🆇︎🅸︎🆅︎. .𝑈𝑛 𝑐𝑜𝑖𝑛 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑛 â𝑚𝑒

Je ne sais pas trop pourquoi j'ai accepté de venir. Peut-être que c'est après avoir vu la mine triste de ma mère, cette petite lueur d'espoir qui brillait dans ses yeux alors que je m'excusais pour mes compliments sans enthousiasme, que j'ai finalement cédé. Mon père ne voulait pas y aller, tout comme SeokJin, et ma petite sœur était chez une amie pour la nuit. Mais ma mère avait acheté des billets pour une représentation de danse classique du « Lac des cygnes » et j'ai voulu lui faire plaisir. La joie dans ses yeux quand je lui ai proposé de l'accompagner m'a fait plaisir.

Pourtant, maintenant, assis dans cette salle pleine à craquer, je commence à regretter d'être venu. Les rangées de sièges sont bondées de visages rivés sur la scène. Nous sommes assis au troisième rang, ce qui est assez près de la scène, et je me sens un peu dépassé. C'est la première fois que je mets les pieds dans un endroit comme celui-ci. Ou peut-être que j'y ai déjà été, avant mon enlèvement, mais aucun souvenir précis ne refait surface. Tout ce que je sais, c'est que mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, inquiet de cet engouement soudain qui m'entoure.

La lumière diminue lentement, et l'excitation dans la salle est palpable. Je vois ma mère, les yeux pétillants d'anticipation, et cela ajoute une dimension à ma nervosité. Je sens les mains moites, m'accrochant à mon siège, et je craindrais presque que ma présence ici ne soit pas à la hauteur de ses espérances. Mais alors que le rideau se lève, une vague de silence s'apaise.

Le ballet commence, et je suis immédiatement fasciné. Les danseurs, vêtus de costumes éclatants, entrent sur scène comme une vision émergente de la réalité. Chaque pas qu'ils effectuent, chaque mouvement, est empreint d'une grâce presque irréelle. Ils semblent flotter, comme s'ils défiaient les lois de la gravité. Mes soucis s'évanouissent peu à peu alors que je regarde ces corps se mouvoir à une telle vitesse qu'ils me donnent l'illusion d'un vol, comme si, un instant, ils pouvaient s'élever au-dessus des murs de cette salle.

Les premières notes de musique grondent, les violons s'élèvent avec une telle intensité, et je sens que mon cœur s'emballe encore plus. Je suis frappé par la beauté de ces silhouettes qui se déplacent harmonieusement. Une danse de cygnes apparaît, et une femme accuse d'un cri léger, emportée dans le tourbillon de l'existence. Ses bras s'étendent comme des ailes, le mouvement impeccable dessinant une fresque vivante sur scène.

Je pense souvent à la liberté, un concept si exaltant, mais parfois si douloureux. La liberté, cet idéal, s'affiche tel un ciel azuré, enchâssé de promesses. Mais qu'en est-il de ceux que la vie a enfermés dans une cage dorée ? J'ai été cet oiseau, pris dans une danse inachevée, emprisonné dans un quotidien qui me pèse comme des chaînes invisibles. Et pourtant, ces danseurs y arrivent avec une telle aisance, ils voltigent dans les airs comme des anges ailés.

Je suis captivé. Chaque pirouette, chaque saut est une goutte de beauté qui touche mon âme. Mes émotions semblent vouloir déborder. Je réalise alors que la métaphore du vol devient une étoile scintillante dans ma conscience. Que serait-ce, voler ? Élever mon âme vers les cieux, fuir cette terre qui m'enchaîne. J'aimerais pouvoir voler comme eux. Comme cette fille qui vient de s'élancer dans les airs, comme ce garçon qui tourne sans fin.

Leurs mouvements m'envoûtent, et alors que je les observe, la mélancolie s'insinue en moi. Soudain, je vois un des danseurs exécuter un saut impressionnant. C'est comme si le temps s'arrêtait un instant. Je sens l'air frémir autour de moi et ma poitrine se serre. Je suis ce naufragé accaparé par une mer agitée de désirs inassouvis. Pourtant, au fond de moi, dans cette salle pleine de visages, une flamme vacille. Une lueur d'espoir, comme une douce promesse, rappelle qu'en étant enchaîné, je peux caresser les cieux à ma façon.

Les larmes commencent à me monter aux yeux sans que je le veuille. Je ressens une vague d'émotions, un mélange de tendresse et d'admiration, mais aussi de tristesse. J'en suis conscient ; chaque danse est un cri de liberté, et cette beauté me fend le cœur. Je me souviens avec amertume de toutes ces fois où j'ai senti ce désir. J'aimerais danser, sauter, et voler comme eux. J'aimerais ressentir l'adrénaline parcourant mes veines, exactement comme je le ressens dans ce moment.

Le dernier acte commence, et l'ambiance devient encore plus époustouflante. Chaque danseur se soumet à la musique et à la lumière, ses mouvements orchestrés en harmonie avec les émotions de l'audience. La représentation atteint son apogée, et je me trouve à la lisière des larmes, ému par tant de grâce. Les cygnes sautent et s'entrelacent, tourbillonnant comme s'ils étaient enveloppés d'un souffle divin.

La mélodie m'enveloppe comme un cocon doux. Je peux sentir mon cœur s'envoler, une connexion inattendue se tissant entre le ballet et mes pensées. Mes larmes commencent à couler, inondant mes joues. Les danseurs sont des étoiles, et ils vont au-delà de cette salle, au-delà de moi. Ils rendent tout cela si réels et si fugitifs à la fois.

Quand le dernier acte prend fin, le public éclate en applaudissements. Je me joins à eux, mes mains frappant avec une ardeur que je n'avais pas anticipée. Je suis ébranlé, émoussé par tant de grâce et d'énergie. La salle résonne d'échos de joie, mais pour moi, tout ce que je peux faire c'est me tourner vers ma mère, les larmes encore sur mes joues.

« Maman... » dis-je, la voix tremblante d'émotion. « Moi aussi... je veux danser comme eux. Je veux pouvoir le faire. »

Elle me regarde, une lueur de compréhension dans ses yeux. Elle a été danseuse étoile si mes souvenirs sont bons, je sais ce que la danse représentait pour elle. Même si elle a tout arrêté bien avant ma naissance. Je peux voir sur son visage qu'elle reconnaît l'éclat dans mon regard. Elle ne dit rien tout de suite, mais je sais qu'à cet instant, elle contemple la possibilité d'un avenir où je pourrais exprimer mes émotions à travers la danse, tout comme ces artistes sur scène.

« Taehyung, » murmure-t-elle, une douce chaleur réconfortante enveloppant ses mots. «Tu pourrais... Je vais t'aider. »

Je sens une vague de gratitude me submerger, essuyant mes larmes en riant légèrement. Et malgré la mélancolie qui m'a touché, je me sens porté par ce nouvel espoir qui a émergé de ce spectacle, une envie de transformer ma douloureuse histoire en quelque chose de beau.


Peut-être que, malgré mes chaînes, je commencerai à découvrir les cieux à ma manière. La danse serait mon envolée, ma façon de sortir de l'ombre, un moyen de savoir que je peux, moi aussi, voler.




°


À table pour le dîner, après notre retour à la maison, l'atmosphère est calme et particulière. Nous ne sommes que quatre ce soir, mon père, ma mère, SeokJin et moi, car Saejin passe la nuit chez son amie. La magie de la prestation de danse flotte encore dans l'air, et je me sens légèrement étourdi par ce que j'ai vécu. Chaque mouvement des danseurs, chaque saut, chaque pirouette résonnent dans mon esprit comme un écho lointain, m'emportant dans un tourbillon d'émotions.

« On pourrait l'inscrire à la Saemon Creative School, c'est une très bonne école. En plus, ce n'est pas vraiment une école comme les autres. Là-bas, des musiciens, des sportifs, des danseurs, des peintres », propose ma mère, son visage illuminé par l'enthousiasme.

J'écoute attentivement, mon cœur s'accélérant à l'idée d'une école où je pourrais apprendre la danse. Je regarde mon père, prenant une gorgée d'eau, son expression sceptique. SeokJin est silencieux à côté de moi, tout comme moi. Je m'enfonce dans mes pensées, souhaitant que ce rêve devienne réalité.

« Et les cours ? Ces genres d'écoles ne mettent pas vraiment l'accent sur les matières apprises dans des écoles normales », répond mon père, assombri par l'inquiétude.

« J'ai été dans une école spécialisée comme celle-là. On y étudie le coréen, l'histoire, les sciences, les maths comme partout ailleurs, seulement l'emploi du temps est différent. La moyenne des cours ne dépend pas seulement de ces matières, mais en grande partie de la danse, de la musique, cela dépend du domaine où tu es inscrit. De toute façon, ses profs particuliers ont dit qu'il ne s'intéresse pas aux cours. On peut aussi l'inscrire en danse puisqu'il aime cela », renchérit ma mère, battant en brèche les objections de mon père.

Je continue à manger, le regard sur mon assiette tout en gardant l'oreille attentive. Ma mère semble vraiment convaincue, mais les hésitations dans le regard de mon père me rendent nerveux. Ils discutent comme s'ils ne savaient pas que cette conversation résonnait avec mon cœur.

« Puisque tu le dis, et si c'est ce qu'il souhaite faire, alors pourquoi pas ? » dit mon père finalement, comme si sa prise de conscience se révélait. « Mais il va devoir prendre des cours particuliers de danse en attendant son inscription. »

« On pourrait lui payer un prof particulier pour la danse. Il pourrait donc apprendre les bases et, au semestre prochain, il pourra commencer à la SCS », propose ma mère, déjà enthousiaste à l'idée.

Je reste silencieux, ne trouvant pas ma voix dans ce tumulte de sentiments contradictoires. En réalité, je n'ai simplement rien à dire. Je suis assis, à moitié détaché, coloré par un mélange d'impatience et d'angoisse. L'idée de commencer la danse, de pouvoir faire comme ces incroyables artistes que j'ai vus sautant sur scène, me livre à un rêve insistant. Mais encore une fois, la peur de laisser mes désirs se construire est palpable.

Mes pensées dérivent, mon esprit commence à vagabonder. Je me rappelle du garçon de l'étang, celui qui a toujours son violon. Il vient comme une apparition dans mon esprit, apparaissant aussi soudainement que le souvenir du spectacle. Je ne connais même pas son nom, mais l'idée de le voir à nouveau me fait sourire tout en réveillant une douce impatience.

Demain, c'est dimanche. Sera-t-il là, à l'étang, à la même heure ? Que fera-t-il ? Est-ce qu'il jouera une mélodie que je ne connais pas encore ? Ou donnera-t-il à manger aux poissons comme à son habitude ? La curiosité m'envahit. J'aimerais le revoir, contempler son jeu même si nous ne nous connaissons pas. Qu'est-ce qu'il pense en allant au parc ? Peut-être qu'il ne pense à rien du tout. Je me demande s'il ressent aussi cette solitude que je vis ou s'il est libre, comme les danseurs de cet après midi.

Je me perds dans mes pensées. Je peux presque voir une image floue, celle d'un jeune homme courbé sur son violon, ses doigts glissant sur les cordes avec une telle grâce. Ce moment est devenu une bulle de répit au milieu de mes incertitudes. Peut-être que cela ne fait aucune différence, peut-être que tout cela n'est qu'une illusion. Mais l'image persiste, comme une étoile dans un ciel sombre, me tirant vers un rêve que je n'ose formuler.

Je prends une bouchée de ma nourriture sans vraiment la goûter. Les saveurs me semblent éteintes, comme si mon corps était trop absorbé par ce que je ressens, et je ne peux que regarder autour de moi. Ma mère est plongée dans la conversation, son visage éclatant d'espoir alors qu'elle me décrit une vision brillante de mon avenir. Mon père garde un air pensif, ses sourcils légèrement froncés, analysant chaque mot comme si cela allait définir mon destin.

« Taehyung ? » intervient ma mère, me tirant de ma rêverie. « Que penses-tu de tout ça ? Est-ce que tu aimerais essayer les cours particuliers de danse ? »

Je lève les yeux vers elle, pris par surprise, la chaleur de ses attentes me réconfortant malgré mon mutisme. Son regard est convaincu et encourageant, et je sens que je ne peux pas la décevoir. Pourtant, ma voix se dérobe, et je ne peux pas m'empêcher de penser à cette danse sur scène, à la magie de la performance. Mais je ne suis pas encore sûr de ce que cela signifie pour moi.

« Je... je ne sais pas », murmuré-je enfin, luttant avec mes mots. La réalité des hauts et des bas de ma vie m'emporte avec elle. Je veux essayer, je veux voler comme les danseurs, mais cette partie de moi qui a été blessée me retient.

« Ce n'est pas grave si tu as besoin de temps pour réfléchir, » dit mon père d'une voix rassurante. « Tu sais, il n'y a pas de pression. Ce sera un pas à la fois. »

Tandis que les mots de mon père résonnent dans la cuisine, je pense à l'idée que peut-être, avec le temps, je pourrai vraiment ouvrir mon cœur à la danse. Car au fond, cette envie d'apprendre, d'exprimer mes émotions à travers le mouvement, se cache dans un coin de mon âme. Je prends une autre bouchée de mon repas, l'angoisse diminuant à chaque seconde.

Une nouvelle détermination émerge lentement. Qu'il s'agisse de danser ou d'attendre cette rencontre à l'étang, je suis prêt à jouer ma propre mélodie, à voir comment je peux permettre à la créativité de me guider. La musique et la danse, peut-être, elles pourraient devenir ma façon d'échapper à la souffrance que j'ai connue.

Demain sera un nouveau jour, un jour où je pourrai essayer de saisir ces rêves, que ce soit sur scène ou près de l'étang. Et plus important encore, je pourrai envisager de découvrir ce qui pourrait vivre en moi.

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