❛ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟐 ❜
❝ The city becomes a
reflection of our faults ❞
⚜️
Une semaine que Taehyung était en "congé" car il a pété un câble.
Une semaine qu'il menait le même rituel en se tenant devant sa fenêtre, un mégot entre ses lèvres à détruire toute cellule saine de son corps.
Une semaine que cette fille au physique particulier avait emménagé avec sa mère dans un appartement miteux. Il aurait pu s'y introduire sans aucun problème, tellement le quartier était mal fréquenté.
Une semaine qu'il l'observait se changer et qu'il n'éprouvait aucune once d'honte à en profiter.
Le destin ou le hasard faisait bien son taffe pour une fois. Depuis qu'il l'a vu à ce club et que maintenant, elle était à sa portée de main, il s'est mis à croire un minimum à quelque chose.
Au début, observer de loin n'était qu'une distraction, trop ennuyé de son propre quotidien qui se résumait à de brève instant de camaraderie dans des bars. Et puis quelque chose à changer, un truc qu'il n'a pas su anticiper dans son foutu cerveau rempli de bien bonnes crasses. Il s'est mis à retenir pour la première fois de sa vie, chacune des habitudes d'une personne.
D'une gonzesse, d'une nana, d'une putain d'étudiante en commerce international. Une meuf anciennement blindée, fille à son papa, avec des tas d'amis et une touriste assidue à l'Eglise de Sainte Monique.
Il n'était pas trop convaincu qu'elle était le genre à prier son Seigneur jour et nuit. Plutôt quand elle faisait des bêtises et qu'elle avait besoin qu'on la bénisse pour rester fidèle à cette image de « gentille fille ».
Quelqu'un qui espère entrer dans les grâces de ce bon vieux Créateur n'irait pas pénétrer l'antre des enflures les plus damnées, à moins de vouloir épouser la perversion.
Parce qu'elle n'a eu aucune pitié pour les hommes quand elle était montée sur ce comptoir et avait fait appel à la débauche.
Ces cuisses dodues n'auraient jamais essayés d'harceler ses pensées, de brutaliser sa raison, si elle ne cherchait pas à l'aguicher. Ses hanches ondoyantes sous son regard de braise n'auraient pas fait crépiter ses vertèbres, avec l'intention de le faire bander.
Et Dieu sait combien leur croisement visuel avait fait vibrer ses sens, ses orbes taillées telles des pierres nacrées anéantissaient son raisonnement.
Et quand il l'avait vu, elle et sa respiration saccadée, cela provoqua quelque chose d'intense chez lui. Il l'imaginait déjà soupirer à cause de lui, contre lui, sur lui, sous des aspects qu'une bonne soeur aurait honte de les surprendre.
Taehyung ne comprenait pas pourquoi son esprit avait réagi à sa simple présence. Il était rare qu'on puisse le troubler.
Cette pauvre fille de vingt-deux ans qui évitait de lever les yeux vers ses voisins trop à l'aise de siffler à son passage. Elle n'avait rien de si particulier si ce n'est son albinisme qui faisait retourner des cons.
« Laissez un message après le bip. Taehyung, s'il te plaît, ne te joins pas à l'Empire. Ces types sont dangereux, leurs affaires sont immorales. Une fois que tu seras dans leur clan, tu feras partie de leur réseau pour de bon. T'es à peine rentré, ne te mêle pas à ça. »
Il abandonna son regard de la fenêtre pour le poser sur son téléphone fixe. Des paroles pleines d'inquiétude couvraient la vraie raison de son affolement. Sa voix était anxieuse mais le ton était préoccupé par des pensées lointaines. Elle lui cachait quelque chose, sauf qu'elle préférait éviter de rentrer dans les détails.
La main dans la poche, écrasant sa clope dans un cendrier. Il se dirigea vers une chaise qui devint le confort de son postérieur. Il s'avachit dessus en tirant sa tête en arrière, écartant ses jambes. Il lui restait encore un peu de temps avant de pénétrer les enfers. Un mois qu'il se préparait pour ce jour.
Était-il fou à lier si cela l'excitait ? Si son cœur prenait consciemment un état de plénitude et que son cerveau imitait des milliers de barbouillages, dont seul le peintre pouvait discerner le véritable message qui s'y camouflait ?
L'isolement le laissait périr dans ses propres divagations et la pièce miroitait son rire. Pouvions-nous ainsi dire qu'il était un sociopathe ?
Docteur Duncan, c'était ce que vous aviez inscrit sur son dossier non ? Vous aviez peut-être raison. Non, vous aviez raison, du fait que s'il acceptait son diagnostic, il se sentirait mieux.
Taehyung s'était accroché à tout ce qui était possible pour reconnaître que l'univers n'était pas perdu, qu'il pouvait être comme les autres. Mais il n'arrivait pas à retrouver ce sentiment d'enjouement dont tant d'autres faisaient l'éloge. Comprendre les émotions, les expressions, avoir de la compassion ou des regrets, c'était quelque chose dont il était dépouillé.
Il s'était empoisonné d'alcool, de nicotine, de sexe pour éviter d'entendre, chaque milliseconde, les tourments de ses démons qui le poussait à l'irréparable. Plus il voyait la nature humaine torpiller son âme, succombant à la volonté des ténèbres, et plus il avait constamment envie d'enfreindre les règles.
« Laissez un message après le bip. Hé, le bleu. T'as une mission. Je t'envoie les détails. Fais bien ton taf. Si tu merdes, y a pas que ta tête qui va sauter. À l'Empire ça rigole pas. Alors pas de bavure, sinon t'es mort. »
La tonalité des enceintes faisait ravager les oreilles de la jeunesse, elles se trémoussaient sous le son remixé d'un chanteur décédé depuis plusieurs mois déjà, si ce n'était pas une année. Le responsable de l'ambiance excitait ces dépendants de la musique. Ils se déhanchaient, comme si il n'y avait aucun lendemain pour leur rappeler la dure réalité de la vie.
Ce qui se passait en dehors de leur petite existence bien monotone, ne les affectait pas le moins du monde. Ça n'avait pas spécialement l'air de les concerner ce que pourrait endurer les plus démunies.
L'objectif de ces égoïstes étaient de se divertir avec tout un tas de moyen, souvent illicite prenant des risques inconsidérés, pour combler un vide dont ils n'avaient eux-même pas conscience.
Pour étouffer le sentiment de culpabilité, ils faisaient des petits dons. Pour ne pas réfléchir à ce qu'ils pourraient faire pour améliorer le système, les humains préféraient fricoter avec le diable. Ingurgitant des liquides éclectiques produits par un barman, prêt à côtoyer des personnes qui cachaient des secrets saugrenus, pour leur avantage.
Toute leur attention était de se soumettre aux fanfares leur procurant divers types d'enivrement. Les Hommes avaient besoin de stimuler leurs neurones et de dépenser leurs argents et énergies afin de se sentir vivant. Et les clubs étaient le paradis pour ceux qui ne voulaient plus réfléchir mais jouir d'une liberté factice.
Les projecteurs répandaient des nuances de flambeaux fluorescents comme un feu d'artifice dans toute la grande pièce. La chaleur faisait transpirer chaque corps qui bougeait aux rythmes syncopés de la musique. La luxure survolait leur peau, un appel primordial de leur manque de vigilance. Les vices revendiquaient leur ration de mésaventure.
Et parmi ces adeptes de la volupté, qui ne mesurait pas l'ampleur de leur ignorance alors qu'un univers funèbre les entourait. Un jeune homme se fondit dans la masse prenant l'aspect d'une ombre. Slalomant furtivement contre les épaules qui se frôlèrent aux siennes. Comme invisible à l'oeil nu, il parcourut le sol sans se faire remarquer, tentant de se frayer un chemin au milieu d'une foule ravagée.
Il avait repéré plusieurs hommes discutant dans un coin de la pièce, leur conversation recouvert par le bruit des enceintes. Il atteignit alors sa conquête, se rapprochant d'elle avec une démarche arachnéenne. Ses doigts glissaient sur la hanche de la jeune demoiselle ayant l'esprit embrumé par l'euphorie qui s'était disséminée dans ses vaisseaux.
Elle se tourna vers cet inconnu grand et élancé qui avait eu l'audace de la toucher. Il remarqua que ses prunelles furent dilatées, due à l'opium qui assommait tout bon sens. Sans paraître surprise par les nombreuses cicatrices sur son visage, même avec cette casquette sur sa tête, elle était trop perdue pour faire une différence, et ses bras retrouvèrent sa nuque.
Les éclats lumineux se projetèrent sur ses lèvres qui se posèrent lentement sur les siennes. Il prit l'initiative de les écarter en les aspirant. Taehyung n'éprouvait pas spécialement un désir de lui rendre cet acte qui, dans un sens le répugnait. Son but était de faire sortir des gonds quelqu'un. Ses yeux étaient fixés vers trois types.
Et au sein de ce triplet, un d'entre eux croisa son regard, un échange silencieux chargé de sous-entendus. Les traits de Yoon Byung-Duk furent déformés par la surprise et la colère car un connard avait osé toucher à sa propriété. Ce dernier se hissa de son siège, alertant les sens de ses deux camarades.
Les lèvres de Taehyung s'étirèrent en un sourire provocateur sans ressentir l'émotion qui y était associée. Il savait juste que ce mouvement était un outil de manipulation suffisant, pour défier l'autorité de son adversaire.
Il écrasa plus intensément sa bouche contre celle de la demoiselle qui commença à perdre son souffle, gémissant par le mouvement vorace de son partenaire.
Taehyung pencha sa tête, murmurant à l'oreille de sa conquête quelque chose qui l'incita à accepter son invitation. Il attrapa son poignet pour l'éloigner de la piste, alors qu'il vit son émule les chercher dans cette foule. Ils parcoururent un long couloir. La musique s'estompa à mesure qu'ils prirent congés, remplacée par un silence lourd.
Ils arrivèrent devant une porte discrète. Le noiraud l'ouvrit d'un coup sec et fit entrer la jeune femme dans une petite pièce faiblement éclairée, à l'abri des regards indiscrets. L'ambiance y était plus intime.
Taehyung referma la porte derrière eux, coupant définitivement les ponts avec l'agitation du club. Il se retourna vers la fille qui était excitée par son initiative et la plaqua contre une étagère tremblant sous leur poids. Poussant d'un pied les cartons inutiles trainant au sol, il plongea contre elle.
— C'est que t'es impatient dis donc.
Elle passa ses mains sur sa veste de course noirs, pour le rapprocher d'un coup sec. Le manque de patience se lut sur son visage. Il la vit chercher désespérément son attention, qu'il s'occupe de son corps, quémandant la moindre affection.
Il retira sa casquette qu'il fourra dans la poche arrière de son pantalon. Puis lui octroya des caresses, sa bouche commençant à sonder sa gorge.
Le jeune homme put sentir le pouls qui cogita dans ses veines, il le saisit avec ses dents pour le mordre à travers sa peau. Une plainte se répercuta sur sa chair endolorie qu'il étendit le long de son épaule.
Taehyung planta son genou entre ses cuisses, bloquant toute agitation. Il remarqua son frémissement au seul frôlement. Sa main prit possession de sa mâchoire. De ses doigts, il lui creusa les joues, la forçant à garder son regard rivé sur ses traits, tandis qu'elle grogna de douleur par son geste soudain.
Tout son corps suppliait pour qu'il se dépêche, qu'elle puise se liquéfier de plaisir, savourant chaque coup de bassin que ses hanches étaient capables de lui accorder. Elle le voulait rapidement en elle, goûter à la ferveur d'un homme se mesurant à un appétit bestial.
Mais Taehyung était quelqu'un de très patient, il savait garder son sang-froid et ne réagir qu'au moment opportun. Il saisit en coupe son sein qu'elle laissa palper, sentant l'excitation descendre dans son bas-ventre. Son entrejambe stimulé par ses mains artisanales. Elle gémit, incapable de retenir son soupir débordant de chaleur.
Elle ne fit même pas la différence entre ses doigts et un metal froid qui patina sur le long de sa cuisse. Pour elle, ce n'était qu'un jeu amusant, quelque chose qui l'excitait, quelque chose d'enivrant. Il la ramena jusqu'à sa pommette lentement, observant celle-ci se tendre à cette sensation de froideur. Et lorsqu'elle vit la forme qu'avait l'entité tranchante dans sa main, son regard fut exorbité.
La conquête devenant une proie, se raidit. Ses muscles se contractèrent par une méfiance soudaine. Un sourire carnassier s'élargit sur les lèvres de son bourreau. Cela avait déclenché un souffle erratique qu'elle retint par la stupeur.
— Grand-mère ne t'a jamais appris qu'il ne faut pas se fier au loup ? il lui murmura.
À cette phrase chargé de mauvaise intention, tel un prédateur qui venait d'attraper dans ses filets un gibier, il amena la pointe de la lame sur sa joue qu'il écrasa faiblement. Une quantité importante d'adrénaline avait réagi dans son sang souillé et la sobriété la flagella douloureusement.
Par instinct de survie, elle voulut le repousser, cherchant un moyen d'échapper au loup qui désirait la dévorer toute crue. L'instabilité de sa respiration devenait de plus en plus grave, impossible de changer cette perspective effrayante de mourir.
Mais il aimait ça.
Quand ses victime se sentaient prises au piège.
— Par pitié !
Elle essaya de donner des coups qu'il parvint à appréhender.
— Laisse-moi m'en aller !
Elle tenta de se défaire en allant vers la sortie. Taehyung la saisit par la taille pour la cogner contre l'étagère en fer, provoquant un impact sur sa colonne vertébrale qui lui arracha un cri. Son corps imposable l'empêcha de se soustraire, car sa force appauvrit le minimum de résistance qu'elle avait.
Malgré le fait qu'elle avait tenté de se débattre, la drogue circulant dans ses veines éliminait toute forme de force. Elle risqua d'hurler mais il écrasa sa gorge avec ses doigts s'enfonçant dans le creux de part et d'autre, lui coupant toute tentative de respirer. Plus elle faisait l'effort de récupérer de l'air, plus douloureux cette action devenait.
La peur s'enroula en noeud dans son estomac, les larmes embrumèrent sa vue. Un cri de l'âme se répercutant dans son regard qu'il admira avec un intérêt palpable. Il voulait qu'elle souffre, d'apprécier ce moment d'hostilité qui le réjouissait tant. Car il trouvait ça galvaniser, les personnes se battant pour rester en vie, gesticulant comme si ça allait les sauver, tandis que pour lui, leur sort était défini.
Il utilisa son arme pour remonter son haut, la jonction froide de la lame la faisant frissonner d'horreur. Il la glissa sur sa peau tendre, meurtrie désormais par la panique.
La victime chercha à se débarrasser avec ses deux mains de l'emprise qu'il avait sur elle. Mais la puissance que le fou exerçait sur son corps chétif, la contraignait à suffoquer. Elle le perçut dessiner quelque chose sur son ventre pour étirer cette anxiété avec laquelle il la nourrissait. Il rapprocha ses lèvres de son oreille, tenant fermement sa nuque, la forçant à rester coincer contre le meuble.
— C'est rien de personnel.
Son coeur s'emballa, cette fois d'épouvante. Elle secoua la tête, s'accrochant vainement à sa veste, pour qu'il soit clément. Elle égorgea la moindre fierté qu'elle possédait, lui jurant qu'elle fera tout ce qu'il veut. Il n'a qu'à lui demander, lui ordonner, elle obéira. Mais il n'avait pas l'air intéressé.
Et puis d'un coup, une sensation de brûlure l'envahie et elle écarta la bouche par le choc éprouvé. Il vint d'enfoncer son couteau dans l'abdomen, transperçant sa chair et touchant un organe dans lequel il farfouilla avec curiosité.
La musique était tellement forte que personne n'aurait pu entendre son hurlement à travers sa bouche qu'il obstrua de la paume.
L'homme prit soin de retourner l'acier, afin qu'elle n'en ressente que plus de douleur. Elle conçut une forte agonie et des larmes remplirent ses orbites écarquillées par l'horreur. Un gargouillis monta dans sa trachée, le sang giclant sur la joue de son agresseur.
Taehyung s'écarta d'elle, savourant cette sensation chaude qui peignait son visage. L'anatomie de la jeune femme coulissa le long de l'étagère pour s'écraser contre le sol, la tête tombant sur son bras, les yeux immortalisés par la terreur.
Il la vit être secouée quelques secondes, se tenant le ventre pour essayer de réduire la perte abondante de son sang. Les bruits de gargouillement persistèrent un moment. Taehyung pencha sa tête, l'observant dans sa peine, avant qu'elle ne fasse plus aucun mouvement.
Elle fixa le vide, son âme à la merci de la mort.
Son meurtrier essuya son couteau contre sa jupe, comme si elle ne méritait pas d'y laisser sa trace. Il s'abaissa vers sa victime en tirant sur le tissu de son pantalon pour être à l'aise dans sa position. Il fit parcourir la lame sur sa tempe pour dégager ses mèches brunes et admirer le portrait de l'effroi dont il était l'inspiration.
Elle était une belle femme avec des jolis yeux bleus prenant un état de plus en plus livide. Des lèvres charnues et un corps dodu qui servaient à mieux appâter les hommes.
Il aurait très bien pu s'abstenir pour y aller jusqu'au bout et la prendre à tout égard, mais laisser ses empreintes sur elle était déjà une erreur qu'il devra gérer afin d'empêcher qu'on le piste.
Un long soupir d'exaspération perça sa bouche, trop peu réjoui de ce crime. Quelque chose manquait à cet acte de violence, mais il n'arrivait pas à y mettre un mot, une sensation.
ㅡ Suis-je censé ressentir des remords ? se demanda-t-il comme s'il communiquait avec la mort qui se terrait dans l'ombre de la pièce.
Être affecté par le décès de quelqu'un, combien il en serait l'auteur, ça ne l'avait jamais empêché de dormir. La seule chose qu'il pouvait regretter, c'est de ne pas avoir eu suffisamment de temps, pour profiter de son châtiment.
Elle le méritait après tout. Elle faisait connaissance avec des filles pour apprendre leurs mésaventures et en faire des cibles faciles. Pousser les hommes à se massacrer les uns contre les autres dans le seul intérêt de manipuler leurs familles, et soutirer une rançon pour leur enlèvement. Elle était l'appât et la chasseuse en même temps.
Et si cette pétasse était tomber sur sa voisine ? Qu'elle aurait compris que beaucoup payerait cher pour l'avoir en tant que jouet ? Une albinos aux gènes certainement aristocratique ne trainait pas dans les rues.
Non, il n'avait même pas encore pu profiter de ce qu'elle suscitait en lui. Alors il avait bien fait de s'en débarrasser.
Taehyung contacta quelqu'un avec un téléphone jetable qu'il sortit de la poche. Il lui disait de rappliquer rapidement. Puis il le cassa en deux, écrasant de son talon la petite carte SIM.
Quelques minutes plus tard, une personne portant un masque entra dans la pièce avec un matériel de nettoyage et un sac noir pour cacher le cadavre dedans.
Le bourreau le laissa se charger du reste pour se perdre dans les méandres des ténèbres que recueillit ces longs couloirs. Il était à la recherche d'une autre âme à offrir au diable.
— Hé toi là, l'interpella quelqu'un dans son dos. Tu comptes aller où comme ça, espèce de connard ? Où est Yu-jin ?
Les pas de Taehyung ralentirent, avant qu'ils ne s'interrompirent promptement. Il se tourna vers eux, faisant mine de ne pas comprendre qui ils étaient et de quoi on l'accusait.
— Sûrement en train de se faire baiser en enfer, je suppose.
Les traits des gars se durcirent face à son manque de respect envers la copine de leur patron.
— T'es qu'un petit merdeux qui se prend pour un caïd. On va te faire ta fête !
Taehyung fit tourner sa bague sur son doigt, n'éprouvant rien d'autre que de l'ennui à leur menace.
— Si vous tenez peu à vos couilles.
Les deux types échangèrent un regard interloqué, avant de froncer les sourcils.
— T'as intérêt à nous suivre, grogna le premier.
— Dans tous les cas, t'es mort, ajouta le second.
Taehyung hocha doucement la tête en contemplant ses chaussures qui étaient tachées, pas que ça le dérangeait vraiment. Enfin si, c'était la seule paire qu'il avait pour être présentable. Celle qu'il voulait mettre s'il finissait par inviter son nouveau passe temps à un rendez-vous.
Il regarda alors les pieds de ces deux types. Et remarqua qu'ils portaient des chaussures luxueux, sûrement à sa taille.
Ce dernier finit par lever les mains en l'air.
— OK, les gars, je vous suis.
Yoon Byung-Duk fuma sa dernière clope, en entrant dans une pièce tamisé, les pensées embrouillées par une multitude de soucis. Il a appelé une bonne cinquantaine de fois sa copine qui ne répondait pas à ses appels. Et ses hommes ne décrochaient pas non plus leur foutu portable. Il tira une longue bouffée, essayant de se calmer par ce silence radio dont il n'était pas habitué.
En appuyant sur l'interrupteur pour éclairer la salle de jeu d'hasard servant de QG, une vision d'horreur le fit s'arrêter net. Devant lui, les jetons, les cartes, les meubles étaient retournés et cassés, plusieurs de ses hommes gisaient au sol, ensanglantés, leur sang formant des mares autour d'eux. Des objets enfoncés par-ci et par-là dans leurs membres, des os et des mâchoires fracturés.
Tandis que sur le sofa, Taehyung fut assis, l'air parfaitement détendu. Son pied reposait nonchalamment sur l'anatomie d'un des types qui se trouvait entre la vie et la mort, comme s'il s'agissait d'un simple repose-pied. Dans sa main, une petite serviette imbibée de liquide écarlate, avec laquelle il s'essuya les doigts, un à un.
— T'en as mis du temps, lança Taehyung d'une voix rauque, pas le moins épuisé d'avoir provoqué un tel massacre.
La pièce était silencieuse, hormis le crépitement de la cigarette de Byung-Duk. Il fixa l'intrus, tentant de maîtriser la colère qui bouillonnait en lui.
— Qu'est-ce que t'as foutu, espèce de salaud ?! gronda-t-il, sa voix tremblante de rage.
Taehyung haussa les épaules, continuant à s'essuyer les doigts. Il ne semblait pas le moins du monde s'en soucier.
— Je les avais prévenus, dit-il calmement. Mais ils voulaient prouver qu'ils avaient des couilles. C'est ça, la stupidité humaine.
Le regard de Byung-Duk devint comme un roc en voyant ses hommes complètement démolis par un seul gars. L'enfoiré n'avait même pas une égratignure. Et il était d'une telle insolence que ce dernier écrasa sa cigarette sur le sol de son talon, avançant d'un pas menaçant.
— T'es qui putain ?
Taehyung fourra la serviette dans sa poche.
— Savoir qui je suis va améliorer tes chances de survie ?
Byung-Duk serra les poings.
— Tu penses vraiment pouvoir t'en tirer comme ça ?
Sa main se dirigea derrière sa veste.
— Tu sais pas à qui t'as affaire. Mon clan-
Le corbeau attrapa le silencieux posé à côté de lui, et le pointa vers sa cible.
— Ta gueule.
Un claquement étouffé résonna lorsque Taehyung appuya sur la gâchette. La balle traversa le front de Byung-Duk en une fraction de seconde. Son corps s'effondra lourdement, rejoignant ses acolytes dans un bruit sec.
Il jeta un oeil sur tous ceux qu'il a gardé à moitié en vie, car il ne trouvait pas l'intérêt de tous les buter. Ça serait une grande perte de temps de devoir s'en débarrasser, et mettre le feu aura des répercutions qu'il n'a pas trop envie de gérer.
De toute façon, ils savaient ce qui les attendaient au moindre faux pas. Surtout s'ils parvenaient à rester en vie, vu le foutoir qu'il a mis, à lui tout seul. Certains d'entre-eux préféreront crever.
Taehyung se leva de son confort et rangea son flingue à l'arrière de son pantalon. Puis attrapa d'une main des chaussures neufs qu'il avait dérobé d'un des deux guignols. Et agrippa d'une poignée, les cheveux de Byung-Duk, trainant son corps lourd jusqu'à la sortie.
Il a déjà perdu assez de temps comme ça, et s'il n'arrivait pas à l'heure, ça va le frustrer. Et lorsqu'il est frustré, il avait besoin de faire une belle connerie.
Quand il réussit à le fourrer dans son coffre de la voiture, ce dernier réfléchissait à quelque chose. Il n'avait pas besoin d'un corps entier pour prouver que la cible a été éliminé.
Pendant quelques heures qui lui parurent éternelles, le jeune homme se débarrassa des éléments de son infraction. Une fois qu'il en eut terminé avec les formalités qui pourront l'incriminer, il rentra dans sa résidence où il était le seul habitant.
En introduisant la clé dans la serrure de sa porte, il entra dans les ténèbres d'un habitat aberrant, comme son locataire. Du pied, il repoussa le chat qui vint de l'accueillir pour s'étaler sur un canapé peu chaleureux.
Il posa le poignet sur ses paupières sans même se débarrasser de ses vêtements souillés par le meurtre. Il avait l'impression que son corps ne lui appartenait plus, après s'être réfugié dans une pièce plus lugubre que ses actes.
Les volets étaient à moitié fermés, les réverbères se situant en face de son immeuble éclairaient le peu de chasteté qu'il restait de lui, ainsi que la beauté de son loyer.
Encore des assassinats et il n'éprouvait aucune once de remords, il ne savait pas s'il était censé en ressentir. C'était comme un boulot habituel de tuer, d'agir sous les ordres des autres.
Son portable vibra dans sa poche. Il le sortit d'une manière lourde avant de considérer — la seule lueur sainte illuminant son visage ainsi que la chambre dans laquelle le bordel était à sa merci — son écran.
Mission accomplie.
Il s'était débarrassé de la cible.
Taehyung était désormais invité à rejoindre le Panem.
Un soupir exaspéré s'échappa des barrières de ses lèvres scandaleuses. Il leva son séant du meuble pour rentrer dans la salle de bain, où il retira lentement ses affaires.
Il noya ses centaines de pensées sous la douche, comme le faisait la majorité des êtres humains subsistant sur cette terre, pour ranger le grenier qu'était leur cerveau. Mais lui il repassa en boucle les scènes de tout à l'heure, ces actes dépourvus de bonté.
Chaque gouttelette qui glissa le long de son corps s'écrasa sur le plat du receveur de douche, semblable à faire disparaître ses idées brouillées loin de lui, dans la profondeur des égouts.
La chaleur provenant de l'eau étala une vapeur sur le miroir ; il mêla ses doigts dans sa chevelure noire comme les plumes d'un corbeau. Taehyung les repoussa en arrière, d'un geste virulent.
Lorsqu'il finit, sans se soucier de sa nudité, il traîna dans les pièces pour rejoindre une armoire et l'ouvrir grandement. Son oeil gauche freina sur un costume mais. Il prit une tenue plus décontracté. Un jogging et un sweat à capuche, sans se soucier d'être juger par son manque « d'élégance ».
Plus tard, Taehyung et un autre homme se rapprochèrent d'une grande bâtisse d'où clignotait à la vue de la ville entière ce satané nom que le propriétaire avait offert à l'établissement : le fameux « PANEM », qui se transportait de bouche à oreille, dans la ville de Séoul.
En pénétrant dans une grande pièce, le corbeau explora du regard ce qui servait de décoration pour réjouir l'œil de l'homme. Des couleurs sombres et sensuelles accueillaient les plus profonds vices de l'être humain. Traversant un couloir qui reproduisait le son qu'émettaient leurs chaussures, deux portes ornées de poignées d'or s'ouvrirent. Ils entrèrent, semblables à s'introduire dans un palais des secrets de la boîte de Pandore.
La salle était illustrée comme une œuvre d'art, qui réunissait la démence du diable et la passion d'un fou. Un trône, des sièges de chaque côté laissant former une allée, des protestations et des manifestations, des têtes stigmatisées et des bouches irrévérencieuses et des poches généreuses, mais des mains maculées d'épouvante.
Ils étaient réunis pour immortaliser le tableau d'un auteur, qui tenait ses clébards en laisse jusqu'à la seconde où il dirait attaque, pour qu'ils déchiquettent de la bonne chair.
Taehyung s'arrêta au milieu du silence.
ㅡ Boss, voilà le nouveau, annonça l'homme qui accompagna le corbeau.
Kim Namjoon.
L'homme le plus influent dans la Pègre de Séoul - sans parler de ses succès auprès des autres états qui ne manquait pas d'éloges à son égard - était un génie. Il profanait des convictions pour parvenir à faire prospérer son obnubilation au pouvoir.
Ses actions d'éclats distinguées se mouvaient entre les lèvres. La presse ne restait point indifférente, imprimant dans les médias le moindre signe de vie qu'il représentait sous un pseudonyme régenteur. Ses confrères le glorifiaient, par respect et d'autres de crainte, sous l'aspect d'un Dieu connu dans les ouvrages mythiques :
Zeus.
Père des orphelins du désespoir, il faisait découvrir à ces derniers l'ampleur de leur rôle parmi la société. Celui qui les avait forgés dans le but du massacre et l'art du délit.
Il était leur foi, un roi dirigeant une corporation de scélérats. L'incarnation de la ruse, l'élite de la perfidie.
Étant celui qui tenait en laisse les démons. Propriétaire d'un grand club réputé, les clients étant à sa merci. Menant des simonies clandestines.
Charmeur aux allures de businessman, patron d'une mafia à l'italienne, il n'hésitait pas à éliminer les obstacles et à saisir l'occasion si nécessaire.
L'intellect était sa puissance, il ne fallait jamais jouer avec ses neurones ou tenter de le biaiser, car la damnation était son séjour éternel.
Et Taehyung faisait face à cette terreur de la ville, mais n'en trembla pas plus.
Namjoon eut le coude posé sur l'accoudoir et les doigts tinrent son menton. Son esprit semblait être en confrontation avec un débat qu'il était le seul à connaitre l'issu.
— Alors comme ça, t'es le petit nouveau dont tout le monde cause, hein ? Écoute, j'ai entendu plein de trucs sur toi, mais comment je peux gober toutes ces rumeurs si j't'ai pas vu à l'œuvre de mes propres yeux, hein ?
À cette question, certains auraient tremblé de peur, craignant que leur réponse ne leur coûte la vie, mais pas le nouveau. Il n'en avait strictement rien à foutre de ce que le patron pourrait penser de lui.
Taehyung balança un gros sac de sport sur le sol, juste aux pieds du chef de l'assemblée. Nash fit une moue désapprobatrice et jeta un coup d'œil vers son homme. Sans attendre un ordre, ce dernier se précipita sur le sac et ouvrit la fermeture éclair.
Et lorsqu'il sentit une odeur nauséabonde, il sursauta, son visage pâlissant à mesure que la découverte lui glaçait le sang.
Ses mains, probablement encore innocentes, tremblèrent en voyant les yeux de Yoon Byung-Duk le fixer d'un vide profond. Derrière lui, ses compagnons, curieux, se penchèrent pour voir ce qu'il l'avait fait si peur.
Cela provoqua une vague de murmures abasourdie, face à une tête mutilée. Comme la fois où Persée avait apporté celle de Medusa à l'olympe.
Namjoon ne s'attendait pas à une telle extrémité de la part du nouveau. La situation le laissa perplexe : cet acte audacieux pouvait tout autant être un signe de bravoure que de folie.
Le patron devait décider s'il voulait transformer cette imprudence en force ou éliminer cette menace potentielle avant qu'elle ne se retourne contre lui.
Il avait de toute façon réussi le test. Un mois à travailler pour eux, avant d'avoir enfin pu rencontrer le leader de l'Empire.
ㅡ Je vois...
Nash passa sa langue sur le coin de ses lèvres.
— Comment tu t'appelles, déjà ?
Ce dernier croisa le regard de plusieurs des hommes, avant de soutenir celui qui était leur plus grand patron.
ㅡ Kim Taehyung.
Namjoon hocha la tête, étant en pleine réflexion. Il aimait bien la résonance de ce nom. Il imposait clairement une certaine puissance, un feu impossible à étouffer même avec de l'eau. Ce gars n'était pas n'importe qui.
Il était le désert du Sahara, perdu au beau milieu des sables, brûlant dans ses gestes comme les éclats du soleil.
Il était l'ombre resurgissant des ténèbres, envahissant les esprits qui craignaient d'être engouffrés par le décès.
Là où la lune était témoin des sacrifices que l'Homme pensait être justifiés, il condamnait les bonnes mœurs dont l'être humain était gratifié.
Parmi les défauts il était une perfection, parmi les émotions il était l'apathie. La douleur était devenue sa force, le manque de sensibilité son atout.
Des propos qui circulaient de la part de ceux qui ont fréquentés le bourreau ; Kim Taehyung était connu comme un genre de fantôme qui apparaissait et disparaissaient sans qu'on puisse le repérer ni anticiper ses pas. Que c'était un maitre du camouflage et qu'il avait une imagination débordante quand il s'agissait de tuer quelqu'un.
Alors Namjoon ne pouvait pas laisser filer une telle opportunité de profiter de ses compétences.
ㅡ Tu as ce regard semblable à être sorti des enfers, emportant avec toi ses vices. Tu reflètes la folie et la dépravation de l'humanité, il lui confia.
Taehyung pencha sa tête, intrigué par une telle description.
— À partir de cet instant, si tu veux travailler pour moi, tu devras m'obéir au doigt et à l'oeil.
Et tout le monde fut suspendu à ses lèvres.
— Et en t'acceptant dans notre famille, tu porteras le nom de : Dionysus.
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Voilà enfin l'entrée de deux nouveaux personnages. J'espère que vous avez aimé ce chapitre. Je voulais au début instaurer un genre de scénario angoissant et glauque, je ne suis pas sûre d'avoir réussi ;; mais voilà. Petit à petit vous découvrirez de nouvelles têtes.
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