❛ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟏 ❜

We must live as we wish and not as we should.
Because we will not know when
                            death will come for us.

⚜️

      La mort peut arriver de diverses manières. Certains meurent dans leur sommeil, d'autres sont assassinés sauvagement, des plus âgés décèdent d'une crise cardiaque, la plus part d'une fausse route lors de la déglutition. D'autres ne supportent pas le poids de la vie et de son injustice, et finissent par avoir recours au suicide. Les maladies n'ont aucune tolérance envers la fragilité du corps humain, et les emportent dans les abysses de la douleur, faisant subir aux proches un deuil lancinant.

Tout le monde redoutait la mort, source d'angoisse et de terreur. Il évoquait un périple vers l'inconnu, peuplé de mythes fantastiques façonnés par l'imagination humaine.

      Après le décès, nul ne savait vraiment ce qui nous attendait, ce qui serait décidé. Bien que des récits monastiques, transmis de génération en génération sous forme de livres anciens, décrivaient l'existence de deux lieux opposés, seul celui qui expirait son dernier souffle pouvait réellement dire à quoi ressemblerait sa damnation.

Cette perspective semait l'effroi. Personne n'était préparé à ce cycle inéluctable qui mettait fin à la vie, et nul n'était épargné. Ainsi, à la seule évocation de ce mot, chacun était pris de frayeur. On ressentait toujours ce goût amer d'inachèvement, comme une mission restée incomplète. L'idée d'avoir encore des choses à accomplir poussait certains à redouter l'instant ultime où ils rendraient leur âme à sa source.

Le plus effrayant, c'est que nous pouvions clamser n'importe où, sans savoir à quel moment et ce qui nous attend après. Serons-nous au paradis ou en enfer ? Serons-nous dans un univers parallèle, ou dans une autre dimension pour les défunts ? Deviendrons-nous des spectres errants sans but dans le monde des vivants ?

      Pourquoi beaucoup sont effrayés de mourir, pourquoi cherchons-nous toujours à prolonger l'existence ? C'est l'instinct de survie, les humains sont créés de cette façon. Nous savons que nous allons trépasser mais nous continuons à nous accrocher au monde. Souvent, il y a une raison épinglé à une telle frénésie. Cela peut être pour la bonne cause, ou alors par pure égoïsme.

Beaucoup disent que lorsque la faucheuse se pointe, nous voyons toute notre vie défiler devant nos yeux comme un film que nous avons déjà vu, mais dont les scènes sont devenues floues en grandissant, et se dissipent lorsque nous leur n'apportons plus d'importance. Mais comment les gens peuvent affirmer que c'est vrai, alors que la personne était en train de mourir ? Peut-être y a-t-il eu des gens plus chanceux ayant évité le sommeil éternel.

Ces pensées étaient comme des vagues qui heurtaient l'esprit de Lysana Moon, se tenant devant le tombeau de son père. Cela faisait maintenant deux semaines qu'il avait quitté ce monde, mais ses bonnes actions avaient laissé un sillage dans le coeur de plus d'un. Elle contenait douloureusement ses larmes, s'immergeant malgré elle de ses orbites pour glisser sur ses jolies joues de porcelaine.

     Monsieur Moon Jae Chan était mort d'un arrêt cardiaque, c'était ce que les médecins avaient écrit sur l'acte de décès.

      C'était un bon géniteur. Un supérieur irréprochable, un ami irremplaçable, un mari aimant, un inconnu bienveillant. Et pourtant, en dépit de tous ces bons retours, la mort n'était pas suffisamment rassasié par ses oeuvres pieuses, et ne l'avait pas épargné en le retirant des vies de ses proches.

Les meilleures personnes quittaient ce monde en laissant la douleur à ceux qui poursuivaient le cours de ce fleuve qu'était la vie.

Lys déposa sur sa tombe, un cigare que son père adorait fumer en compagnie de nombreux ses amis, et son alcool préféré, le cognac épicé avec un petit goût de cannelle qu'il lui avait un jour, secrètement fait goûter tellement elle était curieuse. Sa mère avait bien évidemment soulevé un scandale, n'arrivant pas à croire que son époux était si irresponsable, alors qu'ils étaient en train de rire à gorge déployée. Jae Chan avait saisi la taille de sa femme, et l'embrassa si fortement qu'elle oublia, pourquoi elle lui en voulait.

      C'était des beaux souvenirs qui désormais, seront la source de toute une nostalgie.

En plongeant ses mains dans les poches de son manteau noirs. Elle renifla par cette brise froide du mois de Février, après avoir pleuré pendant une dizaine de minutes, ayant laissé sa mémoire se noyer dans le rappel du passé.

      Lys replaça la lanière de son sac avant de reculer, jetant un dernier regard sur le nom gravé dans la pierre tombale et s'en alla. Elle pivota, marchant vers une allée entourée par d'autres sépultures.

À son passage, elle remarqua un homme aux cheveux légèrement longs et bouclés se tenir devant un caveau, le visage baissé, posant une pièce ressemblant à celle des échecs sur une tombe. Elle ne vit pas ses traits, et ne voulant pas trop s'attarder sur l'inconnu. Ce n'était pas ses affaires de savoir ce qu'il faisait, et traça sa route pour se rendre à son université.

En se précipitant pour rentrer dans l'établissement, regagnant sa place à l'intérieur de l'amphithéâtre, où ses camarades la saluèrent en essayant d'avoir du tact. Ses amis se souciant d'elle, cherchaient un moyen de lui changer les idées en lui proposant de faire divers activités.

Mais elle refusait de se réjouir, alors que son père avait quitté ce monde il y a peu. La plus part de son temps, Lys le dépensait à la bibliothèque, son paradis personnel, l'endroit le plus sûr qui pourrait exister dans son coeur.

Car c'était dans les livres qu'elle trouvait des millions de sujets interessant, avec des thèmes peu ordinaires. Car elle a toujours été attirée par ce qui était inhabituel, par ce qui était méprisé, repoussé, critiqué, noyé dans un déluge de condescendance.

Elle aimait découvrir, connaître, apprendre en profondeur, saisir du bout de ses phalanges la tangibilité de son sujet d'analyse. Elle aimait résoudre des soucis, avoir les réponses aux centaines d'interrogations gambadant dans sa tête.

Elle était avide, impétueuse pour la recherche et les trouvailles, à la fois trouillarde lorsqu'il était question de socialisation. Mais quand il s'agissait de son aptitude à intégrer une communauté, elle en était simplement incapable. Pourquoi ?

À chacun de ses nombreux déménagements, sa mère lui répétait qu'elle avait une santé fragile alors ils cherchaient l'endroit idéal pour apaiser ses maux. Mais en grandissant, Lys comprit que ça n'avait rien à voir avec son état. Mais plutôt d'une particularité qui touchait certaines personnes.

L'albinisme. La jeune étudiante avait des cheveux blancs comme la majestueuse fleur de lys, ce qui lui avait valu son surnom.

Sa peau fut aussi belle qu'une perle nacré. Ses iris, un brouillard dans lequel on pouvait se perdre et ne jamais se retrouver. Ses sourcils et ses longs cils étaient comme un sapin vert recouvert de neige. Cela avait le don d'attirer nombreux curieux et repousser ceux qui n'aimaient pas qu'on soit différent.

Et toujours est-il qu'elle se sentait comme un papillon que les enfants suivaient, intrigués par son apparence et sa splendeur, avant de se faire écraser.

Elle craignait toujours d'être capturée un jour dans le filet d'un chasseur et de devenir l'objet d'une collection. Pourtant, Lys était loin d'être un insecte à quatre ailes capable de parcourir librement la somptuosité de la nature.

Toujours coincé dans tes bouquins toi, perturba quelqu'un sa sérénité en se tenant derrière elle.

Lys, assise à une table, leva ses cils argentés vers une présence masculine, parcourant de ses yeux, sa chevelure blonde vénitienne, attisant le regard sur des yeux marrons appartenant à Seo Won-Ki, le bourreau des coeurs de la fac.

Un gars grand, avec un sourire à faire craquer les plus faibles. Et des muscles, il ne faut pas les oublier, forgé quotidiennement dans le but de ne jamais laisser échapper ses victimes, s'amusaient à dire Avery lorsqu'elle le charriait.

Pitié, comment tu peux aimer lire des livres sur des langues étrangères, il grimaça. Savoir parler, le coréen, le russe, l'anglais, le mandarin, l'espagnol, le japonais, le français et l'arabe ne te suffit pas ? Tu veux maintenant faire plus ample connaissance avec la langue de Hitler ? il s'indigna en tirant sur une chaise pour s'assoir à côté d'elle.

Pour toute réponse, elle roula des yeux.
Seo Won-Ki était le genre de type que tout le monde aimait parce qu'il était sociable, charmant, parfois rentre dedans mais les étudiantes de l'université ne se plaignaient pas, trop absorbé à acclamer ses lèvres charnues. Il était un adepte des voitures de luxe et connaissait la moindre infos sur tous les mécanismes et les années de sorties.

Un point de plus dans son camp, car la plupart des filles d'ici, adoraient le voir rouler avec sa Pagani Huayra rouge qui était symbole d'exclusivité et de raffinement, mêlant puissance brute et élégance sophistiquée. Et surtout, comme il aimait mentionner, elle fut produite en quantité limitée.

Oui, ce fut un gosse riche dont les parents furent en plein divorce. Et cette voiture, il l'avait acheté à l'agence automobile dans laquelle le père de Lys était le patron. Ce qui faisait qu'elle avait une position assez aisée par la même occasion.

Elle n'avait pas à se plaindre des privilèges qu'elle disposait en tant que cliente dans plusieurs établissements somptueux, savourant une vie pleine de luxe, de voyages dans divers pays avec ses amis. Des fêtes auxquelles elle avait un pass partout, grâce à l'argent de poche qu'elle avait de sa famille. C'était le rêve de tant de personnes.

C'est sûrement l'une des raisons pourquoi Lys s'entendait bien avec Won-Ki, car ils ne cherchaient pas à être ami pour leur héritage. Et le fait qu'elle soit albinos ne l'avait jamais dérangé, au contraire, le premier jour de leur rencontre, il lui avait dit qu'être différente des autres c'était un compliment de la nature.

      Elle devait valoriser ces atouts, et si les rageux n'étaient pas du même avis, qu'elle les envoie le voir, il leur fera une branlette qu'ils n'oublieront jamais. Cela avait certainement déclenché un fou rire, et depuis, ils sont devenus proches.

En fait, tu te donnes juste un genre. Pour te la péter devant les profs d'être polyglotte hein, il plissa les paupières.

Lys était russo-coréenne, maitrisant déjà bien ses langues maternelles et ayant appris à alterner les deux, elle avait toujours trouvé fascinant de pouvoir communiquer avec les gens, de parvenir à traduire les mots, d'y comprendre la différence, le sens, faire des recherches sur les divers cultures et la tournure littérale de leurs propos.

La terminologie était un aspect qui l'avait toujours intéressée alors cette dernière voulait utiliser ses capacités de variation des langues dans des échanges professionnels.

Et comme elle était douée pour négocier avec les autres afin d'avoir ce qu'elle voulait, ce dont son père l'avait souvent félicité et réprimé gentiment, cette dernière visait à travailler dans le commerce de la négociation, à des entreprises huppées.

La maîtrise de plusieurs langues enrichit mes compétences dans la négociation du commerce, améliorant ainsi mes chances de succès dans un environnement international.

Elle semblait l'avoir déjà perdue mais ça ne l'empêchait pas de finir son explication.

Pouvoir s'exprimer dans la langue de la partie opposée renforce la clarté et évite les malentendus. Et puis ça instaure la confiance et montre un respect culturel, augmentant ma crédibilité. Est-ce que maintenant mon objectif te semble clair Seo Won-Ki ? elle pencha sa tête en le fixant d'un air renfrogné.

Il leva simplement ses pouces, avec un sourire totalement stupide sur les lèvres.

Écoute, dimanche on va prendre un brunch avec les autres, tu viens avec nous ? il changea de sujet.

Je vais à l'Église avec ma mère, pour... elle ne sut continuer.

Won-Ki avait saisi que c'était afin de prier pour son père, qu'il puisse trouver la paix et aller au paradis.

Lys était croyante, bien que sa foi pouvait vaciller à son malheur à la moindre mauvaise fréquentation, incarnée par une certaine Dao Shina. Elle venait souvent purger ses vices auprès du prêtre avec ses absolutions. Priant désespérément qu'il ne l'abandonne pas entre les mains du maître d'ici-bas.

      Ce monde était rempli de tentations auxquelles sa génitrice l'avait toujours tenue isolée. Elle savait à quel point il serait difficile de tenir à l'écart une jeune fille assoiffée de nouvelles connaissances.

« Tu ignores à quel point la vertu est facilement manipulable par le péché. Garde tes distances avec les êtres débauchés, car c'est eux qui profiteront de toi, et maltraiteront ton âme. » lui disait-elle.

Mais malheureusement, ça ne l'avait jamais arrêté d'enfreindre la bonne « conduite » et profiter un maximum de ce que la vie pouvait offrir, revenant ensuite prier pour qu'on lui pardonne d'avoir essayé de s'envoyer en l'air avec un joueur de basketball.

Un gars qui faisait le bonhomme devant son équipe mais était une vraie guimauve en privé. Elle l'avait abandonné nu et excité dans sa voiture, parce que Lys recherchait quelque chose de plus intense, d'un peu plus violent que de simple petite caresse douce d'un agneau.

      Puis le drame qu'il y a eu parce qu'elle avait roulé une pelle à Gu Lee-Joon pour un stupide pari, alors que ce dernier avait une petite-amie. Lys jura devant Dieu, de ne jamais recommencer.

      Il y avait eu aussi la fois...

Je t'ai dit qu'il faut le faire ! s'exclama une voix féminine.

La tête de Won-Ki et Lys se tournèrent vers une direction, et l'éruption chaotique de Dao Shina, une jeune femme aux cheveux bruns, d'origine vietnamienne avec une personnalité vive, entra dans la bibliothèque, soulevant plusieurs voix mécontents.

Oh ta gueule toi !

      Elle grogna sur un élève qui avait osé lui dire « chut » et Dieu sait qu'il ne faut jamais lui dire de se taire quand elle voulait parler ou commettre la pire des conneries.

Elle était accompagnée de ses fidèles, Choi Ran et Kang Yena. Leurs voix créèrent un boucan insupportable qui ressemblaient à une disputer sur un sujet incompréhensible.

Lys croisa le regard de Won-Ki pour avoir des explications de sa part, il haussa tout simplement les épaules en guise de réponse.

Puis soudain, Shina attraper les épaules de la jeune étudiante aux cheveux blancs.

Tu feras ça pour moi, hum ? supplia Shina de son regard de biche.

Faire quoi ? fut Lys perplexe.

Nous rejoindre au club, répéta Yena, révulsant des yeux, comme si c'était une évidence.

      — Écoutez, j'ai pas trop le te-

      Elle ne put terminer sa phrase que Shina attrapa sa mâchoire pour soulever sa tête vers sa hauteur, puisqu'elle se tenait encore dans son dos.

      — Tu la fermes et tu viens à la fête, pétasse.

Ceux qui connaissent Shina, savent qu'il ne faut pas chercher à la contrarier quand elle a un plan derrière la tête. Cette dernière obligerait même les morts à lui obéir. Impossible de trouver des arguments « crédible » pour elle, y en avait jamais de bon. Au premier abord, on pourrait croire que c'est la dernière des connasses impossibles à blairer.

      Mais quand on finit par vraiment la connaitre, elle irait se brûler les miches pour sortir une amie du pétrin. Ou plutôt, s'enfoncer encore plus dedans, par solidarité. C'était sa première vraie amie depuis le collège, et jusqu'à maintenant, elles sont toujours restés ensembles. Bien qu'elles avaient différents cursus, quand il fallait faire la fête, bibi était là pour ramener les fesses de Lys avec soi.

       Et surtout aujourd'hui, Lys en avait vraiment besoin. Afin de ne pas se morfondre sur la mort de son père qu'elle aimait tant, malgré les nombreuses disputes qu'il y avait entre eux.

      — Comme si j'avais le choix.

Elle chercha l'aide de Won-Ki qui sembla tout autant partant, vu le sourire qu'il arborait pour charmer des coeurs.


      Enfin arrivés devant un club, le nom illuminait la rue par des lumières fluorescentes. « The Fallen One ». Cela n'avait rien de rassurant et c'était bien le genre d'endroit que sa mère refuserait de la laisser aller et que Shina pourrait fréquenter dans l'espoir de pervertir des agneaux comme l'avait été Lys. L'endroit semblait inciter à la dépravation. Rien ne semblait prometteur, et la blondine en avait même des frissons.

      Cependant, elle n'avait pas son mot à dire. Les filles l'obligèrent à rentrer dans un van afin de mettre sa tenue. Shina ne voulait pas qu'elle la porte avant de venir ici pour faire la surprise.

      Lys sentit qu'il y avait anguille sous roche, mais elle dut se changer rapidement dans la voiture. En sortant quelques minutes plus tard, son amie serra des nœuds dans son dos. À chaque étirement, la blondine avait la sensation de suffoquer. Une fois que Shina eut terminé, l'élégante fleur s'observa avec inquiétude.

      Elle avait l'impression que le jupon de la robe blanche en tulle bouffante était trop court pour elle. Le bustier en dorure écrasait sa poitrine, la mettant un peu trop en valeur. Bon sang, elle avait l'impression d'être nue. Shina se pointa dans son dos pour lui donner un dernier coup de grâce.

      — Qu'est-ce que...

      — Tu es l'ange de la soirée, alors tu dois porter ces ailes, elle lui dit.

      — Oh. Mon. Dieu, s'exclama Ran. Tu es sublime, Lys !

      — Un ange tombé du ciel, ricana Yena. 

      — Ça va, ta chute n'était pas trop douloureuse ? se moqua Won-Ki.

      Lys leva les yeux au ciel et vit d'autres élèves de leur fac débarquer dans un brouhaha.

      — Attendez, que...

      — Il est l'heure, faut qu'on se dépêche ! lança Yena toute excitée.

      Lys n'eut le temps de comprendre ce qu'il se passe ni protester qu'elle fut emportée à l'intérieur de l'établissement, suivie par des paires d'yeux qui semblaient la dévorer du regard.

      Elle était sûre que c'était une farce de Shina, qui aimait la mettre dans des positions embarrassantes, répétant souvent qu'elle devait arrêter de se priver de rigoler, et de cacher ses formes sous des tas de tissus inutiles, même s'ils n'étaient pas si généreux que ça.

      Depuis qu'elles se connaissaient, Shina avait toujours été ouverte d'esprit et libertine.

      Lys fut engloutie par une chaleur insoutenable, la musique tambourinant dans ses tympans. Elle se faufila parmi certains clients, passant entre des hommes tant bien que mal avec les ailes, et entendit des sifflements désagréables à son égard, ou une main baladeuse sur sa fesse qui la fit grogner.

      — Va te faire mettre une, trou de balle, elle lui cria, faisant perdre le sourire de ce crétin. Putain, voilà ce que ça fait de fréquenter une dégénérée, elle souffla vis-à-vis de sa meilleure amie.

      Si sa mère la voyait dans cette tenue, parler vulgairement, elle aurait eu un infarctus. Certes, Lys était majeur et vaccinée. Mais elle a toujours grandi dans le cocon de ses parents qui la protégeaient constamment de tout danger. Surtout des hommes malveillants qui chercheraient à vouloir lui voler sa fleur, disait sa génitrice.

      Shina avait imité une expression de vomissement. Lys avait dû plaquer sa paume contre ses lèvres afin de lui empêcher de dire le fond de sa pensée, vulgarisant l'idée de se faire dépuceler.

      Lys s'efforça de tirer sur le bas de sa robe, remontant par moment le haut pour cacher ses seins. Elle ne parvenait pas à trouver ses amis qui étaient censés lui donner des instructions.

      Ses prunelles couraient de partout. Yena surgit de nulle part et lui tendit un verre, lui disant de trinquer. Elle la vit boire cul-sec et la força à faire la même chose. Lys ne put réagir qu'un goût étrange glissa dans sa gorge. Une saveur amère la dégoûta sur le moment avant que ses papilles savourent un agrément sucré.

      Elle essuya d'un revers de main son menton où les gouttes avaient coulées. La musique venait de prendre fin, les gens applaudissaient avant qu'un chanteur ne saisisse le micro.

      — Merci, cher public, pour votre soutien. Ça fait chaud au cœur de vous voir aussi enthousiastes. Mais à présent, je vais devoir laisser ma place à une charmante demoiselle qui a insisté pour monter sur la scène.

      Voilà que soudainement, Shina monta sur scène en prenant le micro avec un sourire, le public la regardant avec attention. Lys chercha du regard Won-Ki qui avait subitement disparu depuis son arrivée.

      — Bonsoir tout le monde, merci pour votre attention. Ce soir, je suis ici parce que j'aimerai souhaiter un joyeux anniversaire à ma meilleure amie qui est juste là-bas, fêtant ses vingt deux ans, dit-elle en la pointant du doigt.

      Les joues de Lys rougirent face à ce monde qui se tourna vers elle en sifflant pour lui souhaiter leurs meilleurs voeux. Elle avait complètement oublié que c'était son anniversaire, le 14 Février.

      — Lysana Moon, lorsque je t'ai rencontrée pour la première fois, on était des collégiennes. Et ma première impression sur toi, c'était de penser que tu étais une garce hautaine et froide que je voulais noyer.

      En croisa ses bras, un sourire espiègle longea ses lèvres roses pêches, face à sa révélation.

      — Mais je me suis dit que je n'allais pas juger quelqu'un juste pour son apparence, comme toi tu ne l'as jamais fait à mon égard durant ces années de connaissance.

      Même si cette dernière pouvait se comporter souvent comme une garce et ne faisait qu'à sa tête, les deux jeunes femmes détestaient se prendre la tête.

Devant les autres, Shina cachait ses vraies émotions, elle mettait un masque pour empêcher les autres de la cerner. Alors qu'avec Lys, elle avait toujours été attentionnée et protectrice.

      — Et sache je te fais aveuglément confiance, car j'ai eu des amis qui m'ont fait souffrir. Mais elles n'étaient que poussière devant toi. Notre amitié est si simple. Tu es quelqu'un d'étonnement compatissante et honnête. La plus rationnelle que je connaisse d'ailleurs. En ta présence, tout est si exaltant, parfois j'me dis devenir lesbienne pour pouvoir me caser avec toi, mais j'suis putain d'hétero.

      Lys lâcha un rire émouvant, et entendit les autres en faire autant par sa plaisanterie.

      — Alors j'veux que tu profites de cette fête. Que ce jour de ta naissance, le jour des amoureux, tu sois entourée d'amour. J'veux que tu trouves l'homme de ta vie, celui qui saura te chérir. Dans le cas contraire, je le castrerai, alors faites gaffe à vous les mecs.

Des rires fusèrent quand elle les pointa.

— Joyeux anniversaire mon ange, continue d'apporter autant d'éclat de soleil dans les coins les plus sombres de notre vie !

      — Joyeux anniversaire ! crièrent-ils tous, certains en levant leur verre.

      Personne ne s'en serait douté que Shina ferait un tel discours puisqu'elle n'était pas du genre à afficher ses sentiments.

À sa grande surprise, des musiciens jouèrent une musique que son amie se mit à chanter comme Marilyn Monroe, "Happy Birthday". Les clients se mirent à huer car elle n'avait aucun talent. Lys éclata de rire avec Yena et Ran la voyant faire des expressions exagérées insultants tous ceux qui se moquaient d'elle.

      Quand elle finit de casser les oreilles du public, la noiraude descendit pour rejoindre Lys et la serra fortement dans ses bras, et reçu des tonnes de remerciements de sa part, voir même des petites larmes provoquée par son émoi.

      ㅡ Bon ça suffit de pleurer ici ! vint de les interrompre Ran. On va faire la fête les filles c'est l'anniversaire de notre petit ange !

      ㅡ Ouais, faut qu'on se saoule et qu'on porte un toast, leva Yena son verre. Vive les célibataires !

      ㅡ Ta gueule, j'veux pas être célib toute ma vie connasse, porte pas la poisse comme ça, grogna Shina. Buvons un coup pour l'amitié plutôt !

      Shina força Lys à avaler une boisson douteuse qu'elle s'en s'étouffa. Les filles éclatèrent de rire tandis que la blondine les gronda pour avoir failli la tuer.

      Elles coururent après elle pour lui dire de se lâcher tandis que ses joues commençaient à devenir chaudes à force de boire des shots soi-disant inoffensifs.

Lys ne voulait pas leur refuser de profiter de la fête qu'elles lui avaient organisées de bonne foi, alors, pour leur faire plaisir, elle but avec elles jusqu'à en perdre la notion de ses pensées.

      Ses amies l'emmenaient vers la piste de danse. Elle avait aperçut Won-Ki au loin en train de parler avec des hommes à l'étage, mais ne fit pas plus attention.

      Lys aimait danser, elle se laissa entraîner dans leur exaltation. Ses copines faisaient des mouvements sensuels et parfois vulgaires, la faisant rire.

Elles se mêlaient à la petite foule, la blanchâtre sentant déjà la chaleur recouvrir sa peau. Et voilà qu'une musique déclencha quelque chose en elle. Un titre qu'elle avait en playlist : Mami, chanté par une artiste espagnole Paloma Mami.

      Le temps passait, les verres circulaient sous ses lèvres téméraires, la poussant à hurler sur un comptoir et à danser ivrement dessus, acclamé par le public, mouvant son corps dans tous les sens.

      En se balançant doucement de droite à gauche à la orientale, fermant ses paupières, essayant de saisir cette vibration qui parcourait son anatomie. Cette énergie qui se déversait dans ses veines, elle percevait ses particules s'enflammer.

      Lys souleva ses bras, gesticulait sensuellement, touchant son cou, mouvant sa tête, basculant des hanches, se permettait de ressentir la mélodie jusqu'à la moelle, qu'elle finisse par la contrôler. Elle devenait ivre simplement en l'écoutant, sentait chaque combinaison instrumentale cogner dans son ventre, émoustiller son organisme.

Glissant sur le comptoir à genoux, elle fit onduler son bassin, secouant sa tête et ses cheveux, avant de marcher à quatre pattes le long du comptoir, où des hommes soulevèrent leurs bras pour la frôler. Elle leur tendait les verres que le barman lui confiait, avant d'en avaler quelques-uns.

En renversant un récipient vide sur la tête, elle cria, ce qui déclencha une émeute d'exaltation. Elle se redressa en caressant son corps. Seul, savourer ce moment était important, épanchant sa volupté au rythme de cette chanson, brûlant au contact de la chaleur qui l'abritait. La cadence démesurée faisait oublier tous ses problèmes pour un instant.

      Et quand elle leva sa tête, repoussant ses cheveux blancs, elle croisa le regard d'un homme à l'étage au-dessus, penché contre la rambarde en metal d'un balcon, à l'observer, les bras dessus. Il la dévisagea alors que sa poitrine trépigna par son regard pénétrant.

      Son sang lui brûla les veines, et ses joues se couvrirent d'honte. Elle aurait dû s'arrêter, elle aurait dû prendre peur de le voir l'observer aussi indécemment. Et pourtant son corps ne l'écouta pas. Elle bougea ses épaules, ses doigts glissèrent dans ses cheveux, sa tête se renversa en arrière.

       Elle se sentit consumée par ces deux sphères qui ne la quittaient pas de vue. Sa main découvrit sa gorge, descendant le long de sa poitrine, retraçant sa taille. Et malgré son envie d'éviter les prunelles qui l'avaient pris en chasse, elle leva ses orbes et vit une image qui émoustilla ses organes.

      La langue de ce gars forma une bosse dans sa joue, et quelque chose percuta son bas-ventre, quelque chose de très mauvais. Pourquoi son anatomie réagissait-elle à son regard certainement pécheur ?

      Pourquoi son cœur se grisait-il autant ? Était-ce à cause des boissons énergisantes qui parcouraient désormais ses veines et boostaient son taux d'adrénaline ? Ou bien son âme révoltée dans ces conditions bacchanales voulait-elle pécher ? Il chantait, il lui hurlait de savourer la tentation qui déferlait en écho contre sa peau.

      Ran s'approcha du bar où elle était encore debout et lui tendit son portable, signalant que sa mère l'appelait depuis un moment. Paniquée, elle descendit brusquement du comptoir en récupérant son téléphone.

      Elle chancela en s'accrochant vainement au bras d'un individu qui essaya de l'emporter dans une danse. Mais elle le repoussa tant bien que mal de la paume et s'écarta. En fourrant ses doigts dans sa crinière, elle s'élança vers les toilettes.

      En s'y précipitant, des filles se maquillèrent ou allèrent au petit coin. S'approchant du lavabo, la blondine fixa son visage, se souvenant de son comportement. Les vibrations de son portable contre sa paume la rendait nerveuse. Sa mère devait s'inquiéter car dernièrement, elle avait dû reprendre l'affaire de son père.

      Lys se mordit la lèvre, ayant honte de décevoir sa mère qui faisait tout son possible pour ne pas flancher devant elle et de préserver leurs biens, alors que celle-ci s'amuser comme s'il n'y avait plus de lendemain. Son géniteur était mort à peine deux semaines, et elle trouvait le moyen de faire la folle.

      Face au miroir, elle se demandait qui devenait-elle sous cette nuit de folie où l'humain était victime d'ivresse ? Pourquoi des pensées insidieuses d'un homme lui étant inconnu effleuraient-elles son esprit ? Pourquoi le moindre mouvement de sa bouche agitait-il son estomac ?

      Sa tête commença à lui faire mal de toutes ces interrogations qui la tiraillaient. Ses doigts se mêlèrent dans sa crinière enneigé. Elle fit les cent pas, réfléchissant à un moyen de partir d'ici. Alors elle poussa la porte et sortit. Il fallait qu'elle retrouve Shina pour lui dire qu'elle devait s'en aller.

      Sa confidente fut au second étage réservé aux membres V.I.P. Lys se fraya un chemin entre la masse corporelle pour monter les escaliers en métal. Elle se précipita à atteindre le sommet et, de loin, elle la vit se trouver dans un box avec cinq hommes assis face à face sur deux canapés en cuir noir. La table occupée par des verres en cristal et des cendriers, ainsi que des jeux de cartes et de l'argent.

Son cœur fit des sauts bruts dans sa poitrine, ça semblait un peu tendu vu les expressions austères échangés entre eux. Mais elle craignit plus pour le sort de sa meilleure amie qui avait le don d'être mêlée à des situations périlleuses. Alors prenant son courage à deux mains, elle la rejoignit.

À une foulée de pas, elle se retrouva à ses côtés, sans se laisser troubler par les regards de prédateurs qui vinrent subitement se poser sur sa personne trop exposée pour se rincer l'oeil.

      ㅡ Shina, on se tire d'ici, elle gronda.

Lys l'attrapa par le poignet pour la soustraire de cette mauvaise ambiance. Mais un des gars saisit son bras pour l'en empêcher.

      ㅡ Où tu comptes l'emmener ma jolie ? vint-il de ricaner. Tu devrais peut-être nous rejoindre ? En plus, t'as un physique très exotique.

Agacée par sa remarque hyper déplacée et raciste, elle retira son bras qu'elle frotta vigoureusement afin d'effacer la trace de ses sales pattes. Elle se retenait de l'insulter, pour ne pas envenimer la situation.

Hé, mais c'est la fille qui dansait sur le comptoir ! remarqua un des types. Joli déhanché, tu nous le refais ?

      — T'es pas d'ici, poupée ? Laisse-moi deviner, un chauve avec des tatouages sur le crâne la relooka de la tête au pied. Slave peut-être ?

Il consulta d'un regard ses acolytes en riant de sa stupide déduction.

Elle a bien la peau blanche, je dirai Russe, fit un clin d'oeil un autre.

      — J'ai entendu dire que les gonzesses de Russie sont plutôt bonnes, lâcha un commentaire, un certain connard bien baraqué.

En croisant le regard de tous ces hommes qui n'auguraient rien de bon au vu de leurs regards lubriques, elle leva son menton. Refusant de se montrer intimidé par ce genre d'individu.

      ㅡ Пошли вы все бля на хуй (Allez vous faire tous foutre), dit-elle en russe.

C'est qu'elle nous provoque la p'tite Poutine de mes deux, passa un mec sa langue sur la lèvre, excité.

— Shina, qu'est-ce que tu fous ? supplia-t-elle son amie du regard de bouger.

      Lys pensa qu'elle était terrifiée car son corps était crispé et le sien tout autant, mais elle ne bougea pas d'un centimètre.

Décidément, sa fête virait au fiasco, et elle ne se semblait pas spécialement en sécurité. En sortant son portable, Lys appela Won-Ki pour avoir au moins quelqu'un d'autre de raisonnable à ses côtés. Mais ce crétin ne répondait pas.

      ㅡ J'vais lui montrer de quel bois j'me chauffe quand on parle de ma pote avec ta sale bouche de blaireau, confia Shina.

Pas le moindre du monde offusqué par ses propos, ils se mirent tous à rire à l'unisson. Comme s'ils assistaient à un putain de cirque.

      ㅡ Et y a qu'avec du bois que tu peux être chauffé ? fit la remarque un pervers. J'peux le faire aussi s'tu veux. Ça tombe bien, mon bonhomme est en manque, il attrapa son membre à travers son pantalon.

      Lys ne comprenait toujours pas pourquoi elles perdaient leur temps avec ce genre d'énergumène vulgaire qui ne se remettront jamais en question.

Shina était gonflée à bloque et son arrogance lui coutera cher si elle n'arrête pas de chercher les embrouilles, car elle s'ennuie trop, parait-il.

Du calme fétichiste des parties génitales. J'suis pas là pour faire carburer tes fluides hormonaux, elle lança, mais pour te foutre une raclée, alors, tu distribues ? Ou t'as peur qu'une gonzesse te foute la honte, mon p'tit ?

Oh non, Lys reconnut le brasier dans son regard, quand elle était déterminée, il était difficile de la raisonner.

Ce rassemblement de beauf se mirent à rire alors que l'homme aux traits asiatiques qu'elle défia, celui-même qui avait des tatouages sur son crâne rasé et le reste de sa peau caché par un costume endimanché, contracta sa mâchoire carrée.

— Allez viens-là toi, réchauffe-moi plutôt.

La main d'un des connards balafrés saisit la taille de l'ange pour la faire asseoir sur ses cuisses. Il avait visiblement lâché son dévolu sur elle.

Lys se releva. Et une gifle décolla violemment à son insu. Sur l'instant, ce réflexe la surprise comme celui qui avait reçu sa bénédiction d'aller se faire foutre.

Un silence pesant s'installa, cherchant à savoir qui fera quoi à ce moment d'ouverture à l'hostilité.

Tu te prends pour qui espèce de tocard ? elle s'énerva. J'suis pas ta pute, alors réchauffe-toi les couilles ailleurs.

Même Shina n'étant pas avare d'un langage remplie de verdeur, restait bouche bée face à sa repartie. C'était l'alcool qui agissait sur son courage, c'est sûr.

Un éclat de raillerie se suivit, accompagné d'expressions ahuris, encourageant leur pote à réagir devant une minette, sinon c'était la honte.

      L'homme dont la marque de doigts sur la joue brûla avec intensité, la toisa d'un regard meurtrier.

Petite salope ! J'vais t'en-

Shina saisit un couteau suisse qu'elle pointa sous la gorge de type qui alla se hisser. L'homme leva les paumes en l'air mais ne fléchît même pas. Il constata le degré de la situation. Comme si, c'était une routine pour lui, de se faire aborder avec une arme.

Il était sûrement confiant car ses collègues le soutenaient toujours dans tous les cas. Lys aperçut des mains se diriger vers leur ceinture, et faiblement une lumière des projecteurs qui tournaient dans tous les sens éclaira ce qui s'y cachait.

« Des flingues putain », elle pensa.

Prise par la panique, la blondine essaya de calmer son amie, sous le regard furieux des gars avec leurs têtes de mafieux. Elle récupéra difficilement l'arme de ses mains en la forçant à la lâcher.

Fais pas de connerie Shina, ils sont armés putain, elle murmura. Allez on s'en va !

Vous n'allez nulle part, grogna le chauve en se levant. Vous pensiez vraiment pouvoir venir ici avec votre grande gueule et partir sans en payer le prix ?

Lys sentit son pulse bourdonner dans ses artères, la peur commença à grimper quand il voulut la saisir par le bras pour la trainer. Elle hurla de la lâcher en remuant ses membres, alertant certains clients qui leur jetaient des coups d'oeil sans même intervenir.

« Merci la solidarité », songea-t-elle en voyant qu'ils détournèrent le regard. Shina s'empressa de l'aider à se défaire de son emprise. Mais l'homme chauve la souleva par la taille en lui murmurant à l'oreille ce qu'il lui fera dans son lit. Et du crachat atterrit sur sa figure.

Alors que l'hôte de cette soirée d'anniversaire tapa ses pieds contre le sol, pour que le gars baraqué dans son dos la lâche, sa main d'un mouvement erratique donna un coup de couteau le long de sa joue.

Il finit par la lâcher si fort qu'elle se retrouva jeté sur le sol, lui arrachant un cri. Sans perdre du temps, Lys se releva pour analyser ses dégâts, la main trembla par son geste incontrôlé mais qu'elle ne regretta pas.

Le connard se toucha la peau et vit un liquide cramoisie s'étaler sur ses doigts. Il attrapa un plateau en argent pour vérifier l'ampleur que prendrait l'entaille. Elle devait faire juste dix centimètres. Mais cela suffit pour le rendre fou de rage.

Espèce de pute ! il hurla.

Sa main alla lui renvoyer l'ascenseur pour toute la colère qu'elle avait regorgé en lui.

Qu'est-ce que vous foutez putain ? vint de grogner quelqu'un dans son dos.

Un ton féroce. Une paume en suspense. Des souffles coupés. L'adrénaline à son comble. La musique tambourinant. Et tout le monde dans ce box s'immobilisa.

      Au son de cette voix profonde qui frappa Lys, elle eut des frissons. Les visages des hommes pâlirent, semblable à avoir vu un chien de l'enfer venu arracher leur âme. Aucun d'eux n'osaient même se justifier.

En pivotant doucement pour voir qui leur a fait une si grande frayeur, au point de se soumettre à la pression palpable qu'il provoqua avec une seule phrase, les orbites de la blondine se dilatèrent. Elle reconnut immédiatement le gars qui l'avait observé plus tôt, quand elle dansait sur le comptoir.

Celui-ci retroussa son pantalon, tout en attachant sa ceinture. Ayant certainement eu une activité très stimulante avant d'avoir été interrompu par ce grabuge. Il s'avança vers ce tohu-bohu.

Son regard passa sur chacun des individus, avant de retrouver celui d'une Lys essoufflée, des mèches de cheveux se rebellant sur son visage alors qu'elle soufflait dessus avec ses jolies lèvres gonflées et roses pêches. Sa poitrine était exposée au grand dam de sa pudeur, se relevant et s'abaissant par sa respiration saccadée.

Il la trouvait foudroyante, trop pure pour ce monde de débauché. La prunelle du jeune homme suivait le mouvement de sa bretelle glissant le long de son épaule blême, irradiant en lui un nouveau désir qu'il étouffa d'un grognement bestiale.

Il frotta sa lèvre inférieure du majeur, car elle avait réussi à astiquer sa curiosité. Tandis que Lys déglutit en se rendant compte de l'effet que ce geste faisait à son corps.

La tension artérielle monta en flèche quand elle le dévisagea avec une certaine fascination, ce qui serait impoli dans des circonstances plus courtoises.

De près, ce gars fut diablement beau, rien à voir avec un physique typique d'un coréen. Comme s'il venait tout droit d'un désert brûlant, peut-être même du pandémonium. Une créature des bas-fonds, forgé par la pire des espèces.

Sa peau halée, scintillante de sueur, offrait un contraste parfait avec la pâleur extrême de Lys. Le contour de sa mâchoire tracé, marquait sa vigueur. Et un corbeau de jais déployant ses ailes était tatoué sur sa gorge, affriolant l'étudiante.

     Le jeune homme arborait de splendides longs cils bruns et une crinière noir ondulée, qui dissimulait en partie son iris gauche charbonneux. Et son oeil droit atteint d'une cécité était recouvert d'une couleur grise, renfonçant chez lui, une aura écrasante.

      ㅡ Tu cherches des problèmes, mon ange ? il lui demanda d'un calme intimidant.

Ce timbre rocailleux et velouté désignait des yeux, le couteau qu'elle serrait encore dans sa main. Une sensation ardente s'enracina dans sa chair tendue et entre ses cuisses qu'elle compressa.

Son accent de Daegu dont elle raffolait en général, défiait la gravité de son corps. Mais elle choisit de l'ignorer, s'interdisant de montrer qu'elle était intimidée par sa carrure.

      — Seulement si tu veux en trouver, mon corbeau, elle nargua son égo.

« Ta gueule Lys ! » sa conscience lui hurla en écho, mais la stupidité avait ses raisons que la raison ignorait.

       Un sourire très faible éclot à l'extrémité des lèvres épaisses de ce bourreau. Il semblait accepter cette bravade à l'instar du courage d'une effrontée, et baissa son visage pour manipuler la bague sur son doigt recouvert d'un symbole de fleur de lys.

Il agita sa langue sur le coin de sa lèvre inférieur qu'il fit rouler entre ses dents, preuve de son irritation. Lys trouva cet acte dévastateur.

Et quand il effaça lentement les centimètres qui les séparaient, elle ferma involontairement sa bouche. Son corps imposait le respect sans qu'il en fasse l'effort, ajoutant un sentiment de malaise.

      — Oh, il arqua un sourcil. Tu joues les durs, huh ?

Sa question amplifia une intensité qui contint une menace implicite.

T'es sûre de toi, Blondie ? son timbre profond et enroué respirait le péché.

« Non » elle n'eut l'audace de rétorquer, possédant dans les veines trop d'orgueil pour se laisser marcher.

Il lui prit de sa paume, qui tremblait encore, le couteau. Et le contact de leur peau fit électrocuter toutes ses fibres musculaires. Ses doigts embrasaient périlleusement les siens, provoquant une tempête au creux de son estomac déchainé de sensations.

À travers ce simple toucher, elle perçut une force avec laquelle, elle ne pourra pas se mesurer. Cette muraille qui se tint devant sa petite personne, était l'illustration même de son impuissance.

Les hommes à l'arrière étaient bizarrement trop calme, à l'attente d'un geste, d'une action, d'un ordre qui engendrera quelque chose. Même Shina était pétrifiée par l'aura animalier qu'il dégageait.

Ce pourrait-il que cet être balafré par les tourments de la vie était leur chef ? Si ce fut le cas, en comparaison à ses sbires défectueux, il ne devait pas être un exemple de vertu.

Quand il leva sa tête vers ses hommes, elle sentit un gros poids se soulever de son corps. Ce petit moment de répit lui permit d'expirer discrètement. Lys ne supportait pas de devoir soutenir plus longtemps son regard qui était comme l'épée de Damoclès au dessus de sa tête, écrasant sa respiration.

      ㅡ Les gars, lâchez ces petites greluches qui pissent encore dans leur lit, dit-il.

Un feu fit rage dans sa gorge qui la démangeait, offusquée de ce qu'elle venait d'entendre. Elle tremblait d'honte, non, de fureur qu'il ose la réduire à une gamine se faisant encore dessus.

Néanmoins, ce n'était peut-être pas complètement faux, si seulement elle lâchait prise, une flaque jaune se formerait déjà sous ses chaussures.

Si vous voulez tirer votre coup, allez plutôt chercher des gonzesses qui vous mettent au défi.

      Certains ricanèrent nerveusement en se mettant d'accord avec ses mots. La crainte circulant dans les veines de Lys fut plus forte que son envie de cracher une répartie bien placé, supprimant immédiatement son air narquois.

      Si ce gars côtoyait des types armés, alors il pourrait s'en prendre à elle à la moindre réaction. Elle se peinait de rester debout, accrochant ses propres doigts crispés au bas de sa robe.

Won-Ki qui revenait d'un long couloir menant vers un lieu loin d'être « candide », aperçut les filles dans une position extrêmement dangereuse.

Et ce qui l'interpella dans cette situation, c'était surtout cet homme aux stigmates qui fit débrider son rythme cardiaque. Il semblait le reconnaître et sa présence ne présageait jamais rien de bon. Il accourut vers ses amies pour saisir brusquement la main de Lys et le bras de Shina, grognant par le contact.

      ㅡ On s'tire ! leur ordonna-t-il, en crispant sa mâchoire.

      Lys ne put s'empêcher de regarder en arrière, captivé par ces pupilles qui la dévisageaient. Quelque chose lui disait que si elle avait provoqué d'avantage cet homme, elle en subirait le courroux.

Envole-toi très loin mon ange, ou ton corbeau va te rattraper, il laissa échapper tout droit de ses pensées.

C'était sûr maintenant. Il n'était pas juste un simple type lambda virulent, au vu de sa façon à jongler le couteau entre ses doigts, de ses cicatrices belliqueuses et ses mauvaises fréquentations. Il était quelqu'un de sanguinaire à qui il ne fallait pas chercher de noise.

Et ce rictus carnassier qu'il exhiba avec fierté sur ses lèvres charnues n'avait rien d'humain, il ne reflétait qu'une folie ravageuse, ce qui la terrifia.

Il déclencha chez Lys un étrange déclic, une alerte, un vacarme incessant qui vociférait dans ses oreilles. Elle l'entendit parcourir les particules de sa peau comme un murmure avant coureur du diable.

      Quand elle descendit les escaliers à la hâte avec sa meilleure amie afin d'éviter de se faire tuer pour son arrogance, espérant qu'il ne cherchera pas à se venger ; l'homme basané la suivit des yeux, se rapprochant doucement de la rambarde.

      — Taehyung, tu viens ? demanda un des types pour le ramener à leurs affaires.

      — Ouais, il vit son ange disparaitre dans la foule. J'arrive...


      Il commençait à se faire tard.
      Et son anniversaire avait pris fin. Shina s'était excusée devant elle d'avoir failli mettre sa vie en danger, gâchant la fête par la même occasion, et Won-Ki lui jura de se rattraper pour avoir disparu en la plantant. Et sur des excuses et « c'est pardonné » car elle n'avait pas la force de les engueuler, ils se quittèrent après avoir déposé Lys à quelque pas de sa maison. Quand elle s'approcha du seuil de l'entrée, les courbes de ses lèvres se tordirent, apercevant la porte entrouverte. Elle voulut dire quelque chose mais entendit un bruit étrange, un cri et des voix graves.

      Le cœur cognant fortement par la crainte, elle se rendit vers le salon en se cachant derrière un mur pour comprendre la situation. À ce moment-là, elle vit sa mère assise par terre, en larmes et les cheveux ébouriffés, le coin de la lèvre en sang et la mâchoire retenue en otage par des doigts rudes.

Un homme s'était baissé à sa hauteur en lui parlant arrogamment, disant des choses que Lys ne saisit pas au début, trop apeurée par ces trois individus ayant saccagé la pièce.

      Tout son corps réagit à la terreur, elle ne savait pas si elle devait s'immiscer dans cette dispute, ou rester cachée comme une trouillarde. Elle ne comprenait pas ce qu'ils voulaient et pourquoi ils étaient là.

      Ne voulant pas se poser trop de question, Lys serra son poing pour sortir et affronter ces types en cherchant une arme pointu. Mais le regard de sa mère tomba sur elle, et d'un mouvement discret de la main, elle lui ordonna de ne pas bouger.

J'espère pour toi salope que d'ici trois semaines, tout le fric que ton fils de pute de mari doit à mon boss sera rendu avec intérêts. Aucun retard, tu m'as compris ? Sinon, ta fille deviendra notre petit jouet et toi tu serviras comme bouche-trou pour les chiens.

     Un sourire carnassier suivit ses propos, étant soutenu par des rires. Cela eut le don de provoquer les nausées de Lys.

      — Trois semaines ni plus, ni moins.

Il se redressa en lâchant sa mâchoire si brusquement, que la mère de l'étudiante se ramassa le sol, lui arrachant un cri. D'un signe de tête, il ordonna à ses hommes de partir et Lys se cacha rapidement en se collant contre le mur, retenant sa respiration jusqu'à ce qu'ils s'en aillent.

      Quand elle s'assura qu'ils étaient partis, elle courut aux pieds de sa mère pour la relever, la peur s'emparant de sa raison.

Maman, qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Tu-Tu... ils t'ont... violée ?

Non... Ne t'en fais pas.

     Sa maman se hissa difficilement du sol avec son aide, et arrangea son apparence en essayant de garder son flegme habituel.

Olga Lebediova Moon n'était pas du genre à afficher ses émotions ou la panique. Elle avait grandi dans un milieu où il fallait survivre, où la douleur et la souffrance avait forgé son esprit. Ce n'est pas des enfoirés d'hommes venus saccager sa demeure qui la ferait peur.

Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Pourquoi ils étaient là et ont tout retourné ?

Lys... elle se pinça la lèvre. Je dois t'avouer quelque chose.

      Cette phrase n'était jamais bonne à entendre. Il y avait toujours une merde qui suivait. Dans les films ou les livres, les mauvaises nouvelles commençait toujours avec « Je dois t'avouer quelque chose ». Et le monde finissait par être chamboulé.

Plus rien ne redeviendrait comme avant. Lys avait peur d'entendre les mots qui allaient s'échapper des lèvres faiblement ensanglantées de sa génitrice.

Ton père était mêlé à du blanchiment d'argents.

      Voilà, son cerveau n'a même pas eu le temps s'assimiler que Lys écarquilla les yeux, interdite. L'information tourna, mais il manquait des éléments pour compléter le processus intellectuel.

      — Jae Chan, elle déglutit de douleur, travaillait avec des hommes appartenant à un clan nommé Cerberus. Quand ils ont appris son décès, ils sont venus récupérer tout ce qu'il leur devait. Ce sont des gens malhonnêtes.

      La soirée ne pouvait pas se terminer de manière plus chaotique. Lys fourra ses mains dans les cheveux. N'arrivant pas à réaliser que ça lui soit tombé dessus comme ça.

     Alors qu'il y a à peine une heure, elle dansait sur un comptoir adulé par le public et des ordures ont failli l'agresser sexuellement. Et un homme effrayant avait réussi à la troubler malgré elle.

« Joyeux anniversaire Lys », la pensée se forgea en elle, et un rire nerveux lui échappa.

      En fait, elle ne savait pas quoi dire, ces événements qui ce sont enchaînés étaient trop frais, trop dur à assimiler pour un soir.

      — On allait faire faillite, ton père cherchait un moyen de nous garder sur la surface et visiblement, il a choisi la mauvaise voie. Je n'en savais rien... jusqu'à ce que...

      Elle attrapa une bouteille d'alcool encore intact pour se verser dans un verre le maigre contenu, dans l'espoir d'étouffer sa raison.

      — Les commissaires aux comptes ont découvert les registres des finances et ont réquisitionnés tous les biens que nous disposons. On a perdu l'agence, les voitures, la maison. Nous devons rembourser les fonds à l'état car tout ce qu'on possède provient des activités criminelles de Jae Chan. Nous avons jusqu'à demain pour déménager au plus vite.

      Lys posa son cul sur un tabouret, complètement ébahie par ce deuxième problème qui vint de la faire tomber de haut. Elle était désormais démunie de toutes richesses et d'un toit, en un seul putain de soir.

Mais pourquoi ? la lèvre de Lys trembla. Pourquoi il s'est mêlé dans ce genre d'embrouille ?!

Sa mère trop assommée par la fatigue et cette réalité qu'elle essayait de digérer, finit par poursuivre.

Ton père faisait tout ça dans le but de t'offrir une belle vie. Ils payaient tes études dans l'une des meilleurs universités pour que tu ne te fasses pas oppresser par la société d'aujourd'hui, exauçant le moindre de tes souhaits. Je suppose qu'il ne voulait pas te voir triste, sachant que tu as toujours eu des difficultés pour t'intégrer dans la société. Pour lui, l'argent était le seul moyen de te garder à l'écart d'un mauvais traitement, j'imagine. Et puis toi non plus, tu n'étais pas une enfant facile.

La blanchâtre ne put s'empêcher de laisser un sourire irritable lui échapper, fixant le plafond pour demander à Dieu, pourquoi tout à mal tourné.

      — T'es en train de dire que c'est ma faute qu'il a décidé de bosser pour des putains de gangster ou je ne sais ce qu'ils sont ?

      — Surveille ton langage Moon Lysana Lébédiova !

      Voilà qu'elle prononça son nom complet russe pour dramatiser un peu plus la situation, comme si elle ne l'était pas suffisamment.

      — Ne mets pas tout sur mon dos, elle crispa sa mâchoire. Ne me fais pas passer pour la petite fille gâté alors que les décisions que vous preniez avec papa, ne m'appartenez pas. Vous auriez dû m'en parler. J'étais suffisamment grande pour comprendre que je ne devais pas déboursé cet argent. Si je l'avais su, je... J'aurai refusé qu'il...

      Lys sentit sa gorge se nouer, et ses yeux se brouillèrent par des larmes qu'elle voulait retenir.

Il ne voulait pas que tu t'inquiètes de tout ça. Il pensait pouvoir tout gérer, mais au final... La tension et la pression l'ont tué.

Lys était bouleversée par toute cette histoire. Maintenant, elle se sentait responsable. Si elle n'était pas venue au monde, son père qui la chérissait comme la prunelle de ses yeux, n'aurait pas à faire de tels sacrifices.

Peut-être que leur vie aurait été mieux sans son existence, puisqu'elle demandait toujours trop.

Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Ils ont dit trois semaines. Ils vont donc revenir, rappela-t-elle. Faut appeler la police et-

Crois-moi, ça va empirer notre situation. T'en fais pas, tout ira bien, je me chargerai de régler ce problème.

      C'était faux, et elles le savaient toutes les deux. Mais c'était le seul moyen de ne pas flancher. Sa mère a toujours su rester stoïque dans toutes circonstances.

Combien on leur doit ?

Lys, je t'ai dit...

      C'est sûr, beaucoup au vu de sa manière à éviter la question et de détourner le regard.

Combien maman ?!

Je... Je leur ai déjà donné une certaine sommes pour l'avance. Maintenant il nous reste à payer un million d'euro.

      Elle crut avoir mal entendu, ce qui fit brûler ses veines d'une chaleur insupportable.

U-Un million ? bégaya Lys. Oh mon dieu... Où va-t-on trouver une telle somme en si peu de temps ? C'est impossible !

Elle se couvrit la bouche de la paume, trop chamboulée par la nouvelle avalanche.

Je t'ai dit que je vais m'en occuper ! Concentre-toi sur tes études d'accord ?

Lys attrapa ses épaules, essayant de ramener sa mère à la rationalité de la situation.

Non, maman, on est dans la merde ! elle la secoua légèrement. Tu crois qu'avec l'idée qu'un gang reviendra pour nous vendre à l'esclavage, je serais tranquille ?! On arrivera jamais à rassembler cet argent puisqu'on a plus rien à vendre ! Papa nous a mis dans une situation extrêmement merdique, comprends-le à la fin !

Je sais... se mit-elle à pleurer à chaudes larmes.

Et voilà qu'elle avait craqué. Olga ne pensait pas qu'elle finirait par devoir revivre une vie misérable à laquelle elle avait échappé.

Lys se pinça la lèvre en s'en voulant d'avoir prononcé des mots durs qui avait même brisé sa mère. Elle la prit dans ses bras en laissant les larmes de sa génitrice perler sur sa robe.

      Trois semaines, trois semaines seulement pour ramasser un million d'euros. Elles n'avaient plus de maison et allaient devoir trouver un loyer et du travail pour se sortir de là. Dans le cas où elles échoueront, elles deviendront esclaves d'un avenir désastreux.

      — T'en fais pas maman. On trouvera une solution. Toi et moi, on va y arriver, d'accord ? elle essaya de rassurer sa mère qui hocha la tête.

Alors que c'était un mensonge qui les bercerait pour cette nuit. Lys fut affolée quand la réalité la fouetta en plein visage. Elle préféra le cacher, bien profondément.

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Je sais que ça fait un peu cliché et tout mais c'est un peu différent de ce que vous imaginez, les apparences peuvent être trompeuses.

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