🆇︎🆅︎..𝐷𝑒𝑠𝑠𝑖𝑛𝑒-𝑚𝑜𝑖 𝑢𝑛 𝑚𝑜𝑢𝑡𝑜𝑛

Ma mère ne travaille pas. Enfin, pas depuis que je suis rentré à la maison. Cela fait qu'elle est constamment là, partageant cet espace que j'avais oublié. Nous avons pu commencer les étirements et quelques exercices de base en attendant d'avoir un professeur particulier de danse. Cela fait déjà quelques semaines, et je dois avouer que, bien que je n'aie encore commencé les cours véritables, je sens déjà certains mouvements que mon corps refuse d'exécuter. Ma mère m'a rassuré, me disant que c'est normal, que c'est juste le début, mais chaque douleur me fait douter de moi-même.

À la maison, malgré mes progrès, mes parents ne veulent pas me laisser seul une seconde. Leur peur que je disparaisse à nouveau est palpable. C'est pourquoi je profite du fait qu'ils pensent que je suis dans ma chambre pour m'éclipser vers le parc à l'étang. C'est dimanche, et je sais que le garçon de l'étang sera présent. Avec une excitation quasi enfantine, je quitte la maison, sur la pointe des pieds, pressé de revoir ce mystérieux jeune homme qui m'intrigue tant.

Alors que j'arrive à la porte de la cuisine, je tombe nez à nez avec ma petite sœur, Saejin. Le silence s'installer entre nous ; elle me scrute avec des yeux curieux. Je fais de même, cherchant à déchiffrer son expression. Au bout de quelques secondes qui semblent une éternité, elle finit par hausser les épaules avant de s'en aller. Je ne sais jamais ce qu'elle pense vraiment. Depuis mon retour, nous avons eu très peu de contact. Elle ne me parle que si nécessaire, et même là, c'est rarissime. Je la comprends parfaitement ; nous ne nous connaissons pas, malgré les liens du sang. Elle avait à peine cinq mois lorsque je me suis volatilisé de sa vie, et maintenant, je fais irruption dans son quotidien comme une fleur qui pousse parmi les mauvaises herbes.

Je connais désormais le chemin jusqu'au parc par cœur. Parfois, le garçon de l'étang ne vient pas pendant toute une semaine, mais il finit toujours par revenir. Le mois de mai a commencé, et le froid est désormais derrière nous. Il n'a pas vraiment neigé cette année comparée à mes souvenirs d'enfance, mais je me rappelle d'une incroyable frayeur lorsqu'en pleine hiver, je me suis échappé de la cave. Courir pieds nus et vêtu d'un simple pyjama léger à travers les bois avait presque provoqué une pneumonie selon les médecins.

Assis sous l'arbre habituel où je me mets au parc, j'ouvre mon livre et m'y replonge pour la énième fois. Mes pensées dérivent sans but, espérant voir le garçon de l'étang apparaître. Mais alors, je réalise, avec une pointe de déception, qu'il n'est pas là aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de ressentir une tristesse sourde, amplifiée par le fait que je relis un passage du livre sans même vraiment le lire.

Soudain, une présence près de moi me fait sursauter.

« Qu'est-ce que tu lis ? » me dit une voix.

Mon sang ne fait qu'un tour. Mon cœur s'emballe, les sons autour de moi semblent se figer, le temps se cristallisant dans un moment de pure surprise. Je lève les yeux vers lui, et là, il se tient devant moi, plus près que jamais. Les détails que je n'avais pas remarqués auparavant me frappent - ses cheveux noirs flottant légèrement dans le vent, ses mèches tombant doucement sur son front. Sa voix, même simple, m'enchante d'une manière inexplicable

C'est le garçon de l'étang...

Mon regard se plante dans ses yeux, qui sont d'un bleu sombre. Je n'avais encore jamais rencontré quelqu'un avec des yeux aussi beaux. Cette couleur profonde, ces reflets vivants, sont à la fois fascinants et terrifiants. J'ignore comment réagir ; je suis comme cloué sur place. Les mots s'enfuient, et je sens que je n'ai pas de voix.

Je ne sais pas comment décrire ce qui se passe en moi. C'est comme une décharge électrique, un mélange d'émerveillement et d'angoisse. Son sourire, cette lueur dans son regard, me fait chavirer. Je me sens attiré vers lui, mais en même temps, je me sens vulnérable et exposé.

Tout d'un coup, la réalité m'écrase. Pourquoi est-ce que ce jeune homme me fait tant d'effet ? Est-ce la façon dont il se tient là, tranquille, comme s'il était un personnage tout droit sorti de mes rêves ? Ou peut-être que c'est simplement le fait que je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de lui parler, et là, juste devant moi, se tenait une possibilité, une chance d'interaction humaine ?

Mes mains tremblent et je ne comprends pas vraiment ce qui m'arrive. Peut-être qu'il voit l'hésitation dans mes yeux, car il semble attendre que je lui réponde, mais je sens un flux de panique et de frustration monter en moi.

Je n'ai pas de référence pour comparer cette sensation, mais il est si beau. Ce qu'il dégage, cette présence tranquille et puissante, m'ensorcelle. J'essaye d'attraper mes pensées, mais un tourbillon d'émotions s'empare de moi ; l'envie de lui parler se mêle à la peur de le faire.

« Je suis... Je... » balbutié-je, ma voix échappant à mon contrôle, prête à se dérober.

La panique se mêle à l'admiration. Il guette mes mots, mais je suis incapable de les former. Mes jambes me paraissent soudain lourdes, et je sens que je ne maîtrise plus rien. Un élan de panique s'empare de moi, et sans vraiment comprendre pourquoi, je me lève brusquement et commence à courir, renter chez moi.

Mon cœur bat à tout rompre alors que je fuis, les arbres et l'étang disparaissant derrière moi, comme si je laissais une partie de moi-même là-bas, coincée dans ce moment figé. Pourquoi ai-je agi ainsi ? Pourquoi n'ai-je pas pu lui répondre, comme si cet instant était une véritable épreuve que je m'imposais ?

Je fais irruption dans la maison, et sans prêter attention aux regards surpris de mes parents, je me dirige rapidement vers ma chambre. La porte claque derrière moi, et je m'enferme dans un silence lourd avec des émotions tumultueuses qui grandissent en moi.

Mon esprit est encore embrumé par l'image de son visage, ses yeux d'un bleu irréel et son sourire perçant qui semblent s'incruster dans ma mémoire. Je me laisse tomber sur mon lit, ma tête emprisonnant des pensées chaotiques. Pourquoi ce garçon me trouble tant ? Pourquoi je cours sans un mot au lieu de juste lui sourire ou lui dire bonjour ?

Je réalise que je n'ai jamais vraiment eu un lien avec quelqu'un qui évoque tant de sensations. Une empreinte dans ma vie s'est formée à cet instant précis, quelque chose que je crains de ne pas pouvoir saisir pleinement, mais qui se révèle quelque chose d'essentiel.

« Qu'est-ce que je fais... ? » murmuré-je dans le silence de ma chambre, le cœur encore battant.

L'obsession du garçon de l'étang me laisse perplexe. Peut-être est-ce un début, une scène de quelque chose de plus grand. Un dialogue non échangé qui reste suspendu dans l'air, comme les notes d'une mélodie que je cherche désespérément à déchiffrer.




°



Trois jours. C'est le temps qu'il m'a fallu pour réaliser que j'avais perdu mon livre, "Le Petit Prince". J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt, surtout qu'il faisait partie de mes repères, de mes pensées récurrentes. Mais la réalité avait pris le pas sur ces détails, m'occupant à des réflexions sombres. Il m'a ensuite fallu un mois entier pour trouver le courage de retourner à l'étang. Il y a tant de choses qui se bousculent dans mon esprit.

Aujourd'hui, je choisis d'y aller un jour où je pense ne pas le rencontrer. Je ne sais même pas pourquoi je le fuis désormais. Je devrais être heureux de le voir, mais la nervosité s'est installée mêlée à une troublante peur. Je suis également triste d'avoir perdu mon livre préféré. SeokJin m'a promis qu'on irait en chercher un autre à la bibliothèque la semaine prochaine, mais ça n'atténue pas l'absence du livre".

J'arrive au parc et l'étang s'étend devant moi, calme et silencieux, presque immuable. Je scrute l'horizon, espérant voir cette silhouette familière, mais il n'est pas là. Mes pensées errent, lourdes d'une déception silencieuse. J'ai tant rêvé de ses yeux bleus électriques, d'un moment suspendu dans le temps, et pourtant, je ressens maintenant une peur inexplicable à l'idée de le retrouver.

Il me manque quelque chose, une connexion que je ne peux pas encore nommer, mais avec son absence, un vide se creuse dans mon cœur. Pourquoi cette appréhension ? Devrais-je seulement le fuir alors que son image s'accroche si solidement à mes pensées ? Mes doutes s'entrelacent ensemble, formant une toile complexe d'hésitation et d'angoisse.

Alors que je m'assois sous mon arbre habituel, l'herbe fraîche caresse mes jambes, et je laisse mon esprit vagabonder. Je me plonge dans mes pensées, perdant la notion du temps, quand tout à coup, cette sensation familière d'un regard sur moi me fait sursauter.

Il est là. Le garçon de l'étang. Mes pensées se figent, une vague de surprise et d'incrédulité m'envahit. La dernière fois, j'avais fui alors qu'il m'avait parlé, et maintenant, le voilà, s'avançant vers moi, un air sérieux sur le visage.

Je déglutis, la peur et la curiosité se mélangeant dans mon ventre. Il s'agenouille près de moi, visiblement plus à l'aise cette fois-ci. Dans ses mains, je remarque un papier, un crayon et... mon livre ! "Le Petit Prince", celui que j'avais oublié la dernière fois. Qui aurait pensé qu'il l'aurait gardé ?

"Dessine-moi un mouton," me dit-il, tendant le papier et le crayon dans ma direction.

Sous le choc, je ne comprends pas ce qu'il me demande. "Quoi ?" balbutié-je, la voix étranglée par l'étonnement.

Il répète avec un sourire léger, "Dessine-moi un mouton."

Je reste là, pétrifié, mes pensées s'embrouillant à nouveau. Mes mains tremblent alors que je réalise ce qu'il demande. Que signifie tout cela ? Pourquoi évoque-t-il une réplique du livre que j'aime tant ? Mais je sens une chaleur familière au fond de moi, aussi douce que confuse.

Je prends le papier et le crayon en tremblant, balayant mon esprit en quête de souvenirs de dessins d'enfance. "Je ne sais pas dessiner..." murmuré-je finalement, honteux de ma réponse.

Le garçon ne semble pas vexé. Il s'assoit en face de moi, sur l'herbe, ses traits empreints d'une tranquillité désarmante. "Ce n'est pas grave. Dessine-moi un mouton.

Je regarde à travers le papier, le crayon flottant à mi-air. Dans cet instant presque irréel, je réalise à quel point c'est chargé de sens. Les répliques de "Le Petit Prince" flottent dans ma mémoire, vivantes, mélancoliques. Je dois dessiner quelque chose qui n'a pas vraiment de forme dans ma tête, mais qui revêt une grande importance.

Je prends une grande inspiration. Mes mains s'élancent timidement sur la page immaculée, dessinant une forme. Mes traits sont hésitants, plus proches d'un enfant que d'un artiste. Mais c'est comme si, au fur et à mesure que j'esquisse, quelque chose d'autre commence à émerger en moi. Je dessine un mouton comme je peux, puis, avec un soupir, je termine en lui ajoutant un enclos, accordant une profondeur inattendue à l'image.

Quand j'ai fini, je lui tends le dessin. Mon cœur s'accélère. "Voilà," dis-je, un mélange de fierté et de gêne dans la voix.

Il prend le dessin, ses yeux brillants se posent sur chaque détail, et un sourire éclaire son visage. "C'est parfait," déclare-t-il avec un éclat d'enthousiasme.

Il me redonne alors "Le Petit Prince". Je le prends dans mes mains, sentir le papier du livre, le poids de la couverture familière sous mes doigts me réconforte d'une manière indéfinissable. Son sourire m'apaise, comme s'il m'offrait non seulement le livre mais aussi une promesse de quelque chose de plus profond.

"Merci..." murmuré-je, touché par cette attention. Je ne sais pas comment exprimer ma gratitude, cette émotion mal définie qui me traverse.

Sans dire un mot, seul un sourire complice sur les lèvres, il ramasse son violon. Mon cœur se noue alors qu'il se lève. Je me sens soudainement dépossédé, comme si une partie de moi-même allait s'envoler avec lui.

Mais avant qu'il ne parte, je le vois se retourner une dernière fois. Un regard perçant, un dernier soupçon de magie dans l'air, avant qu'il ne se dirige vers la sortie du parc.

Je reste là, encore surpris par cette rencontre effrénée, la réalité de cet échange presque onirique. Les battements de mon cœur se calment peu à peu, mais mon esprit continue de s'agiter, rempli de questions sans réponses. Qu'était-ce que cette rencontre ? Pourquoi avait-il choisi ce moment pour me tendre la main et me rappeler l'importance du dessin, de l'art, de l'expression ?


Dans cet équilibre fragile entre peur et curiosité, une étincelle de chaleur s'illumine en moi. Je me demande ce qui m'attend...




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Alors? Comment avez-vous trouvé cette première véritable rencontre entre le Taekook ? Comment trouvez-vous Jungkook ? Même si son apparition était aussi brève qu'une étoile filante ✨

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