𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈𝐗
— S O U S L E S C A R T E S —
郷に入っては郷に従え
— L’IMPERECEA EST GUIDE de notre peuple et a guidé notre peuple dans un piège. Putain, j’adore ma vie.
Edward semble sincèrement amusé et cela ne m’étonne pas. Il est un curieux numéro mais, le temps défilant, j’ai fini par comprendre la vérité sur lui. L’humour est une technique de défense et, puisqu’il se sent constamment menacé, à juste raison, la plupart de ses paroles peuvent paraitre acerbes.
Mais je n’y prête pas attention, les bras croisés devant les pirates étalés sur le sol.
— Du coup, qu’est-ce qu’on fait ? lance Ben.
Le hall de marbre ne semble plus aussi féérique. Malgré le lierre suspendu au plafond, les balcons intérieurs, les colonnes, les fresques peintes et les gravures, l’aspect éthéré de ce château inspiré par l’ère de la Renaissance s’est altéré depuis que nous connaissons la véritable identité du propriétaire.
Je frissonne.
— Une espèce de champs de force nous maintient emprisonné ici, lance Shanks. Nous allons donc devoir survivre à ce siège jusqu’à notre prochaine confrontation avec le Serpent.
Debout, les bras croisés, je garde les yeux rivés sur l’assemblée devant nous. Pirates, danseuses drapées de tissu, Dan, Edward… Tous nous regardent. Et j’espère de toutes mes forces que la relation entre nous s’étant dégradée ne leur apparait pas de façon flagrante.
Qu’ils ne devinent rien de ce qu’il se passe, de la façon dont nous nous sommes détachés depuis notre dernière conversation.
— Edward, tu connais bien le Serpent ? je lance.
Le blond se tend mais acquiesce.
— Il m’a dit un truc étrange… Qu’il était immortel ?
— Effectivement, répond-t-il dans une grimace. Il a été « tué » un paquet de fois.
— Et donc, on peut pas s’en débarrasser ?
Appuyé sur ses mains posées derrière lui, ses jambes trainant devant son corps, il pince les lèvres en remuant la tête.
— Si… On peut toujours fait ce qu’a fait la Vipère.
Mes sourcils se froncent.
— Elle l’a banni de l’univers de Demon Slayer, lance-t-il.
— Banni ? je répète en haussant les sourcils.
Dan acquiesce.
— Il ne peut plus retourner dans cet univers.
Aussitôt, je me redresse. Ils auraient dû me parler plus tôt de tout cela ! S’il est impossible de le tuer mais que nous sommes capables de le chasser, alors nous devrions nous rendre dans tous les univers possibles et le faire !
— Qu’est-ce qu’on attend pour reproduire ça ? je m’exclame. On est chez lui, on lui met la main dessus et…
— La question est de savoir si tu es pris à y mettre le prix, me coupe brutalement Edward.
Mes épaules s’affaissent et mes sourcils se froncent. Soudain, le blond semble bien plus sérieux et moins jouasse qu’à l’accoutumée. Et, quand bien même nous parlons du Serpent, je ne peux m’empêcher de me dire que tout cela cache un loup.
— Que veux-tu dire ?
— La Vipère a sacrifié quelque chose de très important afin de parvenir à le bannir. Les dieux peuvent accepter de te venir en aide mais pour les pousser à s’en prendre à un autre être, il faut leur prouver sa détermination, explique-t-il.
— Et, en gros, ça veut dire que…
— Accepte de perdre un bras, un sens, un sentiment, des années de souvenir, lance-t-il. La capacité de reconnaitre l’être aimé.
Mon cœur se serre et, malgré moi, je me tourne légèrement vers Shanks. Je sens son regard sur mon corps.
— La Vipère… Qu’a-t-elle sacrifié ? je demande.
— Nul ne le sait mais elle n’est plus la même depuis. Je me suis souvent dit d’ailleurs que je ne souhaitais à personne de se retrouver aussi terni qu’elle.
— Ternie ? je répète.
Un bref silence prend place tandis que le regard d’Edward se pose dans le vide. Ses iris sombres semblent traversées d’une douleur dense et profonde, dévorante. Jamais il ne s’est épanché sur le statut de sa relation avec cette femme.
Mais je vois à présent combien sa douleur l’impact.
— Disons qu’elle a… Perdu une partie d’elle-même.
Ma gorge se serre et je déglutis péniblement. Autour de moi, diverses silhouettes remuent. Des danseuses murmurent quelques paroles. Je ne suis pas sans savoir qu’elles sont aussi des Voyageuses et doivent sûrement connaitre le nom de la plus puissante Voyageuse des univers. Les quelques paroles qui viennent de résonner ont de quoi attirer leur attention.
Les pirates, eux, sont plus silencieux. Mais je ne rate rien du regard lourd de sous-entendus que Ben lance à Shanks. Celui-ci ne dit rien.
— Je vois…, je lâche finalement au bout d’un long moment. Et bien, je suppose que je n’ai pas vraiment le choix…
— Bien sûr que si, tu l’as, tonne sèchement le capitaine, à ma droite.
Je me tourne vers lui, atterrée. Il ne me regarde pas, ses yeux semblant analyser le sol avec une grande attention. Il refuse un quelconque contact visuel car il sait que je ne peux tolérer ce qu’il vient de dire.
Je ne suis qu’une jeune Impératrice mais comment pourrais-je laisser un homme réduire les miens à l’état d’esclave sans ne rien faire ?
— Oh, mais je t’en prie ! je lâche sèchement. Explique-moi ta merveilleuse solution.
— Pas besoin de me prendre de haut, je te dis juste que te précipiter serait stupide.
— Stupide ? Depuis des mois que je suis ici, je n’ai pas trouvé l’ombre d’un indice pour me débarrasser de lui et la seule femme qui soit parvenue à l’exclure de ses terres a envisagé cette solution.
— Il y en a sans doute d’autres.
— Mais je n’ai pas le luxe d’attendre, Shanks ! Les miens sont vendus et…
— Allons, (T/P), tu ne sais même pas qui ils sont, tu n’as jamais rencontré ton peuple !
Un murmure d’indignation parcourt les danseuses et j’écarquille les yeux. Hébétée, je ne peux m’empêcher de le dévisager, espérant avoir mal entendu. Mais la façon qu’il a de soudainement lever les yeux vers moi, presque hésitant, me fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’une erreur de ma part.
Mes muscles se raidissent tandis que ma gorge se serre. Je sens mes yeux s’humidifier mais espère de tout cœur que nul ne peut le voir. Prenant une inspiration, je le rejoins en un pas et murmure tout bas pour que nul ne puisse m’entendre :
— Et tu prétends m’aider ?
ꕥ
Le silence est omniprésent dans cette salle exigüe. Souhaitant à tout prix fuir le monde assemblé dans le hall et ne parvenant à sortir du château, j’ai dû me résoudre à grimper aux étages et disparaitre derrière la première porte venue.
Le sol demeure de marbre sous mes pieds, quoi que celui-ci soit vert et celui des murs, blancs. Des colonnes jaillissent du plafond moulé et en relief tandis qu’un large drap rose aux reflets d’or pend tel un hamac.
A présent lovée dans celui-ci, je vacille depuis plusieurs heures.
Mes yeux se posent sur la fenêtre s’étendant devant moi. Haute et se finissant en demi-lune, son armature dorée contraste avec le ciel ténébreux visible à l’extérieur. La nuit est tombée depuis quelques temps maintenant, me permettant de prendre pleinement conscience du fait que le temps s’est écoulé depuis que j’ai pris place ici.
Les paroles de Shanks tournoient dans mon esprit. Toutes celles murmurées dans la journée résonnent en moi telle une cacophonie. Ce matin, la douceur d’une déclaration d’amour a échauffé mon cœur puis mes propres réflexions m’ont mené à ne pas y accorder de crédit.
Ce que j’ai eu raison de faire compte tenu du fait que, quelques heures plus tard à peine, il a réduit mon ambition de sauver les miens à l’état de rêve trop hasardeux.
Je ne peux pas me montrer mauvaise langue. Je sais évidement qu’il a de la peine pour moi et mes sujets et qu’il souhaiterait m’aider, lui aussi. A vrai dire, son ton trahissait sa simple peur de me perdre. Car la solution pour se débarrasser du Serpent impliquait que je sacrifie littéralement une « partie de moi-même ».
Cependant, je lui reproche de ne pas avoir tenté de se mettre à ma place. Pour ses nakamas, je sais qu’il irait loin, serait prêt à endurer multiples blessures. Alors comment ne peut-il pas comprendre qu’il en va de même pour moi ?
Soit, je ne les connais pas. Mais mes pensées ne cessent de revenir sur Ultime Souhait, la femme qui a tenté de sauver Ace.
Selon le Forgeron, elle est encore en vie. Mais rien ne me fera jamais oublier le sentiment qui m’a pris lorsque je me suis retrouvée devant son corps carbonisé. Car, debout face à ce cadavre mutilé, j’ai réalisé combien j’étais impuissante.
Le statut d’Imperecea fait de moi une personne censée protéger les miens et ce, quoi qu’il n’en coûte, même si je ne les connais pas. Soit, je n’ai pas choisi ce poste. Mais mes épaules s’affaiblissent maintenant sous le poids de responsabilités que je me dois d’assumer.
Alors qu’importe ce que dit Shanks, je les aiderais.
— Imperecea ?
Un sursaut me prend et je me redresse vivement, reconnaissant la voix du capitaine. Je me croyais bien cachée, ici. Mes yeux s’écarquillent et je m’approche à pas de loup de la porte, ne souhaitant pas qu’il m’entende.
Ce qui est stupide compte tenu du fait qu’il m’a appelée par mon titre et sait donc que je suis là.
Imperecea… A nouveau, il se montre fois. Je me sens déjà merdeuse quand il n’utilise pas mon surnom, mais mon titre… Moi qui le haïssais tant à l’origine le regrette aujourd’hui.
— Je comprendrais que vous ne vouliez plus m’adresser la parole. Je voulais juste vous faire savoir que j’ai discuté avec l’une de vos déités avec l’aide d’Edward. Nous partons demain, le Serpent ne vous ennuiera plus.
Mon cœur s’arrête de battre un instant et mes yeux s’écarquillent. Tout cela ne me dit rien qui vaille. A toute vitesse, je franchis la distance me séparant de la porte et m’empare de la poignée. Ouvrant à la volée, je déboule dans le couloir plongé dans une obscurité pénétrante.
Seule un léger éclair de lune filtrant par les fenêtres illumine l’allée. Et cela me permet de voir la silhouette de Shanks, légèrement éloignée. Il me montre le dos et s’en va.
— Shanks ! j’appelle. Shanks, de quoi tu parles !?
Il met quelques secondes avant de s’arrêter et se redresser. Mais il ne se retourne pas. Immobile à quelques mètres derrière, je fronce les sourcils.
— Qu’entends-tu par « avoir parlé à une déité » ?
Il baisse la tête, soupirant.
— Shanks, j’insiste.
Un silence bref s’installe qu’il rompt en se retournant. Les timides rayons lunaires n’illuminent que partiellement son visage fendu d’un large sourire.
Mais je sais que celui-ci est factice. Quelque chose de triste l’habite.
— Je m’en suis voulu pour ce que j’ai dit et je supporte pas l’idée qu’un mal pareil vous ronge. Alors le pacte que vous deviez conclure avec une déité pour bannir le Serpent… Je l’ai fait à votre place.
Mon souffle se bloque. Je ne pensais même pas qu’un être n’étant pas un Voyageur pouvait faire une telle chose.
— J… Mais il fallait sacrifier quelque chose et…
Je m’interromps, apercevant une lueur de désespoir briller dans ses yeux à l’instant où je prononce ces paroles. Mes muscles se raidissent.
— Shanks, qu’as-tu sacrifié ? je demande d’un ton alarmé.
Il secoue lentement la tête.
— Le jeu en valait la chandelle.
Mais je ne rate pas la larme habillant son regard et une profonde terreur s’empare de moi. Afin de bannir un être, qui plus est l’Impereceo, la Vipère a du renoncer à quelque chose qui lui a donné l’impression d’avoir perdu une partie d’elle-même.
Alors qu’ont-ils demandé au capitaine ?
— Shanks, j’insiste.
Il détourne le regard, prêt à mettre un terme à la conversation. Mais à l’instant où il fait cela, il semble se résigner. Ses épaules s’affaissent et il murmure d’un air triste :
— Mon haki.
Mes yeux s’écarquillent et mon cœur rate un battement. Non, j’ai forcément mal entendu. Un cri nait dans ma gorge mais le choc est si dense que je ne parviens même pas à le pousser. Shanks croise mon regard atterré et se justifie simplement dans un sourire brisé :
— Vous me croyez menteur, Imperecea, mais je vous aime vraiment.
郷に入っては郷に従え
2056 mots
une véritable preuve
d'amour
hehe
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