𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈














— S  O  U  S   L  E  S   C  A  R  T  E  S —
















郷に入っては郷に従え
























             AU LOIN, DIVERSES VOIX résonnent. Les hurlements se sont tus, supplantés par le vent frais que Shanks a amené. Face à lui, l’amiral s’est tu, l’écoutant. Autour, diverses personnes quittent les lieux, comprenant l’enjeu d’une telle arrivée.

             Personnellement, je ne dis rien. J’ai préféré me retirer. Mes jambes se sont déplacées d’elles-mêmes jusqu’aux débris entassés un peu plus loin. Des vestiges, visiblement, d’un immeuble balayé par une attaque foudroyante.

             Peut-être l’œuvre d’un fruit du démon.

             Je n’écoute que mon instinct. Mes pieds se succèdent sur les graviers, enjambent les corps que je ne regarde pas. Mes yeux demeurent rivés sur un point, au loin. Une masse sombre étendue sur le sol. Inerte.

             Mon menton est levé et mes épaules sont droites. Je n’hésite pas le moins du monde. Mes pas se font fermes, décidés. Je garde la tête haute et froide.

             L’odeur métallique du sang et brûlée de la poudre à canon envahit mes narines. Dans ma bouche, le goût acide de la bile submerge ma langue. Mais je ne pipe mot, me contentant de fixer cette silhouette, au sol. Le bruit des discussions résonne sans que je ne les écoute.

             Je demeure droite, vaillante.

— Imperecea.

             La voix qui m’interpelle est solennelle. Féminine.

             Elle est là, à deux pas du corps allongé sur le sol. Droite, une femme se tient. L’intégralité de son corps disparait sous une tenue noire. Un corset maintient son dos droit sous lequel un haut noir et un pantalon de la même couleur jaillissent. Sécurisant le tout, une longue cape noire se poursuit dans son dos. Son crâne, lui, est dissimulé sous une capuche et un tissu tout aussi sombre cache la moitié de son visage. Ses deux yeux perçants me fixent.

             Dans son dos, deux sabres dépassent, formant une croix. Et je ne peux m’empêcher de me dire que j’ai déjà vu ces pommeaux bordeaux tressés de noir et liés par une chaine.

             L’une de ses paupières est striée d’une cicatrice me rappelant Roronoa Zoro.

— Un membre du Cercle Impériale, je présume ? je lance.

             Elle acquiesce.

— Mon surnom est la Vipère. J’étais le mentor de la Louve.

             Je tressaille, déconcertée. La Louve ? Celle qui, aux côtés de Rayleigh, s’est avérée être le bras droit du roi des pirates lui-même ? Cette femme si mystérieuse serait le mentor d’une légende sur Grand Line et parmi les Voyageurs ?

             Approchant d’elle, je m’arrête enfin au-dessus de la masse étendue au sol. Et je n’ai le temps d’étayer davantage sur l’identité de la Vipère. Non. Mon regard est aussitôt attiré par la silhouette au sol et s’écarquille.

             Elle est humaine. Ou plutôt, l’était.

             Je ne peux rien dire de plus. Était-ce une femme ? Un homme ? Son visage était-il rond ? Anguleux ?

             Plus rien n’est discernable.

— Elle a été…, je lance, ma voix s’étranglant.

— Il s’agissait de la jeune femme qui aidait Ace. La Voyageuse surnommée l’Ultime Souhait. Elle est morte en essayant de le sauver.

             Ma main tremble. Jamais je n’ai été témoin de pareille horreur. Mes épaules tressaillent. Brûlée. Sa peau s’effrite. Cramée. Une puissante odeur écœurante émane de son cadavre.

             Mon cœur bat avec force dans ma poitrine, faisant tournoyer la bile qui menace de remonter le long de ma gorge. Ma trachée se retrouve brûlée par ce liquide acide.

             Elle est morte brûlée vive. Comme Ace.

— Elle a tenté d’ouvrir le Silence pour le soigner mais les blessures n’ont fait que se reproduire sur elle.

             Je fais de mon mieux pour contrôler ma voix. Je ne parviens même pas à détacher mon regard de la silhouette sous mes yeux.

— Et lui ?

— Mort aussi.

             Mes yeux s’écarquillent en s’humidifiant. Le choc est rude, comme une claque assenée sur ma joue. Mais je garde la tête haute. Quand bien même je réalise combien la tâche d’Impératrice est rude. Combien j’ai échoué.

             Cette femme était sous ma responsabilité. Et elle a tout fait pour protéger Ace, jusqu’à en mourir.

             Quant à moi, arrivant après la guerre, je ne fais que constater le décès de Barbe Blanche, Ace et Ultime Souhait.

— Que devons-nous faire, Impératrice ?

             Je tressaille avant de relever les yeux vers la Vipère. Celle-ci me fixe encore de son œil impénétrable.

             Je suis incapable de cerner ce à quoi elle doit bien pouvoir penser, à présent.

— Comment ça ?

— Vous êtes notre Impératrice et une guerre a fait une victime dans vos rangs, il serait logique que vous preniez des mesures. D’autant plus que la marine prend une prime pour les Voyageurs apportés jusqu’à eux. Notre simple existence est condamnée, sur Grand Line. Jamais l’Impereceo a agi contre cela. Mais vous pouvez, vous.

             Sa voix est ferme. Mes jambes, beaucoup moins.

             Mais elle dit vrai. Bon sang, elle a raison sur toute la ligne. Les légendes sur mon peuple font d’eux des êtres traqués, vendus en qualité d’esclaves, marchandés aux plus offrants. La marine elle-même, le gouvernement mondial, est d’accord avec un tel procédé.

             Cependant si la vie de pirate se choisie, celle de Voyageurs est innée. Mon peuple est persécuté, nomade, traqué.

             Et, aussi lourd le poids soit-il sur mes épaules, malgré la peur qui m’envahit à l’idée que je puisse faire une erreur, je ne dois pas douter. Si le fait d’être Impératrice doit bien m’apporter un pouvoir, il s’agit de celui de protéger les miens.

— Veuillez m’excuser, je lance à la Vipère.

             Elle acquiesce tandis que je tourne les talons. Difficilement, je me détourne du cadavre de l’Ultime Souhait, un autre à ajouter à la pile des Voyageurs persécutés sur Grand Line. Un énième sur la montagne des échecs du Serpent.

             Je n’ai aucune idée de l’objectif de cette ordure. Mais une chose est sûre, à présent : jamais plus je ne le laisserai malmener — qu’il s’agisse d’une volonté intentionnelle ou d’une conséquence de son inattention aux problèmes de notre peuple — la population qui est sous ma protection.

             Une rage bouillonne en moi. La vision que j’ai eue, ce jour-là, me revient. Shanks festoyant avec un marchand d’esclaves, trois d’entre eux enchainés sur le sol. Leurs membres sectionnés et visages tuméfiés, leurs dents prélevées et leur sang étalé.

             A qui croient-ils s’en prendre ?

             Le menton levé, je fends le champ de bataille. Mes chaussures se succèdent sur les débris, je ne flanche pas. Les flammes de la colère lèchent mes parois abdominales, attisant mes plus profonds et vils sentiments.

             Ils ne s’en sortiront pas. Je ne les laisserais pas faire.

             Au loin, Shanks a baissé son arme. Ses cheveux de sang volètent au grès du vent. Face à lui, la figure massive d’Akainu s’élève. Drapée de la longue cape blanche parée d’épaulettes à frange dorée, il le fixe. Sa tenue rouge en-dessous ne rend que plus blafard son visage anguleux et mauvais.

             Il est là, à quelques mètres de ma personne. Ne me prêtant nullement attention, il regard l’Empereur.

             Mais je compte bien lui faire comprendre que je suis aussi une Impératrice.

             A lui.

             Et à tous les autres.

— J’aimerai parler à un représentant de la marine.

             Ma voix est ferme, forte, décidée. Les deux visages étonnés de Shanks et Akainu se tournent soudain en ma direction. Leurs yeux se posent sur ma silhouette. Celle-ci avance en trombe en leur direction. Les visages autour de nous regardent la scène.

             Marines, pirates, corsaires… Il me semble que tous ont compris qu’en dépit de ma carrure tout à fait banale, mon absence de tenue élaborée et d’aura écrasante, je ne suis pas n’importe qui. Shanks est venu avec moi. Et sa soudaine apparition face à l’amiral ne laisse que très peu de doute sur la présence d’êtres capables de téléporter les autres.

             Comme mon peuple.

— J’en suis un, retentit soudain la voix du meurtrier, son poing de magma ayant repris sa forme originelle.

— Et vous êtes justement l’un de ceux en faute.

             A présent assez proche de sa personne, je me place devant lui. Comme s’il avait compris ma demande implicite, Shanks, quant à lui, recule de plusieurs pas. Je me retrouve seule devant cet être gigantesque, ses yeux sombres me fixant au sommet de son corps imposant.

             Et ses sourcils se fronçant m’indiquent qu’il n’a pas particulièrement apprécié ma façon de faire.

— En faute ? Et je peux savoir qui ose s’adresser à moi sur ce ton ? gronde-t-il de sa voix rauque.

— Oh mais je vais vous le dire, je déclare d’une voix forte. Et à l’avenir, vous retiendrez mon nom, croyez-moi.

             Ma voix est aussi froide que mon regard est perçant. Malgré sa haute taille, malgré sa stature, son fruit du démon, son influence, je n’ai pas peur. J’aurais pu être effrayée, je devrais être effrayée.

             Mais la colère est trop présente.

— Retenir le nom de la pute de Shanks, et qu’est-ce que ça m’apporterait ?

             Un sourire mesquin étire mes lèvres. Je ne sais s’il s’agit de la nervosité ou la rage que je peine à contenir mais mon rictus est irrépressible. Je suis furieuse.

             Mille et un fourmillements couvrent mes bras tant ceux-là me démangent. Je me sens à la fois impuissante, car j’aimerai me jeter à son cou et arracher ses yeux à mains nues, mais aussi particulièrement puissante. Car je ressens un vent lourd et divin s’animer en moi, s’éveiller dans chacun de mes organes.

             Mes pouvoirs me sont peut-être inaccessibles, mais j’ai sous-estimé un certain pouvoir qui m’a été accordée dès l’origine de cette histoire. Et c’est grâce à celui-ci que je me suis découverte une telle partie de moi-même.

             Les Silences. Les ancêtres du Cercle Impérial. Ces êtres habillés à la manière des médecins de la Peste Noire.

             Eux, ils m’aideraient. Eux, ils sont ma force.

             Edward me l’a dit.

 Alors, incapable de me répondre, petite pute ?

             Je garde la tête haute, implacable. La chaleur en moi atteint son paroxysme. Tant et si bien que je n’ai même pas à penser, à murmurer pour que le déclic se produise.

             Un claquement retentit dans mes entrailles.

             Autour de moi, je les sens. Ils sont là. Les Silences. Ils ont entendu mon appel silencieux. Du plus profond de mes entrailles, il a jailli en un hurlement que nul ne peut entendre. Par ailleurs, il est apparu maintenant ce que nul ne peut voir.

             Les yeux rivés sur Akainu, son visage anguleux, son air méchant et ses yeux enfoncés dans ses orbites, je ne dis rien. Mais je les sens. Ils sont là. Partout autour de moi. Derrière lui, dans son dos, dans le mien, à côté du Red Force, à côté de Shanks, au sommet d’immeuble.

             Silencieux. Mais retentissant par leur puissance.

             Ils sont là.

— Je suis, au contraire, on-ne-peut plus capable de vous répondre, amiral, je réponds sans flancher.

— Pourtant, on dirait que tu as peur ! gronde-t-il, ses lèvres s’arquant en un rictus hautain.

             Mon sang ne fait qu’un tour. Il a ce visage. Celui de ceux qui vous prennent de haut. Celui des supérieurs qui abusent de leur pouvoir. Celui de ceux qui vous trainent plus bas que tard. Celui de ceux qui se complaisent dans l’idée de vous briser.

             Mais je vengerai mon peuple. Qu’importe pour qui il me prend. Je le surpasserai.

— Tout compte fait, ne me dis même pas ton nom, je risque de l’oublier dans la seconde et ce serait particulièrement humiliant pour toi, tu ne crois pas ?

             Son sourire est large, béat et provocateur. Mais il retombe soudain brutalement.

             Son genou vient de toucher le sol. Comme si une puissance inhumaine avait frappé son articulation. Puis, avant même qu’il ne réalise ce qu’il se passe, son dos bascule soudain en avant, exécutant une courbette.

             Il pose ses mains sur le sol, s’empêchant de s’y allonger complètement en y une position de prière. Son expression a changé du tout au tout. Ses yeux sont écarquillés et chacun de ses traits, contractés.

             Ses bras tremblent avec force, trahissant la difficulté qu’il a pour lutter contre la pression invisible exercée sur lui.

             Mais qu’importe le fait que son front ne touche pas le sol. Un de ses genoux le fait. Je suis à présent forcée de baisser les yeux pour le voir. Il s’est agenouillé devant moi.

             Cependant mon menton demeure levé en une posture impériale, seules mes iris sont rivées sur le sol, perçantes entre mes cils.

             Akainu n’arrive même pas à relever la tête pour me regarder.

— Je suis l’Impératrice des Voyageurs, l’Imperecea.

             Ma voix est forte. Tous dans cette clairière l’entendent.


















— Et croyez-moi, à partir d’aujourd’hui, la marine et Grand Line entier retiendront ce nom.


























郷に入っては郷に従え























2124 mots

hey

chapitre de la
journée

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