🅸︎🅸︎🅸︎.𝑆𝑦𝑛𝑑𝑟𝑜𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑆𝑡𝑜𝑐𝑘ℎ𝑜𝑙𝑚

/!\ Double update du chapitre 3 et 4

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C'est enfin le jour. Le moment que j'ai tant attendu. Mais ce n'est pas un retour à la maison. Non, je m'apprête à sortir de l'hôpital pour me rendre au centre de détention où Jack m'attend. L'idée même me fait frissonner, mon cœur bat à tout rompre à l'idée de le revoir. Pendant une semaine, j'ai planifié ce moment dans ma tête, le chérissant tout autant que je l'appréhende.

Mes parents semblent en désaccord complet avec ma décision, leurs visages trahissant une inquiétude palpable. J'ai surpris des boutades échangées avec l'inspecteur Jung, des mots que je n'ai pas complètement compris, mais j'ai pu saisir "syndrome de Stockholm". Ce terme résonne dans ma tête, une énigme que je ne peux appréhender. Jack ne m'a jamais parlé de ce mot, et je ne sais pas ce qu'il signifie. Parfois, je fais semblant de dormir juste pour écouter les murmures, tentant de comprendre ce qui m'arrive. Ce que je comprends, c'est que, de leur point de vue, vivre enfermé et dépendre de son ravisseur m'a entraîné vers une forme d'attachement concernant Jack, et que l'idée même de vouloir le revoir est jugée dangereuse.

Mais cette connexion que je ressens à son égard, à quoi me contraint-elle réellement ? L'inspecteur dit que les choses comme ça se produisent, que le temps passé ensemble a créé un lien. Mais cette pensée m'effraie tout autant qu'elle m'intrigue. J'ai besoin de voir Jack. Ce besoin est irrationnel, mais il m'habite, comme une poussée d'air dans mes poumons.

Aujourd'hui, il fait clair, trop clair. L'hôpital est blanc et froid, le couloir m'a paru trop étroit, mais l'air circule à l'extérieur. Des lunettes de soleil m'ont été fournies pour protéger mes yeux de ce nouvel éclat. Après huit ans passés dans l'obscurité, l'éprouver est à la fois une aventure et une épreuve.

SeokJin et ma petite sœur, Saejin, sont repartis à Séoul pour retrouver leurs cours. Ils m'ont dit au revoir avec des sourires qui trahissent l'impuissance, comme s'ils avaient dû quitter un être cher en laissant un énorme vide. Je n'ai toujours pas saisi ce qu'ils ressentent, mais voir leur tristesse creuse ici quelque chose en moi.

« Tu es prêt ? » me demande ma mère, se tenant devant la porte de ma chambre. Sa voix tremble légèrement, une vibration que je perçois malgré l'écrasante émotion de ce moment.

Mon cœur s'accélère, un tambour dans ma poitrine, et je lui réponds par un hochement timide de la tête. En vérité, je ne sais pas si je suis prêt. Je suis à la fois impatient et terrifié, un mélange de curiosité et de peur. La pensée de rencontrer à nouveau le monde me submerge d'une vague de sensations. Que va-t-il se passer une fois à l'extérieur ?

Nous faisons tous face à la porte, prenant une inspiration collective. L'inspecteur Jung est devant, mes parents de chaque côté. Je me sens étriqué dans ces futures retrouvailles, comme si les murs de l'hôpital se refermaient autour de moi. L'inspecteur pousse la porte et nous sortons.

En une seconde, je suis bombardé par la lumière du jour. Les lunettes de soleil me protègent, mais il y a une intensité que je ne parviens pas à appréhender. Une vague de chaleur m'enveloppe alors que nous marchons en direction de la sortie, et je peux presque sentir la lumière se frotter sur ma peau.

Une fois dehors, c'est comme si je pus respirer pleinement pour la première fois. L'air est plus frais qu'au dernier moment où j'ai pris une inspiration. Je suis simplement là, au seuil d'un monde que je ne reconnais pas mais que je désire ardemment explorer. La ville de Jeju s'étend devant moi, vivante et éclatante, pleine de couleurs que je n'ai jamais vues. Des arbres dansent au gré du vent, leur vert vif détonne avec le bleu paisible de l'océan au loin.

Des gens attendent à l'extérieur, une nuée de visages et de caméras. J'entends le claquement des objectifs, leur agitation me fait trembler. Pourquoi s'intéressent-ils à moi ? Je ne comprends pas cet engouement, cette obsession autour de ma vie. Mon cœur bat la chamade, une pression au creux de ma poitrine à l'idée que je vais être observé, jugé, exposé.

Ma mère s'approche de moi, prenant doucement ma main, mais je me sens tiraillé entre son réconfort et l'envie de me braquer. Ce contact m'angoisse, comme si cela m'allaite encore plus dans cette bulle protectrice que j'ai mise autour de moi. En même temps, je ressens le besoin de me tourner vers elle, d'absorber sa force.

« Taehyung, ça va aller, ce sont des journalistes mais ils ne t'approcheront pas.» murmure-t-elle, ses yeux suppliants se posant sur les miens.

Je lui offre un sourire, même si je ne suis pas certain d'être enchanté par ce que je ressens en ce moment. Ma tête tourne alors que je fais face à la marée de journalistes. Je garde les lunettes sur le nez, me permettant d'observer sans être vu. Je vois leurs flashes danser autour de moi, rendant ce départ du monde banal en spectacle.

Mais au-delà de toute cette agitation, quelque chose attire mon regard. La plage se dessine au loin, les vagues caressant doucement le sable doré. L'hôpital n'est donc pas loin de l'océan... Je me sens attiré par ce paysage, comme un enchâssement de souvenirs mélancoliques. J'aimerais pouvoir assister à ce moment d'harmonie, cette beauté qui semble si loin de moi lorsque je plonge dans mes pensées.

Je veux respirer cet air de plein poumons, mais l'angoisse revient en force. Je fais un pas en avant, puis un autre. Chaque mouvement est plus lourd que le précédent, mais je persiste, emporté par un besoin pressant d'avancer. Le monde se déploie lentement devant moi, et je me sens à la fois tout-puissant et désespérément faible.

Je suis là, une pièce d'un puzzle qui ne s'assemble pas. Les murmures des journalistes s'amoncellent, leurs questions se bousculent dans l'air et me parviennent comme des échos lointains. Mais en moi, seul l'image de Jack prend racine, et ce besoin de le retrouver brûle comme un feu inextinguible. Je continue d'avancer, poussant mes pieds dans les pas de ce nouveau monde, mais un regard reste figé vers le passé, un ancrage que je ne peux ni oublier ni renier. Un signe de l'inexorable lien qui m'unit à lui, si sombre soit-il.



°

Le paysage défile à toute vitesse, et je me sens pris dans un tourbillon d'émotions. C'est ma première fois dans une voiture depuis si longtemps, et même si la sensation m'est familière, elle m'oppresse, une vague de nausée grandissant dans mon ventre. C'est trop-trop de mouvements, trop de stimulation. J'attrape l'air, hésitant. « Est-ce que vous pouvez baisser la vitre ? » Je regarde mes parents, scrutant leurs visages pour y déceler une opposition à ma demande.

Après un moment d'hésitation, ma mère acquiesce, et je sens un soupir de soulagement m'échapper. Quand la vitre se baisse, l'air frais me frappe le visage comme un doux réveil. Je ferme les yeux, laissant le soleil caresser ma peau, un contact qui est à la fois réconfortant et déstabilisant. Tout cela est si nouveau, et pourtant, c'est apaisant. Les bruits de la ville s'infiltrent à l'intérieur de la voiture, et malgré la cacophonie des klaxons et des voix, je me sens encore plus perdu. Il y a tant de voitures sur la route, tant de gens, que j'en ai le tournis.


L'inquiétude et l'excitation s'entrelacent en moi, formant une tourmente d'émotions qui me laisse le cœur lourd. Chaque instant qui passe me rapproche de notre destination, et cette pensée me terrifie à la fois et empli d'anticipation. Lorsque la voiture s'arrête devant ce grand bâtiment, légèrement éloigné des habitations, une certitude poignante s'impose : nous sommes arrivés au pénitencier. Mon cœur s'emballe, et une vague de frissons m'envahit. La peur et l'impatience s'affrontent en moi, un combat sourd qui me fige sur place.

Je vais revoir Jack. Pourquoi ai-je ressenti ce besoin si profond de le voir ? Ce sentiment est une énigme, car il incarne à la fois celui qui m'a fait du mal, mais aussi celui qui a, d'une manière troublante, apporté un peu de douceur dans mes jours sombres. Les souvenirs des moments passés avec lui, bien que teintés de peur, se mêlent à une tendresse que je ne peux pas effacer.

L'inspecteur Jung me guide à l'intérieur du pénitencier, et chaque pas résonne comme un écho de mon anxiété. L'architecture austère du lieu me frappe brutalement : des murs gris, froids et oppressants, qui semblent se refermer sur moi, piégeant mes pensées dans une spirale de fatigue. Je vois des détenus et des gardiens s'affairer autour de moi, et la scène dans son ensemble me compresse la poitrine. Je me sens comme un étranger dans un monde que je n'arrive pas à appréhender.

L'inspecteur me demande de rester calme, de garder mon cœur apaisé pendant ce rendez-vous. Mais les battements résonnent comme un tambour dans mes oreilles, perturbant le silence pesant qui m'entoure. Chaque pulsation semble amplifier mon anxiété, laissant place à un sentiment de désolation.

Nous avançons lentement, jusqu'à ce que je vois une salle aux murs désolés au bout du couloir. Et là, au fond, je le vois : Jack, assis à une table, attendant. Les souvenirs affluent, et je ressens un mélange de douleur et de nostalgie. Son apparition me transperce, me fait trembler. Comment dois-je le considérer ?

Les souvenirs d'une enfance volée se dressent comme des spectres dans mon esprit, des images que j'ai essayé de noyer dans le souffre de mes larmes et de mes peurs. Mais en le voyant, une étrange tendresse m'envahit, malgré la terreur que j'ai ressentie. Il y a cette connexion inexplicable, cette corde tendue entre nous, un équilibre fragile. Lentement, je m'approche, chaque pas marqué par le battement oppressé de mon cœur, à la fois craintif et impatient.

« Taehyung, » prononce-t-il simplement, et sa voix me glace tout autant qu'elle réchauffe. Je l'observe attentivement, et je remarque les cernes sous ses yeux, témoins de nuits blanches, de luttes internes. Son regard se fixe sur moi, m'aimant profondément, mais aussi me rendant nerveux.

« Pourquoi m'as-tu libéré ? » Mes mots franchissent à peine la barrière de ma gorge, un murmure fragile qui flotte comme une brume incertaine entre nous. Cette question, c'est le reflet de toutes mes souffrances passées.

Il y a un mois, il avait failli mettre fin à ma vie en m'étranglant. Ce souvenir est encore vivace, un souvenir lourd à porter. Dans un éclat de désespoir, il avait éclaté en sanglots et m'avait donné les codes des doubles portes qui fermaient mon monde, m'ordonnant de fuir avant qu'il ne change d'avis. C'est en panique que j'avais couru, mon cœur battant la chamade. La question se pose maintenant : pourquoi avait-il changé d'avis ?

Un silence s'installe entre nous, lourd et chargé. Jack détourne le regard, une profonde mélancolie sur son visage. « J'ai... j'ai fait ce que je pensais être le mieux pour toi. Mes pulsions revenaient plus fort qu'avant. J'avais si peur que tu grandisses... Que tu perdes ton charme d'enfant... C'est pour ça que tous les autres, je les ai tués. Il fallait qu'ils restent jeunes. Jeunes pour l'éternité... »

Les mots tombent comme des pierres, et mon cœur se serre d'angoisse. « Qu'est-ce que c'est que ça, Jack ? Après toutes ces années... » Je déglutis, ma voix se brisant comme du verre. C'est la première fois que je m'exprime autant depuis mon réveil à l'hôpital. « Tu... tu m'as dit que d'autres enfants étaient là avant moi. Que tu... les avais tués. Pourquoi ne suis-je pas mort, moi aussi ? Pourquoi... pourquoi m'as-tu gardé ? »

Ces questions flottent dans l'air, lourdes de sens, étouffant le fragile équilibre que j'essaie de maintenir. La vérité de sa déclaration me frappe comme une lame glaciale. Jack, celui qui m'a donné une forme de confort tout en étant mon bourreau, j'ignore comment réagir face à son erreur tragique. En cet instant, je suis confronté à la dualité de nos vies entrelacées : amour et horreur, tendresse et terreur.

Je recherche dans ses yeux la réponse, un éclair de lucidité qui pourrait expliquer cette folie, cette impulsion irrésistible qui l'a conduit à prendre autant de vies innocentes. Je suis là, au bord du précipice émotionnel, me demandant si je n'ai pas aussi été un prisonnier de l'amour dérangé qu'il me portait.


À ces mots, une vague de souvenirs déferle sur moi, comme un océan de douleur et d'incompréhension. Je revois ce triste reflet de moi-même à sept ans, suppliant pour ma vie avec des mots tremblants. La mémoire de ma promesse, désespérée et pleine de crainte, résonne dans mon esprit : « Ne me tue pas, et je te promets que je deviendrai celui que tu voudras. Je ne te quitterai jamais... »

Je plonge dans le souvenir de cette cave où j'ai passé mon enfance, un endroit aux murs recouverts de papiers peints ornés de nuages et de petits oiseaux, à la fois refuge et prison. En repensant à cela, un sentiment grotesque m'envahit, une fascination mêlée à un effroi profond. Cela a été mon monde, l'endroit où j'ai compris que j'étais le sixième enfant à entrer dans cette folie. Jack, avec son regard perçant, m'avait montré des photographies de chacun d'eux. J'avais vu leurs sourires figés, les visages innocents de ceux qui avaient disparu, et la vérité s'était gravée dans mon cœur comme une brûlure. Quand il m'avait parlé de leurs fins tragiques, j'avais supplié Jack de ne pas me faire subir le même sort, promettant que je l'aimerais toujours, que je resterais à ses côtés, quoi qu'il arrive.

À ces souvenirs, l'angoisse monte dans ma poitrine, la trahison s'infiltrant dans chaque pensée. J'avais tellement peur de sa colère, du moment où il pourrait décider que mon tour était arrivé. C'est alors que je me suis accroché à lui comme à une bouée de sauvetage, un acte de survie motivé par l'instinct.

Une promesse dans la peur, un pacte d'affection que je ne pouvais qu'accepter dans le désert désolé de ma réalité, me sauvant ainsi de son emprise meurtrière. Jack m'avait accordé cette chance, celle de prouver ma valeur, et c'était par cet acte que j'avais réussi à survivre. Mais à quel prix ?

Il m'avait appris à lire, à écrire, à me plonger dans les mathématiques et la grammaire. Pourtant, dans le même souffle, il me battait jusqu'à ce que je perde connaissance, écrasant ma résistance sous le poids de ses attentes. La perfection était la seule solution pour lui, et lorsque je satisfaisais ses exigences, il me récompensait avec des cadeaux, des jouets, des peluches, des livres, et plus tard, une télévision. J'avais appris à marcher selon sa volonté, et paradoxalement, j'étais devenu dépendant de lui, ancré dans une affection tordue.

Jack soupire, une tristesse inexplicable sur son visage, une tristesse qui me perfore le cœur. « Taehyung, je n'ai jamais prévu cela. Quand je t'ai pris, je pensais juste... Je pensais que je pourrais te garder à l'écart du monde pendant un an ou deux, puis te permettre de rester jeune pour l'éternité... en mourant. Mais... au fil du temps, tu es devenu bien plus que ça pour moi. Tu m'as donné l'impression d'être père. » Chaque mot est tissé d'une complexité de sentiments que je ne peux pas appréhender.

Un froid glacé m'envahit face à ses paroles. Comment pourrait-il rationaliser un tel abîme de cruauté par un semblant d'amour ? Je me sens piégé entre l'envie de ressentir de la gratitude pour les rares instants de douceur et l'indignation pour tout ce qu'il m'a enlevé. Ma voix n'est qu'un murmure, une faiblesse : « Est-ce que tu... te rends compte de ce que tu dis ? »

Il se contente de hocher la tête. « Je n'avais pas d'autre choix. »

Le silence s'installe, lourd et pesant. Les mots résonnent en moi comme un écho, oscillant entre incompréhension et désespoir. Comment puis-je continuer à nourrir cette connexion alors que chaque vérité me pèse comme une chape de plomb ? Le poids de mon histoire me condamne, me colmate dans un espace restreint où le regard de Jack est à la fois une promesse de protection et un reflet en miroir de ma détresse. La réalité de son amour tordu ne fait que raviver l'angoisse de mes souvenirs. Je suis toujours enfermé dans cette cave ornée de dessins enfantins, un enfer vidé de son innocence.

« Tout ce que je sais, c'est que tu es la seule personne que j'ai jamais aimée, » finit-il par dire, sa voix vibrante de douleur. « C'est pour cela que je ne t'ai pas tué. Je t'ai gardé parce que tu étais... différent des autres. »

Un frisson me parcourt, un mélange de confusion et d'effroi. Comment cet amour pouvait-il coexister avec tant de barbarie ? Je cherche désespérément à rassembler les fragments de ma compréhension, mais tout ce qui en émerge ne fait qu'approfondir la déchirure, la fracture entre ma loyauté envers lui et la sombre réalité qui l'accompagne.

L'emprise qu'il a sur moi est inextricable. Je suis là, suspendu entre l'envie de fuir cette relation malsaine et le besoin paralysant de percevoir cet amour déguisé derrière tant de douleur. Je sens mon cœur se briser à chaque seconde où je réalise l'horreur de la vérité que j'ai choisie de chérir. Cette lutte entre amour et angoisse, une danse macabre dont je ne peux plus me défaire. Que seraient mes souvenirs si je n'y trouvais pas d'éclats d'humanité dans ce monstre qui m'a volé ma jeune vie ?

À mesure que je scrute son visage, je suis confronté à la question cruciale et terrifiante : puis-je réellement apprécier ce que je considère désormais comme un échange d'affection déséquilibré, un amour qui ne peut s'épanouir dans une lumière saine ? Je demeure l'esclave de ce lien, piégé dans son réseau d'affection tordue, malgré la douleur et l'incompréhension qui m'envahissent.






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