𝟮ᵉᵐᵉ 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲
《𝓙𝓮 𝓽'𝓪𝓲𝓶𝓮 𝓹𝓵𝓾𝓼 𝓺𝓾𝓮 𝓽𝓻𝓸𝓲𝓼 𝓯𝓸𝓲𝓼 𝓶𝓲𝓵𝓵𝓮
~𝓣𝓸𝓷𝔂 𝓢𝓽𝓪𝓻𝓴》
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— On a fini pour aujourd'hui, l'entraîneur Nekomata frappa dans ses mains, vous pouvez y aller.
— Mais avant, pensez à bien vous étirer, intervint Manabu Naoi.
Le coach laissa volontairement son regard s'attarder sur Haiba qui s'apprêtait déjà à filer en douce.
— Lev, ce n'est parce que Yaku n'est plus là qu'on ne va pas te surveiller.
Le russo-japonais sursauta en écoutant son nom. Lui qui pensait pouvoir partir discrètement pour continuer à s'entraîner aux smash, bien que tout seul c'était un peu compliqué, se fit sévèrement rappeler à l'ordre.
— Maintenant que les anciens ne sont plus là, il va falloir qu’on les tienne à l'œil, se désola Naoi.
Monsieur Nekomata rigola en écoutant le soupir de son coach.
— Kuroo, Yaku et Kai sont partis, c'est vrai, mais d’autres on pris leurs places d'aînés, fit-il en fixant Taketora claquer une tape amicale dans le dos de Kenma.
Manabu suivit son regard.
— Que Kuroo ait proposé Kozume pour le remplacer en tant que capitaine m'a plutôt surpris, pas vous ? dit-il en fixant le blondinet à la teinture effacée.
— C'est vrai qu'à première vue, Fukunaga semblait une meilleure option, répondit le vieil entraîneur. Il parle facilement avec les autres bien qu'il soit discret, et son jeu vif est bon. Très éloigné de notre passeur endormi, rigola-t-il. Mais après cette première semaine d'entraînement et une mûre réflexion, je crois avoir compris pourquoi Kuroo l'a recommandé. Et c'est pour ça que j'ai accepté son choix.
Naoi leva un sourcil interrogateur.
— Lequ-
— Bon, le coupa Nekomata, tu pourras t'occuper de la fermeture, ce soir ? Nous avons fini un peu tard et si j'arrive avec encore plus de retard, je crois que je suis bon pour dormir sur le canapé.
De nouveau, l'entraîneur rit de bon cœur.
Cela étira un sourire attendrit sur les lèvres de son coach. Une femme capable de tenir tête à monsieur Nekomata durant autant d'années devait véritablement faire peur si elle était en colère.
— Aucun problème, assura-t-il.
— Merci, répondit le vieille homme en se levant de son siège. À la prochaine, dans ce cas.
Puis il partit.
Naoi se leva à son tour. Il était heureux de constater que tous avaient mis la main à la pâte et que depuis le retour du prestigieux entraîneur qui avait hissé Nekoma dans le top huit des meilleures équipes, la règle obligeant les secondes à ranger sous l'œil condescendant des aînés avait été abrogée.
— Je vais fermer, dépêchez-vous, indiqua-t-il aux derniers élèves restants.
— À plus, coach ! cria alors Yamamoto en lui faisant un signe de la main.
— Lev, la voix endormie de Kozume résonna, l'étirement n'est pas censé te prendre autant de temps. Viens où tu resteras enfermé dans le gymnase jusqu'à demain matin.
L'argenté se leva précipitamment, heureux d'être libéré de cette tache encombrante.
— Kenma ! s'écria-t-il. Tu me fais des passes ? J'aimerais bien m'entraîner aux smash !
— Entraine toi plutôt à la réception.
Haiba grimaça. Cette technique là n'était vraiment pas sa préférée. Lui n'était pas un libéro, il en était d'ailleurs très loin d'avoir la taille, alors pourquoi s'ennuyer à parfaire quelque chose qu'il trouvait inutile et, qui plus est, ennuyant à mourir ?
— Dans tous les cas, j'aurai besoin de quelqu'un pour m'envoyer des passes, rétorqua-t-il, alors c'est bon ? Tu restes ?
Le central espérait que si son nouveau capitaine acceptait de lui envoyer quelques ballons, il pourrait le faire changer d'avis et s'entraîner à ce qu'il souhaitait.
— Envoie le ballon contre un mur de toutes tes forces et le plus haut possible. Ensuite, entraine-toi à le réceptionner, ça fera pareil, répondit mollement le blondinet, les yeux rivés sur sa console.
Il avait ressorti du placard sa vieille game boy colore et retrouvait ainsi tous les pokemons qu'il avait capturé dans la version ruby.
Le rire franc de Yamamoto éclata devant eux. Le rasé se retourna puis tapota avec désolation, l'épaule de son cadet.
— Laisse tomber, t'obtiendras rien de lui une fois l'entraînement terminé.
Lev fit la moue, déçu.
— Aller, venez, on va s'acheter des brioches à la viande chez le vieux Haruichi. Parce que je sais pas vous, mais je crève la dalle !
— Je rentre directement, moi, intervint Kenma sans quitter sa console des yeux.
— Hm ? Aller, viens, insista Tora.
— En temps que nouveau capitaine, tu te dois de passer du temps avec tes joueurs ! s'exclama soudain Inuoka en plaquant ses mains sur les épaules du petit blond.
Kozume se sentit mal à l'aise en écoutant le grade par lequel le châtain l'avait appelé.
Il ne comprenait vraiment pas pourquoi Tetsuro l'avait affublé de ce rôle, alors qu'il connaissait parfaitement son penchant pour la flemmardise. De plus, il était bien moins bon orateur que lui ou que Fukunaga. Même Tora lui aurait semblé être un choix bien plus judicieux. Mais lui, non, vraiment il ne comprenait pas. Ce n'était pourtant pas faute d'être doué d'une parfaite capacité d'analyse. Mais le gamer avait beau se repasser tous ses "stats" en tête et les comparer à ceux de ses camarades, aucune stratégie étudiée ne justifiait l'avis du brun.
De plus, le rôle de capitaine plaçait Kozume au centre de l'attention. Et ça, Tetsuro était conscient plus que quiconque, que c'était la chose que le petit blond avait le plus en horreur.
— Kenma.
Le passeur de Nekoma sursauta en écoutant la voix qui venait de l'appeler. Elle était grave et familière, mais elle n'avait strictement rien à faire dans son environnement à l'heure actuelle.
Il leva précipitamment son regard de sa console de jeu et écarquilla les yeux en apercevant son ami d’enfance.
— Kuroo... ? souffla-t-il, surpris.
Une main sur la hanche et l'autre reposant sur son épaule tout en faisant se balancer son sac derrière son dos, l'ex capitaine de Nekoma était posté devant le portail du lycée.
— Kuroo ! s'exclama Tora en se précipitant vers lui.
— Oh, capitaine ! s'écrièrent d'une voix enjouée Inuoka, Lev et Shibayama.
Tetsurou salua ses anciens coéquipiers, sans oublier d'en charrier quelques uns au passage.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Kenma qui avait recentré son attention sur sa console de jeu. Je croyais que tu ne rentrais pas avant la semaine prochaine.
— J'ai terminé plus tôt, expliqua alors le brun. Je me suis dépêché pour pouvoir assister à votre entraînement et saluer le vieux Nekomata, mais je suis arrivé trop tard à ce que je vois...
— Kuro'o, intervint Tora, on est parti s'acheter des brioches à la viande. Tu viens ?
— Ça fera venir Kenma, comme ça, renchérit Lev.
Tetsurou fronça les sourcils en écoutant le projet de ses cadets.
— Vous feriez mieux de rentrer et de manger un vrai repas, fit-il d'une voix forte.
Devant la réprimande de leur ancien capitaine, Haiba et Yamamoto se crispèrent.
— Mais j'ai trop faim, je pourrai jamais attendre d'être rentré chez moi... répondit le grisâtre.
— Pareil... renchérit le chauve.
Au même moment et comme pour appuyer ses propos, son ventre se mit à gargouiller bruyamment.
— Si vous continuez à manger n'importe quoi, intervint Kenma de son ton mollasson, vous allez vous empâter et vous ne sauterez plus assez haut pour que je puisse vous faire la passe.
Kuro'o lâcha un rire sarcastique en écoutant le blond, heureux de constater que son côté manipulateur lui avait déteint dessus.
— Vous allez finir sur le banc, et ça sera pas la peine d'espérer attirer les filles, continua le nouveau capitaine.
Tetsurou rit de plus belle lorsqu'il vit les deux affamés se décomposer.
Yamamoto geint bruyamment.
— Bon, bah y a plus qu'a rentrer le plus vite chez soi... soupira-t-il. J'vais par là, continua le pointu en montrant la rue qui tournait à gauche. À demain, les gars. À plus, Kuro’o.
Puis il commença à partir.
— Attends, moi aussi je vais par là, s'exclama Lev en se précipitant pour le rattraper. D'ailleurs, tu veux pas me faire des passes, Tora ?
— C'est mort, j'ai trop la dalle pour ça…
— Entraine-toi plutôt aux réceptions, lui cria Tetsurou.
Le russo-japonais sursauta.
Décidément que Yaku soit là ou pas, personne n'allait le laisser tranquille avec ces foutus réceptions.
— Moi aussi, je vais aller, fit Inuoka. Vous prenez le tram ?
— Oui, mais station Akito, répondit Kozume.
— Tu prends celle à Yubuza, toi, nan ? demanda Kuro’o.
Le plus jeune central acquiesça d'un signe de tête.
— On se laisse ici, dans ce cas, fit-il.
— Ça marche, répondit le brun.
— 'plus, fit le blond.
— Bye, capitaines !
Puis il partit à son tour.
Les deux amis attendirent quelques secondes avant de se mettre en route à leur tour.
— Il ne m'a pas dit au revoir, on est d'accord ? déclara soudain le plus petit.
En apercevant l'aura dépressif qui émanait de son meilleur ami, Kuro'a rigola.
— Si, il te l'a dit.
Kenma le dévisagea en fronçant le nez.
— Le "bye capitaines" s'adressait à toi aussi, expliqua le brun.
— Il ne m'a jamais appelé capitaine.
— Il n'allait pas t'appeler comme ça l'année dernière, insista Kuro'o. Mais maintenant, va falloir t'y habituer.
Kenma soupira devant cette terrifiante vérité.
Tetsurou le regard du coin de l'œil avant de secouer sa tête de désapprobation. Le brun était presque certain de comprendre ce que signifier ce soupir.
— Ah, et on va pas prendre le tram, informa-t-il. Il fait beau, on peut rentrer à pied.
Son meilleur ami leva précipitamment la tête de sa console, les yeux exorbités. Il se sentit soudain victime de la plus odieuse des trahisons.
Tetsurou lâcha un rire moqueur.
— Fais pas cette tête, ça te fera pas de mal d'améliorer ton endurance.
— Je te déteste, marmonna le blond, mais cela ne fit que renforcer les rires mesquins de son ami brun.
Pendant un instant, les deux amis marchèrent en silence jusqu'à ce que Kuroo reprenne la parole :
— Alors ? fit-il avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Elle s'est passé comment, cette première semaine d'entraînement en tant que cap-
— Tetsurou, le coupa Kenma.
Le brun qui marchait quelques pas devant lui se stoppa pour se retourner.
— Pourquoi t'as demandé aux coachs que je sois ton remplaçant ?
Kuro'o lâcha un rictus amusé avant d'attraper la game boy que le blondinet tenait précieusement entre ses mains.
— Eh, protesta ce dernier, arrête, j'allais attraper un regirock niv-
— Lâche-moi ça au moins le temps du trajet, rétorqua le brun. Sinon tu vas finir par te ramasser un poteau.
Le blond fronça les sourcils.
— N'esquive pas ma question.
— C'est marrant, t'utilise mon prénom que quand on est que tous les deux, rigola l'ex capitaine en jetant un œil à la console de jeu.
Il appuya sur quelques boutons avant de la faire glisser dans la poche de son pantalon.
— C'est faux, rétorqua Kenma, et réponds-moi.
— C'est vrai, et je vais te répondre.
Le brun soupira avant de poursuivre, le regard droit devant lui.
— J'ai beaucoup hésité entre Fukunaka et toi, avoua-t-il. Mais à bien y réfléchir, tu es le centre de notre l'équipe, le cerveau. Ça t'emmerde de devoir jouer les nounous avec Lev, et tu seras sûrement pas celui qui poussera l'équipe à faire un footing. Pour ça, je compte plutôt sur Tora, rigola le brun. Mais en plein match, c'est vers le capitaine qu'on se tourne, surtout si l'équipe est en difficulté. Celui qui dirige doit galvaniser les autres en trouvant le moyen de renverser la situation ; et c'est ce que nous a toujours apporté ta capacité d’analyse.
Kuro'o termina son explication en baissant sa tête vers le petit blond.
— Mais j'avoue aussi avoir fait ce choix pour que tu sortes de ta coquille.
Le rire taquin de l'ex capitaine résonna dans la ruelle où se trouvaient les deux amis.
Kenma le foudroya du regard en écoutant cette raison dont il avait la désagréable impression qu'elle était la plus importante.
— Je ne suis pas dans ma coquille quand je suis dans l'équipe, se défendit-il.
Kuro'o le dévisagea.
— T'es pas non plus hyper expressif, sauf peut-être avec Tora, rétorqua le central. Maintenant que t'es capitaine, tu vas devoir communiquer avec les petits nouveaux.
Un lourd soupir s'échappa des lèvres de Kozume.
Oui, il analysait plutôt bien et ses stratégies avaient toujours été bénéfiques pour l'équipe ; mais ce n'était pas suffisant pour être un bon capitaine. Il fallait savoir parler, savoir s'exprimer, remotiver quand ses coéquipiers perdaient espoir, il fallait donc de l'entrain et de l'énergie, comme en avaient parfaitement Kuro'o voir même Shoyo : absolument tout le contraire de lui.
Il détourna alors le regard, gêné.
— Je n'ai pas ton talent pour les discours... finit-il par avouer.
Et c'était sûrement ça qui le terrifiait le plus. L'angoisse du trou noir lorsqu'il se retrouverait à l'aube d'un match et qu'une douzaine d'yeux le scruteraient avec intensité, attendant patiemment un mot de sa part pour commencer l’offensive.
Kuro'o souria, goguenard.
— C'est donc ça qui te fait flipper ? T'as qu’à répéter ce que je disais tout le temps : "On est comme le sang, alors déplaçons nous avec fluidit-
— Elle est complément ringarde, ta phrase, le coupa Kenma en le dévisageant d'une mine dégoûtée, je te l'ai déjà dit. En plus c'est extrêmement gênant parce que ça me met au centre de l’attention.
— Kss, on s'en fout de ça, rétorqua le central, un peu blessé dans son égo. C'est pour galvaniser l'équipe, c'est pour l'ambiance, et ça a toujours très bien marché jusque là.
En voyant le visage, si rare, frustré de son ami d'enfance, Kenma lâcha un petit rire.
— Bon, et sinon ça se passe comment, là-bas ? fit-il en se remettant en marche.
Kuro'o soupira avant de le suivre.
— Ça va... dit-il d'un air songeur. C'est plutôt grand, mais les gens sont cool et les profs sont pas sur notre dos comme au lycée. En plus, mon appart est juste en face, du coup j'ai pas à me lever trop tôt.
Kenma acquiesça d'un signe de tête.
— Tu comptes continuer le volley, là-bas ?
— Yes, mon école possède un club, justement, s'exclama le brun. Mais le gymnase a subit un dégât des eaux, les inscriptions ont donc été décalées à la semaine prochaine.
Kozume acquiesça une nouvelle fois, puis les deux amis redevinrent silencieux.
Ils longeaient désormais la berge où siégeait tout en bas la rivière Sumikawa. En plongeant son regard dans les reflets orangés qui miroitaient sur l'eau, une vague de nostalgie s'empara du brun. Sans un mot, il s'arrêta, les yeux toujours fixés sur l'étendue bleutée et le carré de verdure qui l’entourait.
Kenma le dévisagea avec interrogation, attendant un mot du central.
— C'était ici qu'on s'entraînait, quand on était gosses, lâcha Kuroo, la voix grave reflétant ainsi la concentration qu'employé son cerveau pour se remémorer ses doux souvenirs d’enfance.
Le blond fronça le nez.
— C'est pas vraiment ton genre d'être nostalgique, qu'est ce qu'il t'arrive ?
Il se tourna en suite vers la berge et grimaça.
— J'appellerais plutôt ça des séances de tortures à essayer les 15 000 milles nouvelles techniques que tu voyais à la télé, plutôt que des entraînements... soupira le blond.
Kuro'o rigola avant de descendre les escaliers devant lui.
— Qu'est ce que tu fais ?
— Demain on est samedi, inutile de rentrer tout de suite. On se pose quelques instants ?
Comme pour appuyer ses propos, le brun se retourna vers le petit blond qui descendit à son tour.
Kenma s'était assis sur les marches, tandis que Kuro'o avait préféré rester debout. Face à eux, le soleil couchant diffusait son ultime lumière à travers les arbres, orangeant ainsi l'atmosphère. Chacun pensée en silence.
Cela faisait un mois et demi qu'ils ne s'étaient pas vu. Tetsurou était parti en école de commerce à une heure de chez eux, et pour faciliter les trajets, il louait un petit appartement non loin de là où se trouvait sa fac. Durant cette période, les deux amis d'enfance avait bien sûr échangé quelques messages, mais chacun étant pris par ses propres obligations, leurs conversations n'avaient jamais durer bien longtemps ; seulement assez pour que Kuro'o s'assure que Kenma ne profitait pas de son absence pour tirer au flanc et gamer jour et nuit.
— Ça fait bizarre, depuis que t'es plus là, fini par avouer Kozume.
C'est vrai que sans Tetsurou dans son champ de vision, ses journées étaient devenues étranges, presque monotones. Bien sûr, avec un an d'écart, ils avaient déjà vécu le fait de ne pas se retrouver dans les mêmes écoles durant les années charnières ; mais étant voisins, les deux garçons se retrouvaient forcément le soir pour rentrer chez eux. Mais cette fois là, c'était différent. Une fois les cours terminés, le brun comme le blond rentré chacun de leurs côté.
— Il y a des gens que tu connais, dans ta classe ? demanda Kuro’o.
Pour lui aussi, cet éloignement semblait étrangement plus dur qu'il ne l'aurait imaginé. Mais surtout, loin de Kenma, il n'était plus là pour s'assurer que tous se passait bien pour le petit blond. En le poussant à faire du volley et surtout à rester dans l'équipe de Nekoma qu'il avait un temps songé à quitter, Tetsurou s'était ainsi assuré que son introverti d'ami puisse avoir des gens sur qui compter une fois qu'il serait parti. Mais même en sachant que Kenma bénéficiait du soutient solide de ses coéquipiers, cela ne l'empêchait pas de se faire du soucis.
— Oui, acquiesça le blond, Tora. Et le midi, Lev et Inuoka nous rejoignent, souvent.
Kuro'o hocha la tête, heureux de constater qu'il avait eu raison de compter sur ses cadets.
— C'est vrai que ça fait bizarre, lâcha-t-il avec un sourire a moitié amusé mais empreint de nostalgie. Je n'ai plus cette horrible musique de Zélda qui me reste en tête ! s'exclama-t-il en rigolant.
Car si le brun avait un point faible, c'était bien celui d'être tout particulièrement sensible aux sons qui entraient trop facilement dans son cerveau sans qu'il ne puisse s'en dépatouiller. Et les musiques des jeux vidéos du blond étaient les pires. Créer volontairement pour que le joueur les retiennent et pensent ainsi à jouer régulièrement, il suffisait d'un après-midi passé chez les Kozume pour que le brun garde toute la semaine en tête le chant des pleines d'Hyrule, ou encore les notes électroniques et vintages, typiques de Mario Bross.
En écoutant les dire de son ami, Kenma se leva doucement pour se poster devant lui.
— C'est pokemon qui te restera en tête, cette fois.
Il tendit alors sa main en direction de la poche où Kuro'o avait rangé sa Game Color. Mais sans surprise, l'ex capitaine de Nekoma l'en empêcha.
— Je t'ai dis que je te la rendrai quand on sera rentré, rigola ce dernier. Profite de la nature, plutôt.
Kenma fronça le nez, peu emballé par cette idée. Il reparti alors à la charge avec cette fois un peu plus d'entrain. Par mesure de sécurité, Tetsurou sorti la console de sa poche et la leva de manière à ce qu'elle soit hors de porté du petit blond. S'en suivit alors un combat peu commun où Kuro'o maintenait, sans effort, Kenma éloigné de sa console de jeu.
Mais le blond se montra plus persévérant et déterminé que jamais. Et alors que Kozume posait enfin ses doigts sur sa game boy fétiche, il se sentit soudain trébucher en arrière.
Précipitamment, il jeta sa console pour qu'elle ne tombe pas dans l'eau avec lui.
— Kenma ! s'écria Kuro’o.
Il le rattrapa in extremis, et sous la force employée par le brun pour tirer le blond en avant, ils tombèrent tous les deux au sol, l'un sur l’autre.
Ils restèrent un instant sans bouger afin de réaliser ce qu'il s'était passer, puis Kozume se redressa doucement sur ses avant bras, son corps toujours au dessus du plan grand.
— Me... Merci, soupira-t-il, un peu sonné.
— C'est moi où t'as balancé ta console dans l'herbe ? déclara le brun en lâchant un rire narquois.
— J'allais pas prendre le risque de l'abîmer... se défendit le blondinet.
Kuro'o fit de nouveau résonner son rire moqueur.
— Toi alors, souffla-t-il.
Il se redressa à son tour, obligeant ainsi son cadet à se reculer entièrement. Mais lorsque Kenma releva son visage vers celui qui avait amorti sa chute, leurs regards s'agrippèrent et il se stoppa brusquement. Tetsurou aussi ne tenta plus de se relever, ses yeux captivés par les opales dorés aux contour félin qui le fixaient intensément. Cela fit accélérer sa respiration, entraînant ainsi un léger essoufflement qui s'échappaient de sa bouche. Leurs visages étaient proches ; si proche que Kenma put aisément sentir le souffle chaud et presque haletant du grand brun, quand lui même empêchait ses poumons de fonctionner correctement.
Sans crier gare, Kuro'o fit glisser une de ses mains derrière la nuque du petit blond et rapprocha précipitamment son visage pour l'embrasser. Ce baiser, bien qu'engagé brutalement, s'adoucit pour laisser place à un échange plus agréable. Puis lentement, le brun se recula, adressa un œil furtif au petit blond dont les yeux s'étaient écarquillés sous la surprise, et se releva.
Il se racla la gorge, mal à l’aise.
— Hm, euh... Désolé, fit-il en se frottant l'arrière de la nuque.
À son tour, Kenma se leva avant de répondre d'une voix éteinte, preuve qu'il avait encore du mal à réaliser ce qu'il s'était passé :
— N... Non, t'inquiète, c'est rien, dit-il en secouant la tête pour retrouver ses esprits.
Il jeta ensuite un bref coup d'oeil aux alentours afin de trouver où sa console de jeu avait atterri. Il la repéra juste à côté de là où ils étaient tombés, mais alors qu'il s'apprêtait à se baisser pour l'attraper, Kuro'o le devança.
— Tiens... dit-il en lui tendant sa game-boy
— Merci…
Kozume la prit du bout des doigts, et lorsque leurs regards se rencontrèrent à nouveau, tous deux détournèrent précipitamment les yeux. Kenma se frotta le bras avec anxiété, tendit que Tetsurou continuait de malaxer douloureusement sa nuque. Puis alors que le temps semblait s'écouler au ralenti, Kuro'o se sentit soudain tiré par le bas. Les bras autour de son cou, le blondinet plaqua ses lèvres d'une manière tout aussi abrupte que l'avait fait le brun quelques minutes plus tôt. Mais contrairement à lui, l'étudiant ne se laissa pas pétrifier par la surprise et vint rapidement enlacer sa taille pour répondre au baiser qui lui était donné.
᳂᳂᳂
Oya~
Comment allez vous ?
Voici le deuxième chapitre de Serve, Set & Block, j'espère qu'il vous aura plu 🤗
De mon côté, je vous fais de gros bisous,
Prenez soin de vous,
Crunch 💕
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