𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐈𝐈
— S O U S L E S C A R T E S —
郷に入っては郷に従え
SPOIL ARC MARINEFORD
LE PAS LOURD, je pénètre la cabine du capitaine Le Roux. Derrière nous, le silence se fait tandis que quelques mousses nous suivent du regard. La confrontation entre lui et Barbe Blanche, suivit de ma conversation avec ce dernier a été observée par bien des curieux sans qu’ils n’en saisissent tout de même les moindres ressorts.
Cependant, dans leur tête demeure l’idée qu’il s’agissait-là d’une importante rencontre.
Shanks, de son côté, garde un visage fermé. Déjà peu ravi par l’issu de son entretien avec le géant ainsi que ma prise de parole lors de celui-ci, son humeur a été largement achevée par la poursuite de notre singulier échange.
Trop d’informations ont filé entre mes lèvres. Mon rôle en qualité d’Impératrice des miens. Le décès d’Ace et Barbe Blanche. Le poste qu’occupera plus tard Luffy dans le monde.
Alors, décemment, il ne peut que difficilement accepter ce qu’il vient d’entendre sans demander davantage d’explications.
Dans mon dos, la porte se ferme. La tension déjà grande épaissit davantage l’air brûlant autour de nous. Debout au milieu de la cabine, je ne parle point. Mes yeux se contentent de fixer la carte étendue sur son bureau, devant moi. Une porte-fenêtre derrière laissant voir la surface de la mer et les rayons du soleil.
Lentement, nous nous éloignons du Moby Dick. Le sol sous mes pieds remue au rythme des vagues.
— Je t’en prie, assis-toi.
Je sursaute en remarquant sa voix forte, juste dans mon dos. Grave et roulante sous ma peau, elle m’hypnotise. Il est derrière moi, à quelques centimètres à peine de ma personne. Son aura brûlante m’électrise. Mon souffle se fait court.
Juste à ma gauche, je remarque une chaise. Hésitante, je m’y assois dans un geste raide et mal maitrisé. Toute ma confiance de tantôt s’est envolée. Olympe et Edward attendent sur le pont que cet entretien finisse et ne viendront pas à me rescousse avant que nous deux ne convenions que notre discussion connait son terme.
Ma respiration se fait compliquée. Du coin de l’œil, je le vois émerger et rejoindre le fauteuil devant mes yeux. Il s’y assoit calmement, son habituel long manteau noir couvrant ses épaules habillées d’une chemise laissant voir ses pectoraux finement tracés. Au-dessus d’eux et d’une mâchoire carrée, un regard rude strié de trois profondes cicatrices me fixent.
Plus de bienveillance. La figure paternelle s’est envolée.
Là, l’homme que je rencontre est le yonko.
— Impératrice ? déclare-t-il de sa voix grave, ouvrant un de ses tiroirs et en extirpant deux verres ainsi qu’une bouteille brune. Imperecea ?
Ma gorge est si serrée par le stress que je mets bien dix secondes avant de parvenir à répondre.
— Ouais… En gros.
— En gros ? répète-t-il d’une voix toujours aussi rude, servant un liquide doré au fond d’un premier verre qu’il pousse en ma direction.
J’observe le récipient d’où émane une puissante odeur d’alcool quelques instants durant, dubitative.
— Venez-vous réellement de changer de comportement avec moi juste à cause de mon titre ? je demande en haussant un sourcil. Plus de cachots et remarques lourdes mais une poigne ferme devant du whisky ?
— De quoi vous plaignez-vous, vous qui avez tant peiné à sortir de mes cellules ? souligne-t-il en penchant la tête sur le côté, levant lui-même son verre avant de le porter à ses lèvres et en boire une partie.
Je ne touche pas le mien, peu à l’aise avec la tournure que prend cette conversation.
— Je vous invite sur mon bateau, vous y mettez le feu, je vous mène en cellule, vous vous en tirez, je vous rappelle à l’ordre, vous me frappez, je vous convie à une importante réunion, vous m’y révéler devant notre hôte votre véritable statut…
Il ne me fixe même pas, son regard rivé sur le liquide dansant au fond de son verre. Son ton calme et son attitude détendue tranche abruptement avec ses paroles et l’air crépitant. Je ne sais plus où me mettre.
Oui, j’ai fauté. Et ce, à des très nombreuses reprises. Mais je suis aussi consciente qu’en tant qu’Impératrice, je ne devrais sûrement pas le laisser me faire la morale de cette façon.
Seulement la force brûlante émanant de sa personne me liquéfie.
— …Dites-moi, Impératrice, vous comptez me cacher encore combien de secrets ?
Par-dessus le verre, il me lance un regard. Seuls ses yeux bougent pour se poser sur mon visage. Légèrement sonnée par la vigueur de ses iris, j’attrape mes lèvres entre mes dents et vois nettement ses pupilles se focaliser sur ma bouche.
Mes entrailles se soulèvent mais je fais mine de n’avoir rien remarqué.
— Impératrice ? je répète, sentant un semblant de courage me reprendre. Plus de « trésor » ou de tutoiement ? Serait-ce du respect, Le Roux ?
— Empereur, me reprend-t-il d’une voix sèche. Et seule la méfiance m’anime.
Ces derniers provoquent en moi un singulier déclic. La méfiance ? Vraiment ? Là est le moteur de ses soudain agissements bien curieux. J’avoue en être flattée. Jamais je n’aurais cru un être si puissant capable d’avouer prêter attention à mon comportement.
Il me surestime sans doute. Qu’importe.
Aujourd’hui, je souhaite aussi être de ceux qui me prêtent plus de valeur que je n’en ai réellement.
— Navrée, Empereur, je lâche dans une moue enfantine et moqueuse. Je ne voulais pas froisser votre égo.
— Vous ne froissez rien si ce n’est votre image. Il me sera difficile de respecter une menteuse.
— Je n’ai pas besoin de respect, j’ai une armée, je rétorque, vexée par sa remarque.
— Une armée qui ne vous suis pas. Vous ne saviez même pas qu’une des vôtres se tenait auprès d’Ace.
— Parce que je n’ai pas besoin d’être consciente des faits et gestes de tous mes soldats, cela s’appelle la confiance, bon sang ! je m’exclame.
Brutalement, il se lève. Sa chaise racle le sol et mon cœur rate un battement quand sa large silhouette se déploie devant moi. Son regard se fait rude. Il pose les poings sur la table et se penche vers moi. Quelques mèches de ses cheveux de feu tombent sur son front tandis qu’il me dévisage avec ardeur, visiblement furieux. La tension dans l’air est de nouveau vive. Ecrasante.
Assise dans ce fauteuil, la tête basculée en arrière, je ne vois que lui. Son imposante silhouette penchée au-dessus de moi tel un prédateur fondant sur sa proie, ses yeux de lumière me fixant avec ardeur, tout chez lui transpire un étonnant pouvoir.
Les ombres dansent sur ses traits, formant un masque impérial.
— Je vous conseille de baisser d’un ton lorsque vous vous adressez à moi, jeune fille.
— La façon dont vous percevez mon ton ne m’intéresse en rien, papy.
Aussitôt, une main large et ferme vient saisir ma mâchoire. Sa prise n’est pas brutale mais aucune douceur n’y transparait non plus. Je ressens dans le toucher de ses doigts la colère. Etrange. Il n’est pas le genre d’homme à se froisser.
Pourtant il me force à le fixer de par ce contact, plongeant son regard plus intensément dans le mien.
— Un pirate de bas étage renverse une bière sur vous sans que vous ne réagissiez plus que ça mais une femme vous remet à votre place et votre égo en est piqué ? je demande avec un sourire malicieux en songeant à une scène spécifique dans les souvenirs de Luffy.
— Différenciez mon égo et ma patience, trésor, répond-t-il tout proche de moi, son souffle s’échouant sur mes lèvres et sa main toujours fermée sur mon menton.
Jamais je n’ai connu telle proximité avec quiconque. Mon cœur bat avec ferveur dans ma poitrine. La chaleur entre nous n’est que difficilement supportable. Des frissons me parcourent en entendant ce surnom.
La façon qu’ont ces deux syllabes de rouler sur sa langue est grisante.
— Une petite impertinente qui ne sait jamais se taire tant à m’agacer, même moi qui suis de nature calme, susurre-t-il contre moi.
— Vous vous croyez agacé ? Pensez à moi faisant face à un abruti convaincu d’avoir le monde dans le creux de sa paume.
Doucement, il penche la tête sur le côté, laissant ses lèvres se fendre d’un rictus moqueur.
— Faisant face ? Mais vous n’êtes pas devant un miroir, trésor. Et soyez moins dure avec vous-mêmes.
Je serre les dents, agacée. Face à son sourire à la fois charmeur et condescendant, je ne sais quoi répondre. D’autant plus qu’il n’a pas lâché mon visage une seule seconde et que sa main se fait si ferme que, même en me débattant énergiquement, je ne suis pas sûre de parvenir à m’en défaire.
Alors que quelques-unes de mes répliques ont bien faillit me conforter dans cet espace chargé de puissance me nouant l’estomac, il ne lui a guère fallut qu’un geste pour renverser la balance et — même physiquement — se repositionner au-dessus de moi.
— Alors, trésor, tu ne serais pas timide, tout de même ? lance-t-il dans un chuchotement. C’est moi qui te mets dans cet état ?
— Reprenez le vouvoiement avant que je vous en colle une.
Pour toute réponse, il lâche un faible rire. Un simple gloussement auquel mon corps réagit dans un frisson, mal à l’aise. Même s’il ne s’agit que d’un son, celui-ci semble si naturel et amusé que mes entrailles s’en tordent.
Comment peut-il être si détendu quand je suis, au contraire, si nouée ?
— Mais c’est que mon Imperecea a de l’autorité. Vos désirs sont des ordres, mon Impératrice, murmure-t-il sans lâcher mon visage.
Mes entrailles se tordent.
— Arrêtez de m’appeler comme ça ! je tonne sèchement en guise de réponse, tentant de faire abstraction de ma panique intérieure.
— Navrée, mon trésor, je ne souhaitais pas vous vexer…
Aussitôt, je me lève dans un bond. Surpris, Shanks ne parvient à garder la main sur mon menton et me laisse filer. Le dos droit, je recule de plusieurs pas, peinant à respirer tant la chaleur est étouffante. Cet abruti a failli me faire tomber dans les pommes.
A présent éloignée, je prends plusieurs profondes inspirations tandis que, toujours penché sur son bureau, il lève la tête et me suit du regard. Ses lèvres sont gonflées. Je me maudis de remarquer un tel détail.
— Je ne suis ni votre Imperecea, ni votre Impératrice et encore moins votre trésor ! je fulmine, irritée par un tel manque de respect.
Il sait maintenant que je suis une haute dignitaire de mon clan et continue de se comporter avec moi comme si je n’étais qu’une jolie bouille dans sa ligne de mire ! Comment ne peut-il pas réaliser qu’une frontière existe entre le politique, le martial et le privé, les couettes ?
En me regardant, il ne devrait pas se demander si entre mon corset et mon corps réside assez d’espace pour qu’il y glisse sa paume. Et je ne devrais pas non plus songer à de telles scènes.
Mais cet abruti embrouille mon esprit avec ses sous-entendus.
— Je vous emmerde ! je lâche sans réfléchir, encore sonnée par la sensation de ses doigts sur mon visage. Je vous emmerde, vous et votre rire de tombeur. Je vous emmerde, vous et vos surnoms à la con. Je vous emmerde, vous et votre façon de marcher, de sourire ou même de respirer ! Vous êtes insupportable, putain !
Furieuse, je ne le regarde même plus, les poings serrés et la voix déchirant le silence des lieux. Soit, je ne suis pas apte à régner. Mais il ne le sait point alors je m’attendais à un minimum de respect.
Lui qui a déclaré se méfier de moi, pourquoi agit-il comme s’il comptait finir cette conversation dans le lit à côté de son bureau ?
— Si vous ne voulez aucun surnom, vous pouvez me donner votre prénom, lâche-t-il en haussant un sourcil moqueur. Après tout vous êtes celle qui a décidé de faire des cachoteries, ici.
— BIEN ! je lâche face à son air arrogant en levant les bras dans un signe de capitulation, furieuse. (T/P) ! C’est mon nom !
Quelques instants durant, il ne répond rien, debout derrière son bureau.
— (T/P) ? répète-t-il enfin après un moment.
— (T/P) ! j’acquiesce durement, furieuse.
Un moment de flottement prend place. L’atmosphère se désépaissit lentement à mesure des secondes s’écoulant, la chaleur en moi retombe et ma fureur se mue en une simple respiration compliquée. Mais il ne dit rien.
Les yeux fixés sur moi, il se contente de saisir mon verre que je n’ai pas touché et le boire sans me lâcher du regard un seul instant. Alors, embarrassée par le silence, je décide moi-même d’y mettre un terme.
— Alors, va pour mon vrai prénom ? je lance simplement.
Reposant le verre, il esquisse un énième sourire charmeur.
— Non.
Abasourdie, je laisse mes traits s’affaisser. A vrai dire, étant donné qu’il a lui-même demandé à connaitre mon prénom, je ne m’attendais pas à ce qu’il refuse.
— Vous êtes une préciosité parmi les préciosités, la seule Imperecea parmi les très rares Voyageurs, un véritable trésor, lâche-t-il en penchant la tête sur le côté, laissant son regard glisser sur mon corps sans pudeur dans un mouvement charmeur. Je ne peux pas vous appeler autrement.
Mon sang boue dans mes veines mais je fais de mon mieux pour respirer calmement. A plusieurs reprises, je gonfle mes poumons lentement, tentant d’ignorer mon poing qui me démange toujours plus devant son petit air supérieur.
Il me rend furieuse, me débecte. Mais je me dois de rester calme. Ne serait-ce que parce qu’à ses yeux à présent, je représente l’intégralité de mon peuple.
Oui. Exactement. Je me dois de conserver une certaine posture et un ton avenant lorsque je lui répondrais, même s’il commence à me faire perdre mon temps.
Après une énième inspiration, je lui offre un sourire, prête à balayer cette conversation d’une phrase polie. Mes yeux surprennent alors ses pupilles rivées sur mon buste. J’ouvre les lèvres pour lui répondre.
Politesse.
Là est le plus important.
— POURQUOI VOUS AVEZ UN AUSSI GROS CRÂNE SI C’EST POUR QU’IL SOIT VIDE COMME ÇA ?
郷に入っては郷に従え
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m'ont vraiment remonté
le moral et aidé à écrire
ce chapitre
merci énormément
d'avoir pris le temps
de les écrire, vraiment
même si je n'y ai pas
encore répondu parce
que je voulais prendre
le temps de bien le faire
je vous en suis très
reconnaissante
vraiment merci <3
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