𝟮𝟰ᵉᵐᵉ 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲
《𝓞𝓷 𝓮́𝓽𝓪𝓲𝓽 𝓳𝓮𝓾𝓷𝓮, 𝓸𝓷 𝓼𝓮 𝓭𝓲𝓼𝓪𝓲𝓽 𝓻𝓮-𝓯𝓻𝓮̀ 𝓳𝓾𝓼𝓺𝓾'𝓪̀ 𝓵𝓪 𝓶𝓸𝓻𝓽
𝓐𝓾𝓳𝓸𝓾𝓻𝓭'𝓱𝓾𝓲 𝓬'𝓮𝓼𝓽 𝓽𝓸𝓲 𝓺𝓾𝓲 𝓶'𝓵𝓪 𝓼𝓸𝓾𝓱𝓪𝓲𝓽𝓮
𝓓𝓪𝓷𝓼 𝓽𝓮𝓼 𝓼𝓸𝓷𝓰𝓮𝓼 𝓵𝓮𝓼 𝓹𝓵𝓾𝓼 𝓱𝓪𝓻𝓭𝓬𝓸𝓻𝓮𝓼 ~ 𝓓𝓸𝓼𝓼𝓮𝓱》
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Après les pré-sélections visant à déterminer les équipes qui représenteraient la préfecture de Tokyo, ce fut à Karasuno de se battre pour porter haut les couleurs de Miyagi lors du tournois de Printemps.
Désireux de prendre leur revanche sur Kamomedai, les corbeaux déployèrent leurs ailes, aussi grandes qu'ils le purent. Ainsi, ils enchaînèrent les victoires, et même Itachiyama Shiratorizawa ne put freiner l'ouragan sombre et orangé qu'ils étaient.
Pour fêter cette sélection qui propulsait Karasuno au grand tournois pour la deuxième année consécutive, la sœur de Tanaka invita les coéquipiers de son frère dans son restaurant avec, bien évidemment, monsieur Takkeda et le coach Ukai.
Sans surprise, se rajouta à la petite troupe Takinoue et Makoto.
Saeko et ce dernier entretenaient d'ailleurs une relation qui peinait à rester secrète ; au plus grand damn du rasé qui souffrait d'un léger complexe d'oedipe fraternel.
— Régalez vous ! s'exclama la blonde en posant sur la pierrade au centre de la table, divers mets.
Yachi avait prit place à côté de Hinata tandis que pour sa plus grande confusion, Kageyama s'était assit à côté d'elle. Ainsi entourée, la petite blonde se sentait mal à l'aise. Sa volonté et sa droiture la faisait se rapprocher un peu plus et discrètement du rouquin, mais elle ne pouvait, en parallèle, empêcher ses yeux de divaguer plusieurs fois sur les reflets brun à côté d'elle. Et alors qu'elle se fustigeait mentalement pour son attitude, il fallut, en plus de ça, que le passeur aggrave la situation.
— Tiens, fit-il en poussant vers elle un petit poulpe à l'aide de ses baguettes. T'aimes bien ça, nan ? continua le brun sur son ton bourru habituel.
Il savait que ce qu'il faisait était mal. Mais depuis la soirée que la blonde et lui avaient partagé sous les rayons de lune ; il ne pouvait s'empêcher d'agir autrement. Chaque parcelle de son être le bousculait vers Yachi, et une envie irrésistible de montrer qu'il la connaissait aussi bien que Shoyo - si ce n'était mieux - ne le quittait pas.
Mais le rouquin, habitué à leur rivalité qui constituait la base même de leur amitié, rentrait malheureusement dans son jeu sans comprendre ce que cela signifiait réellement.
— Mer- commença Hitoka avant d'être coupée par l'intervention de son copain.
— Oh, y a des crevettes aussi ! s'exclama Hinata. Prends les, je sais que t'adore.
— Euh... Me... Merci... bégaya la jeune femme qui sentait sa respiration s'accélérer au rythme que la tension montait entre le brun et le roux.
— Pss, regarde, chuchota Tsukishima à Yamaguchi en échappant un rire moqueur.
Il désigna Yachi en proie à la panique la plus totale, prise en otage entre Kageyama et Hinata.
— Oulà, font flipper, les deux... intervint Tanaka qui avait surpris le regard du blond.
— Qu'est-ce qui leur prend ? demanda
Yamaguchi compatissait avec l'angoisse de la manageuse.
— On dirait un combat de coqs, railla Kei de plus belle.
— Tu veux ça, aussi ? proposa Kageyama en déposant dans le bol de la jeune fille quelques tranche de boeuf avant même qu'elle ne puisse répondre.
— Prends des œufs brouillés, se précipita à son tour Hinata. J'ai mis du poivre comme tu aimes !
Et cette rivalité dont n'avait même pas réellement conscience les deux parties se déclina dans la moindre action de la vie quotidienne. Tobio était agacé quand il voyait Shôyo attentionné avec la jeune femme, et il ne pouvait s'empêcher d'interférer. Yachi faisait semblant de ne s'apercevoir de rien, et Hinata, à mille lieux de se douter de la terrifiante vérité, se contentait de suivre le mouvement.
Mais un jour, Kageyama échappa la phrase de trop. Après les cours, il accompagna la blondinette jusqu'aux portes du lycée, puis proposa :
— On rentre ensemble ?
Yachi le dévisagea, à la fois surprise et gênée par cette demande soudaine.
— Je... Shô peut me raccompagner, ce soir... répondit-elle en détournant le regard, mal-à-l'aise par son refus.
C'est alors que le brun prit conscience de ce qu'il venait de dire, et la froide réalité glaça ses entrailles en lui revenant en mémoire.
Il venait de proposer quelque chose de totalement déplacé, et surtout, d'irréalisable. C'était Shô, comme elle l'appelait, que Yachi aimait. Et Tobio n'avait pas sa place dans ce cœur.
— Ohé, Hitoka, je suis enfin là !
Hinata arriva sur son vélo, tout sourire.
Lorsqu'il aperçut la petite blonde lui rendre son éclat de gaité, le brun sentit sa poitrine se serrer. La jalousie s'engouffra alors dans ses veines et une violente envie de voir disparaître le rouquin s'empara de lui.
— Kageyama, fit Shôyo, tu rentres avec nous ?
— Ça ira, cracha le brun en tournant les talons. 'Pas envie d'tenir la chandelle.
Puis il partit.
— Qu'est-ce qui lui arrive ? l'écouta demander Hinata quand il s'éloigna.
Kageyama fit claquer sa langue d'agacement.
Et sa jalousie amère ne fit que s'intensifier. Chaque fois qu'il apercevait une touffe rousse à côté de la petite blonde, il avait l'impression qu'une dague empoisonnée lui broyait le cœur. Cette douleur lui rappelait qu'il n'y avait aucune place pour lui dans les pensées de la jeune femme, et que jamais il n'y en aurait.
Mais son esprit morose se ressentait dans son jeu, ce qui inquiéta bientôt Ukai et le reste de ses coéquipiers qui, bien évidement, n'en connaissaient pas la cause.
ls avaient remporté la pré-sélections, mais si le passeur ne retrouvait pas ses esprits rapidement, ils pouvaient dire adieu à leur revanche. D'autant plus que le brun refusait désormais presque systématiquement de faire la balle au central d'un mètre soixante deux.
— Kageyama, l'interpella le coach à la fin d'un entraînement.
Le brun s'avança vers lui.
— Dis-moi, t'as des soucis en ce moment ?
Tobio haussa les sourcils, surpris.
— Je vois bien que t'es pas dans ton état normal, tes coéquipiers aussi s'en sont rendus compte ; ça se ressent dans ton jeu.
— Ça va, mentit-il.
Ukai fronça les sourcils.
Il n'était pas satisfait de cette réponse, mais lui aussi avait été lycéen ; et il comprenait aisément qu'à cet âge, on puisse aimer avoir un petit jardin secret.
— D'accord, mais tu vas t'entraîner un peu seul les prochaines fois.
Kageyama le dévisagea.
— Je comptais mettre en place des matchs de trois contre trois, expliqua le coach, mais je pense que pour toi, il te faut autre chose en ce moment.
— D'accord, acquiesça le brun.
Finalement, être un peu seul et surtout loin de la blonde et de son agaçant petit ami ne serait pas une mauvaise chose.
— Je vais demander à Yachi de t'aider, continua Ukai. Monsieur Takeda s'occupera de prendre les résultats.
À ce moment, le brun se décomposa.
Dans ces circonstances, la situation ne lui paraissait plus du tout être une bonne idée.
— Ce n'est pas la peine, je peux me débrouiller seul, se dépêcha d'affirmer le garçon.
— Seul ?
Ukai arqua un sourcil.
— Mais comment tu veux t'envoyer le ballon et avoir le temps de le rattraper ? Tu ne progresseras pas comme ça, il faut quelqu'un avec toi. Je passerai sûrement te voir, mais il faudra aussi que je m'occupe des autres. Yachi t'a déjà aidé par le passé, je pense que ça ne la gênera pas de recommencer.
Le coach ne tarda pas de demander son avis à la petite blonde. Cette dernière n'avait pas été particulièrement emballée par l'idée, mais refuser était impossible.
Savoir qu'elle allait de nouveau se retrouver seule avec le brun l'avait particulièrement perturbé. Mais plus exactement, c'était contre le sentiment heureux qu'elle avait ressenti, que la jeune femme avait pesté le plus.
Le soir venu, Hitoka prit ainsi tout son temps pour ranger ses affaires et rejoindre le garçon au gymnase numéro trois ; celui à côté d'où ils s'entrainaient habituellement.
Tobio, quant à lui, avait opté pour une option différente. Afin d'atténuer au maximum l'angoisse de se retrouver seul avec celle qui m'était son cœur en émoi, il s'était rué le plus rapidement dans la salle de sport pour se calmer grâce à un échauffant intensif.
— Bon... Bonjour, lâcha timidement la blondinette.
La tête baissée, elle rentra d'un pas pressé pour déposer ses affaires sur un banc.
— 'lut, répondit brièvement Kageyama dont le stress qui s'était déversé dans ses veines en écoutant la voix de sa camarade avait fait accélérer les micro passes qu'il effectuait avec le ballon.
Ils restèrent silencieux le temps que la jeune femme soit prête.
Depuis ce jour où le brun avait proposé de la raccompagner, ils ne s'étaient pas reparlés. Même en classe où durant les entraînements, Kageyama s'était arrangé pour que jamais ils n'aient un mot à échanger. Cela avait profondément meurtri le cœur de la blonde, bien qu'une petite voix dans sa tête lui soufflait que c'était mieux ainsi.
Mais ce soir là, ils n'auraient pas d'autre choix que de communiquer.
— On... On commence ? Je suis prête...
Tobio acquiesça d'un signe de tête.
Evitant toujours les paroles inutiles, il expliqua brièvement :
— On fait comme d'habitude. Envoie moi la passe, et je vise les bouteilles.
— D'accord, fit la jeune femme en opinant de la tête.
En silence elle attrapa le ballon que lui envoya le garçon, puis commença à le renvoyer.
L'ambiance était lourde dans le gymnase. Quelques fois, le passeur échappait des "trop haut" ou "trop bas" destinés à lui même.
Hitoka préférait ne rien dire, car elle avait peur de ce que ses lèvres pourraient délivrer.
Toute cette histoire lui mettait les larmes aux yeux. Elle n'avait ni choisi, ni désiré ce qu'il se passait. Elle aurait aimé ne penser à Shôyo qui ne cessait d'être un peu plus adorable chaque jour. Elle aurait voulu ne jamais s'apercevoir que les saphirs de Tobio scintillaient de reflets bleu nuit sous le clair de lune.
Ainsi perdue dans ses moroses pensées, elle ne prêta pas attention au ballon qui avait échappé au contrôle du brun.
— Attention !
Trop tard.
La balle venait de rebondir sur la petite tête de la lycéenne qui, étourdie, tomba à terre.
— Hitoka ! s'exclama Kageyama dont le sang ne fit qu'un tour. Ça va ?! se pressa-t-il de demander en se dirigeant vers elle.
— Ça... Ça va... répondit évasivement cette dernière en se frottant le crâne, les yeux clos.
Lorsqu'elle les rouvrit, elle tomba nez à nez avec le visage du garçon à seulement quelques centimètres du sien.
Elle se mit subitement à rougir, mais une force l'empêcha de se reculer. S'anima alors dans son ventre, les mêmes friselis que le soir où ils avaient fait un détour par le parc.
De son côté, la conscience de Kageyama l'avait déjà quitté. Il n'avait désormais d'yeux que pour ces deux disques aux reflets chocolats qui l'avaient harponné dans un regard sucré. À nouveau, il retrouvait cette irrésistible sensation d'être au meilleur endroit du monde.
Cette fois, le silence changea de bruit.
Il s'était paré de deux tempos qui résonnaient, synchronisés ; c'étaient les battements de leur cœur.
— Kageyama !
La porte du gymnase s'ouvrit en grand et Hinata apparut.
— On a fini l'entraînement plus tôt. Tu me fais des passes ?
Mais le petit roux arqua un sourcil en voyant sa copine et son meilleur ami, tous les deux accroupis par terre.
Dans un sursaut, le brun et la blonde s'étaient écartés, mais il leur fallait encore expliquer ce qu'ils faisaient à même le sol.
— Hitoka ? Tout va bien ?
— Shôyo, répondit la jeune femme en échappant un sourire gêné.
Lorsque Tobio écouta la jeune femme appeler le rouquin par son prénom, la colère qui ne le quittait plus depuis des jours redoubla d'intensité.
Il se releva d'un coup sans prêter attention au petit couple.
— Tout va bien, reprit Yachi en se levant à son tour. Je me suis simplement emmêlée les pieds en voulant rattraper le ballon...
— Oh, fais attention, la sermonna gentiment son copain.
Au même moment, Kageyama échappa un rire moqueur.
— C'est toi qui dit ça, la crevette...
Hinata fronça les sourcils. Il était habitué aux piques du passeur, mais ce n'était pas pour autant qu'il aimait le laissait parler sans rien dire.
— Qu'est-ce qu'il a, le roi boudeur ?
— Le roi boudeur ? répéta Kageyama en plissant les yeux. Qu'est-ce que tu chies, encore ?
— Fais pas genre, rétorqua le roux. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure que y’a un truc qui va pas, continua-t-il. Fais moi des passes, ça fait un bail que j'ai pas frappé les tiennes. Je suis sûr que ça ira mieux après !
— Arrête tes conneries, cracha le brun.
Dans sa rage, il envoya brutalement le ballon vers son coéquipier, avant d'en prendre un autre dans le panier à côté de lui.
— Le coach m'a dit de m'entraîner seul. Hors de question de te faire des passes ce soir.
Hinata fronça les sourcils de plus belle.
— Aller, insista-t-il. On dirait que tu me fais la tête, j'ai pourtant pas fait n'importe quoi aux pré-selection !
— Pfff, arrête de te croire au centre de tout. J'ai rien contre toi.
— Alors fais moi quelques passes ! réitéra le plus petit en balançant le ballon qu'il avait reçu plus tôt en direction du passeur.
Ce dernier lâcha celui qu'il avait dans les mains pour l'attraper.
— Je t'ai dis non, vociféra-t-il en renvoyant la balle avec la même violence que ces mots.
— Bordel, mais pourquoi ?! explosa Hinata en laissant tomber le ballon qu'il avait récupéré.
Il se dirigea ensuite vers le brun d'un pas résolu.
Kageyama était le premier ami qu'il s'était fait dans ce lycée et surtout celui dont il était le plus proche ; quoi qu'en dise leur rivalité. Alors il n'avait pas pu louper l'air morose qu'avait revêtu le jeu du brun. Et de le voir sombrer en silence le dévorait de l'intérieur. Shôyo aurait voulu que, pour une fois, le passeur mette sa fierté de côté pour soulager sa peine sur les épaules de ses amis. Le roux avait bien demandé de l'aide à Yachi, se disant que les langues se déliaient souvent bien plus vite face à une présence féminine, mais sans qu'il ne puisse s'expliquer pourquoi, Tobio semblait encore moins enclin à discuter avec la jeune femme. Bientôt un mois qu'il les évitait tous les deux.
— Tu vas finir par nous dire ce qu'il ne va pas ?! renchérit-il. Tu vois pas que tout le monde se fait un sang d'encre, pour toi ?!
— Hein ?! lâcha le brun dans un raclement de gorge.
D'écouter le roux s'inquiéter l'avait mis hors de lui. Parce qu'il était justement la raison de toute sa colère. Son existence même rendait tout plus compliqué.
Depuis la première fois où ils s'étaient parlé, Kageyama n'avait pu supporter cette touffe orangée qui sautait partout dans une excitation permanente et qui lui donnait mal au crâne. À cause de lui, son inscription au club de volley de Karasuno avait été mis en péril ; à cause de lui, sa progression en tant que passeur avait été mis en stand-bye, cantonné principalement à la formation de ce parasite. À cause de lui, celle qui l'aimait en aimait un autre.
— Tu vas finir par parler, à la fin ?! cria Hinata en l'attrapant par le col.
Le mutisme du brun mettait à mal son sang froid déjà fragilisé par l'inquiétude qu'il se faisait pour son ami.
— Mais lâche moi, à la fin ! s'énerva Kageyama qui essaya de se dégager de la prise du rouquin, sans succès.
— Argh, tu m'énerves, rétorqua Shôyo en se cramponnant un peu plus malgré les coups que lui mettait son coéquipier.
— A... Arrêtez ! s'écria alors Yachi à son tour, pétrifiée.
Dépassée par les événements, la jeune femme était désemparée.
Elle se savait en partie responsable de leur dispute, et de voir les deux garçons qu'elle aimait se battre sous ses yeux était une vision insupportable.
Alors sans réfléchir, elle se rua entre eux.
— Arrêtez ! réitéra-t-elle, sans succès.
Kageyama frappait de plus belle sur le rouquin qui restait solidement accroché à lui.
— Tobio ! fini-t-elle par crier avant de continuer d'une voix suppliante, les cordes vocale brisées pas de premiers sanglots, Arrête, s'il te plaît...
En écoutant la jeune femme appeler le brun par son prénom, les deux garçons se stoppèrent. Ils regardaient ensuite Hitoka avec de grands yeux ronds, et ce ne fut qu'à ce moment là que la blonde prit conscience de ce qui lui avait échappé.
Dans les pays occidentaux, une telle chose serait sûrement passait inaperçue ; mais au Japon, seuls les êtres cher à quelqu'un avait le droit d'entendre cité leur prénom.
Abasourdi, Hinata lâcha Kageyama qui avait arrêté de le rouer de coups ; lui aussi bouche bée.
— Euh.. J... Je... Je suis désolée, se dépêcha de s'excuser la jeune femme en effectuant une petite courbette. Ça... Ça m'a échappé !
Mais le cerveau de son petit ami était déjà en pleine réflexion. À la vitesse de l'éclair, les éléments de ces derniers jours lui revint en mémoire. La présence presque intrusive du passeur dans leur couple, puis sa disparition soudaine ; la position des deux qu'il avait surpris quelques minutes plus tôt et dont sa naïveté lui avait caché l'aspect suspect. Hinata réfléchit, et alors il comprit.
Les yeux ronds, il dévisagea son meilleur ami et sa copine ; ne réalisant toujours pas la seule conclusion qu'il avait trouvé à ses réflexions.
En voyant l'étrange flamme qui brûlait dans les yeux du rouquin, Kageyama et Yachi échangèrent un regard inquiet.
Hinata ouvrit la bouche, s'apprêtant à parler, mais se ravisa.
Sans dire un mot, il se recula de quelques pas puis sortit précipitamment du gymnase.
— Shôyo !
Hitoka se précipita vers l'extérieur pour le suivre.
— Shôyo, attends !
Mais le roux continuait de marcher d'un pas mal assuré, n'arrivant toujours pas à intégrer ce qu'il semblait avoir deviné.
— Shô !
Yachi fini par le rattraper et le stoppa en l'attrapant par le bras.
Le garçon lui renvoya alors un regard livide qui lui glaça le sang.
— Hitoka, dis moi qu-
— Je suis désolée, cria-t-elle en se courbant devant lui.
— Désolée ? souffla son copain d'une voix éteinte. Mais de qu-
— Je suis sincèrement désolée, réitéra la blonde. Je n'avais pas prévu que ça se passe comme ça... fini-t-elle en bataillant pour ne pas échapper de larmes.
Ce soir, elle avait décidé d'être forte. Forte et honnête, car c'était le minimum que méritait Shôyo.
Alors le garçon finit par comprendre.
De nouveau, ses yeux s'écarquillèrent ; réalisant que ce qu'il venait de s'imaginer n'était pas le simple fruit de son imagination.
Au même moment, Tobio apparut à l'entrée du gymnase. Une violente envie de le frapper électrisa le sang du central qui se rua vers lui.
— Kageyama, espèce de-
Mais il fut coupé dans son élan par Tanaka qui, attiré par les cris, s'était précipité au gymnase.
— Oï, il se passe quoi, là ?! s'écria le rasé ; comprenant que la scène qui se jouait devant ses yeux n'était pas une dispute habituelle.
Hinata crispa ses points de frustration. Sa mâchoire était si serrée par les sentiments de haine et de tristesse qui le traversaient que des larmes apparurent aux coins de ses yeux.
— Je vous ai posé une question, putain ! demande de nouveau Ryu.
Shôyo lâcha alors un cri si déchirant, qu'il cloua sur place ses trois camarades en leur retournant le cœur.
Il baissa ensuite ses yeux en se détachant de la poigne de son aîné qui le tenait encore fermement.
— Rien, souffla-t-il. Il ne se passe absolument plus rien.
᳂᳂᳂
(Je suis encore en retard, désolée !!!! >.<)
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