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— C'est seulement maintenant que tu rentres ?

Une voix rauque se fit entendre de la cuisine alors que Haru retirait ses chaussures sur le pas de la porte. Des pas se rapprochèrent de là où l'adolescente se trouvait alors que celle-ci commença à doucement paniquer, ne souhaitant guère échanger avec son paternel.

— Quand je te parle, ai au moins le mérite de me répondre, t'ai-je si mal élevé ? Fit l'homme se plantant devant sa fille. Elle leva les yeux vers lui et fit d'une voix lasse,

— Excuse-moi, j'ai eu un imprévu. Je dois aller réviser.

Alors qu'elle s'apprêtait à le contourner pour aller jusqu'à sa chambre, il attrapa son avant-bras, la forçant a planté ses pupilles sombres dans les siennes plus clairs. Haru avait l'habitude de rentrée assez tard chez-elle, mais son altercation avec le capitaine de l'équipe du football l'avait retardé d'une bonne trentaine de minutes, mettant ainsi, celui qu'on pouvait qualifier de « père » en furie

— Ton imprévu a été de faire la prostituer dans la ville ? C'est de là que provient la veste, je présume.

Il n'avait pas haussé le ton. Kenji Uchinaga n'avait aucunement hausser la voix, pourtant, celle-ci était emplie d'un dégoût sans précédent à l'égard de celle qu'il ne considérait plus comme sa fille depuis bien longtemps.

— Je n'ai pas fait la « prostituée » comme tu le dis. Mon uniforme, c'est tâcher, un garçon m'a prêté sa veste, c'est tout.

La prise sur son avant-bras se fit plus forte au point que Haru grimaça légèrement de douleur. Elle regrettait déjà ses propos et d'avoir tenu tête au quarantenaire qui ne supportait pas que quiconque lui réponde, et encore moins Haru.

— Tu n'es pas mieux que ta mère, de vraie traînée. Telle mère, telle fille, c'est ça qu'on dit, n'est-ce pas ? Ria t-il amèrement avant de relâcher toute pression sur le bras de sa fille. Et ne pense même pas à laver ce déchet dans ma maison.

Sur ces doux mots, le plus âgé s'en alla – non sans claquer la porte –, laissant la plus jeune seule, dans la petite pièce simplement éclairée d'une faible lumière, légèrement tremblante.

Elle se rassura comme elle pouvait en se disant qu'aujourd'hui, il était assez calme, et que cela aurait pu être pire. Elle attrapa son sac initialement posé au sol et s'en alla pour retrouver sa chambre, en faisant un détour par la cuisine pour amener une pomme et quelques paquets de biscuits discrètement avant de s'enfermer à clés dans le peu qui lui restait d'intimité.

Pourtant, même si elle mourrait d'envie de s'allonger dans son lit et dormir, elle ne le fit pas, se contentant de s'assoir à son bureau en sortant les révisions qu'elle n'avait pas finies d'il y a peu.

Un bâillement lui échappa entre deux calculs, signe que la fatigue commençait doucement à la guetter. Elle se convainc de finir au plus vite ses révisions, pour espérer avoir ces six précieuses heures de sommeil.

Elle se replongea à nouveau totalement dans ses révisions, bien motivé à décrocher les meilleures notes.

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– Uchinaga, félicitations. Vous vous classez au haut du classement, s'exclama son professeur en tendant la copie à son élève, celle-ci entouré en rouge la note de quatre-vingt-dix huit sur cent. Continuer comme ça et là bourse sera pour vous. Haru sourit à son professeur alors que celui-ci continua sa distribution.

– Uchinagaaa-chaaaan... T'es vraiment douée dans toutes les matières, comment fais-tu ? S'exclama l'une de ses camarades qui regardait pitoyablement le trente-deux sur cents écrits en gros sur sa copie d'examen.

– Hum, commença Haru voulant se la jouer mystérieuse, je dirais que j'ai énormément de chance ?

– En tout cas, je suis persuadée qu'elle pourra obtenir la bourse de fin d'étude ! Affirme Kioshi, reculant sa chaise pour la coller au dos de la table de l'adolescente.

– Tu voudrais étudier où après ? Demanda curieuse la déléguée Kaede Maeda alors que celle-ci recoiffait discrètement sa chevelure acajou.

– J'aimerais bien faire des études à l'étranger, confia-t-elle, aux États-Unis !

– Do you speak fluent English to want to go there ? Questionna Kioshi, un brin provocant. Il est vrai que l'anglais était la rare matière où Haru ne se plaçait pas première vu que la place était déjà occupée par Kioshi vite suivie de son frère. En même temps, les deux étaient fils d'un père travaillant au centre du business japonais et donc en continuelle relation avec l'étranger. Espérant que l'un des deux le succède, ils les avaient spécialisés dans les langues et toute matière pouvant leurs servires même si les deux n'avaient, pour le moment, yeux que pour le football.

– Of course I can speak, don't worry about that, dear Sano. Répondit-elle, lui rendant son sourire provocateur.

Les deux camarades n'étaient pas forcément très proches, mais leurs petites compétitions entre eux avaient pour habitude d'animé la classe. Les frères Sano tout comme Uchinaga avaient déjà leurs petites réputations au sein des dernières années.

Les frères étaient considérés comme les jumeaux prodiges en tout sport alors que Uchinaga, elle brillait dans pratiquement toutes les disciplines scolaires, ce qui lui permit d'obtenir le respect de ceux de son âge et l'admiration des plus jeunes.

Le professeur demanda l'attention des élèves, ce qui rompit la petite pause que les adolescents c'étaient octroyer pendant ce court laps de temps. Le calme redescendit et le cours commença alors que l'ébène regardait fixement sa copie, une faible lueur de fierté dans ses yeux. Elle était heureuse de recevoir les félicitations de ses professeurs comme de ses camarades. De savoir qu'ici, des gens croyaient en ses capacités.

La pause du midi arriva bien vite alors que la noiraude déambulait dans les couloirs accompagnés de Rina.

– Quel abruti, je ne l'ai jamais sentie ce type-là de toute façon. Il donne toujours l'impression qu'il prend tout le monde haut, s'indigna la rouquine après que son amie lui ait raconté ces mésaventures d'y hier soir.

– Mais bon, il a dû s'en vouloir, car il m'a prêté sa veste après. Relativise la brunette alors que Rina continuait de balancer d'inverse insulte à l'égard du footballeur.

– Tu parles, ça doit être ses coéquipiers qui l'ont forcé. Je le vois mal-être sympa.

Haru laissa un rire s'échapper d'entre ses lèvres, amusée de l'indignation de sa camarade. Pourtant, un point lui revient en mémoire.

– Par contre, je dois lui rendre sa veste, mais ma machine à laver est en panne.. Soupira-t-elle.

– Tu veux que je demande à ma mère de la laver ?

– Ça ne te dérangerait pas ? Merci Rina, vraiment. Fit la lycéenne rassurer et décharger d'un poids sur ses épaules.

Les deux ne purent continuer leurs conversations, qu'elles c'étaient déjà engager dans l'espace brillant qu'était la cafétéria.

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– Haru, tu ne restes pas au lycée ? Demanda Rina alors que les deux adolescentes sortaient de leurs classes.

– Pas aujourd'hui, je vais profiter que le prof ne soit pas là pour sortir un peu, confessa-t-elle sous le regard pétillant de son amie, heureuse de voir qu'elle n'allait pas passer encore une fois des heures devant ses cahiers.

Toutes deux étaient rapidement arrivées au portail et se saluèrent avant que chacune ne prenne la direction opposée. Haru resserra son sac à dos autour de ses épaules avant de lancer la navigation sur son téléphone.

Une fois celle-ci arriver, elle leva la tête pour voir le nom « HighEnd Eat » s'afficher en gros sur sa rétine, confirmant qu'elle était au bon endroit. Elle désactiva sa géo-localisation, éteignit son téléphone avant de prendre une grande respiration et pousser la porte d'entrée.

Elle s'engouffra dans le petit fast-foods à la recherche d'un quelconque vendeur, jouant nerveusement avec ses doigts, ayant perdu un peu le courage qu'elle possédait il y a peu.

– Vous cherchez quelques choses en particulier ?

Haru sursauta à l'entente de la voix derrière elle alors que le vendeur retenait un rire étouffé en toussant légèrement. Il devait avoir la vingtaine sûrement, alors qu'il rajusta la casquette sur ses boucles cendrées tandis que son accent résonna dans la tête de l'adolescente.

Haru s'inclina légèrement puis s'autorisa à prendre la parole :

– Je viens postuler, j'ai vu l'annonce sur votre site internet. Dit-elle en tendant une feuille au jeune homme. Il la lit avec concentration sous le regard stressé de la plus jeune. Elle n'avait jamais travaillé et n'avait encore moins fait un CV une fois dans sa vie. Elle espérait que celui-ci soit à la hauteur pour qu'il puisse considérer sa proposition.

– Je vois, dit-il après avoir lu, je communiquerais ta demande au patron.

Haru à ses mots sourit, soulager et le remerciant. Elle avait eu peur de se faire remballer d'emblée.

– En plus, ça fait longtemps, on a besoin d'un autre vendeur à mi-temps, mais vu que la boutique n'est pas très connue, c'était difficile de trouver quelqu'un... Je suppose que tu seras rapidement pris. Lui souria t-il.

Elle le remercia encore une fois et s'excusa, car celle-ci devait partir.

– J'espère que tu seras pris, Uchinaga-san !

Sous cette touche plutôt joyeuse, la noiraude entreprit de rentrer rapidement chez-elle — et évitant les détours inutiles comme la veille —.

Une fois arrivé, elle vit avec joie que son paternel n'était présent, sûrement qu'il a du avoir une grosse affaire au travail. Ce qui est, assez courant pour un chirurgien d'élite. Cela arrivait qu'une grosse opération l'empêchait de rentrer durant plusieurs jours d'affilés.

Ce qui était le plus ironique dans son métier et que celui-ci sauvait des gens, pourtant il tuait à petit feu sa fille.

Haru, d'humeur joyeuse, sortit tout ce qu'il fallait : poile, casserole, épice, baguette et diverse autre ingrédients et ustensiles pour ce permettre de manger un bon dîner, le premier depuis le début de la semaine.

Elle s'autorisa cette pause, ce disant qu'elle reviserait plus tard et qu'elle devrait profiter de ce mince instant de liberté.

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