𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐕𝐈𝐈𝐈
















— S  O  U  S    L  E  S    C  A  R  T  E  S —














郷に入っては郷に従





















— PERSONNE NE S’EN prend impunément à ma femme.

             La voix de Shanks jaillit de sa gorge dans un grondement sourd. La tête baissée et l’épée tendue au bout de son bras, il fixe de ses yeux le corps décapité du Serpent. Derrière lui, je ne sais quoi dire, prise de cours.

             Son geste a été si soudain, si brutal qu’il me faut plusieurs secondes avant de réaliser qu’il est bel et bien debout devant moi.

— J… Je… Shanks ! je m’exclame.

             Se tournant vers moi, il me regarde avec un sérieux déroutant. D’ordinaire, ses traits sont toujours tirés en une moue réjouie. Tant et si bien que le simple fait qu’il arbore une expression solennelle me saisit.

             Cependant nous sommes de toute évidence en plein combat. Et quelque chose me dit que celui-ci est loin d’être fini.

— Ça te va bien, lance-t-il simplement en désignant quelque chose au-dessus de mon épaule du menton.

             Atterrée, je ne réalise pas tout de suite qu’il parle de mes ailes. Mais, posant les yeux sur les plumes blanches maculées de fils d’or, j’acquiesce d’un air hébété.

— Euh, oui… J’avais envie de changement.

             Une fois n’est pas coutume, il ne souligne même pas ma blague.

— Mais comment tu as fait ? je lance en assimilant soudain qu’un cadavre démembré se trouve juste à côté de nous.

— J’ai levé mon épée…, répond-t-il en fronçant les sourcils.

             Il est vrai que ma question semble aussi stupide que cette réponse.

— Non, tu ne comprends pas. Il fige le temps, c’est son pouvoir. Chaque membre « important » des Voyageurs a un pouvoir particulier et lui il fige le temps. A part moi, tout le monde était immobile. Alors comment t’as fait pour…

— Juste avant de reprendre conscience et de réaliser qu’en une fraction de seconde, tout avait changé de place, j’ai senti quelque chose sur ma joue.

             Mes sourcils se froncent.

— Quelque chose ? je répète.

             Ses yeux fixent avec intensité les ailes dans mon dos.

— Oui… Je crois que tes nouveaux membres ont levé le sort en me touchant.

             Regardant celles-ci, j’hésite un instant. Pourraient-elles avoir vraiment cette vertue ? De toute évidence, oui, étant donné que le capitaine se tient devant moi. Par réflexe, je les agite, provoquant un faible courant d’air.

             Devant moi, l’homme hausse un sourcil.

— T’as l’air de bien maitriser le truc. Même pour marcher il m’a fallu un an, perso.

— Ouais, moi aussi je suis surprise, je réponds en les battant de nouveau. C’est étrange, c’est comme si elles faisaient partie de moi depuis le début.

— Je suppose qu’il s’agit de ton pouvoir.

             Je hausse les épaules, peu convaincue.

— Quand on sait que je ne suis même pas capable de me téléporter…

             Rangeant son épée, il s’approche de moi en affichant un sourire attentif. Puis, posant la main sur mon épaule, murmure :

— He, chacun son rythme. Ok ?

             N’osant le contredire, je préfère ne rien répondre. Argumenter avec des personnes qui tentent simplement de me réconforter me met simplement profondément mal à l’aise. J’opte toujours pour la solution consistant à feindre d’être d’accord avec leurs propos.

             Mais le capitaine commence à me connaitre.

— Que se passe-t-il ?

             Un soupir franchit mes lèvres et je tourne la tête, n’osant le regarder dans les yeux.

— Ce n’est pas mon pouvoir. C’est celui des Silences.

— Les silences ? répète-t-il.

— Ce sont des créatures que seuls les Impereceis peuvent voir. Je n’ai jamais compris réellement à quoi elles servaient mais Edward m’a assuré qu’elles étaient là pour me protéger. Elles vivent dans le Silence, une sorte de néant qui sépare les univers. C’est aussi la raison pour laquelle on les appelle les créatures de sous les cartes.

             M’écoutant attentivement, il acquiesce au fur et à mesure de mon explication. Depuis que je l’ai rencontré, je ne suis pas sans savoir que le capitaine est très friand des histoires liées aux Voyageurs. Certains sur Grand Line nous considèrent comme des monstres, d’autres, comme des dieux.

             Mais Shanks, lui, nous voit en trésors.

— Juste avant de développer mes ailes, j’ai vu une de ces créatures qui m’a touchée le front. Je crois qu’il m’a donné son pouvoir. Je pense aussi que j’ai hérité de sa façon de s’en servir et c’est pour cette raison que je n’ai pas peiné à les manier.

— Et donc tu as l’impression d’être une imposture ? demande-t-il.

             Un rire gêné me prend.

— Je n’ai même pas été fichue de tuer le Serpent moi…

             Ma voix meurt dans ma gorge quand, me tournant vers le cadavre de mon ennemi en le désignant de la main, je réalise que celui-ci a disparu. Mes yeux s’écarquillent face à cette découverte.

             Il était décapité. Comment a-t-il pu se volatiliser ? Il n’est tout de même pas parti de lui-même en emportant sa tête sous le bras !

             Il a sans doute un complice.

— Putain, tu l’as vu se tirer !? je m’exclame en me jetant à genoux sur le sol, juste à côté de l’endroit où gisait le Serpent.

             Posant les mains sur le sol, j’espère toucher son corps et découvrir qu’il est devenu invisible. Mais mon espoir est vite déçu quand ma main rencontre le marbre froid.

— Non et je ne l’ai pas non plus senti avec mon haki ! Bon sang, comment a-t-il fait ? s’exclame Shanks.

— Et bien c’est simple…

             D’un même geste, nous nous retournons vers la voix grinçante qui vient de percer le silence. Dans notre dos, perché sur le balcon, la silhouette du Serpent est visible. Ses pieds nus sont posés sur la rambarde et sur ses genoux pliés est visible son kimono.

             Sa nuque, tranchée, ne laisse pas couler la moindre goutte de sang. Plus loin, entre ses longs et fins doigts pâles parés d’ongles crochus, sa tête est visible.

             Deux lèvres fines, presque blanches, sont étirées en un sourire laissant voir ses canines acérées. Au-dessus d’elles, un fin nez semblant avoir été taillé dans de la porcelaine sépare des yeux aux cils blancs et iris d’ambre intenses.

             Le tout est couronné d’une longue toison givrée.

— Le fait est, mon cher capitaine et ma chère Imperecea

             D’un geste aisé, il pose son membre coupé sur le reste de son corps. Aussitôt, comme s’il n’était qu’un jouet pour enfant, les bords de sa plaie se scindent en une peau à nouveau tendre et éclatante. Un rictus le prend tandis qu’il bouge la nuque pour s’habituer à cette sensation.

             Puis, posant son regard d’ambre sur nous, il nous fixe quelques instants.

— …que je suis immortel.

             Mon cœur se fige dans ma poitrine. Abasourdie, je le fixe tandis qu’il me sourit depuis sa position comme si, une seconde auparavant, sa tête n’était pas séparée de son corps. Transie par l’effroi, je n’ose faire le moindre geste.

             Un faible rire secoue sa poitrine tandis que ses crocs acérés brillent sous sa lèvre supérieure.

— Mais, ma chère, soyez sûre que je suis loin d’être un hôte inconvenable. Alors je vais vous faire le plaisir, à vous et votre tendre, de me retirer de ce pas.

             Atterrée, je n’ose bouger le moindre muscle.

— Mais sachez que le Serpent vous épiera à chaque seconde de ce séjour.

             Dans un sourire venimeux, il cligne d’un œil, me saluant.

— A bientôt.

             Puis, d’un geste délicat, il se laisse tomber en arrière. Son corps bascule de l’autre côté de la rampe et, en un instant, il disparait. Aussitôt, je me précipite sur le balcon, les yeux écarquillés. Mais le hall est contrebas est seulement peuplé des pirates immobiles. L’Impereceo ne semble visiblement nulle part.

             Tremblotante, je mets quelques secondes avant de réaliser ce qu’il s’est passé. Et à l’instant où je comprends que cette île des plaisirs est une création du Serpent, qu’elle sert à attirer les Voyageurs pour mieux les vendre, que moi et les pirates du Roux sont prisonniers dedans et qu’ils sont d’ailleurs figer dans le temps, mes forces se soustraient à moi.

             Mes jambes cèdent sous mon propre poids et je m’écroule.

             A l’instant où je manque de percuter le sol, le bras fort et épais de Shanks s’enroule autour de ma taille avant de me ramener contre son large torse. Aussitôt, je me blottie contre celui-ci, tremblotante. Mes ailes plaquées à mes omoplates frétillent légèrement au rythme de mes spasmes. Je sens leur racine remuer dans mon corps.

— Je… Je…, je balbutie, sous le choc.

— Chut, chut, chut… Tout va bien, murmure Shanks contre moi.

             Je ferme les yeux, tentant de trouver réconfort dans sa mélodieuse voix. Celle-ci parvient à m’apaiser. Légèrement, toutefois.

— Tu vas toucher mes pirates de tes ailes et rompre le sortilège puis tous ensemble, on va trouver un moyen de se tirer de cette île de malheur, d’accord ?

— D’accord, je réponds en acquiesçant à toute vitesse, me raccrochant à la sûreté du capitaine.

             Avec lui, tout semble plus stable. Plus logique. Plus tangible.

— Viens, (T/P). On va s’occuper de tout cela.

             J’enfouie un peu plus mon visage dans son torse, humant son parfum et profitant de la brève trêve qu’il m’offre.

— Dis… Tu le pensais ?

— De quoi ? répond-t-il.

— Quand tu m’as appelé… Comme tu m’as appelé…

             Un faible rire le prend. Ses lèvres viennent se poser sur mon crâne, l’embrassant tendrement.

— Quand j’ai dit que tu étais ma femme ? demande-t-il.

— Je… Oui, voilà.

             Je peux sentir son sourire même si je ne le vois pas, préférant fuir son regard en gardant la tête dans ses imposants pectoraux. Le feu de la gêne cuit mes joues.

— Et bien, nous ne sommes pas mariés donc j’ai sans doute un peu trop exagéré.

             Mon cœur se serre.

— Mais je ne te considère assurément pas comme les autres femmes. Et je me rends de plus en plus compte que je m’en serais voulu si nous avions franchi le cap, ce jour-là. Car j’ai réalisé à ce moment-là combien tu comptais pour moi mais que j’aurais sans doute eu trop honte de le dire.

             Mes lèvres se pincent et, lentement, je me défais de sa prise. Ses sourcils se froncent tandis qu’il me regarde m’écarter de lui.

— Ecoute, Shanks, le prend pas mal mais… Je n’arrive pas vraiment à te croire.

             L’air décontenancé qui traverse ses traits me suffit à avoir honte de mes mots.

— Je veux dire, je suis convaincue que tu es sincère. Mais c’est comme avec les enfants, tu vois… Quand on leur refuse quelque chose, ils se mettent en tête qu’ils veulent à tout prix les avoir. Et je me demande si tu m’aimes comme tu le dis ou si c’est juste une envie inconsciente de coucher avec moi qui s’est renforcer depuis que j’ai refusé, j’explique.

             Ses épaules s’affaissent. Je sens bien que mes paroles lui font de la peine. Mais même si je sais pertinemment qu’il ne me mentirait jamais pour m’attirer dans mon lit, je n’exclue pas l’hypothèse qu’il se mente à lui-même.

             Et je n’ai tout simplement pas la force de me laisser aller complètement à l’aimer — d’autant plus que je sens que je suis très bien partie — pour qu’il réduise finalement mon cœur en miette pour avoir mal compris ses propres intentions.

— Mais… Je t’aime.

             Mon cœur manque un bond dans ma poitrine qu’il rattrape aussitôt. Le léger froncement de sourcils qu’il arbore et la voix déconfite qu’il m’a laissé entendre me transperce.

— Je… Tu dis que tu as commencé à m’aimer après que j’ai refusé de coucher avec toi.

— Non, c’est pas du tout ce que…

             Mais il ne finit même pas sa phrase, se contentant de laisser voir un sourire triste.

— Je suppose que c’est le prix à payer pour avoir tant profité de la gent féminine sans jamais tomber amoureux, hein ? Maintenant que je le fais, ce n’est pas réciproque.

             Ma gorge se serre. Non. Je ne dirais pas que ce n’est pas réciproque. Cependant Shanks est un homme à femmes et je crains tellement de n’être que l’une d’entre elles, qu’il se réveille un matin et que sa vie de débauche lui manque.

             Il secoue la tête lentement, faisant bouger ses cheveux écarlates.










— Bon, allons nous préparer pour le combat.




















郷に入っては郷に従
















2064 mots

hey ! un peu tard mais
voici le chapitre
de la semaine !

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