𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐗𝐈

















— S  O  U  S    L  E  S    C  A  R  T  E  S —


































             LE PONT DU RED FORCE est désert. Autour de nous, seuls des mats, voiles, tonneaux et cordes parsèment la vaste étendue de bois. Mais nulle âme ne se découpe sous le ciel gris. Comme si, en l’espace d’un instant, tout être avait déserté le navire.

             A côté de moi, le Silence se tient encore. Caché derrière son masque à bec de corbeau, il épie la scène simplement.

— Où sont-ils passés ? Les pirates ? Olympe ? Edward ? je m’exclame.

— Vous êtes dans un point hors du temps. Cela explique pourquoi vous ne voyez personne d’autre. Si vous mourez au cours de ce combat, votre dépouille restera ici. Si vous survivez, vous vous matérialiserez sur le véritable Red Force, me répond la voix chevrotante.

— Bien.

             Marquant un temps d’arrêt, la créature me laisse progresser sur le pont durant quelques instants. Puis, dans mon dos, elle prend à nouveau la parole :

— Votre destin se joue à présent, Imperecea.

— Attendez ! je m’exclame en me retournant.

             Mais elle a déjà disparu. Mes yeux ne trouvent que l’entrée des appartements du navire, vide de toute présence. En un battement de cil, elle est partie. Me laissant seule aux portes d’un combat qui marquera peut-être la fin de mon existence.

             Un frisson me parcourt. Je n’ai aucune maitrise des arts martiaux ou du maniement des armes. Les seuls outils que je pourrais mettre à profit sont mes pouvoirs mais le Serpent m’a prouvée à maintes reprises qu’il avait développé une maitrise plus profonde de ceux-là que moi.

             Je déglutis péniblement. Tout cela ne me dise rien vaille. Dans ma quête de protéger Shanks, j’en suis venue à oublier le plus important.

             Je ne fais pas le poids face à l’Impereceo.

— Dis-moi, comptes-tu rester éternellement debout là-bas ou me feras-tu le plaisir de t’avancer maintenant, qu’on en finisse ?

             Me retournant, je le découvre, perché sur le bord du navire. Ses cheveux à présent taillés en une coupe mulet enjolive son visage aux doux traits percés d’ambres. Sur son corps, une tenue de combat traditionnelle asiatique a pris place, changeant de son habituel hangbok.

             Olympe m’a expliquée qu’ayant vécu plusieurs années dans l’univers de Demon Slayer avant d’entre être chassé, il a gardé quelques habitudes vestimentaire de cet univers.

— Viens vite, ma belle, insiste-t-il. J’aimerai te tuer le plus rapidement possible, histoire qu’on en finisse.

             Mes poings se serrent mais je ne dis rien, l’observant juste d’un œil mauvais. Son sourire narquois en dit long sur ce qu’il pense de ce combat et, même si je ne le tiens pas dans mon estime, je n’irais pas le contredire.

             Nous deux savons que je ne fais pas le poids contre lui. Ma victoire de la dernière fois, je ne l’ai due qu’à Shanks. Tout comme son départ de Grand Line. Mais suis-je vraiment capable d’accomplir quoi que ce soit sans lui ?

— Comment devrais-je te tuer ? murmure-t-il. J’aimerai me montrer direct afin de me débarrasser de cette tâche mais tu m’as pas mal agacé, au cours des dernières semaines… Sans compter qu’à cause de ton petit-ami, j’ai dû faire une croix sur mon commerce de Voyageurs.

— Vas te faire foutre.

             Un rire le prend.

— Les insultes sont la répartie des ignares. Tu ne manies ni les armes, ni les mots… Comment comptes-tu gagner ce combat ? Vas-tu encore appeler ton cher et tendre à la rescousse ?

             Je sers les poings. Le plus agaçant dans son discours est sans nul doute le fait qu’il n’a pas tort. Je n’ai rien pu faire pour sauver l’équipage de Shanks quand ils ont été réduits à l’état de sculptures figées. Les Silences m’ont aidé et le capitaine aussi. Seule, je me serais contentée de décéder.

             Tout comme je l’aurais fait s’il ne s’était pas sacrifié pour aider les miens.

— Tu maitrises de façon maladroite tes pouvoirs et, étant donné que les Silences eux-mêmes nous ont conduit ici, tu ne peux même pas t’échapper. Ils ne te serviront à rien. Quant aux ailes de la dernière fois… Les Silences n’ont pas le droit de t’aider puisque nous affrontons chacun un Impereceis. Tu n’as pas de pouvoir, donc.

             Mes yeux s’écarquillent. Pardon ? Mes pouvoirs, seules forces que j’ai dans ce combat, me sont inaccessibles ?

— Bah enfin, bichette, tu ne t’attendais quand même pas à ce que ça te tombe tout cuit dans le bec… Si ? Que de naïveté…

             Je ne réponds pas, ne voulant lui faire le plaisir de d’entendre ma voix tremblante et mon ton incertain. Mais, chantonnant doucement, il extirpe l’une des deux épées accrochées à ma ceinture et la projette à mes pieds.

             Je regarde la lame juste devant moi avant de la ramasser.

— J’ai pitié de toi donc, tu sais quoi… Je vais te donner un petit avantage.

             D’un geste aisé de la main, il balance la deuxième épée dans l’eau derrière lui avant de montrer ses deux paumes. Puis, sautant sur le pont, il avance de quelques pas.

— A présent, ma grande… Je vais pouvoir te dépecer vivante sans une once de regret pour ta sale gueule de fouine.

             Là-dessus, il fond en ma direction. Un bond et il parvient à ma hauteur. Maladroitement, je brandis l’épée pour le dévier mais mon corps se retrouve projeté plusieurs mètres plus loin. Mon dos percute un tonneau qui se brise à ce contact.

             Un fracas retentit quand j’atterris sur le sol, meurtrie. Il me faut quelques secondes avant d’ouvrir les yeux et remarquer l’épée qu’il m’a prêtée, abandonnée quelques mètres plus loin. Le regard d’Han se pose sur elle et il se penche pour la ramasser.

             Exécutant un sourire narquois, il la lance à nouveau. Glissant sur le sol, elle s’arrête juste devant moi, entre les débris de tonneaux brisés.

— Une défaite pareille, ce serait trop humiliant. Essaye encore.

             Malgré mon corps endolori, je me relève immédiatement. Il rit doucement en me voyant faire. Je ne lui laisse pas le temps de me lâcher une autre pique bien sentie. S’il m’attaque en premier, je n’arriverai pas à riposter.

             Je dois être celle lançant les offensives.

             Propulsant mon épée en sa direction, je tente de le toucher. Mais la lame est si lourde que mon poignet dévie et je frappe à côté. Il n’a même pas besoin de se déplacer pour éviter mon cou. A l’instant où je passe à côté de lui, emportée par le poids de l’arme, une douleur aigue me prend à la gorge.

             Lâchant l’épée qui tombe brutalement au sol, je porte les mains à mon cou. Du sang s’échappe de celui-ci. Me tournant vers Han, je l’observe. Debout, il regarde sa main parée de longs ongles.

             Ceux-ci sont maculés de sang. Il vient de me griffer.

— Quand je pense que j’ai affronté des femmes immensément doués comme La Louve ou même la Vipère et que je me retrouve devant…ça, lance-t-il en jaugeant mon allure. Pourquoi diable les Silences t’ont-ils choisie !? Je veux dire… Tu fais bien pâle figure, à côté de moi…

             Il est vrai que je fais peine à voir, tremblante, n’arrivant même pas à soulever une épée et des perles de sang coulant le long de ma gorge.

— Sais-tu combien de femmes j’ai mordu ? Assujetti ? Mes crocs contiennent un venin puissant et toi, ma chère, qu’as-tu pour toi ? A part un capitaine qui rêve d’enfoncer sa tête dans tes cuisses ?

— Je ne te laisserai pas ternir l’image de mon peuple, je gronde.

             Essuyant soigneusement ses ongles sur le tissu de son habit, il lâche un faible rire condescendant.

— Ne t’en fais pas, je leur dirais que tu as eu une mort tout à fait honorable. J’omettrais la partie où tu manques de te tuer toi-même étant donné que tu n’as jamais appris à manier une épée. Après tout, Shanks devait le faire à ta place…

             Ramassant l’épée tout en me propulsant en sa direction, j’abat celle-ci sur le flanc du Serpent. Qu’importe si j’oriente mal la lame et ne parvient même pas à l’entailler. Je veux juste le frapper. Très fort.

             Mais il exécute un bond sur le côté et esquive gracieusement mon coup. Quant à moi, emportée par la lame, je m’effondre au sol. Mon menton percute le parquet et un goût métallique envahi ma bouche.

             Soudain, mes yeux s’écarquillent et un hurlement de douleur traverse mon corps. Il vient de planter ses griffes dans mon bras. Du sang perle. La plaie est bien plus profonde que celle faite à ma gorge. D’un geste rageur, il me retourne sur le dos.

             Je semble n’être qu’une poupée de chiffon. Il me manie avec tant d’aisance que cela en est humiliant.

— Tu me fais de la peine, rie-t-il doucement en se relevant, essuyant à nouveau ses ongles sur le tissu de son habit. Si pathétique…

             Mon bras droit est profondément meurtri et je peine à respirer à cause des plaies à ma gorge. Je vais avoir du mal à me battre, avec ce qui me reste.

— Tu sais quoi ? Je pense qu’il est grand temps que je te donne ton premier cours d’escrime !

             Ramassant l’épée au sol, il me laisse me relever sans broncher. Haletante, je le regarde avec haine tandis qu’il caresse doucement la lame. Je n’ai aucune idée de comment le vaincre. Je suis trop faible et il est trop fort… Pourtant, nous sommes tous les deux des Impereceis.

             Brandissant l’épée dans les airs, il m’adresse un clin d’œil.

— Déjà, ma grande, il s’agirait de prendre du muscle et de la force. Cette épée a beau être lourde, elle n’en demeure pas moins plus légère que la moyenne.

             Debout devant lui, j’analyse sa posture. Il ne me regarde pas, exécutant quelques mouvements compliqués à l’aide de la lame. Mais je sais pertinemment qu’il me sera impossible de le prendre par surprise.

— Tu sais, si tu ne m’écoutes pas, je risque bien de m’énerver…, chantonne-t-il.

             Je ne réponds pas.

—Tu sais quoi ? Tu nous as montré ce qu’il ne fallait pas faire avec une épée… Laisse un professionnel te donner un aperçu des choses à faire.

             Puis, sans marquer le moindre temps d’arrêt, il projette la lame en direction d’un tonneau. Mais celle-ci vient fendre deux bouteilles de rhum posées sur celui-ci. S’écrasant au sol en une quantité astronomique de débris.

             Levant les yeux vers moi, il regarde ma réaction. Je ne dis rien. Quand bien même la précision de son coup est impressionnante.

— Quoi ? Tu crois pouvoir mieux faire ? Espèce de sale arrogante.

             Brandissant l’épée d’un air agacé, il crache ensuite à mes pieds. De toute évidence, il n’a pas apprécié le fait que je ne m’extasie pas devant sa démonstration de force. Je me contente d’observer l’alcool et les débris de verres, au sol.

             Puis, soudain, il projette la lame en ma direction. Je n’ai le temps de réagir, une douleur effroyable et sourde ébranle ma jambe gauche quand un sinistre craquement retentit. Je m’effondre aussitôt au sol, poussant un cri de douleur.

             Il vient de me casser la jambe. D’un simple coup du plat de l’épée.

— Voilà ce qui arrive, quand on se montre arrogant envers plus puissant que soit ! fulmine-t-il.

             Me forçant à ouvrir les yeux malgré les larmes de douleur, je le vois s’approcher de moi. Il crache à côté de moi d’un air furieux, je n’y prête pas attention. Tout mon corps me tiraille. Je peine à respirer, des plaies cuises ma gorge et mon bras, l’os de ma jambe est brisé.

             Cependant il ne s’arrête pas là. Et je le comprends à l’instant où sa poigne de fer se referme sur mon mollet droit, manquant de casser celui-ci aussi. Puis, d’un geste brutal, il me traine derrière lui en se mettant à marcher.

             Un hurlement franchit ma gorge. Les débris de verre. Ceux-là griffent et s’incruste dans ma peau. Puis le rhum brûle mes plaies.

— TU AS VOULU TE LA JOUER GRANDE GUERRIERE, PAYES-EN LE PRIX ! rugit-il.

             Je ne parviens pas à me retenir de crier. Tous mes membres sont en feu. Mes bras protègent mon visage mais, même si nous avons dépassé l’endroit où il avait éclaté les bouteilles, les morceaux de verre s’étant incrustés dans ma chair continuent de s’enfoncer à mesure qu’il me traine.

—TOI, IMPERECEA ? TU N’ES QU’UNE FAIBLE D’ESPRIT ET DE CORPS !

             Sa main relâche brutalement mon mollet et mon pied, devenu froid à cause du peu de circulation sanguine, tombe au sol. Des larmes coulent sur mes joues et une prise brutale se referme soudain sur ma gorge.

             Mes yeux s’écarquillent. L’air se coupe dans mes poumons. Le visage de l’Impereceo se découpe, juste devant moi. Un sourire machiavélique traverse son visage. Juste à ma gauche, le rebord du navire se découpe.

             Mon cœur rate un battement. Je sais ce qu’il compte faire.

— T’iras nourrir les poissons, sale pute, gronde-t-il.

             Une violente secousse parcourt mon corps mais je n’arrive même pas à hurler à cause de ses doigts serrant mon cou. Il vient de me faire passer par-dessus bord, seule sa main refermée sur mon cou m’empêche de chuter.

             Se penchant vers moi, il sourit à pleine dent, dévoilant ses crocs acérés.

— Et je buterai ton putain de capitaine de mes deux pendant qu’il chialera sur ta tombe.



















             Puis, il écarte les doigts.



























2241 mots

je suis vraiment pas fière
de ce combat qui est censé
être grandiose mais bon
honnêtement je suis pas
fière de ce que j'écris en
général en ce moment
donc pas grave mdrrr

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