𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈𝐈𝐈
— S O U S L E S C A R T E S —
郷に入っては郷に従え
SOUS NOS PIEDS, le pont principal flotte sur l’eau. Depuis peu, nous avons repris la mer. Le navire de Shanks a quitté l’île où trois corps reposent — a priori — quant à moi, debout devant Olympe, je tente de saisir ce qu’il s’y est passé.
La femme qui a permis à Shanks de sauver Cobby et mettre un terme à Marineford est revenue. Enveloppée d’une élégante toilette à la mode du 17ème siècle, un éventail protégeant son visage qu’elle a finit par jeter à mes pieds. Mais sa silhouette n’est même pas ce qui m’intéresse le plus, à vrai dire.
Ses paroles le sont.
— Elle a affirmé qu’Ace et la Voyageuse chargée de sa protection n’étaient pas morts, contrairement à ce que je croyais, je lance, les bras croisés et les sourcils froncés à l’intention d’Olympe.
Ses cheveux châtains coupés en carré ramenés en arrière, seules deux mèches fines tombant devant ses yeux clairs, elle me fixe, attendant visiblement que j’étaye mon propos. Je ressens bien au statisme de ses sourcils qu’elle ne saisit pas le problème.
Mais celui-ci est assez conséquent, au contraire.
— Olympe, tu comptais me le dire quand ? j’insiste. Enfin surtout, pourquoi tu ne l’as pas fait avant.
Là, ses yeux se plissent et elle attrape ses lèvres entre ses dents, semblant chercher dans les tréfonds de sa mémoire.
— Voyons voir, le fait que la guerre m’ait plongée dans le coma me semble une assez bonne excuse, lance-t-elle d’un air faussement hésitant.
Luttant contre l’envie de rouler des yeux ou serrer le poing, je me contente d’un bref geste du menton.
— Tu t’es réveillée avant leurs obsèques, tu aurais peut-être pu m’en parler quand t’as rejoint le cortège.
— Et risquer que d’autres pirates nous entendent, sachant que pour préserver les évènements du manga, il vaut mieux que la plupart des gens croient dur comme fer en sa mort ? demande-t-elle. Ah oui, vous avez raison, je me demande bien quelle mouche m’a piquée ?
Mes yeux se plissent. Leur manière de me parler, tous, comme si je n’étais qu’une soldate geignarde et agaçante trainant dans leurs pattes alors que je suis censée être leur impératrice commence sérieusement à m’agacer.
Je ne dis pas que j’espère et attend un respect comme celui qu’éprouve Theodor envers moi. Mais me prévenir de tels évènements et ne pas se montrer si froid quand je fais remarquer qu’elle aurait pu m’en parler plus tôt me semble la moindre des choses.
— Abandonne le sarcasme, s’il-te-plait.
Là-dessus, elle roule des yeux. Je m’efforce de garder mon calme.
— A quoi elle ressemblait, votre membre du Cercle Impérial ? lance-t-elle, les bras croisés.
Je ne réponds pas, me contentant de sortir de ma poche l’éventail qu’elle a abandonné à mes pieds. Celui-ci est simple, noir, son arcade en bois verni semble résistante. Aucun motif brodé ne le décor.
Mais le regard d’Olympe change du tout au tout dès lors qu’elle l’aperçoit.
— Olympe ? Tu le connais ?
Elle reste silencieuse, dans un premier temps. Mais ses yeux restent rivés sur l’objet qu’elle finit par attraper quand je le lui tends. Précautionneusement, elle le fait tourner entre ses doigts, l’observant sous toutes ses coutures et ses moindres aspects.
Puis, au bout de quelques instants, elle murmure :
— Le Forgeron.
Mes sourcils se froncent. Ce nom, je l’ai déjà entendu. Il s’agit effectivement d’un membre du Cercle Impérial et la dernière fois qu’Edward et mon interlocutrice l’ont évoqué, il m’est apparu assez évident qu’ils ne l’appréciaient pas.
Maintenant que je connais la loyauté de celle-ci pour l’Impereceo, je pense pouvoir saisir les raisons de leur mépris.
— Et cela fait longtemps qu’elle est sur Grand Line ? je demande.
— Elle ne devrait pas y être, rétorque aussitôt la femme d’un air préoccupé.
Autour de nous, aucun pirate ne saisit l’enjeu de notre conversation. Trop occupés à s’occuper du bateau ou boire en mémoire de Barbe Blanche — malgré le fait qu’il était un ennemi — aucun de leur regard ne s’attarde sur nous.
Mais plus les secondes passent, plus l’importance de cette conversation s’impose à moi.
— Elle a été enfermée, il y a plusieurs années, sur un autre monde. Elle n’aurait jamais dû être libérée. D’ailleurs je ne pense pas que l’actuel roi sache qu’elle n’est plus là-bas, souligne Olympe.
— Enfermée ? Une Voyageuse ? Tu te rends compte que c’est…
— Bosuard et la Vipère ont conçu cette cellule, m’interrompt aussitôt la jeune femme. Alors si, c’est tout à fait possible de l’enfermer. A vrai dire, c’est même impossible qu’elle ait réussi à s’échapper.
Mon regard s’attarde à son tour sur l’éventail.
— Pourquoi vous avez mis tant d’efforts dans le fait d’enfermer une des vôtres ? Quel est son crime ? Et qui la gardait ? Je croyais que vous n’étiez que douze, au sein du Cercle Impérial ?
— Ce ne sont pas des Voyageurs qui la gardent. Elle se trouve dans un monde régit d’une main de fer par un homme qui est parvenu à tirer une épée d’un rocher.
Une pierre tombe dans mon estomac.
— Attendez… Ne me dites pas que cette tarée vient de la légende arthurienne !?
— Si, mais pas celle que vous connaissez.
Mes sourcils se froncent.
— Là-bas, une prophétie annonce depuis plusieurs siècles que celui qui arrivera à tirer l’épée du rocher sera le nouveau roi Arthur, l’ancien étant mort il y a longtemps et son royaume avec lui. La prophétie stipule aussi que le même triangle amoureux surviendra, explique-t-elle.
— Et le rapport avec le Forgeron ?
—Si ce n’est qu’elle n’a jamais caché le fait que dès que quelqu’un tirerait cette épée du rocher, elle le buterait ? Aucun.
Mes yeux se plissent.
— Et c’est pour ça que vous l’avez faite enfermer ? je demande. Par mesure préventive ?
Un rire sans joie franchit les lèvres de la femme me faisant face. D’un geste nerveux, elle incline la tête sur le côté.
— Non, pas vraiment. Si fallait enfermer tous les Voyageurs ayant un complexe de dieu, on s’en sortirait pas. La Vipère, déjà, serait plus de la partie, cette sale garce de mes d…
— Pourquoi a-t-elle été enfermée ? je la coupe.
Là, toute trace d’animosité déserte les traits de la jeune femme, laissant place à un air bien plus embarrassé. Et, emprisonnant sa lèvre inférieure entre ses dents, elle ne pipe mot, se contentant de me regarder.
Les bras croisés, j’insiste d’un geste de la tête. Elle cède.
— Votre prédécesseuse. L’ancienne Imperecea.
Mes sourcils se froncent. Elle finit par cracher le morceau.
— Elle l’a butée.
Mon cœur rate un battement et mes yeux s’écarquillent. Le temps d’un instant, je me dis que j’ai sûrement mal entendu. Mais l’expression d’Olympe ne laisse place à aucun doute. Ces mots viennent bien de résonner, à l’instant, entre nous.
Le choc paralyse ma bouche ainsi que tout autre membre. Je m’étais attendue à bien des réponses, en lui posant cette question, mais sûrement pas à celle-ci. La femme qui était plantée là, devant moi, il y a quelques heures, celle qui m’a annoncé la survie d’Ace, elle…
…Est responsable de la mort de la personne qui occupait mon trône avant ?
Mon souffle se coupe dans ma gorge. Inerte, je dois prendre sur moi pour m’efforcer d’exécuter un pas. Le début d’une marche pour m’éloigner de cette conversation. Car les mots que je viens d’entendre m’ont entièrement prise de cours.
— Imperecea ? Où allez-vous ?
Si Shanks n’avait pas été là, aurait-elle essayé de s’en prendre à moi aussi ? Elle qui est en liberté, que me veut-elle ? Va-t-elle revenir ? Son éventail était-il un avertissement ?
— Imperecea ?
La voix d’Olympe est lointaine. Je l’ai devancée, traversant le pont. Mes pieds me mènent machinalement aux cabines. Cette fois-ci, je sens quelques regards de pirates sur moi. Mais je n’y prête pas attention, me contentant de pénétrer la partie couverte du navire.
Et, sans même frapper, j’ouvre la porte devant moi.
— Combien de fois vais-je devoir dire de frapper avant d’en… Trésor ? s’interrompt aussitôt la voix de Shanks.
Je ne le regarde pas, incapable de lever la tête. Mes yeux écarquillés fixent le sol, mes épaules s’affaissent. Non. Je ne vais pas pouvoir m’accommoder d’une telle nouvelle. Ce n’est pas possible, tout simplement.
— Trésor ? Tout va bien ?
Je ne parviens pas à me défaire de la porte. Encore accrochée à sa poignée, je m’aide de sa surface pour ne pas m’effondrer. Aussitôt ma main s’accroche-t-eolle au bois que j’entends le bruit du fauteuil du capitaine trainer sur le sol.
Il s’est levé. Des pas se rapprochent.
— Trésor ! appelle-t-il en passant un bras autour de mes épaules.
Mais mon regard demeure rivé sur le parquet gondolé.
— Pourquoi tu trembles autant ? Trésor, est-ce que tu m’entends ? insiste-t-il.
Des frissons me parcourent. Froid. Je suis transie de froid. Mes dents claquent les unes contre les autres.
— Elle… Elle l’a…, je murmure.
— Quoi, trésor ? demande-t-il en pressant mon corps à son buste en me pressant grâce à son bras.
— Elle l’a tuée…, je lâche, respirant difficilement.
Mes fesses trouvent le matelas. Il vient de me guider jusqu’au lit, je ne m’en étais même pas rendue compte. Et, m’asseyant dessus, je me laisse aller contre son torse. Blottie contre sa poitrine, je tente de reprendre ma respiration. Son bras se referme sur mon buste, me protégeant.
Ce monde est trop compliqué pour moi. Je n’ai définitivement pas les épaules pour un tel poste. Je ne peux pas être l’Impératrice, il doit y avoir une erreur.
— Trésor ? m’appelle à nouveau Shanks de sa voix douce, cherchant à me rappeler à la raison.
— La femme qui est apparue, celle qui nous a dit pour Ace et l’Ultime Souhait…
Enfin, je trouve la force de lever les yeux et les plonge dans ceux du capitaine. Il me fixe, visiblement inquiet.
— …Elle a tué l’Imperecea. Celle qui m’a précédée. Et elle avait été enfermée pour ça mais elle a réussi à se délivrer.
A mesure de mes paroles, les yeux de l’homme s’écarquillent. Une intense surprise les traverse, il semble entièrement pris de court par mes paroles. Je le comprends. Moi aussi, suis en état de choc.
Des larmes imbibent mes yeux.
— Tu crois qu’elle va me…
Je ne parviens même pas à finir ma phrase. Mais il la comprend tout de même et, me blottissant contre mon torse, met aussitôt fin à mes doutes.
— Mais non, bien sûr que non, lâche-t-il en plaçant son menton sur mon crâne. Je suis là, elle ne fera rien, je te le promets. Je serais toujours là et je te protègerai.
Ses paroles me réconfortent légèrement. Fermant les yeux, j’inspire une bouffée de son eau de Cologne.
— Tu promets ?
— Je promets.
Sa main quitte mon torse avant de se placer sous mon menton, me forçant à le regarder dans les yeux. Son pouce glisse alors sur ma joue, réconfortant. Et un faible sourire étire soudain ses lèvres.
— Tu es mon trésor, après tout, quel genre de pirate ne protège pas ce qu’il a de plus précieux ?
Mon cœur vacille à ces mots. De plus précieux ? Bien que ce surnom m’ait toujours insupportée, il ne me gêne pas, aujourd’hui. A vrai dire, je lui trouve même quelque chose d’apaisant. Il semble le remarquer mais n’en dit rien.
Ses yeux fixent quelques instants mes lèvres.
— Je suppose que tu préfères que je ne dise rien sur Ace ? murmure-t-il.
— Ce serait préférable, en effet, je réponds dans un murmure, laissant son regard se prolonger sur ma bouche.
— Et tu préfères aussi qu’on évite d’en parler entre nous ?
Je déglutis péniblement, comme brûlée par ce contact visuel.
— Non… On peut en parler autant que tu veux.
— Et de ce qu’il s’est passé avant que Theodor nous apprenne qu’il était sur l’échafaud, on peut en parler ?
Mes entrailles se tordent. Notre baiser.
— Y a-t-il beaucoup de choses à dire dessus ? je réponds, ma respiration se faisant sporadique.
— Dire ? Non, murmure-t-il.
Un frisson me parcourt.
— Montrer, en revanche…
Et c’est dans ce chuchotement que ses lèvres s’écrasent sur les miennes.
郷に入っては郷に従え
2044 mots
weekend chargé donc je
publie aujourd'hui
désolée !
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