🆇︎🆅︎🅸︎🅸︎🅸︎. 𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑒𝑠-𝑡𝑢 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢?
Je regarde le tableau blanc, les mots écrits à la hâte semblant flotter dans une brume floue. L'algèbre. C'est un monde totalement inconnu pour moi, et la peur d'être perdu me saisit. Le professeur, un homme à lunettes au regard sévère, explique les équations avec vigueur, mais je ne parviens pas à saisir le sens de ses mots. Mes pensées dérivent, toujours hantées par l'absence d'instruction que j'ai endurée durant toutes ces années. Jack n'a jamais pris le temps de m'enseigner quoi que ce soit concernant les maths. Je me rappelle des livres scolaires que je dévorais en silence, essayant vainement de percer les mystères des chiffres, mais sans jamais y parvenir. Comprendre les mathématiques est un défi trop grand. Je m'en sens incapable.
Aujourd'hui, je suis assis au fond de la classe, à une distance appréciable des autres élèves. Ils murmurent entre eux, ricane parfois, échangeant des blagues que je ne comprends pas. Je suis comme une ombre, présence silencieuse et troublante. Je me sens étranger dans ce monde de rires et de camaraderie. Jimin, le délégué, essaie de m'inclure, de me tirer de cette mélancolie que je traîne, mais je me méfie de ses sourires et de sa facilité à s'intégrer. À mes yeux, les enfants de mon âge semblent inconnus et imprévisibles. Comment savoir si leurs intentions sont sincères ?
Je tente de suivre le cours, mais les chiffres et les lettres dansent sur le tableau, se dérobant à ma compréhension. Ils se moquent de moi silencieusement, je le sens. Mon cœur s'emballe alors que je me rends compte que je suis le seul à ne rien savoir sur cette matière. Un blâme se forme dans ma gorge. Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi suis-je revenu au milieu de ces gens qui savent déjà tant de choses, alors que moi, je suis toujours enfermé dans un passé que je ne peux quitter ?
Alors que je me perds dans mes pensées, la porte de la classe s'ouvre soudainement avec un bruit grinçant. Je ne peux m'empêcher de lever les yeux. Jungkook entre. Mes yeux s'écarquillent de surprise. Il n'est pas juste beau ; il est captivant, avec ses cheveux sombres et ses yeux bleu électriques qui semblent scruter l'âme de ceux qu'il croise. Tous les murmures semblent s'éteindre autour de moi alors qu'il avance. Je suis presque hypnotisé. Et pourtant, ce brouhaha résonne dans ma tête, renforçant cette distance qui nous sépare, moi, l'inconnu, et lui, l'inaccessible.
Je ne savais pas que nous partagions le cours d'algèbre. Je ne m'attendais pas à le voir débarquer.
Il s'excuse d'une voix calme, presque indifférente pour son retard, avant de se diriger vers la dernière table de la classe, à l'extrême opposé de moi. Le décalage me frappe. À l'étang, Jungkook n'est pas comme ça. Il vient vers moi, partageant ses réflexions sur le Petit Prince, rendant ces moments si réels, si calmes. Ici, il est comme un fantôme, refusant de me reconnaître, comme s'il reniait ce lien que nous avons. Je suis pétrifié par son silence, la déception me saisit alors que je le vois s'asseoir, la tête haute, comme s'il portait une armure face à ce monde qui l'admire et le craint à la fois.
Mon cœur palpite d'excitation. Pourquoi agit-il ainsi ? Pourquoi cette froideur froide dans cette salle de classe ? Je jette un coup d'œil furtif dans sa direction. Il regarde fixement devant lui, ignorant le monde autour, les ricanements, les coups d'œil admiratifs ou envieux des autres élèves. Ce geste me brise un peu plus, me renvoyant à ma réalité, à cette incapacité à m'exprimer, à faire face à la cruauté de cet univers. Que sait-il de moi, de ce que je ressens ? Que sait-il de notre temps ensemble à l'étang ?
Un tir de voix du professeur me fait sursauter. Je retourne immédiatement mon attention vers lui, essayant de capter ses mots. Mais l'image de Jungkook reste gravée dans mon esprit. Mon cœur s'emballe chaque fois que je croise son regard, même s'il ne me le renvoie pas. Pourquoi n'a-t-il rien dit ? Pourquoi ne m'a-t-il pas reconnu ? Mon esprit tourne en boucle, me distrayant du brouhaha des équations qui me paraissent futiles en comparaison.
Dans un acte de vulnérabilité, je décide de lui jeter un autre regard. Je l'observe d'un coin de l'œil, capturé par la beauté de ses traits. Ses yeux profonds semblent renfermer un océan d'émotions, et je me demande ce qu'il ressent derrière cette carapace. Peut-être que lui aussi se sent seul, comme moi, dans cette arène pleine d'inconnus. Mais alors que je le scrute, il ne tourne pas la tête. Il reste fidèle à son rôle du garçon inaccessible, ce qui ne fait qu'accroître ma frustration mêlée de confusion.
Un silence trouble m'envahit alors que je réalise la vérité dévastatrice : je ne sais pas comment me rapprocher de lui, je suis paralysé par ma situation. Les pensées s'entrechoquent dans ma tête. Parfois, je me demande si je pourrais lui parler, mais chaque fois, la peur d'être rejeté par celui qui a déjà touché mon cœur m'en empêche. Mes souvenirs de l'étang me sourient, contrastant avec la réalité glaciale de cette classe.
La cloche sonne, rompant le moment. Les élèves commencent à se lever, et je reste figé, regardant Jungkook toujours assis là, dans son propre monde. Peut-être un jour, je trouverai le courage de faire le premier pas. Mais aujourd'hui, je ne suis qu'un étranger dans un monde que je ne comprends pas, toujours lié à ce qu'était ma vie, au passé qui m'oppresse et aux sentiments que je peine à saisir.
°
La maison est devenue un havre rempli de rires et de douceur depuis mon retour. Mes parents, inondés d'un amour démuni, s'efforcent de me réintégrer dans leur vie. Chaque repas est l'occasion de pattes de poulet croustillantes et de mon plat préféré, le kimchi, qui me rappelle les moments simples. Les étoiles scintillent à travers la fenêtre de la cuisine alors que ma mère s'affaire à préparer le dessert. Mon père propose des répliques humoristiques qui déclenchent l'hilarité, et je sens leur bonheur, leur dévotion à me protéger de mon passé.
Pourtant, au milieu de cette chaleur familiale, une ombre persiste en moi. Je me sens toujours aussi étranger. Mon frère, est toujours là pour moi, sous toutes ses formes. Il s'assoit à mes côtés, partageant des souvenirs d'enfance que je ne me rappelle pas. Chaque fois qu'il dit, « Je suis tellement heureux que tu sois de retour, Tae, » cela résonne profondément en moi. Sa voix est un réconfort, mais elle me rappelle aussi le chagrin d'être ce Taehyung qui rentre dans une famille qui a évolué sans lui.
En dépit de la tendresse qui m'entoure, il y a Saejin. Ma petite sœur, un mystère à mes yeux. J'observe ses interactions avec notre famille, souvent en retrait, se fondant dans l'ombre de mon retour. Elle a eu neuf ans le mois dernier, mais elle se comporte comme si elle avait déjà vécu cent ans. Il y a des jours où je me demande ce qu'elle pense réellement de moi, ce qu'elle ressent. Je me souviens des chants pour l'endormir alors qu'elle n'était que bébé dans ma mémoire, mais ces souvenirs sont voilés par mes années de captivité.
Je la vois enfin dans le jardin par la fenêtre, alors que les étoiles commencent à briller dans le ciel d'un bleu profond. Un élan inexplicable m'incite à la rejoindre.
« Saejin, » murmuré-je doucement en ouvrant la porte, laissant entrer une légère brise nocturne. Mon cœur bat la chamade, à la fois impatient et incertain.
Elle se tourne vers moi, ses grands yeux brillants dans la nuit, mais je remarque qu'ils sont remplis de larmes, un flot d'émotions que je ne comprends pas. Je m'arrête, les mots se bloquent dans ma gorge. Je ne sais pas comment approcher cette situation, comment la consoler. Chaque geste me semble maladroit, chaque mot paraît inapproprié.
« Oppa... » Sa voix tremble légèrement, presque un cri de désespoir. Mon cœur se serre.
« Je... je suis là, » dis-je, délicatement, comme si elle était en verre, prête à se briser.
Elle me fixe avec un mélange de colère et de tristesse. Ses mots, lourds de sens, s'échappent, « Pourquoi es-tu revenu ? Pourquoi n'es-tu pas resté là où tu étais ? Depuis ton retour, papa et maman m'ont complètement oubliée. Seokjin était un grand frère formidable, mais depuis que tu es revenu... plus personne ne fait attention à moi. »
Chaque mot est une flèche qui me transperce. Je reste silencieux, la vérité de ses paroles s'imposant à moi. Ses yeux, habituellement vifs, sont maintenant assombris par une amertume que je commence à comprendre. Elle continue, une cascade de douleur échappant à ses lèvres, « On fait tout à ta façon. On prévoit des sorties en famille, et si tu refuses de venir, on annule tout. Je ne t'aime pas. Je ne te connais pas. »
Je fais un pas en arrière, cherchant désespérément à m'excuser, à coller nos cœurs, mais je ne trouve pas les mots justes. « Saejin, je... »
« J'avais espoir de te connaître aussi un jour, » intervient-elle, sa voix se brisant, intense, « Je passais mon temps à regarder les photos de moi bébé, quand tu étais encore là et que tu me prenais dans tes bras. Je ne me souvenais pas de toi, mais je voulais te connaître... sauf que maintenant, depuis que tu es là, moi, je n'existe plus. Il aurait mieux valu que tu ne rentres jamais ! »
Chaque mot qu'elle prononce est comme une claque. Je me sens comme un intrus dans ma propre famille. Sa douleur résonne en moi, une symphonie sombre de remords et de regrets. Je me sens lourd et impuissant, incapable de répondre, de défendre mon existence.
« Tout le monde fait des efforts, mais toi, tu n'en fais aucun ! » Elle me regarde droit dans les yeux, une violence dans son regard. « Tu es toujours si... indifférent. Tu n'es pas le frère que j'attendais. »
Les mots résonnent dans ma tête comme un écho cruel. Chaque phrase est une vérité que je ne peux ignorer. Mes pensées se cristallisent dans un mélange de douleur et d'impuissance. Je voudrais lui dire que je n'ai jamais voulu être un fardeau. Je voudrais lui dire que je me bats aussi, que je ne sais pas encore comment être le frère qu'elle mérite. Mais le poids de mes expériences, le poids de mes années de captivité, m'alourdissent, et je suis acculé au silence.
Soudain, le vent se lève et me porte ses murmures, questionnant chaque déni que je fais face à la réalité. Mais je ne peux qu'accepter son regard déchirant, sa douleur qui m'inonde. Je me tiens là, sot et désespéré, alors qu'elle se détourne, laissant s'échapper un dernier souffle : « Tu n'es qu'un étranger. »
Avec des pas hésitants, elle entre dans la maison, me laissant là, seul dans le jardin. La nuit enveloppe la scène de ses bras sombres tandis que les étoiles brillent avec une indifférence cruelle. Je regarde le ciel, abasourdi par le poids d'un passé avec lequel je ne sais pas quoi faire, et même le présent, qui semble me fracasser à chaque instant.
Il n'y a que le silence de la nuit pour embrasser ma solitude. Mes larmes coulent enfin, mais qu'est-ce qu'elles peuvent changer ? Je suis débordant de désir de m'intégrer pour ma famille, mais je me sens comme un fantôme, errant dans un domaine qui n'est pas le mien, à la recherche de celles et ceux qui m'ont attendu, mais qui ne peuvent pas comprendre mes douleurs silencieuses. Je suis partagé entre mon désir d'être un frère aimant et le poids écrasant de ce que j'ai vécu.
Je me tiens là, perdant mes repères, alors que mon esprit vacille entre l'espoir et la désespérance. Je suis un étranger, un intrus, et cette vérité m'immobilise.
•♡•
DOUBLE UPDATE!
du 18 et 19eme chapitre.
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