𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐕𝐈















— S  O  U  S    L  E  S    C  A  R  T  E  S —
cw — jalousie
























郷に入っては郷に従






















— ET C’EST QUI, lui ?

             L’atmosphère s’est brutalement épaissie et a perdu toute la chaleur qui l’embaumait, quelques secondes auparavant. Bien que les pirates continuent de festoyer autour, toute la bonne humeur de Shanks a fondu telle neige au soleil, plus rien n’anime son regard ténébreux.

             A l’exception d’une certaine méfiance.

             Je déglutis péniblement.

             Là, debout devant moi, ses yeux lançant des éclairs, l’un d’entre eux strié de trois cicatrices profondes, il dévisage l’homme dans mon dos. Ses cheveux écarlates tombent en cascade autour de son visage marqué et son regard se fait tenace, presque oppressant.

             Face à cette aura brûlante, ce charisme fort et cet aplomb, je comprends enfin pourquoi il est l’un des quatre empereurs, à quel point il est puissant. Car la façon qu’ont mes entr      ailles de se soulever, ma gorge de se serrer et mes poils de se hérisser n’est pas anodine.

— Alors ? insiste-t-il, sa chemise ouverte laissant voir ses muscles finement travaillés.

             Mon regard se risque sur son bras développé. Même manchot, aucun doute n’est possible, Theodor ne ferait pas le poids face à un yonko. Il est donc strictement hors de question que je laisse cette situation s’envenimer.

— C’est un Voyageur ! Comme moi ! je m’exclame dans un rire nerveux, me plaçant dans le champ de vision du capitaine.

             Celui-ci baisse les yeux en ma direction avant d’hausser un sourcil.

— Comme toi ?

             J’acquiesce.

— Je vois…, laisse-t-il entendre. Et tu comptes le loger ici à mes frais ? En plus d’être mon invitée de force, tu m’en impose un autre ?

             Mes muscles se raidissent. Autour de nous, quelques têtes se tournent comme celles de Ben, Lime Juice ou même quelques clients inconnus. La force émanant du Roux est percutante. Et toute chaleur a inhabituellement déserté sa voix.

             Mais je comprends sa colère. Il n’a pas tort. Je n’y ai pas songé mais être logée et nourrie à ses frais, le tout sans même le consulter est tout de même particulièrement déconvenue.

— Oh, je…, je balbutie, prise de court. Je suis désolée, je…

             Ma tête se baisse par réflexe. Pourtant, à l’ordinaire, jamais je n’aurais fui son regard. Cependant, il se montre si présent, dans son geste, que je ne parviens à faire autrement. Son aura est trop forte, intimidante.

             Alors, bien que cela me coûte, je fixe mes chaussures, gênée.

— Mon Imperecea, ne vous inquiétez pas, lance la voix élégante de Theodor dans mon dos, je comptais payer pour nous deux. Hors de question que je vous laisse régler seule votre note.

             Saisie, je me retourne. Le brun se tient courber en avant, me faisant visiblement une révérence. Et, lorsqu’il se redresse, il fixe immédiatement Shanks de ses yeux profonds, gardant une posture droite et le menton levé.

— Je voue à sa Majesté un respect sans égal, Empereur, lâche-t-il en se courbant à nouveau en avant, une main posée sur son torse.

             Puis, soudain, tout change radicalement.

             Alors qu’il arbore une posture si douce, si élégante, si docile, qu’il exécute avec profondeur cette marque de respect, l’expression sur son visage se métamorphose. Plus d’étiquette, de gentillesse et de sympathie. Lui qui, depuis notre rencontre relativement récente, m’a semblé si prompt à se montrer sous son meilleur jour, comme un bon élève, vient brutalement de laisser fondre son masque de premier de la classe. Ses lèvres s’étirent en un sourire.

             Un rictus vil. Profondément malsain et provocateur.

— Alors posez encore une fois la main sur elle et je veillerai à une certaine symétrie dans votre silhouette.

             Aussitôt, les conversations se taisent et les couverts tombent. Theodor n’a pas cherché a baissé son ton, tous ont entendu sa menace. Et, malgré la révérence qu’il exécute, nul ne peut manquer la lueur de provocation dans ses yeux emplis de malice.

             Là, dans une salle bondée de pirates, il vient de menacer le chef de ceux-ci, pourtant connu pour être d’une infinie puissance. Tout cela sans sourciller et dans le seul but de défendre l’honneur de son impératrice.

             Moi.

             Shanks le fixe un instant de puis sa hauteur, le jaugeant avec un mépris qui me surprend. Après tout, dans One Piece, ce personnage est dépeint comme étant assez humble et loin du stéréotype du pirate condescendant. Alors pourquoi se montre-t-il soudainement si ferme et presque méchant ?

             Autour de lui, nul ne parle. Tous les regards sont rivés en notre direction, attendant sans doute une riposte de la part du pirate. Mais celui-ci ne dit rien, se contentant de fixer Theodor, un léger rictus venant presque déformer ses lèvres. Comme si tout cela l’amusait.

— Jamais je ne me montrerai grossier envers un homme de votre rang. Mais je n’apprécie pas la façon dont vous traitez mon Impératrice qui, selon nos lois, est bien plus haut dans la hiérarchie que vous ne l’êtes.

— Vraiment ? souligne Shanks en levant les yeux vers moi.

             Mon cœur rate un battement lorsqu’il me fixe de son regard pénétrant, comme s’il me défiait d’approuver sa remarque. Légèrement appréhensive mais ne voulant perdre davantage la face, j’acquiesce tout de même pour corroborer les dires du Voyageur. Mais ma gorge et mes lèvres se font sèches face à ses iris pénétrantes.

             Nerveuse, j’humidie mes lippes de ma langue. Et, à ce geste, les pupilles de Shanks se mettent à les fixer. Aussitôt, une dense chaleur s’empare de moi mais je demeure face à lieu, tentant de ne rien laisser voir de mon état intérieur.

             Cependant je suis quasiment certaine qu’il devine aisément l’émoi qu’il provoque en moi. 

— Vous êtes un Empereur mais d’aucun peuple précisément. L’Imperecea a à son service les Voyageurs, le Cercle Impérial et les Silences. Alors oui, nous l’estimons bien plus que vous. D’autant plus que votre façon de la porter tout à l’heure et de la lâcher au sol était profondément irrespectueuse.

— Vraiment ? répète une nouvelle fois Shanks en penchant la tête sur le côté sans lâcher ma bouche du regard. Jamais je n’aurais cru manquer autant de respect à une amie.

— Elle n’est pas votre amie.

             Enfin, le Roux se tourne à nouveau vers Theodor tandis que celui-ci se redresse. Puis, encaissant le regard visiblement plein de noirceur du capitaine, le jeune homme lui lance simplement :

— Veillez à ne pas dépasser les bornes, capitaine. Les Voyageurs accordent une immense importance à leurs Impereceis.

— C’est pour ça que ces deux-là s’entretuent, je suppose ? répond l’intéressé.

— Ça suffit, je tonne d’une voix ferme.

             Mes paroles me surprennent moi-même, mais pas autant que la puissance qui en émane et la vitesse à laquelle soudain, les deux devant moi s’immobilisent. Ces deux mots ont sonné comme des ordres. Tant et si bien qu’ils y ont obéi.

             Les regards sur nous me dérangent et je suis épuisée. Je n’aspire qu’à une seule chose. Manger un bon repas et me reposer.

— Theodor, peux-tu aller réserver une chambre ?

— Mais bien sûr, votre Majesté, répond-t-il en se courbant en avant. Prendrez-vous votre repas dans votre chambre ?

             D’abord décontenancée par tant de politesse, j’avoue ne pas parvenir à y résister quand il me propose ce dont j’ai exactement besoin. A savoir un souper, en retrait et à l’abri de toute cette agitation.

             D’autant plus que, même si lui a trouvé cela drôle, j’avoue avoir été assez vexée par la façon qu’a eu Shanks de me traiter, ce soir. Et je ne souhaite simplement plus le voir. Sa façon de me balancer en travers de ses épaules, de me jeter au sol, de laisser entendre que je ne suis pas désirable m’a provoquée une multitude de pincements au cœur. Arriver dans ce nouveau monde est déjà compliqué, ne pas parvenir à rentrer chez moi et découvrir qu’un être surpuissant du nom du Serpent cherche à me tuer l’est d’autant plus. Alors la moindre des choses aurait été d’essayer de m’épauler au travers de ce moment compliqué.

             Je ne parviens pas à dissimuler l’épuisement mental sur mes traits lorsque je réponds simplement :

— Merci, Theodor.


















             Puis, sans plus de cérémonie, je vais me coucher.











































            

             Quelques faibles coups frappés à ma porte attirent mon attention. Assise sur mon lit double, dans cette chambre aux murs de pierre et à la fenêtre encrassée, je fronce les sourcils. Devant moi, un plateau-repas s’étant.

             Ici n’est pas très luxueux mais la température est bonne et, si j’exclue la peau d’ours sur le sol et me concentre sur la commode garnie d’un pot de fleurs mortes, cela est convenable. L’endroit me rappelle un peu les décors de la série Kaamelott.

             Un soupir me prend. Mon monde me manque. Bien que la vie soit trépidante ici, qu’Edward et Olympe m’aient rassuré sur le fait que je n’étais pas portée disparue chez moi, simplement dans le coma — donc la notion de me « rassurer » est assez relative — et que je pouvais donc encore m’attarder un peu sur Grand Line, j’ai le mal du pays.

             Ici, tout m’est inconnu. Je dépends de Shanks et, après le coup qu’il m’a fait tout à l’heure, l’irrespect avec lequel il m’a traité, j’aimerai que cela change.

— Entrez, je lance simplement.

             Aussitôt, la porte s’ouvre dans un grincement sur la figure anguleuse et parée de longs cheveux argentés de Ben Beckman. Celui-ci me fixe avec un sourire, un brin de blé coincé entre les dents et une bouteille de rhum dans la main ainsi que deux verres dans l’autre.

             Je souris à cette vision. Il est vraiment prévenant.

— J’ai eu l’impression que t’avais pas le moral.

— T’es vraiment gentil, je réponds. Viens !

             Aussitôt, je me décale sur le lit, laissant les assiettes garnies de crudités, charcuterie et fromage devant moi. L’homme ferme derrière lui avant de s’approcher, fronçant les sourcils face au menu curieux.

— T’as pas pris un bœuf bourguignon comme nous tous ?

— Theodor ne connaissant pas mes allergies et mon régime alimentaire, il compte m’apporter trois plats : un végétarien, un végétalien et le bœuf et ça c’est l’entrée.

— Pourquoi tu ne lui as pas juste dit ce que tu voulais manger ?

— Il n’a rien voulu entendre, insistant sur le fait que je dois me reposer.

             Ben s’assoit au bout du lit et saisit un saucisson. Le matelas s’affaisse sous moi. Il en coupe une tranche avec le couteau posé sur le plateau.

— Il n’a pas tort. C’est assez drainant, les voyages en mer. Surtout avec une personne comme Shanks.

— Attention, je vais tout lui rapporter, je le nargue en mordant dans un concombre.

             Il sourit distraitement face à ma menace avant de manger la charcuterie.

— Tu connais l’expression « qui aime bien châtie bien » ? lance-t-il.

             J’acquiesce.

— Il fonctionne comme ça. Et s’il t’a autant cherchée c’est parce que tu l’amuses. Moi aussi il me fait des coups comme ça, de temps en temps.

— Excuse-moi de te contredire mais je le vois mal te balancer par-dessus son épaule.

             Ses épaules se secouent tandis qu’il lâche un faible rire. Cependant, malgré ma dernière phrase, les paroles du grisonnant me font du bien. La soirée a été très longue, fatigante et j’avoue qu’il me rassure un peu.

— Non, ça c’est sûr. Mais il est excité à l’idée de rencontrer une Voyageuse alors avoir à bord la cheffe des Voyageurs, c’est comme un rêve d’enfant qui se réalise.

— Mouais… Enfin aussi amateur de notre peuple est-il, il a pas eu l’air très jouasse en voyant Theodor avec moi. J’ai même cru qu’ils allaient finir par se mettre sur la gueule.

             Ben ne répond pas tout de suite, fourrant un morceau de fromage dans sa bouche. Mais je devine qu’il fait cela pour se laisser le temps de réfléchir à la meilleure façon de défendre son capitaine sur ce coup-là.

             Car Shanks s’est simplement montré méchant envers Theodor. Et méprisant.

             Quelques secondes durant, un silence prend place entre nous. Puis, le grisonnant vide enfin sa bouche en me fixant, déglutissant.

— Disons que… Shanks sait comment se comporte les hommes… Alors lorsqu’il voit une femme approchée par un homme… Disons qu’il se doute des intentions de ces mêmes hommes…

             Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel.

— Shanks se comporte comme une merde avec les femmes et part du principe qu’il lui en faut une nouvelle tous les soirs. Mais ça, c’est lui. Il a pas besoin de faire une généralité. Et d’ailleurs c’était quoi sa remarque à propos de moi ? Ah oui ! Il ne me considère pas comme une femme ! Donc qu’il se mêle de son cul, ça me fera des vacances ! Non mais pour qui il se prend, au juste ?

             Ben ne répond pas, sans doute légèrement surpris du fait que j’ai haussé le ton. Et je réalise alors tout juste que je viens de lui crier dessus. Ni plus ni moins.

— Désolée…, je lâche simplement.

             Il nie de la tête.

— Tu n’as pas à t’excuser, je comprends ton agacement.

— Ah bon ?

— J’ai aussi trouvé qu’il s’était montré rude avec ton ami et lui en ai parlé.

             Pardon ? Ben a osé faire des remontrances à son capitaine ? Bien qu’ils soient amis, j’en suis légèrement surprise.

— Et ? je demande.

— Il était trop ivre pour comprendre quoi que ce soit et déjà obnubilé par le décolleté d’une serveuse. Désolée, petite.

             Je soupire, encore plus agacée. Alors, après m’avoir fait une espèce de crise de jalousie, se méfiant de Theodor sous prétexte qu’il est un homme, il est allé fourrer son visage dans les seins d’une femme ?

             Quel toupet monstrueux.

— T’inquiètes pas, Ben. C’est pas de ta faute.

             L’intéressé m’offre un sourire.

— Par contre, s’il ose encore se la jouer possessif avec moi…

             Mon poing se serre. Mon regard se fait plus froid quand je gronde :



 









— …C’est moi qui vais le déposséder de son entrejambe.





























郷に入っては郷に従


























2309 mots

je publie un peu tard
mais j'espère que
ça vous aura plu

:)

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