🆇︎🆇︎🅸︎.𝑅é𝑓𝑙𝑒𝑥𝑖𝑜𝑛𝑠
Le froid de novembre pénètre chaque recoin de mon corps, me rappelant à quel point j'ai oublié cette sensation. Les rafales de vent me frappent comme des souvenirs égarés, des flashes de ma vie d'avant. Je me tiens sur le terrain de l'école, regardant le groupe d'élèves qui s'agitent autour de moi, leurs éclats de rire résonnant comme une mélodie lointaine. Je devrais être heureux, enfin libéré de cette captivité, mais chaque jour ici me rappelle à quel point je suis étranger à ce monde.
Le professeur de sport a décidé que la classe de danse affronterait celle de musique aujourd'hui. Mon cœur s'emballe à l'idée de voir Jungkook, même si je sais que notre connexion est un secret fragile. Dans le parc, il est le petit prince, souriant et doux, mais ici, dans cet univers hostile, nous sommes deux inconnus. Je me concentre sur lui, cherchant à le repérer parmi les autres. Je l'aperçois, son visage concentré, ses yeux brillants d'une lueur que je ne peux pas décrire. Je me demande s'il ressent cette même chaleur, cette même tension dans l'air, chaque fois que nos regards se croisent.
Nous devons faire plusieurs tours du terrain avant de jouer au foot. C'est un exercice que j'ai oublié, tout comme j'ai oublié ce que cela fait de courir librement. Après un tour, mon corps se rebelle. Mes jambes me trahissent, et je m'écroule sur un banc, haletant. Des éclairs de jugement fusent autour de moi, mais leur mépris ne m'atteint pas. Je suis trop absorbé par mes pensées sur Jungkook. Est-ce qu'il me voit ? Est-ce qu'il pense à moi, même un instant ?
Je le regarde, fasciné. Ses cheveux sont collés à sa nuque, et il frappe le ballon avec une telle intensité que je peux presque sentir l'énergie qui émane de lui. Un frisson me parcourt. Je me souviens de nos moments au parc, de la douceur de ses mots, de l'innocence de nos échanges sur le Petit Prince. Ici, tout cela est balayé par la réalité crue du collège. Pourquoi ne peut-il pas simplement se retourner pour me sourire, comme il le fait lorsque nous sommes seuls ?
Le professeur nous appelle à former des équipes. Je me retrouve sur le terrain, mais l'effort me semble insurmontable. Je fais semblant de courir, mais mon esprit vagabonde. Je ne peux m'empêcher de me demander qui je suis pour Jungkook. Un ami ? Un inconnu ? Mon cœur se serre, et je sens une douleur sourde au fond de ma poitrine. Je veux lui parler, mais les mots me manquent, comme s'ils étaient emprisonnés à l'intérieur de moi, tout comme j'ai été enfermé si longtemps.
Chaque fois que nos mains se frôlent, une étincelle jaillit, quelque chose d'intangible mais si puissant. Je me souviens de la façon dont il me regarde, comme s'il voyait au-delà de ma façade, comme s'il pouvait deviner mes pensées les plus profondes. Sait-il qu'il est plus beau que les princes des livres que je lisais dans ma captivité ? Sait-il qu'il est ma lumière dans cette obscurité qui m'entoure ?
Tout à coup, un cri retentit. L'un de mes camarades a frappé le ballon si fort qu'il a atteint le banc où je suis assis. Je sursaute, le cœur battant. Les rires fusent autour de moi, mais je ne peux pas participer. Je me sens comme un spectateur de ma propre vie, un fantôme dans un monde vibrant. Je détourne le regard, le cœur lourd, et je cherche encore Jungkook. Il est là, son regardse pose sur moi puis un sourire discret nait sur ses lèvres, et je me perds dans son sourire, un rayon de soleil dans ma grisaille.
La partie commence, et je suis obligé de rester assis, encore un observateur. Mes camarades se déplacent avec détermination, tandis que je me sens ancré au sol, prisonnier d'un passé que je n'ai pas choisi. Les souvenirs de Jack, de l'isolement, de la peur, reviennent en moi comme des vagues. Mais alors, je le vois : Jungkook s'arrête un instant, et nos regards se croisent. Une seconde, juste une seconde, mais c'est comme si le temps s'arrêtait. Mon cœur s'emballe, et je sens une chaleur se répandre en moi. Dans ce moment suspendu, je sais que je ne suis pas seul.
Il s'approche de moi, son expression changeante, comme s'il hésitait. Je retiens mon souffle, souhaitant qu'il brise le silence qui nous entoure. Peut-être qu'il ressent cela aussi, ce besoin de connexion, de compréhension. Mais il se détourne, et je sens une déception amère m'envahir. Je suis trop effrayé pour avancer, trop marqué par mon passé pour croire que je mérite cette amitié.
Quand la cloche retentit, signalant la fin du cours, je me lève lentement, le cœur lourd. Je regarde Jungkook s'éloigner, suivant ses camarades, et je me rends compte qu'une partie de moi est restée là, sur ce terrain, avec lui. Je me faufile à travers la foule, me promettant que demain, peut-être, je trouverai le courage de lui parler. Peut-être qu'un jour, je pourrai lui dire à quel point il compte pour moi, à quel point il illumine ma vie sombre et tourmentée.
Mais aujourd'hui, je me contente de marcher, de laisser le froid de Séoul m'envelopper, de rêver à un monde où je ne suis pas un étranger, où je peux juste être Taehyung, un garçon qui aspire à être aimé.
°
Le bruit du quotidien m'assaillit comme une tempête. Les rires des enfants dans la rue, les conversations des adultes, même le vrombissement des voitures me semblent insupportables. Chaque son résonne comme un écho de ma captivité, une cacophonie qui me rappelle que je suis de retour dans un monde que j'ai presque oublié. Mais ce n'est pas tant le bruit qui me dérange, c'est ce qu'il représente. Un monde qui a continué à vivre sans moi, qui a évolué pendant que je sombrais dans l'obscurité.
Je me tiens dans la cuisine, observant ma mère préparer le dîner. Elle bouge avec une légèreté qui me semble étrangère. Elle rit avec ma sœur, qui joue avec une poupée, et je sens une aigreur monter en moi. Je devrais être heureux de les voir, de partager ces moments, mais je suis coincé dans un labyrinthe de souvenirs et de regrets. Les bras de ma mère, qui autrefois étaient un refuge, me semblent maintenant comme une prison, quelque chose que je ne peux plus accepter. Je me souviens de ses câlins, de la chaleur qui m'enveloppait, mais ces souvenirs sont teintés d'un voile de douleur. Je me sens comme un fantôme dans cette maison, un être dont la présence n'est qu'un rappel de ce qui a été perdu.
La vérité est que je me sens terriblement vide. Lorsque Jack est mort, j'aurais dû être soulagé, mais la réalité est bien plus complexe. Pendant toutes ces années, il a été ma seule connexion au monde. Même si sa présence était synonyme de douleur, il était tout ce que je connaissais. Dans cette cave, j'ai appris à survivre, à établir une dépendance envers lui. Il était mon ravisseur, oui, mais aussi mon unique lien avec l'humanité. Maintenant, je me retrouve libéré, et je ne sais pas comment vivre sans lui. Je ne sais pas comment être Taehyung, ce garçon qui a été arraché à sa vie d'avant.
Je m'assois à la table, et mon père entre dans la pièce. Il me regarde avec ce mélange d'amour et de tristesse, comme s'il cherchait à percer le mystère de ma solitude. Je vois dans ses yeux un regret, celui de ne pas avoir pu me protéger. Cela me pèse, ce poids de son regard, ce fardeau de l'espoir qu'il place en moi. Je déteste cette expression, car elle me rappelle que je ne suis plus le même. Je ne peux plus être le fils qu'il veut que je sois. Je ne peux même plus être le frère que Seokjin aurait voulu que je sois. Son regard est un miroir de ma propre culpabilité, un rappel constant que j'ai échoué à revenir à la vie que j'avais connue.
Ma sœur, elle, ne comprend pas. Elle me regarde comme si j'étais un étranger, un inconnu qui occupe l'espace laissé vide. Elle n'a pas connu le Taehyung d'avant, celui qui jouait avec elle, lui lisait des histoires, la prenait dans ses bras. Elle n'a que le souvenir d'un frère disparu, remplacé par un garçon qui lutte pour trouver sa place. J'aimerais lui parler, lui expliquer que je suis toujours là, mais les mots se bloquent dans ma gorge. Je ne sais pas comment lui dire que parfois, la cave me manque. Que cette routine, même si elle était douloureuse, était prévisible, et que maintenant, tout est un chaos d'émotions contradictoires.
Je sors de la cuisine, cherchant refuge dans ma chambre. Les murs me semblent étrangers, décorés de souvenirs qui ne m'appartiennent plus. Chaque objet me rappelle une vie que je ne peux pas revivre. Je prends une photo de ma famille, prise avant mon enlèvement, et je me perds dans les regards souriants qui me renvoient une image de bonheur. Qui suis-je à présent ? Je ne reconnais pas celui qui sourit sur cette photo. Mon cœur se serre alors que je réalise que je ne serai jamais ce garçon insouciant à nouveau. Ce Taehyung est mort avec les années de captivité.
Les jours passent, et chaque instant devient un combat contre la solitude qui m'enveloppe. Je me rends compte que même si je suis entouré de ma famille, je me sens plus isolé que jamais. Ils essaient de me parler, de comprendre mes silences, mais je ne peux pas articuler ce que je ressens. Je ne peux pas leur expliquer que la liberté, que j'ai tant désirée, est devenue un fardeau. Que mes pensées sont toujours hantées par le visage de Jack, par ses cris, par ses abus. Paradoxalement, il est devenu une partie de moi, une ombre qui pèse sur mes épaules.
Je passe mes journées à errer dans le parc, espérant croiser Jungkook, cet ami que j'ai trouvé dans ma solitude. Avec lui, je me sens un peu moins perdu, même si notre relation est marquée par le silence. Il m'apporte une forme de réconfort, une lumière dans ce monde qui me semble si sombre. Mais je me demande souvent si je peux vraiment lui faire confiance. Est-ce qu'il saura comprendre mes blessures ? Est-ce qu'il saura que je suis toujours en train de me débattre avec mes démons intérieurs ?
Chaque rencontre avec lui est un mélange d'espoir et de peur. Je veux qu'il me voie, qu'il m'accepte tel que je suis, mais je crains qu'il ne puisse jamais comprendre l'ampleur de ma douleur. Je veux lui parler, lui expliquer, mais les mots sont toujours absents, comme si je ne pouvais pas les saisir. Et, au fond de moi, une petite voix murmure que peut-être, je ne mérite pas d'être compris.
Je rentre chez moi chaque soir, le cœur lourd. Les rires de ma famille résonnent encore dans ma tête, et je réalise que je suis coincé entre deux mondes : celui de ma captivité, où la douleur était une constante, et celui de ma liberté, où je ne sais pas comment avancer. Je me sens comme un naufragé, échoué sur une plage inconnue, cherchant désespérément une boussole pour me guider. Mais peut-être que cette boussole n'existe pas, et que je dois apprendre à naviguer dans ce nouvel océan de sensations, de souvenirs et d'émotions.
Je ferme les yeux, espérant qu'un jour, je pourrai trouver la paix. Que je pourrai réapprendre à vivre, à aimer, à être Taehyung, sans le poids du passé qui me tire vers le bas. Mais pour l'instant, je reste là, perdu entre deux réalités, attendant le moment où je pourrai enfin sortir de l'ombre.
°
L'étang est calme, l'air frais emplit mes poumons tandis que je m'enveloppe dans mon manteau d'hiver. Je suis là, assis à côté de Jungkook, qui, comme à son habitude, a son violon avec lui. Le silence qui nous entoure est apaisant, presque sacré. Je me perds dans mes pensées, observant son visage concentré, ses cheveux noirs un peu plus courts qu'avant. Peut-être est-il allé chez le coiffeur ? Ça lui va bien, je trouve. Ses yeux bleus scrutent le ciel, et je me demande à quoi il pense. Se soucie-t-il de choses banales, comme moi ? Ou parvient-il à faire le vide, à s'échapper dans un univers qui lui est propre ?
« De quelle planète viens-tu ? » Je ne sais pas pourquoi cette question m'échappe, mais elle semble juste. Peut-être est-ce parce que dans *Le Petit Prince*, le protagoniste vient d'une planète lointaine, et Jungkook est, pour moi, ce petit prince dont je suis l'aviateur.
Il tourne lentement son regard vers moi, un sourire s'étirant sur ses lèvres. « Je viens d'une planète appelée Séoul. Tu devrais la visiter un jour, c'est assez fascinant. »
Je ris, sa légèreté me touche. « Peut-être que je le ferai. »
Après un moment, il se lève, son visage s'illumine. « Tu veux venir chez moi ? Habituellement, je ne ramène personne, mais tu seras l'exception. » Ses doigts se glissent autour de mon poignet, et je frémis à ce contact. J'aurais voulu sentir sa chaleur à travers nos peaux, mais ses gants et mon manteau nous en empêchent. Je n'ose rien dire et me contente de le suivre, le cœur battant.
Nous marchons, et je réalise que, comme moi, il vit à seulement deux rues du parc. Sa maison apparaît bientôt, une belle demeure qui respire le confort, bien plus grande que la mienne. En entrant, je suis frappé par l'élégance du lieu. Un grand piano sombre occupe le salon, et les murs sont ornés de trophées et de photos de remises de prix.
« Comme tu peux le voir, je suis né dans une famille qui ne jure que par la musique, » dit-il en riant légèrement, mais je perçois une tristesse sous-jacente.
Je scrute les photos accrochées aux murs : Jungkook sur scène, son violon à la main, rayonnant. À côté, un garçon plus jeune, jouant du piano dont le sourire éclatant contraste avec l'aura mélancolique de Jungkook.
« Ton frère ? » je demande, désignant une photo. « Il joue aussi ? »
« Oui Jungwoo, » répond Jungkook, son ton se durcit légèrement. « Mais il est absent en ce moment. »
Je ne pousse pas plus loin, respectant son silence. Je n'ai pas envie de parler de moi non plus. Nous sommes ici, ensemble, et c'est suffisant.
« Tu as quel âge ? » je demande pour briser la glace.
« J'ai eu 15 ans en septembre, » dit-il en souriant, et je me sens soudain impatient.
« Moi, j'aurai 15 ans dans trois semaines. »
Il acquiesce, et un silence s'installe à nouveau, mais cette fois, il est chargé d'une nouvelle intimité. Je me sens chanceux d'être là, dans cet espace qui lui appartient.
« Tu veux du pop-corn ? » propose-t-il, se dirigeant vers la cuisine.
« Oui, pourquoi pas ? » Je le suis, intrigué. Il commence à préparer le pop-corn, et le doux parfum emplit la pièce. Je l'observe, fasciné par la manière dont il se déplace avec aisance. Il est comme une danse, chaque geste fluide.
« Tu devrais jouer quelque chose pour moi, » je lance, l'enthousiasme montant en moi.
« Peut-être plus tard, » répond-il, un sourire timide sur les lèvres. « Je ne suis pas sûr que cela te plairait. »
Je le regarde, perplexe. « Pourquoi ? Tu es un prodige du violon, non ? C'est ce que tout le monde dit de toi au collège.»
Il baisse les yeux, un léger rougeur sur ses joues. « C'est juste... je préfère jouer plus tard. »
Le pop-corn crépite dans la casserole, et je me sens nerveux. Je frappe doucement le comptoir, me demandant pourquoi il ne me parle pas au collège. C'est une question qui me taraude depuis longtemps.
« Pourquoi ne me parles-tu jamais à l'école ? » Je parviens à poser la question, ma voix un peu hésitante.
Il se fige un instant, ses yeux s'illuminent d'une lueur mystérieuse. « Je veux que tu sois mon secret, et que je sois le tien. C'est pour ça que je ne veux pas qu'on parle à l'école. »
Mon cœur fait un bond. Un secret. L'idée est à la fois délicieuse et effrayante. « Je comprends, » dis-je, bien que je ne sois pas sûr de comment gérer ce secret.
Nous montons ensuite dans sa chambre, un espace sobre, mais plein de charme. Les murs sont peints en blanc, et quelques posters de violonistes sûrement célèbres ornent les murs. Un petit bureau est encombré de livres, et un violon repose délicatement dans un coin, comme un précieux trésor. Je me sens chanceux d'être ici, dans ce sanctuaire où il exprime sa passion.
Nous nous asseyons sur le lit, entourés de pop-corn. Je prends une poignée, grignotant tout en observant Jungkook. « Tu as gagné beaucoup de concours ? »
« hm hm, mais ce n'est pas aussi simple que ça. La musique, c'est... c'est compliqué, » murmure-t-il, son regard fuyant.
Je sens qu'il y a beaucoup plus derrière ses mots. Je n'insiste pas, respectant ce qu'il ne veut pas partager. Après tout, moi aussi, j'ai mes propres secrets, mes propres blessures.
« Tu sais, je pense souvent au Petit Prince, » dis-je, essayant de changer de sujet. « Ce livre est si touchant. J'aimerais qu'il existe vraiment. »
Il sourit, ses yeux pétillant d'intérêt. « Oui, il parle tellement de solitude et relation. C'est beau, » dit-il, se détendant visiblement.
« Tu crois qu'on pourrait être comme eux ? » Je demande, un peu hésitant.
« Peut-être, » répond-il, son regard se perdant dans le vide. « Mais parfois, je me demande si je ne suis pas un peu trop... différent. »
Je m'approche un peu plus, nos épaules se frôlant. « Je crois que nous sommes tous un peu différents. C'est ce qui nous rend spéciaux. »
Il tourne la tête vers moi, et nos regards se croisent. Je sens une chaleur s'installer entre nous, une connexion fragile mais réelle. Dans ce moment suspendu, je réalise que, malgré nos secrets, malgré nos douleurs, il y a quelque chose de beau qui se tisse entre nous. Une relation naissante, un lien que nous construisons avec précaution.
Le silence s'installe à nouveau, mais cette fois, il est doux, réconfortant. Dans cette chambre, entourés de pop-corn et de souvenirs non partagés, je sens que nous sommes deux âmes égarées cherchant à se retrouver. Je veux croire que, peu à peu, nous pourrons apprendre à nous connaître, à nous comprendre, à nous apprivoiser.
Et peut-être, un jour, nous pourrons réunir nos mondes, celui de Jungkook et le mien, pour créer quelque chose de véritablement magique.
•♡•
Voilà que pensez-vous de ce chapitre ? Des pensées de Taehyung?
Et Jungkook que pensez-vous de lui?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top