𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐈𝐕










— S  O  U  S    L  E  S    C  A  R  T  E  S —















郷に入っては郷に従え













             LE CIEL S’ASSOMBRIT à mesure que le soleil se couche. Mais les lumières demeurent vives autour de nous. Pour cause, surplombant la large route pavée que nous fendons, des guirlandes de lanternes suspendues illuminent notre chemin.

             Cela ne fait qu’une dizaine de minutes que nous avons posé pied à terre. Et, quittant le port désertique, nous sommes engagés sur l’avenue qui s’étendait alors devant nous, confiants.

             Le navire de Shanks est amarré, quelques mousses y demeurent pour le garder bien que sa réputation soit telle que ce ne soit pas vraiment nécessaire. De notre côté, moi, Edward et Olympe avons fait le choix de marcher sur la terre ferme.

             La sensation est étrange. Le flottement du sol est devenu comme intégré en moi, tant et si bien que mes jambes me semblent trop raides quand je marche.

             Devant moi, nul ne semble avoir ce problème. La silhouette de Shanks se découpe nettement, prenant la tête du groupe. Son long manteau noir trace un dessin dans son sillage que j’observe entre les silhouettes de Ben Beckman et Lime Juice, un blond affublé d’un bonnet noir et long manteau rose.

             Ses cheveux billent sous l’éclat des lanternes, mettant en valeur l’obscure écarlate de ses mèches. Confiant, il garde la tête haute. L’étui de son épée dépasse de sa silhouette, pointant le sol et remuant au rythme de ses pas.

             Tous progressent avec entrain.

             Le sol pavé s’étale sous nos pieds tandis que quelques boutiques couvertes de lierre ou plus moderne nous offrent mille et un service, autour. Quelques passants nous lancent des regards appuyés, légèrement surpris par notre nombre. D’autres, devinant qu’il s’agit ici d’un groupe de pirate, baissent la tête en nous croisant et s’empressent de se réfugier dans une boutique, sans doute pour lancer l’alerte.

             Une certaine fierté me prend. Ils ne le savent pas encore, mais les hommes autour de nous ne sont sûrement pas du genre à piller les honnêtes gens.

             Qu’importe ce que le Serpent a bien voulu me faire croire.

             Soudain, le Roux s’arrête. Derrière lui, ses hommes font de même. Tout d’abord, je crains un guet-apens. Mais, bien vite, je remarque qu’ils n’ont pas dégainé leurs armes et que, à ma droite, Olympe et Edward continuent de discuter calmement.

             L’air se rafraichit mais n’est pas menaçant. Devant moi, grimpant jusqu’à un point que je n’arrive pas à distinguer, la route se poursuit telle une montagne.

— Trésor ? appelle soudain Shanks.

             Je lève les yeux au ciel. Il ne s’est même pas tourné vers moi. Me montrant toujours le dos, ses hommes attendant patiemment qu’il termine son manège, il m’interpelle — usant d’un surnom que je hais — avec la visible et ferme conviction que je vais accourir à ses côtés.

             Il se fourre le doigt dans l’œil.

— Trésor ? répète-t-il avant d’ajouter tout bas, se tournant vers les pirates derrière lui. Elle n’est pas restée au navire, quand même ?

             Seulement, à l’instant même où il leur fait face, son regard croise le mien. Et, aussitôt, un rictus le prend. Ses yeux se plissent et il penche la tête sur le côté, joueur.

— Trésor ! Pourquoi tu ne me réponds pas ?

— Parce que ce n’est pas mon prénom, je réponds simplement en croisant les bras sur ma poitrine, haussant un sourcil.

             Il secoue mollement la tête avant de marcher en ma direction. Ses jambes sont tellement grandes qu’il ne lui faut que deux pas avant d’atteindre ma hauteur. Et, aussitôt, sa large paume vient se presser sur le sommet de ma tête.

             Une dense chaleur se déploie en moi à ce contact.

— Oui mais je préfère marcher avec mon trésor, j’aime bien ton visage. Il est marrant.

             Mes sourcils se haussent. Je ne sais pas trop s’il s’agit-là d’un compliment ou d’une insulte et n’ai, en toute honnêteté, aucune envie de le savoir.

— Allez ! Trésor ! scande-t-il en plaçant son visage juste devant le mien.

             Son sourire est si contagieux qu’il me faut user de toutes les ressources de mon corps pour ne pas céder et en afficher un à mon tour. Au lieu de cela, je me contente donc de soupirer, levant les yeux au ciel et fuyant ses iris sombres figées sur ma personne.

             Mes entrailles se tordent tout de même en moi. Il est tout proche de ma personne.

— Ce n’est pas mon prénom, je répète sans le voir.

— Mais c’est pas mon problème, ça, lance-t-il dans un rire.

             Puis, sans prévenir, sa main auparavant sur mon crâne glisse jusque dans le bas de mon dos. Une forte pression sur celui-ci mène mes pieds à quitter le sol et, avant que je ne réalise ce qu’il se passe, mon ventre se retrouve presser une surface étroite et arrondie.

             Mes yeux s’écarquillent.

             Cet abruti vient de me lancer sur son épaule.

             Sa paume toujours posée sur mon dos pour m’empêcher de me débattre, mes jambes tombant le long de son torse et mon buste faisant face aux hommes derrière lui, j’écarquille les yeux. Ses pirates me lancent un sourire amusé. Même Ben Beckman, sous ses longs cheveux gris, s’autorise un clin d’œil.

             Aussitôt, appuyant mes bras sur le sommet de son dos, je tente de me redresser. Mais sa prise ferme me maintient contre lui.

— Repose-moi tout de suite, espèce d’abruti ! je rugis.

             Mais il ne laisse filer qu’un rire pour toute réponse. Celui-ci fait trembler sa cage thoracique qui gronde contre moi.

— Calme-toi, trésor ! Si t’es sage je te payerai à boire !

— Mais j’en ai rien à foutre, repose-moi !

             Sous mes yeux, le sol défile tandis qu’il avance. Au loin, les silhouettes d’Olympe et Edward se découpent encore mais ils ne me prêtent nullement attention. Je sais pourtant qu’ils reviendront vers moi pour m’enseigner la maitrise de mes pouvoirs.

             Seulement, maintenant, je suis bien le cadet de leurs soucis.

— J’espère qu’il y aura des femmes, ça fait longtemps que j’en ai pas vu, lance Shanks qui semble avoir entièrement oublié ma présence malgré les coups de poings virulent que j’assène dans son dos.

— Capitaine, vous oubliez notre invitée, retentit une voix devant moi.

             Mes yeux se posent sur les longs cheveux blonds dépassant d’un bonnet noir de Lime Juice qui m’accorde d’ailleurs un sourire légèrement moqueur derrière ses lunettes de soleil.

— Oui, mais non, rétorque la voix de l’intéressé. Elle c’est Trésor, c’est pas la même chose.

— T’es complètement con ou quoi ? je rétorque en me cambrant du mieux que je peux pour voir son visage.

             Se tournant vers moi, il esquisse un sourire en ma direction.

— Comment tu parles à un empereur ? répond-t-il en me regardant.

             Je ne peux m’empêcher de sentir mes entrailles se tordre en réalisant que sa joue se trouve presque plaquée à mes fesses. Il ne semble pas s’en émouvoir, de son côté.

— Comment vous traitez une impératrice ? je réponds aussitôt.

— Je vous porte de mes propres bras sur une montée de sorte à vous éviter un effort conséquent, il me semble que je suis tout de même très sympa sur ce coup, explique-t-il.

             Je lève les yeux au ciel.

— Pas vraiment, non.

— Quoi que je fasse, vous avez toujours quelque chose en y redire de toute façon, se défend-t-il.

— Mais bien sûr ! Je suis celle à blâmer ! je rétorque en posant mon coude sur son dos et logeant mon menton dans ma main.

— Gngngngngn, se moque alors le capitaine.

— Je vous demande pardon ?

             De nouveau redressée et cambrée, je le regarde en usant de l’arc formé par mon corps. Au même moment, je surprends ses yeux sur la silhouette d’une passante dont les hanches remuent de droite à gauche à mesure que ses pas se font.

             Bien que ne la voyant que très brièvement, je remarque combien elle est jolie. Et il semble le voir aussi.

— Non, rien, répond-t-il seulement.

             Je lève les yeux au ciel tandis que les siens accrochent cette fois-ci le postérieur d’une autre. Et il la suit tellement du regard qu’il finit par se tourner vers elle quand elle le dépasse, faisant tournoyer mon corps sans se préoccuper de ma personne.

— EH ! je le rappelle à l’ordre en me sentant basculer. FAITES ATTENTION !

             Un rire s’échappe de sa gorge lorsqu’il réalise son geste. Puis, se tournant à nouveau vers moi de sorte à ce que nous deux nous tordions le corps pour se regarder, il lâche de son habituel quoi que si surprenant air ingénu :

— Désolé, ça fait longtemps que j’ai pas vu de femmes.

             Je ne peux m’empêcher d’être froissée par sa remarque. Soit, mon séjour en cellule et les accoutrements plus que dégradés que j’ai pu porter ont mis à mal mon image. Mais de là à ne pas me considérer comme partie de la gent féminine…

             …Je trouve cela particulièrement vexant.

— Connard.

— Sois pas vexée, trésor, tu feras un pirate hors-pair, j’en suis sûr ! lance-t-il.

             Mais cela ne me réconforte pas. Je me fiche qu’il me trouve à son goût. Seulement sa remarque a créé un pincement dans mon cœur.

             Je me refuse donc à répondre, ne voulant lui laisser d’autres opportunités de me charrier. Lui, de son côté, ne s’en soucie pas le moins du monde et continue à marcher silencieusement, se retournant de temps à autre sur une dame et en gratifiant d’autres d’un sourire charmeur.

             Un coude posé sur son dos et mon menton figé dans ma main, je regarde les autres pirates. Bien vite, Ben Beckman semble remarquer mon ennui profond et entame une conversation avec moi. Sa cicatrice brille sous les lanternes fixées au-dessus de nos têtes.

— On va séjourner ici quelques jours, explique-t-il. Tu auras le temps de t’entrainer.

— Tu m’accompagneras ? je demande, commençant à apprécier la présence de l’homme.

             Un sourire me prend quand il acquiesce simplement. Je n’ai pas encore eu le temps d’apprendre à connaitre les hommes éparpillés autour de moi. Mais ils m’ont plutôt l’air sympathique.

             Enfin, comparés au rustre qui m’a balancé en travers de son épaule.

— Y’a un truc, chez moi, qui s’appelle Shrek, j’explique. C’est une histoire où un ogre embarque une princesse et elle se retrouve exactement dans cette position, à un moment.

             Quelques sourcils se haussent devant moi.

— Vous comparez le capitaine à un ogre ? demande le blond Lime Juice à côté du grisonnant.

             J’acquiesce. Quelques rires fusent et l’intéressé, qui semble avoir entendu la remarque, donne un coup d’épaule dans le vent qui me fait tressauter. Craignant de chuter, je m’accroche de toutes mes forces à lui mais, aussitôt, sa paume se repose sur mon dos pour m’empêcher de tomber.

             Et, bien que cela me coûte de l’avouer, je me sens aussitôt rassurée par ce contact.

— Et c’est qui, à la place de Ben ? demande le blond.

             Mes sourcils se haussent. Je ne suis pas sûre que répondre à cette question soit particulièrement judicieux. Mais je me résous tout de même à le faire.

— Un âne, je lâche.

— Un âne ? répète Ben, l’épis de blé dans sa bouche remuant à cette parole.

— Un âne qui parle.

             Aussitôt, la surface sur laquelle je suis se secoue violemment tandis que Shanks éclate d’un rire violent. Le son ne me parvient même pas tant ses gestes saccadés me font trembler et les images des autres pirates devant moi vacillent.

             J’entends bientôt d’autres éclats rejoindre le premier mais n’y fais guère attention, concentrée sur l’idée de ne pas tomber.

— Hi ! Han ! retentit une voix.

— UN PUTAIN D’ÂNE !

— BEN L’ÂNE !

             Shanks s’est immobilisé dans sa marche. Au départ, l’idée qu’il en ait besoin pour reprendre son souffle me traverse. Mais, quand bien même il rigole encore ainsi que ses compagnons sous le regard désintéressé de Ben, mes yeux trouvent bien vite la devanture devant laquelle nous sommes arrêtés.

             Quelques tables formant une terrasse sont posées devant une large arcade creusée dans la pierre et donnant sur une pièce où se dessine à gauche un bar garni de bouteilles de mille et unes couleurs et, à droite, des tas de tables de diverses formes et tailles. Une taverne.

             Le Roux ne perd pas un instant de plus.

— Terminus, tout le monde descend.

             Aussitôt, le décor bascule autour de moi et mes fesses percutent violemment le sol. La douleur est telle que je ne la ressens pas dans un premier temps. Puis, quand il entre dans les lieux suivis des pirates, sans un regard pour ma personne, je réalise enfin.

             Ma paume se plaque sur mes reins et, avec une grimace, je tente de réunir assez de force pour me relever. Shanks m’a lâchée sur le sol du haut de sa taille avoisinant les deux mètres.

             Mais quel con, celui-là.

             Avant que je ne puisse songer à quoi que ce soit d’autres, une main se découpe dans mon sillage. D’abord, je songe avec un sourire qu’il s’agit sûrement de Ben qui m’a prise en pitié.

             Seulement la voix qui résonne soudain m’est tout à fait inconnue, contrairement aux mots qu’elle prononce :










— C’est un honneur de vous rencontrer, Imperecea.

 















郷に入っては郷に従え















2171 mots

chapitre un peu léger et
retour surtout

désolée de ne pas avoir

posté durant deux semaines !

j'espère que ça vous aura plu

:)

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