiste qui ne va pas de main morte pour torturer les gens. J'me sens pas trop rassuré de t'avoir comme babysitteur.
ㅡ Je sais gérer mon sang-froid, il en faut beaucoup pour animer ma colère. Donc, la moindre erreur de vôtre part et je ne vous ferai pas de cadeau, il s'assit.
ㅡ Super...
S'enfonce mécontentement le dépressif qui n'a pas eu sa dose de drogue dans son siège.
AU PANAMA
Nous nous sommes enfin installés dans un petit hôtel le Bocas Town situé directement sur l'eau, entouré par d'autre petites maisons et de bateaux. Après avoir fait deux arrêts et plusieurs heures de vols, l'équipe se disperse pour se prendre la meilleure chambre. Je les vois disparaître en colocation dans différentes pièces avec hâte et fatigue. Je rentre dans la mienne afin de poser mes repaires. J'analyse chaque coin par habitude de me méfier avant de m'asseoir sur le lit et soupirer face à ce qui nous sera réservé dans les jours à venir. J'espérais qu'on allait simplement essayer de convaincre le boss du cartel à conclure un deal. Mais on avait besoin d'abord de connaitre leur moindre habitude pour être sûr que ça ne retombera pas sur l'Empire.
Une fois les bagages posés, on se réunissait dans le salon de la maison, le camé de la bande se jette sur le frigo pour manger quelque chose, il avait l'intention de commander des plats. Nôtre hacker s'assît sur le canapé pour établir une connexion avec la Corée. Le psychiatre quant à lui observe l'extérieur de la porche. Et le bourreau a décidé de sortir pour parcourir le quartier. Chacun faisait ce qu'ils avaient à faire. Même si j'étais déjà partie en mission avec les hommes d'Irina, cette ambiance là était perturbante.
Comme il se faisait tard. On est tous allé dormir. Mais j'avais du mal à trouver le sommeil, je suis assez souvent perturbée par des cauchemars. Et il m'arrive très fréquemment de faire des nuits blanches. J'aime surtout utiliser ce temps sur mes recherches. Mais cette fois, j'avais juste envie de prendre de l'air alors je quitte mon lit en mettant un peignoir en satin, pour sortir de la chambre doucement.
Je sors vers la porche de nôtre auberge, contemplant le ciel noir marquant l'absence de lumière et rappelant la phase du sommeil, un instant de sérénité et de douceur. J'observe les vagues de l'eau léchant les quais, les bateaux bondissant faiblement à leur contact. Je regarde ma paume tenant une canette de bière que j'ouvre afin d'en avaler le contenu, m'appuyant des bras sur la rambarde dans le but de savourer la vue de cet endroit.
Tout cela me parait si irréaliste, j'essaie de récapituler les événements qui s'enchaînent sans même que je ne puisse en contrôler certains éléments. Parfois j'ai l'impression que les situations auxquelles je me prépare m'échappent des doigts tandis que je m'efforce de leur donner un rôle concret.
Je suis incertaine d'être allée aussi loin et de finir par perdre tout ce que j'ai réussi jusqu'ici. Je ne suis pas encore suffisamment expérimenté, je ne suis pas dépourvue d'émotion, d'affection combien j'essaie d'être ferme et intransigeante. Mais je finis toujours par éprouvé cette exécrable empathie pour les personnes injustement maltraitées par la vie, comme ça l'avait été pour les péchés. Je ne connais presque rien d'eux et pourtant je sais qu'ils ne sont pas dépourvu d'un passé abusif. Et plus je me voue à faire les choses justes en les méprisant, plus je suis confrontée à éprouver de la sympathie.
Je repousse quelqu'un en particulier pour ne pas souffrir de cette division qui agite mon esprit. J'essaie désespérément de garder mes distances, de m'épargner les complications qui surviendront de nôtre union. Mais c'était difficile à faire quand il était dans les parages.
Et voilà encore une fois, je le sens.
Taehyung.
Je n'ai pas besoin de me retourner pour reconnaitre sa présence sans même qu'il la mentionne de vive voix. Je l'ai toujours senti n'importe où que je sois, mon corps saisissait cette décharge qui se dégage de son être comme une surtension électrique qui nous choque. Mes molécules repèrent les siennes comme si un radar était implanté dans mes veines. Je me retourne et son regard plonge dans le mien, semblant m'avoir observé dans l'ombre où il ne fait qu'un, et le silence de l'obscurité que nous offre la nuit. Je m'imprime de chaque détail qui marque son visage muni d'une beauté effarante.
Il s'avance avec une cigarette qu'il dépose entre ses lèvres éhontées, l'allumant avec un briquet. Je sens mon estomac être en proie de vagues qui se déchaînent et s'écrasent sur les rochers. Et quand il expire la fumée, je m'en enivre pleinement. Je suis à la recherche de ses yeux qui se cachent sous ce voile de vapeur qui nous sépare. Puis il finit par se rapprocher, malgré l'espace vide qui nous éloigne, je sens mon anatomie crépiter à chacun de ses pas. Ses biceps saillent sous la fine lumière d'un lampadaire qui marche une fois sur deux, à mon grand désavantage.
Le fait de savoir qu'il est plus âgé que moi m'attire encore plus vers lui, comme s'il pouvait m'offrir une certaine sécurité, et je savais que ses ambitions seraient plus concrètes que celui d'une personne de la vingtaine ou d'un adolescent qui ne savait encore rien de la vie.
Mais lui, lui il est bourré de connaissance, et de vécus, il ne cherche pas une stupide amourette pour faire passer le temps, ce n'est pas fait pour sa période de vie. Les hommes qui ont la trentaine dégagent un charme inégalable, ce côté mûr et viril constellent ardemment mon ventre, et cette prise de conscience émoustille si violemment mon métabolisme.
Le silence me démange, je sais qu'il n'est pas spécialement bavard, mais quand je le provoque, j'arrive à soutirer au moins quelque chose.
ㅡ À quoi tu penses ?
Je demande en le voyant observer avec autant de sérieux l'horizon.
ㅡ Me vider les couilles.
ㅡ Sérieux, je soupire. C'était loin d'être romantique.
Il arque son sourcil, et je bats des cils par son expression légèrement narquoise.
ㅡ Tu veux vraiment de la romance Blondie ? C'est ton trip les histoires cuculs ?
ㅡ J'aimerai juste deux secondes qu'il y ait une conversation qui ne tourne pas autour de nos sexes. Je ne suis pas une machine à baise, et je suis convaincu que toi aussi.
Je suis une piètre menteuse, c'est vrai que j'ai envie de son corps, comme il veut du mien j'en suis consciente. Mais je veux plus que ça, là maintenant. Il ne dit rien, se contente de lâcher une fumée dans les airs avant de passer sa langue contre sa gencive en me fixant. Il finit par soupirer et se dirige vers la rambarde pour s'y appuyer du dos.
ㅡ J't'écoute, de quoi tu veux qu'on parle ?
Je ne savais pas vraiment sur l'instant, je ne pensais pas qu'il finirait par céder aussi vite. Mais je voulais qu'on ait pour une fois, un dialogue d'adulte avec un contenu mature bourré de réflexion ou même de débat, à m'en faire oublier chaque instant de mon existence, et me bercer au creux de sa profonde voix.
ㅡ J'aimerai savoir par exemple ce qui t'intéresse vraiment dans la vie ? À part la baise et collectionner les délits.
ㅡ Je suis d'un ennui, il se retourne en croisant ses poignets sur la rambarde.
ㅡ C'est faux. Tu as beaucoup plus d'expériences que tant d'autres que j'ai côtoyé. Tu connais des tas de choses. Tu es tellement intelligent et perspicace. Il est impossible que tu puisses être insipide.
Je le vois fixer l'eau qui reflète nos deux corps, la douceur de ces légères vagues m'enivrent d'une sensation étrangement agréable. Et ses yeux finissent par percuter mes sens une fois qu'il les pose sur ma personne téméraire. Pour la première fois, je pouvais voir le vrai lui à travers ses prunelles, pas de colère, de cynisme ni d'obscénité, juste un homme qui n'avait jamais eu la chance d'être entendu.
ㅡ Si tu avais pu vivre une autre vie, qu'est-ce que tu aurais fait ? Peu importe qu'avec les "si" on ne change pas la réalité, on peut toujours juste supposer.
Et il tient le bout de sa clope entre le pouce et l'index pour l'extirper de ses lèvres, afin de laisser échapper les mots qu'il a tant gardé.
ㅡ Je n'y ai jamais réfléchi car je n'y voyais pas d'intérêt. Mais si tu veux vraiment que je réponds à ta question alors peut-être que je serais devenu boulanger, il plaisante.
ㅡ Non mais sérieusement, je lui donne une tape à l'épaule, le sourire aux lèvres.
ㅡ Laisse-moi réfléchir, il souffle.
Les bras posés sur la rambarde, il penche sa tête vers le bas, fourrant ses doigts dans ses cheveux. Je vois tous ses muscles se contracter et son dos - Ô si bien bâti - se courber. Une jambe en avant et l'autre en arrière, il s'incline de plus en plus. J'ai une envie folle de caresser sa nuque nue et de toucher la raie de sa crinière pour remonter jusqu'à son crâne, je me vois déjà embrasser sa colonne dorsale profitant de chaque soupire qui fuirait sa gorge.
Je suis scandalisée par mes propres pensées.
ㅡ Je pense que je serai en train de créer ma propre entreprise de stockage de données.
ㅡ Pourquoi de stockage de données ?
ㅡ Parce que... il maintient son menton de la paume, je peux contrôler tout ce que l'humain cherche tant à garder secret. Les infos bancaires, mails, numéros, info personnelles, recherches internets, abonnements ou activités sur le net, c'est toute une vie de l'Homme. Il ne peut pas se passer de ces éléments qui constituent son quotidien. Connaitre tout ça et faire pression avec ces infos, c'est exaltant.
Je plisse les yeux alors qu'il sourit faiblement face à mon indignation.
ㅡ Tu sais que ça serait illégal ?
ㅡ Oui mais je n'irai pas les partager.
Il aspire sa nicotine en la tenant de deux doigts.
ㅡ Ça t'apporterait quoi de connaitre tout ça si tu ne t'en serviras pas ?
ㅡ J'aime juste avoir le contrôle. Peut-être que j'aime aussi pouvoir détruire des vies.
Il tourne son torse, sculpté comme une divinité de l'ivresse qu'il illustrait si bien, vers moi pour m'observer en étant penché. Seigneur, pourquoi était-il aussi bien béni par l'esthétisme. Je continue de boire ma boisson dans l'intention de ne pas exposer mon attirance irréversible pour lui.
ㅡ Si on ose me provoquer, je m'en servirai. Comment on appelle ça déjà ? De la légitime défense ?
Une expression malicieuse glisse sur ses lèvres. J'attrape sa clope de la main pour aspirer à mon tour ses effets négatifs, avant d'expirer la fumée.
ㅡ T'aimes juste être un connard.
ㅡ Avoir la faiblesse des gens entre mes mains me permet simplement d'assurer ma propre sécurité. L'humain, quel qu'il soit est un grand lâche, il aura toujours besoin d'un bien matériel pour se rassurer, il sera vulnérable et aura constamment peur pour sa peau.
ㅡ Même toi ?
Il reprend le mégot de mes doigts en effaçant le vide entre nous. Je perçois mon pouls heurtant ma chair, envelopper le silence. Je me sens folle de penser à ce que sa bouche ferait à mon corps, mes cuisses se serrent et j'essaie de freiner mon fantasme.
ㅡ J'ai certes, une meilleure endurance psychique, mais la perspective d'une menace est un sentiment qui est en chacun de nous. Si je m'acharne à survivre, c'est peut-être parce que je suis faible en réalité ? Car je crains de clamser en vain après tant d'effort ? Mais pourquoi avoir peur de la mort quand tu ne possèdes rien qui te procure du sens ? il demande.
Ses doigts effleurent des mèches de mes cheveux qu'il soulève, avant de les laisser tomber une à une sur ma poitrine qui foisonne de battement.
ㅡ Que faire lorsque tu crains l'échec ? je l'interroge.
ㅡ Il faut savoir perdre pour savourer sa victoire. L'accepter pour la contrer.
J'aime l'écouter parler et j'aime surtout son audace de m'approcher pour laisser ses doigts tuer par décharge électrique mon bon sens, en touchant mon hanche. Sa présence me donne des vertiges. Quand il me regarde, les traits nets du monde ne devient que flou. Quand il m'effleure, mon sang ne fait qu'un tour. Quand les mots quittent ses lèvres, elles brûlent et marquent intensément ma peau. Mon ventre ne supporte plus cette extase incomparable qui me secoue et l'anxiété de faire un mauvais choix qu'il me procure à la fois. Et je suis trop faible pour combattre cette envie qu'il envahisse tout mon univers.
ㅡ J'aimerai en savoir plus, je murmure si près de ses lèvres.
ㅡ Qu'est-ce que tu veux savoir ? il écourte la proximité de nos bouches.
ㅡ Parle-moi de ton mentor.
Il s'arrête, et je vois ses prunelles scruter mon visage, il passe d'un oeil à l'autre.
ㅡ C'était un homme bon, il se redresse. Le seul pour qui j'avais un semblant de respect.
ㅡ C'était quelqu'un d'important pour toi ? Puisque tu es le genre de misanthrope.
ㅡ Il m'a offert une seconde chance que j'ai réduite à néant en finissant par rejoindre l'Empire.
ㅡ Pourquoi tu l'as rejoint ?
ㅡ Je devais l'infiltrer pour le gouvernement. J'étais le seul capable de faire le sale boulot pour eux.
ㅡ Tu jouais sur deux fronts c'est ça ?
Il hoche doucement la tête en écrasant de son talon sa cigarette.
ㅡ Tu peux m'expliquer à quoi te sert ton association secrète exactement ?
ㅡ Le Golden est comme un point de relai par lequel passe toutes les ressources que j'ai besoin afin d'avoir des avantages sur les adversaires. Je surveille les cibles qui me seront utiles dans des arrangements importants. Au début, je m'en servais que pour retrouver ma soeur. Puis avec le temps, c'est devenu un moyen de pression.
Je reste toujours stupéfaite par ses exploits. Ce gars est un stockage d'intelligence et de pouvoir.
ㅡ Et dire que tu peux faire crouler beaucoup de systèmes et d'organisations.
ㅡ Ça ne résoudra en rien le problème du monde, ça ne fera que l'aggraver. Il faut modérer ses objectifs, jamais en vouloir plus que nécessaire, sinon ça se retourne contre toi.
Je n'ai même pas remarqué que nos doigts se touchaient depuis quelques minutes. Comme je le pensais, sa voix parvient à endormir ma propre conscience. Sa main se loge lentement vers mes reins, il penche sa tête vers mes chairs qui pulsent à son souffle.
Et Taehyung s'arrête de manière abrupt, sentant la lame que je pointe sous son menton, celle qui était attachée à ma cuisse quelques secondes auparavant, elle lui pique la peau et je vois un rictus espiègle fondre sur le coin de ses badigoinces.
ㅡ Tu te souviens, je murmure, le strict minimum, j'observe ses yeux.
Il lève lentement ses paumes en l'air, sans pour autant reculer. Je le vois même de son plein gré se faire entailler le bas de la mâchoire, laissant le métal déferler son sang le long de son cou. J'essaie de limiter les dégâts mais ce fou se fiche d'être blessé.
Et même en sachant qu'il est complètement barjot et grossier, je n'arrive pas à m'empêcher d'être attiré par sa personnalité, par ses yeux qui me chassent, par ses lèvres qui m'enjôlent, par ses doigts qui me torturent, par son corps qui décharge une masse de magnétisme dont le mien ne supporte la distance.
J'essaie de trouver tous les prétextes possibles pour le repousser, et me dire que je prends la bonne décision en tentant de faire payer tous ceux qui commettent des crimes. Mais avec lui, je n'arrive pas à penser objectivement. Parce que je sais qu'il n'a pas choisi une telle voie sciemment au début, même si en grandissant, il en a pris conscience.
ㅡ Pas une seule âme n'a survécu face à ta démence. Mais moi, je suis la seule qui a eu un traitement de faveur de ta part. La seule a avoir survécu après ton passage. Pourquoi tu m'as offert la chance de survivre ?
Le corbeau me considère un instant, il recule, je sens être flagellée brusquement par un air froid qui fait disparaître toute la chaleur dans laquelle je me baignais auparavant. Je brûle tellement de confusion, et le désir s'évapore aussi rapidement qu'il a surgi, me laissant un goût métallique dans la bouche. Son regard réduit tout mon être, j'essaie de cerner son comportement.
ㅡ J'en ai assez dit.
ㅡ Pourquoi tu ne veux pas me révéler la profondeur de ton essence ? Les motifs de toutes tes actions ?
Je m'approche mais il recule, mon coeur se pince face à son geste.
ㅡ Alors, il n'y a vraiment que mon corps qui t'intéresse ?
ㅡ Non...
Cette réponse manifeste une faible salve d'espoir qui m'envahit. Je le vois remuer ses lèvres pour me dire ce qu'il a peut-être sur le coeur, sauf que...
ㅡ Demain on a une grosse journée, alors tu ferais mieux d'être en forme.
Sur ces mots, il m'abandonne encore une fois. Je croyais qu'on allait enfin commencer à être plus honnête l'un avec l'autre alors pourquoi il se voue à me cacher la vérité sur cette histoire ? Pourquoi il ne veut pas m'en parler ? Pourquoi tout court, il ne veut rien me dire à son sujet ? C'est lui qui met des distances, c'est lui qui a commencé à me repousser.
Ça m'énerve tellement.
⚜️
LE LENDEMAIN
J'étais assise à la banquette arrière d'Hoseok, qui s'enfonçait dans son siège en tant que chauffeur. Du coin de l'oeil, je pouvais percevoir sa mauvaise mine de camé en manque, qui se grattait constamment et qui s'arrachait la peau des lèvres, tellement il souffrait de dépendance. Je m'étais assurée qu'il ne puisse trouver nul part de la drogue dans cette ville afin de le maintenir dans cet état. Parano, il me retrouvait à travers le rétroviseur tandis que je défilais des pages sur ma tablette tactile afin de trier des informations que nous acquérions, organisant des schématisations et des plans de secours, et des échappatoires en ville. Depuis toute la journée, on rassemblait tout renseignement important du camp opposé, dans le but d'éviter une quelconque impasse.
ㅡ Vous aurez chacun un groupe de personne à gérer dont les membres importants du cartel qui se divisent.
Avait dit Taehyung plus tôt dans la journée.
ㅡ Le but c'est de trouver leur faiblesse car vous allez ensuite vous en servir, pour leur faire croire que vous avez un avantage sur eux. Pour ça, j'ai construit un plan.
Je le vis déballer une grande carte sur la table et des schémas.
ㅡ Ceux qui sont nos cibles...
Il entoura des endroits ; je n'arrivais pas à détourner mon regard de ses veines sur la main, et de ses doigts qui bougèrent à divers zones.
ㅡ D'après les résultats de leur démarche quotidienne et financière, ils fréquentent ces lieux. J'ai pu rassembler un profil de leur habitude avec Seokjin. Ces éléments sont justement inscrit dans les dossiers que je vous ai donné, rajouta-il. Ils ont des fausses entreprises, des fausses collaborations afin de duper leur ennemis ou alliés.
ㅡ Rappelle-moi pourquoi on est là ? leva Hoseok la main.
ㅡ Le cartel a mis ses graines en Corée dans le but de faire propager ses produits illicites, et de s'accaparer une partie du territoire de Zeus ou du moins le remplacer, je vins de lancer.
J'eus croisé le regard du bourreau, mais je poursuivis, sans lui accorder d'importance.
ㅡ Ce dernier avait décidé de trouver un terrain d'entente avec les membres espagnols, ils ont acceptés une rencontre pour voir si une alliance serait possible. Mais Namjoon redoute qu'ils pourraient le poignarder afin de le faire retirer de la course, et d'étendre leur influence sur la pègre asiatique, promouvant ainsi leur propre production.
ㅡ Est-ce qu'on sait ce qu'ils font exactement ? demanda Jimin.
ㅡ Leur réseau à plusieurs branches d'activités grâce à deux clans alliés, croisa le corbeau les bras en expliquant, que ça soit ici, ou en Espagne, ils sont la cause de la violence criminelle extrême et de milliers de meurtres. Ils sont suspectés de trafics de stupéfiants, d'armes, de passagers clandestins, de prostitution, avec en plus le kidnapping, le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale, la corruption de politiques et des contrefaçons.
Hoseok siffla en s'étonnant de tous les crimes commis par cette organisation. Et j'avais envie de lui dire qu'ils n'étaient pas tant différent d'eux, puisque leur leader était l'empereur de la pègre coréenne. Étendant sa puissance sur le reste du marché asiatique, en s'alliant avec des connards et des garces.
ㅡ J'imagine que tu avais déjà tous ces infos grâce au Golden, remarqua Jimin.
Mon regard passa directement sur le grand Dionysus qui s'appuya sur le bord de la table.
ㅡ Je surveille la moindre organisation criminelle de cet univers, du moins toutes celles que j'ai pu trouver.
ㅡ Ah ouais, par moment j'oublie que tu es le plus gros fils de pute de toutes les organisations réunis.
Ria nerveusement Hoseok dû à son manque d'éphédrine.
ㅡ En un claquement de doigt, tu réduis ce monde dans un chaos sans fin, où le gouvernement et les criminels s'entretuent pour essayer de survivre à la guerre civil, il râla. J'aimerai trop voir ce putain de monde prendre feu juste en appuyant sur la touche « entrer », envoyant tous les crimes de la planète sur les réseaux, et ameutant les citoyens à se battre contre les agents de la justice et les scélérats. Ils seraient des gros dommages collatéraux, mais ça serait la putain de fête !
Il envoya quelque chose valser, alors que je me raclai la gorge.
ㅡ Ou mieux encore, pourquoi ne pas juste créer un jeu sordide ? Hein ? Tu devrais en créer un, puisque tu as tant d'infos que tu peux révéler au grand jour et niquer la vie de tous ceux qui oseront te cracher dessus ! il hurla.
Je regardais ma montre pour voir l'heure, j'attendais le bon moment de lui donner ses cachets de soumission. Les autres péchés ne semblent pas avoir remarqués qu'il pétait les plombs. Ils devaient sûrement se dire qu'il faisait ses crises de drogué comme d'habitude.
ㅡ Bon, je m'interfères. Nous ce qu'on veut, c'est juste les surveiller, proposer un accord à l'amiable et les faire chanter au cas où ils refuseront de coopérer ? C'est bien ça ? J'aimerai qu'on s'y mette maintenant.
ㅡ Hoseok et Seokjin, vous serez avec Lys, ordonna Jimin.
ㅡ Génial, faire la babysitteuse c'est ce qu'il me fallait pour rendre cette journée kiffante !
Le camé en manque cracha en balançant son poing dans le vide, jetant une canette au sol. Je le vis quitter la pièce. Les gars me regardèrent.
ㅡ Je vais m'occuper de lui.
ㅡ Écoute Lys, lança le tortionnaire, s'il commence à-
ㅡ Je saurai gérer un ours mal léché, j'ai eu affaire à plus coriace.
Je vise Taehyung qui refait encore son poker face habituel. Il a décidé de m'ignorer encore une fois. Ça fait plaisir. Je ne sais pas pourquoi je tiens tant à essayer de le comprendre. Je devrais juste finir ce pourquoi j'ai fait tout ce chemin.
Et c'est ainsi que je m'étais retrouvée dans la voiture avec Hoseok qui était au bout de sa vie. Après être sorti pour me rendre quelque part durant une dizaine de minutes, je rentre dans le véhicule où mon effréné de chauffeur commençait à avoir des tiques de plus en plus irritables. Il avait allumé la musique à fond sans s'inquiéter qu'on se fasse repérer. Et ses mains ne cessent de cogner contre le volant en créant divers tonalités avec ses doigts pour harmoniser cet orchestre insupportable.
J'éteins la musique sous ses protestations, il est sur le point de me le faire regretter quand je lui tends un sachet qu'il observe avec étonnement.
ㅡ C'est quoi ? ses pupilles s'illuminent.
ㅡ J'ai remarqué que depuis nôtre arrivé, tu n'étais plus toi-même, alors j'ai supposé qu'il te manquait un petit remontant.
Ses yeux de chat font des allers-retours entre mon regard et ma main, et sans plus tarder, il arrache le sachet pour mettre sur sa langue une pilule d'ecstasy. Et puis je le vois s'enfoncer dans le siège comme s'il se trouvait sur un nuage moelleux et ses prunelles disparaissent, laissant deux orbes vides en preuves de son bien-être. J'observe avec intérêt, les effets qui se reflètent sur son corps, et sont immédiats. Ils prennent totalement le contrôle sur sa raison.
ㅡ Putain que c'est bon, il lève ses yeux vers moi, allongé sur son siège. Hé bambina.
ㅡ C'est de l'italien, ici ils parlent espagnols.
ㅡ Ar, c'est la même chose, il balaye sa main pour soustraire l'inutilité. Je crois que je t'ai mal jugé, t'es la seule à avoir remarqué que j'étais irrité. J'apprécie.
Ouais et la seule qui t'as justement mis dans cet état, alors j'crois pas que tu serais du même avis. Mais poursuivons l'expérience, je veux savoir jusqu'où ça nous mènera, moi, et ton allégeance.
ㅡ Tu as besoin d'être dopé pour être lucide, c'est en partie ce qui fait de toi un génie.
ㅡ J'accepte le compliment, il s'excite sur son siège. Bon, on fait quoi déjà ?
ㅡ On entre dans la salle, on se divise, et on attire l'attention de nos cibles pour instaurer une certaine sympathie. Tu crois pouvoir gérer ?
ㅡ Tu me prends pour qui.
Il actionne le poignet en sortant de sa bagnole. Je suis le mouvement, en rangeant mon téléphone.
ㅡ Souviens-toi, on fait tout avec diplomatie.
ㅡ T'en fais pas, ma langue est très éloquente.
ㅡ Garde la dans ta bouche.
ㅡ Laisse-moi au moins me faire une de leur-
ㅡ Non.
ㅡ Ça prendra juste-
ㅡ Non.
Je le regarde fixement avec impassibilité. Il soupire en claquant la porte.
ㅡ Quand j'aurai ce que je veux, tu pourras te taper qui tu veux, et je pourrai même t'aider à en pêcher.
Je le vois pencher sa tête en me considérant, un sourire intéressé sur les lèvres.
ㅡ Tu sais comment parler aux hommes toi, j'crois qu'on va bien s'entendre au final.
Nous finissons par rentrer dans le bâtiment, tout les deux déterminés par les événements à venir.
P O I N T D E V U E
Je fais partie d'une catégorie de paramètre incorrigible. Celle de la sociopathie, comme on me l'a d'innombrable fois, fait la remarque. Éprouver de la compassion ou des regrets, ce n'était pas dans mes cordes. C'est pour ça que je ne suis pas accepté dans la civilisation et que ma place serait soit dans une asile ou en prison. Et pourtant, je bénéficiais d'un développement intellectuel assez poussé de la norme, ce qui rendait mon cas inquiétant. Je représente un danger pour ma propre personne et mon entourage. C'est ce que me disaient tous les psychiatres qui ont dû ausculter mon état mental.
Manipulateur et indifférent, j'étais le connard parfait de l'histoire. On pouvait me faire porter tous les crimes du monde, je m'en serai branlé à une époque. Tuer était devenu une habitude que j'ai cessé de compter, le nombre d'individus dont j'ai ôté la vie. Et j'ai toujours cru que je finirai mal quel que soit la voie que je prendrai. Pour moi, il n'y a aucune échappatoire. Il ne se passait pas un jour que je ne menais à l'abattoir les plus purs de mes élans, comme l'avait dit Henry Miller dans une de ses citations.
Jusqu'ici, je me suis vu, agir pour des causes auxquelles je n'avais même pas d'attachement. J'ai fait ce qu'on me disait de réaliser, peu importe le moyen, et les résultats, il n'y avait rien de plus important que obéir afin que le monde en soit meilleur. Des putains de connerie à faire chier. Et Blondie avait saisi qu'il ne fallait nullement obtempérer pour qui que ce soit dans le cadre de rendre les événements plus supportable.
Je crois que c'est ce que j'admirai le plus chez cette femme. Elle était coriace et indocile, tout autant cinglée que moi. On dit que les sociopathe peuvent différer de ses semblables, et ils sont plus disposés à se rebeller contre les lois, en serait-elle une dans ce cas ? Elle ne veut catégoriquement pas se soumettre au système et a l'habitude de se lancer dans un odyssée.
ㅡ Pourquoi tu fais cette tête ? me demande Jimin.
Nous sommes assis dans un bar, au comptoir. Nous devons analyser nos futurs alliés soit ennemis en fonction de leur état d'esprit, en prenant note sur chaque endroit qu'ils fréquentaient, les personnes qu'ils engageaient, les gens étant mêlé au cartel et le rôle qu'ils menaient. Les autres avaient d'autres tâches à réaliser, nous, nous étions ici.
ㅡ Tu t'es engueulé avec ta Blondie ?
ㅡ Pourquoi ça t'intéresse ? je le regarde.
ㅡ Tu sais que les gens comme moi qui étudient la psychologie humaine sont de nature intrusives.
ㅡ Alors va t'introduire chez quelqu'un d'autres.
ㅡ C'est pas aussi marrant qu'avec toi. T'es dur à coincer, c'est presque un défi pour moi de te comprendre. J'ai bien dit presque.
Je le considère avec exaspération. Ce type essaie de me soutirer quelque chose dans un but personnel. Notre cible n'est pas encore arrivé, et celui-ci n'est pas prêt de me lâcher.
ㅡ C'est quoi votre problème à tout les deux ? Qu'est-ce qui bloque ?
ㅡ Pas sur moi tes conneries, je maugrée.
On aperçoit enfin nos proies passer le seuil, ils sont en petite meute, en train de plaisanter entre eux, se comportant comme s'ils étaient propriétaires de cet établissement.
ㅡ Je crois que tu as juste peur de t'ouvrir et devenir vulnérable, comme n'importe quel homme qui se respecte.
ㅡ Je n'ai pas peur d'être vulnérable.
ㅡ Vraiment ? Alors pourquoi tu tiens tant à repousser Lys ?
J'essaie de ne pas me distraire, de continuer à surveiller nos cibles qui prennent place au comptoir à quelques pas de nous. Mais Jimin continue de me les briser avec ses questions.
ㅡ Te connaissant, cette fille dès le début n'avait aucune chance de survivre, aucune. Nous t'admirions tous pour tes capacités à buter tes cibles dans l'immédiat. Si Jungkook ne t'avait pas envoyé un message ce soir là pour te dire de la garder en vie, en temps normal, elle aurait déjà dû être morte.
Je me souviens subitement de cette nuit, ou elle tremblait et semblait être brisée par toute la merde lui étant arrivé. Elle avait complètement craqué et j'ai ressenti quelque chose d'inhabituel, quelque chose qui nous reliait indéniablement. Peut-être l'envie de survivre ? J'en sais trop rien.
ㅡ Tu lui as donné une chance de s'en sortir vivante, alors que tu avais l'ordre de la buter.
Peut-être qu'une des raisons qui m'empêchait de la tuer à chaque fois que j'en avais l'occasion c'est parce qu'elle était cette petite gamine de huit ans que j'ai tenté de sauver il y a des années de ça, en croyant à cette époque que le colonel Hong était un trafiquant d'enfant.
Peut-être que c'est la raison pour laquelle j'ai eu tant de mal à mettre un terme à sa vie ? Parce qu'elle était liée à lui, grâce à nôtre passé en commun qui a duré que quelques minutes, avant que nos chemins ne finissent par dévier de leur destin, pour finir par se percuter à nouveau.
Peut-être que j'ai pris la décision en mémoire de mon mentor, de l'enterrer en surface afin qu'elle puisse se libérer et s'enfuir loin. Qu'elle ait l'intelligence de se tirer du pays avec sa mère et se résoudre à ne jamais se pointer devant moi pour m'inciter à finir le boulot. Une personne normal aurait déguerpi au bout du monde, en espérant ne jamais se faire choper par son meurtrier.
Mais la connaissant, elle aurait fini par se venger. Et probablement, c'est ce qui la motive maintenant.
ㅡ Elle a juste eu la chance d'avoir connu furtivement une personne que j'appréciais.
J'avale cul-sec ma boisson. Jimin soupire, s'attendant à une réponse plus intéressante.
Mon portable se mit à vibrer. Je prends celui-ci pour répondre à l'appel de Seokjin qui a la respiration essoufflée, je n'arrive pas à comprendre la moitié de ce qu'il dit, avant qu'il mentionne Blondie.
ㅡ Attends, répète ? je fronce les sourcils. Putain manquait plus que ça.
Je me lève furieusement en faisant tomber la chaise, en raccrochant.
ㅡ Qu'est-ce qu'il y a ? me suit Jimin dehors.
ㅡ C'est Blondie, j'ouvre la porte de ma voiture, elle est tombée sur le chef du cartel. Et apparemment, ils se connaissent.
ㅡ Mais c'est une bonne chose non ? On aura plus de facilité à-
ㅡ Elle lui avait coupé des doigts. Et maintenant, ils sont pris d'assauts.
Je vois l'étonnement sur le visage de ce dernier avant que je prenne place sur le siège et qu'il fasse de même. Je ne sais pas pourquoi, mais mon corps entier est pris d'une sensation de colère et d'affolement.
ㅡ Je ne sais pas si je devrais être fière d'elle, il dit, ou de craindre qu'ils déclarent la guerre.
❛ ⚜️ ❜
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Je suis désolée pour avoir mis autant de temps pour ce chapitre, j'étais prise par divers occupations. Et surtout par des projets en cours que je prépare.
En ce moment, j'ai en vue de créer des types de webtoons donc je dessine Lys et j'utilise Taehyung comme référence pour le personnage masculin. Du cou, il se pourrait bien que je fasse un webtoon sur The Men mais en changeant bien évidemment les noms. Mais rien n'est sûre car justement, j'y travaille et ça prend beaucoup de temps et d'efforts. Car j'ai plusieurs personnages à gérer et des arrières plans à dessiner. Je pense aussi à en faire pour Dealer, la fic sur Jungkook. Donc j'ai beaucoup de matière sur quoi travailler.
De base, je voulais que l'histoire tourne plus sur le monde noir de la pègre, y montrer plus de sujet lourd, et mettre une tension pesante pour rentre ça plus réaliste, sans vraiment ajouter trop de romantisme et me concentrer sur chaque personnage. Mais malheureusement, j'ai fini par dévier de mon objectif en mettant toute cette atmosphère sentimentale. Et j'ai peur d'avoir gâché tout le travail accompli depuis le début. Je vais tenter de me rattraper en dévoilant plus sur ce que je voulais dès le départ. On verra bien.
Mais ce n'est pas pour autant que j'abandonne cette oeuvre car je compte bien y mettre une fin et la boucler bientôt !
J'espère que vous n'avez pas perdu l'intérêt que vous y aviez porté jusqu'ici :'(
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